Faux Rhum Le Faux Rhum Faux Rhum  

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Rêve d'Orient 1 2 -3-  
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Don Alejo Onza de Llama Duende y Seda
Don Alejo Onza de Llama Duende y Seda
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20/11/2005
Posté le 08/01/2022 à 13:31:21. Dernière édition le 08/01/2022 à 13:31:56 

"Je comprends que tu ais des facilités avec les rêves. La méditation aide pour leur contrôle et si elle est quotidienne chez toi, tu dois avoir de très bonnes capacités de concentration.
C'est vraiment un mode de vie dont je ne pouvais pas imaginer l'existence."

Il écoute ensuite attentivement les explications sur la religion, le chemin, les opposés... Il secoue la tête et laisse échapper un petit rire désabusé.

"C'en en trop pour moi. Ces concepts, ces symboles... ça me dépasse ! Je ne suis pas fait pour ça. Un fusil, une proie, ce sont des choses claires !
Le monde des rêves, ça a déjà été une révolution pour mon esprit. Ça a ouvert des portes dont je n'imaginais même pas l'existence !
Mais ça a encore quelque chose de concret, j'ai l'impression. Il y a d'autres choses derrière, je le sais, mais je ne les perçois pas. Je ne suis pas encore prêt. Et je ne suis pas sûr de l'être un jour.
Je suis persuadé que tu seras une meilleure rêveuse que moi. Tu es bien plus ouverte à tout ça. Je suis heureux de t'avoir montré ce chemin mais je suis persuadé que tu y voyageras bien plus vite et plus loin que je ne le ferai."

Lorsque le décor commence à changer, il y reporte toute son attention, en silence. toujours mémoriser les lieux, toujours anticiper une éventuelle future visite.
Il ne s'attendait à rien de ce qu'il découvre. Les pics rocheux qui se découpent au-dessus d'eux. Les ruelles étroites entre les maisons de bois anciennes.

"Euh... Oui. Je m'attendais à des cabanes sur une plage, quelque chose de plus... primitif..." avoue-t-il naïvement.
~ Quel enfer ça va être d'infiltrer un endroit pareil" garde-t-il pour lui.

Sa main dans celle de Ching, sentant son excitation monter, il suit sa guide et débouche sur le panorama où se trouve la maison du chef. Il fait un pas, deux et s'arrête, stupéfait par la magie de l'endroit.
Le bâtiment aux multiples toits en pagode s'étend comme un pont au-dessus d'un petit port naturel, estuaire créé par la cascade qui coule en arrière plan.
Le plus frappant sont les murs, très ajourés, qui ne semblent constitués que de portes ou de fenêtres ouvertes. Éclairés par une lumière intérieure chaude, ils ressemblent à de la dentelle dorée.
L'ensemble surplombe plusieurs navires de pêche et offre un contraste marqué entre l'architecture très travaillée et la végétation luxuriante qui l'entoure.



"C'est... magnifique...
Je n'aurais jamais pu imaginer un tel endroit sans le voir par moi-même.
C'est là que tu vivais ?"
Sita LeRoy
Sita LeRoy
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15/07/2006
Posté le 23/01/2022 à 17:54:14 

En cheminant, Ching l'écoute parler et pour la première fois, se trouve surprise. Elle observe l'hidalgo à la dérobée. Lui d'habitude si sûr de lui, calme et réfléchi, prêt à montrer des choses et à les expliquer le voilà qui se montre sous un autre jour. Un homme qui, finalement, manque de confiance, qui doute et qui se remet en question sur ces capacités d'apprentissages. La jeune femme se crispe contre lui, ne sachant pas vraiment comment réagir. Pour elle, il fait un peu office d'un roc. Quelqu'un qui, malgré les difficultés, réussira toujours à se tracer un chemin à travers la brume et l'inconnu. Les rêves amènent à voyager et à observer ce qu'on aurait eu du mal à voir de ses propres yeux mais c'est également un voyage intérieur. Il nous permet d'apprendre des choses sur nous même, notre façon d'appréhender l'irréel mais nous apprend également beaucoup sur autrui. Ching est persuadé que passer 6 mois avec Alejo sur l'île, partager son quotidien avec lui, ne lui aurait jamais permis d’apercevoir la personne qu'elle a actuellement sous les yeux. Alors oui, c'est un lien fort qui se crée presque sous ses yeux.
 
