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Y Viva lé Rhum!  
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Sombre ermite
Sombre ermite
Déconnectéparia
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26/08/2006
Posté le 20/06/2008 à 11:28:57 

Note: premier jet, que je reverrai peut être.... Cela faisait un petit moment que je n'étais pas allé à Esperanza. Beaucoup de rumeurs avaient circulé au cours des mois passés depuis ma dernière venue en ces murs espagnols. Ce qui semblait certain, c'est que ces hommes achetaient une énorme quantité d'alcool... et visiblement le consommait. L'alcool pouvait avoir de drôles de conséquences, mais jamais je n'aurais pensé à celle-ci. Je remontais donc l'île en direction du Nord, depuis Port-Louis cela faisait une jolie balade, dangereuse certes mais belle. Le gouverneur m'avait accordé une autorisation et j'étais presque certain d'être bien accueilli chez les "paëllas", comme les nommaient quelques uns. Mais aussitôt arrivé en vue des portes je fus arrêté par un garde qui semblait être autant à jeûn qu'il était glabre. Ce qui n'était pas peu dire donc, vu la toison qu'il semblait porter. -Ola messire! Lé gouvernor souhète vou parlé. -Vraiment? -Si Senor. Jé né sais porké mais il a dit qué tou nouveau vénu dévait aller lé voir. -Soit, je vais lui rendre visite de ce pas. Intrigué je laissais là le portier, seul avec... un certain nombres de bouteilles de rhum qu'il semblait tout juste entamer. Heureusement qu'il avait une hallebarde pour se tenir debout. Enfin, oubliant cela je me dirigeais vers l'extrémité Nord-Est de la ville, où je savais trouver le palais, et logiquement, le gouverneur. En passant les portes je laissais derrière moi la chaleur presque insupportable qui me semblait d'autant plus forte qu'aucun vent ne soufflait aujourd'hui sur Liberty. Le gouverneur, assis sur son "trône", leva un bras en me voyant arriver, ce qui eut pour conséquence de faire gicler la moitié de sa coupe, du champagne visiblement, sur son veston. Chose que le gouverneur ne sembla pas remarquer. -Ola! Biénvénu à Esperaaaanza! La plou belle des colonies espaagnoooles. En m'approchant de l'estrade je remarquais ses yeux vitreux, ses pupilles dilatées, et dans sa voix l'on sentait bien sa langue pâteuse. Son veston, vu de plus près, ressemblait plus à un champ de bataille qu'à une porcherie, tant on avait du mal à distinguer les couleurs et motifs d'origine sous toutes ces victuailles et éclaboussures de boisson entremêlées. Gardant une distance de sécurité, je m'inclinais devant le gouverneur. -Ohoh! Lévez vous amigo! Biénvénou biénvénu.. Y... Y Viva España! L'alcoolique notoire (finalement les rumeurs étaient donc fondées), cherchait ses mots au milieu de ses pensées embrumées par l'alcool. Je commençais même à me demander s'il parviendrait à m'expliquer le besoin de ma venu ici. Mais après un certain effort il sembla retrouver un peu de sa lucidité. -Soyez lé biénvénu à Esperanza, mon jeune ami ! La route a été longue pour vous, jé n'en doute pas ! Vous né m'avez pas l'air bien frais, haha ! Allez donc, le temps que jé trouve les papiers qui vous concerne, boire une cerveza à l'auberge pour vous remettre dé vos émotions ! Profitez en pour faire un petit tour de la ville, vous verrez, cé n'est pas pour rien qué l'on surnomme Esperanza "La Perle des Mers du Sud" ! Pour rétrouver votre route dans cette bourgade, rien de plus simple, vous avez à votre disposition une carte de la ville, là-bas sur la table, l'auberge y est indiquée. Et gloire à l'Espagne ! Assoiffé par une si longue tirade le gouverneur se jeta à corps perdu dans sa coupe et sa bouteille. Il était amusant de noter que cet homme, dès qu'il buvait un peu, retrouvait son accent natal assez rapidement. La carte qu'il avait pointé du doigt représentait en effet la ville et ses principaux bâtiments. Je commençais à avoir un doute sur les teneurs du gouverneur. Ce n'était pas la première fois que je venais et pourtant il faisait comme si... bah ma foi autant y aller, un verre gratuit ce n'est jamais de refus sous ce soleil de plomb! Je fis donc marche arrière, clignant des yeux lorsque je refis surface au grand jour. Enfonçant ma coiffe sur le nez, je descendis un peu plus au sud de la ville. Nul doute permis en entendant les cris et les chansons qui montaient de la bâtisse: je venais de trouver l'auberge espagnole. Autant ressortir dehors était un choc pour les yeux, autant entrer dans cette auberge était un choc pour les oreilles! Ces poivrots étaient déjà tous pour la plupart aussi ronds qu'une barrique. Le matériel avait intérêt à être solide avant d'être joli car ces rustres étaient loin d'être doux une fois trois bouteilles de rhum enquillées, alors au bout de dix... Avançant