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Les Yeux de la hollandaise  
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Mad Wiggins
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24/06/2006
Posté le 20/12/2006 à 10:24:36 

-COUPABLE! La voix rauque du juge résonna dans le tribunal tandis que son marteau s’écrasait sur sa chaire. Les yeux de chaque membre de l’assistance étaient rivés sur l’homme assis sur le banc des accusés. Ce dernier, menotté et la tête baissée, écoutait le jugement porté contre lui le regard vide. Un silence de mort régnait dans la pièce. Le juge reprit de sa voix grave et neutre. -Le tribunal de sa majesté royale de Hollande déclare le sieur Wiggins Ellison O’Malley coupable des crimes retenus contre lui : trouble de l’ordre public, destruction et vol de biens publics, meurtre de Lars Hermfeld et atteinte à l’honneur et à la vertu de lady Tylde Van Hääken… -O’Malley ! grinça l’accusé tout bas pour lui-même. Le magistrat tourna son visage stoïque vers le criminel. -Un mot à rajouter, O’Malley ? L’anglais se renferma dans un silence circonspect, et le juge reprit son laïus en rajustant ses lunettes. -Pour tous ces crimes, la justice hollandaise condamne le défendeur à la peine capitale. Il sera mis à mort par pendaison dans cinq jours. Un frémissement parcourut la salle. Des murmures d’approbation, de satisfaction et de soulagement emplirent l’assemblée. Des gardes s’emparèrent du condamné et l’escortèrent à travers l’allée qui coupait le tribunal en deux. Wiggins n’eut le temps que de croiser un regard éploré, les yeux envoûtants, les yeux enivrants, les yeux ravissants d’une femme, avant de disparaître derrière l’imposante porte du tribunal. Cette femme, c’était celle pour qui son cœur battait, celle pour laquelle il vivait… celle pour laquelle il allait mourir. Tylde Van Hääken. Ou plutôt… Tylde O’Malley. La porte claqua sèchement derrière le condamné à mort. Un silence de mort retomba dans la salle. [Petite illustration de Tylde : http://img142.imageshack.us/img142/9304/chapitre1mp0.jpg ]
Tylde la douce
Tylde la douce
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20/09/2006
Posté le 21/12/2006 à 00:23:02 

Quelques jours plus tôt, au château Van Hääken, une scène dramatique et lourde de conséquences prenait place. Le comte Ulbrecht Van Hääken faisait nerveusement les cents pas à travers son cabinet, marchant de long en large, contournant son bureau, s’asseyant, se relevant et jetant de temps à autres un regard furibond à son invité, assis sur une chaise. Il se rassit enfin derrière son bureau et réussit à prononcer quelques mots d’une voix froide de haine contenue, auscultant son interlocuteur avec un regard de glace. -O’Malley… Je ne le répèterai qu’une seule fois. Oubliez ma fille, oubliez ces galanteries insensées et retournez en Angleterre. Estimez-vous heureux que je ne vous fasse pas enfermer séance tenante pour avoir craché sur le nom de ma famille. Tylde est jeune, elle apprendra avec le temps que ces batifolages stériles ne mènent à rien. Wiggins fit la moue. Il avait du mal à accepter que l’on qualifie son amour de « galanterie », de « batifolage » et de « crachat ». Il ravala cependant son égo et croisa les jambes, contenant également la colère qui montait en lui. Après quelques secondes de tension palpable et une profonde inspiration, l’anglais se risqua à prendre la parole. -Lord Van Hääken… Nous en avons parlé maintes fois, et vous savez aussi bien que moi que c’est impossible. Tylde et moi sommes passés devant l’homme d’église il y a deux semaines, nous sommes légalement mar… Le comte frappa du poing sur son bureau avec une violence enragée. -Tylde, commença-t-il en haletant de rage, n’est mariée à personne ! Elle est promise à sir Lars Hermfeld, et lui appartiendra ! Les deux hommes se regardèrent dans les yeux pendant ce qui semblait être une éternité. Wiggins, les lèvres pincées, se releva le premier et se dirigea vers la porte sans un mot, sous les imprécations du père de sa promise. -Vous n’êtes rien O’Malley ! Rien ! Un mot de moi et vous serez fusillé à la première heure du jour. C’est mon dernier avertissement. Laissez ma fille en paix, ou vous le regretterez le reste de votre courte et misérable vie [ http://img213.imageshack.us/img213/6471/chapitre2dt9.jpg ]
Mad Wiggins
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24/06/2006
Posté le 21/12/2006 à 11:58:30 