- Alejo, nous sommes qui nous sommes. Avec nos forces et nos faiblesses. Mais, même si tu préfères une vie simple faite de chasse et de traque, il n'en demeure pas moins que tu connais l'utilisation de la magie. A ton niveau. Qui peut se targuer sur l'île de savoir entrer dans les rêves ? Les façonner selon son désir ? Qui peut prétendre connaître l'avenir ? C'est toi qui m'a montré tout ceci. Je suis bien incapable de savoir si un jour je pourrais rêver de façon autonome. Et, ce dont je suis sûre, c'est que si un jour je fais des progrès dans ce domaine c'est avec toi que je voudrais les partager.
 
Elle termine la fin de sa phrase dans un souffle, ne cherchant pas particulièrement à connaître sa réaction. Les hommes ont parfois tendance à tout gâcher.
 
L'asiatique sourit en entendant ses mots sur le village. Si les grandes puissances du monde ont la capacité de créer des chefs-d'œuvre, il en ai aussi de même partout ailleurs. Les codifications sont juste différentes. Alors, au lieu de regarder ce lieu qu'elle connaît par cœur, elle préfère regarder le village de l'hidalgo. S'amusant de ses réactions. Et alors qu'il se penche un peu plus sur le pont pour observer les lieux, elle se change un dernière fois, pour revêtir un vêtement chinois. Plus élégant que ses vêtements de combat. Une robe bien sûr. Un col mao qui lui recouvre partiellement la gorge. Des manches qui s'arrêtent aux épaules et le tissu qui marque sa taille s'arrêtant un peu au-dessus des chevilles. Pour l'aider à marcher le jupon est fendu sur le côté et remonte au 2/3 de sa cuisse. Les couleurs sont simples, telle la nature. Du blanc agrémenté de feuilles vertes. Ses cheveux sont relevés en une sorte de chignon élaboré et ses mèches ondulées retombent sur sa nuque. De fines boucles d'oreilles de perle blanche encadrent son visage et étrangement, l'hidalgo pourrait penser que son visage a rajeuni lorsqu'il se retournera vers elle.
 
 
A sa question elle lui répondra simplement, mais un peu mystérieuse :
 
- Non. Mon mari vivait ici et lorsque nous nous sommes mariés, les habitants du village nous ont aidé à construire notre propre demeure. C'est la coutume ici. Le cadeau de mariage pour nous aider à démarrer notre nouvelle vie. Quant aux femmes, elles remettent un talisman à la mariée et prient pour sa fécondité. * Elle lève un peu les yeux au ciel comme si cela n'était pas à son goût *
Ici ça grouille de vie, les gens viennent à toute heure du jour. Moi, j'aimais beaucoup partir me balader et je n'ai pas tardé à trouver un endroit dans les hauteurs. Bon d'accord * dit elle en rigolant * c'est mon mari qui en me faisant encore la cour m'a montré cet endroit. Et, c'est là que nous avons échangé notre premier baiser à l'abri des regards indiscrets. * sourit, comme se remémorant ce souvenir enfoui *
Les gens me prenaient pour une sauvageonne. D'une part parce qu'ils comprirent vite que je préférais le travail dévolu aux hommes plutôt que le travail des femmes et parce qu'une fois mes corvées accomplies, je disparaissais quelques heures. J'ai beaucoup exploré cette région. Parfois seule, parfois accompagnée de Li. Et, nous avons bâti notre maison à l'endroit exact où je partais souvent pour me ressourcer. C'est un lieu magnifique. A la fois à l'écart et malgré tout si proche des autres. Tu comprendras lorsque nous y serons. Car, si tu le veux bien, je voudrais terminer ma visite devant chez moi. Et, si je dois t'y encourager, sache qu'il y a une vue splendide....



Don Alejo Onza de Llama Duende y Seda
Don Alejo Onza de Llama Duende y Seda
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20/11/2005
Posté le 25/01/2022 à 08:05:28. Dernière édition le 20/05/2022 à 09:41:06 

Il serre la main de la jeune femme et se perd à la contempler quelques secondes. Il observe la couleur de sa peau, la finesse de ses ongles. Il sent la douceur de ses doigts entremêlés dans les siens. Il en constate le contraste avec ses propres mains, mates, rudes, noueuses.
"Merci d'être là avec moi. De ne plus être seulement ma passagère mais de voyager avec moi, de concert."
Il lâche pourtant cette main lorsqu'ils se présentent devant le bâtiment merveilleux, soufflé par la beauté de ce qu'elle lui montre.
Et il rougit un peu lorsqu'elle se change. Son apparence à lui est redevenue celle qu'il avait au réveil tandis qu'ils se déplaçaient le long du chemin et il la trouve un peu incongrue à ce moment.
Il profite des explications et d'un moment où elle détourne le regard pour se vêtir lui aussi.
Même si elle est choisie pour le mettre en valeur, bien sûr, ça reste une tenue pratique loin des canons aristocratiques. Il a choisi une chemise blanche, légère et au col ouvert avec un pantalon de toile simple. Seul son manteau est travaillé, long et bleu-gris, d'aspect un peu militaire avec des dorures, des épaulettes et des manchettes. La simplicité de l'ensemble est agrémenté de bottes de cuir solide, d'une ceinture de toile colorée et d'une large ceinture passant sur son épaule, prête à recevoir ses armes pourtant absentes.



