*Prend bien soin de ne pas se faire remarquer, assise dans son coin sombre. Ses doigts se posent sur son verre, jouant avec sans qu'elle n'y porte attention... Qui est cette femme ? se pourrait-il que se soit elle ? Le troisième nom de la liste... Alors cela voudrait dire qu'elle n'est pas morte comme elle pensait.
Un léger frisson la parcoure, un léger malaise aussi. Cela pourrait changer bien des choses.
Soy s'enfonce un peu plus profondément sur la banquette et ses pensées.*
Eux aussi attablés, les jumeaux épient leur jeune collègue, tentant de l'analyser au maximum. Le manège bruyant de la nouvelle arrivante attire de même leur regard. Un chuchotement quasi inaudible glisse de dessous la lourde cape.
"Moi qui croyais que nous avions quitté la foire, voilà un autre clown."
Marco rigole, un gloussement gras qui finit noyé dans quelques gorgées de bière assez épaisse pour faire office de soupe.
Dégoulinant de pluie, l'ombre entre dans le bouge, se dirigeant vers Jacquot. Les lourdes bottes de cuir de l'étranger claquent sur le bois, une épée longue battant contre son flanc, son visage dissimulé sous un masque de cuir.
Ne prêtant pas attention aux personnages qui l'entourent, l'homme dépose une pièce d'or sur le comptoir. "Du rouge Jacquot. Et laisse la bouteille"
Le barman obtempère et sort des ses réserves une bouteille étiquetée contenant une liquide rouge au reflet rubis, récupérant d'un geste adroit le paiement de l'homme.
Se tournant vers la salle, l'étranger s'avance alors tout en cherchant une table isolée avant de stopper net. Là, devant lui, une vieille connaissance est attablé une bouteille de rhum déjà à la main. Tirant une chaise rapidement avant de s'affaler dessus, le vampire ne dit mot, se contentant de fixer un regard émeraude sur elle.
Peu de visages connus, combien sont morts, combien sont partis ? Mentalement la Tigresse refait le parcours qui est consigné dans le journal de bord du Sheba Queen II.
Elle repère des bandeaux noirs mais n en identifie pas les porteurs.
2 ans déjà. . .
Homme ou femme l un d'eux semble se faire discret, prudence toujours se méfier de l eau qui dort.
Elle avalé quelques radades de rhum et fait claquer sa langue de satisfaction.
C'est alors que l entrée d une ombre attire son attention.
Il s'agit assoit et la fixe de son regard émeraude, elle le soutient, ni menaçante ni affable. Impassible.
"Lord Dark Archangel, forcément ce n est pas toi qui allait mourir le premier sur ce maudit rocher. "
Le vampire semble se détendre, et retirant son masque, dévoile un visage pale, sur lequel se dessine un sourire de plaisir. Ses yeux sont brillant, mais il est difficile d'y lire l'émotion qu'ils contiennent.
"Anne Providence, de tous les Capitaines de la confrérie qui naviguent sur les eaux, la seule encore à flot et capable de venir sur ce radeau.
Ouvrant la bouteille, le vampire un verre, ne quittant pas la jeune femme des yeux.
"Je suis content de te revoir ici. Du temps a passé depuis ton dernier passage en ce lieu"
"Tu devrais savoir que je n'aime pas ce genres de phrases ronflantes. Tout comme j'ai horreur d'entendre que qui que se soit est content de me revoir... Je ne suis pas la tatie qui offre des bonbons ou raconte des histoires aux morpions !
Je suis la Tigresse qui sème la mort et la violence, on ne devrait-être content que de me voir partir.
Rends-toi utile veux-tu ? Qui sont les nouveaux de la Confrérie ?"
Finissant de boire, sa bouteille de rhum, elle la jette contre le mur où elle se brise avec grand fracas.
Ouai, j'ai eu des nouvelles y'a peu just'ment mais c'bizarre, y m'a rien d'mander à ton sujet. Comme quoi, l'amour, c'est vraiment éphémère quand ça t'concerne.
"Accoudé au comptoir du bar de la plage, le contrebandier menait grande discussion avec le maitre des lieux, manifestement réticent à se lancer dans un nouveau type de prestations : "
- Allons mon cher Jacquot, soyons réalistes, en quoi cette nouvelle ligne de produits diffère-t-elle vraiment de ce que vous vendez d'ordinaire ? Il vous suffit de considérer qu'il s'agit d'une consommation d'un genre un peu particulier...
Le taulier, quelque peu sceptique, semble toujours hésiter et le vieux enchaine :
- Voyez même le bon côté des choses, vous manquez parfois de bras pour vous aider à servir en cas d'affluence. Ce ne sera plus le cas désormais. En prime, vous contenterez Madre en recueillant ces charmantes créatures... "Il ajoute d'un chuchotement" Pensez donc au salut de votre âme. Avec une telle action, je suis persuadé que les portes du paradis vous seront grandes ouvertes.
