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Chroniques de la Bûche  
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Bertha, Marquise de Buddenbrock
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09/09/2007
Posté le 03/10/2007 à 14:24:51 

Le grand voyage au pays de l'étrange commença à Arendal, ville maritime du Sud de la Norvège. J'embarquai à bord du Hans-Agder sous le nom de Traggarb. Mon vieil ami Ubin, dit « Le Hâbleur » m'avait mystérieusement baptisée ainsi lors de mon départ de Tigerstaden, où j'avais passé 6 longues années à ses côtés, tentant d'attrapper au vol les miettes de savoir qu'il daignait parfois jeter au vent. Jamais je n'osais le solliciter, sa sagesse et l'immense étendue du savoir qu'il détenait imposant le respect. Les longues promenades en sa compagnie, dans le silence et la fraîcheur du matin, me paraîssent loin maintenant. À mon arrivée à Arendal déjà, le souvenir de son visage tendait à disparaître de ma mémoire. Je l'avais pourtant si souvent scrupté, ce visage... lisse et impassible, diaphane et calme... À bord du Hans-Agder, les visages que je côtoyais étaient bien différents. Le teint buriné et les sillons de la peau caractérisaient les marins que je devais accompagner jusque Halifax. Une fois débarquée sur les côtes canadiennes, j'avais prévu de rejoindre Sept-îles en quelques semaines, afin de retrouver les miens. Mais il n'en fût point ainsi...
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09/09/2007
Posté le 03/10/2007 à 14:25:21 

Environ trois semaines après notre départ d'Arendal, alors que nous nous trouvions bien loin au large des côtes européennes, nous fûmes surpris par les tumultes de l'océan. Le vent se leva, une tempête se préparait.Il devint de plus en plus violent, se transformant en un véritable ouragan.Je ne saurais dire ce qui se passa exactement. L'équipage était compétent, mais cette fois-là le compas et l'octant avaient dû nous jouer un mauvais tour. Nous sommes partis beaucoup trop au sud. Du naufrage, il ne me reste que quelques souvenirs, car tout arriva très vite. Je me souviens seulement que le vaisseau se coucha sur le flanc et que nous avons pris l'eau. Comment tout cela a-t-il pu se produire, c'est toujours resté une enigme pour moi. Quand je repris connaissance, j'étais dans un canot de sauvetage. L'océan s'était calmé.Combien de temps suis-je restée évanouie, je ne l'ai jamais su. Quelques heures, quelques jours peut-être. C'est dans ce canot que j'ai retrouvé la notion du temps. J'ai fini par comprendre que le navire avait sombré corps et biens. Le canot avait un petit mât et je trouvai une vieille toile de voile sous les planches à l'avant du bateau. Je hissai la voile et tentai de naviguer en me guidant au soleil et à la lune. Je pensais être quelque part au large de la côte Est de l'Amérique et j'essayais de garder le cap plein ouest. C'est ainsi que je dérivai pendant une semaine sur l'océan, sans apercevoir le moindre mât de navire et avec pour seule nourriture eau et rhum. Je me souviens particulièrement bien de la dernière nuit.Les étoiles scintillaient dans le ciel, telles des îles inaccessibles que la voile de ce bateau ne me permettait pas d'atteindre. Etrange de penser que je me trouvais sous les mêmes étoiles que les miens qui m'attendaient à Sept-îles, ville québécoise de mon enfance. Nous avions beau les voir, nous étions à des années-lumière. Peu importe aux étoiles de savoir comment nous vivons sur cette terre. Bientôt mon père et ma soeur apprendraient avec consternation la disparition de l'équipage du Hans-Agder...
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09/09/2007
Posté le 03/10/2007 à 14:25:44 

Tôt le lendemain, alors que la lueur du soleil matinal s'étirait à l'horizon, j'aperçus une petite tâche au loin. Je compris que ce devait être une île. J'essayai de manoeuvrer pour m'en approcher, mais je me heurtai à un violent courant heurtant cette île invisible. Je donnai du mou à la voile et sortis une grosse paire de rames puis, dos au but, je glissai les rames dans les fourches. Je ramai sans discoutinuer, j'avais l'impression de faire du sur-place. Devant moi s'étendait l'océan infini qui allait être ma tombe si je ne parvenais pas à atteindre l'île. Je poursuisvis mes efforts pendant des heures, mes paumes étaient quasiment en sang, mais il fallait absolument que j'échoue sur le rivage de cette île. Sous le soleil de midi, les countours de l'île m'étaient déjà beaucoup plus distincts. J'aperçus une lagune parsemée de palmiers. Mais j'étais loin d'être arrivée et les dernières heures d'efforts intenses me parurent une éternité. Enfin je fus récompensée de mes efforts. Le soir venu, je pus atteindre la lagune et entendre le doux bruit du canot s'échouant sur la plage. Je descendis et tirai le canot sur la grève. Après toutes ces journées passées en mer, c'était merveilleux de sentir la terre ferme sous ses pieds. Ainsi fis-je mes premiers pas sur Liberty...
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09/09/2007
Posté le 03/10/2007 à 14:26:12 

