Le Faux Rhum
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En l'honneur de la Lune
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Auteur
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Posté le 17/09/2006 à 15:01:31
Histoires
J'en ai raconté des histoires. L'alcool et la drogue aidant, j'ai conté toutes mes aventures à qui voulait les entendre. J'aurais voulu avoir soigneusement noté tous les noms de mes ennemis et de mes traitres potentiels. Cependant, je suis trop paresseux ou pas assez rancunier, et je ne suis bon qu'au bavardage.
Certains auditeurs attentifs trouveront surement une explication rationnelle à la série d'évènements hautement improbables qui m'a mené jusqu'ici. Quant à moi, je connais assez de la Science pour y reconnaitre l'intervention du Diable. Il y a bien longtemps, alors que j'étais encore une crapule du port de Rotterdam, j'ai fait un pacte avec lui: je troquai l'immortalité de mon âme contre la tranquillité de ma conscience. Histoire classique, n'est-ce-pas ?
Crime
"Un escalier de fer, un couloir étroit et obscur, au fond de ce couloir une porte entrouverte d’où nous parviennent les accords d’une musique qui en ce lieu paraît irréelle."
Volver
con la frente marchita
las nieves del tiempo
platearon mi sien.
Au loin résonnait un vieil air qui rappelle les vents du Rio de la Plata. Une énième variation sur le thème du retour, la nostalgie d'un passé heureux et tout le toutim. Au réveil, je me sentais frais et dispos, comme si la gueule de bois n'avait pas effet sur moi. J'ai recouvert mes forces grâce à l'intervention salvatrice de la guilde médicale. Une gorgée de rhum pour la route, et l'exploration et cartographie du Tunnel B put reprendre. Un couloir étroit et obscur, une lueur imprécise. A mesure que je m'approchais, je pus peu à peu distinguer les contours d'une fée. Les plus anciens des anciens racontent que la mort de l'Esprit Démoniaque provoque l'apparition divine des feux follets. La musique se faisait de plus en plus entrainante.
Sentir
que es un soplo
la vida que veinte años
no es nadaque febril
la mirada errante en las sombras
te busca y te nombra.
Il n'était plus question d'éviter le combat. Par ailleurs, une espèce d'horloge biologique m'indiquait l'heure idéale pour tuer. Un faisceau de lumière heurta mes poumons. Un homme normalement constitué en serait déjà au stade de la crise cardiaque. Je remerciai toutes les drogues que je m'étais administrées, je remerciais mon métabolisme déréglé que tout coureur du tour des Flandre m'envie. Je sortis l'empaleuse de son fourreau et planta une bonne moitié de la lame dans le mur qui me faisait face après avoir pris soin de transpercer le corps du feu follet de part en part. Là, la bête était bloquée, et se débattait comme une gigantesque mouche prise dans une toile d'araignée. Je lui versai dessus tout le rhum de ma gourde. Je dispersais le nectar sur ses ailes poilues, sa tête, ses haillons, son abdomen. C'était ma cinquième nuit sans Lune. Je craquai une allumette.
Vivir
con el alma aferrada
a un dulce recuerdo
que lloro otra vez.
La musique avait envahi tout le couloir. Le son s'imposait à nous, ça ne pouvait plus être un tour que me jouait mon âme ou quelque hallucination. "Je peux mourir mille fois, je reviendrai toujours te hanter le lendemain.", s'écria le feu follet. "J'y compte bien." répondis-je en jetant l'allumette sur le corps de la bête. Aussitôt, la faible lueur du feu follet se mit à briller de mille feux. Le spectacle était grandiose. Une bouteille de rhum. Voici mon sacrifice. Je suis né dans la nuit, je mourrai dans la nuit. J'offrais aux mines du Crâne un astre brillant. Je n'ai jamais été aussi près d'une étoile. La vision du feu follet enflammé se débattant dans la nuit était sublime. Ici-bas, la Lune nous est cachée.
En l'honneur de la Lune. |
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Posté le 05/12/2006 à 02:18:09
Aucune notion du temps, coupé du monde, je tâtonne, j'erre, solitaire, une trousse de soin dans la main gauche, mon sabre dans la droite. Mes yeux se sont habitués aux ténèbres. Derrière moi un bourdonnement, je jette la trousse à la figure de mon assaillant. Le feu-follet est surpris. Je me retourne, attrape son aile droite incandescente, et lui plante mon sabre à travers la bouche. Celui-là n'a pas fait long feu.
