Faux Rhum Le Faux Rhum Faux Rhum  

Le forum > Taverne > Monsieur de Craon
Monsieur de Craon 1 2 -3- 4  
Auteur Message
Constance d'Orchal
Constance d
Déconnectéparia
 
Inscrit depuis le :
11/01/2007
Posté le 27/02/2007 à 14:39:09 

Un petit hommage à Lady Sharon. Ne vous arrêtez jamais d'écrire, Athanael, Chriko, vous faites ça si bien... http://img291.imageshack.us/img291/5827/nuessaizq7.jpg
Dulcina Fagney
Dulcina Fagney
Déconnecté
Inscrit depuis le :
13/02/2006
Posté le 27/02/2007 à 14:47:12 

HRP / C'est toi qui dessine?? Parce-que si en plus d'écrire superbement tu dessines bien... Vraiment une joueuse parfaite pour le RP
Constance d'Orchal
Constance d
Déconnectéparia
 
Inscrit depuis le :
11/01/2007
Posté le 27/02/2007 à 15:11:49 

[HRP] Oui, et ce n'est qu'un maigre remerciement pour ce qu'Athanael m'a déjà offert. Mais merci du compliment, il est apprécié à sa juste valeur ^^ Bien qu'ici, il serait plus judicieux de leur en faire plutôt qu'à moi
Gaïus Quesada
Gaïus Quesada
Déconnecté
 
Inscrit depuis le :
14/01/2006
Posté le 27/02/2007 à 18:01:22 

HRP... et bien moi je vous remercie pour ce dessin qui est vraiment la meilleure illustration du chapitre XI. C'est un tres joli cadeau qui me touche beaucoup... HRP.
Gaïus Quesada
Gaïus Quesada
Déconnecté
 
Inscrit depuis le :
14/01/2006
Posté le 27/02/2007 à 18:02:46 

Le virtuose ne sert pas la musique. Il s’en sert. Jean Cocteau. Chapitre XIV : Les Musiciens. Athanael monta dans la chambre qu’il louait à l’auberge de Port-Louis. En ouvrant sa porte il trouva par terre de l’autre côté quelques papiers glissés là en attendant son retour. Il les posa sur la table sans y faire plus attention et entreprit de faire sa toilette. Une fois terminé il demanda un souper et une bouteille de Champagne et s’assit derrière son bureau. Il feuilleta sans trop de concentration les papiers qu’il avait « reçu »… des demandes beaucoup, des sollicitations, quelques mots de soutient aussi et quelques insultes comme il se doit… Il n’y prêta plus attention dès que son repas lui fut apporté et il entreprit de se rassasier. Chriko arriva alors qu’il terminait son assiette. - « Tu es là ? Je te cherchais. Le Capitaine ne veut plus que tu te ballade tout seul. - « Le Capitaine devrait savoir que j’aime me balader tout seul. - « Oui et bien il ne veut plus que tu le fasse… Je suis donc là pour te couver. Comme d’habitude. » Athanael sourit et regarda son frère enlever sa veste. Puis il lui servit un verre en indiquant les papiers qu’il venait de recevoir. Chriko les attrapa et les parcouru rapidement. - « Oui… Oui… pourquoi pas ? Non… oui… stupide… sans intérêt. Rien de bien nouveau si je peux en juger parce que je lis. - « Non. Je suis fatigué tu sais. - « Oui je le vois bien… Tu t’impliques dans trop de choses, tu t’exposes trop aussi. - « Je fais ce que je crois devoir faire…» Chriko ne répondit pas et se servit un autre verre. Ils entendirent tous les deux quelques pas devant la porte… puis glissé sous celle-ci apparu un nouveau petit papier. Athanael le ramassa, il n’y avait aucun mot marqué dessus, c’était une partition de musique. Athanael l’étudia quelques instants puis la passa à Chriko qui la lue aussitôt avant d’émettre un petit sifflement admiratif. - « La liste Noire des pirates ? Rien que ça ! Tu vas finir par devenir célèbre mon frère ! » Dit il en souriant. - « Il faut que je quitte Port Louis. Ca va devenir dangereux pour tout le monde si je reste là… » Athanael prit une feuille blanche dans son bureau et traça cinq lignes horizontales et parallèles. Une fois cela fait il nota des notes de musiques sur la partition, d’un geste sûr et rapide. Puis il fit lire les mesures à Chriko. - « Voici les ordres. Assure toi qu’ils soient suivis scrupuleusement pendant mon absence. Tu me tiendras informé par le canal habituel. - « Tu vas vraiment faire ça ? - « Oui j’ai pris ma décision. Je te laisse les clés de la maison, fais suivre les affaires courantes et arrange toi avec les opérations en cours. Tu auras de mes nouvelles… - « Je ne crois pas que se soit la bonne solution… - « A vrai dire je n’en sais rien non plus… » Athanael sourit a son frère et le reprenant la partition. Il ouvrit la porte de sa chambre et appela dans le couloir. - « Antoine ! Antoine mon ami, dit il quand ce dernier apparu. Veuillez retourner ceci a qui vous savez. Si jamais il y a un retour vous le transmettrez à mon frère. - « Canal habituel monsieur ? - « Oui s’il vous plait. » Antoine prit la direction inverse puis sembla hésiter avant de revenir sur ses pas. - « Monsieur ? - « Oui ? - « Un… jeune homme demande a vous voir. Il a dit que vous aviez demandé après lui. Je lui ai demandé d’attendre… - « Merci Antoine. Faîte le monter… » Puis se retournant vers son frère. - « Une affaire urgente… - « Je te connais, répondit il dans un sourire. Je te reverrais avant que tu ne partes ? - « Oui tu as ma parole. - « Alors je m’en vais. » Chriko disparu dans le couloir, furtivement. Athanael à nouveau seul examina ses affaires et pris son empaleuse. Il l’a mania un instant, la faisant siffler dans l’air. Il sourit puis la déposa sur la table du salon. Quelqu’un frappa à la porte. - « Entrez ! - « Monsieur… je… - « Oui je sais. Veuillez vous asseoir, Constance… »
Amônier de la Rêveuse
Amônier de la Rêveuse
Déconnecté
 
Inscrit depuis le :
03/02/2006
Posté le 27/02/2007 à 18:10:42 

le dessins est tres joli constance felicitation j aime beaucoup
Constance d'Orchal
Constance d
Déconnectéparia
 
Inscrit depuis le :
11/01/2007
Posté le 27/02/2007 à 18:27:40 

Bien que je sois d'une productivité qui approche dangereusement de la nullité absolu, je me ferai un plaisir de réaliser un projet... Illustrer, par quelques planches, votre épopée. Avec votre accord, bien évidement. Nous tacherons d'en discuter à l'occasion.
Gaïus Quesada
Gaïus Quesada
Déconnecté
 
Inscrit depuis le :
14/01/2006
Posté le 04/03/2007 à 12:39:02 

Toute destinée, si longue et si compliquée soit-elle, compte en réalité un seul moment : celui où l’homme sait une fois pour toutes qui il est. Jorge Luis Borges Chapitre XV : Les Fleurs du Lys. Au matin du dimanche 4 Mars, la Confrérie du Lys, exceptionnellement réunie en grande tenue d’apparat, se rendit au grand complet à l’église de Port Louis pour y entendre la messe. Celle-ci, en ce jour particulier revêtait une symbolique inhabituelle et puissante que tous ressentaient. Parmi, les vingt membres de la Confrérie, certains ne purent s’empêcher de penser qu’il s’agissait peut être plus d’une messe d’enterrement que d’une ode à la joie. Ce matin là, le Capitaine Gaheriet s’entretint un long moment avec Bacchus, Perle et Chriko dans son bureau. Il était préoccupé et quand enfin ils sortirent tous les quatre dans le couloir qui menait à la grande salle, tous semblaient aussi graves que lui. A midi, le dimanche 4 Mars, Athanael méditait encore seul dans sa chambre, repassant et repassant encore dans sa tête les événements de la semaine passée. Réfléchissant à la longue discussion qu’il avait eue la veille avec Gaheriet et Chriko. Aux longs entretiens qu’il avait eu avec chacun de membres du Lys. A sa décision. Qui resterait ferme et définitive, il n’en doutait plus à présent. La cloche de la grande salle retenti dans toute la maison de guilde, suivie immédiatement par la voix du premier maître Chriko. - « Rassemblement du Conseil dans cinq minutes ! » Athanael se releva et réajusta les plis de sa tenue. Il se regarda une dernière fois dans le miroir avec une certaines amertume. Essayant de graver se souvenir dans sa mémoire. D’en garder une trace. On frappa à la porte et Chriko entra. - « Tu es prêts ? - « Oui. - « Tu es sûr de toi ? - « Oui. - « Alors allons y c’est l’heure. » Chriko reparti en avant et Athanael le suivi de quelques secondes. Il pénétra dans la grande salle du Conseil et vint se poster debout derrière sa place. Tous les membres de la guilde étaient là, tous debout à leur place. Gaheriet et Bacchus arrivèrent les derniers précédés de peu par Perle Blanche. Celle-ci attendit que le Capitaine et le Maître de guilde prennent position, puis conformément au protocole et en vertu de son grade prit la parole la première. - « Je déclare la séance extraordinaire du Conseil du Lys ouverte. Puis se retournant vers Gaheriet et Bacchus. Tous présents messieurs. » Gaheriet invita tout le monde à s’asseoir et prit à son tour la parole. - « Bien, vous savez tous pourquoi nous sommes réunis aujourd’hui. Je ne rentrerai donc pas dans les détails qui nous ont occupés toute la semaine. Je sais que chacun d’entre vous a donné son opinion, et je considère donc que l’heure est à la prise d’une décision. » Il s’arrêta un instant, le silence était total dans la grande pièce, puis d’un signe de la tête il donna la parole à Bacchus. - « Comme vous l’avez sans doute tous remarqué j’ai réuni l’Etat Major du Lys ce matin, lequel après en avoir délibéré à rendu son verdict en rapport avec l’affaire qui nous réunit tous aujourd’hui. » Personne ne bougea le moindre cil, ce n’était une surprise pour aucun des membres du Lys, tous connaissaient aussi la décision qui avait été prise la matin même, ou du moins s’en doutaient. Gaheriet fit un signe à Perle qui attendait son ordre. - « Athanael de Craon ! Présentez vous au Conseil ! » Athanael sembla sortir d’une de ces rêveries qui l’habitaient de plus en plus. Il se leva bien droit et fit trois pas en avant, tourna d’une manière mécanique sur sa droite et fit encore deux pas faisant ainsi face à Chriko, Gaheriet, Bacchus et Perle entouré sur sa gauche par huit membres de la confrérie et sept sur sa droite. Gaheriet se leva à son tour et fit face à Athanael. - « Athanael de Craon le Conseil du Lys à rendu son jugement et à décidé de vous retirer votre statut de membre de la guilde du Lys. » Athanael regardait droit dans les yeux son Capitaine. - « Comprenez vous cette décision et ce qu’elle implique ? - « Oui. - « L’acceptez vous ? - « Oui. » Perle se leva. - « Levez vous ! » et tous les membres de la guilde firent de même. Gaheriet sorti sa dague de son fourreau et s’approcha d’Athanael. Il lui attrapa doucement le col droit de sa chemise et coupa l’insigne qui était brodé dessus. - « Moi Gaheriet, capitaine du Lys, par ce geste je te retire les Fleurs du Lys. » Athanael enleva l’insigne agrafé à sa poitrine et le tendit à son capitaine. - « Moi Athanael de Craon, je rends mon insigne de frère de la Confrérie. Et par ce geste je renonce à mon appartenance à celle-ci. » Une fois terminé, il se recula un peu, regardant Gaheriet droit dans les yeux. Les deux hommes étaient bouleversés même si dans le silence de la grande salle, et bien que tous le sachent et ressentent la même chose, ils s’efforçaient de ne pas le montrer. Athanael regarda un a un ses anciens frères et recula, ne se retournant que pour faire face à la porte de la salle du Conseil. Il aurait voulu dire quelque chose, il aurait souhaité expliquer encore une fois être sur qu’ils avaient compris mais il ne put pas. Il savait que c’était inutile. Il ouvrit et referma la porte derrière lui. Sans se retourner. Isabeau l’attendait dans le couloir, un sac à la main. - « Monsieur Athanael, ils… ils m’ont dit de vous le donner avant que vous ne partiez. » Elle lui tendit le sac et lui sourit gentiment. - « Ah… et puis ça aussi… » C’était une enveloppe. Athanael embrassa sur les deux joues Isabeau et lui fit un clin d’œil. Puis il sortit pour la dernière fois de la maison de la Confrérie du Lys, il se dirigea vers le Nord en sortant de la ville. Au soir du dimanche 4 Mars, alors qu’il avait déjà parcouru un très longue journée de marche. Athanael installa un petit bivouac dans un endroit reculé de la forêt. Il prépara un feu. Au soir du dimanche 4 Mars, Athanael posa le sac que lui avait donné Isabeau devant lui et ouvrit l’enveloppe. Il en sortit un mot dont il reconnu l'écriture : « Mon ami Le sac c’est de la part de la Famille et ça c’est de la Mienne. Tu me les Rapporteras un Jour… Prends Soin de toi en attendant.» Athanael regarda dans le fond de l’enveloppe, il y trouva une perle blanche et un petit bout de tissu brodé... de deux fleurs entremêlées.
Constance d'Orchal
Constance d
Déconnectéparia
 