"Je suis sûr que tu as fait la même moue lorsqu'on t'a offert ce talisman de fécondité. Et pourtant, il a bel et bien marché." se moque-t-il gentiment pour détendre l'ambiance un peu trop sollenelle.
"Je me demande bien comment ton mari a pu convaincre son père d'accepter ce mariage. Une étrangère, garçon manqué, sans richesse...
L'as-tu naturellement séduit ou ton époux a-t-il fait des prouesses de conviction ?"
Il écoute attentivement les nouvelles explications mais cette fois, elles le dérangent un peu. Il se sent de trop.
Il se perd dans l'analyse des lieux, de ses accès, de ses cachettes tandis qu'elle lui propose de voir sa maison.
On ne peut pas lutter contre un fantôme...
"Bien sûr" dit-il après quelques secondes d'hésitation.
"C'est probablement là-bas qu'on te retrouvera si on doit venir te chercher."
Sita LeRoy
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15/07/2006
Posté le 18/05/2022 à 15:14:40 

Ching Shih semble réfléchir à ses propos et finit par répondre :

- Je pense que la vie ne nous donne pas un seul chemin mais plusieurs. Et c'est à nous de choisir celui qui nous attire le plus. Pas forcément celui qui nous convient. Nous avons le choix entre des chemins simples et pratiques ou alors d'autres qui demandent de repousser nos limites, des efforts et l'acceptation de choses qui nous dépassent. Et même si le chemin est plus ardu, je pense qu'on en retire une satisfaction autre que si nous étions restés à vivre sans...se poser de question. Appréhender l'inconnu est fascinant. Je trouve...

Ching le regarde en souriant, mais le voyant l'observer elle détourne les yeux, un peu rougissante. Elle opine néanmoins quand il la remercie et s'amuse en voyant sa réaction sur le décor de ce village. Elle même, en lui expliquant les choses, regarde avec une certaine fierté ce palais/temple. Mais lorsque son regard revient vers lui, c'est à son tour d'être soufflée. Muette, l'asiatique l'observe. Sa tenue le met très en valeur, les muscles seyant sous sa tunique, ses jambes galbées.. cette fois la femme rougit violemment. Il n'est pas sans savoir l'attirance qu'elle a eu pour lui dès son arrivée. Et là, elle a la quasi certitude qu'il joue avec ses nerfs, de manière consciente ou inconsciente. Lorsqu'il lui parle de nouveau, elle secoue légèrement la tête pour reprendre ses esprits et lui répond de manière aussi naturelle que précédemment.
 
- Oui en effet, j'ai trouvé ce cadeau ridicule. Mais, bien sûr, il faut savoir respecter la croyance d'autrui. Et si moi même je n'y croyais pas, ce n'était pas la même chose pour mon mari. Quant à mon beau-père, je suppose que Li a dû trouver des trésors de persuasion. Je n'étais pas son premier choix pour son fils, loin de là. Trop.... indépendante, trop téméraire sans doute. Et, il avait déjà dans l'idée de le marier à une autre : une fille de chef d'un clan voisin au sien, pour une alliance bien sûr. Mais, effectivement, elle était jolie et surtout soumise. Elle. * Ching accentue le mot en souriant largement * Par contre, étrangère je veux bien, sans le sou.... si tu veux mais garçon manqué ? Sérieusement ?
 
