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Un dernier Adieu... -1- 2  
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Dulcina Fagney
Dulcina Fagney
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13/02/2006
Posté le 13/04/2008 à 12:30:06 

Je me suis levée de bonne heure, ce matin. Alanis dort encore, ses petites jambes sont recroquevillées contre son corps, et je viens lui remettre la couverture pour la border. Je regarde les mets que nous a préparés Lady Poppins pour notre petit-déjeuner… Aussi attrayants soient-ils, je ne pourrais rien avaler… Je sens cette boule dans mon ventre, cette douleur à la poitrine qui ne me quitte plus, à peine s’estompe t-elle de temps en temps… Je regarde par la fenêtre… il pleut, au dehors. Il pleure dans mon cœur comme il pleut sur la ville… Je reste un long moment ainsi… Jusqu’à ce qu’Alanis ne se réveille. Je me dépêche de la rejoindre alors, l’embrassant tendrement sur le front, et l’aidant à émerger, en lui souriant, certes tristement, mais sincèrement… Elle me pose encore quelques questions sur ce qu’il va se passer aujourd’hui… je lui ai expliqué qu’une messe aurait lieu pour son père… Difficile de lui faire comprendre le but de cette cérémonie… Pour la première fois… elle serait confrontée au corps de son père, dans son cercueil… J’aurais voulu qu’elle ne le voit pas ainsi… qu’elle ne garde que le souvenir de son père en vie, son père présent, aimant, protecteur… Je la prépare doucement… avant de nous mettre en route vers l’Eglise de New Kingston…
Alanis Fagney Le Brun
Alanis Fagney Le Brun
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05/12/2007
Posté le 13/04/2008 à 13:48:45 

On entre dans l’Eglise. Maman elle m’y a déjà amené plein de fois, avant, elle me disait que c’était ici qu’on priait le Bon Dieu. Elle me disait que le bon Dieu, quand on priait très fort et souvent, il exauçait nos prières… Mais oui, j’y avais pas pensé !! « Maman, on vient prier pour que Papa il revienne, c’est ça ? Le bon Dieu il va nous faire revenir Papa si on prie très fort ? » Elle s’arrête dans l’entrée de l’église, et elle s’abaisse à ma hauteur. Je vois bien dans ses yeux qu’elle est encore toute triste, j’aime pas… « Ma princesse… oui, on vient prier le bon Dieu... mais plutôt pour qu’il s’occupe bien de Papa là haut… Comme ça, Papa pourra toujours nous voir, et il sera toujours avec nous… ici… » Elle mets son doigt sur moi, là où il y a mon cœur. Je m’en fiche, moi je vais prier le Bon Dieu pour que Papa il revienne quand même… Maman se relève, et on entre dans une autre salle dans l’église. Y’a des gens un peu partout, ils ont tous l’air triste comme nous… « Pourquoi ils sont là les gens Maman ? » Elle me prends dans ses bras et m’embrasse. « Ils sont là pour Papa ma chérie… ils sont venus prier aussi, tu sais. Ils sont venus lui dire au revoir… » Je ne comprends pas, pourquoi ils viendraient lui dire au revoir s’il est déjà parti ? Je suis sûre que si je prie très très fort le Bon Dieu, Papa il va revenir… c’est obligé… Elle m’emmène nous installer, juste devant nous il y a une grande boîte en bois… bizarre, je me demande ce que c’est…
Dulcina Fagney
Dulcina Fagney
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13/02/2006
Posté le 13/04/2008 à 14:10:50 

Nous avons fait le trajet jusqu’à l’église. J’ai revêtu des habits de circonstance… jusque dans le noir de ma robe, on pourra lire ainsi le vide, la tristesse de mon cœur… Alanis marque le deuil également… à sa manière. Elle marche là, devant moi, la tête baissée… J’ai mal au cœur de la voir si triste, sûrement est-ce ma faute… je devrais être forte pour elle, mais je n’y arrive pas… Nous sommes entrées toutes deux dans l’église. Un certain nombre de personnes commençaient déjà à s’y rendre, certaines s’étaient déjà assises sur les bancs. J’ai vu pas mal de monde, mais je marche telle une zombie, je passe près d’eux sans dire un mot, menant ma fille jusqu’à l’autel devant lequel se trouve le cercueil de Nick… Nous nous installons toutes les deux… Madre Anna vient voir sa filleule. Je regarde pour ma part Henri d’Aramitz… Je lui ai demandé de célébrer cette cérémonie… il n’a pas été proche de Nick, mais il est celui qui a assisté à ses derniers instants de vie… il est celui qui lui a donné les derniers sacrements, celui qui m’a avertie du drame… J’ai tant besoin de lui parler… Après la Cérémonie… me dis-je intérieurement…
Dulcina Fagney
Dulcina Fagney
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13/02/2006
Posté le 13/04/2008 à 15:14:29 

Plusieurs personnes sont arrivées et se placent… Je regarde le cercueil… il est temps d’en retirer le couvercle… Je demande de l’aide à Bloody et Jama qui sont là… Avec tristesse, je vois le visage de mon époux, d’un blanc gris, apparaître à la lumière. Je me tourne vers ma fille… son visage se fige soudain lorsqu’elle découvre son père… « Papa ? » Je retourne près d’elle… Je la serre contre moi, et lui chuchote. « Papa est mort… ce n’est plus que son corps ma princesse, le reste n’est pas dans ce cercueil… le reste est autour de toi, en toi… là… » Je lui montre à nouveau son cœur, puis sa tête… « On va prier pour Papa, ma chérie… prier pour qu’il soit toujours avec nous, même si on ne le voit pas, d’accord ? » J’ai la voix cassée, mais ce n’est rien face au visage de ma fille en cet instant qui se met à pleurer et s’agenouille à côté de moi en nouant ses mains… Je fais un signe de tête à Henri, afin qu’il commence la cérémonie religieuse… http://img139.imageshack.us/img139/5121/13avrmessenickul2.jpg
Angeline
Angeline
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25/12/2007
Posté le 13/04/2008 à 15:14:56 

Je ne connais pas beaucoup de monde à New Kingston... D'ailleurs, je ne connaissais pas Nick le Brun. Mais, récemment, les circonstances m'ont fait croiser le chemin de Dulcina et la sympathie que j'éprouvais envers elle m'incita à aller rendre un dernier hommage à son époux tant aimé. J'entrai silencieusement dans l'église, me frayant un chemin parmi les amis et proches de celles qui pleuraient un père et un mari. Quand, soudain, un messager vint m'informer que ma tête venait d'être mise à prix. Ne me sentant plus en sécurité et ne voulant pas risquer de troubler la quiétude qui régnait, je me retirai aussi discrètement que j'étais entrée. *Désolée chère Dudu, je ne peux rester plus longtemps mais sache que mes pensées sont avec toi
Smoking Joe
Smoking Joe
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11/11/2006
Posté le 13/04/2008 à 15:29:08 