Je ramasse ma trousse. Non loin de là, Velvet et Frans passent. Ils parlent ce jargon batave, quand Frans bave le nom de l'autre moulin à paroles, Hari Rud.
Je les rattrape. ils sont plutôt conciliants, je les ai soigné plus tôt dans la journée. Je baragouine quelques mots accompagnés de gestes plus ou moins intelligibles. Velvet est plus finaude et me met au parfum.
Ainsi le gommeux est banni et la pimbêche s'est suicidée. Dure journée. Il me reste une bouteille, ça m'aidera à fermer l'oeil. La première gorgée est pour vous, la deuxième pour une île qui sombre dans la décadence et la folie. La dernière goutte est pour la lune qui ne brille pas assez pour éclairer nos yeux aveugles.
En l'honneur de la Lune. |
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Posté le 15/12/2006 à 08:49:13
La nuit est belle. Depuis l'herbe mouillée, je cherche à distinguer les mauvaises nouvelles des étoiles. Je tremble, mes veines battent un tempo déréglé. Une lumière jaune couleur sodium illumine les cieux, la lune. J'en pleure.
J'émerge au petit matin. La lune est encore pale. L'effet de l'opium s'est dissipé, et j'ai mal partout. La réalité s'impose à moi. Je suis mouillé par la rosée, mais peu m'importe. Si mes informations sont justes, je sais où je dois aller pour me venger. Seule compte la vengeance.
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-Il faut qu'on parle, sérieusement j'entends. Je ne me sens plus en sécurité. Mes jours sont comptés à Ulungen.
-Que veux-tu ? Des armes, de la drogue, de l'argent ?
-Ce n'est pas d'argent dont j'ai besoin, mais d'un ami qui me donne les renseignements pour m'enfuir.
-T'enfuir ?
-J'ai toujours voulu m'enfuir. |
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Posté le 14/01/2007 à 18:02:33
Gouverneur !
Quelle mouise ! J'ai voulu jouer au con. Je suis pris à mon propre piège. Mon programme valait pas un kopeck. Comment j'ai pu être élu ?
Assis dans ce fauteuil, le bureau n'a pas changé, toujours ce foutoir, cette paperasse, ces plaintes, ces accords bancals. Mon seul réconfort, ces bouteilles de whisky de malt écossais rangées dans ce buffet, je m'en jette un petit. Je rumine, maugrée mon sort dans la pénombre. Seul le clair de la Lune me laisse apercevoir les contours de mon sabre posé contre le secrétaire.
-Le peuple ne veut plus se battre, las de ces guerres et du sang.
L'arme ne me répond pas, elle me nargue avec cet air cynique. J'essaye de m'en saisir. Je tombe de mon trône, le spiritueux n'y est pas étranger. Agacé, je saisis la lame et le fourreau et les scelle avec un bandage.
Fier de mon oeuvre :
-On verra qui de nous deux résistera le plus longtemps.
La bouteille est vide, je la balance parterre de rage avec tout ces papiers, me coupe la main. Je pisse le sang. Peu importe, je le laisse couler sur mon arme et sur le bandage. Je tombe dans les vapes.
En l'honneur de la Lune. |
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Posté le 30/01/2007 à 23:38:38
Six balles. C’est ce qu’il a fallu pour m’envoyer à l’hôpital.
L'hôpital est bondé. Plus de lits à mon arrivée. On me dépose dans un coin parterre. Ils ont décidé de me plomber le cul. Je suis dans ma période miséricorde, encore une idée à la con un soir d'enivrement. Mon sabre est scellé dans son fourreau en fer blanc, il le restera.
Une nuit pour réfléchir, Elle semble m'avoir abandonné. Je l'ai pourtant priée tous les soirs. Les étoiles dansent autour d'Elle comme des torches funèbres. Leur ballet, sans nul doute un mauvais présage, je n'ose plus fermer l'oeil. Elle n'est plus derrière moi pour me protéger, Elle ne me sourit plus.
-Lune, je suis ton fils. M'as tu quitté ?
En l'honneur de la Lune. |
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Posté le 31/01/2007 à 16:53:45
Un spectre.