Inscrit depuis le :
11/01/2007
Posté le 05/03/2007 à 18:46:05 

Le Duc de Bretagne. http://img233.imageshack.us/img233/8697/ducdebretagnejm3.jpg
Amônier de la Rêveuse
Amônier de la Rêveuse
Déconnecté
 
Inscrit depuis le :
03/02/2006
Posté le 05/03/2007 à 20:46:09 

Je ne sais pas si le RP est bon. Mais ce que je sais c'est que les dessins que tu fais et qui illustrent ce RP le sont. Alors merci beaucoup Constance c'est un joli cadeau que tu nous fais.
Lizzie la 'Lame'
Lizzie la
Déconnecté
 
Inscrit depuis le :
03/04/2006
Posté le 05/03/2007 à 21:01:32 

Effectivement, c'est mon préféré ce dessin ! Chapeau bas aussi...
Alanis
Alanis
Déconnecté
Inscrit depuis le :
15/11/2005
Posté le 06/03/2007 à 08:14:04 

Trop beau. ^^
Ely
Ely
[ Adminette ]
Déconnecté
Inscrit depuis le :
09/12/2005
Posté le 09/03/2007 à 01:45:51 

un petit compliment au texte pour compenser un peu parce qu'il le mérite aussi ça s'impose.
Amônier de la Rêveuse
Amônier de la Rêveuse
Déconnecté
 
Inscrit depuis le :
03/02/2006
Posté le 09/03/2007 à 15:43:11 

L’homme vit consciemment pour soi, mais il sert d’instrument inconscient pour la poursuite des buts historiques, commun à toute l’humanité Léon Tolstoï Chapitre C-III Guerre et Paix Tout les membres venaient de sortir de la grande salle, Cactus se leva et regarda la pièce vide seul Chriko était reste assis, son regard était fixe il semblait déjà loin. - « Ca va Chriko tu as l’air pensif, tu sais c’est sûrement le mieux qu’il avait à faire que de nous quitter. Il le fait pour nous et pour lui. » Lui dit gentiment son ami Jack. Les deux hommes s’étaient rencontrés lors d’une des nombreuses guerres que s’étaient livrées la France et l’Angleterre. Jack Cactus était un homme d une trentaine d’années, grand, cheveux longs, petit bouc, cet homme plutôt discret et solitaire se forgeait une réputation de juste qui allait au bout de ses idées. Chriko et Cactus avaient appris à se connaître au fur et a mesure des actions et il y avait du respect entre eux, quand aux qualités d’homme et de combattant de qu’ils possédaient chacun. Apres son mandat de général Cactus avait été présenté par Chriko à ses frères d’armes et quelques temps plus tard celui-ci intégrait la Confrérie du Lys. - « Oui tu as raison, je ne m’en fais pas pour Athanael, il sait ce qu il fait. Je repensais au passé, à ceux qui nous ont quitté Nick, Lone, Fanch, Capitaine Caverne et se traître de Sanca et au nouveaux… Je pensais, dit-il en se passant la main sur le front que tout semble pareil mais que tout est différent. - « Mais enfin Chriko ! C’est normal, c’est la vie, tu peux pas figer les choses, répondit Cactus en rigolant. - Je sais, je sais, peut être suis-je trop dans la nostalgie du passé parfois, c’est comme un tableau ou une image que tu aimes, tu le regarde souvent et bien moi, les bons moments, j’aime bien m’en souvenir… Cela m’aide pour le futur. Bon c est quoi le programme aujourd’hui ? Revenant à la réalité soudainement. - Le programme ? Voyons, voyons, et si tu me payais le repas que tu me dois ? Lui lança Cactus dans un énorme éclat de rire. - Je te dois un repas, moi, depuis quand ? - As-tu oublié notre dernier duel ? Tu te souviens pas cinq touches a quatre ? - Mais non ! Arrête ! Je te rappelle que je devais gagner si ... Cactus reprenant la fin de la phrase : - Si cette magnifique Lady n’était pas passée derrière moi ! Je sais, je sais… Tu me l’as dit cent fois au moins. Mais il ne faut pas te laisser distraire comme ça ! C’est quoi son nom déjà ? Terra ? - Oui… Terra. Dit-il d’un air rêveur, puis se reprenant. D’accord, d’accord, j’admets ma défaite mon ami. Viens c’est avec plaisir que je t’invite a manger. » Rapidement chacun enfila sa veste et ils se dirigèrent vers la taverne. Alors qu’il sortaient de la mais on de guilde, Gontran arriva en courant du coin de la rue. - « Monsieur Cactus, Monsieur De Craon ! Vous avez reçu chacun un plis urgent ! Vite le messager qui me l’a apporté m’a dit de vous le remettre le plus rapidement possible… il reprit sa respiration. Il me semble que c’est grave. » Les deux compères se regardèrent en grimaçant. - « J’ai comme le sentiment que le succulent repas que je m apprêtais à engloutir sur tes deniers va être reporté. » lança Cactus en secouant la tête de gauche a droite. Chriko qui avait ouvert la lettre et qui l’avait lue, se passa la main dans les cheveux faisant une moue inquiète. - « je pense aussi… Lis ça ! » Lui dit il en lui tendant le plis. - « Ah maudits Anglais ! Jamais ils ne capitulent… incroyable ! Gontran prépare nos affaires nous partons immédiatement. - Mais vous aussi ? Je croyais que vous restiez jusqu’à la fin de la semaine ? Mais que se passe t’il ? » Demanda Gontran désabusé. - « Les Rouges ont pris Louis le grand Gontran… Ils ont pris Louis le grand… » Répondit Chriko en soupirant.
Gaïus Quesada
Gaïus Quesada
Déconnecté
 
Inscrit depuis le :
14/01/2006
Posté le 21/03/2007 à 15:20:16 

Rubrique littéraire: En vedette cette semaine : les messieurs de Craon, Charles et Chriko ! Ils ont régalé notre esprit avec « Monsieur de Craon ». Nous suivons, dans le désordre le plus total, les évènements qui ont constitué l’avant-Liberty, leur arrivée sur l’île et le pendant-Liberty. Nous profitons du point de vue des deux frères, de leurs états d’âme, de leurs pensées, et des demoiselles qui occupent leurs songes. Et pour intensifier notre plaisir, Constance a participé en publiant deux dessins, magnifiques comme vous pouvez vous en douter. Merci Voici !
John Daemon
John Daemon
Déconnecté
Inscrit depuis le :
13/11/2006
Posté le 22/03/2007 à 01:35:57 

Je découvre, je lis les trois pages et j'aime vraiment bien. Continuez comme ça ! NB : Les dessins de Constance sont magnifiques !
Gojuchang
Gojuchang
Déconnectéparia
Inscrit depuis le :
24/03/2006
Posté le 23/03/2007 à 12:33:05 

