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Un Piano pour l'Enfer  
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Cohen
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21/07/2012
Posté le 18/08/2012 à 13:05:08 

A peine sorti de la caverne du lac, un perroquet virevoltait autour de Cohen. Il lui portait un message qu'il lut nonchalamment, puis, le message lu, il brûla d'entrain.

Hahaha, que claquent les voilent, que moussent les bières : le vent est en ma faveur !

Il dégaina sa lame dans un rictus à légèrement sonore tant l'excitation l'animait et s'engouffra avec élan dans la planque des contre-bandiers pour se lancer à corps perdu dans les combats, triomphant de quiconque se dressait sur son chemin. Le corps des gredins autochtones gisaient ça et là dans un bain de sang !

Apprenez à nous craindre ! Mes mains me démangent ! Hahaha !
Cohen
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21/07/2012
Posté le 22/08/2012 à 07:17:05 

Cohen entrait enfin à Port Louis, sa force s'étant émoussée, mais pas son enthousiasme. Il s'avachit sur un chaise à une table de la taverne pour récupérer avec une bonne mousse, blonde et fraiche, puis s'en enivra, emporter par le tourbillon que le plaisir de la nouvelle lui procurait.

Puis il se leva franchement, et d'un pas décidé il regagna sa chambre, où il se mit à jouer du piano. Pas de suite, d'abord il le regarda farouchement, à la dérobée, puis il caressa une touche du piano, ce qui le fit frissonner de plaisir. Il retira sur le fait sa main comme si le piano allait le mordre, puis insista jusqu'à en faire sortir la note. Quand elle jaillit, il eut un large sourire carnassier, puis il s'assit et commença à jouer furieusement.

http://www.youtube.com/watch?v=qnn_UKKNv5c&feature=related

Il enchaina cet air maintes et maintes fois, jusqu'à tard dans la nuit, jusqu'à ce qu'une jeune femme vint l'interrompre en cognant à la porte. Il lui ouvrit brusquement, l'effrayant légèrement.


- B-Bonsoir Monsieur, nous habitons à côté, et nous aimerions que vous cessiez de j...
- Pas de fausses notes !

Il dégaina sa pétoire et lui tira soudainement un coup dans l'épaule et claqua aussitôt la porte, laissant la jeune femme agoniser dans le couloir, puis il se remit à jouer plus fort, à tue-tête, jusqu'à ce qu'il soit épuisé. Alors, il caressa son piano de long en large et enfin, posa délicatement ses bras dessus, puis sa tête et s'endormit.
Cohen
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21/07/2012
Posté le 28/08/2012 à 05:59:51 

http://www.youtube.com/watch?v=kxKRoCifcBY

Cohen n'était qu'un coyote, entre le chien et le loup, cultivant le mystère. Il pouvait se montrer docile et fidèle, et vous mordre à mort à la moindre blessure, solitaire mais solidaire.

Loin des siens mais avec les siens, il aimait composer des morceaux, cherchant constamment la perfection, dans les moindres détails. Il s'épuisait donc un même morceau sans jamais le finir vraiment, sans partager son oeuvre, et du fait, se faire connaitre. Il se disait solitaire mais au fond de lui même, il savait qu'il n'était pas seul. Il y avait toujours sa conscience pour le hanter, entre ses faux pas et ses petites perversités. Il voulait être parfait mais il ne l'était pas. Il refusait d'être cela comme vrai, luttant contre ça conscience qu'il appelait "le diable".

C'était ce qui lui permettait à la fois de chercher la perfection en comblant ces tares et qui l'empêchait d'avancer. Quand plus rien ne vient, quand plus rien n'en émane, et surtout, plus rien de bon, la lutte contre lui même devient vaine.

http://www.youtube.com/watch?v=PCXRLrZpX-4

D'égal à égal avec "le diable, avec sa conscience, ils se paralysaient mutuellement. Il n'avait donc pas gagner pour autant. Là où sa conscience est infaillible, lui peut se lasser, être fatigué de la lutte perpétuelle et la moindre défaillance peut lui être fatal mais la lutte ne pouvait plus rien lui procurer alors il décida de lui céder.

Auparavant, il pouvait composer avec, c'était l'âme de ses oeuvres. Le diable pouvait se montrer ami comme ennemi et quoi qu'il en était, il le hantait continuellement, comme un "putain d'ami". A force de lutter contre lui, contre lui même, il devint son propre ennemi ; puis lui céda à force de combats la place.