-Ben, j'sais pas trop, j'ai jamais trop cru à ces histoire comme on dit, mais on sait jamais.
Le vieux marchand se disait aussi qu'il avait été un peu loin en espérant lui revendre ces sornettes. Il fallait revenir à un registre plus connu.
- Nous pourrions négocier une sorte de prime d'intéressement à votre profit, mon cher. Outre le loyer pour héberger nos charmantes activités, cela va de soi. Disons, un vingtième des consommations percevables à la source. C'est beaucoup, vous savez.
Les fractions n'ayant jamais été le fort du gérant du bar, celui-ci semblait se rendre peu à peu aux arguments du marchand. La promesse d'un gain substantiel finissant d'éroder ses dernières réserves. Les deux hommes se serrent la main et trinquent pour célébrer leur accord.
- A la bonne heure ! Il s'agit désormais de nommer ce nouvel établissement. Il nous faut une accroche provocatrice, quelque chose qui intrigue le péquin lambda et l'incite à venir dépenser quelques deniers pour réchauffer sa couche.
S'emparant d'un pot de peinture noire, le pirate peint à la hâte un écriteau sur lequel on peut lire :
A la morue dessalée : Affection tarifée des quatre coins de Liberty Le client est roi. La chair est faible. Le pécule ardent.
Arrêté devant le grand panneau qu'il peine à lire en plusieurs longues secondes, Elliott s'interroge. Nouvel endroit ? C'était en tout cas la première fois qu'il s'aventurait aussi loin de son cocon et, finalement, se décida à y entrer.
La démarche peu fière et le bandeau jaune serré dans sa main - comme s'il craignait de s'attirer des foudres s'il l'affichait trop haut - l'espagnol se dirigea du côté de ce qu'il lui semblait être le gérant du bar, ce grand barbu à la crinière blanche qui avait peint le panneau. Ah, ce n'est pas le gérant ? MAis qu'est-ce qu'il en sait, lui !
Mh.. Bonjour ? Vous recrutez de la main d’œuvre dans votre bar ?
"Peu habitué à être dérangé dans ses entreprises, le contrebandier se retourne vivement en entendant la voix d'Elliott. Il est étonnant qu'un homme de son âge parvienne à se mouvoir avec tant de célérité. Il toise le jeune homme de haut en bas, puis de bas en haut semblant se demander s'il avait bien compris ce dont on parlait..."
- Cher monsieur, ce n'est pas précisément d'un "bar" dont nous vantons les mérites sur ce panneau. Voyez les "serveuses" de cet établissement. Je pense que vous comprendrez rapidement.
Oeillades aguicheuses et autres gestes assez explicites répondent aux paroles du contrebandier de la part des professionnelles. Seule la petite Griet ne semble pas à la fête et reste boudeuse dans son coin. Cela n'échappe pas au marchand qui déteste les "étals mal achalandés". Un geste discret aux jumeaux s'ensuit.
- A vous de voir, bien entendu...
Le vieux se dit toutefois qu'Elliot pourrait remplacer Christian que l'on avait pu enlever à la Fleur Bleue. Faute de grives...
Le geste discret n'échappe en rien aux siamois. Quelques pas furtifs et l'échange est rapide, le bras de Griet brièvement serré entre des pattes calleuses. Ils savent faire mal sans laisser de marques pour ne point faire perdre de sa valeur à la marchandise, et une phrase bien placée ou deux font leur petit effet.
La gamine pince les lèvres puis se met à minauder comme ses consoeurs, avec mollesse cependant. Encore quelques mots des siamois, lâchés d'un air inexpressif au possible, et cette fois elle se lance avec plus de conviction. Il faut se faire belle pour la clientèle : contrairement à l'adage populaire, seul un travail *bien fait* mérite salaire.
Une longue silhouette drapée d'un chaperon se faufile à travers le bar jusqu'à une table en bois dont l'odeur reflète l'alcool local. D'un mouvement de tête de chaque côté, la Demoiselle retire la coiffe qui lui dissimule le regard et laisse dérouler sa chevelure ébène. En l'espace d'un instant, elle respire le présent et le passé. Elle fit glisser un Louis de sa paume à son index tout en regardant aux alentours, semblant chercher une connaissance, un visage, un souvenir...
Elle commanda un rhum, un parchemin et un encrier.
Le guerrier se tenait encore au fait, au vu de ses contacts, des fréquentations du bar de la plage. Une récente apparition le fit revenir, il s'assit dans un coin, et observa la nouvelle venue.... Si tant est qu'on puisse parler d'elle en tant que nouvelle.
