Le Faux Rhum   

Le sourire du jeune Hollandais aurait suffit à transformer un bloc de glace en un nuage de vapeur sifflante, et c'est tout juste si de la fumée ne sortait pas des oreilles de Leoryn alors que du bel éphèbe il ne pouvait détacher son regard. Persuadé que le feu qui dansait sur ses joues aurait pu éclipser le soleil, il se détourne quelques instants afin de reprendre contenance en échangeant des banalités.

Tout à fait, Sir Shelby !

Lisbeth et moi-même serons de la partie, et Sir James s'est même proposé pour être notre duègne.
(Ou quelque chose dans le genre, je n'ai pas vraiment compris.)

De nouveau maître de lui-même, il se tourne vers Solal, avec le secret espoir de lui arracher ce qui lui faisait à présent l'effet d'être cent éclats de gloire éclatante encadrés par des lèvres parfaites : un nouveau sourire, mais qui lui serait destiné, cette fois.

Avec des mains telles que les vôtres, Messire, vous pouvez les égarer où il vous plaira, du moment que c'est sur moi !

Dites, vous pourriez fixer l'horizon en prenant un air contemplatif, juste pour me faire plaisir ?
(Si vous avez d'autres idées, néanmoins, je vous écoute : je m'en voudrais de brider votre imagination.)

Fronçant légèrement le nez quand sa compagne lui écrase - bien involontairement, il en est assuré - le pied, Leoryn balaie les assertions de la jeune femme d'un revers nonchalant de la main. Il lui accorde cependant un sourire plein d'aménité alors qu'il lui répond.

Quelle riche idée, Lili !
Sir Shelby, soyez un ange : divertissez Ma Dame quand j'apprendrai à faire plus ample connaissance avec notre ami ici présent.
(Mais jusqu'à preuve du contraire, elle reste ma cavalière, hein.)

L'Espagnol se tourne ensuite vers Solal, dans l'attente de sa réponse. Ce faisant, il tâche d'ignorer du mieux qu'il peut le regard de Lisbeth qui ne manquait sans doute pas de lui vriller le dos comme une lame chauffée au rouge : superbement.

Voyez, cher ami, comme cette rencontre se profile sous les meilleurs auspices ! C'est à peine si ma douce ne nous réserve pas une table privée lors de cette petite sauterie afin que nous puissions deviser dans une intimité toute relative.
(La mienne est, soit dit en passant, frémissante.)

*à l'adresse, le jeune homme détourne le regard, le posant sur Leoryn. Il esquisse alors un léger sourire en coin*

Est-ce une proposition ?

Faites attention señor, je pourrais vous prendre (au pied de la lettre).

C'est que j'ai hâte de mettre en pratique les enseignements que Karen m'a dispensés.

*son regard se promène de haut en bas, de bas en haut, s'allumant d'une lueur appréciative*

Vous feriez un entrainement de choix.

...

J'ai singulièrement envie de me rendre à cette petite... sauterie, tout d'un coup.
J'ose espérer cependant que vos paroles ne soient pas que des fables, j'en serais fort désappointé.

Mais attendez, quelle était votre demande ? Ah oui...

*pivote alors vers l'horizon, ses yeux bleus contemplant le lointain, un air légèrement absent sur le visage. Puis il jette un coup d’œil derrière son épaule, et adresse un sourire resplendissant à l'Espagnol*

Comme ceci ?