Sur cette île mystérieuse, je découvris bien vite une étrange communauté... De la plage où j'avais débarqué, je n'aperçevais qu'une jungle dense mais décidai tout de même de m'y aventurer. Les rencontres que je fis avec toutes sortes d'animaux sauvages furent bien plus déconcertantes qu'épuisantes, mais sans provisions et avec pour seule arme mon corps affaibli par tant de jours passés en mer, j'eu tôt fait de m'écrouler face contre terre sans trouver la force de me relever... Je me réveillai alors sur un brancard de fortune, au beau milieu d'autres blessés. Mon crâne me faisait affreusement souffrir et j'ai bien cru qu'il allait imploser lorsque j'entendis: "Bienvenue à New Kingston, mademoiselle!" Wow, pas si fort, garçon! Un jeune homme assis à côté du lit me regardait d'un air bienveillant. "Vous m'avez l'air en bien meilleur forme que lorsque je vous ai trouvé au beau milieu de la jungle... - Oh dam c'est peu d'le dire, garçon! J'fus bien mâl prise dans cette forêt d'cocotiers! Mais où-ce donc que j'me trouve, à c't'heure? - Vous êtes ici à l'hôpital de New Kingston, ville anglaise de Liberty. - Liberty... c'est donc lâ le nom de c't'île? - C'est bien cela, mademoiselle..." répondit-il en réprimant un rire. "Pourquoué donc que tu t'marres, toué? - Pardon, mais votre accent..." Je ris alors à mon tour. Sans même m'en rendre compte, j'avais retrouvé mes habitdes québécoises... "Ah dam si c'n'est qu'celà, jt'en veux point, mon brâve... Faudra ptèt bin que j'me présente... Mich Mich, dite La Bûche! Et toué donc, comment qu'c'est ton p'tit nom?" À peine avais-je finis ma phrase qu'un homme entra en trombe pour réquisitionner les quelques corsaires remis sur pieds. Le jeune homme qui m'avait apparemment amenée jusqu'ici se leva alors pour rejoindre ses compatriotes. "Je reviens dès que je le peux, attendez-moi ici. - Et ton nom, garçon? Dis-le moué donc!" Mais mon sauveur avait déjà disparu, sans que je ne puisse le remercier. Ah fichtre! J'compte point rester m'avacher ici! J'entrepris donc de sortir de ce chenil pour éclopés, après avoir trouvé quelque endroit pour me passer un p'tit coup de débarbouillette. Mais baragouinant l'anglais aussi bien qu'une vache espagnole, ce ne fût point mince affaire de me faire comprendre par les infirmières... Enfin propre, je sortis de l'hôpital et découvris alors la charmante bourgade de New Kingston...
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09/09/2007
Posté le 03/10/2007 à 14:34:04 

Ah! ... New Kingston... Cette charmante bourgade accueillait une population éclectique. Sa taverne attirait surtout les corsaires qui partageaient mon goût du rhum, mais on pouvait croiser dans ses rues autant de voleurs de basse couche que d'êtres bien intentionnés... Il reignait dans NK une ambiance plutôt festive et je pouvais y respirer certaines fragances de mon parfum favori... celui de la liberté... Mais je me demandais s'il en était de même du reste de l'île. Pour savoir si Liberty méritait ce nom si prometteur, je décidai d'aller à la rencontre du gouverneur, espérant qu'il me confie du travail qui me permettrait de découvrir l'île sur laquelle j'avais miraculeusement échoué quelques jours auparavant...
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09/09/2007
Posté le 09/10/2007 à 15:52:13 