Un oiseau au plumage d'un rose éclatant se faufile par une fenêtre dérobée et se pose sur l'épaule de Charles de Craon... Il émet un sifflement, quelques notes de musique qui ressemblent à une marche militaire irlandaise sur un rythme jamaïcain... Puis d'une voix impersonnelle et monocorde il prononce cette phrase : "Hippolyte pose son pipeau et quitte l'orchestre... je répète... Hippolyte pose son pipeau et quitte l'orchestre !" Athanael a un sourire mélancolique en entendant ces mots, il s'adresse alors à l'animal... "Kim-chi, vieil emplumé, toujours pas passé à la rotissoire ? Dis à ton maître que le jeune garçon que nous avons jadis sauvé de la mort par déshydratation a bien grandi... C'est aujourd'hui un fier guerrier !" Le cacatoes aux couleurs chatoyantes roule des yeux, croasse comme une grenouille, puis reprend la parole... Cette fois-ci il imite clairement la voix de son maître : "Monsieur, Avec tout le respect et l'amitié que j'éprouve à votre égard, de récents évènements m'obligent à me positionner clairement vis à vis de votre autorité... Mon coeur s'assombrit à cette idée, mais notre confrontation semble inéluctable. C'est avec toutes les condoléances requises suite à l'agonie de notre entente pacifique et cordiale, et beaucoup de déception face à mon incapacité à contrôler ce scénario dont je ne suis à peine qu'un figurant, n'ayant jamais eut l'occasion de jouer un rôle décideur pour mon propre avenir, mêlé à des complots dont je n'avais pas connaissance... oui c'est avec une grande tristesse que j'ai l'honneur et le regret de vous provoquer en duel. Sachez que j'ai une grande estime pour votre personne, et que même si nous devrons nous battre à mort, peut-être jusqu'à la fin de nos jours sur cette île, je continuerai à vous traiter avec tous les égards et le respect que je vous doit... Vous avez été un parrain exemplaire, vous m'avez apporté plus que ma guilde et mon gouvernement réunis... Aujourd'hui vous êtes mon "meilleur ennemi"... Puissent nos différents être lavé dans le sang. Je payerai donc pour ces pots que je n'ai pas moi-même cassé, peu m'importe de savoir qui après tout... L'avenir nous le dira. Mortellement votre, Votre ex-filleul... Votre nouvelle casserole... Votre ami des limbes de l'iérèlle... G."
Gaïus Quesada
Gaïus Quesada
Déconnecté
 
Inscrit depuis le :
14/01/2006
Posté le 24/03/2007 à 14:36:39 

Charles lu plusieurs fois la missive... Non pas qu'il en fut particulièrement étonné, mais parfois, même quand on s'attend à certaines choses... Il arrive qu'elles vous fassent quand même mal quand elles vous parviennent. Charles fut un temps Athanael... et Charles, qui aurait voulu ne pas le faire... Assuma une nouvelle fois les actes d'Athanael. Il la relu encore une fois. Puis sans s'appesantir plus encore, il sorti une de ses plumes et écrivit : Mon "jeune ami" Alors le voici l'explication que j'attendais depuis quelques jours ? Te voici donc mon fils ? Tu qoque Fili ? Te voici donc ? Juda... Qu'il est loin le temps où ce jeune garçon apporté par la mer se retrouvait sur une plage... dans un monde qui n'était pas le sien. Qu'elle est déjà loin votre première leçon, frêle asiatique tenant à peine sur ses jambes. Je garderai tout ceci mon ami, car "de l'élève, le maître doit aussi apprendre". Malheureusement, je n'ignore pas non plus qu'il vient toujours, le jour où l'élève désire à son tour devenir maître. Et pour cela, vient aussi le moment où il doit "tuer le père". Car un jour il s'y sent pret et assez courageux pour le penser... Malheureusement disais-je... Car je suis forcé de constater qu'aujourd'hui vous avez renié mon enseignement, nos ideaux, nos traditions... Et que vous avez loué votre épée à des causes que je n'épouserai jamais. Alors puique qu'aujourd'hui vous m'appelez "ennemi"... puisque qu'aujourd'hui vous avez décidé de combattre le père, et en souvenir du jeune homme que vous étiez tant que vous futes chez nous... Je ne vous refuserai pas le duel. Et puisque vous avez l'audace de me provoquer, je vous infligerai votre dernière leçon d'escrime... Votre dernière correction. Car voyez vous mon jeune ami ? Un abandonnant mon enseignement, vous avez aussi perdu toutes chances de me vaincre... Le Père n'est pas encore mort. Max efface Hippolyte de la partition, Hippolyte a posé son pipeau. L'Orchestre joue : - « Le Bleu joue tapis, Noir impair et passe. » Venez avec vos témoins. Qu'ils sachent comment vous êtes mort... Athanael votre ancien guide. Charles votre ennemi.
Gaïus Quesada
Gaïus Quesada
Déconnecté
 
Inscrit depuis le :
14/01/2006
Posté le 23/07/2007 à 13:04:05 

«Vous remmettrez au Mossad votre liste de commissions, et il se chargera d'aller faire les courses. Vous n'aurez pas a vous soucier de savoir où il se sera fourni et combien il aura payé» David Ben Gourion premier ministre d'Israel s'adressant aux ministres de la Défense et des Affaires étrangères. Chapitre XVI : L'Orchestre Bleu. Charles de Craon était assis à son bureau tout près de l’eau, devant lui des feuilles étaient posées sans organisation particulière. Il les regardait, sans vraiment arriver à se concentrer, le ciel était bleu, la mer était belle et bien qu’il ait encore beaucoup de travail, son esprit était ailleurs. Par petites bribes, par petits flashs il se remémorait toutes ces années au Secret du Roy, le service de renseignement français sur le continent, puis son voyage jusqu’ici sur cette île si étrange et où il avait encore tant a faire et tant à découvrir. Charles venait de terminer deux mois à la tête du ministère du Commerce Français et il était fatigué. Bien sûr durant ce temps là les activités de l’Orchestre Bleu avaient continuées et tous les dossiers accumulés demandaient maintenant à ce qu’il s’en occupe. Il écrivit quelques notes et régla quelques affaires urgentes. Par chance rien n’était vraiment grave, la période était relativement calme pour le plus grand bonheur du Comte. Une fois ceci fait le regard de l’homme se perdit une nouvelle fois vers l’horizon, tout était si calme ici, les musiciens seraient heureux de venir étudier et se détendre dans un pareil lieu… Charles se leva et s’installa au piano qui était dans le patio, tout près des bains, son esprit était d’humeur vagabonde et il ne souhaiter pas lutter aujourd’hui. Il entama sa partition laissant pour un instant les affaires de la France se faire sans lui. Sur le bureau il avait laissé une dernière feuille avec quelques lignes écrites dessus. Les Musiciens de l’Orchestre Mémoires d’un agent secret Français par Charles de Craon …. Doucement, dans la quiétude de cet endroit si paisible, une mélodie provenant d’un piano s’envola sur la mer…
Gaïus Quesada
Gaïus Quesada
Déconnecté
 