tant bien que mal entre les tables, j'allais m'asseoir à l'un des hauts tabourets du comptoir. Carlos Grappa, l'aubergiste, m'accueillit chaleureusement. -Ola! Comment va notre bon ami? -Bien bien, mais vous semblez vous porter encore mieux que moi? -Eh les affaires n'ont jamais été aussi bonnes! L'alcool coule à flot, mes bourses se remplissent plus vite que les verres ne se vident! -Bueno! Dis moi, le gouverneur m'a dit de venir te voir, comme quoi je devais boire une cervoise le temps qu'il trouve des papiers pour moi. -Ah, si! Mais je n'ai plou de cervoise, par contre j'ai un peu d'eau de vi si tu veux. D'un geste je l'invitais à me servir. Je ne comprenais guère pourquoi encore j'étais là mais l'ambiance était chaleureuse, très masculine aussi et relativement lourde, le mélange de relents d'alcool, de sueur et de rejets n'était guère des plus agréables à inspirer. Le verre fut rapidement avalé, un remerciement à Carlos tout aussi vite donné. -Ah mais j'allais oublier. -Oui Carlos? -Lé gouverneur veut aussi que les "nouveaux" aillent voir la dame là-bas, si tu vois ce que je veux dire. Il pense qu'après un long voyage ils souhaitent trouver des bras.. -Accueillants? -C'est cela oui. -Mais pourquoi tout cela? -La nouvelle politique mon ami! Carlos, après avoir levé les bras au ciel en souriant, repartit servir ses clients, sa large bedaine le précédant. Reprenant ma coiffe à la main, je tentais de rejoindre l'autre bout de la salle, où se trouvait une charmante jeune femme, dont la spécialité était justement de savoir vendre ses charmes. Mais arrivé à la moitié de la salle un corsaire un peu plus imbibé qu'un autre se leva et m'attrapa par la main d'une poigne sèche et rude. -Allé mignonna! Vien dansé avec moi! Déjà d'autres tapaient de leurs mains, de leurs pieds, scandant un rythme tout espagnol et rapidement un chanteur se mit à torturer ses cordes vocales, et nos tympans. Entraîné, je ne pouvais que suivre le pas de ce saoulard, et tenter tant bien que mal de conserver mes pieds loin des siens. L'auberge était hilare devant ce spectacle et les murs tremblaient de leurs coups répétés. Malgré l'haleine fétide de mon cavalier je ne pus m'empêcher de réprimer un sourire devant cette humeur bon enfant. Jusqu'à ce que ce mâle en manque de fille mais en excés de boisson, rapproche son visage de moi, ses lèvres formant plus une grimace qu'une tentative de baiser. Toutefois la "menace" était bien présente. J'essayais de gentiment pousser sur son torse (aussi sombre que celui de Rohel), mais le sacripand tenait bon et forçait de plus en plus sur ses bras pour me coller à lui. Serrant les mâchoires il me fallut moins d'une seconde pour faire mon choix. Celle d'après mon poing s'écrasait sur sa joue et l'envoyait bouler à terre un peu plus loin, ma jambe ayant fini la tâche en lui retirant ses appuis lors de sa chute. L'auberge devint silencieuse deux secondes. Le temps pour lui de se secouer la tête, me regarder, et partir d'un tonitruant éclat de rire, aussitôt repris par tout le monde. -Elle me plaît celle-là! Carlos! Du rhum pour tout le monde! Encore au sol l'homme chercha à atteindre une chope en tatonnant du bout des doigts la table au dessus de lui. De nouveau libre je poursuivais ma route pour enfin arriver à hauteur de ma cible. -Dame Bonnita Carmen, un plaisir de vous revoir. -Oh, Senor! Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu l'occasion de revoir votre si beau visage. -L'enchantement est pour moi ma dame, vous le savez fort bien. Cachant à demi son visage derrière un éventail, la jeune femme fit une savante moue, feignant un mélange de timidité et désir. Battant des cils et de son éventail, elle se rapprocha, tenant d'une main sa robe bordeaux et noire. Une robe de très belle facture, mettant à merveille en avant ses formes si désirables. Elle me poussa à m'asseoir dans un fauteuil, et prit place sur l'accoudoir de celui-ci. -Alors mon beau, après un long voyage tu dois bien désirer prendre quelque repos. -La proposition est tentante mais vous savez que je me dois décliner l'offre. -Toujours aussi timide? -Je ne parlerais pas de timidité, mais de toute façon ma bourse aujourd'hui est trop légère pour pouvoir prétendre payer vos si agréables services. -Roo. Malheureusement je ne peux en effet brader mes prix, même pour un nouveau venu. Vous êtes envoyés par le gouverneur n'est ce pas? -En effet je ne sais ce qu'il.. -..Alors allez donc voir le marchand dehors, il pourra vous offrir à faible coût, quelques offres plus intéressantes que mon corps. -Vous valez plus qu'un peu de fer et de bois ma dame. -Certes, mais les priorités sont ce qu'elles sont n'est-il point? -En effet ma dame. Lentement elle se releva, et ayant fait de même, je lui baisais