L’anglais quitta la pièce en claquant la porte, ruminant des idées sombres. Il parcourut les couloirs richement décorés de la demeure Van Hääken, des idées traversant son esprit à toute vitesse. Des plans pour enlever la princesse Van Hääken, des réflexions sur l’improbabilité qu’une si délicate déesse ait pu être engendrée par un tel fat imbu de lui-même. Il quitta la résidence somptueuse, plongé dans ses pensées, et parcourut les ruelles de Rotterdam jusqu’à la tombée de la nuit. Un son festif et lointain le sortit de sa rêverie, provenant certainement d’une taverne un peu plus loin. Avec la tombée de la nuit, une nouvelle vie semblait s’emparer de la ville. Les buveurs, fêtards, crapules et malandrins de la pire espèce sortaient de l’ombre et s’adonnaient à leurs sombres besognes à visage découvert. Wiggins poussa un soupir agacé et se dirigea vers l’échoppe. Il avait besoin d’un remontant et de se changer les idées. Un groupe de musiciens jouait des airs traditionnels à un rythme endiablé sur une scène vétuste, l’ambiance était joyeuse et colorée. L’alcool coulait à flot, un nuage de fumée épais flottait à mi-hauteur du plafond et quelques dames à la vertu négociable offraient de manière plus ou moins détournée leurs faveurs à qui voulait bien leur tendre l’oreille. Wiggins demanda une bouteille de rhum et un verre et s’assit à une table dans un coin tranquille. Il contempla la bouteille quelques instants avant de la déboucher et de se servir un verre, retombant malgré lui dans ses rêveries néfastes. Si seulement il avait été riche, si seulement il avait eu du sang noble, toute cette rancœur et cette haine à son égard n’auraient jamais été. Quelle ironie. Il avait méprisé la noblesse pendant tant d’années, les considérant comme de vulgaires pantins engoncés – ou plutôt emprisonnés - dans les cages de soie délicates qu’étaient leurs habits, leurs demeures, leurs devoirs, leur fierté. Et voila qu’il s’était épris d’une femme issue de ce milieu corrompu. Le voila même qui se mettait à souhaiter être l’un des leurs… Il but son verre d’un trait. Il était prêt à abandonner toute sa liberté pour elle, ses rêves de voyage et d’exploration, sa passion pour l’aventure et le danger, il avait tout mis à ses pieds… Et personne ne daignait même accorder le moindre crédit à leur amour. Une voix de femme, d’une âpreté peu commune interrompit le cours des pensées de Wiggins. -Alors mon garçon, besoin de réconfort ? L’anglais leva des yeux étonnés sur la catin qui venait de s’asseoir à ses cotés, le scrutant avec un regard plein de sens. Il s’agrippa à sa bouteille de rhum et la tira vers lui machinalement, essayant d’ignorer et de se faire oublier de la femme, sans le moindre mot. Voyant qu’il se renfermait dans un mutisme obstiné, la courtisane se fit plus entreprenante. -Allez mon lapin, je suis sûr que tu as envie d’un peu de tendresse… Pour appuyer ses propos elle s’approcha de sa proie avec une grimace aguicheuse, en lui caressant la joue. Wiggins eut un mouvement de recul et ouvrit la bouche pour exprimer le manque de confort intrinsèque que lui inspirait cette situation, mais sa voix n’en sortit pas à temps et fut interrompue par une autre voix, douce grave et d’une suavité déconcertante. -Et bien O’Malley ? Les femmes de bonne famille ne te conviennent pas ? Tu retournes à la fange des bas quartiers dont tu es issu ? [et un piti dessin : http://img138.imageshack.us/img138/1194/dsc01280zw8.jpg ]
Tylde la douce
Tylde la douce
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Posté le 21/12/2006 à 23:08:38 