Bien sûr que mes pensées vont vers celles qui restent : Alanis et Dulcina.... Mais celui qui nous a quitté, un Grand Monsieur, un Très Grand, comme Liberty en connaîtra peu. Nick restera dans mes pensées pendant longtemps, fort longtemps......
Slaughter
Slaughter
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20/10/2005
Posté le 13/04/2008 à 16:09:12 

C’est avec le cœur gros que slaughter arriva dans la salle suivi peu de temps après par Elinor qui vint s’installer, sans un mot, à coté de lui. Il tenait a exprimer son soutien à son amie Dudu. Une foule de souvenirs tantôt douloureux, tantôt heureux le submergea,...
Sita LeRoy
Sita LeRoy
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15/07/2006
Posté le 13/04/2008 à 16:18:56 

Elinor assista également à la messe en l’honneur de Nick le brun. Un dernier au revoir pour le mari d’une amie proche, le père d’une petite fille adorable, mais surtout un dernier au revoir pour un grand Homme qui avait laissé une marque indélébile dans l’histoire de Liberty.
Gwenn de Kermeule
Gwenn de Kermeule
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21/08/2007
Posté le 13/04/2008 à 16:42:12 

Henri d'Aramitz avait délaissé sa tenue de mousquetaire pour une robe d'abbé Catholique au col blanc. Le trajet avait été long et pénible, il était totalement épuisé en arrivant, mais heureusement aucun Anglais n'eut la malséante idée d'essayer de s'en prendre à lui. La demande de Dulcina l'avait surpris...il se doutait qu'elle voudrait lui parler des derniers instants de son époux, mais de là à lui demander de bien vouloir présider aux obsèques du paria ? Ajustant ses manches, il se présenta dans l'imposante salle souterraine de l'église de New Kingston, qu'il avait déja visité pour d'autres occasions, moins chrétiennes et moins honorables. L'impression dégagée par la vaste salle aux murs blancs illuminée d'innombrables bougies et braseros était toujours aussi poignante. Il se signa devant la grande croix, trois fois. Un fin sourire cynique ourlait ses lèvres: un prêtre Catholique officiant dans une église de confession Anglicane, un mousquetaire du roi rendant les derniers sacrements à un traître à la nation Française...que le Seigneur avait bon goût ! Il salua la salle d'un hochement de tête, reconnaissant nombre de visages. Il présenta ses condoléances en personne à la veuve et l'orpheline que Nick laissaient à présent derrière lui. Il se racla la gorge, écartant les bras pour faire signe à chacun de prendre place au plus près de la nef...ils n'étaient pas si nombreux, après tout, et mettre un peu de chaleur et de convivialité au milieu d'un office funèbre était toujours un bon choix. Il redressa le visage et les strophes latines résonnèrent dans la salle. Saisissant le goupillon il aspergea le corps déposé dans le cercueil d'eau bénite et entama l'office. Les prières s'égrenèrent, l'ensemble des présents acceptant de communier dans l'amour du Christ. Quel magnifique spectacle que de voir ainsi des 4 Lunes se tenir côte à côte avec Jean-François de Montecroix...Nick pourrait se targuer d'une victoire morale incontestable. La messe dura plus d'une heure, la voix chaude et grave du prêtre résonnant sur les parois, les "amen" des témoins s'enchaînant avec chagrin. Puis, il acheva la cérémonie religieuse, effectuant un ultime signe de croix sur la dépouille, posant son pouce sur la marque qu'il avait lui-même apposée sur le front du maître des 4 Lunes, à la minute de son trépas. Cette fois-ci il l'oignit d'huile. Puis, il fit signe aux proches de se rassembler et à ceux désirant prendre la parole de le faire. Lorsque bien des heures plus tard tous furent sortis, il attendait encore, deux femmes avaient des questions à lui poser et il ne pouvait se dérober à une telle obligation. Le lendemain matin, les sentinelles Anglaises purent voir un homme portant une robe d'abbé sortir en titubant du Black Beer Pub, jettant négligemment une bourse bien lourde au tenancier.
Dulcina Fagney
Dulcina Fagney
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13/02/2006
Posté le 13/04/2008 à 17:13:20 

La cérémonie se termine… Henri d’Aramitz, vêtu de ses habits de prêtre, a mené cette cérémonie d’un bout à l’autre… Un silence pesant règne dans l’église, je sens beaucoup de regards se poser sur Alanis et moi. Tout au long de la bénédiction prononcée par le français, j’ai récité intérieurement de nombreuses, très nombreuses prières… http://img501.imageshack.us/img501/7015/13avrmessenick2ut7.jpg Henri invite maintenant les proches à venir prendre la parole… Je me lève, le remercie pour sa participation, et me tourne, fébrile, vers l’assemblée… ces proches, les miens, ceux de Nick, qui ont pu venir aujourd’hui… Je vais pour prendre la parole, je pense à tous ceux qui ne peuvent pas être là… Je tourne le dos à Nick, et prends ma fille dans mes bras… même si elle commence à être grande, et bien plus lourd qu’avant. Elle me donnera la force de parler… C’est si difficile… Une musique se met à raisonner dans l’église tandis que je m’apprête à prendre la parole… http://users.skynet.be/fa379788/era.htm Je me décide, ignorant les larmes qui menacent de s’écouler, et respire un grand coup. « Nick Le Brun… Vous êtes tous réunis aujourd’hui dans cette église en mémoire de Nick. Nick était, comme vous le savez, mon mari… nous nous sommes rencontrés sur cette île, nous avons appris à nous connaître alors que je pensais que ma vie était destinée à un autre homme… Nous avons vécu d’abord un Amour interdit… avant qu’un drame ne vienne bouleverser ma vie, et que Nick soit là pour me sauver. Il a toujours été là pour moi… Cette année que j’ai passée avec lui, nous avons vécu tant de choses… nous avons créé tant de choses… » Je regarde ma fille que je dépose à terre avec un sourire. Elle est si belle, comment son visage peut-il exprimer autant de tristesse ?... Je laisse une larme s’écouler malgré moi, et respire un grand coup avant de reprendre… « Nick était ce qu’il était… il n’avait pas que des amis sur cette île, il avait ses opinions, il était impulsif… mais il était toujours là pour ses proches, toujours prêt à intervenir en cas de danger… Il était non seulement un père, mais également un époux formidable… » Je ferme les yeux un instant… j’ai l’impression qu’il est là, derrière moi… Ce sentiment qu’il met ses bras autour de moi, descendant jusqu’à mes hanches, ses lèvres venant se poser sur la peau de ma nuque… Lorsque j’ouvre les yeux, plus rien. Que des larmes qui s’écoulent le long de mes joues… Je les essuie doucement, et reprends encore une fois ma respiration… « Aujourd’hui est un jour un peu exceptionnel pour Nick… Celui qu’on surnommait le Roi des Parias ne peut terminer ses derniers instants sur terre comme un apatride, un « moins que rien »… Nick et moi n’avons pas souvent parlé de nos passés… Mais je sais que ses parents adoptifs étaient écossais. Nick O’Côtier, c’était son véritable nom, avant d’arriver sur Liberty… et de servir la colonie française sous le nom que je porte actuellement… » Je me rappelle de ces quelques fois où il me parlait de son passé… Je ne savais pas grand-chose de sa vie d’avant, nous en parlions si peu… Mais sa vie sur l’île, personne ne pourrait l’oublier… pas même ses ennemis… « Il aura été français si longtemps… la colonie française de notre île de Liberty l’a rejeté il y a peu… raison pour laquelle cette cérémonie se déroule à New Kingston, et non à Port Louis, en ce jour… La France aura perdu un très grand homme… un compagnon qui savait se battre pour sa Nation. Et aujourd’hui, Nick va retrouver, à titre posthume, une Nation qui l’accueillera, en hommage à son passé… avec l’accord de notre Gouverneur… à qui je laisse la parole… » Je tiens à peine debout… Je regarde Prodigy, une boule au creux de mon ventre m’empêche de prononcer quoi que ce soit d’autre… Prodigy s’avance, tandis que je retourne m'asseoir, Alanis pleurant sur mes genoux…
Gouverneur Prodigy
Gouverneur Prodigy
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23/07/2006
Posté le 13/04/2008 à 17:32:08 

