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La femme est politique  
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Elizabeth Swann
Elizabeth Swann
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26/11/2020
Posté le 18/04/2022 à 22:40:38 

Retour à la maison

Avril 1722, Bar de la plage. Paria. Une décision simple à prendre. Logique, à s'y méprendre. Presque dix ans que la Swann traversait l'île du nord au sud, de l'est à l'ouest, sans jamais trouver sa place. Son appartement privé de Port-Louis était pourtant toujours en état, lui confiait récemment un ami dans une missive de soutien. Un peu de poussière trainait ci et là, et les robes grand soir, celles dans lesquelles elle se présentait jadis aux soirées mondaines, toujours suspendues dans un interminable dressing. Mais toutes ces babioles du temps passé étaient loin de l'endroit dans lequel elle se trouvait. Trop pour y penser.

Le bar de la plage était vide, comme à son habitude. Quelques pirates, au grand dégoût d'Elizabeth, se déplaçaient en troupeau entre le bar, le tripot, la plage et l'étage. Sans cesse, sans but, à l'instar d'âmes errantes. Celle qui combattait à New Kingston la Confrérie se retrouvait maintenant à partager le même lieu de vie que ceux-ci. Qu'il en soit ainsi tant qu'on me fout la paix, aimait-elle penser.

C'était au cœur d'une pièce bien gardée que la blonde déposait soigneusement ses affaires. Un corset de rechange pour ses prochaines nuits, des souliers à talons hauts qui n'avaient pas bonne mine, ou encore une médaille de la rose, scintillante, qu'elle enfonçait au milieu de ses deux seins, comme un souvenir qu'un jour on étouffe.

Bientôt, elle allait revoir son amant. Celui avec qui elle partageait tout, fut un temps. Celui qui sentait toujours le tabac froid et l'alcool fort de l'ouest. Celui qui, elle le sait, saura trouver les mots justes et les gestes tendres pour lui rappeler qu'une femme libre, sur Liberty, vaut bien plus qu'une nation.
Elizabeth Swann
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26/11/2020
Posté le 03/05/2022 à 14:04:13. Dernière édition le 11/06/2022 à 20:10:16 

Jocard

Avril 1722, Bar de la plage. Difficile de prendre ses marques dans un nouvel endroit (pas si nouveau que ça) lorsqu'on est la femme la plus détestée de l'île. Dieu soit loué, la Swann pouvait toujours compter sur ses nombreuses conquêtes pour lui redonner le sourire lorsqu'il le fallait. Etrangement, elle croisait le chemin de ses amants plus fréquemment lorsqu'elle arborait le bandeau de paria que lorsqu'elle levait le poing sur l'estrade politique d'une cité. A croire que personne ne souhaitait croiser le chemin de la belle blonde, de peur de se tailler une réputation incurable. 

"Tu voulais me voir la Swann?"

Swann repensait à sa première rencontre ave Jocard. Elle avait l'intégralité des détails en tête, sauf le lieu. Le souvenir de l'épaisse fumée de tabac associée aux vapeurs d'alcool brouillaient son cerveau. 

"Alors ma jolie, tu cherches à te changer l'esprit depuis que tu as quitté l'Angleterre?"

La conversation tournait en rond. Swann avait conscience que les choses n'étaient plus les mêmes qu'à l'époque. Pendant un instant, elle imaginait que tout pouvait redevenir comme avant, que les morceaux pouvaient être recollés. Mais même dans les bras de son plus fidèle amant, rien de tout ça ne semblait envisageable. Pire encore, cet endroit miteux écrasait toute forme d'espoir. 

Jocard Gombo a payé pour coucher avec la plus belle femme de Liberty.

La jeune paria lui demanderait bien, à cet instant précis, de rester à ses côtés. De regarder le temps filer, là, sous les draps blancs, sans se soucier du lendemain. De s'enlacer encore et encore jusqu'à ce que le souffle ne suive plus le tempo. De continuer à mordre ses muscles, à le laisser lui griffer le dos, à s'efforcer à ne pas crier de plaisir pour ne pas être dérangé. Mais rien n'était plus comme avant.
Elizabeth Swann
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Posté le 31/05/2022 à 19:59:51. Dernière édition le 11/06/2022 à 20:10:43 

Française 

Mai 1722, Port Louis.

Une rencontre avec un bûcheron.
Des débuts dans la prostitution.
Une grande famille soudée et unie.
Beaucoup de visages, très peu d’amis.
Une guerre, puis deux, avec la Damian.
Une tour à protéger, un terrain à défendre.
Des disputes, des bagarres, du sang et des drapeaux.
Un bordel renommé, un palais bleu et beau.
Un je t’aime moi non plus qui jamais ne s’efface.
Une passion ravageuse qui peut briser la glace.
Le lys, toujours, comme unique blason.
Fleur du bien, ou du mal, après tout c’est selon.
Me voici, Port Louis, de retour dans tes bras.
Toi ma ville, mon tout, mon élan d’autrefois.
Tes pavés, tes quartiers, les armures de tes soldats.
Et cette odeur nauséabonde imprégnée de tabac.
Chez toi, bien sûr, j’ai toujours tout aimé.
Ton architecture, certes, et ta gouaille assumée.
La gamine n’est plus moi, et j’en suis fort aise.
Car aujourd’hui je suis une femme, et fière d’être Française.
Elizabeth Swann
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Posté le 24/09/2022 à 12:10:45 

Port Louis

Septembre 1722, La Fleur Bleue. Tout était si calme dans le bordel. Des mois que la Swann ne repérait aucun client à qui faire les poches entre deux chambres. Port Louis passait-elle vers une transition sans retour, ou était-ce Liberty qui se métamorphosait en une île déserte ? 