Wiggins leva les yeux sur le nouvel arrivant et le reconnut aussitôt : Lars Hermfeld. Le duc d’Hermfeld. L’homme auquel le comte Van Hääken avait promis sa fille. L’homme qui se considérait comme le rival de Wiggins O’Malley. Le Wiggins O’Malley sus cité repoussa d’une main la femme qui commençait à devenir envahissante et soupira en regardant le fond de son verre. Sans quitter des yeux sa boisson, qu’il trouvait soudainement d’un intérêt manifeste, il grommela d’une voix un peu triste. -Je vous en prie Hermfeld, ce n’est pas le moment… Le hollandais s’assit en face de l’anglais en le dévisageant gravement. Après avoir commandé une boisson avec la politesse hautaine propre aux gens de son statut, il posa ses yeux sur Wiggins, avec un regard dur et lourd de reproches. Il avait quitté son cynisme et une fureur bridée avec difficulté perçait dans sa voix. -Wiggins… Vous vous êtes mis dans le pétrin. Le comte Van Hääken règne sur Rotterdam, on ne se le met pas sur le dos. Pas si on veut vivre de longs jours. Il posa sa main sur l’épaule de l’anglais et la serra, avec plus de vigueur que nécessaire et reprit son discours en le teintant de philanthropie forcée. -Je commence à vous connaître, et malgré tout ce qui nous sépare, je vous estime. Prenez cet or, et le premier bateau pour l’Angleterre… Il n’y a rien de bon pour vous ici… rien ! Il avait jeté une bourse pleine de pièces d’or sur la table, et son regard sévère contrastait de manière étonnante avec la bienveillance de son discours. Il relâcha son étreinte sur son épaule et poussa la bourse vers lui, sans le quitter des yeux. -Retourne en Angleterre et ne reviens pas… Wiggins prit la bourse et la soupesa. Dans son crâne, l’équivalent intellectuel d’un ouragan se déchainait dans ses idées. Il regarda son rival froidement avec un sourire un peu crispé. -Il y a combien ? demanda l’anglais avec concision. Le hollandais sourit à son tour et croisa ses mains sur la table. -Il y en a pour plus de 150 pièces d’or. Wiggins rangea soigneusement la bourse dans la poche intérieure de sa veste. Ses yeux brillaient d’une nouvelle lueur. Son sourire devint malicieux. Il but une gorgée de son verre et prononça quelques mots tout bas, pour que seul Lars Hermfeld puisse les entendre. -Est-ce à ce prix là que vous estimez mon amour pour Tylde ? Sa voix se fit plus grave, il se pencha en avant vers le hollandais avant de reprendre. -Ou bien est-ce à ce prix là que vous comptez la racheter ? [on ne change pas les mauvaises habitudes : http://img295.imageshack.us/img295/5922/chapitre4sl2.jpg]
Téquila
Téquila
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20/10/2005
Posté le 21/12/2006 à 23:33:14 

(Vite, la suite, je suis fan ;o)
Mad Wiggins
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24/06/2006
Posté le 22/12/2006 à 10:21:29 

