Le Faux Rhum   

Folks,

Il est grand temps de mettre certaines choses au clair. Nombre d'entre vous, patries confondues, vous permettez de marcher dans notre repaire, croyant qu'il n'appartient à personne, et que vous y avez autant de droits que dans vos villes respectifs.

Ainsi, comme des victimes qui savent surexagérer au nom de la tragi-comédie, vous nous pleurez dans les pattes jusqu'à nous faire passer pour des incontinents à force d'inonder notre saroual de vos larmes blessées dans leur orgueil, parce que l'on vous a rappelé à l'ordre, puis après de bien trop polies demandes de régularisation de votre situation, tronché le museau à faire de vous un abcès ambulant en guise de nouvelle mine.

Mais j'admet que nous sommes aussi fautifs de ... non je blague. Bien sûr que nous ne sommes pas en tort. Cette taxe est connue de tous autant que nous savons la douceur du papier de gazette du Ragot de la Méduse, avec lequel nous nous servons de torchon grande-couture pour nos ablutions. La taxe du repaire est et restera partie de ce système, aussi longtemps que vos gouvernements et vos systèmes de royauté seront debout.


Ce message n'instaure rien de plus. Il ne fait que rappeler officiellement ce à quoi vous vous engagez en pénétrant notre sanctuaire, et ce que vous encourez si vous ne vous pliez pas à la règle.

1. Toute personne souhaitant passer dans l'ancien repaire, y circuler, s'y reposer, ou y traquer des aventuriers rivaux, doivent me prévenir en avance de leur arrivée sous peine d'être arbitrairement renvoyés chez eux dès la première rencontre.

1.bis Toute personne se trouvant dans les raccourcis, ou dans la crique pirate, pourra être considérée comme souhaitant se rendre au repaire.

2. Une liberté totale est accordée dans le paiement de la taxe qui est fixé arbitrairement dans des limites très raisonnables, à la semaine, en fonction de l'affinité de la personne avec la piraterie. Fervents soutiens, la somme sera modique, ennemis jurés, vous ne serez pas privés du droit de circuler tant que vous y mettrez le prix.

3. La disposition précédente relative aux ennemis jurés est une vaste boutade puisque ces derniers, bien évidemment, n'auront même pas le plaisir d'un bonjour poli, à moins qu'ils paraissent sincères et convaincants, et s'exposent à un petit service à rendre pour ma part.

4. Toute personne n'ayant pas payé et pensant s'en tirer de la sorte sera aussitôt renvoyée au palier de la porte du repaire, en attendant qu'elle se plie naturellement à ses obligations à notre égard. Nous ne vous demandons pas la lune. De toute façon, nous n'aimons pas les 4 Lunes. Nous demandons juste le respect de certaines conditions.

5. En cas d'injustice pourtant justifiée, vos plaintes seront à déposer au Tribunal pirate.

6. Vos plaintes seront systématiquement privées de motifs légitimes, faites gagner du temps à notre justice, ne prenez pas la peine de vous plaindre, vous aviez bien mérité de vous faire tabasser en ne pas respectant nos règles.

C'est vrai quoi, d'où vous pouvez poser impunément  le pied dans nos cités ?

Juste dans un soucis de mettre Corsaires et Pirates sur un pied d'égalité vous en conviendrez.

Nul doute, cher Dirk, que notre initiative est la plus propice qui soit, à une transition en douceur. Nous vous maintenons confinés dans cette fataliste hiérarchie des braves gens habitués à payer cens et impôts jusqu'à en être oppressé, pourvu que l'aveuglement à l'égard d'un pompeux personnage qui se prétend sorti tout droit de la cuisse des Cieux éponge leur sueur d'un délicat voile de légitimité superficiel mais Ô combien encourageant pour le patriotisme dont vous faites preuve chaque fois que vous risquez votre vie pour l'amé et féal.

C'est pour cela que nous maintenons cette taxe. Pour ne pas que le choc de la gratuité de votre plus élémentaire droit d'aller et venir soit trop brusque. Une taxe qui existe depuis longtemps et qui demeure maintenue, en guise de piqûre de rappel et pour entretenir de manière discrète la cravache monarchique que vous suppliez chaque jour de voir claquer sur votre fessier, pourvu que vous y perdiez de l'argent mais gagniez en orgueil.