Prodigy avance devant l'autel et se demande que dire de plus après un tel discours... «Elevé par des écossais, marié à une irlandaise, Nick le Brun, est mort en combattant pour New Kingston. Il a à plusieurs reprises démontré son attachement à la nation Anglaise. C'est pourquoi aujourd'hui, au nom de la reine d'Angleterre et pour tous les services rendu à la couronne, je le fais Anglais. Puisse-t-il ainsi retrouver ses racines...» Dépose un bandeau rouge sur le cercueil. Se retourne pour parler à Dulcina «Toutes mes condoléances ma chère.» Retourne s'assoir à sa place.
Lady Jimmy's Virginia
Lady Jimmy
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19/03/2007
Posté le 13/04/2008 à 17:44:00 

Lady Jimmy's Virginia entre lentement dans l'église et regarde toutes ces personnes qu'elle ne connait pas... Elle continue a avancer et apercoit au loin une de ses amies et a coté d'elle une petite fille toute vetue de noire... A cette visoin , son coeur se sert... Elle s'approche de cette famille et leur murmure tout bas "sinceres condoléances".. puis elle s'éloigne
Louis-Philippe Armand de Maupertuis
Louis-Philippe Armand de Maupertuis
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12/03/2006
Posté le 13/04/2008 à 18:53:58 

La veille Victoire... Ainsi donc, tout ce travail, tous ces sacrifices, tous ces combats n'avaient pas été vains. La lune était haute dans le ciel, il s'était réveillé en pleine nuit. L'habitude des tours de garde. Au fond, la victoire importait peu. Seul importait le fait de s'être battu jusqu'au bout, envers et contre tout, contre la perfidie et la traîtrise, contre le mensonge, l’égoïsme et la médiocrité. Entre euphorie, trouble et inconscience, il décida de se rendre à New Kingston. Pour étancher la soif de sang anglais de sa lame peut-être, ou se convaincre de cette victoire inespérée, arrachée de haute lutte. La ville baignait dans un calme irréel, comme si la brume étouffait les sons, comme un jour de veillée funèbre. Mu par une impulsion subite, il se dirigea vers St Elizabeth Church. Il s'écroula contre un mur et le sommeil triompha là où les anglais avaient échoué... Le jour de la cérémonie Des bruits de pas. Il se réveilla en sursaut, la main sur la garde de son épée. C'était Hernanone, qui le salua. D'autres bruits de pas, le murmure de discussions étouffées... L'église se remplissait petit à petit. Il fut frappé par l'évidence. Nick, on l'enterrait aujourd'hui... Quelle ironie. Il ne put se résoudre à rejoindre les bancs. Sa présence aurait été déplacée, parmi tous ces gens dont nombre devaient le haïr. Aussi suivit-il la cérémonie adossé contre la pierre froide de l'église. Une discussion qu'il avait eu avec Nick, la dernière qui fut amicale, certainement, lui revenait à l'esprit. C'était à Esperanza, il y a moins de deux mois de cela. "Voilà, je pense que le mieux pour tout le monde, le mieux pour Dudu et Alanis, le mieux pour vous, le mieux pour la France..." Il rejoindrait sa femme et sa fille en Angleterre. Louis-Philippe en était alors persuadé. Alors pourquoi fallait-il qu'il meurt maintenant ? Pour lui donner tort ? Comme s'il avait le droit d'abandonner Dudu et Alanis ! Il devait être écrit que Nick ferait un dernier pied de nez au destin. Il s'en allait aujourd'hui, avec sa part d'ombre et sa part de lumière, et aujourd'hui le ciel pleurait. Louis-Philippe eut un sourire en l'imaginant au ciel, un peu perdu mais pas démonté pour deux sous. Puisse Dieu savoir quoi faire de lui. Amen.
Hernanone la Rousse
Hernanone la Rousse
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22/09/2006
Posté le 13/04/2008 à 19:37:19 