Ching s'offusque la main sur la hanche, le buste en avant et un regard outré. Sans en dire plus, et à son assentiment elle l'entraîne plus loin, mais dans un effort de coquetterie elle roulera un peu des hanches, comme elle aura vu faire Bougnette, bien que cette dernière en ait des plus prononcées que les siennes. Le mouvement est discret, mais elle sait qu'il le remarquera. Tant qu'à faire, autant le taquiner. Même s'il n'a sans doute pas voulu la vexer, on ne dit jamais à une femme qu'elle fait garçon manqué ! Et donc qu'elle est possiblement moins désirable que les autres. Contournant les bâtiments du village, les lieux de vie des habitants,


elle le mène vers le rivage. Le chemin tracé serpente un peu mais au dernier moment, elle s'enfonce par un chemin de terre qui les amène dans les bois de nouveau. De là, ils ne cessent de grimper. La pente est assez abrupte et il faut bien le corps de deux personnes entrainés pour qu'ils ne s'arrêtent pas essoufflés le long du parcours. Alejo peut sentir ses muscles chauffer et il se demande possiblement avec impatience quand ils auront atteint leur destination. Le temps écoulé est différent de la réalité. Ils ne savent tous deux combien de temps exactement cela à véritablement prit, cependant Ching, qui elle faisait cette marche 1 voir 2 fois par jour, en connait le temps approximatif.
 
- Ne t'inquiètes pas, nous sommes sur le point d'arriver. C'est environ 25 minutes de marche et c'est la distance nécessaire pour trouver un peu de quiétude sans être dérangé pour tout et n'importe quoi. Je ne sais pas si tu le sais, mais je tiens particulièrement à ma tranquillité !  dit elle en rigolant.
 
Et effectivement, ils débouchent enfin sur une falaise. Devant Alejo se dresse une seule et unique maison faite de pierre et de bois comme les autres mais d'un premier coup d'œil, on voit que la masure est plus travaillée que celles qu'ils ont déjà vu. Un petit chemin fait de pavés la borde et un petit pont en guise de décor se trouve devant eux. Ching s'arrête à côté de l'arbre, devant ce pont.


- Voilà ma maison. Elle est rudimentaire tout comme les autres mais suffisante. Une pièce à vivre et une chambre sur la droite. Un établi sur la gauche. Et surtout, derrière elle se trouve un point de vue. Mon préféré comme je l'ai déjà mentionné.
 
La japonaise sourit en le regardant. Elle ne semble pas vouloir l'inviter à entrer. Mais, peut-être ne veut-elle pas elle-même y entrer. Sans doute que cette maison, ici, lui paraîtrait vide sans son fils. Alors elle se tient à bonne distance et laisse Alejo décider.



Don Alejo Onza De Llama Duende y Seda
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Posté le 19/05/2022 à 13:21:15 

"Appréhender l'inconnu, explorer, découvrir... Oui, c'est une part importante de ma vie. Rejeter les habitudes et l'ennui. Mais n'est-ce pas aussi une forme de fuite perpétuelle ?"

La question est suspendue dans l'air, ne cherchant pas à recevoir une réponse.
L'hidalgo s'amuse des réactions de la jeune femme. Tant celle face à sa nouvelle tenue - qu'il n'avait pourtant pas choisie provocante - que celle face à l'emploi de cette expression :
"Oui, garçon manqué !" insiste-t-il, véhément.
"Tu t'instruis, tu te bats, tu décides... Tu as tout d'un garçon si tu veux l'avis de ton beau-père.
Tu ne veux pas être soumise, tu ne veux pas d'enfant... Tu as dû lui donner bien des cheveux blancs. Héhé."

Il est encore en train d'argumenter qu'elle est déjà en chemin, vexée. Il la suit, amusé, ne manquant rien de son petit jeu de hanche.

"C'est vrai que pour le physique, par contre... Même avec ton allure sportive, il n'y a pas débat sur le genre auquel tu appartiens..." ajoute-t-il, bon prince.

Il se tait enfin et prend part à l'ascension. Dans les rêves plus encore que dans la réalité, les voyages qui demandent un effort ne le font pas sans raison. Il doit donc 'mériter' de découvrir ce dernier lieu. ll pose ses pas dans ceux de la jeune femme et la suit consciencieusement.

"Ah ça, pour pas être dérangée... 25 minutes de grimpette, ça doit en dissuader plus d'un ! Il faudra que j'y pense pour nos prochains rêves : en haut d'une montagne, il y a moins de visiteurs que dans une cabane..."

La phrase est sortie toute seule. 'Nos prochains rêves'... Inconsciemment, il se projette déjà au moment de son retour. Après tout, n'est ce pas l'affaire de quelques mois ?

Il observe la maison, en apprécie la simplicité. Mais il sait que l'essentiel lui échappe : ce qui fait de n'importe quelle maison son chez-soi et qui lui donne toute sa valeur. Il mémorise les lieux, leur agencement, le chemin pour y venir, toujours conscient du rôle premier de ce rêve.
Puis il s'avance, sans attendre plus l'invitation qui ne vient pas. Il reprend la main de la belle, montrant ainsi qu'il ne souhaite pas découvrir les lieux seul.

