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Liberty n'existe pas.  
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22/12/2008
Posté le 25/09/2013 à 18:25:26. Dernière édition le 03/03/2022 à 12:36:18 

C'est le constat rationnel et fou, convenu bien qu'un peu alcoolisé, qui le prit tout à coup, à la gorge et à l'âme.
Le vieux Léocade était dans le vrai. Il n'y avait en ces terres, ni Van Buick, ni New Kingston, ni Liberty ni lui même. Un cosmos de zéros et de uns dessinant, pour peu que l'on plisse les yeux les contours d'un monde presque tangible.

Liberty n'existe pas.
Rien n'est vrai, rien n'est permis non plus.
Léocade Elphège de Montembruns
Léocade Elphège de Montembruns
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09/10/2006
Posté le 26/09/2013 à 16:18:02 

Une matinée comme les autres.

Dans un miroir, le capitaine examine son reflet en 32 millions de couleurs.
Une pipe au bec, dont les volutes semblent s'extirper bien au dessus des couches-javascript-alphaïennes de l'air, et qui dans quelque dimension, emplissent la pièce d'un humain d'une odeur nauséabonde.

La voie des autres mondes...
C'est ce que médite le capitaine tandis que sous ses yeux, quelque part, un amas de pixels affine les contours d'un portail qui mènerait l'équipage bien au delà de Liberty, et le libérerait des tourments d'une chute annoncée.

La communication des mondes n'a de limite que dans la puissance au coeur des machines qui les hébergent.

Quelquefois, Léocade Elphège avait cette étrange sensation de dépersonnification inhérente à la virtualité.

Finalement, ce n'était pas une matinée comme les autres.
L'Ogresse
L
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19/01/2010
Posté le 26/09/2013 à 16:47:53 

Tout est silence.
L'on s'échine à parler, souffler, crier, mais dans le fond tout ce qui s'extirpe de nos lèvres grandes ouvertes ne sont qu'une suite de sigles d'une encre désincarnée. On vie, on meurt. Sans un bruit, si ce n'est le cliquettement lointain d'un clavier servant d'orgue à nos destins.
Si ce monde inexistant est peuplé d'illusions et de personnalités fantoches complètement aphones, que nous reste il comme rempart à l'ennui?
Tout est silence mais au moins, certains s'entendent encore penser.
Vardek Crom
Vardek Crom
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15/01/2007
Posté le 26/09/2013 à 18:36:01 

Tout est silence. Le silence est d'or.
La parole est d'argent. Mais l'argent n'est pas réel.
Où l'est-il vraiment? Après tout, un billet de biais ne se voit pas.

L'argent a bon dos. L'or est bien gras.
Bon dos bien gras. L'or est dos-lard.

Davy Jones courbe l'échine. Un index pointe son dos bien gras.
Le dos-lard est indexé: C'est le Dow Jones.
A la fin il meurt.
Il se démaquille et revit.
C'est un blanc. Il encaisse son chèque et part.
Quelque part dans le désert, un Cheikh en blanc. Il est pauvre. Il n'a rien à manger. Cheikh en blanc et Cheikh sans provision. Sa seule richesse: une dent en or.
Un homme lui vole, il s'écrie:"Le rat, ma dent".

Cheikh sans provision crie "Rat ma dent". Il geint pendant son jeun.
Mais le silence est d'or. Il ne reverra donc pas sa dent.
Il aurait dû s'entendre penser. L'or ne se serait pas envolé. Le voleur n'aurait pas volé.
Mais le voleur a volé. De son propre zèle.



Je n'ai plus d'argent. Je ne peux pas payer mon loyer.
Je me fais expulser. Je vends le PC.
La théorie s'effondre. Le thé au riz fait fondre le cachet.
Le cachet se dilue. Je bois le thé. Je vide le verre, je vide le cache.
Je n'ai plus de cash.

Tout ce qui précède n'a plus lieu d'être.
L'argent n'était pas réel.

Je suis à la rue. Libre comme l'air.
Mais je suis ferré à la misère.
Liberty n'existe pas.
Carlo Cavicchiolo
Carlo Cavicchiolo
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19/01/2010
Posté le 26/09/2013 à 21:57:21 

Au commencement était l'Aphorisme, équivoque et d'un prosaïsme convenu. Ils pensent qu'on écrit ainsi. Ils sont aux vides qu'on ne comble pas. L’élégance simple ne charme plus.
Les métamorphoses non plus. 

Et la folle aux masques de camphre, et la semi-bande de Möbius l'insatiable et les drôles, trop solides, de Parade.
En valent-ils autant ? Je n'ai jamais tant été convaincu de l'inverse. Le valet tangible ne sera plus tenté. Et voici que je me prends au jeu. Putains d'elles. Et je ne suis plus un oiseau. 