Port Louis, 4 jours plus tôt Hernanone était à Port Louis pour se réapprovisionner en bandages et faire quelques affaires. Elle avait passée la journée dans sa maison de guilde à se reposer, profitant d'une journée de tranquillité avant de partir rejoindre son filleul qui manquait de bandages. Un message était arrivé alors qu'elle somnolait paisiblement. A la lecture du papier, son cœur se serra, et ses yeux s'embuèrent de larmes. Elle prit une feuille, y traça quelques mots de sa belle écriture et envoya la réponse. Elle allait devoir se dépêcher mais elle y serait à temps... New Kingston, aujourd'hui Elle pénétra au environs de midi dans la ville. Elle n'avait rencontré aucune difficulté sur le chemin, la guerre s'étant achevée la veille. Sans perdre de temps, elle pénétra dans l'église, se dirigeant vers l'arrière salle, un sentiment d'oppression dans la poitrine. Elle croisa Van de Jama Hyck et lui laissa un petit présent. Elle salua Louis-Philippe à l'entrée de la salle puis chercha un endroit où elle pourrait s'installer, en attendant que la cérémonie commence. Prodigy et Slaughter la saluèrent amicalement, contents de la revoir malgré les circonstances. Hernanone ne sentait pas à l'aise dans un tel lieu...Elle avait été absente moralement durant toute la cérémonie et même pendant le discours de Dudu, elle était perdu dans ses réflexions, pensant que Nick n'aurait pas du se trouver là, dans ce cercueil, qu'elle ne devrait pas être là mais qu'ils auraient du se rencontrer sur l'île...Elle regrettait de ne pas l'avoir mieux connu. Elle murmura pour elle-même: Nick, tu fus un grand homme, je t'appréciais et je te respectais pour ce que tu étais...J'aurai aimé te le dire de vive voix mais le destin en a décidé autrement...Puisses-tu ne jamais changer, même là où tu es désormais. Elle détacha son regard du cercueil pour le poser sur Dudu et sa fille....Une immense tristesse envahit la Française.
Dulcina Fagney
Dulcina Fagney
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13/02/2006
Posté le 13/04/2008 à 19:37:28 

J’ai vu Prodigy déposer le bandeau rouge sur le corps de Nick Au fond de moi, je ne peux m’empêcher de penser que rien de tout cela n’aurait jamais dû arriver… Nick aurait pu porter les couleurs anglaises bien plus tôt, mais il était attaché à la colonie française… et il en voulait à certains français de l’avoir viré de cette manière, après tout ce qu’il avait fait pour sa Nation… Porter le bandeau anglais n’était pas pour lui déplaire, je savais qu’il se serait plu dans notre Nation, et ses origines écossaises, ses liens avec moi… tout le rapprochait de l’Angleterre… tout, sauf son attachement à cette colonie de l’île pour laquelle il s’était battu. Je lève les yeux vers la voûte de l’Eglise, si haute… Mon Amour… tu es parti trop vite, bien trop vite… Te voici anglais, j’espère que de là où tu es, tu sauras apprécier cet acte qui n’a de toutes manières plus beaucoup d’importance… Alanis et moi allons devoir apprendre à vivre sans toi, c’est si difficile, je t’en prie, aide nous… Plusieurs personnes viennent me voir, m’offrant des fleurs, en déposant également devant le cercueil dans lequel Nick repose définitivement… Je hoche la tête, je lâche de simples « merci » sans réussir à dire autre chose, l’estomac et la gorge noués… et surtout, je m’inquiète pour Alanis… Si mon chagrin est intense et palpable, le sien est d’autant plus difficile à gérer qu’elle essaye de le cacher. Elle est dans les bras de son parrain là, et j’en profite pour faire un tour de l’église… remerciant certaines personnes d’être venues… C’est alors que je vois Louis-Philippe Armand de Maupertuis… Il est un peu plus loin, adossé contre les pierres de l’Eglise, semblant songeur… Je me souviens de propos échangés avec lui, juste après que Nick n’ait été pariatisé, et ne se soit fait agresser par Caratawc, pendant le Tournoi du Lys… Louis-Philippe était venu me voir le soir même, après m’avoir croisée plus tôt dans la journée, mal en point et inquiète, dans les rues de Port Louis… « - Je me suis enfuie à Port Louis... j'étais perdue.. - Je... J'aurais voulu vous suivre… Quand j'ai quitté la taverne, je ne savais où vous étiez - Je suis tombée sur Madre... Elle m'a invitée quelques instants chez elle et s'est occupée de moi... j'étais partie en laissant ma fille avec Choco... Je voulais savoir comment allait Nick... - J'ai entendu des bruits selon lesquels il se porterait plutôt bien. Je ne doute pas qu'il s'en sorte, même dans le far (nord-)est. Et puis, il pourra rejoindre bientôt l'Angleterre. Vous serez réunis... - Ce qui m'effraie davantage, c'est de le savoir si loin, séparé de sa fille... chaque fois que quelqu'un s'en prendra à lui... Pensez-vous qu'il lui soit si facile de rejoindre l'Angleterre? Pensez-vous qu'il oubliera facilement la France? S'il venait à porter les couleurs anglaises... ça serait davantage pour ne pas risquer trop, pour sa famille... mais au fond de lui-même, il restera toujours attaché à la France... après tout ce qu’il a fait… enfin... - Nous verrons ce que l'avenir nous réserve. Je souhaite que la petite puisse grandir auprès de ses deux parents, et je vous souhaite de trouver la paix. - Je pense que nous avons trouvé une solution pour cela... mais ce n’est pas sa pariatisation qui arrangera tout cela… enfin... c'est une autre histoire… bien que très prochaine... - Demain, vous me raconterez ! - Peut-être... mais j'en doute. - Bonne nuit, Dulcina . - Bonne nuit, Louis-Philippe. - Vous savez que vous pouvez compter sur moi - Je vous en remercie... » Ce que je craignais alors avait fini par arriver… Je lui avais dit, déjà auparavant, que je craignais que tout ne soit que plus dangereux s’il se retrouvait paria… Nous devions partir d’ici si peu de temps, pourquoi tout s’est-il enchaîné si vite ?... Je ne vois plus rien… Louis-Philippe n’est plus qu’un amas de larmes, et je n’ai pas le courage d’aller lui parler… pas le courage… Je retourne près du cercueil, et m’assied à côté. Choco s’occupe d’Alanis, je l’entends lui expliquer pourquoi son père ne reviendra plus… Branl arrive et me prends la main en regardant Nick. « Adios, amigo » murmure t-il, en s’asseyant près de moi…
Madre Anna
Madre Anna
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09/12/2005
Posté le 13/04/2008 à 21:02:35 