Il traverse le pont, s'approche de la maison qu'il regarde en détail puis il dévie, s'éloignant de la porte, contournant la bâtisse.

"Voyons donc ce point de vue qui vaut qu'on traverse le monde pour le découvrir."
Sita LeRoy
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Posté le 31/05/2022 à 17:51:06 

Ching sourit amusée en entendant l'hidalgo parler de la grimpette. Après tout, ne l'a t'il pas fait également avec elle, quand il l'initiait aux rêves ? C'est que, son point de vue à lui, il leur a fallu un moment pour l'obtenir ! Alors bon, au final cette petite montée c'est presque un jeu d'enfant.

Quand il parle de leur prochain rêve, son corps se crispe un peu. C'est quelque chose qu'elle aimerait refaire, oui. Mais avec son départ et l'inconnu qui l'attend, elle n'a aucune idée de sa vie durant les prochains mois, ni ce qu'elle va découvrir en "rentrant". Alors si l'espoir est toujours permis, ce n'est pas pour autant que la jeune femme est optimiste. Tout dépendra de ce qu'elle trouvera sur son chemin et des obstacles à franchir. Mais oui, elle aimerait par-dessus tout revenir sur l'île. La montrer à son fils, serrer dans ses bras ses anciens amis et les nouveaux. Les présenter l'un à l'autre. Et le voir grandir ici : les voyages forment la jeunesse, et elle est persuadée que découvrir le monde est la plus belle des richesses. C'est ce qu'elle souhaite pour Liang. Ne pas le voir enfermé dans un endroit toute sa vie et qu'il se fasse sa propre expérience de vie. Mais plus tard, quand il sera grand et en âge de vivre par lui même. A cet instant elle a une image fugace : son fils qui joue tranquillement sur Liberty avec les enfants de Dulcina. Elle serait assise avec cette dernière à boire du thé en s'amusant de leurs côtés ingénus. Puis Voynich et Alejo viendraient les rejoindre. Le premier embrasserait Dulcina et Ching quant à elle taquinerait Alejo sur un sujet quelconque, avant même qu'il ne se soit assis. La scène a un côté paisible et rassurant. La femme sourit, perdue dans ses pensées et doit secouer la tête pour chasser cette vision. Son regard se tourne alors vers lui et lui dit 

- Une montagne ? A ce point ? Ne trouves-tu pas cela un peu extrême. Une cabane au abord de New Kingston, puis le salon de la mariée à Ulungen : se sont certes des endroits très exposés. Mais de là à choisir une montagne.... Non, je connais l'endroit idéal. Tu verras, Dulcina et Voynich m'y ont amené. Ce serait parfait ! Et non, hors de question que je te le révèle : il faudra attendre patiemment avant de le découvrir...

dit-elle avant que la curiosité d'Alejo ne le pique. La réponse est légère, sur le même ton que lui. Mais son coeur se serre davantage encore. Ses prunelles se tournent alors vers sa maison. Et une impression de tristesse l'envahit. Là, tout de suite, la dernière chose qu'elle souhaite faire c'est entrer. Une maison vide, froide et sans chaleur humaine. Un habitat dépourvu de son fils. Elle ressent déjà chaque jour son absence et elle à l'impression fugace et désagréable que si elle entrait dans cette représentation, le poids n'en serait que plus douloureux. Là, tout de suite, elle a l'envie irrépressible de s'enfuir. Vite et loin. Sans se retourner. La main de l'hidalgo à présent dans la sienne, lui apporte un peu de réconfort, mais, plus il l'entraîne avec elle vers la maison, plus ses pas deviennent lourds, plus elle y va à reculons. Un peu comme un enfant, qui n'a pas envie de suivre le parent ou l'autorité adulte. Toutes les fibres de son être hurlent à son compagnon " Non, je ne veux pas entrer !!" et si ces mots sont silencieux, le rêve est ce qu'il est. L'homme perçoit le malaise de sa partenaire, qui le percute avec violence. Est-ce l'effet du rêve ? Ou celui de Ching elle-même ? De manière volontaire ? Ou inconscient ? Peu importe, le résultat est le même. Lorsqu'il reprend sa marche et contourne la maison, Ching soupire de soulagement, elle serait même tenté de l'embrasser, sur le champ, tellement reconnaissante. Mais, elle sent le possible trouble de l'espagnol, et lui dit avec une voix à peine audible, dans un souffle 

- Ne te méprends pas. J'aurais très envie de te montrer mon ancienne demeure, mais pas ici, pas sans mon fils. C'est trop d'émotion que j'aurais du mal à contenir. Tu peux y entrer si tu veux. Je préfère t'attendre dehors. Je continuerais à regarder la vue, pendant que tu visites.