Inscrit depuis le :
14/01/2006
Posté le 30/12/2007 à 00:06:39 

------------------------------------------------------------------------------- ------------------------------------------------------------------------------- INTERMEDE LA GUERRE DE FLANDRE - « Il y a trois façon de tuer. lui avait un jour enseigné Zaccharie. La première est en y prenant du plaisir, en se laissant envahir par ce sentiment traître de puissance et qui vous fait croire que vous etes immortel... Tu n'es pas immortel Charles sache le. - Oui mon maître. - La Seconde est en éprouvant de la pitié et en regrettant ton geste une fois qu'il est fait... Dans ce cas tu tueras deux fois ton adversaire, car tu le tueras physiquement, mais tu le tueras aussi en manquant au respect qui lui est dû et à sa mémoire. Tu dois le respect Charles. - Oui mon maître. - Enfin la troisième, tuer sans aucun état d'âme, tuer parce que c'est ton devoir, tuer car tu es soldat, tuer sans plaisir et sans regret. Ton bras deviendra alors l'outil de la mort. La Loi d'Airain. Comprends tu ? - Oui maître. Je comprends. - Ainsi devant le plus faible tu ne chercheras point a faire durer le supplice, tu te vetiras de tes meilleurs vêtement de guerre et tu frapperas avec froideur et force. Contre le plus fort tu te vetiras de manière humble et tu courberas sous ses attaques pour mieux l'occire en usant de sa confiance. C'est ton esprit qui guide l'épée Charles, ne l'oublie pas. - Je ne l'oublierai pas mon maître.» Quand la tour de Van Ders fut enfin prise au prix d'un nombre de blessés considérable dans les deux camps, Charles de Craon qui avait été envoyé à Saint Catherine la veille se détendi un peu sur son lit d'hôpital. Un infirmier se présenta a lui en lui tendant une missive. - « Les ordres monsieurs. » Charles prit le courrier sans rien dire et entâma la lecture. Puis il prit ses affaires et entreprit d'enlever sa tunique du Lys «El PLuribus Unum» qui lui avait servi lors de l'attaque sur Van Ders. Puis, se faisant, il aperçu dans son cabat une petite lettre qu'il avait oublié depuis longtemps. Il l'ouvrit sans trop de douceur et la lue. Une fois que ce fut fait, Charles ne put s'empecher de verser quelques larmes, il se retourna vers la fenêtre pour que personne ne le vit et pleura en silence en regardant dehors. - « Alors tu savais mon maître... quelle ironie... Monsieur le Comte. » Tout à coup le nom de Craon lui paru trop lourd a porter, tout à coup des souvenirs de France qu'il avait en vain tenté d'effacer revinrent à sa mémoire... Ce rôle là, ici sur Liberty n'avait aucun sens, ce rôle là il ne se sentait pas capable de l'endosser... Le rôle du père. Charles se rassit sur son lit et observa la vieille tunique de moine qui lui avait tant servi pendant si longtemps. Il l'a prit dans ses mains et sêcha ses yeux avec. Puis naturellement, il l'enfila. Elle le protégerait, il le savait, elle couvrirait sa peine. Colonne Van ders le lendemain - «Charles... Charles ! - « Hum ? oui ? oh c'est toi Christian ? - « Oui, je suis arrivé il y a quelques heures, il est bientot 4 heures il va être temps de se mettre en route. - « Je... Oui... Charles se leva. D'accord. » Alors qu'ils se préparaient à prendre la route tous les deux en sirtotant un pot de café, Charles observait sa vieille tunique en silence. - « Tu as l'air bien soucieux mon frère. lui dit Christian. - « Père est mort. » Un long silence s'ensuivit juste ponctué par le pot de café que Christian reposa sans ménagement sur le sol. Il n'etait pas quelqu'un dont on pouvait lire facilement les sentiments. Christian vivait avec ses démons mais sans jamais en faire part. Comme à l'accoutumé il digéra l'information sans rien laisser paraitre. - « Ah. Te voici donc Comte de Craon. Lui dit-il. Peut être... Peut être devrais tu rentrer en France... Je veux dire, pour aller t'occuper des terres de la famille... » - « Blanche fera ça très bien je n'en doute pas. Et puis j'ai encore des choses à faire ici, je ne peux pas partir pour le moment. - « Très bien... Alors comment doit-on t'appeler maintenant ? Monsieur le Comte ? Charles de Craon Comte de Craon ? - « Tout ceci n'a aucun sens sur cette île. Je suis le seigneur d'une terre qui est a des milliers de lieues d'ici et que je n'ai pas vu depuis des années... » Charles prit la vieille tunique et commença à l'enfiler. - « Te rappelles tu quand nous sommes arrivés ? Avec nos ordres de Paris sur le Duc de Bretagne ? - « Bien sur. Comment l'oublier ? - « Athanael. C'est un nom plus facile a porter je trouve. Une identité plus secrète. Je crois que pour le moment c'est ce qui m'ira le mieux. - « Soit. A ta guise. Athanael ou Charles de toutes façons tu es mon frère. Si tu le souhaites ça sera Athanael, et nous oublirons le Comte de Craon pour quelques temps. Charles regarda son frère en esquissant un sourire. - « Merci. Tes paroles me portent. Il y eu encore une fois un long silence durant lequel chacun des deux hommes buvèrent leur café sans un mots perdus tous les deux dans leurs pensées. Puis Christian se leva : - « Il va être l'heure. Nous devons nous mettre en route... Athanael. - « Oui tu as raison. Athanael se leva et alors qu'ils sortaient de la tour Van Ders, il agrippa son frère par la manche. Mefies toi des hollandais. Je ressens quelque chose de bizarre les concernants. Ils ne sont pas comme d'habitude. - « Ils sont en guerre mon frère. C'est normal. - « Non, ce n'est pas ça, pas que ça, j'ai un mauvais pressentiment. - « Hum... Dois je te rappeler que tu en as rarement de bons ? » Chriko se retourna vers Athanael qui ne rajouta rien. Ils se mirent tous les deux en route vers l'Est. ------------------------------------------------------------------------------- Seconde lettre Hôtel-Dieu Sainte Catherine Mardi 04 décembre 1707 Zacharie, mon ami, mon maître. Bien sûr vous aviez raison, bien sûr vous saviez déjà, et je sais que si vous m’avez laissé dans l’ignorance si longtemps c’était pour que j’apprenne moi-même ce qui devait être su. Bien sûr, je me souviens de vos paroles, celles qui me disaient que je reviendrai, que j’aurais à nouveau besoin de vous, qu’un jour je vous écrirai la lettre que je rédige sur ce parchemin. Alors suivant votre prophétie, voici à nouveau l’élève qui demande audience au maître, voici à nouveau, ce petit français que vous sortîmes un jour d’un caniveau de New Kinston et auquel vous faites tant de grâces et d’enseignement… Me voici à nouveau après ces longues années loin de vous, de votre enseignement et de votre sagesse. J’ai beaucoup voyagé mon maître, j’ai vu des lieux où il ne fait pas bon voyager, des endroits froids comme la mort, d’autres accueillants où les hommes semblaient en paix, j’ai parcouru de nombreuses villes, rencontrés de nombreuses personnes, je suis descendu jusqu’aux marches de l’Enfer et je suis monté aussi haut que les montagnes pouvaient me le permettre… Mais je n’ai pas trouvé ce que je cherchais, mon maître, je n’ai pas trouvé la signification de mon destin, je n’ai pas trouvé qui j’étais. Pourtant aujourd’hui, alors qu’une nouvelle fois je profite des soins des infirmières françaises, les événements de ces derniers jours qui avaient pour théâtre la guerre Franco-hollandaise, m’incitent une fois encore à prendre contact avec vous. Il y a longtemps, je m’en souviens, vous m’aviez fait part de certaines forces qui habitaient cette île et je sais qu’à l’époque vous ne m’aviez pas tout dit. « Pour mieux te protéger » m’aviez vous avoué. Je comprends aujourd’hui que vous saviez déjà ce qui allait arriver, je comprends aussi que le vieil homme que vous êtes n’est pas non plus ici par hasard, je comprends enfin que quelque chose, depuis longtemps, nous lie. Certaines choses au-delà du pire des cauchemars sont en train de ce passer à l’Est de Liberty, certaines choses qui dépassent l’entendement des hommes, et je sais, que vous le saviez… Il y a bien longtemps vous vous étiez enquit de cette marque que je porte à l’épaule, cette marque en forme de croix, à l’époque je n’avais pas perçu l’importance de ceci, mais aujourd’hui je réentends vos paroles : « Il se peut qu’un jour vous compreniez que vous n’avez pas été envoyé ici pour ce que l’ont a bien voulu vous dire… Il se peut qu’un jour la vérité par des chemins détournés vous soit révélée… Ce jour viendra et quand il viendra, vous,… Vous viendrez à moi. Vous accepterez enfin de prendre la place qui vous attend dans les méandres du destin. Vous viendrez enfin prendre le siège qui porte votre nom dans la sainte assemblée… Enfin vous rejoindrez les Moines Soldats… » Je crois maintenant que beaucoup de choses sont liées entres elles sur cette île, je crois aussi que les jours qui arrivent seront bien sombres et je crois enfin que le mal qui atteint la Hollande ne sont que les prémices, les marques, l’annonciation de quelque chose de bien plus effrayant encore. « Ce jour viendra et quand il viendra, vous,… Vous viendrez à moi »… Ce jour est venu. Et me voici mon maître, qui vous demande aide et enseignement. Je serais aux alentours de New Kinston d’ici quelques jours. Charles. ------------------------------------------------------------------------------- Note : Ceci est tiré du RP «La cinquième Lune» que vous trouverez sur ce même forum. En accord avec l'auteur de cet autre RP j'en extrait certains passages ayant trait à la vie de Charles de Craon avant que continuer la suite de la quête de ce personnage.
Gaïus Quesada
Gaïus Quesada
Déconnecté
 