Quelques jours auparavant, j'avais reçu une lettre de Dudu, qui m'invitait, même si le terme convient peu à de telles occasions, aux funérailles de Nick. J'avais mis longtemps à lui répondre. La guerre d'abord, qui me prenait beaucoup de temps, et qui me faisait hésiter à me rendre à New Kingston. Autre chose aussi. Ne pas y aller, c'était faire comme si. Comme si j'allais bientôt croiser Nick, au hasard de mes pérégrinations sur l'île. Mais la guerre était finie, et faire comme si n'était pas une solution. Vers midi, je me rendis à Saint Elisabeth Church, où je retrouvais Dudu et Alanis. Après avoir embrassé Dudu, je m'occupais aussitôt de la fillette, qui était comme posée près du cerceuil de son père, sans avoir l'air de comprendre ce qu'elle faisait là. La cérémonie commença. Je n'écoutais rien, perdue dans mes pensées. J'avais trop entendu de messes pour m'y intéresser aujourd'hui. Qu'est-ce que les mots d'un prêtre allaient changer au sort de Nick, maudit sur la Terre, peut-être bienheureux pour l'éternité? Aujourd'hui j'en voulais à Dieu, j'en voulais aux hommes, j'en voulais même à Dudu, pauvre femme. Sans elle, il n'aurait peut-être pas fait tout ça. J'en voulais même à Nick, d'être parti avec sa joie de vivre, et de laisser cette petite tremblotante que je tenais dans mes bras, aussi fragile qu'elle face à la disparition d'un homme. Machinalement, les prières sortaient de ma bouche, et ces mots presque inconscients apaisèrent ma colère. "Repose en paix mon ami, tes femmes sont fortes, elles s'en sortiront sans toi. Les larmes se mettaient à couler, quand soudain un geste de Prodigy les stoppa, ravivant mon courroux. Il ceignait un bandeau rouge autour de la tête de Nick, comme si celui-ci avait pu être autre chose que Français.... Décidément, ils mêlaient la politique à tout, ôtant toute dignité à cette cérémonie. Je regardai Dudu éplorée, serrai plus fort Alanis dans mes bras, et par respect pour toutes les deux, gardai le silence.
Jean-François de Montecroix
Jean-François de Montecroix
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Posté le 14/04/2008 à 02:00:59 

Jean-François était resté silencieux depuis son arrivée à New Kingston. Il aurait dû être heureux de la victoire Française, et pourtant il n’arrivait pas à sourire, ni à s’accorder sur les sentiments qui tentaient de s’exprimer en lui. Il entra dans l’Eglise et rejoint les autres personnes qui assistaient à la Cérémonie. Chacun venait dire quelques mots pour tenter de réconforter Dulcina et Alanis, et faire ses adieux à Nick. Il resta immobile plusieurs heures, à contempler ce manège sans trouver la force d’aller faire de même. Après la messe, il s’approcha du cercueil, se plaçant auprès de la veuve, une main réconfortante posée quelques instants sur son épaule. Il serrait dans la main une missive qu’il gardait précieusement sur lui depuis quelques temps. Les mots lui vinrent finalement dans un murmure adressé au défunt : « - Nick… Imbécile… » Totalement inappropriés, les mots lui étaient sortis de sa bouche d’eux même. Il poursuivit. « - Tu n’avais pas le droit de mourir maintenant… Pas comme ça… » Mettant de l’ordre dans ses idées, il déplia un instant la lettre et la parcourut rapidement, avant de la ranger dans sa veste. « - Tu disais n’avoir aucun regret ? Te tourner vers l’avenir ? Pourquoi avoir agit ainsi dans ce cas ? » Il marqua une longue pause, cette fois. Son visage exprimait de la tristesse. De la colère presque. « - Je n’oublierai cependant pas ces paroles… Nick, nous nous ressemblions plus que nous ne le pensions. Amis… Ennemis ? Cela n’a plus d’importance maintenant. » Dulcina lui jeta un regard triste et le remercia. L’avait-elle entendue ? Il l’ignorait. Il s’écarta alors pour les laisser passer, Alanis et elle, ainsi que la procession qui allait mener Nick au camp paria pour l’y enterrer. Il glissa une lettre dans une des poches de Dulcina, puis regarda la procession s’éloigner. Il conclut ses adieux. « - Va en Paix, Nick. Nous nous reverrons en Enfer je suppose… » Il demeura immobile plusieurs minutes après leur départ, saluant les quelques occupants de l’Eglise avant de prendre ses affaires et de partir.
Dulcina Fagney
Dulcina Fagney
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13/02/2006
Posté le 15/04/2008 à 16:35:33 