L’occasion de tester un ingénieux bricolage. Un vieux fou Aztèque m’en a soufflé l’idée, juste avant de me vendre sa cargaison de champignons mystiques. Le dispositif est le suivant : un simple pliage de papier, en forme d’abat-jour et rempli de cendre, placé à la gueule du fusil. Le tout étouffe la détonation, voilà qui permettra sûrement de tuer impunément.
J’arme, je vise.
Quelque chose ne colle pas.
En des temps reculés. Bien avant la malédiction qui touche ce monde.
Ennemi public de la couronne d’Espagne, comme si c’était une bonne nouvelle.
Voilà trois jours que je n’ai pas rencontré d’Espagnols, les bandeaux noirs les assassinent sans laisser leur reste.
Je tire. De mon arme s’échappe une déflagration à réveiller un cimetière. Des résidus éclatent dans toutes les directions. Le recul de l’arme me propulse contre le mur, je m’évanouit. A cet instant, tout le bateau doit être à l’affût, de la cale jusqu’au pont, tu parles d’un silencieux.
La détonation réveille les chats de gouttière et les loups qui hurlent à la Lune.
En l’honneur de la Lune. |
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Posté le 02/02/2007 à 10:37:27
Le plomb répond aux mots.
-Où suis-je ? Mort ? Ce n'est pas l'Enfer. Qui es-tu ?
-Suis-moi mon enfant.
Ne réveillez pas le fils de la Lune
-Emmène-moi. Plus rien ne me retient ici.
-Pas encore, je dois te montrer la Voie.
Qui nourrit votre haine avec son sang,
-Je suis las, je n'ai plus de force.
-Tu es faible mon fils, tu l'as toujours été.
Quand il en sera vidé, Hadès l'accueillera
-...
-Tu n'es pas prêt, il te reste cette femme.
Et son âme lui sera offerte.
En l'honneur de la Lune. |
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Posté le 08/02/2007 à 16:18:59
An 1607. Jour inconnu. Lieu inconnu.
Je me réveille au fin fond d'une caverne.
Ici, rares sont ceux qui savent encore s'il fait jour ou nuit.
J'ai rêvé d'un labyrinthe où nul ne pouvait sortir.
A mon réveil, j'étais à l'intérieur. Des étrangers me croisent, me saluent de la tête.
Je me réveille avec la sensation que les choses vont exactement dans la mauvaise direction.
Touché par les foudres de la fortune.
Rares sont ceux qui savent encore s'il fait jour ou nuit.
Rares sont ceux qui savent encore.
Tout va bien se passer dit La Voix.
Tu vas survivre dit La Voix, comme si c'était une bonne nouvelle.
Comme si l'on pouvait arrêter la course de la Lune. |
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Posté le 08/02/2007 à 20:03:07
Odeur de souffre, pieds nus sur les braises, je suis paralysé. Aucun son ne sort de ma bouche. Je ne peux pas avancer. Je m'enflamme, je brille de mille feux. Torche vivante.
-Danse, danse mon fils !
La Lune, astre obscène éclaire la scène.
Dans l'obscure clarté, Elle me devine. J'ai perdu tous mes liens, je suis nu et noirs de pieds. La Lune m'irradie de ses rayons. Elle rit, se moque. Je suis le fils qu'Elle n'a jamais voulu.
Elle m'offre son dernier baiser.
En l'honneur de la Lune. |
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Posté le 04/05/2007 à 13:39:36
- C’est comme s’il avait quelque chose dans son sang, peu importe la manière dont il essaye de faire le bien, ce sang, il ne peut rien faire contre, il empoisonne tout autour de lui.
- T’as fini de raconter des conneries sur le sang et le poison, le même sang coule dans toutes les mains.
Je me réveille en sursaut. Quelques bribes.
Ne convoite pas les étoiles quand tu es le préféré de la Lune.
Quelle merde ce rêve !
La lune est déjà haute. Je me lève et vais à la cuisine manger un morceau.
- Je dois te parler, dit-il d’un ton sec.
Il se tenait devant moi et me fixait.
- Je mange mes céréales.
Je voulais qu’il me foute la paix.
- Quoi ? Elles vont refroidir ?
- Ramollir, je déteste ça. Qu’est ce qu’il y a ?
- Ils sont au courant pour ce soir. Il y a eu des fuites.
Je reste silencieux, je réfléchis, j’ai la tête dans le cul. Mes pensées sont confuses. J’avais dormi toute la journée, je m’étais couché au petit matin. L’effet de l’opium s’est estompé mais j’ai les idées vagues.