La réaction du hollandais ne se fit pas attendre. Son visage passa tout d’abord par tout un panel de couleurs plus ou moins harmonieuses, il bafouilla ensuite quelques paroles frustrées par leur manque d’intelligibilité, et voyant son incapacité à communiquer toute sa colère par des mots sensés, la communiqua en flanquant son poing dans le visage de l’impertinent. Wiggins tomba à la renverse, à moitié surpris, et se cogna le crâne durement sur le sol. Il se releva douloureusement en frottant sa bosse nouvellement acquise juste à temps pour voir le duc fondre sur lui, une dague à la main. Il esquiva le coup d’une roulade maladroite, percutant les jambes de quelques curieux qui s’étaient amassés autour pour assister à ce qui semblait être un bon changement de la routine écrasante des tavernes. Ce groupe de curieux s’agrandit d’ailleurs rapidement. Les musiciens s’arrêtèrent de jouer, essayant de voir également d’où venait ce tumulte. Wiggins se releva sans quitter son turbulent adversaire des yeux. -Ecoutez Lars… Je conçois parfaitement que vous soyez ivre de fureur… Il sauta de coté pour éviter un coup de dague qui fendit la foule amassée autour des combattants. -Loin de moi l’idée de vous porter préjudice ou de vous…. Ow ! Il se baissa, laissant le poing du hollandais s’écraser sur le nez d’un des curieux. -Croyez bien que je voudrais trouver un compromis, une solution qui nous arrangerait tous les deux sans porter le moindre ombrage à cette amitié qui m’est si chère. Lars se jeta sur l’anglais, qui l’évita avec une agilité éthérée. La foule le rejeta au milieu du cercle en hurlant le genre de chose qu’hurle une foule avide de spectacle sanglant dans ce genre de situation. -Plante-le ! -Du sang ! -Loupe le pas cette fois-ci ! Se sentant étrangement peu soutenu par le public, Wiggins continua sa tirade, qui se voulait vainement apaisante. -Vous savez, Lars, finalement il n’y a pas à vous énerver comme ça… c’est bien peu de choses… après tout je n’ai rien fait moi ! Tylde a fait son choix toute seule, et bien que je concède que ce choix m’arrange de bien des manières, je ne vous cache pas que… Le hollandais sauta sur l’anglais, le renversant sur la table. Les pieds de la table se brisèrent sous le poids des deux lutteurs, qui s’écrasèrent lourdement au sol. Wiggins en eut le souffle coupé. Il n’eut cependant pas le temps de se soucier de ses difficultés respiratoires puisque le hollandais accaparait toute son attention en martelant son visage de ses poings. Se sentant perdre le contrôle de la situation, Wiggins donna instinctivement un coup de genou à Lars, en un point qui lui était particulièrement cher en raison des espoirs d’interaction avec Tylde qu’il avait nourris Il se roula de douleur tandis que l’anglais se relevait en époussetant son habit déjà miteux de base. Wiggins se tourna vers les autres clients de la taverne. -Mesdames, messieurs et… et tous les autres… je vous prie de ne pas envenimer la situation et de simplement ignorer ce petit échange d’idées duquel vous êtes témoins. Nous allons régler cette situation entre gentlemen. Vous pouvez retourner à vos diverses activités aussi douteuses soient-elles. Je vous remercie de votre at… -ATTENTION ! l’interrompit en criant un vieillard complètement ivre. Wiggins n’eut pas le temps de se retourner. Le duc d’Hermfeld lui attrapa la jambe et le fit trébucher. La foule hurla. Les musiciens se lancèrent dans une gigue endiablée. Les deux combattants se roulaient par terre, frappant, mordant, blessant, criant. Le combat fut acharné, chacun des adversaires usant de ses poings et de ses pieds avec violence pour prendre le dessus et maîtriser l’autre. Mais il fut tout aussi bref que farouche, et s’arrêta subitement, ainsi que les cris de la foule et le son joyeux des instruments. Un claquement sec résonna dans la pièce, et tous grincèrent des dents à ce son. C’était le bruit qu’avait fait la nuque du duc Lars Hermfeld en se brisant. [Et le piti dessin qui va avec... bouh qu'il fait peur : http://img95.imageshack.us/img95/7789/chapitre5qd0.jpg ]
Tylde la douce
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Posté le 22/12/2006 à 23:59:25 

Wiggins se releva doucement, se massant l’épaule. Il s’étira avec râle plaintif et posa les yeux sur le corps inerte du duc de Hermfeld à ses pieds. -Lars, commença-t-il, c’est vous qui l’avez cherché… je… je suis désolé… Sans un mot de plus, le visage plus pâle que celui de l’homme qu’il venait de tuer, l’anglais s’avança de quelques pas incertains, une nausée insoutenable lui remuant les entrailles. Les clients de la taverne s’écartèrent à son passage, le laissant quitter les lieux de sa démarche titubante. Il s’effondra dans une ruelle quelques instants plus tard, sombrant dans un sommeil sans rêves. Le lendemain, la garde le trouva affalé dans une flaque boueuse. On le mit aussitôt aux fers, et quelques jours plus tard, il passait devant un tribunal dont l’issue avait été décidée par avance… Et le voila qui subissait les conséquences d’un amour un peu trop hardi. Il croupissait au fond d’une cellule. Il ne lui restait plus que quelques jours à vivre. Il n’avait pas peur, il était simplement profondément triste, son esprit revenait sans cesse à Tylde, la charmante Tylde, la délicieuse Tylde. Son visage était la dernière chose qu’il lui restait, au fond de ce trou, et serait la dernière qu’il aurait à l’esprit quand il pendrait au bout d’une corde. Il souhaitait de tout son cœur qu’elle n’assiste pas à la pendaison, qu’elle ne le voie pas dans cet état lamentable… qu’il ne verrait pas la tristesse dans ses yeux. Ses yeux… C’étaient ses yeux qui avaient tout déclanché, ce jour où leurs regards s’étaient croisés… [^^: http://img176.imageshack.us/img176/8918/arrestationru1.jpg ]
Mad Wiggins
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Posté le 23/12/2006 à 10:44:17 