L'asiatique lui jette un œil, peu rassurée, ne sachant trop sa réaction. Mais, il a des enfants, sans doute sera-t-il capable de comprendre le manque qui lui pèse. Puis, c'est à son tour de l'entraîner, et pour détendre l'atmosphère un peu trop pesante à son goût, la voilà taquine, réagissant à sa dernière phrase. Elle se place derrière lui et d'un mouvement spontanée, et presque enfantin, elle place ses mains sur ses yeux avant de lui murmurer à l'oreille 

- Dis donc ! Le monde, le monde, tu exagères un peu. Puisque tu te moques, je vais te retourner la pareille. Laisse-toi guider. Oh, et sache que nous sommes sur une falaise. Un pas de trop, et la chute sera vertigineuse. Alors, soit prudent dans tes paroles.

La japonaise l'entraîne alors sur les pavés, y allant doucement et lorsque la maison et l'arbre se trouvent derrière eux, elle le fait s'installer sur un banc de pierre. Derrière lui, elle lui murmure 

- Es-tu prêt ?

Puis sans attendre réellement sa réponse, elle enlève ses mains et les pose sur ses épaules. Lui assis, elle un instant derrière lui, à admirer la vue. Le regard de l'homme est d'abord attiré sur la gauche. On voit les habitations qu'ils ont parcourues avant de venir jusqu'ici sur le flanc d'une colline, perdues entre les montagnes. Des volutes de brouillards s'en dégagent comme s'il s'agissait du matin, quand le soleil vient de se lever et que la rosée est tout juste présente avant de se dissiper.



Puis, au milieu, on peut constater la pièce maîtresse du village : la rivière avec le temple et la maison du chef qui se reflètent à la surface de l'eau. La cascade derrière est magnifique, de la brume s'en échappe, L'eau est puissante et si on tend l'oreille on pourrait entendre le son que la cascade produit. Les rayons du soleil s'y reflètent, ce qui donne un aspect presque irréel au site. Sur la droite, c'est presque la même représentation à quelques variantes près. Des habitations sur la colline. Le tout encadre avec merveille le centre du village. Mais, là où Ching d'ordinaire y verrait une agitation quotidienne, l'endroit semble vide. Comme un paysage ou une esquisse. Dépourvu de toute vie, en dehors de l'eau qui ruisselle et se jette dans le bassin. Si elle trouve l'endroit toujours aussi merveilleux, elle sait néanmoins qu'il y manque quelque chose d'essentiel : son âme. Et pourtant, là avec Alejo, elle se sent calme et sereine. Ching fait le tour du banc, et vient prendre place à ses côtés. 



Don Alejo Onza De Llama Duende y Seda
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Posté le 06/06/2022 à 14:51:24. Dernière édition le 06/06/2022 à 15:41:26 

"L'endroit idéal ? Rien que ça. Montré par Dulcina et Voynich...
Hum, voyons... La péninsule sous New-Kingston ? Non, trop de mauvais souvenirs... En haut du phare ? Non, Dulcina a le vertige... La plage du jardin des amoureux ? Peu probable, Voynich a peur de l'eau...
Pas facile. Une chambre de l'ancien repaire pirate ? Dulcina n'aurait pas osé parler de Mitreland. Peut-être la chambre d'Ammok, alors.
Bon, bon, d'accord, tu ne diras rien. Tu me feras découvrir ça en temps voulu, alors."

L'hidalgo s'amuse à évoquer tous ces endroits dont chacun a sans doute un sens pour lui. Optimiste, il ne se projette pas si loin dans le temps en évoquant cette future découverte.

Lorsqu'avec sa passagère ils contournent la maison, il sent bien l'invitation qui lui est faite de visiter. Mais il décline.

"Il est peu probable qu'on en vienne à se battre dans cet endroit. Sa connaissance n'a pas d'intérêt à ce sujet. Ce serait juste pour découvrir l'endroit où tu vivais et où tu vas vivre.
Mais... les images de l'intérieur viendront de ton esprit. Leur construction sera particulièrement éprouvante si tu n'y assistes pas et ne fais que les projeter. Ça ne sera pas forcément très différent, au niveau des émotions.
Restons-en là, veux-tu bien ? Ça vaut sans doute mieux."