- Et les autres ? demandais-je.
- Ils sont toujours en place.
- On va pas les faire attendre alors.
Si j’étais sur que quelqu’un viendrait à mon secours, je courrais comme un fou.
Je me passe de l’eau sur le visage, attrape mon couvre-chef rayé et mon coutelas.
- Mère, ce soir je vais te faire honneur, murmurais-je.
En l’honneur de la Lune. |
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Posté le 08/05/2007 à 14:17:36
Ne comptez pas sur moi pour vous dire la vérité. J’ai tout de même réinventé le mot multirécidiviste, je n'ai jamais été innocent, ma mère ne manqua pas de me le rappeler.
Un prétexte de plus pour s'abrutir par la bière et l'alcool. Au croisement de la rue principale de New Kingston et de l'église, fixé par les réverbères, le Black Beer Pub.
J'étais perdu dans mes pensées et je riais, fort, signe de l'état avancé de mes boires et déboires. Le quatuor local jouait Anarchy in the NK version musette, fort. Wayne Groonie servait un vieux Rhum cubain, le genre distillation maison. A tous ceux qui buvaient, il répétait avec insistance le degré, 66.
Les 6 qui s'entrechoquent. Autant que je puisse rassembler mes pensées, c'est la dernière chose dont je me souvienne. Un dernier verre de Rhum. Les 6 qui s'entrechoquent, le chiffre du Diable.
Mes souvenirs s'arrêtent là, mais pas les foudres de la fortune.
Je sortis à l'air libre, un seul quartier de Lune. C’était la balade classique de l’ivrogne, le genre « je suis incapable de tenir un raisonnement mais il faut absolument que je réfléchisse au sens de la vie. » A la manière d’un médecin qui après les calmants choisit l’amputation, je sacrifiais le vol. On parle souvent des rêves de jeunesse, rarement des calculs.
Le retour de Pullo et la guerre qui s’annonçait me rappelait à ma vraie nature. Je vous épargne le baratin sur l’union des forces vives derrière la couronne, seul le plaisir de foncer droit sur le camp ennemi et de combattre jusqu’à la mort m’attirait.
Cette nuit, j’ai frôlé la mort, en l’honneur de la Lune. |
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Posté le 22/05/2007 à 22:28:35
Je replace le contexte. Une épave. La cale du Direito no muro. Je ne saurais vous dire depuis combien de temps j’y suis. Une semaine, peut-être deux. Pas un rai de lumière ne traverse cette coquille de noix. Jour ou nuit ? Je n’en sais foutrement rien. Je suis juste déboussolé, j’ai perdu toute notion du temps. Starks est avec moi, il a maigri. Je veux dire, il était déjà maigre mais ses bannissements successifs ne l’ont pas arrangé.
- T’as déjà pensé à ta retraite ? me dit-il.
- Non, je serais mort avant.
- T’as déjà entendu parler d’un coin qui s’appelle les Seychelles ?
- C’est pas une de ces iles au large de Liberty ?
- Nan, c’est en Afrique.
- Jamais entendu parler, je connais le Congo.
- Ouais c’est dans le coin je crois.
Il avait l’air de divaguer. Un blanc s’installe. Quand il y a un silence, il faut toujours parler du temps pour relancer la conversation. Si les gens ne parlaient pas de la pluie et du beau temps, ils parleraient deux fois moins. Entre nous ça ne serait pas un mal. Peu importe, Starks était dans un sale état.
- Il doit faire vachement chaud là-bas, nan ? je veux dire… question climat.
- J’en sais rien, dit-il. J’y suis jamais allé.
- …
Je reste dubitatif. Ouais, ça tournait pas rond, cette discussion n’avait ni queue, ni tête. Fallait que je le sorte de là et moi par la même occasion.
- Viens, on sort. On va se la jouer comme au bon vieux temps à coups de rapières, de rhums et de mots bien choisis, dis-je pour l’encourager.
- Non, laisse-moi. Je suis bien ici. Vas-y toi. Je te rejoins plus tard.
- T’as de quoi tenir ?
- Il me reste une dizaine de bouteilles, répondit-il.
Je le laissais là à délirer. De toute manière, il se réveillerait quand il n’aurait plus de spiritueux. Je me mis en route à la recherche d’air, de ciel, de la Lune.