Inscrit depuis le :
14/01/2006
Posté le 30/12/2007 à 01:16:57 

LIVRE II EXODE Cette autre vie qu'est cette vie dès qu'on se soucie de son âme. Alain CHAPITRE XVII : Mister Smith 4 h 15 du matin Nord Ouest de Liberty Aux Alentours de New Kinston Il y a 17 jours. Athanael avait quitté ses frères de la Confrérie du Lys a peine deux jours auparavent. Il aurait pu aussi dire deux nuits. Athanael ne se déplaçait qu'une fois le Soleil couché sur l'île, cherchant constament à éviter les rencontres... Qu'elles fussent bonnes ou moins agréables. Durant ses deux nuits de voyages il ne s'était arrété qu'une seule fois pendant environ deux heures dans la Caverne du Lac, attendant un très vieil ami à lui qui devait absolument l'accompagner. Puis ils étaient remontés vers le Nord et la colonie anglaise. Athanael s'y était introduit de nuit, rasant les murs et évitant tout contact avec la population locale. Il ne souhaitait pas être vu ici plus que neccessaire et fit en sorte que ce ne soit pas le cas. passa la porte du Black Bear et comme il s'y attendait il n'y trouva que le tenancier à cette heure matinale. - « C'est fermé, j'ouvre pas avant deux heures, faudra attendre pour se rincer étranger, la patronne dors encore.» Athanael ne répondit pas et semblant ne pas prêter attention au tavernier il s'approcha de lui en posant un petit bout de papier sur le comptoir. - « Je cherche cet homme, il habitait ici avant mais on m'a dit qu'il était parti de la ville. - Qu'est ce que tu crois étranger ? Je t'ai dit que c'était fermé !» Athanael posa quelques pièces d'or sur le comptoir. - « Hum... » l'homme s'empara de l'argent et regarda enfin le morceau de papier, Il fit mine de réfléchir un instant. « En effet il est parti. » Deux pièces de plus jaillirent devant lui. - « Où ? - « Ca je sais pas... certains disent vers le Nord et l'Espagne, d'autres vers la foret. Il parait qu'il y a un temple au délà des montagnes, il paraît que ça interesse beaucoup de gens... Mais c'est un vieil homme maintenant... qui pourrait dire ce qui va passer par la tête d'un vieillard ? - « Il était seul ? - « Si vous parlez de la demoiselle, elle n'est plus en ville depuis un bon bout de temps. - « Bien... Je te remercie de ton hospitalité.» Athanael se détourna rapidement et se dirigea vers la porte. - « Il veut pas rester le monsieur ? Je vois qu'il est en fond est... - « Je suis pressé. Et tu es fermé. » Le Français n'attendit pas la réponse et fila tout droit dehors avant de s'empresser de quitter la ville. Il était insatisfait, il était venu pour rien ou plutôt parce qu'il n'avait pas suffisament réfléchi. Zaccharie ne pouvait pas être en Espagne, pas maintenant et il n'était surement pas dans la temple... pas après ce qui était arrivé en Hollande. Par contre, il n'en était certainement pas loin. C'était évident. Athanael récupéra son compagnon à la sortie de la ville et prit la route de Lonely Keeper, respectant toujours la règle de la discrétion et faisant à plusieurs reprises des détours pour éviter de croiser les corsaires qu'ils devinait parfois. Il marcha ainsi encore pendant près d'une demie journée et le Soleil était déjà bien haut dans le ciel quand il décida de s'arrêter un moment au beau milieu de la forêt. Après avoir fouillé dans sa sacoche il sorti quelques biscuits qu'il tendi machinalement à monsieur Papillon... son vieil ami. - « Crois-tu que nous le retrouverons mon ami ? » Le petit singe poussa un petit cri et regardant droit dans les yeux Athanael. - « Oui tu as raison. Il est possible que se soit lui qui nous trouve. » Le Français s'adossa à un arbre et se recouvra les yeux à l'aide de sa coiffe de mousquetaire. - « Je vais dormir un moment. Je compte sur toi mon ami. » Athanael dormi bien plus qu'il ne l'avait envisagé et quand il se réveilla, la nuit était tombée depuis longtemps et la Lune éclarait le ciel de sa lueur pâle et protectrice. Le Français continua a s'enfoncer dans la forêt avançant souvent avec peine dans cette végétation luxuriante et dense. Monsieur Papillon le suivait en hauteur, préferant les arbres comme moyen de déplacement au laborieux chemin à terre. Au loin, on distinguait la masse des premières montagnes marquant la cordillère maya où l'on avait récement découvert le fameux temple de Calakmul objet de tant de convoitises. Athanael parvint à une petite clairière peu étendue mais d'où l'on pouvait aisaiment voir les étoiles dans le ciel. Il s'assit un instant sur une pierre qui était là et mangea sommairement quelques fruits. Il fût alerté par un léger bruit de mouvement un peu plus loin devant lui. Monsieur Papillon monta immédiatement sur ses épaules et sembla humer l'air à la recherche d'une odeur particulière. L'animal semblait lui aussi inquiet et tendu mais étonnament pas un son, pas un cri, ne sortait de sa gueule. Le mouvement était de plus en plus perceptible au point que le Français fut bientôt quasiment sûr que ce qui approchait de lui ne faisait rien pour masquer sa venue... Bien au contraire. Athanael, comprit trop tard. Beaucoup trop tard d'ailleurs et il s'en voulu grandement pour ce manque complet d'anticipation. Le canon d'un pistolet était déjà posé sur sa nuque et s'il ne voyait pas son agresseur il sentait durement le froid honteux du métal sur sa peau. Devant lui, le bruit ne cessait de croitre et tout à coup Athanael vit avec surprise un énorme ours sauvage découcher des arbres à quelques mètres a peine de lui. - « Ne bouge pas Français. Ou ta tête ne sera plus qu'un tas de chair. » La voix était féminie... ainsi que le léger parfum. Il optempéra, monsieur Papillon lui non plus n'avait pas fait le moindre mouvement ni poussé le moindre cri. Ce qui était aussi innatendu qu'incompréhensible. - « Pose tes armes... doucement. » Une nouvelle fois Athanael optempéra et ôta son épée et son tromblon, devant l'ours géant qui semblait observer le tout avec la plus grande attention. Cette voix... il lui semblait la connaitre. - « Cette bête est particulièrement calme... - « Ne t'y fie pas Français au moindre mouvement suspect il te déchirera en deux comme un simple bout de tissu. Athanael observa attentivement la bête et sourit. - « Non.... Non je ne crois pas qu'il le fera. - « Vraiment ? es tu prêt a prendre ce risque... sans armes ? - « Oui. » Athanael fit un pas en avant et il sentit le métal du canon de pistolet se décoller de sa peau. Il ôta sa capuche et se retourna vers la jeune femme qui le tenait en joue. - « Et toi non plus tu ne me feras rien... Ma chère Sarah. » La jeune femme ne devait pas avoir plus de quinze ans, elle baissa lentement son arme alors que la surprise envahissait son visage. - « Athy ! C'est toi ? Mon dieu, c'est bien toi ! - « Je suis heureux de te revoir, après toutes ces années. » - « Athy ! Maudit Français ! » La demoiselle lui sauta dans les bras. - « J'aurais dû m'en douter, il n'y a que toi pour te retrouver dans des situations pareilles... Quoi que ça vaut mieux que les caniveaux de New Kinston n'est ce pas ? Ah ah. - « Ca dépent de quel côté on est du pistolet... Tu as.. Tu as changé. » Athanael revit briller cette lueur de la petite fille qu'il avait connu il y avait déjà longtemps. - « C'est vrai ? Comment tu me trouves ? - « Hum... c'est que... - « Ah ah ah ! Idiot ! Tous pareil ces Français, n'importe quelle femme peut vous mâter... Toujours aussi sûr de vous. - « Oui... j'imagine que oui. » Il sourit. - « Je vois que monsieur Papillon t'accompagne, est ce pour lui que tu es venu ? - « Oui. Cela fait partie des choses dont je souhaiterai m'entretenir avec Zacharie. - « Alors c'est pour ça que tu n'as pas peur de lui. Elle indiqua d'un hochement de la tête l'ours qui se tenait toujours là, jouant délicatement avec le petit singe qui sautillait sur son crâne. Je te présente Mister Smith, grand père à trouvé qu'un nom anglais lui donnerai tplus de charisme. » - « Plus de charisme ? Je reconnais bien là son humour. » Athanael s'approcha de la bête et posa un genoux à terre juste devant son museau. Il tendi la main et caressa doucement le crâne de l'animal puis il ferma les yeux et murmura. - « Je m'appelle Athanael. Je sais qui tu es et tu sais qui je suis. Conduis moi à ton maître. »
Gaïus Quesada
Gaïus Quesada
Déconnecté
 
Inscrit depuis le :
14/01/2006