"Ah fichtre! Range toué d'mon ch'min, minicaribou! J'ai quête à accomplir et c'est sûrement point chose poilue de ton espèce qui me retardera!" Wow! Mais c'est qu'elle m'en veut c'te bestiole! Mais...mais... mais... Aaaaiïïïeeeeuuuu!!! Shlark. Trou noir. Lorsque je soulevai mes paupières, j'eus comme une impression de déjà vu... Nom d'un caribou aphone, me r'voilà d'nouveau deux jours plus tôt! J'savions point que j'pouvions remonter les pendules de la sorte! Puis je réalisai que je n'avais pas remonté le temps, mais que c'était bien la deuxième fois que je me retrouvais allongée au beau milieu d'autres blessés dans l'hôpital de NK. La vue de ma jambe encore ensanglantée me remémora alors brutalement la douleur ressentie lorsque les crocs de la bête s'enfoncèrent dans ma chair... Même si j'avais été plus réactive, je crois bien qu'avec ma simple lame je n'aurais pas pu me défendre bien longtemps face à des canines si aiguisées... Ah, nom d'une branche en bois! Et moi qui m'en allais gaiement parcourir les plaines de Liberty, m'imaginant naïvement n'avoir à faire face à aucune embûche... J'avais au moins appris une chose: sur Liberty, mieux vaut être bien équipé si tu veux te ballader sans être inquiété...
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09/09/2007
Posté le 21/11/2007 à 18:38:08 

Voilà maintenant un petit bout de temps que je traîne mes chausses sur cette île et ma foi j'ai croisé bon nombre de personnages farfelus... mais il y a quelques jours, j'entendis des propos qui faillirent me faire tomber sur les miches... "l'acte charnel me répugne au plus au point..." Je ne pus que m'étonner d'un discours si... exotique... mais que ces dires sortent de la bouche d'un pirate, cela ne manqua pas d'abasourdir l'hédoniste que je suis... Si ce cher Tyler m'entend... qu'il sache que j'ébranlerais ses convictions avec plaisir...
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Posté le 25/11/2007 à 13:37:22 

Ce cher Tyler... voilà justement que je le croise à nouveau chez Jacquot... J'étais pourtant bien partie pour m'brosser la patate avec Rohel, à la manière bin d'chez moué, mais ce Tyler... Ah oui ce Tyler... J'voudrais bien essayer d'le faire s'encanailler un peu, quand même... http://www.pirates-caraibes.com/fr/index.php?u_i_page=5&theme=17&sujet=13337&u_i_page_theme=1&u_i_page_sujet=2
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Posté le 25/11/2007 à 15:07:15 

Ces yeux... mais que cachent-ils donc...? Que cache cette apreté dans son regard...? D'où vient donc la répulsion que cet étrange pirate éprouve envers le plus bel acte qui soit...? Ah... comme j'aimerais connaître les réponses à ces questions... Ma curiosité m'a souvent joué de vilains tours, mais je ne peux résister à l'envie de savoir ... Ce Tyler est tellement mystérieux... Il m'effraye même un peu, je dois dire... Il ne ressemble guère à tous les hommes que je... fréquente... Je veux savoir... Allez drôle de pirate, acceptes mon verre... accordes-moi au moins un sourire... Laisses-moi voir un peu ce que tu caches... La main de Tyler s'approche en direction du verre, l'empoigne et sur son visage... un timide rictus s'affiche enfin... Eh bé voilà, mon grand! T'es bin plus mignon comme ça ! Mais dis-moi... avec un sourire comme ça... t'as dû séduire bon nombre de demoiselles... Tu veux quand mêm' point m'faire croire que t'en a jamais trouvé une qui t'ai satisfait... Alors pourquoi donc qu'tu cries sur les toits que l'union des corps t'écoeure...? Moi chuis sûre que c'est mêm' pô vrai c'que tu racontes, mon gaillard... Comme dirait ce sympathique Rohel «les Pirates font les durs, mais ils sont pas méchants...ils s'ennuient c'est tout...» Alors... est-ce que c'est ça...? Tu joues les prudes pour combler un ennui quelconque...? Si c'est là ton problème, j'peux ptèt' bin t'divertir, mon beau... J'essaye de soutenir le regard de Tyler... guettant le moindre moment de faiblesse dans son regard qui trahirait un peu de ses pensées... mais ces yeux me fichent une de ces chairs d'poulets... La peur m'envahit peu à peu... pourvu que je n'ai pas été trop loin... pourvu que mon excès de curiosité ne se retourne pas encore une fois contre moi.. et déjà je regrette mon imprudence verbale...
Tyler
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Posté le 01/12/2007 à 11:36:05 