"Tu es le soleil de ce bordel, je l'ai juré. Heureusement qu't'es là l'Swann. Même avec l'âge tes m'mlons restent bien ronds."

Il fallait le prendre comme un compliment. La blonde se contenta d'adresser au corsaire un sourire avant de le laisser prendre la porte de sortie, nu comme un ver. Seulement vêtue d'une robe de soie rose - celle-là même portée par la jeune femme à ses débuts sur l'île -, elle alluma une cigarette et se rallongea dans les draps chauds et humides. La pièce empestait le sexe. Voilà un moment que la Fleur Bleue n'avait pas été embaumée par ce délicieux parfum que seules les Françaises savent créer.

En bas, Amélie poussait un gueulante de sa voix rauque digne de celle d'un homme bien tassé. On pouvait l'entendre frapper quelques filles, et taper dans les meubles. Elle se plaignait des caisses qui ne se remplissaient pas. Le semblant de récession commençait à envahir le bordel de Port Louis. Swann fronça les sourcils. En l'espace d'un instant, le visage d'un français aujourd'hui naturalisé espagnol se dessina dans sa tête. Il y a 9 ans, jour pour jour, il lui promettait de ne jamais laisser ce lieu mythique de Liberty couler sous les dettes. Aujourd'hui, cet habitué est mort, laissant derrière lui un espace de plaisirs de plus en plus fragilisé. Et de plus en plus vide.

Le monde change.
Elizabeth Swann
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Posté le 11/02/2023 à 23:06:19 

Deux hommes

Auberge du Borgne, février 1723. L'espagnol ne s'attendait pas à ce revirement de situation. Il connaissait pourtant bien le Cygne, et son tempérament imprévisible. Alors, quand le jeune et bel hollandais débarqua dans l'auberge, tout changea. L'ambiance. Le bruit. Les regards. La confiance aussi, peut-être. Liberty perd, au fil du temps, son goût d'autrefois. Désormais, la surprise laisse place au dépit. Rien ne fait plaisir, tout devient une habitude. Que devient un continent si ses habitants ne sont même plus en mesure de faire vivre les bordels?

L'espagnol, trop soûl comme à son habitude, s'endort sur le comptoir. La soirée se poursuit donc à l'étage entre Swann et le jeune homme. Le désir brûle la chambre dans laquelle les deux habitants de l'île s'enlacent. L'homme du bas ne les rejoindra que le lendemain, résolument décidé à en découdre. Qu'importe : le jeune couple d'un soir profite du calme des lieux, si rare en ces temps. 

Paulus van Tard a payé pour coucher avec la plus belle femme de Liberty.

Le lendemain, Elizabeth se réveille au petit matin. Les deux hommes sont assis l'un à côté de l'autre dans un coin de la chambre. Ils échangent quelques mots que seuls les hommes peuvent comprendre, et tirent sur une pipe à tour de tour. En tendant l'oreille, la conversation fit soupirer la jeune femme. D'un long soupire, profond.

Paulus van Tard : "Regarde la Swann, mignonne au naturel, mais la beauté vient quand même pas mal d'la rencontre entre sa gueule et son maquillage"

Jocard Gombo : "Elle est belle la Swann, surtout quand tu viens entres ses hanches et qu'elle se crispe de plaisir... héhéhé ! Bon après le maquillage ça aide aussi..."

Paulus van Tard : "Oui oui..."

Jocard Gombo : "Bon près j'ai rien contre parler avec toi Paulus, mais il est dommage que notre petit cygne soit aussi longtemps absent. Tu lui as fait quoi pour la mettre dans cet état, héhéhé ?"

Paulus van Tard : "Mais c’est pas d’ma faute… Moi j’ai juste répondu à une lettre à la base…"

C'en était trop. Ce passage n'était clairement pas ce dont Elizabeth souhait grignoter en guise de petit-déjeuner. La blonde profite alors d'une altercation pour sortir de ses draps, encore entièrement nue, et s'éclipser. Après tout, un nouveau mandat d'Intendante l'attendait à Port Louis. De quoi lui changer les idées, et pourquoi pas lui faire oublier cette discussion qui, au-delà des mots, brisait l'estime que le Cygne portait à l'espagnol. Les affaires de cul sont parfois plus compliquées à gérer que les affaires politiques.
 

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