Wiggins venait d’arriver à Rotterdam. Le cœur léger, il se promenait joyeusement dans les ruelles de la cité, en quête d’aventures, d’argent et de femmes… A vrai dire, il était plutôt en exil. Il avait eu en Angleterre quelques démêlés fâcheux avec les autorités en place, et trouva sage de se faire oublier quelques temps, et pourquoi pas de renouveler la chose avec les autorités d’un autre pays. Il choisit la Hollande, parce que l’empire Hollandais était prospère et ses femmes réputées pour leur beauté. N’étant présent que depuis quelques jours, il gagnait son pain en faisant des petits travaux divers, aussi ingrats que mal payés, et en était amené, non sans plaisir, à arrondir ses fins de mois par de petits larcins. Et en ce jour béni du 19 septembre 16.. , Wiggins fit (ou du moins tenta) un vol qui changerait sa vie à jamais. C’était une journée nuageuse, comme tant d’autres à Rotterdam, aucun oiseau ne sifflotait gaiement, les arbres ne bourgeonnaient pas de mille fleurs et de manière générale, personne n’aurait pu croire que c’était une journée propice à un évènement romantique quelconque. Ce qui prouve une fois de plus qu’il ne faut pas se fier aux apparences. L’anglais avait faim en cette fin d’après-midi. Il n’avait pas mangé depuis la veille et n’avait pas en poche même de quoi se payer un quignon de pain. Après une réflexion de courte durée et un débat intérieur pour se donner l’apparence d’avoir mauvaise conscience, il décida de faire les poches d’un passant pour trouver de quoi se sustenter. Il trouva rapidement sa victime : un peu plus loin, dans la rue qu’il arpentait deux femmes richement vêtues se promenaient dans sa direction bras dessus bras dessous avec une candeur qui aurait laissé Wiggins hilare s’il n’avait voulu rester discret. Il serait facile de glisser sa main délicatement dans le sac de la plus jeune - qu’elle avait imprudemment laissé entrouvert à son bras - pour en extraire quelque bien. Se concentrant pour avoir l’air d’un passant inoffensif, il s’approcha des femmes et c’est là que l’évènement le plus déconcertant de sa vie arriva. Son regard croisa celui de sa proie. Ce fait en apparence tellement anodin le troubla tant que son cœur en oublia de battre. Il resta paralysé, pendant un temps qu’il n’aurait pu estimer, les yeux plongés dans les siens. Rien d’autre n’existait. Il n’y avait qu’elle. Elle et ses yeux. Des questions sans réponse affluèrent dans son esprit. Qui était-elle ? Quel était son nom ? D’où venait-elle ? La reverrait-il un jour ? Pourrait-il la connaitre ? Elle avait du voir son trouble car elle lui sourit avec bonté et ses joues rosirent légèrement. Il lui rendit un sourire maladroit, paralysé, les jambes tremblantes, ayant peur de ne pas tenir debout s’il essayait de marcher. Elle passa à coté de lui, sans le quitter des yeux, et machinalement il essaya de mettre sa main dans son sac. Cette dernière n’atteignit jamais son sac. Il ne put qu’effleurer son bras, un frisson agréable lui parcourut le dos, puis en un clin d’œil, elle était partie… [tougoudoum : http://img98.imageshack.us/img98/2358/chapitre7fw9.jpg ]
Tylde la douce
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Posté le 24/12/2006 à 01:34:58 

