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Rencontre en mer  
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Voodoo Jim
Voodoo Jim
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29/02/2012
Posté le 30/01/2013 à 01:47:07 

Ce matin là, Jim se leva avec la ferme intention d'enfin nettoyer le fatras qui encombrait son ... habitat. Il aurait été plus juste de parler de tanière ou d'antre, vu le bordel accumulé par des années de fouilles. Assemblage de curiosités et collections, relevant aussi bien de la philatélie que de bocaux crasseux remplis de reptiles et batraciens nageant dans du formol.

L'arrivée de Samedi n'avait pas arrangé les choses. Le jeune homme, promu apprenti vaudou récemment (bien que n'ayant aucune aptitude aux sortilèges, son aide s'avérait précieuse pour tout ce qui concernait les corvées et la cuisine : c'était un fin conôisseur), avait entassé ses maigres affaires dans la remise, suspendant un hamac rudimentaire au dessus des outils, des vivres et des tonneaux de bière brassée par le Vaudou lui-même (son péché à lui, c'était l'ingurgitation de boissons fortes. La bouteille donnée par Aimé le Tavernier avait d'ailleurs connu une espérance de vie proche de celle d'un poulet au-millieu d'un troupeau de lions). Samedi avait par-ailleurs la fâcheuse habitude de grignoter les jambons secs suspendus au plafond, ou mordre dans les pommes et le fromage entreposés sur les étagères. Souvent aussi, il oubliait un morceau quelque part, assez longtemps pour le laisser pourrir par indavertance jusqu'à ce qu'une civilisation microscopique se développe sur le-dit morceau avant de s'entredétruire dans une guerre nucléaire. A ce moment-là, l'odeur attirait assez de mouches pour que les occupants de la cabane dénichent la denrée fautive et la jettent dehors avec une grimace de dégoût. Bien souvent, le soin de la faire disparaître échoyait au Poulet, qui régnait en maître absolu et tyrannique en dehors de la cabane : il était rapidement devenu la terreur des animaux des environs. Sans parler de la statuette Taïno, qui depuis l'étagère où elle trônait s'exprimait de temps en temps à travers lui. Les deux compères voyaient alors un poulet furibond s'avancer d'une patte résolue sur eux, avant de les invectiver de douceurs du style "J'ai des vers de bois gros comme votre BRAS dans la charpente, enfants de putains !! Jamais entendu parler de ménage? HO, j'vous parle ! J'prend la POUSSIERE là ! DU NERF !! Nettoie ça gamin, j'ai perdu une termite !" et autres joyeusetés délicates.

Plongeant les mains d'un air déterminé dans le bric-à-brac de son bureau, Jim écarta tout et n'importe quoi dans sa quête de propreté (une boussole, des instruments de navigation rouillés, un livre de recettes, un couteau... tiens, un morceau de marbré. *il avala prestement le gâteau encore frais*). Soudain, un bruit sourd résonna tandis que quelque chose tombait, bousculé par un bras fébrile. Se penchant, Jim découvrit un objet insolite : une défense, longue comme l'avant-bras et recouverte de motifs tribaux, sculptés dans l'ivoire dure comme la pierre.

Il s'assit lentement sur le bureau, se remémorant l'histoire de cette défense de morse. C'était une relique Kalaallit... les Inuits, le peuple du Nord aux traîneaux de chiens-loups et aux abris de glace compacte. Il l'avait récupérée lors d'un voyage dans le Grand Nord il y a de cela bien des années. Il était encore jeune, séparé de sa tribu depuis peu de temps, et se confortait dans des rêves de gloire et de richesse.

Il repensa au voyage long et éprouvant, aux dangers, aux hommes qu'ils avait rencontrés. Un en particulier. Un ami maintenant, mais un simple matelot à l'époque, un jeune homme à l'oeil vif et à l'énergie explosive. Tout le contraire de lui, qui était très douillet dans sa jeunesse, et plus habitué à lire qu'à manier l'épée. Il grimaça. Il était ENCORE douillet. Il savait juste un peu mieux se battre.