Je lève les yeux… A ma droite, Choco s’occupe de sa filleule, qui lui pose beaucoup de questions… Je tourne la tête et voit le prêtre, Henri d’Aramitz. Je l’examine du regard… habillé de sa toge de chrétien catholique, il parjure avec l’environnement anglican… Je me souviens de la tête du curé de l’église lorsque je lui ai annoncé que j’avais demandé à un prêtre catholique d’officier la messe pour NickComprenez, Monsieur, Nick était catholique… nous ne pouvons faire cette messe à Port Louis avec les évènements actuels, cette cérémonie est en mémoire d’un mort… J’ai dû batailler pour réussir à le convaincre de laisser le français officier dans son église. Quelque part, cela me rassurait… en Irlande, avant que les anglais ne viennent imposer leur Eglise, nous étions catholiques… j’ai grandi catholique, et si j’ai suivi l’église anglicane par la suite, c’était uniquement pour ne pas risquer d’émeute et continuer à mettre en pratique ma Foi. Avec Nick, tout avait été simple… Mariage catholique, baptême d’Alanis catholique… j’aurais tellement aimé qu’il n’y ait pas d’autre cérémonie… Je reviens à mes esprits, et me lève pour rejoindre Henri d’Aramitz. Je cherche mes mots… comment lui dire, lui demander tout ce que j’ai sur le cœur ?... Il me regarde réfléchir et prononce les premiers mots… « Prenez votre temps, ma fille... » Il lève doucement les mains, les gardant jointes. Je me décide à prendre la parole, la voix cassée… et je garde les yeux baissés… « - Je... merci d'être venu... Merci de cette bénédiction... - Ce n'est bien que le minimum que je puisse faire, mon enfant...c'est un devoir Chrétien. » J’hésite, cherchant comment en venir à ce que j’ai sur le coeur... Il se rapproche de moi et se fait moins formel. « - Vous désirez vous asseoir ? - Oui, peut-être, merci... » Je m'assied sur une des banquettes qui se trouvent là, et respire un bon coup avant de relever mes yeux vers lui. « - Monsieur... Vous avez donc été celui... celui qui a vu le dernier mon mari en vie?... - Nous étions plusieurs, mais j'ai été son confesseur. " Il parle doucement, agenouillé face à moi. Je le regarde et la question que je me pose depuis plus de dix jours maintenant sort d'elle-même... "Je... comment était-il?... je veux dire, a t-il souffert?... » C’est dit… je sens les larmes me monter… Il sourit faiblement, avant de me répondre posément. « Mourir n'est jamais agréable, vous connaissez la guerre, je ne vous mentirais pas inutilement... Mais ce que je peux vous dire... C'est qu'il a su trouver la paix. » Je le fixe de mes yeux embués, cherchant n’importe quel réconfort dans ses paroles… « Il regrettait sincèrement ses actions, même si ce qu'il regrettait c'était plus de ne plus être là pour vous que quoi que ce soit d'autre... Mais il s'est amendé et m'a demandé de lui octroyer la bénédiction de l'extrême-onction. » Cela semble manifestement très important aux yeux du prêtre. Je tripote mes mains en l’écoutant, perturbée, puis hoche la tête. Il pose sa main sur les miennes. « Je suis tellement heureuse qu'il ait pu avoir un Homme de Dieu à ses côtés pour ses derniers instants... Je... - Le Seigneur le recueillera en son sein, car Nick a su faire face à ses actes. » Il se tait soudain pour me laisser poursuivre. Je laisse couler une larme en perdant un peu de consistance dans ma voix. « J'aurais tellement voulu être là, vous comprenez... ça n'aurait jamais dû arriver, j'aurais dû être avec lui, j'aurais dû... » Je m'arrête de parler un instant et détourne un peu la tête... « Ecoutez moi je vous prie. Votre place était, et, et demeurera celle que vous occupiez alors. » Il incline légèrement le visage en direction d'Alanis avant de continuer. « Ce trésor est la plus belle chose que cet homme ait pu faire, de toute sa vie. Et vous protégiez cette enfant. Pardonnez la dureté de mes paroles, mais celui qui n'était pas à sa place en cette nuit sinistre, c'était lui. Comme tant d'entre nous, soldats, il a fini par oublier qu'il n'était qu'un homme. » Je regarde Alanis avec tristesse, et les sanglots me viennent. « Je n'étais pas avec ma fille... j'étais au "combat", si je puis dire... il est parti alerter les troupes hollandaises pour me permettre d'agir à un autre endroit... » Il se tait un instant, cherchant quelque chose à répondre. J’enchaîne quant à moi en regardant ma fille avec tristesse… « Je lui avais promis, à Alanis, de revenir avec son père... Je lui avais promis, et je suis revenue sans lui... sans même l'avoir revu... Nous devions quitter l'île, tous les trois... » Doucement il hoche de la tête. « Alors je comprends le sens de cette autre douleur qui vous habite... » Je relève les yeux après m'être calmée un instant, pour le regarder. « Je ne veux pas vous ennuyer avec ça... vous avez déjà bien assez fait... Je vous remercie... d'avoir été là pour lui... » Sur ces mots, je cherche à me relever doucement, mes mains quittant la sienne. « Madame. Je ne suis point de vos amis, et je leur laisserai les mots qu'ils auront à vous dire. Mais si vous le désirez, j'ai moi aussi quelque chose à vous dire. Quant à ma place à ses côtés...elle était naturelle...aucun défunt ne mérite notre haine, sauver son âme était ma seule préoccupation ! » Je m'arrête, intriguée... « Merci pour lui... il n'était pas le monstre que certains pouvaient voir en lui... » Il sourit à nouveau avec tristesse. « Il n'était que mon ennemi et un ancien frère d'armes. La plupart d'entre nous ne l'ont jamais vu autrement. Mais ce que j'ai à dire concerne les vivants. » Il regarde franchement Alanis cette fois-ci, puis son regard de braise revient sur moi. Je reste attentive, non sans m'attarder un moment sur Alanis... « - Cette île vous aura déjà fait vous parjurer au moins une fois. Auprès de votre propre fille. Elle y a perdue son père. Je sais que vous avez des obligations à New Kingston, des responsabilités. Remplissez les au mieux, mais n'oubliez jamais comment est tombé votre époux. - Que m'importent ces responsabilités maintenant... J'ai perdu l'une des deux personnes qui m'étaient le plus chères... » Je détourne la tête. Son regard exprime une grande tristesse. « A vos amis je laisserais le réconfort, moi je ne vous dirais que ceci : Partez. Rassemblez vos économies, vos biens. - Je... » Je sens une nouvelle vague de larme m'inonder, tandis qu’il continue. « Prenez un navire sûr. Quand le temps sera plus clément et que la saison des tempêtes sera passée. Cette île vous aura apportée gloire, richesse, mais surtout un époux et une fille merveilleuse. A présent vous ne pourrez rien en retirer de plus, et vous avez une responsabilité écrasante. » Je relève mes yeux desquels des larmes coulent abondamment. « Je n'ai jamais abandonné cette idée de quitter l'île... » Dans un réflexe de galanterie nobiliaire, il sort un impeccable mouchoir de soie blanche et me le tend sans même y penser. J’accepte le mouchoir et m'essuie doucement les joues avant de continuer. « Je ne pourrais supporter qu'il arrive quoi que ce soit à Alanis... et c'était la raison pour laquelle Nick et moi avions commencé à préparer notre départ... Aujourd'hui... j'essaie de trouver le courage de quitter cette île... sans lui... » Je laisse mes yeux se poser sur le corps sans vie de Nick dans son cercueil... « Il aurait voulu que je protège Alanis... que je continue sans lui... mais c'est si dur, si dur... - Ma dame...vous n'avez pas d'autre choix. Vous avez des biens, et des amis, nombreux. Et d'autres encore vous aideront, moi y compris. Nul ne pourra vous soulager de votre douleur...mais nous nous y efforcerons. Et si vous devez blâmer quelqu'un au bout du compte, ce devrait être lui. » Il sourit avec affection cette fois. « Mais vous n'en ferez rien. » Je reprends mes esprits, comme si la chose la plus stupide vient de m’être dite. « - Pourquoi le blâmerai-je... enfin... - Il est trop tard pour le détester. - Le détester ? » Je secoue la tête avec une grimace, quelle idée absurde… Je regarde une nouvelle fois le corps de mon mari avec tristesse, avant d’ajouter quelques derniers mots au prêtre. « Nous allons l'enterrer... puis... puis nous partirons... » Il hoche de la tête. Je le remercie de sa présence, et me dirige à nouveau vers le cercueil… Slaughter passe me voir comme beaucoup pour me soutenir… Une main se pose sur mon épaule, et j’entends une voix murmurer… « Nick... Imbécile, tu n’avais pas le droit de mourir maintenant... Pas comme ça… » Je reconnais cette voix… En temps normal, elle m’aurait fait du bien… là, je me contente de fixer Nick le cœur serré, en entendant la voix continuer… « Je n’aurai aucun regret, et je me tournerai vers l’avenir, comme tu l’as dit... Merci mon... ami. Va en Paix. » Je ferme les yeux, et je revis ce soir où, alitée à l’hôpital de New Kingston, il était venu me voir… me parler… de Nick… « Je veillerai à ce que ta famille ait la tranquillité à laquelle tu aspirais. » Je le revois encore écrire, puis me donner cette lettre pour Nick… une lettre que je n’aurais pas lue, mais dont j’aurais vu l’effet sur mon mari lorsqu’il la lut… « Je te le promets… » Je me décide à me retourner, le visage livide et vide, des larmes marquant encore le trajet entre mes yeux et mon menton… Je lève mes yeux vers lui, sa main est toujours sur mon épaule… en d’autres circonstances, je me serai réjouie, comme toujours, de le voir… Aujourd’hui, je n’arrive à ressentir un quelconque sentiment positif… je n’arrive à rien lui dire, je le fixe, nos regards se croise, et je sens sa main serrer mon épaule… Je ne trouve rien d'autre à dire qu'un faible "merci" à Jean-François. Puis, je me lève, et je vais chercher ma fille. Jama, Gabian et Branl se lèvent avec moi, et reviennent poser le couvercle du cercueil. Alanis regarde son père disparaître derrière le lourd couvercle de bois, et je vois ses petits poings qui se serrent. « Viens ma princesse… on va aller manger quelque chose, puis on aura de la route à faire pour aller enterrer Papa… » Elle me tend la main et me suit, tête baissée… Un convoi, une longue procession… Pourvu que tout se passe bien… pense-je en sachant le chemin qu’il nous faudra parcourir…
Dulcina Fagney
Dulcina Fagney
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13/02/2006
Posté le 16/04/2008 à 17:57:07 