Cette nuit là il ne dormit pas. Ses pensées toutes entières étaient fixées sur cette rencontre envoutante et mystérieuse. Il se résolut à la retrouver, il ne pourrait vivre avec le regret de ne pas avoir essayé de connaitre cette femme qui le hantait. Il n’eut d’ailleurs aucun mal à trouver qui elle était. Cette jeune femme qui l’obsédait n’était autre que Tylde Van Hääken, la fille d’un des hommes les plus puissants de la ville. Au fil de ses recherches, il comprit que cette dame n’était pas pour lui. Fille d’un haut dignitaire, issue d’une des familles les plus respectables de Hollande, promise au duc d’Hermfeld, avec un avenir qui avait certainement été déjà tout tracé pour elle, il était déjà étonnant qu’elle ait daigné poser les yeux sur un vaurien comme lui. Les jours suivants, il essaya de l’oublier, d’oublier son trouble en se noyant dans un travail acharné, en tant que coursier, cuisinier, manutentionnaire, ouvrier… tout travail qui lui passait sous la main, il le prenait et s’y appliquait de toutes ses forces… mais dés qu’il avait un instant de répit, son esprit s’égarait et il en revenait sans cesse à cette troublante rencontre. Il essaya de s’oublier, de l’oublier dans le travail, l’alcool, les galanteries, la lecture, la pêche, le vol… rien n’y faisait. Rien ne la sortait de ses pensées. Or, au beau milieu d’une nuit sans lune, durant laquelle Wiggins se sentait particulièrement seul, on frappa trois coups à la porte de la cabane délabrée qu’il appelait avec emphase sa chambre. Il ouvrit la porte sur un petit homme trapu et nerveux, aux yeux fuyants. -O’Malley ? Wiggins O’Malley ? s’enquit-t-il en scrutant la salle dédaigneusement. -Que voulez vous ? demanda Wiggins un peu sèchement. L’homme tendit une lettre cachetée à l’anglais. -Un pli, de la part de lady Tylde Van Hääken. L’anglais prit avec hésitation la lettre qui lui était tendue. L’étranger renifla avec un air de dégout, méprisa une nouvelle fois la pièce de son regard et se retourna disparaître dans les ténèbres, laissant Wiggins à nouveau seul, avec cette lettre. Il s’assit sur la paillasse qui lui servait de lit et contempla la lettre, la retournant, étudiant le sceau de la famille Van Hääken, se demandant ce que cette troublante femme pouvait bien lui vouloir. Il se résolut enfin à ouvrir la lettre. Elle ne contenait que cinq mots, agréablement écrits. Demain soir, minuit, Jardin de ville Les yeux de Wiggins ne purent quitter ces quelques mots pendant plusieurs minutes. Comment les comprendre? Qu’en penser ? Etait-ce le caprice d’une noble qui voulait goûter au plaisir défendu d’une aventure avec le peuple ? Rien ne laissait supposer quoi que ce soit… il n’aurait qu’à attendre le lendemain [Surprise : Pas encore de dessin ^^ bientot ]
Mad Wiggins
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Posté le 24/12/2006 à 11:37:14 

La journée suivante passa avec une vitesse déconcertante. Il n’avait à l’esprit que ce rendez vous mystérieux. Il ne mangea rien de la journée, et le soir venu sortit se rafraîchir les idées en attendant cette heure tant anticipée. L’air était frais et vivifiant, toutes les couleurs semblaient éclater. Même les gens que Wiggins croisait semblaient heureux, et l’anglais naviguait sans but précis, le cœur léger, dans cette atmosphère paisible. Il arriva au parc quelques minutes avant minuit. Il était complètement vide. Ou presque… une silhouette portant une longue cape qui lui cachait le visage était assise sur un banc, attendant patiemment quelque chose, ou quelqu’un. C’était elle. Il s’avança, un nœud se formant dans son estomac. En le voyant approcher, l’autre se leva précipitamment. Ses gestes trahissaient une certaine appréhension. L’anglais s’inclina en une révérence courtoise. -Wiggins O’Malley, votre serviteur. Son interlocutrice retira sa capuche, dévoilant de longues et délicates boucles blondes, et se présenta en chuchotant d’une voix douce et envoutante. -Tylde Van Hääken… je… j’ose espérer que mon invitation ne vous aura pas semblé trop cavalière. Je me sens un peu sotte… il y a quelques jours je vous ai simplement vu… rencontré votre regard… je ne vous connais même pas mais… cela m’a troublée… et… mais… c’est ridicule… je vous dérange pour rien. Elle détourna le regard, les joues écarlates. Le cœur de l’anglais battait à en rompre sa poitrine. Etait-il possible que tant de choses se soient passées en un regard ? Voyant qu’elle se perdait en explications balbutiantes, et qu’elle semblait prête à repartir, Wiggins se hasarda à une parole. -Milady… je ne vous connais pas… je ne sais presque rien de vous… mais votre visage, vos yeux, m’ont hanté depuis ce jour. En apprenant qui vous étiez j’ai essayé d’oublier, un homme de mon statut ne peut espérer… enfin… Il marqua une courte pause, ne sachant comment finir sa phrase, avant de reprendre. -Revoir vos yeux et entendre votre voix me trouble plus que vous ne pourriez le penser. Il s’interrompit pour clarifier un peu ses pensées. -Votre requête n’a rien de ridicule… si vous saviez combien j’ai désiré pouvoir simplement m’entretenir avec vous… Il s’assit sur le banc, faisant comprendre à la princesse Van Hääken qu’elle pouvait se mettre à son aise également, si elle le souhaitait. Elle le souhaitait et s’assit à ses cotés. Un temps de silence confus suivit, aucun des deux ne sachant s’il devait prendre la parole ni ce qui devait ou pouvait être dit. Un échange timide et hésitant commença, qui s’affermit peu à peu tandis que les deux interlocuteurs prenaient de l’assurance. Ce fut le début d’une longue discussion, qui dura jusqu’à l’aube. Ils parlèrent de tout, de rien, de leur passé, de leurs aspirations… Ils furent pris au dépourvu quand les premiers rayons du soleil percèrent à travers les nuages. Wiggins se leva à contrecoeur, baisa la main de la hollandaise et lui exprima son vif désir de la revoir… Il partit travailler ce matin là avec un scintillement nouveau au fond du regard. [Euuuh... les dessins vont venir, promis ]
Tylde la douce
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Posté le 25/12/2006 à 01:15:43 