En l’honneur de la Lune. |
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Posté le 27/05/2007 à 04:59:51
Nous y voilà, l'éternel retour des vieux jours. Accordons-nous un peu de mélancolie, même si c'est l'êtê, disons qu'on a le droit de se rappeler nos premiers voyages, le genre "dis, pourquoi les feuilles des palmiers elles tombent pas en automne ?". Le temps de siroter un manhathan grenadine, de se reboutonner la chemise.
La piraterie, c'est la comédie sentimentale des Caraibes, tropicale pour être honnête. Dealer styliste, gangster esthèthe, un dernier rap à l'eau de rose pour montrer que suis encore vivant, que mon pouls continue d'accélérer.
La Corniche, la terre froide sous mes pieds, queques lanternes bringuebalantes, il va falloir se contenter des rayons de la Lune.
En l'honneur de la Lune |
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Posté le 30/07/2007 à 20:29:04
La Mort.
Je la côtoie tous les jours. Grâce à elle, j'ai gagné ma vie. J'en ai tiré profit. Elle a toujours été présente autour de moi, mais jamais aussi proche que maintenant lorsque je sens son souffle sur mon visage, lorsqu'elle colle son oeil contre le mien et tente de m'emporter.
Je pense à leurs yeux, non pas à cause de ce qu'on voyait à l'intérieur, mais de ce qu'on n'y voyait pas. Derrière ces yeux, il n'y a que les Ténèbres.
Je ne crains qu'une chose. La Mort.
En l'honneur de la Lune. |
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Posté le 17/08/2007 à 10:19:05
Allongé sur la pierre froide de la mission de la Madonne, je contemple le ciel, clair. Le Soleil semble vouloir se faire la malle tandis que la Lune pointe le bout de son nez, un ballet ou plutôt le jeu du chat et de la souris entre les deux astres moqueurs.
Le Roi Soleil irradie les nuages de ses rayons. Le ciel prend une teinte orange pourpre à couper le souffle. La lumière semble me dire :
- Salut, dix mille, cent mille, cinq cent mille ans et plus pour te parvenir, je n'existe peut-être plus, la bonne moitié du ciel que tu admires n'est qu'une pure illusion.
Comment différencier la vie de la mort ? Mon regard se détourne vers Elle qui m'a toujours montré la voie. Elle me fixe. Accompagnée des étoiles innombrables, Elle se montre rassurante. Je souris.
- Oui j'ai compris, dis-je, je dois me lever.
En l'honneur de la Lune. |
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Posté le 19/08/2007 à 13:59:23
Liberty, c'est un peu la prison des caraïbes, toutes portes ouvertes
et pas besoin de maton.
Je vacille, oscille entre nostalgie et allégresse. Toujours cette sale sensation de laisser le meilleur derrière soi.
Je me dis que c'est l'heure de la sieste, que je suis juste fatiguer d'attendre.
J'ai besoin de ma dose, j'ai quelques soucis avec la médecine préventive, j'ai toujours préféré la dose maximale supportable. Ayez confiance, le saint médecin est toujours là pour l'injection quotidienne.
Une douce mélodie crasseuse, une boussole et un coutelas et on est bons pour une surprise-partie avec les zombies. Au fait, j'ai peur du temps qui passe.
En l'honneur de la Lune |
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Posté le 17/09/2007 à 20:46:25
J'ai du mourir mille fois,
Le lendemain j'étais toujours vivant.
Lever de soleil, sommets divins, le cadre est parfait. Frénésie sanguinaire, un barillet pour une balle, armé le canon sur la tempe, mon doigt sur la détente, les synapses répondent. Une déflagration, un trou béant, des milliers de fragments d'os de cervelle incrustés sur les ruines du temple maintenant d'une propreté rouge impeccable.
Le temple est immense. J'ai perdu la trace de mes frères. Je suis face à un autel sacrificiel. Je sors ma lame, la porte à mon cou. D'un geste net et précis, je me tranche la jugulaire. L'hémoglobine s'échappe et se déverse sur les vestiges de la table mortuaire. Offrande ou sacrilège ?
La cité maya surplombe le lac. Mon âme est noire, j'avance dans l'eau. Les reptiles, alertés de ma présence, s'approchent. A ma droite, une gueule se referme violemment sur mon bras. Les crocs déchiquettent mes os comme de simples brindilles. Le liquide pourpre colore l'eau trouble du lac. Deux autres carnassiers au sang froid se pointent. Mon bob zébré flotte à la surface.