Enfin, il joue le jeu lorsqu'elle passe ses mains sur ses yeux, se laissant guider. Il sent le froid et la dureté de la pierre du banc, il sent l'excitation de la jeune femme.
Il reste sans voix un temps lorsqu'elle dévoile le panorama, admirant l'empilement des toits courbes si caractéristiques, les détails des façades, les ruelles sinueuses, les couleurs.
La lumière rasante de l'aurore s'amplifie un peu et à travers la brume montante, elle fait naître plusieurs arcs-en-ciel timides au-dessus des toits.

La beauté et la sérénité des lieux sont palpables. La mélancolie aussi. C'est la fin du voyage, le grand final avant que le rideau ne se baisse. Même s'il ne le voulait pas, cette dernière vision consomme l'énergie qui lui reste et le rêve ne tiendra guère plus longtemps. Jamais il n'était allé aussi loin jusqu'alors.

La présence de Ching a ses côtés prend alors toute son importance. Il se rend compte, à ce moment, qu'elle va bientôt partir. Comme Nara avant elle.
Sur la cuisse de la jeune femme, il vient chercher sa main, entremêlant leurs doigts. Un geste qui a déjà été fait pendant le rêve.

Et pourtant, jamais jusqu'à présent il n'a semblé si intime, si chargé d'émotion.
Sita LeRoy
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Posté le 16/06/2022 à 16:22:42 

La jeune femme rit quand elle entend les endroits qu'il propose. Et, si elle n'a aucune intention de lui révéler dans ce rêve, et préfère même garder le secret jusqu'à son retour, elle lui dit néanmoins
 
- Alejo ! L'endroit idéal pour moi voyons ! Pas pour Dudu ou Voynich. Et tu sais, en quelques semaines j'en ai visiter des choses avec eux....
 
La japonaise se fend d'un large sourire sur les lèvres. Si elle est revenue pour le mariage de son meilleur ami, elle n'en oublie pas la jeune femme qui l'a accueillie avec autant de bienveillance et d'amitié. Si l'île a énormément changé et que le passé appartient au passé, Dulcina est un pont entre ce dernier et le présent.
Grâce à elle les souvenirs restent des souvenirs gravés dans sa mémoire et voilà qu'elle a pu s'en faire beaucoup d'autres en l'espace de quelques temps. Pourtant, Ching avait hésité à revenir. Par peur possiblement. La peur de l'inconnu. Mais son amie, en l'espace de quelques minutes, avait fait voler en éclat ses doutes. Et, en la retrouvant elle, c'est comme si le temps c'était arrêté et qu'elle étant de nouveau sur Liberty en 1708. La nippone chasse ses pensées en bougeant une fois la tête de droite à gauche, pour en revenir à Alejo.
 
Quant il lui annonce qu'il préfère décliner son invitation, un léger soupir de soulagement s'échappe des lèvres de Ching.
 
- Je crois que je préférerais te faire visiter ma vraie maison. Que tu puisses la voir dans son ensemble. Et non pas une pâle copie de sa représentation. Il y manquerait les lumières qui jouent avec les ombres. Le chant des oiseaux qui viennent se poser dans l'arbre. Et l'odeur du bois se mêlant à celui de la mer qui nous parvient parfois, du contrebas de cette falaise. Tout ça je peux tenter de le recréer, mais, si la magie peut nous amener à découvrir beaucoup de chose, parfois, rien n'égale la réalité.
 
Ching le laisse observer et sourit au panorama qui se trouve devant elle. Mais ce qui l'intéresse, c'est le visage de son partenaire qui se révèle à elle quand il prend tout l'ampleur de la vision qu'elle produit pour lui. Un léger sursaut et un sourire naissant quand elle sent le contact de sa main sur la sienne. Elle le laisse faire, entremêlant dans un même geste ses doigts aux siens. Son autre main vient se poser sur le bras de l'hidalgo et sa tête se penche pour se poser sur son épaule.
 
La vision qu'elle a devant ses yeux est chargée d'émotion et voila que sa voix interrompt le silence qui les unis. Ce village lui rappelle son fils, ainsi que la chanson qu'elle aimait chanter parfois dans sa maison, pour l'aider à s'endormir. Ou parfois quand elle était assise seule ici, à contempler la vue.
 