Hier Cohen léchait ; demain, il mordra.
Cohen
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21/07/2012
Posté le 04/09/2012 à 08:38:38 

Cohen avait appris la nouvelle le décès de Dudu. Funeste période pour lui. Alors l'âme en peine, il traina des pieds pour rentrer chez lui.

Rentré, il s'avachit dans son sofa, ruminant ses pensées, ruminant ses souvenirs qu'il avait de Dudu. C'était une bonne personne, elle irradiait de bonne humeur toutes les personnes qu'elle croisait. Elle savait se défendre aussi, ce n'était pas une sainte nitouche. Elle avait vécu bien des épreuves, mais elle gardait en elle cette brillante force. Un cataclysme lumieux pour toute la pourriture de cette île maudite. Elle était baignée par une lumière jamais vascillante. Mais rien n'est éternel en ce monde. L'étoile n'est plus, elle plonge le ciel dans le noir complet.

L'abus de l'alcool l'enivrait et amplifiait ses sentiments. Il s'enivrait rarement, il aimait ressentir l'âme même de la boisson. Mais, le moral en berne, il avait l'alcool triste. Chez lui, le pathos était l'âme même de sa musique, alors il se mit au piano.

http://www.youtube.com/watch?v=Gi5VTBdKbFM&feature=related

Il jouait, il jouait. Il jouait s'en s'arrêter, avec désespoir et colère.
Il pleurait aussi. Il ne pouvait cesser ses larmes de couler. Il ne prenait même pas la peine de s'arrêter de jouer pour s'essuyer les larmes. Il pleurait, il pleurait son décès, son impuissance face au destin, son manque, leur amitié.

A nouveau, quelqu'un frappait à sa porte, lui demandant poliment en bafouillant de s'arrêter. Cette fois, aucune révolte, aucune balle de tirer, aucune agonie. Et il s'arrêta.

Il s'arrêta, il pleurait. Il pleurait toujours et un sanglot, il coucha ses bras puis sa tête sur les touches, délicatement, les yeux mouillés et rouges, à force pleurer. Il pleurait même les larmes que son corps ne pouvait pleurer, il pleurerait toujours même s'il devait pleurer du sang, il pleurerait même si ses yeux devait lui faire mal, même s'il devait les perdre à force de pleurer ce qu'il ne pouvait pleurer.

Mais, l'alcool aidant, il finit par s'assoupir, à demi couché sur le clavier de son piano.
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21/07/2012
Posté le 07/09/2012 à 13:39:12 

Je pensais que ma folie et mon piano m'emmenerait droit en Enfer, et j'y prenais un main plaisir. Mais c'était avant que le drame ne survienne et que je ne la rencontre. Avant que je ne rencontre Téquila.

Elle m'a soigné, je l'ai épaulé. On a appris à ce connaitre, on apprécie mutuellement la présence de l'autre. On s'aime beaucoup et chacun tient à l'autre. Nous nous sentons mieux ensemble.

C'est un nouveau départ, et un bon chemin que j'emprunte. Je suis content d'en être arrivé là, malgré le fait que l'élément déclencheur soit un drame. Mais je serai sur que de là haut, Dudu nous regarde d'un bon oeil, d'un oeil protecteur.

Je me sens plein. Plein de plénitude et j'aime ce sentiment qui me donne l'impression d'être plus fort que tout, d'être invincible.

Peut être que cela s'appelle l'amour, je ne sais pas, je ne saurais le dire, je ne l'ai jamais éprouver. En tout cas, nous sommes complémentaires.
Sander Cohen
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21/07/2012
Posté le 28/09/2012 à 17:06:18 

Nous nous sommes quitter, j'ai effectué quelques taches qu'il me restait à accomplir en France. Etant autorisé officieusement mais pas officiellement, j'ai préféré me cacher.
Me cacher dans la chambre des musiciens. Je n'ai pas résisté à l'appel du piano.

J'allais effleurer le clavier, j'en crevais d'envie, comme un drogué sevré qui essaierait à tout prix de taire l'appel de ce qui l'avait condamné avant sa rédemption.

Quelques centimètres, quelques millimètres ... Comme si mon âme accumulée dans mon doigt était électrisée, aimantée, attirée par le piano. Je savais que c'était la tentation du malin, mais une douce tentation avant l'horreur, avant la rechute, et à nouveau la déchéance. Dans "déchéance", il y a "déchet". Je me laissais charier par le courant du fleuve qu'était l'attrait de ma main sur le clavier.