Coucher de soleil sur le repère. J'avale le fond de gourde posé à mon chevet, une mixture du "Han", un poison puissant. J'attends quelques instants que la toxine fasse effet. Mes paupières sont lourdes, mon corps est paralysé, mon cœur ne bat plus. Je m'endors à jamais.
On me l'a décrite avec un long manteau noir et une faux. Conneries. Ce malaise constant. Je la sens. Elle est là, elle erre en moi, se nourrit de chaque battement de mon cœur, rongeant mon âme jour après jour. Elle attend son heure. Elle attend que la Lune détourne son regard.
En l'honneur de la Lune. |
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Posté le 25/09/2007 à 00:07:22
Où est-elle ?
Le ciel est dégagé comme Ulungen un soir de couvre-feu. Je ne la vois pas. Ce soir elle ne veut pas se montrer.
Je ne me souviens pas de notre première rencontre. Nous voulions changer la société, il aurait été plus facile de caresser un dragon psychopathe shooté au crack. Vaines tentatives, nombreux échecs, nous changions. Comment ? Je ne saurais le dire. Nous nous sommes adaptés dans cette nouvelle jungle légiférée par des incapables. Incompris, nous dénoncions le monde pour promouvoir un nouvel ordre qui voulait faire porter un string à la liberté. Raide comme une queue pendant une nuit de noce ou parti découvrir de nouveaux spiritueux sur d'autres îles ? Le fait est là. Désormais je suis seul.
Je lève les yeux. Couleur rouille comme une épée émoussée mal entretenue et laissée à l'abandon, je ne l'ai jamais vue ainsi.
Où est-il ?
En l'honneur de la Lune. |
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Posté le 19/11/2007 à 14:58:27
Disparaître ici sans même s’en apercevoir.
J’avais bourlingué du Rio de la Plata jusqu’à Lima, refourguant des joints et de la mauvaise came à des Espagnols en mal d’Occident. Dommages collatéraux de la grève des mousses, j’étais de nouveau bloqué sur cette île de tarés. Sur le port de New Kingston, je médite en solo sur la nuance entre bourbon et whisky. Tout ça c’est que de la méthadone sentimentale, le grand air, comme s’il y avait un produit de substitution. Un mec bizarre passe avec la lueur d’inquiétude de l’ex-macro, je m’agrippe à ma bouteille de Rhum.
En l’honneur de la Lune |
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Posté le 10/02/2008 à 23:22:24
On ne peut pas reprocher à la lune de ne pas éclairer le jour.
- Je vais t'en raconter une autre, et celle-là te fera craquer. C'est l'histoire d'un nouveau-né à qui il faut donner son fix quotidien, vu qu'il est encore trop jeune pour supporter le sevrage. L'infirmière a bien essayé de...
- Ça va, je craque, murmura-t-il. J'en ai assez entendu, merci.
- Quand on songe que des nouveaux-nés peuvent se retrouver dépendants parce que...
- Ça suffit, répéta-t-il.
La saison des reproches,
Je le pris par le col.
-Ecoute mon histoire, crachais-je, écoute jusqu'au bout. A ton avis, quelle devrait être la peine pour une mère qui donne à son bébé une petite dose pour le calmer ? repris-je.
il est temps de rendre des comptes.
Il ne répond pas et tient l'air dégouté du type qui voudrait être ailleurs.
- Réponds, ordonnais-je.
- Je ne sais pas, il y a des fois où je voudrais devenir fou mais je ne sais plus comment on s'y prend.
- C'est un art qui s'est perdu.
On a toujours des comptes à rendre.
En l'honneur de la Lune. |
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Posté le 17/02/2008 à 12:04:05
J’ai pas inventé la poudre mais je sais m’en servir.(Proverbe espagnol)
Ce temple aura ma peau. Des yeux jaunes me fixent. Je crache du sang. Pas le temps de disserter sur le sens du monde. Ici il n’y a personne à arnaquer, pas de coups merdiques et foireux à monter, pas de drogues, juste un fond de rhum distillation maison, juste du sang à cracher. Condamné à revivre le même jour indéfiniment, les prêtres m’attaquent la nuit. Ils frappent fort et juste. J’encaisse comme je peux. J’avoue que mon christianisme éprouve ses limites.