La position de ses deux personnes est intime, presque comme s'il s'agissait d'un couple ; sa voix qui démarre sur une musique qui sont seuls à entendre dans leur tête n'en ai pas moins intime à son tour. Elle chante doucement, dans la langue chinoise, et dans l'esprit de l'Hidalgo. S'il entend la langue qu'elle prononce, il est pourtant capable d'en comprendre le sens :

https://www.youtube.com/watch?v=0bMpJ6nrrcA&list=PL1A3B3B817948E173&index=4

( Parole traduite en français =
Une beauté rare dans le Nord
La plus exquise des femmes
Un regard de sa part et c'est la ville qui tombe
Au second regard, le pays est en ruines
Aucune ville, aucune nation
N'ont été plus chéries que cette beauté là)
 
La voix s'arrête et doucement, le silence reprend ses droits. Ching sait qu'il est bientôt l'heure de partir, mais elle n'en a pas envie. Alors elle laisse le temps de suspendre, profitant des lieux, profitant d'Alejo. Dans sa tête elle réfléchit à une sortie possible, et un sourire amusé prend vie sur ses lèvres. Une dernière taquinerie avant de partir, juste une. Pour l'embêter un peu....
Don Alejo Onza De Llama Duende y Seda
Don Alejo Onza De Llama Duende y Seda
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Posté le 16/06/2022 à 18:51:28 

Il est des moments comme celui-ci où les mots n'ont plus d'importance.

Ce n'est plus ce que l'on dit, ce que l'on fait, ce que l'on voit qui importe. C'est juste l'autre.

Viscéralement, l'hidalgo sait que c'est un moment rare. D'autant plus précieux qu'il se trouve juste avant que la dernière page du chapitre ne se tourne.

Il écoute la jeune femme chanter avec douceur, il admire le paysage venu de l'autre bout du monde, il savoure tous ces dons généreux. Et pourtant, plus rien de tout ça ne compte.

Pourquoi doit-on toujours choisir entre les remords ou les regrets ?

Il serre doucement la main de la jeune femme, se dégage de son contact sur son épaule pour pouvoir lui faire face. L'azur de leurs yeux se répondent comme des miroirs, s'échangeant des milliers de mots dont aucun n'est prononcé.

Il clos ses paupières tout en se penchant vers elle et pose ses lèvres sur les siennes.

Alejo choisit de ne pas regretter.
Sita LeRoy
Sita LeRoy
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Posté le 20/06/2022 à 18:13:48 

"Je suis bien là, contre lui, à regarder la vue. C'est agréable. "
 
" Tient, qu'est-ce qu'il fait tout à coup ?"
 
" Pourquoi me regarde-t-il comme ça ? "
 
" C'est vrai que ses yeux sont agréables à regarder. Et leur intensité ..."
 
C'est un sursaut de surprise, un léger tressaillement qui s'empare d'elle quand l'Hidalgo se penche vers elle. Celle-là, Ching ne l'avait pas vu venir. Certes, les rêves rapprochent les gens comme jamais. Vivant et se confiant comme peut-être ils ne l'auraient jamais fait dans le réel.
 
La surprise passée, la jeune femme entrouvre les lèvres pour accepter ce baiser et le faire durer. Posant une main sur sa joue.
 
" Ma fille, mais qu'est-ce que tu fous franchement ? Tu le connais celui la! Une fois qu'il sera parvenu à ses fins, il t'oubliera pour passer à la suivante. "
 
" Et alors ? De toute façon tous les hommes sont ainsi. Suffit de repenser au dernier en date."
 
" Est-ce une raison pour s'inscrire soi-même sur une liste aussi longue que ta jambe?"
 
" Bah, laisse toi aller. Détend toi un peu ça te fera du bien. De toute façon tu ne sais pas si tu reviendras un jour. Tu peux mourir mille fois avant d'arriver à ton fils, et mille fois encore après ça. Et puis, ce n'est pas comme si tu acceptais sa polygamie, il n'y aura aucune conséquence à cela. Tu pars de l'île"
 
Les voies intérieures semblaient en profond désaccord. Ching essayait de jauger la situation en 4e vitesse. La chercherait-elle aussi activement si elle se laisser aller ? Et étais-ce un mal s'il l'oubliait ? Ching n'avait jamais vraiment compté sur les hommes dans sa vie. Elle était plutôt solitaire et n’appréciait pas l'ingérence de sa vie par un autre qu'elle.
 
" Oh et puis zut ! Advienne que pourra "
 
Pas du tout à son aise sur ce petit banc de bois, Ching passe les mains sur les épaules de d'Alejo et, prenant appui, se relève juste assez pour passer une jambe de l'autre du corps de son compagnon de rêve. Ainsi assise sur lui, elle interrompt le baiser quelques secondes pour l'observer. Jauger cette fois de ces réactions à lui. Et s'ils semblent sur la même longueur d'onde, elle recommencera de plus belle.
 
Car Ching choisit à son tour de ne pas regretter.



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