Pendant les mois qui suivirent, ils se rencontrèrent plusieurs fois par semaine, sous le couvert de la nuit, apprenant à se connaître mieux partageant leurs joies et leurs soucis, leurs peurs et leurs espoirs. Au fil du temps une amitié se construit entre eux. Cette amitié se fit plus intime, se transforma en complicité, et fatalement l’amour s’installa.Et par une belle matinée de printemps, Wiggins eut l’audace – ou la folie – de mettre un genou à terre devant Tylde Van Hääken, et de lui demander sa main.Avec un sourire radieux qui fit défaillir l’anglais, elle lui répondit par un « oui » simple et enjoué.Tous les préparatifs se firent dans le plus grand secret. Personne ne fut mis au courant. Le lieu même de leur union, une petite église située dans un village campagnard à quelques kilomètres de Rotterdam, ne fut décidé que quelques jours avant l’évènement.Le jour du mariage, l’église était complètement vide, si n’était pour Tylde, Wiggins et le prêtre qui les mariait, peu conscient de la folie qu’il commettait en bénissant leur couple.La cérémonie fut courte, peut-être même un peu précipitée. Après les lectures, le sermon et les prières d’usage, ils dirent chacun avec une vive émotion perçant dans la voix le « oui » sublime, se promettant l’un à l’autre sans retenue.Les deux fiancés échangèrent les anneaux et s’embrassèrent avec une tendresse fébrile, scellant ainsi leur union jusqu’à ce que la mort les sépare. [Dessin ^^ : http://img218.imageshack.us/img218/8751/chapitre10va3.jpg ]
Mad Wiggins
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24/06/2006
Posté le 26/12/2006 à 10:24:21 

Et voilà où cette folie les avait menés. Au fond d’un trou boueux, condamné à mort, laissant derrière lui une veuve éplorée. Cinq jours… cinq longues journées à maudire son sort et à souhaiter qu’il était resté en Angleterre, épargnant ainsi sa vie et le cœur d’une innocente. Il se couchait le soir avec le cœur serré, et se réveillait le matin profondément triste, le visage marqué par les larmes. Cependant, au beau milieu de sa troisième nuit dans ce lieu vétuste, le cliquetis singulier de la clé déverrouillant la porte se fit entendre. Elle s’entrouvrit en grinçant. Le jeune anglais s’assit rapidement sur la planche qui lui servait de lit en serrant les poings. Il ne connaissait que trop les sombres histoires du traitement que subissaient certains prisonniers des geôles hollandaises. Un profond soupir de soulagement s’échappa de sa poitrine en voyant entrer une silhouette encapuchonnée. C’était Tylde, elle était couverte de la même cape qu’elle avait portée lors de leur première rencontre. Il s’approcha d’elle précipitamment et prit ses mains dans les siennes, mais elle lui fit signe de garder le silence et de la suivre, lui tendant une cape similaire à la sienne. Silencieusement, les deux amants quittèrent la cellule et s’engouffrèrent dans les ténèbres de la prison. Arrivés à quelques pas de la sortie de l’édifice pénitentiaire, un garde les arrêta. A sa démarche maladroite et à son odeur, on devinait que les patrouilles nocturnes étaient si ennuyeuses qu’il fallait les égayer de boissons fermentées. Un sourire et quelques piécettes de la belle hollandaise suffirent pour convaincre le pauvre bougre que Tylde et Wiggins n’étaient que deux amants imprudents s’étant perdus au mauvais endroit. Arrivés enfin à l’air libre, Tylde poussa son époux dans un carrosse qui partit aussitôt à toute allure, en direction du port. Ils purent à ce moment seulement, pendant les quelques minutes que dura le trajet, respirer et discuter. Après une longue étreinte et un échange de larmes et de baisers, Tylde lui expliqua qu’elle lui avait trouvé secrètement une place à bord d’une frégate en partance pour une île dans le nouveau monde. Elle lui donna également une bourse de quelques pièces d’or, et un sac contenant diverses affaires. Elle serra son époux dans ses bras, et lui dit d’une voix tremblante d’émotion à quel point il allait lui manquer. Wiggins ne sut que répondre… tout allait trop vite. Il ne comprenait pas. Où partait-il ? Pourquoi ? Son épouse serait-elle à ses cotés ? Pourquoi fallait-il qu’ils se séparent ? Quand se retrouveraient-ils ? Il ne comprenait pas, mais était reconnaissant pour cette liberté et profita de ces quelques instants de tendresse avant leur séparation.
Tylde la douce
Tylde la douce
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20/09/2006
Posté le 27/12/2006 à 01:17:09 