Il avait voulu partir à l'aventure, et ça... il en avait eu de l'aventure, Morteburne !




Mais, pour raconter cette histoire, il fallait d'abord s'intéresser à l'endroit où tout avait commencé. Avec un certain jeune homme, frais -plus ou moins- beau -moyennement- et intelligent -on va dire ça.

("Et encore puceau, pour longtemps !!" gueula l'idole/poulet.

-La ferme et laisse-moi raconter, statuette de malheur ! Je disais... ahem.)



Il était une fois...
Skuleth
Skuleth
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01/06/2007
Posté le 31/01/2013 à 01:07:49 

Le vent passait dans ses cheveux. Skuleth, en habits d’ors, un sabre de commodore sur le côté, et une canne sertie de diamant dans la main était à l’avant du Voroshilov Kliment, le navire amiral de la flotte qui dominait les océans.  Lui, grâce à qui la nation avait la maîtrise absolue des océans, était fier de ce qu’il avait accompli. Des empires avaient chu sous sa botte, des tyrans l’avait supplié pour rejoindre son harem, des…

*SHPLAF*…TU VAS TE REVEILLER, BALTRINGUE NEURASTHENIQUE !?

Skuleth ouvrit les yeux. Le mousse du Voroshilov Kliment s’était assoupi dans la réserve à patates, entouré de doux rêves, le cuistot-en-chef, un homme jovial aux cheveux gris surnommé « Déesse-Kâ » pour son attirance pour les femmes métisses venait de le réveiller en lui balançant la casserole de betteraves qui constituait ses légumes du soir à la tronche. Lui qui détestait ça, il était à présent rougeâtre et empestait le légume bouilli.

« Bordel de merde, gamin ! On va quitter l'port dans quelqu'z'instants, la Baltique est r’couverte de putain de glace, les hommes triment dehors pour préparer l' rafiot, et toi, tu…tu… tu DORS ? »

Se grattant les cheveux, l’air hagard après ce qui lui avait semblé n'être qu'une petite sieste, le jeune matelot se leva prestement pour tenter de faire bonne figure face à son mentor.


« Ca f’sait combien de temps qu’t’était là, hein ? Si j’m’étais pas piqué après avoir cru entendre une patate ronfler j’t’aurais pas trouvé, merdeux. Allez, au boulot. File sur le pont, paraît qu’les marins ont b'soin d’aide. »

Filant sans demander son reste, le gamin accourut sur le pont du navire, où la première chose qu’il aperçut fut la buée qui se formait devant lui alors qu’il respirait. Il faisait extrêmement froid à cette période de l’année, plus encore à cet endroit du globe.  Skuleth allongea le pas en rentrant la tête dans son pull pour ne pas sentir le vent acéré lorsqu’il fut dépassé par ce qui ressemblait à un doigt de pied roulant, fait confirmé quelques secondes plus tard quand un de ses amis, Vladimir Illitch au nez rouge à cause de l’alcool, passa en courant à côté de lui, le sourire bienheureux du buveur régulier aux lèvres en beuglant :


« R'vients ici, t’es mon doigt d'pied, ICIIIIiiiIiIi !!!»

Skuleth hocha la tête à son intention tandis qu'il croisait son regard, l’air blasé devant l’état second de son camarade. En effet, chaque année à la même période, celui-ci oubliait que les températures descendaient si bas en dessous de zéro,  et il perdait  un morceau différent.

Le mousse le retrouva plus loin sur le pont, en train de se disputer avec Joseph Djougachvili, un petit bonhomme qui essayait de lui expliquer que c’était son pouce, alors que Vlad soutenait que c’était son index. Chaque hiver la même chose, on vous disait.

Le gamin continua jusqu’à arriver au niveau de la figure de proue.


Le Kliment était un navire très connu dans ces eaux, en partie à cause de sa figure de proue. Un gigantesque narval sculpté en bois ornait l’avant du navire, et on racontait que c’était grâce à cela que le bâtiment ne rencontrait jamais d’avaries, le narval symbolisant un animal combatif, mythique protecteur des marins (pour beaucoup, celui-ci n'était d'ailleurs qu'un mythe : encore très peu d'hommes osaient s'aventurer si loin dans les mers glacées du Nord).