Posté le 03/01/2008 à 22:33:37 

Ce n'est pas l'esprit qui est dans le corps, c'est l'esprit qui contient le corps, et qui l'enveloppe tout entier. Paul Claudel CHAPITRE XVIII : La Voie Subtile Athanael suivit un long moment le grand ours qui portait ce nom aussi étrange qu’anglais « Mister Smith ». Il reconnaissait là le doux humour d’un vieil anglais qu’il n’avait pas vu depuis des années et à qui il devait tant. A commencer peut être par la vie. Ils marchèrent entre les arbres de cette immense forêt qui même la nuit, ou surtout la nuit, semblait animée d’une vie si riche et variée. L’ours n’avait aucun soucis pour ce mouvoir parmi ces enchevêtrements de branches, de lianes et d’un végétation qui n’en finissait plus d’étaler toute sa richesse. Ils parvinrent enfin prêt d’une toute petite cascade qui donnait sur un bassin naturel d’eau de petite taille mais où l’on pouvait aisément s’imaginer se baigner et se soulager des efforts de trois jours de marches forcées sur l’île et au milieu des grands arbres sauvages. - « C’est ici lui souffla Sarah. Il vit reclus depuis quelques mois maintenant sans quasiment jamais sortir de son antre. Il m’inquiète tu sais Athy. Peut être, elle sembla hésiter, peut être que toi tu parviendras à le faire sortir. » Athanael ne répondit pas, il sentait depuis quelques minutes déjà la présence de son maître et il n’était sûr de rien. Ni de lui ni encore moins de ce qu’il pourrait faire ou dire. Il s’aspergea machinalement d’un petit filet d’eau, comme si tout à coup il se trouvait trop sale ou trop indigne pour faire a nouveau cette rencontre si importante pour lui. Comme s’il fallait trouver un moyen de retarder l’échéance qu’il avait lui-même souhaité… comme mû par une sourde et infantile peur. Il se reprit et entra dans la petite grotte qui était en face de lui. L’ours le suivit, mais pas Sarah. Elle lui fit un signe de la tête. Il lui répondit de la même manière et se détourna d’elle. Athanael trouva le vieil anglais assis sur une pierre, concentré sur ce qui ressemblait un ouvrage. Concentré certes, mais néanmoins alerte. Le vieil homme ne se retourna pas quand il dit de sa voix si grave et généreuse : - « Charles ! Vous voici donc de retour chez votre vieil ami. J’ai bien cru que vous alliez me faire mentir, jeune français insolent. - « Je n’aurais jamais fais une chose pareille mon maître. » Le vieil Anglais du nom de Zacharie se retourna alors, ses traits étaient fortement marqués par le temps. Il aurait été difficile à quiconque de lui donner un âge. Athanael aurait pu lui donner au moins cent ans. - « Et même plus mon cher ami. Bien plus en vérité. Allons ne fait pas cette tête là, je lis sur ton visage ce que tu penses. Et oui que veux tu, nous vieillissons tous… certains peut être plus que d’autre. Ajouta–t-il dans un sourire. Assieds toi. » Athanael s’exécuta et pris place sur une autre roche en face de son maître. Zacharie fit un signe au petit singe qui accompagnait le Français et l’animal bondit sur son épaule, se laissant caresser et dorloter comme il ne l’avait jamais fait avec personne. - « Bonjour à vous monsieur Papillon. Mister Smith m’a dit que vous étiez un excellent compagnon de jeu et qu’il aurait plaisir à vous revoir. » Le petit singe lança un cri qui semblait un acquiescement. - « Nous allons maintenant demander à votre maître s’il a percé vos secrets » ajouta Zacharie en regardant fixement Athanael. « Car avant toutes choses, avant que certaines vérités ne soient dîtes et surtout avant qu’elles ne soient comprises, il est important de savoir si son interlocuteur est capable de les entendre… N’est ce pas exact ? - « C’est la sagesse même mon maître. - « Alors dites moi cher ami… Parlez moi de ce que vous appris votre petit singe. Parlez moi de la Voie Subtile. » Phare Amineu Sud Est de Liberty Hiver 1706 Un petit singe accroché a ses épaules, Athanael essayait tant bien que mal de contenir ses agresseurs. Il s’était trop avancé durant la journée et comme un novice qu’il était, il avait sauté à pied joint dans le piège que lui avaient tendu ses adversaires. Ses forces s’amenuisaient à une vitesse inquiétante et il avait de plus en plus de mal à porter son fleuret du combattant qui était pourtant une arme d’excellente qualité et très légère et dont il était très fier. Grippé par le froid qui sévissait depuis plusieurs jours sur l’île, Athanael devait en plus supporter une fièvre carabinée que toutes les herbes d’Ulungen n’avaient pas suffit à résorber. La fin approchait à grand pas et le Français pouvait toujours chercher une échappatoire dans cette cache secrète du second étage. Il n’en trouverait pas. Pas cette fois. - « Tu étais marin, et voilà que tu vas mourir dans ce phare comme un vulgaire terrien » lâcha t-il épuisé mais en colère contre lui-même. « Maudite tête de bois, tu savais bien pourtant qu’il ne fallait pas venir ici seul »… Ses coups continuaient de pleuvoir mais sans force et sans vitesse, les ennemis se rapprochaient satisfaits de la fin du corsaire qu’ils savaient proche et se régalant à l’avance de la curée qui arrivait. Athanael essaye bien de se défendre encore un peu plus, mais son corps ne le suivait plus et son esprit mangé par la fièvre le faisait divaguer sous les perles de sueur qui inondait son visage. - « Seigneur tout puissant, s’il reste une chance de sauver cette carcasse qui est la mienne, donne moi la force… ou tue moi vite. » Il para un dernier coup mais le cœur n’y était plus, c’était fini… C’était déjà fini. Un des guerriers maudits de cette île s’approcha de lui et leva son sabre avec un rictus faisant apparaître un sourire édenté et d’une laideur odieuse. Athanael ferma les yeux. Attendant le coup de grâce… qui ne vint jamais. Le français rouvrit les yeux et vit ce petit animal qu’il avait récupéré un jour dans la forêt, non loin des terres anglaise alors qu’il s’était blessé en tombant d’un arbre. Le singe tenait tête à tous ses agresseurs devant son maître et sans bouger. Les guerriers maudits semblaient ne plus vouloir avancer et leurs rictus n’étaient plus des sourires mais… à la grande surprise d’Athanael, de la crainte. Cependant ils finirent par se reprendre et le plus téméraire du groupe se décida enfin à avancer pour en finir avec cette proie française décidément trop tentante. Mal lui en prit. Il ne suffit que d’un seul cri. Un seul petit cri venant du singe et ses adversaires s’écroulèrent comme pétrifiés dans une seule seconde par un éclair ou quelques chose d’aussi radical. Athanael ne comprit pas vraiment ce qui se passait, et à cause de la fièvre il ne trouva pas non plus anormal de voir les murs autour de lui fondre et se transformer peu à peu. Tout à coup il n’eu plus froid, tout à coup, la pièce qui était sombre avant s’emplit de lumière, tout à coup le monde autour de lui venait de changer radicalement… du tout au tout. Il n’était plus là où il se trouvait à peine une seconde avant, il était ailleurs. Où ça ? Il n’aurait pas pu répondre à cette question, mais ailleurs. Au fond du nouvel endroit une cheminée diffusait une douce chaleur, il s’en approcha et il reconnu un petit tableau qui était au dessus… - « Dieu tout puissant… Ce n’est pas possible ». Monsieur Papillon s’approcha de lui et monta sur son épaule en lui mordillant l’oreille. Il ne rêvait pas et pourtant tout ceci ne pouvait être qu’un rêve, et pourtant tout paraissait si vrai si exact… Athanael se trouvait dans une chambre… dans sa chambre au château des Craon, à des milliers de lieues du phare Amineu… A des milliers de lieues d’un autre monde. C’était impossible… tout simplement impossible. Et pourtant il était là. Harassé par la fatigue et la fièvre, l’officier de Marine s’écroula sur le sol inanimé. Au dessus de lui un petit animal sauvage venu d’un autre monde le regardait et veillait sur lui. Rien ne pourrait lui arriver car ce petit singe avait décidé de protéger cet humain qui crânement se croyait son maître. Le Français ne le savait pas encore, il n’en avait aucune conscience, allongé là sur le sol d’un château qui fut aussi son foyer et qu’il n’avait pas revu depuis… Jeanne… des années. Mais ce soir il était protégé par ce qu’il apprendrait bien plus tard être la Voie Subtile, le chant des âmes.
Gaïus Quesada
Gaïus Quesada
Déconnecté
 