la main, comme tout bon gentilhomme français se devait de le faire. Elle me sourit et retourna auprès d'autres clients, certainement plus à même de souhaiter finir dans ses draps que moi. Même si au vu de leur état ils n'en profiteraient certainement pas. Je ressortais donc à nouveau dehors, me demandant toujours pourquoi le gouverneur tenait à me faire faire un tour de la ville, en me présentant les personnes importantes et qui la faisaient vivre. A quelques pas de l'auberge je rejoignais donc le bazar central, au milieu duquel pérorait d'une forte voix le marchand à la moustache la plus longue que j'eusse jamais rencontré: Enrique Casillas. -Enrique! -Ola Amigo! Tou é vénu voir mes nouvelles marchandises? -Pas vraiment, c'est le gouverneur qui m'envoit faire un tour de la ville. -Oh mais c'est qu'il te prend pour un nouveu vénou! Tout juste arrivé par bateau de notre vieille Europe. Bon bouge pas je te fais le discours, après tu pourras aller le voir! Deux minutes dignes d'un maraîcher s'ensuivirent alors, durant lesquelles Enrique, qui n'aurait pas dépareillé sur les planches d'un théâtre, vendait et d'une belle manière, ses différents objets abordables au premier venu. Rien de folichon, mais ma foi, une pétoire potable et une lame correcte étaient le plus important pour commencer une nouvelle vie à Liberty! Son monologue terminé, les bras bien écartés du buste, les paumes ouvertes vers les badauds amassés il me regarda et d'un clin d'oeil demanda: -Alors ami, tu me prends quelque chose? -Non merci, pas aujourd'hui. Mais je reviendrai quand le besoin s'en fera sentir. Haussant les épaules Enrique me salua de la main et se tourna prestement vers un autre client. Bien. Le gouverneur devait certainement avoir trouvé ces papiers depuis le temps. Cela faisait après tout, bien une heure que j'avais quitté le palais. Commencez à discuter avec un espagnol et vous vous embarquez dans un débat de plusieurs heures! Heureusement pour moi l'alcool et les femmes les intéressaient plus que moi, sinon à la tombée de la nuit j'y aurais encore été! J'arrivais de nouveau devant le palais et le garde balaya mes soupçons en m'affirmant que le gouverneur attendait mon retour. Pénétrant dans la salle il me fallut quelques secondes pour être certain de voir ce que mes yeux discernaient. Le gouverneur était cul nu, son auguste céant bien présenté à qui pénétrait ici, sa tête plongée en direction du sol cherchant visiblement une chose perdue. -Ah lé voilà! Se remettant d'aplomb son veston retomba et cacha ses fesses bien charnues. Son pantalon gisait toujours à ses chevilles, et je compris pourquoi quand il se tourna vers moi: je ne sais comment mais visiblement le gouverneur avait perdu son ceinturon. Probalement dans une bataille entre une bouteille et sa vessie. -Senor gouverneur, tout va bien? Le gouverneur leva les yeux, tenant dans une main une bouteille presque vide, et dans l'autre la boucle de son ceinturon. La tête devait lui tourner car l'instant d'après il retomba en arrière sur son trône, une fesse dedans, une fesse dehors, sa couronne lui tombant en travers du visage. Me précipitant je vins lui offrir mon aide, afin qu'il reprenne meilleure assise. Un rot résonna dans le palais en guise de remerciement. Je m'en contentais, cherchant de l'air à respirer qui ne me donnerait pas l'impression de boire un tonneau d'une seule gorgée. -Vous allez bien gouverneur? -Si, si SIIII!! Je lui laissais quelques secondes pour se remettre, durant lesquelles il batailla mais réussit à remettre son pantalon plus ou moins en place. Puis enfin j'osais lui demander: -Il me semble que vous aviez des papiers à me montrer Senor. -Hein? qué? Ah si! Là sur mon bureau. Signez le et prenez les effets à côté. En guise d'aide.... de notre Roy.... pour votre arrivée, dans sa colonie. Je me dirigeais vers le bureau en question et trouvais là un papier frappé du sceau du gouverneur. Je le lus rapidement avant de signer et rigolais malgré moi. Ce papier indiquait que j'étais désormais un corsaire au service de sa majesté espagnole. Je rigolais sous cape en voyant cela, et espiègle, je le signais bien volontiers, quoique d'une autre manière que celle dont j'usais habituellement. Je pris le pistolet et le bandage qui se trouvaient à côté et levais les yeux vers le gouverneur. Le pauvre homme ronflait, l'alcool venant de le faire sombrer dans un sommeil loin d'être réparateur. Tout en sortant je ne pouvais m'empêcher de sourire, pensant aux soucis administratifs qui seraient invariablement causés par cette nouvelle formule d'établissement des corsaires dans la colonie. "Y Viva España!" me rappelait le gouverneur. Pour ma part j'aurais plutôt dit: Y Viva Lé Rhum!
 

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