Sauf qu’à présent, à force d’intempéries, des embruns et de l'eau salée et agressive, mais aussi de marins bourrés qui lui pissaient dessus après diverses soirées pyjamas, il ne restait plus de la forme du narval qu’un simple navet informe avec ce qui ressemblait à un manche balai planté au milieu.


Skuleth se dévoua à la tâche qui lui était due, et se mit à arroser le navet à coups de seaux d'eau. D’après le capitaine Foché, surnommé Couche-tôt par ses hommes, ce rituel devait être réalisé avant chaque départ en mer pour garder la bonne fortune sur le navire. Le Kliment était un navire de taille moyenne, contenant une cinquantaine d’hommes d’équipages, mousses, fonctionnaires des PTT, et diverses personnes avec des fonctions plus étranges les unes que les autres tel qu’un courtisan, chargé d’offrir des tisanes à courte durée d’infusion.

L’ancre qui remonte en crevant la surface, un navire qui glisse dans la mer, un cul de marin qui fait ses besoins sur le bastingage, bref que des choses normales pour un départ en mer Baltique ; alors que le Kliment prenait de la vitesse, ses canons prêts à faire parler la poudre,  ses voiles prêtes à accueillir le vent, et ses marins prêts à balancer par-dessus bord toute personne soutenant que l'équipage ne supportait pas la vodka, alcool typique de leur patrie d'origine.

La Vodka…le capitaine, dans ses heures perdues avait formulé une ode à cet alcool qui était son seul amour.


Oh toi, ma Vodka
Toi qui me nouris quand je bois
Toi ma Vodka,
Ah bah tiens c’est l’heure de faire caca,
Toi ma Vodka,
Sans toi, vivre ici bas,
Toi ma Vodka,
Ca ne se fait pas.

Enfin bref, un capitaine constamment rond comme une pelle, vous vous z’attendiez pas à un quatrain à la Baudelaire à en faire chialer une pucelle. Puis d’abord, c’est qui Baudelaire ? Si vous aviez demandé à cet instant à Skuleth, il vous aura répondu que c’était ce que lui répondait les dames aux mœurs faciles (les putes pour ceux qui ont pas compris) quand il leur demandait quelque chose « Boh, de l’air ».

Mais revenons-en à la Vodka. Tout le navire, que dis-je, toute la nation, du biberon du nouveau-né au bucher funéraire de la grand-mère trop vieille à 43 ans l’utilise, la consomme, vit avec.


Sauf Sam….Sam, c’était celui qui tenait la barre du bateau, qui avait la particularité d’être en fer. Bah oui, avec une barre en fer, on peut tout faire. Sam, personne ne savait réellement ce qu’il faisait là. C’était « Celui qui ne boit pas », ou encore, à cause de cette particularité, « celui dont on ne doit pas prononcer le nom ». Bah oué, évoquer Sam d’vant l’cap’taine, ça le met sacrément en rogne, attendez, quelqu’un qui ne boit pas de Vodka…

Mais revenons-en à nos oursins. Si un marin ivre s’approchait de Sam, avec l’intention de prendre la barre (de fer), Sam lui lançait un regard jaune (il était chinois, et pour éviter toute réclamation des organisations racistes nous ne parlerons pas de regard noir ici, NON MÔSSIEUR) en lui expliquant tous les dangers de l’alcool à la barre. Lui disant que tous l’équipage risquait, par exemple de mourir sous les flots si à cause de son ivresse le navire rentrait dans un iceberg.