Merci de m'avoir mis sur votre liste noire les pirates du bac à sable, cela m'a réveiller de ma torpeur et il est vrai que j'ai commis une terrible trahison .... j'ai trahi mes convictions et vous ai laisser libre de déambuler sur liberty sans vous chasser du bout de ma rapière.
J'ai entendu vos prières .... Dieu va sévir avec quelques outils du genre paire de pinces, quelques aiguilles, un peu d'acide, je garde la suite comme surprise pour l'heure je vais vous la jouer à la flamme bien moyenâgeuse.
*La marche des vertueux est semée d’obstacles qui sont les entreprises égoïstes que fait sans fin, surgir l’œuvre du malin. Béni soit-il l’homme de bonne volonté qui, au nom de la charité se fait le berger des faibles qu’il guide dans la vallée d’ombre de la mort et des larmes, car il est le gardien de son frère et la providence des enfants égarés. J’abattrai alors le bras d’une terrible colère, d’une vengeance furieuse et effrayante sur les hordes impies qui pourchassent et réduisent à néant les brebis de Dieu. Et tu connaîtras pourquoi mon nom est l’éternel quand sur toi, s’abattra la vengeance du Tout-Puissant ! *
Je le vois derrière son comptoir la mine fatiguée, l’air hagard à fixer ses choppes au lieu de les astiquer comme à son habitude.
La gargote était déserte. C’est rare.
- Wow ! Jacquot, qu’est ce qu’il se passe ?
Il sort de sa transe, et me fixe sans je que sois vraiment sur qu’il me regarde. Je secoue les épaules, l’incitant à cracher le morceau.
Un hurlement surgit du fin fond de la jungle et traverse les murs de la paillote.
Jacquot qui n’avait déjà pas fière allure se décompose devant mes yeux.
Au hurlement qui dure s’ajoute un autre, plus strident. Puis un autre. Le tout semble être une plainte, un mélange de désespoir et de frustration. Pas du tout agréable.
Jacquot pleure.
Je sors du rade, intriguée par ce vacarme. Dès que j’ouvre la porte, le son me vrille les tympans. Ça vient de loin. La crique fait résonner le concert de jérémiades.
Je referme la porte et passe derrière le comptoir pour chopper Jacquot recroquevillé derrière le zinc les mains sur les oreilles.
-C’est quoi ce bordel ?
Je crois que j’ai hurlé. J’ai capté l’attention de Jacquot et il essaie de calmer ses sanglots pour me dire quelque chose.
Je ne sais plus depuis combien ça dure. Des jours, des semaines, des mois ? Au début ça faisait rire les clients, ça mettait de l’animation...
Puis ça durait de plus en plus souvent et de plus en plus fréquemment. Les clients sont allés voir.
Parait que sont les ours du camp parias. Les vieux. Ceux qui sont la depuis longtemps.
C’est ceux la qui s’occupaient de lui…De Phil Blake.
Ils avaient l’habitude de le voir disparaitre. Un coup Français, puis Anglais. Mais ils venaient souvent leurs rendre visite. Mais depuis qu’il est Hollandais …
Faut faire quelque chose, j’en peux plus !! Tous les clients se sont barrés ! Mon livreur n’ose même plus débarquer dans la crique. La dernière fois il s’est fait attaqué. Ils sont vraiment devenus dangereux…Agressifs.
Si ça continue je vais moi aussi prendre le large.Et s’en sera fini de chez Jacquot.
C'est en charrette que le clown repartait de la ville du Roy. En plus d'être chargé de plusieurs caisses de champagne, celui-ci s'était procuré une marchandise unique en son genre.
A l'arrière de l'appareil, on pouvait apercevoir un sac de grain mouvant sous un tas de planches de bois.
En ayant une petite pensée pour la petite Griet, Buddy jouissait enfin de son entreprise:
"La petite se sentira mieux accompagnée désormais"
Ce n'était personne d'autre que le beau Christian qui gisait à moitié assommé dans son sac de toile, tout en quittant pour toujours le bordel de la Fleur bleue.
La charrette disparaissait peu à peu en direction de la cité batave, dans laquelle il restait au clown une dernière affaire à régler.
'Ah, douce nuit, merveilleuse nuit ! Une ville en feu, des poches pleines d'or, du rhum à flot et un nouveau bizu pour s'occuper des latrines. Des soirées chez jacquot comme il en manquaient !
Mais quelque chose tracassait la passeuse de la confrérie. Était ce le côté vraiment mou des aspirants actuels, le manque de recrues françaises et espagnoles, ou tout simplement le taux d'alcool dans son sang ? Toujours est il qu'au petit matin, une nouvelle affiche avait fait son apparition'
Chargée d'un rôle convoité Au milieu de la foule et du temps Discrète et avisée Elle choisis les moins pédants.
A eux de faire parvenir
Leur qualités nécessaires Et me prouver leur désir
Le Faux Rhum