La route a été longue… Tout du long, Ar Sparfell, Van de Jama Hyck, Don Branlouz et mon filleul Gabian nous ont accompagnées, Alanis et moi… et ont porté le cercueil de Nick. Nous avons marché sans relâche, ne nous arrêtant que lorsque nécessaire, et choisissant des endroits aussi calmes que possibles pour passer nos nuits… toujours en s’assurant que l’un de nous montait la garde, pour assurer la protection de ma fille… Le chemin aura été beaucoup plus long, mais tellement plus calme… et moins dangereux. Nous voici enfin arrivés au Camp Paria… Je regarde les lieux, y suis-je déjà venue ? Je ne crois pas… Cet endroit m’est inconnu, et pourtant il est chargé de souvenirs de mon époux… Sur le chemin, nous avons traversé des lieux difficiles pour moi… C’est ici même que Nick m’avait demandée en mariage… Je me suis arrêtée un moment sur ce pont, et il m’a suffit de fermer les yeux pour le revoir face à moi, s’agenouillant… Son sourire, ses yeux qui me fixent avec appréhension… et qui s’éclairent lorsque je lui dis oui, sans hésiter… ses yeux, si profonds, si bleus, tant d’amour… tant d’amour… La larme qui s’est échappée m’a fait rouvrir les yeux… me rappelant à la dure réalité… Et maintenant, nous voici au Camp. Ce fameux camp paria, où nous avons choisi de l’enterrer… Le « Roi de Parias » pourra ainsi reposer dans son royaume… Nous sommes fatigués. Point trop d’encombres sur le chemin, mais la route était longue, et éprouvante, tant j’étais toujours sur mes gardes. Je prends ma fille dans mes bras et l’embrasse… Nous allons nous installer ici, avec nos amis qui la protègeront… et demain, tous ensemble, nous l’enterrerons… Je regarde ma plume dont le bout est complètement usé… Beaucoup de lettres sont parties, aujourd’hui… Ma décision est prise… je serre Alanis plus fort encore en lui chuchotant. « Ma princesse, mon trésor… je serai là, toujours là pour toi… »
Dulcina Fagney
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13/02/2006
Posté le 17/04/2008 à 12:34:04 

Le jour se lève sur le camp paria… Une étrange lueur éclaire ces lieux… Cet endroit pourtant reculé du reste de l’île et étant censé accueillir les pires criminels de l’île, fait ressortir une sorte de calme… étrange… Le soleil fait en tous cas ressortir de multiples couleurs dans le paysage… Une petite brise paisible vient se perdre dans mes cheveux, J’en viens presque à ressentir un calme en moi… presque… Autour de moi, certains dorment, d’autres montent la garde… chacun veillant sur l’autre, et surtout sur Alanis. Pendant mon tour de garde, j’ai pu surprendre un paria hollandais qui nous faisait les poches… il a malheureusement compris trop tard les raisons qui poussaient tout ce beau monde à se retrouver en ces lieux… Alanis se réveille doucement et s’étire, se collant à moi pour se blottir. Je la caresse doucement, ma princesse, mon trésor… Lorsqu’elle ouvre ces yeux, j’ai ce même pincement au cœur qu’à chaque fois qu’elle me regarde… elle a les yeux de son père, c’est incroyable… Elle continue de grandir… toujours aussi, voire plus belle... Nous sommes tous deux de noir vêtues, et comme moi elle n’a pas avalé grand-chose ce matin. Elle sait que nous allons enterrer son père aujourd’hui. Le cercueil repose près de nous, la dernière nuit de Nick à nos côtés… Petit à petit, tout le monde se réveille. Chaque fois que nous nous trouvions réunis, cela a toujours été dans des conditions festives… Aujourd’hui, pour la première fois, l’ambiance n’est pas gaie… Aujourd’hui, tout le monde est silencieux, sauf le violon de Michel qui joue pour Nick… http://img231.imageshack.us/img231/6882/17avrenterrementjh9.jpg Il manque encore quelques personnes… en route, ou bien encore qui doivent s’acquitter des infirmières qui les retiennent encore. Le soleil est haut maintenant sur le Camp Paria. Mais les couleurs, si elles ont changé, sont toujours variées et nombreuses… comme pour palier à notre tristesse, à tous…
'Le Violoniste'
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15/10/2007
Posté le 17/04/2008 à 14:05:02 

Pour Nick, Grand bonhomme de Liberty par Michel 'le violoniste' Le soleil est là, mais le coeur, lui, n'y est pas. Ce jour funeste restera dans ma mémoire, Comme le reste d'un jour sans gloire. Pour Nick, sa vie, son oeuvre et son trépas. Beaucoup de proche sont là, à côté de moi, Beaucoup de gens pleure, le plus grand des parias. Mon violon, toujours présent dans ces moments, Vibre tout autour du camp, dans un air entrainant. Pour toi mon ami, mon frère, Pour vous Dudu et petite Alanis, Sachez que de ma vie, Sur terre jusqu'au paradis, Je serai à vos côtés, comme un père. Les mots ne peuvent traduire ma tristesse, Ma musique, aussi forte soit elle, Ne peut reproduire ma détresse, Alors maintenant, laissons place à l'éternel. Pour Nick, pour cette figure emblématique, Que chaque corsaire de Liberty, Qui lit ce que j'écris, Observe une minute magnifique De silence nostalgique.
Dulcina Fagney
Dulcina Fagney
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13/02/2006
Posté le 17/04/2008 à 15:16:59 