Bien plus que l'envie de jouer, c'était la folie musicale qui me guettait. C'est ce qui surgit en un éclait alors que j'allais effleurer une touche.

Puis je me ravisai. Non. Il ne fallait pas que je gâche tout. Et puis je reçus une lettre de celle qui avait aussi été ma salvatrice. Elle n'allait pas très bien, mais notre correspondance nous réchauffait le coeur. Alors je lui répondis et m'assoupis sur la chaise devant le bureau avant de repartir le lendemain.

J'avais eu une seconde chance, il ne me fallait pas la gâcher. Ne pas la gâcher ou me maitriser.

C'était ma malédiction, comme tout artiste maudit.
Sander Cohen
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21/07/2012
Posté le 02/10/2012 à 07:53:19 

Plus tard, dans la caverne du lac.

Je reçus à nouveau une de ses lettres. Elle allait partir. Elle me disait qu'elle allait revenir, et ce n'est pas que je ne la croyais pas, c'était plutôt que je ne savais pas si elle reviendrait dans les temps. Elle m'avait soigné,  je résistait à la folie grâce à elle mais je n'étais pas sur de moi.

Est ce que j'irai toujours aussi bien quand elle sera partie ? Est ce que je ne vais pas sombrer à nouveau dans cette folie une fois partie ?

Les bruits de l'extérieur, des bêtes et des aventuriers sauvages, de ceux qui comme moi sont présents dans cette caverne résonnaient jusqu'à mes oreilles comme si c'était ma folie que j'avais réussi à éloigner qui me parlait. Il s'agissait en réalité de ma peur de sombrer à nouveau.

Cette nuit
Intenable insomnie
La folie me guette
Je suis ce que je fuis


Non, je ne suis plus fou, elle m'a guéri ! C'est pour cela que j'ai besoin d'elle !

Je subis
Cette cacophonie
Qui me scie la tête
Assommante harmonie


Je ne pouvais que l'attendre chantonner, elle est plaisante, elle est attirante, elle est incessante.

Elle me dit
Tu paieras tes délits
Quoi qu’il advienne
On traîne ses chaînes
Ses peines

Va t elle guetter le moindre répis que je puisse avoir pour me sauter au cou ? Est ce que je ne peux tout simplement pas l'éradiquer ? Devrais-je la supporter tout le temps en essayant de la cacher, de la refouler dans mon inconscient ?

Je voue mes nuits
A l’assasymphonie
Aux requiems
Tuant par dépit
Ce que je sème


C'est bien vrai. Elle ravage tout ce je que je fais, et souvent, le ton donné est bien triste.

Je voue mes nuits
A l’assasymphonie
Et aux blasphèmes
J’avoue je maudis
Tous ceux qui s’aiment


Non, mon sentiment envers Téquila est ambigu mais elle a quelqu'un qu'elle aime, et ils s'aiment, je ne peux juste pas intervenir dans leur couple, c'est une amie.

L’ennemi
Tapi dans mon esprit
Fête mes défaites
Sans répit me défie


La folie ne me lâche jamais. Pire encore, elle se fait joyeusement grinçante quand je baisse les bras.

Je renie
La fatale hérésie
Qui ronge mon être
Je veux renaître
Renaître


Je veux juste m'en sortir, l'oublier, l'anéantir et devenir un bon pianiste, un pianiste connu et reconnu.

Pleurent les violons de ma vie
La violence de mes envies
Siphonnée symphonie


Je n'ai que des regrets ou presque à cause de cette fichue folie.

Déconcertant concerto
Je joue sans toucher le beau
Mon talent sonne faux


Cette folie m'a beaucoup touché musicalement mais jamais mes morceaux n'ont été connus ni même appréciés alors à quoi bon ?

Je noie mon ennui
Dans la mélomanie
Je tue mes phobies
Dans la désharmonie


La musique est mon seul échappatoire, donc la folie en profite et désaccorde tous mes morceaux.



Je viens de réaliser. Je relève la tête, et veux à tout prix m'échapper de cette caverne, je dois aller dire quelque chose à Téquila. Mais le chemin fut long et semé d'embuche, je ne pus lui écrire qu'une fois sorti de cette grotte. Ici le campement sera parfait.