Enfin bref, c’est ce moment que choisirent Vlad’, et Joseph pour revenir, ils s’étaient finalement mis d’accord pour dire que ce doigt serait mieux utilisé en tant que bouchon sur leur dame-jeanne de Vodka, et se dirigèrent vers la barre pour fêter ça. Mais quand Sam les vit, il plissa les yeux (nan, j’déconne, comme il est chinois il est plissé à la base) bref, il plissa encore plus les yeux jusqu’à quasiment ne plus les voir, et les pointa du doigt tout en formulant une phrase à haute puissance magique…

« NON »

Vlad et Joseph se regardèrent, se grattèrent la tête, chacun la sienne, puis chacun celle de l’autre, en effet, comme ils n’avaient plus les mêmes doigts, ils ne parvenaient pas à se gratter de la même manière et le fait de partager faisait qu’ils étaient complémentaires.
Si tant est qu’une fois face à ce refus de Sam, alors qu’ils n’étaient pas là forcement pour manœuvrer le bateau, mais eux comprirent que Sam leur interdisait l’endroit parce qu’ils n’avaient plus tous leurs doigts, brefs, ils hurlèrent, Sam hurla, ils posèrent la dame-jeanne doucement au sol, la dame-jeanne hurla, Sam hurla parce que la dame-jeanne Hurla, Vlad et Joseph ne comprirent pas, et dans le doute, balancèrent Sam par-dessus bord.


Bref, le bateau a quitté le port. Et alors qu’ils étaient accoudés au bastingage, en train de finir leur vodka, ils virent passer un étrange bonhomme rouge, dans un traineau tiré par des rennes.

"Des rennes ici ? T’as vu ça, Vlad ?"

"Ouép Joseph, c’bizare, à mon avis on a p’t’être trop bu héhé. "

Néanmoins, que le traineau volait ne choqua aucun des deux.


Voodoo Jim
Voodoo Jim
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29/02/2012
Posté le 06/02/2013 à 07:40:31 

Loin, très loin de la Baltique, dans la jungle de Liberty...

Jim avait élevé la fuite au rang d'art. Une vraie science, une philosophie : je pense donc je fuis, je fonce donc je suis.

C'est pourquoi il courait. Encore, et encore, aplatissant des pans de végétation entiers sous ses pieds à un train d'enfer. Non, vraiment, voler le couteau rituel de la tribu sauvage du Lac n'était PAS une bonne idée.

Alors il courait. Avec une tripotée d'indigènes hurlants à ses trousses, écumant face au sale petit voleur sournois qui avait volé leur Précieux (non non, vraiment, le couteau s'appelait le Précieux), balançant tout ce qu'ils pouvaient pour l'arrêter dans sa course.

Mais cependant, Jim connaissait la jungle comme sa poche : plusieurs années déjà qu'il l'arpentait, arrivé quelques années auparavant sous les traits d'un jeune homme, et il était déjà un pisteur hors-pair dont le flair n'avait d'égal que sa maladresse, qui lui vaudrait d'ailleurs bien des ennuis dans sa vie future. Il réussit à perdre la tribu en colère, se terrant dans des terriers abandonnés et des fourrés remplis de bestioles poilues et grouillantes. Lorsque tout redevint calme, il sortit de sa dernière cachette et regagna tranquillement la route de Port-Louis.

"Décidément, pensa-t-il, il est temps que je fasse quelque chose de ma vie... collectionner des reliques ne me fera pas vivre !!"

Il décida alors qu'il partirait à l'aventure, coûte que coûte. Il ne se doutait pas de la connerie monumentale qu'il ne tarderait pas à commettre.
Voodoo Jim
Voodoo Jim
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Posté le 06/02/2013 à 08:01:55 

Plus tard ce jour-là, il passa l'après-midi à inspecter les bateaux mouillant au port, espérant un signe lui indiquant leur destination future, le tout en rêvant de grandes aventures au soleil des Caraïbes, pillant de riches navires ennemis et faisant fortune par le sabre et le mousquet (Jim avait la combativité d'une huître, mais cela ne l'empêchait nullement de rêver de vivre par l'épée, comme tout bon jeune locataire d'une île remplie de corsaires et pirates).

Dépité, il s'assit sur un tonneau encombrant un coin du quai, lorsque soudain il aperçut un grand navire voguant vers le port dans la lumière du soir.

Il remarqua rapidement la figure de proue, mais elle était encore trop indistincte. Il se mit debout sur le tonneau et mit sa main en coupe pour se protéger des rayons du soleil.

Il écarquilla les yeux lorsque le bateau devint plus net.

..un navet ?
 

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