Le silence est d’or, dit-on… Aujourd’hui, il est pesant… Une triste cérémonie se déroule au Camp Paria. Chacun leur tour, nos amis prennent une pelle, et se relaient pour creuser le trou qui servira de terre d’accueil à la dépouille de Nick. Je les vois creuser, le cœur lourd… Pendant ce temps, j’ouvre le cercueil, une dernière fois. Alanis a du mal à supporter cette vue, et se tourne. Mon époux gît là, paisible, sans plus aucune once de vie qui le parcourt… Une dernière fois, je prends sa main. Son contact froid me glace le sang… peu importe. « Voilà mon Amour… tu es arrivé à destination… j’aurais aimé visité ce lieu du temps de ton vivant avec toi… » Je repose doucement sa main, et laisse ses amis s’approcher du cercueil… Le temps qu’ils creusent le trou, je prends Alanis avec moi et m’écarte un peu. « Papa va être enterré dans ce trou ma princesse. Ensuite, il pourra retourner au ciel, et il sera toujours avec nous, toujours, dans notre cœur, dans notre tête. » Elle me regarde, la mine si triste, depuis la Cérémonie elle a compris ce que signifiait la Mort… un choc pour elle, j’essaie d’être forte pour l’aider à surmonter ça… Nous attendons que le trou soit terminé… et je lui parle, doucement, pour la rassurer… pour lui montrer que je suis là… Encore un peu de terre à retirer… l’ambiance est lourde en émotions…
Dulcina Fagney
Dulcina Fagney
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13/02/2006
Posté le 17/04/2008 à 15:37:06 

Ric me fait un signe de tête… c’est prêt. Doucement, nous refermons le couvercle. Doucement, ils attachent des cordes sur les poignées du cercueil. Doucement… ils le descendent dans le trou qu’ils ont creusé. Je regarde la scène en retenant mes pleurs… jusqu’à ce que le cercueil arrive au fond du trou, jusqu'à ce qu'ils lâchent les cordes qui s'échouent au fond... Je me tourne alors pour attraper les fleurs que j’ai apportées… et m’approche du trou. A haute voix, d’une voix cassée et peu sûre, je balance une à une les fleurs dans le trou… « Une rose rose pour l’estime que je t’ai toujours portée, et ce avant même d’apprendre à te connaître véritablement… Une rose bleue pour l’amitié de tous les présents ici… Une rose jaune pour représenter le soleil que tu étais pour nous tous… Une rose blanche pour représenter notre Amour, simple et pur, et le fruit qui en a résulté dans cette même lignée… » Des sanglots me viennent, je regarde Alanis les yeux embués, mais le cœur mélangeant douleur et fierté… Je respire un coup avant de continuer… « Une rose noire pour exprimer la douleur et le vide qui restera aux personnes que tu laisses derrière toi… » Je me baisse alors pour attraper les dernières fleurs… « Et des roses rouges pour… » Mes jambes ne tiennent plus, je tombe à genoux, tandis que j’arrive à prononcer dans un souffle… « Mon Amour, notre Amour… » Alanis s’approche du trou et se blottit contre moi, tandis que des larmes parcourent mon visage. Je reste ainsi une minute, juste une minute… qui paraît une éternité, une minute où le temps s’arrête, une minute où plus rien n’existe, où même le vent s’est arrêté de souffler, où même les oiseaux ont cessé de chanter… Puis, je me relève. Je laisse la place… beaucoup auront une dernière chose à lui dire… je ne peux pour ma part plus rien prononcer…
Alanis Fagney Le Brun
Alanis Fagney Le Brun
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05/12/2007
Posté le 17/04/2008 à 15:52:06 

Maman a jeté des fleurs dans le trou. Depuis hier, presque tous mes tontons sont là… ils s’occupent de moi mais je vois bien qu’eux aussi ils sont tristes que Papa est mort. J’essaie de me retenir de pleurer, Maman est déjà trop triste, je ne veux pas pleurer… Je ne veux pas, mais c’est trop dur de me retenir… surtout quand elle me regarde comme ça… Plus personne ne parle d’un coup, Maman pleure doucement, et quand je me retourne, je vois que mes tontons baissent la tête... y’en a même qui pleurent, j’ai vu des gouttes tomber de leurs yeux, je savais pas que mes tontons ils savaient pleurer… je croyais que c’était que les filles qui pleuraient… Alors je pleure aussi. J’arrive plus à me retenir, si même mes tontons ils pleurent… Et puis, Maman recule. Elle recule pour s’en aller loin du trou. Elle veut me prendre la main, mais je l’enlève. Je me baisse et j’attrape des fleurs, y’en a encore plein par terre. J’essaie de repenser à ce que Maman elle a dit avec les couleurs… je sais plus trop… mais j’en prends et je fais pareil. « Une fleur rose parce que je suis une petite fille et que je suis ta fille à toi, Papa… » Maman s’arrête et me regarde faire… elle ne bouge plus. « Une fleur bleue comme la mer que tu m’avais promis qu’on irait voir tous les trois sur un bateau… » Maman revient près de moi, et se baisse sans rien dire. Moi, je continue et je prends une autre fleur… « Et une… une fleur noire… parce que… t’es parti sans nous… » Je commence à beaucoup pleurer, j’vais plus réussir à parler… j’veux en jeter encore une, juste une… « Une fleur… rouge… parce que… je t’aime… Papa… » Maman me prends la main. « Oh ma chérie… » Je n’en peux plus, et je me jette dans ses bras… Elle me cajole, elle me fait des câlins et elle me parle doucement… Mais je pleure… parce que je peux plus me retenir, et comme ça Maman et moi on pleure toutes les deux…
Armand Thierry
Armand Thierry
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26/09/2007
Posté le 17/04/2008 à 17:37:38 

Je n'ai pas dormi de la nuit, je l'ai passé a songé du pied du palmier contre lequel j'étais adossé. Je pensais a tout les moments passé avec Nick, je me torturais... Je sors de l'hopital, je ne pouvais rater cela, il y avait beaucoup de monde. Je ne dis bonjour a personne, je me met dans un coin discret et je regarde. Les yeux brillants. Le cerceuil est enterré, Dulcina parle, nous écoutons tous, certains pleurent, d'autres sont absents, ils songent. Une fois la croix posée, je m'avance vers la tombe. Je suis devant, je me met a genoux. Je ferme les yeux pour prier, qu'il connaisse la paix éternel, nous sommes tellement à le souhaiter.J'enlève un chapelet horné d'une émeraude de mon cou, je le dépose sur la croix. Je me relève et fais un signe de croix : " Au revoir père ". Je me retourne pour partir, je croise Dulcina, la mine défaite, je me met face à elle, met ma main sur son épaule, baisse la tête au sol puis m'en vais. Je me replace au fond, je resterais surement là quelques jours...
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