Désormais j'accepte son départ.
Sander Cohen
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21/07/2012
Posté le 02/10/2012 à 08:02:52 

Son départ sera pour moi une façon de vaincre de moi même ma folie, pour lui prouver qu'elle a été une bonne amie. Ma folie me ravage, elle me détruit et pour quelle raison ? Aucune, juste par plaisir et gratuité. Pour quoi faire ? Rien, justement. Elle n'a rien à m'apporter.

Rien tant que je n'aurais pas les deux pieds encrés dans le sol pour lui faire face. Le frisson que la folie procure est indescriptible. Il est même plutôt bénéfique musicalement tant qu'elle est modérée. Elle décuple l'originalité et la sensibilité, elle vous transporte loin de là un homme. Mais si cette homme n'est pas rattaché à la vie, ou à la terre, il chutera indubitablement, et ce, de très haut de préférence, parce que la folie reprend toujours ce qu'elle a donné, le plus violemment possible.

Si elle doit rester au fond de moi même autant faire la paix avec elle, et cohabiter sainement. Mais c'est que cette petite a de la suite dans les idées, elle entraine et on ne lui résiste que peu.

Si Téquila part, je me prouverais que je suis fort, j'en ai besoin, mais je lui prouverais qu'elle fait des miracles. Son aura m'a totalement soigné.
Quand elle reviendra, je l'accueillerais musicalement avec triomphe.

De toute façon, l'un pensera à l'autre, nous nous sommes échangés anneaux et courriers. Loin des yeux mais proche du coeur.

Je me sens à nouveau invincible. Le soleil se lève à peine, je suis déjà à New Kingston en train de l'attendre en jouant.
Cohen
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21/07/2012
Posté le 31/10/2012 à 21:44:32 

Beaucoup de choses s'étaient passées.

Je ne cragnais plus ma folie. Elle avait même du s'étomper quand je n'y prêtais plus attention. Je vivotais, ici et ailleurs.
Je m'étais éloignée de Téquila pour un temps également, mais je brûlais de la revoir.


Lors d'un de mes passages à Port Louis, je m'étais levé tôt pour profiter de la matinée. Profitant du soleil, je pris mon petit déjeuner dehors, en terrasse puis me dirigeai en direction du marché qui commençait à se monter.
Je vis un petit chaton noir déambuler paisiblement entre deux étals, ce qui me décrocha un petit sourire.
Puis je me mis à rire quand je vis qu'il se rua sur un poisson du poissonnier. Comme si de rien n'était puis il s'éclipsa en vitesse. Malheureusement, un autre marchand le rattrapa par la peau de dos et le sermona. Il se débattait comme un furieux, il devait être sauvage.

Le marchand fut contraint de le lacher mais tout le monde le chassait à coup de pied. Le boucher a même lancé son énorme couteau. Remonté, je marchai d'un pas décidé vers le poissonnier, claquai ma bourse sur son étal dans un regard furieux, attrapai le poisson à moitié croqué et je rejoignis la direction du chat.

Au bout de longues minutes à l'attendre, il pointa enfin le bout de son museau, toujours méfiant. J'avais déposé le poisson à quelques metres de moi, il faisait toujours le dos rond. Mon regard respirait la tranquilité, la sérénité pour ne pas l'effaroucher. Encore quelques instants après, à force de petits pas mais de grands regards, il atteignait enfin son repas.

Il le dévora goulument en ronronnant. Amusé je m'accroupis, il recula sauvagement avant de fondre sur ma main que j'eus le temps de fermer en un poing bien serré. Le petit animal sauvage me mordait de toutes ses forces et moi, désolé, je le regardais avec pitié, déçu que la civilisation ait rendu un si mignon petit chat aussi sauvage.
Le sang coulait en filet sur ma main, nous nous croisions toujours du regard. Petit à petit, il comprit que je ne lui voulais pas de mal alors ses yeux commencèrent à se mouiller et il fuit en miaulant tristement comme un enfant qui sait qu'il a mal fait.

Résigné, je décidai de partir. Je l'avais vu du coin de l'oeil qui m'épiait mais je continuais mon chemin jusqu'aux portes de la ville. Il me suivait toujours. Au dernier moment, je me retournai et lui présentai ma main, c'était le moment où jamais. Il accourut vers moi et je pus enfin le caresser. Il ronronnait.

Entre reclus, nous nous étions adoptés. Alors autant faire route ensemble.