Inscrit depuis le :
14/01/2006
Posté le 09/01/2008 à 18:24:29 

Dieu aime la créature à qui il envoie du mal pour lui souvenir de lui (Proverbe français) CHAPITRE XIX : La Part du Diable - « Je me suis réveillé le lendemain, j’étais dans cette cache tout en haut du phare. Mes ennemis de la veille avaient disparu, Monsieur Papillon, quand à lui était toujours là semblant veiller sur mon sommeil… C’était la première expérience que j’eu de la Voie Subtile. Il me faudrait encore beaucoup de temps pour comprendre ce qui était arrivé et savoir l’utiliser. » Zacharie, qui tenait toujours le petit singe au creux de ses bras ne répondit rien. Il semblait perdu dans ces pensées. Athanael n’osa pas briser le silence avant que celui-ci ne le fasse. Le vieil Anglais, releva les yeux vers le Français. - « Pourquoi ? - « Je vous demande pardon ? - « Pourquoi pensez vous avoir accédé à ce pouvoir ? - « Parfois… Parfois je me dis que c’est lui qui m’a choisi. Je sais bien que ce pouvoir ne m’appartient pas et que je n’en suis pas le maître. Athanael fit un signe de la tête vers le petit singe. Le pouvoir, ce pouvoir… c’est lui qui le possède. Je n’en suis que le… - « Oui ? Zacharie regarda malicieusement son interlocuteur. - « Que le dépositaire… mais je ne sais pas ce que je dois en faire… ni même si je suis supposé en faire quelque chose. - « Nous y reviendrons. En attendant dîtes moi ce que vous avez apprit d’autre sur cette île. » Athanael, resta perplexe une bonne minute. Il ne savait que penser. Par où commencer ? Que dire de cette île qui n’avait rien de commun avec tout ce qu’il connaissait. Que dire de ce bout de cailloux que les Dieux avaient sans doute maudit pour il ne savait quelle raison ? - « Peut être que vous devriez commencer par ça ? » Le Français observa le vieil homme sans comprendre. - « Oui… peut être devrions nous commencer par le plus simple… Vous avez voyagé, vous avez parcouru cette terre… Maudite… » Athanael hésita mais oui, il était manifeste que certaines choses devaient être enfin dîtes. - « J’ai marché, longtemps, du Sud au Nord et Nord au Sud, j’ai vu les côtes Hollandaises de l’Est et celle anglaises de l’Ouest, j’ai parcouru les hauteurs des montagnes du Centre et les couloirs souterrains des mines, j’ai vécu, il y a longtemps déjà, dans les forêts sauvages et dans les salons les plus luxueux des hautes sociétés… J’ai marché longtemps… Et j’ai vu. » Il marqua une pause, comme pou se remémorer ce qui hantait ces rêves, ce qui le faisait se réveiller en sursaut la nuit, l’indicible. - « J’ai vu des ours qu’on ne voit que dans nos forêts d’Europe, des ours qui côtoyaient des crocodiles et des sangliers. J’ai vu des guerriers sauvages, décimés pour la plupart par ce que nous appelons la « civilisation ». J’ai vu des êtres qui feraient pâlir Saint Jean et rendraient son évangile presque réel, des momies sans âmes, des soldats tout droits sortis des plaines d’Hadès et revenus au-delà du Styx. Des monstres de boue et des requins des sables, des golems plus hideux encore que celui du Golgotha, des esprits vengeurs, démoniaques et maudits, des chiens errants dont les yeux n’ont plus de vie, des feux follets issues des légendes de Bretagne, des spectres de toutes sortes, des lieux où Dieu a cessé de poser son regard, des cavernes emplies de « choses » que la nature réprouve… J’ai beaucoup marché, longtemps, et ce que j’ai vu ici est digne d’un inventaire monstrueux sans nul autre pareil, d’un bestiaire infernal. J’ai marché sur cette île maudite et j’y ai vu la marque du malin, l’œuvre du Diable… partout. » Athanael fut traversé d’un frisson glacé qui lui coupa un moment la parole. Tout à coup il fut saisi par le froid et sa morsure se fit plus intense au fur et à mesure qu’il se rappelait de toutes ses choses. Zacharie s’en rendit compte mais ne dit rien, se contentant de libérer le petit singe qui rejoint son maître. Le français ferma les yeux et prit une longue inspiration tandis que tout autour des deux hommes le monde se transformait pour prendre l’allure d’une maison de guilde à la chaleur douce… Les deux hommes se trouvaient maintenant prêt d’un feu. - « Bienvenu au Lys. Souffla Athanael. C’est austère mais nous y auront plus chaud. » Zacharie s’inclina presque imperceptiblement et sourit. - « Une maison de renom. C’est en effet un peu plus confortable que ma grotte… Mais je vous en prie cher ami, continuez. » Athanael, maintenant apaisé par la douce chaleur du feu au milieu de cet endroit dans lequel en fin de compte ils n’étaient pas, se concentra sur son récit et poursuivit. - « L’œuvre du Diable… Comme si tout ici était maudit, même les plus infimes cochons sont prêts à vous tuer. Comme si cette terre avait été oubliée de Dieu. Et me voici, homme qui aurait dû mourir cent fois et qui tient toujours debout, dans un monde qui ne devrait pas exister ailleurs qu’au milieu d’un livre de légendes, petit maître d’un petit singe qui à le don de lire mes pensées et de les transformer en une fausse réalité… et qui m’a sauvé la vie plus qu’il n’est imaginable pour un animal « normal ». Dix fois j’aurais dû succomber aux coups que je j’ai reçu, dix fois j’aurais dû mourir sous les balles qui me transperçaient le corps, autant de fois je laissais pour mort des gens que je revis des jours plus tard en meilleure santé que moi… Qu’est-ce qui se passe ici ? Qu’est-il arrivé à ce morceau de Terre pour subir une telle offense ? Avons-nous tous été maudits? Quels sont les immenses pêchés qui nous valent un tel anathème ? Qu’avons-nous fait pour que Dieu se détourne ainsi de nous ? Que nous est-il arrivé… » Athanael interrogeait Zacharie du regard, lequel l’observait sans mot dire et sans trahir le moindre sentiment. Il se leva et replaça quelques bûches dans la cheminée, prêt de laquelle Monsieur Papillon dormait. - « Je ne sais pas Charles. Je n’ai pas de réponses... Comme vous j’ai des questions qui invariablement apportent de nouvelles questions… depuis longtemps. » Un long silence se fit entre les deux hommes, chacun perdu dans ses pensées, dans ses cauchemars. Toujours debout Zacharie regardait les bûches se consumer lentement, troublées seulement par les quelques craquements que laissait entendre le feu quand il mordait un nouveau pan de bois non brûlé. Il tournait le dos à Athanael qui jouait, absent, avec les gants qu’il avait ôté et qui étaient dans ses mains. Le vieil Anglais se ressaisi et revint s’asseoir sur ce qui était devenu un confortable fauteuil, dans le meilleur goût français et qui était quelques minutes plus tôt une simple roche dans une simple caverne. - « Un poète de mon pays du nom de Robert Burton* m’a dit un jour, « Là où Dieu à un temple, le Diable aura une chapelle. » la question que je me pose le plus souvent est : est-ce que Dieu aurait permit que le Diable ai lui aussi un temple ? Quand le seigneur a déchu le quatrième Archange, créature parmi ses créatures, quand il l’a banni du monde originel pour le renvoyer sur Terre, notre Seigneur lui aurait-il accordé un fief ? Après tout n’était-il pas son préféré ? Comme vous le voyez cher ami, je ne suis pas encore assez vieux pour être exempt de doutes et de questions. - « Mais Dieu doit-il être envisagé comme un être ? demanda le français soudain intéressé par la tournure théologique que donnait Zacharie à la discussion. Spinoza** entretient une autre façon de penser Dieu, le UN absolument infini, la substance consistant en une infinité d’attributs, dont chacun exprime une essence éternelle et infinie. - « Il peut donc y avoir une essence éternelle et infinie du Mal, cher ami. Zacharie souriait. Mais si nous suivons Thomas Hobbes***, nous sommes obligé d’admettre que les quatre choses qui sont les germes naturels de la religion, à savoir : l’idée qu’il y a des esprits, l’ignorance des causes secondes, la vénération de ce qui fait peur et la prédiction de l’avenir à partir des choses accidentelles… sont plus que réunies sur cette île. Et pourtant à mon sens à ces quatre ingrédients je serait bien tenté d’un ajouter un cinquième. - « Lequel ? demanda Athanael sans être vraiment certain de vouloir connaître la réponse. - « Et bien je dirai, la quasi certitude de l’existence du Mal. » Ils furent interrompus par la chute d’un morceau de bois dans la cheminée qui fit s’envoler quelques braises sur le grand tapis de couleur bordeaux qui recouvrait le sol. Bien qu’il sache pertinemment que cela n’avait aucune incidence sur une quelconque réalité et que par conséquent la « vraie » maison de guilde du Lys où ils ne se trouvaient pas ne risquait en rien de s’embraser, Athanael profita de cette interruption bienvenue pour se lever et réfléchir à tout ce qui venait d’être dit. - « Je ne vous suis pas. Dit-il en ramassant les braises fictives et en les remettant dans le foyer tout aussi fictif du feu. - « Imaginez, Charles, imaginez que Dieu en bannissant son ange préféré lui ai accordé une dernière faveur. Une faveur bien légère en comparaison au châtiment de devoir rester sur Terre pour l’éternité. Une faveur en forme de royaume… Comprenez que j’ai quelque avance sur vous en raison de mon âge et peut être aussi de mon vécu. Des hommes sont venus ici, beaucoup, et d’après ce que nous savons à presque toutes les époques de l’humanité… Ce temple Maya en est une nouvelle preuve mais ce n’est pas la seule. Des hommes venant de toutes les époques et pourtant cette île n’a jamais changé de nom. Je n’ai trouvé au cours de mes voyages aucune autre appellation pour cette île que Liberty, ou Liberté, ou Libertad ou dans n’importe quelle autre langue le concept de liberté. - « Et ? Où voulez vous en venir ? Cette Athanael était presque certain de ne pas vouloir recevoir de réponse. - « La terre du Malin, Charles, la terre de liberté pour le Mal absolu. Un petit bout de cailloux sur une petite planète tournant autour d’une petite étoile… Un lieu dominé par le Diable lui-même sur une Terre gouvernée par Dieu. - « Vous voulez dire… Le Français s’arrêta un instant. La faveur qu’aurait accordée le Seigneur au quatrième Archange lors de sa déchéance ? - « Oui Charles, une terre, un royaume, un endroit où il serait libre de faire ce que bon lui semble sur cette Terre mais hors du temps et des tourbillons du monde. Un antre où le Mal serait souverain… La part du Diable au royaume de Dieu. - « Alors, si ce que vous avancez est exact nous sommes tous maudits… Tous ici êtres vivants sur une terre habitée par le Mal. Athanael frissonna. Serions nous, nous aussi, des agents du Diable ? Des hérétiques qu’il faudrait brûler pour nous laver de nos pêchers ? Sommes nous des serviteurs du Malin en cette terre maudite ? - « L’hérétique n’est point celui qui brûle dans les flammes, mais celui qui allume le bûcher, écrivait Shakespeare****. Nous n'avons pas allumé celui de Liberty. Et quand à moi, pour tout vous dire je n’en sais rien. J’ai parcouru des mondes et des époques à la recherche d’une réponse et je ne sais toujours pas. Pourtant le peu que je sache, il vient d’ici, de ce bout de cailloux au milieux de la mer, qui semble avoir été le rendez vous de tout ce que la terre compte de pire en monstres et abominations. Et dont l’activité infernale est loin d’être éteinte. - « N’y a-t-il donc aucun espoir ? » demanda Athanael. Zacharie se leva et marcha quelques pas avant de se retourner pour faire un signe de tête vers Monsieur Papillon. - « Peut être que si. Peut être que ces animaux sont en fin de compte notre meilleur espoir. Monsieur Papillon possède un pouvoir étonnant. Un pouvoir dont vous n’avez eu pour le moment qu’un petit aperçu. Mister Smith à des dons qu’il est difficile d’imaginer, j’ai entendu parler d’un pirate asiatique qui possède un oiseau qui, a ce que l’on raconte, parle toutes les langues de ce monde. Vers l’Est une hollandaise possède un lynx, animal fort rare sur cette île et je pense qu’il doit y avoir encore d’autres exemples. Il y a peut être un espoir Charles. Et peut être est-il dans la Voie Subtile. Ces animaux nous ont choisi, bien plus sûrement que nous les avons choisi nous. Il se peut qu’ils possèdent une partie de la réponse. Tout du moins leurs incroyables pouvoirs le suggèrent. - « Comme s’ils étaient… Athanael hésita comme si ce qu’il allait dire lui semblait à lui-même complètement fou. Comme si ces animaux étaient la dernière marque de Dieu sur la terre du Mal. - « Si le Diable peut exister sur un monde dominé par Dieu… Pourquoi Dieu ne pourrait-il pas exister sur une terre dominée par le Malin ? Zacharie sourit en se rapprochant du feu. Une étincelle divine dans un royaume maudit. Il caressa le petit singe qui dormait sagement prêt du feu en compagnie d’un énorme plantigrade arboricole. La part du Diable et l’œuvre de Dieu. » *Robert Burton / 1577-1640 / Anatomie de la mélancolie **Baruch Spinoza / 1632-1677 / Ethique I, définition VI ***Thomas Hobbes / 1588-1679 / Léviathan / 165 **** William Shakespeare / 1564-1616
Gaïus Quesada
Gaïus Quesada
Déconnecté
 