_"Eh bé voilà, mon grand! T'es bin plus mignon comme ça !" Je n'étais pas habitué à tant de familiaritées ... La familiarité engendre le mépris... et les enfants ... ce qui dans mon cas est impossible ... Pour qui elle se prend la Mich ... pour me demander de faire étalage de ma vie privée alors que je ne la connaît même pas ... La faiblesse humaine est d'avoir les curiosités d'apprendre ce qu'on ne voudrait pas savoir ... _ Vous croyez que parce que vous m'offrez un verre je vais vous faire des confidences ... De plus, le sentimentalisme me donne des nausées et vous n'avez pas envie de connaître ma vie ... Je bois mon verre avec plaisir et délectations, parce que vous me l'avez gentillement offert, si c'est pour que vous crachiez dedans avec vos grossièretés ...
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Posté le 01/12/2007 à 11:56:45 

-Oh mais dam t'énerves point d'la sorte, l'ami! Moi j'toffrions un bon rhum pour t'détendre... mais dam ça n'a point l'air d'faire effet... J'me doutions bien qut'étais point facile à dérider... mais alors là... ta grinchonnerie m'en bouche un coin! Bon bé allez... 'scuse-moué donc... j'suis sûr'ment trop fouineuse... mais j'voulions point t'offenser... j'voulions juste te connaître un peu... pis toué au moins... bé j'suis sûre qu'tu m'sautera point sur l'jarret... ahhaha... C'pas ton genre ça... hein...? héhéhé... 'scuse-moué, j'peux point m'empêcher d'glousser... mais j'me d'mande bin c'qui fait qu'tu montres point d'attirance aucune envers moué... Pourtant d'habitude les gaillards... ah ça j'peux t'dire qu'j'ai même point b'soin d'bouger l'pit doigt pour que... Héhéhéhé... Ne serais-tu donc point vraiment mâle...? On dirait qu'tu r'ssent même point d'désir d'chair fraîche... Ne te suis-je donc aucunement plaisante à l'oeil, mon grand...?
Tyler
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Posté le 11/12/2007 à 20:13:03 

J'écoutais Mich Mich parler ce qui demandait une bonne dose de concentration ... un rhum de plus ne sera pas inutile ... Cette jeune femelle parlait comme un bûcheron avec une écharde sur la langue ce qui avait le don de contracter des muscles que je n'avait pas l'habitude de mettre en mouvement ... mes zygomatiques ... Je l'observais se lever puis se rassoir toutes les cinq minutes en prenant bien le soin de ramasser son mouchoir par terre afin d'exhiber à mes yeux indifférents la rotondité de sa lune ... Je ne l'écoutais déjà plus ... mon regard s'arrêtait sur ses yeux de biches ... Elles sont notre plus bel ennemi Quand elles ont l'éclat de la fleur Et déjà la saveur du fruit Les biches Qui passent toute vertu dehors Alors que c'est de tout leur cœur Alors que c'est de tout leur corps Qu'elles trichent Lorsqu'elles broutent le mari Ou lorsqu'elles broutent le diamant Sur les falaises roses de Liberty Les biches Qu'on les chasse à coups de rubis Ou qu'elles nous chassent au sentiment Elles sont notre plus bel ennemi Les biches de vingt ans Alors que mon esprit s'égarrait et que je fixais toujours l'anglaise des yeux mon corps s'enfonça litéralement dans ses yeux ... je fûs comme englouti dans le puit vert de son iris ... J'en ressorti aussi vite que j'y était tombé ... mais ce n'est pas le visage de la Mich que je découvris ... C'était celui d'Ayla qui riait aux éclats au milieu du marché noir de monde de Calackmul ... _ Hé ho ! Gamin !! Tu m'écoutes ? La voix de Mich Mich la Bûche m'extirpait de ce doux souvenir ...
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Posté le 13/12/2007 à 11:26:05 