Je dégaine ma bombarde et la braque à la face du monde. |
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Posté le 19/03/2008 à 19:33:05
Nuit noire. Elle est absente.
Vingt minutes que tu poireautes.
- C'est pas ton jour de chance, hein ?
Tu te retournes...
Il y a trois hommes près de la barrière.
- Je suis le Virus, tu dis espérant que ça les fasse déguerpir.
- Pour moi, tu es plutôt un gros con.
Ils se dirigent vers toi.
Tu déglutis.
Le premier te donne un violent coup de poing au visage.
Tu portes les mains à ton nez.
Ils te prennent par les cheveux faisant gicler ton bob. Ils te tirent vers eux. Ils te frappent au ventre.
Tu te plies en deux.
Ils te donnent des coups de genoux dans le ventre.
Ils te donnent un coup de latte dans les noix.
Tu tombes.
Ils te donnent des coups de pied dans le dos. Ils te donnent des coups de pieds dans la poitrine.
Tu protèges ta tête avec tes bras et tes mains. Tu te recroquevilles.
Ils ne s'arrêtent pas.
Tu tentes de t'éloigner en rampant.
Ils te prennent par les cheveux. Ils te traînent par terre, sur le sol poussiéreux.
Tu poses les mains sur ton crâne.
Ils te lâchent. Ils sautent sur toi.
Tu...
Ils te claquent la barrière au visage.
Tu... Tu sombres.
Nuit noire. Elle est absente.
En l'honneur de la Lune. |
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Posté le 14/05/2008 à 23:59:57
La folie gagne le coeur des Hommes comme la Lune emmerde le Soleil.
TITUS PULLO
Mémoires d'un incompris
- Laisse tomber cette merde, j'ai quelque chose à te montrer. Tu vas pas en croire tes mirettes, dis-je frénétiquement.
Je m'accroupis devant le coffre à mes pieds, l'ouvre, en sors un long objet couvert par un bout de tissu poussiéreux. Je retire le tissu et lui montre l'arme :
- Mate-moi ça ! C'est pas une splendeur ?
- Pour sur, avança Van Ray Vaughan.
- Pour sur ? C'est tout ce que tu dis ? Mais t'es malade, c'est une putain de carabine double-canon série limitée importée du continent. Pour sur, me répétais-je tout bas n'en revenant pas de la non-fascination du jeune frère. Avec ça, tu fais sauter n'importe quel gland et l'écureuil qui l'accompagne, annonçais-je fier de ma comparaison bancale.
Je l'arme, une cartouche dans chaque chambre, je pointe le canon sous le nez du pirate :
- Allez accroche-toi mon ptit père, tu vas décoller !
- Quoi ?!
- Les paluches en l'air !
Il obéit.
- Adieu l'Etranger.
Je lui fais un clin d'œil.
Je tire, le recul m'envoie la crosse dans l'épaule, je valse un bon mètre en arrière sur le cul. Un trou encore fumant dans le mur quelques centimètres au dessus de la tête de VRV, momifié.
- Bah mon cochon ! T'as vu ça ? C'est pas de la bombe ?!
Putain de folie.
En l'honneur de la Lune. |
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Posté le 15/05/2008 à 02:12:41
J'aurais pu en raconter des histoires...
Des sordides, des glauques à vous faire vomir dans les chaumières.
Des terrifiantes, des macabres pour vous empêcher de dormir.
Mais j'ai choisi de les emporter avec moi dans la tombe, là où plus personne ne m'entendra crier.
A part peut être ma seule témoin.
A part peut être celle qui bénit ses enfants par la folie, le sang et la peine.
A part peut être par toi, ma mère...
En l'honneur de la Lune |
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Posté le 02/06/2008 à 21:22:35
Liberty, 1608
Le coeur de nos rêves explose.
Rafaella la folle, la sordide, la muette. Je savais que les dernières nouvelles mentaient, ou plutôt qu'elles passaient des détails choisis sous silence. Rafaella la tarrée, la morte, enterrée, introuvable.
Je découpe l'article dans le journal. J'ai encore merdé une guerre. J'évalue mes options.
Harry le cinglé, le camé, le dealer, l'assassin.
Direction le manoir, Monbars ne doit pas survivre. La prime de 1500 couvrira les frais d'alcool.
En l'honneur de la Lune |
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