Peu à peu, il s'habituait à sa nouvelle vie, il vit que les hommes n'étaient pas forcément comme ceux qu'il avait rencontré. Il s'habitua même vite à son prénom : Nébule.
Cendre "Big Lava" Cohen
Cendre "Big Lava" Cohen
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21/07/2012
Posté le 15/12/2012 à 19:27:30 

Je pensais que le piano m'emmenerait dans les méandres de la folie, puis en Enfer. En réalité, il m'avait libéré. Je pensais qu'il pouvait me porter jusqu'aux plus hauts sommets du Paradis mais j'ai enfin compris où jouait aller m'emmener ... Je jouais pour acquérir ma liberté, jouer me réveillait.

Qu'est ce que la liberté ? Faire ce que nous voulons faire ? Non, car nous empièterions sur la liberté des autres. Est la liberté politique ? Non ... Car quelqu'un décide pour nous même. Est ce l'argent ? Nous nous libérons des tâches quotidiennes, en cela nous acquérons de la liberté mais nous nous plions à moindre mesure aux lois. Non, la vraie liberté réside dans les arts, dans l'artistique. Les petites gens sont prisonniers de beaucoup de choses, ils ne peuvent pas se libérer seuls, et n'ont surtout que tro peu accès aux arts ... Ils en sont même parfois réticents, ne comprennent pas l'essence profonde d'une oeuvre ...

Depuis mon départ de la colonie française et mon sacrifice, j'ai pu prendre du recul sur les choses. Paradoxalement, la perte de mon oeil m'a offert une autre vision de la réalité, m'a apporté beaucoup plus de profondeur.

Rien de physique. Au contraire. Des yeux normaux ne peuvent pas voir ces chaines qui nous étreignent, qui nous emprisonnent. Nous sommes pieds et poings liés, jusqu'au cou, jusqu'à la tête même ! On nous dit quoi penser, quoi faire, quoi dire. De pauvres marionnettes. Et si on se rebelle, on est puni, on nous ressert l'étreinte.
Alors il faut se soulever en finesse, élever son âme aux sphères supérieures à celles qui hantent le monde. Et pour cela, il faut de l'argent et s'intéresser aux arts, la salvation suprême en serait même de pratiquer.

Qui peut réellement comprendre si ce n'est que l'artiste lui même. L'art en lui même ne suffit pas si l'on regarde pas la société avec les yeux qu'on acquiert. Regardez ces pauvres bourgeois, coincés dans leurs bons gros fauteils en cuir, étouffant de leur opulence, se délectant à outrance de la pureté et de la vertu du classicisme, de l'excès du baroque et du rococo. Ridicule. Ils suivent ce qu'on leur dit d'aimer, bêtement. On a peur de la peur la mort, même en musique ou en peinture. On a peur de la déraison et de l'inconnu. On fixe des codes pour nous étrangler, pour notre soit disant bienséance. Par là, on coupe court à notre liberté.

Pour être libre, il ne faut oublier et casser ses codes. Il faut élever son âme, la sonder et tout transparaitre ! N'avoir peur de rien, aller au delà parce que cela n'est que foutaise et en expérimentant, nous pourrons tout romantiser. Et enfin, le beau, les sentiments et les rêves triompheront dans ce monde brisé de toutes ses illusions.
Sander Cohen
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Posté le 21/12/2012 à 18:08:52 

Je revenais donc à mes classiques. Parce qu'après tout, je vivais de ça. Du sexe, de la drogue et de la musique. La folie en moins.

Il n'y avait rien de pervers. Je vivais la vie d'une noble. Un noble bohême. Aucun lendemain si ce n'est que la recherche de la renommée. Cela satisfaisait mes envies et ma muse s'évertuait. D'ailleurs, rentré à New Kingston, j'avais envie de jouer du piano, d'innover. Je partis donc pour l'étage du pub.

Je me payai donc Leslie, mais je n'étais pas dans mon assiette. J'avais envie, sans plus. Mais elle, elle était chaude comme la braise. Elle me tira par la main pour entrer dans la chambre, puis la glissa sous ma chemise pour me l'arracher. De l'autre, elle me saisit celle qui me restait et me l'enfouit sous sa jupe, dans sa culotte. Elle était trempée. Elle voulait me montrer qu'elle était heureuse de me revoir. Elle donna alors tout ce qu'elle avait, et bon dieu que quiconque aurait été heureux. Moi je lui fis l'amour machinalement, en fumant une cigarette. Le cafard me hantait.

Enfin, c'était chose faite et l'envie de composer me quitta. Je gagnai mon lit pour m'y tourner et retourner, ne trouvant pas le sommeil.