Hé ho! Gamin!! Tu m'écoutes? Ah nan mais j'vous jure, les gaillards de nos jours... Enfin... surtout celui-là... 'l'est vraiment loufoque... limite inquiétant... Non seulement j'peux rien en tirer d'bon ... mais j'peux pas non plus l'faire parler... Je me dirige vers le comptoir et reviens avec deux bonnes doses de rhum Allez, boué donc moué ça ! Pis arrêttes un peu de m'fixer avec ton r'gard biscornu, loâ... Qu'est-ce qu'elle a ma trogne, hé...? Elle te r'vient point ou quoué...? Pis arrêttes aussi de me r'luquer les miches de la sorte... Ou bien si elles t'intéressent tant qu'ça... faut l'dire mon grand... Si c'est l'cas... jpeux t'faire passer un bon moment... Ah ça oui... j'pourrais t'en faire voir des choses... et autrement plus intéressantes que ces coureuses de remparts qui se trémoussent dans les pubs des quatres coins de c'te foutue île! Ah ça oui, mon grand... moi j'peux t'dire que j'ai toujours bien su m'occuper de mes galants... Et j'dois bin avouer que je sais beaucoup mieux faire l'amour que l'amitié... Je songe alors à tous ces hommes que j'ai aimé... que j'ai aimé physiquement, du moins... Une ombre de regrets vient alourdir mes pensées, mais je m'empresse de la chasser... Oh et puis finalement, l'amour est un acte sans importance, puisqu'on peut le faire indéfiniment... Alors pourquoi donc te refuses-tu un plaisir aussi simple... hein mon grand? Tyler me fixe toujours, le visage impassible… Ma curiosité me pousse à vouloir découvrir ce que cache cet étrange pirate, mais je sens qu’il ne me répondra pas si je m’y prends comme cela… Je ferais mieux de faire en sorte qu’il me fasse un minimum confiance, plutôt que de continuer à lui faire du rentre-dedans… T’sais, moué… Je ne me suis jamais refusée aux plaisirs de la chair… mais ça ne m’a point toujours rendue heureuse. Faire l’amour, c’est la liberté, mais aimer… c’est la perdre… Depuis, j’ai appris à faire l'amour sans me laisser aller à aimer… Mais finalement, j’regrette bin l’innocence que j’avais encore il n’y a pas si longtemps… D’amers souvenirs me reviennent au fur et à mesure que ma bouche délivre ces paroles… Puis l’inquiétude s’empare de moi lorsque je réalise que je parle de moi si intimement devant ce pirate… Je guette alors la moindre expression sur le visage de Tyler, espérant ne pas m’être dévoilée autant pour rien…
Bertha, Marquise de Buddenbrock
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Posté le 19/02/2008 à 17:35:43 

Les mâchoires du pirate amorçent soudain un léger mouvement. Je me fige alors, espérant entendre enfin la voix de Tyler exprimer ses pensées. Mais le pirate empoigne son verre, le vide d'un trait et déclare après un rot sonore: - Vos histoires de fesses ou de coeur me passent mille pieds au-dessus du bandeau, mademoiselle... Ecoeurée par ces paroles bourrées de mépris, je me lève d'un air détaché et lui lançe dans une courbette hypocrite: -Soit. Eh bé sur ce mon grand, j'te souhaite une bin bonne soirée! Une fois sortie de chez Jacquot, j'allume le dernier cigare me restant du continent et inspire sa fumée âpre aussi fort que je le peux, priant pour qu'elle dissimule l'amertume qui me submerge... Je me mets en route vers la plaine, sans vraiment parvenir à choisir une direction précise. Je marche ainsi sans discontinuer, me forçant à ne penser à rien... surtout pas à ce maudit pirate... Bientôt je ressens la fraîcheur de la tombée de la nuit et, aperçevant une petite colline un peu plus à l'ouest, décide d'y passer la nuit. Arrivée au sommet de ce tertre, j'admire les derniers rayons du soleil caressant mon visage avant de m'étendre sur la verdure. Le dos plaqué au sol, je laisse le parfum des hautes herbes envahir mes narines et scrute un long moment les étoiles avant que la fatigue ait raison de mes paupières...
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Posté le 22/09/2008 à 22:47:15 

Un an. Un an déjà depuis e naufrage du Hans-Agder. Un an déjà depuis mes premiers pas sur Liberty. Aujourd'hui, en débarquant à nouveau sur cette île, je retrouve les mêmes côtes escarpées, les mêmes collines et les mêmes vallées, silencieuses parfois, théâtre de sanglantes querelles bien souvent... L'émotion me submerge à mesure que les vagues de souvenirs viennent s'échouer sur la grève de mon âme. Une légère brise me caresse le visage et amuse l'écume qui vient frôler mes pieds nus. Je marche encore un peu au bord de l'eau, songeant à l'imminence de mes retrouvailles avec la flopée de brigands s'entretuant encore aux quatre coins de l'île. J'inspire une grande bouffée d'air, mais ce goût latent d'amertume semble enrôler mon cœur plus violemment encore...
 

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