Inscrit depuis le :
14/01/2006
Posté le 16/01/2008 à 17:45:44 

Ce fut admirable de découvrir l'Amérique, mais il l'eût été plus encore de passer à côté. Mark Twain CHAPITRE XX : Dieu et nous seuls pouvons Le long voyage du Duc d’York : première partie Les jours à présent passaient prêt de la grotte au beau milieu de la forêt. Athanael continuait son entraînement sous la houlette de Zacharie qui le poussait constamment jusqu’au limites ultimes de la fatigue. Le Français suivait une formation tout autant basée sur le physique que sur le mental et déjà, malgré l’immense lassitude qui ne le quittait plus, il en ressentait les premiers effets. La Voie Subtile, doucement, s’ouvrait de plus en plus à lui et Athanael commençait à pouvoir toucher ces extraordinaires pouvoirs. Monsieur Papillon qui de fait participait lui aussi à cet entraînement, accusait lui aussi la fatigue et le soir une fois sa pitance ingurgitée il n’était pas rare qu’il s’endorme dans la minute sur le dos de Mister Smith. Le temps passait, à un rythme bien loin des humeurs et des soubresauts de Liberty. Entièrement consacré au travail et à l’étude. Des jours bénis pensait Athanael, qui n’avait pas connu un tel « calme » depuis des années. Parfois un petit lynx montrait le bout de son nez dans l’ouverture de la grotte et Athanael souriait par avance à la lettre que l’animal ne manquait jamais d’apporter. C’était la seule distraction dont il bénéficiait vraiment ici, et bien souvent il gardait le pli dans sa manche, jusqu’au moment où il aurait enfin le temps de la lire… plusieurs fois. Il y avait quelque chose de nouveau et d’enrichissant dans les mots qu’il lisait et, même s’il n’aurait jamais accepté de l’admettre à voix haute, il lui arrivait maintenant de scruter l’arrivée du petit animal. Bien sûr Zacharie n’ignorait rien de cela, mais en gentilhomme il se gardait bien de formuler un quelconque commentaire, se contentant simplement d’observer avec la plus grande attention le petit lynx si rare. Un soir où, ils rentraient tous ensemble comme d’habitude, Zacharie s’assit sur sa roche favorite et après avoir coupé le pain en deux morceaux pour en donner à Athanael, resta un petit moment à observer le ciel qui s’assombrissait lentement, laissant la Lune prendre la place du Soleil. - « Dieu et nous seul pouvons » dit-il, le regard toujours fixé vers les premières étoiles naissantes. Athanael lui lança un regard interrogateur mais ne dit rien, ne souhaitant pas troubler la « rêverie » de son maître. Il entama son morceau de pain, en mâchant en silence. - « Ta formation touche à sa fin Charles, et il ne me reste plus beaucoup de choses à t’enseigner. Ce que tu dois savoir, soit tu le sais déjà soit il faudra aller le chercher chez d’autres que moi. Je voudrais que tu saches que je suis soulagé que nous ayons atteint ce jour. Que je le veuille ou pas, je vieilli, même moi… ajouta-il dans un sourire sans joie. - « Vous avez encore de belles années devant vous, mon maître. - « Oui, peut être, mais je n’ai plus la même force qu’avant, j’ai moins d’énergie. Et il se présage pour le futur de nouveaux combats auxquels je ne pourrai pas participer… Alors… Alors je suis heureux d’avoir eu le temps de transmettre le peu que je savais… même si. Il s’arrêta un instant. - « Oui ? Mon maître. ? - « Même s’il revient désormais à un Français. » Zacharie cette fois sourit avec plus de malice et de joie. Il entama à son tour le pain qu’il avait dans les mains et mangea sans rien dire pendant quelques instants. Une fois terminé il reprit la parole : - « Non, il ne me reste plus grand-chose a transmettre si ce n’est peut être le début de l’histoire tel que je le connais… tel que je l‘ai vécu. Et pour bien commencer peut être faut il remonter jusqu’à cette époque trouble pour mon pays et ce fameux jour de mai de l’an de grâce 1632 au château de Westminster à Londres. » Zacharie se leva et s’approcha du grand ours qui dormait à quelques pas de lui. Il ferma les yeux en lui caressant le col et doucement les « murs » de la grotte s’estompèrent pour laisser la place à un grande salle austère et sombre dans laquelle Athanael et lui se retrouvèrent dans un coin au fond, assistants à une grande assemblée présidée par ce qui semblait être un souverain au Français même s’il n’aurait pas su dire de qui il s’agissait. Debout prêt de lui Zacharie senti le trouble du Français et ajouta. - « Le roi Charles Ier. Dit-il en montrant le souverain d’un signe de la tête. Nous sommes au parlement où il fait une déclaration. » Athanael acquiesça sans un mot et se concentra sur ce qu’il entendait. - « … C’est pourquoi mes amis ! Suite à la demande honorable du souverain d’Espagne et parce qu’il n’est pas question de voir les autres puissances continentale, à commencer bien sûr par la France, nous passer devant sur un sujet aussi important pour notre royaume. Nous avons décidé d’armer nous aussi une mission qui ira s’emparer de l’or des mers du Sud et apporter au royaume de nouveaux territoires et l’assurance que notre marine dominera une fois pour toute les océans. Je demande donc au parlement de bien vouloir voter les fonds nécessaire à cette entreprise afin que nous puissions armer un navire dans les plus brefs délais. Ce navire rejoindra le bâtiment de la marine de la marine royale espagnole au large de Lisbonne pour ensuite faire la route jusqu’au nouveau monde et faire en sorte que le trésor revienne à la couronne d’Angleterre et celle d’Espagne ! » Il y eu quelques exclamations et Athanael entendit clairement un parlementaire anglais crier que le pays était exsangue et le trésor vide. Le roi, aux yeux du Français manquait cruellement de charisme et de prestance, il avait le visage anguleux et très fin qui faisait ressortir ses yeux autoritaires et hautains. Un autre homme attira l’attention d’Athanael parmi les parlementaires. - « Oliver Cromwell » lui souffla Zacharie. « Un homme odieux et tyrannique dans une époque qui malheureusement n’en manquait pas ». Le roi Charles reprit la parole. - « J’ai demandé au Comte Adrian de Kent de prendre la tête de cette expédition et de bien vouloir recruter le meilleur équipage du royaume afin d’assurer notre réussite. Il prendra le commandement du Kinston, l’une de nos meilleures frégates et traversa l’Atlantique avant de s’emparer de l’or et de le ramener ici à Londres ! Rappelez-vous messieurs les Lords ! Ce trésor reviendra à l’Angleterre ! Dieu et nous seuls pouvons ! » L’assemblée salua le Comte de Kent qui bénéficiait semblait-il de plus de popularité que son souverain, tandis que le roi descendit quelques marches pour venir à sa rencontre. - « Monsieur le Comte, nous ferez nous l’honneur de nous présenter vos officiers ? » Zacharie frappa du coude Athanael : « mon passage préféré » dit il en souriant. - « Oui Sire, avec joie ! Voici mon second. Il poussa un peu devant lui un jeune homme d’à peine une vingtaine d’années. Le duc Zacharie de York ! Et voici mes officiers… » Athanael observa le jeune homme puis son maître, puis une nouvelle fois le jeune homme pour revenir à son maître qui le regardait en retour. - « J’étais plutôt beau garçon non ? » Il lui fit un grand sourire. La scène peu à peu s’effaça pour laisser la place aux murs de la grotte au beau milieu de la forêt de Liberty. L’ours et le singe dormaient toujours, émettant parfois de petits cris dans leurs rêves. Ils étaient accompagnés par un petit lynx tout aussi calme et endormi qu’eux. Zacharie se rapprocha du foyer du feu qu’il avait préparé quelques heures auparavant pour secouer quelques bûches et le raviver. - « De l’or, Charles, de l’or… Voilà ce qui de tout temps fit courir les hommes, voilà l’objet de toutes les folies de ce monde, voilà ce qui peut rendre les hommes fous et stupides, bien plus sûrement que n’importe quelle autre chose en ce monde. » Il revint s’asseoir avant de poursuivre : - « Quand cent cinquante ans auparavant Christophe Colomb était parti à la recherche des Indes par l’Ouest, afin de ramener des épices, il était revenu avec un nouveau continent et la syphilis dans ses bagages et surtout un inventaire incroyable de légendes, de croyances et de rêves que ces contemporains eurent tôt fait de transformer en or. Des rêves et des croyances qui allaient pousser l’Espagne de Charles Quint à la conquête de nouveaux territoires outre Atlantique comme la Hispaniola ou bien sûr la grande île de Cuba. Puis se fut le drame de tout un continent quand une expédition revenant du Yucatan déposa au pieds de l’empereur une petite quantité d’or et des histoires à dormir debout de grandes citées entièrement faîtes de métal précieux dans les grandes forêts d’Amérique du Sud. Il n’en faut pas plus pour que des hommes tels que Hernán Cortés ou Diego Velázquez de Cuéllar, décident d’aller y jeter un œil pour leurs gloires personnelles et celles des souverains d’Espagne. Cortès fini par s’emparer du Mexique toujours à la recherche de ces citées faîtes d’or et de pierres précieuses, laissant à la postérité la réputation d’un génial aventurier mais aussi d’un assassin avide. Puis les années passèrent, Cortès mourut en 1547, mais le mal était fait depuis longtemps et les grandes nations européennes commençaient elles aussi à rêver de l’or des Aztèques et de la richesse de Mayas. Le Portugal à son tour envoya plusieurs navires, se retrouvant première nation d’Europe à mettre les pieds sur l’île de Cipangu*. Et très vite, bien sûr, la Hollande, la France et l’Angleterre voulant tout autant contester la puissance espagnole que s’approprier les richesses mythiques de ces nouvelles contrées, entrèrent dans le bal de la conquête du nouveau monde. La course était lancée et rien ne pourrait plus l’arrêter, seule la frilosité des armateurs et des gouvernements hésitant à payer des sommes incroyables pour des résultats peu sûrs firent que ce ne fût pas tout de suite un déferlement militaire de grande envergure… Puis vint l’année 1629 où un baleinier anglais du nom de Terence Palmer rentra à Portsmouth avec une bien curieuse histoire : alors qu’il relâchait dans la mer des Caraïbes, il avait été attaqué par des espagnols l’estimant trop prêt de leur territoire, fuyants les navires ibériques et essuyant une tempête il avait échoué sa baleinière sur une petite île qui ne semblait pas avoir été colonisée. Lui et ses marins s’étaient alors installés en attendant de pouvoir remettre à flot le bateau mais hélas ils avaient été attaqué par toutes sortes de monstres dont personne en Angleterre ne cru à l’existence… Par contre tout le monde cru a ce qu’il montra en racontant partout que ces monstres en étaient chargés et que cela constituait la seule monnaie de cette île… Des sacs remplis de pièces d’or ! Charles… de l’or à ramasser par terre. Un port n’est pas un endroit pour maintenir secrète une telle histoire et bientôt les marins de tous les pays commencèrent à évoquer cette fameuse île des caraïbes où tout le monde avait oublié qu’elle était peuplée de monstres mais personne qu’on y trouvait de l’or à profusion. Il fallait dès lors armer des bateaux et s’emparer de ce bout de caillou. La France momentanément alliée à la Hollande lors de la guerre de succession du trône d’Espagne passa un accord avec cette dernière pour que les deux nations arment chacune un navire et vue de l’expédition… L’Angleterre et l’Espagne ne furent pas longues à faire de même afin de contrer ces velléités. Début février de l’an de grâce 1632, le Saint-Louis du capitaine Villeneuve et l’Ulungen du capitaine Van Buyck mirent le cap sur les Açores avant de traverser l’Atlantique vers la terre promise. Puis en mai de la même année ce fut au tour de l’Esperanza du commodore Quintero et du Kinston du Comte de Kent de se rejoindre pour cette course… » Zacharie marqua une pause, il paraissait troublé par tous ces souvenirs qui semblaient douloureux au vieil homme. Dehors la nuit était tombée depuis un long moment et Athanael lui aussi était harassé par sa longue journée d’entraînement. Zacharie éteignit les flammes du feu ne laissant crépiter que les braises et entreprit de se préparer à passer la nuit. - « Il est déjà tard, mon jeune ami, et demain tu as encore une grosse journée de travail. Je te raconterai ce qu’il arriva des quatre frégates du vieux continent qui partirent cette année là. Nous n’en sommes encore qu’au début de l’histoire. - « Pourquoi ? - « Pourquoi quoi mon jeune ami ? - « Pourquoi me racontez vous tout ça à moi ? Pourquoi suis-je celui qui doit savoir ? - « Bonne question en vérité. Sois patient mon ami, l’histoire, je te l’ai dit ne fait que commencer… » Athanael ne dit rien et s’allongea. Il ne lui fallu pas longtemps avant de tomber dans un profond sommeil. A côté de lui Zacharie veilla un instant en regardant les étoiles : - « Dieu et nous seuls pouvons » dit-il avant, lui aussi de s’endormir. *Japon actuel
Amônier de la Rêveuse
Amônier de la Rêveuse
Déconnecté
 
Inscrit depuis le :
03/02/2006
Posté le 23/01/2008 à 11:38:56 

et la suite
1 2 -3- 4  

Le forum > Taverne > Monsieur de Craon


Si vous souhaitez répondre à ce sujet, merci de vous connecter.
Marquer tout le forum comme lu
© 2004 - 2024 pirates-caraibes.com - Tous droits réservés