Il s'agit d'en finir. La gageure est de le faire sans qu'ils n'en comprennent rien. Et d'une double négation créer. L'aisance repose là ou elle s'agite encore. Une douzaine, tout au plus. L'irascible, le nègre-blanc, le participe imparfait et le trop triste pour n'être drôle. Les nourrissons ne le sont jamais. Et, par Dieu ou lions, ils ramperont toujours.
La Murène
La Murène
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28/09/2009
Posté le 26/09/2013 à 23:55:01 

Etre ou ne pas être.
Je suis ou je ne suis pas.
Je suis où je ne suis pas.
Etre où ne pas être.

Je ne suis pas sur Liberty. Donc je ne suis pas.
Liberty n'est pas. Donc je ne suis pas où je ne suis pas.

La double négation d'un être saurait-elle être mathématique et me donner vie ?
Ou peut-on être deux fois inexistant ? Le non-être est-il supérieur au non-non-être ?

Pourtant, je pense. Et si je pense, je suis.
Et si quelqu'un me fait penser, suis-je la double affirmation d'un être ?

Double existance, existance, non-existance, double non-existance.
Autant de facettes sur ce miroir aux alouettes.
Merci de mettre un pseudo
Merci de mettre un pseudo
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22/12/2008
Posté le 27/09/2013 à 03:05:14 

Monkey Island n'existe pas non plus.
Enfin pas trop.
Rien qu'un peu, avant, entre ses mains, au temps ou il y croyait encore. Il en avait passé un exemplaire à Leocade et attendait toujours ses conclusions. Il n avait gardé un autre, mais il n'existait pas.

Se pouvait-il que Liberty partage le même sort, une histoire gravée sur un miroir en forme de disque peuplé d'habitants aux destins binaires et invisibles ?
Cette projection digne de Gulliver lui offrait une ivresse à moindres frais. Le vertige fut si fort que la boîte encore sous blister lui glissa des mains et alla s'écraser sur les rochers en bas de la crique des landes. L'épitaphe de l'anéantissement de ce disque-monde resta gravée dans le read-write :

"Ah, désolé hein !"

Monkey-Island n'existe vraiment plus à présent, même pour les plus sceptiques.
Esther van Haecken
Esther van Haecken
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19/01/2010
Posté le 27/09/2013 à 17:40:42 

*Tandis qu'une écume inexistante lui lèche les orteils, la chimère du nom d'Esther s'interroge : est elle le double de quelqu'un? Que le Destin n'existe pas, soit, mais il y a bien une force qui décide, quelque part. Pour tout le monde.
Et lorsque l'entité dort, se branle ou quoi que ce soit d'autre, les gens demeurent dans une immobilité catatonique qui ne cesse parfois même pas lorsqu'on les frappe.
... Elle aussi, un jour, deviendra elle semblable à la carcasse abandonnée de quelque animal que l'on a chassé pour le plaisir avant d'en délaisser les restes?

N'est on que le rêve d'un rêveur dans un monde fragile comme une bulle de savon, dont l'espace temps varie en fonction de l'âge du capitaine? Et du reste, pour peu qu'il existe, à quoi peut donc ressembler son doublon? L'Ogresse espère que ce n'est ni un vieillard cacochyme ni un pauvre hère atteint d'une débilité le confinant à un environnement aussi réduit qu'elle même court vite, pour compenser.

Lasse de ces reflexions somme toute inutiles, la brune se met en quête de son diner qui sera, fatalement, tout aussi inconsistant que le reste. Dans le fond, vu comme ça, il n'est guère surprenant qu'elle dévore autant, atteinte d'un mal du vide inextinguible. Il faudra qu'elle y pense la prochaine fois qu'elle taxera à manger, sais on jamais, des fois qu'elle puisse obtenir du rhab'.*
Effirië the Lumberjack
Effirië the Lumberjack
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11/05/2011
Posté le 30/09/2013 à 19:23:56 

Je suis médecin,
Non pas que ça m'plait d'voir des plaies, mais qu'ça m'déplait qu'les gens souffrent, et qu'les blessures graves ça sent l'soufre.
Ainsi va la vie, de bactérie à humains, et d'humains blessés à bactéries, la boucle est bouclée, et la plaie infectée.
Alors j'nétoie les plaies, parc'que qu'on peut pas bander quand c'est pas propr', ou en tout cas ça sert à rien...
Ca a l'air complexe comme ça, mais finalement, être médecin se résume en la simple idée :
Je panse donc j'essuie.

Je suis bûcheron,
Couper des troncs ronds dans ce monde qui n'tourne pas rond. C'est pas la mer à boire mais plutôt le chêne à plier. Tant qu'il ne rompt pas on peut pas couper les ronds, d'un. Et sans rondins on ne fait pas de feu, deux, dieux. D'ailleurs pourquoi un feu de Dieu ? Quelqu'un en a déjà brûler un ? Dieu créa la Terre, la terre fait l'arbre, l'arbre le feu. La boucle est bouclée.