Comme si ma raison me dégoutait de mes anciens plaisirs ...
Sander Cohen
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Posté le 21/12/2012 à 18:30:30 

Bref, j'accommodais ma nouvelle vie et mon ancienne.  Le plaisir avait remplacé la folie.

Alors je ne serai qu'un pianiste maudit à la dérive, défendant la Couronne Anglaise en sa colonie lybertienne de New Kingston.

Enfin, je touchais le prestige des doigts. C'était commun pour un Libertien, mais ma vie prenait un sens. Parce qu'après tout, Liberty portait bien son nom. Elle m'offrait la liberté. La liberté réside dans la pratique des arts, mais surtout du plaisir non bridé par la folie. Un juste milieu. On pourrait penser que c'est contraignant mais bien au contraire ... La raison et la déraison.
Sander Cohen
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Posté le 26/12/2012 à 14:08:08 

"I tore the muscle from your chest
And used it to stub out cigarettes
I listened to your screams of pleasure"


A nouveau au BBP, je montai à l'étage en saluant Keeny machinalement et enfin je vis la mère maquerelle et une tête connue, une tête visiblement heureuse de me revoir. Et puis au fur et à mesure que je montais les marches son corps se dévoilait. Ce corps que je connaissais dans toute son intimité.

- Comme d'habitude Monsieur ?
- Oui. Leslie, j'ai juste envie de me délasser, j'ai besoin de réfléchir.

Elle prenait déjà ma main dans les sienne, moites d'un désir ardent qui voulait en dire long, pour me trainer dans la chambre. J'y retrouvais le vin rouge français et l'opium.
J'avais à peine trempé mes lèvres et mon nez qu'elle s'était dénudée, alors je baissai mon pantalon et mon sous-vêtement et je m'assis sur le sofa.
Elle approcha ses lèvres pulpeuses de ma verge et entama son travail. Je m'allumai une cigarette et basculai la tête en arrière, soupirant machinalement de plaisir.

Quelques minutes plus tard, dans un orgasme silencieux, je laissai tomber ce qui restait de ma cigarette et roula sur sa peau en l'effleurant. J'avais entendu son brève orgasme, nous nous regardions placidement, puis, gêné, je me rhabillai. Elle vint s'asseoir sur mes cuisses et se blotir sur ma poitrine.


Cette fille était formidable. Je la prenais pour quelqu'un qui ne me servait qu'à me réconforter. C'était mon coeur, mon déversoire à cafard, mon cendrier. Elle me tirait des pensées qui me glaçait la raison. J'étais son spleen, elle était mon idéal. Mais je lui étais surtout redevable, elle m'aimait vraiment et moi me délaissais grâce à elle. Même si elle me faisait de l'effet.

Alors je l'embrassai et nous fîmes l'amour sauvagement. Ce moment de plénitude me paraissait un siècle concentré en quelques instants ...
Sander Cohen
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Posté le 28/02/2013 à 08:47:05 

Aujourd'hui, au seuil de la fin de ma vie, je savais.

Le piano ne me menait pas en Enfer, mais il m'avait ouvert les portes de l'amour et fermé celles de la solitude.
C'est l'amour qui m'a conduit en Enfer.

J'ai toujours cillé entre les deux, aujourd'hui je tombe, et je tombe en Enfer. Peut être y aura t il un piano là bas ...

Un démon m'attend, il ne me reste plus qu'à lui ouvrir grand les bras. S'il m'accompagne, c'est que je ne suis pas seul, donc il y a surement un piano là bas ... Je l'attendrais patiemment.



FIN
Téquila Rojaz Martinez y Féliz de la Luz
Téquila Rojaz Martinez y Féliz de la Luz
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Posté le 28/02/2013 à 13:40:46 

Le piano...cette mélodie qu'il m'avait joué il y a si longtemps pour me remonter le moral.
Elle retentissait dans les rues de New Kingston, et je commençais à fouiller partout pour savoir d'où elle venait.

Elle m'avait réveillée, mais maintenant, je ne l'entendais plus.
Juste cet air obsédant qui refusait de s'estomper. Il était là, un ostinato horrible, qui me tordait le coeur, et m'horrifiait, sans que j'arrive à savoir pourquoi.

Sander. Je devais le retrouver.
Je commencais à courir. Rien chez Basile...

Rien à l'auberge...


J'hurlais à travers la ville
 

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