Quelques minutes plus tard, le carrosse s’arrêta sur le quai. Le couple en sortit doucement, se serrant l’un contre l’autre. Le bateau était sur le point de partir, les marins faisaient les derniers préparatifs de départ. Les amants s’enlacèrent dans une dernière et longue étreinte, leurs larmes salées se mêlant sur leurs joues pour ce dernier baiser. Une dernière fois, l’anglais contempla les yeux de sa femme. Une dernière fois il lui caressa le visage. Une dernière fois, il lui dit qu’il l’aimait. Et les dernières paroles qu’il entendit de Tylde furent sa promesse, étouffée dans un sanglot : -Je te rejoindrais ! Je te le jure… je t’aime. Il monta sur le navire sans un regard en arrière, pour cacher ses larmes et son émotion, et sachant qu’il n’aurait pas le courage de partir si il voyait Tylde pleurer. La passerelle fut remontée, les amarres larguées et le bateau avança doucement dans les eaux noires hollandaises. Peu de temps après, la frégate quittait le port et s’éloignait vers l’horizon. Ce n’est qu’une fois le bateau suffisamment loin de la côte, pour que les yeux de la hollandaise ne soient plus discernables que Wiggins se permit de la contempler, depuis la proue du navire. Il lui fit un signe de la main hésitant, auquel elle répondit faiblement, sans doute trop absorbée par ses pleurs. Alors que le navire s’éloignait, l’anglais garda les yeux rivés sur la côte hollandaise, son cœur ne semblait pouvoir contenir que ce mélange d’amour et de tristesse profonde. Une bise froide caressa son visage rougit par les larmes. Il frissonna. Peu à peu, la côte hollandaise, et Tylde disparurent. Tylde, qui portait tout l’espoir et le bonheur de Wiggins, mais aussi – et Wiggins l’ignorait à ce moment précis - le fruit de leur amour. La terre n’était plus en vue, et le soleil commençait à se lever. L’anglais soupira tristement, et rejoignit sa cabine. Il s’endormit, le cœur vidé de tout espoir, mais ne sachant pas que sa prochaine destination le mènerait à de plus grandes aventures encore. Liberty l’attendait. [Ouai cette foi ya un dessin ^^ : http://img313.imageshack.us/img313/494/chapitre11nq0.jpg]
Mad Wiggins
Mad Wiggins
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24/06/2006
Posté le 01/01/2007 à 13:20:10 

Une nouvelle année commence... Une nouvelle vie aussi. Tylde et moi nous sommes mariés en hollande, dans une petite église, cachés de tous. Aucun témoin n'était présent si ce n'était le prêtre qui nous a marié. Aucun papier ne le prouve, et rien ne peut certifier ce mariage, si ce n'est la promesse que nous nous sommes fait mutuellement. Aujourd'hui la situation est bien différente. Notre amour n'est plus caché, il est dévoilé au grand jour. Tylde, pour que tu saches combien je t'aime, pour que tu saches que je veux te rester fidèle jusqu'à la mort, pour que tu saches la valeur que tu as pour moi, malgré tout ce qui nous sépare, je te le demande içi publiquement : veux-tu m'épouser? Veux-tu être mon épouse, sur le papier autant que dans nos coeurs?
Tylde la douce
Tylde la douce
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Posté le 01/01/2007 à 13:32:48 

Quelle question... Bien sur que oui Tout le monde sera au courrant que je suis tienne, que jamais rien ne nous séparera. (L)
 

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