Je suis herboriste,
L'herbe est plus verte ailleurs mais la couleur a peu d'importance pour les potions, d'ailleurs on y met pas que de l'herbe. On devrait donc être des essencistes, mais c'est un peu pompeux, et le prix d'la pompe fait aller chez les concurents, et c'est la crise du pet-troll qui flambe et les potions deviennent hors de prix. Et c'est là que l'herbe devient comme les billets de banque... verte. La boucle est bouclée.

La boucle est bouclée... Mais ma ceinture n'existe pas.

Ehawee
Ehawee
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13/02/2006
Posté le 02/10/2013 à 09:53:40 

Une indigène, sur une île colonisée. Elle ne le sait pas encore, mais son peuple est voué à disparaître. Sa tribu, mais aussi les Chiika, Narawak, Taopucco, Goo-Chii, et même celle qui s'est réfugiée dans les mines du crâne.
Une épuration ethnique, pour que s'installe l'avenir, les visages-pâles, et que l'évolution suive son cours.

Une indigène, qui s'est enfuie de sa tribu. Enfin, celle qui l'avait élevée, mais où elle ne sentait plus chez elle. Il fallait bien une raison, à cette jeune femme, pour quitter son village. Sinon, elle n'aurait jamais pu exister, parmi les corsaires. Personne n'aurait jamais rien su de son existence, sur Liberty.

Une indigène, qui découvre petit à petit le "monde des blancs". Parfois ébahie, parfois emplie d'horreur. Elle bénéficie d'indulgence, de curiosité.
Elle ne parle pas leur langage, ne les comprend pas, mais essaie d'apprendre.

Une indigène, qui n'existera bientôt plus que dans le souvenir de certains. Sur une île qui, elle non plus, n'existe pas.
Walter Metzengerstein
Walter Metzengerstein
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11/03/2006
Posté le 25/10/2013 à 11:20:21 

Liberty n'existe pas. Nous sommes des âmes perdues, damnées. Ceci est notre purgatoire.
Cette île est un amas de foutre, de fer et de sang. Violence et décadence pour l'éternité.
Personne n'en part jamais vraiment, ici la mort n'est plus une porte de sortie : nous  l'avons déjà empruntée. Ceci est ce qu'il y a après.

Mon paradis... votre enfer ?
Jean Chenal
Jean Chenal
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22/12/2008
Posté le 08/02/2022 à 08:49:02. Dernière édition le 08/02/2022 à 20:25:10 

On ne sut jamais trop si ce fut aux Indes, au ponant, en terre acadienne ou ailleurs que l'idée s'installa totalement en lui. Bien que toujours un peu fuyant de nature, Jean était de plus en plus absent à mesure qu'il avait refait sa vie loin de l'île, débarrassé de son passé comme une mue desséchée, exploits et infamies, autant de rôles et de costumes qu'il avait enfoui comme d'encombrants cadavres. L'idée lui était aussi cardinale que le nord chez l'hirondelle à l’avènement des saisons : Il lui fallait revenir.

N'était-il pas mieux dans la vraie vie du vrai monde, pourtant, loin des affres et du jeu de rôles et de masques qui l'avait amené à devenir comme une caricature de lui même ? A confondre postures et impostures, jeu de scène et Je, Avait-il à ce point oublié la stupeur effroyable qui l'avait étreint en ouvrant la boite de Pandore, ce soir de grise épiphanie, le vingt-cinq septembre 1713 ?

C'est comme si quatre ans durant, ce retrait loin des illusions et autres Chimères, il n'avait finalement pas vécu lorsqu'il foula de sa botte les quais de Port-Louis. Et d'une voix coassante d'être ainsi restée coite si longtemps, à la stupeur des bergers alentours, proclama :

"Et in Arcadia, ego"

Le jeu est un interstice. Un espace négocié entre le devoir d'une règle et le permis d'un créatif. Un espace fixé dans le temps, bien que l'on puisse se jouer de celui-ci avec un peu de métier.

La vertigineuse crevasse ouverte par son abyssale et nihiliste pensée d'hier était devenue cette faille apprivoisée, cette grotte aux fées d'où il sortait régulièrement de ses hibernations.
Le courant d'air glacial qui parfois la balayait le faisait souvent chuter, c'est vrai. Cette pensée froide et lancinante, telle le souffle d'un lémure qui ne cessait jamais vraiment de le hanter.

Mais on finit par s’habituer de ce que l'on ne peut vaincre. Et entre le devoir de la règle et le territoire des possibles, on trouve toujours son interstice.

Rien n'a de sens, ici comme ailleurs.
Quiconque passe sa vie à chercher à deviner ce sens se condamne à une course vaine.
Quiconque tente de se vouer à en donner au monde n'est qu'un oppresseur.
Et qui juge opportun d'ajouter la folie à la folie ne vaut guère mieux.

L'issue est peut être la compassion, indistincte, pour toutes ces figures semblables à nous, ballotées dans la même embarcation absconse, se ruant sur la moindre bribe de réponse comme un papillon sur sa flamme.

Si tant est que ces personnes existent.
Si tant est que nous existons tous.
 

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