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Premiers pas sur Liberty...  
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Bertha, Marquise de Buddenbrock
Bertha, Marquise de Buddenbrock
Déconnectéparia
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09/09/2007
Posté le 25/09/2007 à 20:55:34 

Le grand voyage au pays de l'étrange commença à Arendal, ville maritime du Sud de la Norvège. J'embarquai à bord du Hans-Agder sous le nom de Traggarb. Mon vieil ami Ubin, dit « Le Hâbleur » m'avait mystérieusement baptisée ainsi lors de mon départ de Tigerstaden, où j'avais passé 6 longues années à ses côtés, tentant d'attrapper au vol les miettes de savoir qu'il daignait parfois jeter au vent. Jamais je n'osais le solliciter, sa sagesse et l'immense étendue du savoir qu'il détenait imposant le respect. Les longues promenades en sa compagnie, dans le silence et le fraîcheur du matin, me paraîssent loin maintenant. À mon arrivée à Arendal déjà, le souvenir de son visage tendait à disparaître de ma mémoire. Je l'avais pourtant si souvent scrupté, ce visage... lisse et impassible, diaphane et calme... À bord du Hans-Agder, les visages que je côtoyais étaient bien différents. Le teint buriné et les sillons de la peau caractérisaient les marins que je devais accompagner jusque Halifax. Une fois débarquée sur les côtes canadiennes, j'avais prévu de rejoindre Sept-îles en quelques semaines, afin de retrouver les miens. Mais il n'en fût point ainsi... Environ trois semaines après notre départ d'Arendal, alors que nous nous trouvions bien loin au large des côtes européennes, nous fûmes surpris par les tumultes de l'océan. Le vent se leva, une tempête se préparait.Il devint de plus en plus violent, se transformant en un véritable ouragan.Je ne saurais dire ce qui se passa exactement. L'équipage était compétent, mais cette fois-là le compas et l'octant avaient dû nous jouer un mauvais tour. Nous sommes partis beaucoup trop au sud. Du naufrage, il ne me reste que quelques souvenirs, car tout arriva très vite. Je me souviens seulement que le vaisseau se coucha sur le flanc et que nous avons pris l'eau. Comment tout cela a-t-il pu se produire, c'est toujours resté une enigme pour moi. Quand je repris connaissance, j'étais dans un canot de sauvetage. L'océan s'était calmé.Combien de temps suis-je restée évanouie, je ne l'ai jamais su. Quelques heures, quelques jours peut-être. C'est dans ce canot que j'ai retrouvé la notion du temps. J'ai fini par comprendre que le navire avait sombré corps et biens. Le canot avait un petit mât et je trouvai une vieille toile de voile sous les planches à l'avant du bateau. Je hissai la voile et tentai de naviguer en me guidant au soleil et à la lune. Je pensais être quelque part au large de la côte est de l'Amérique et j'essayais de garder le cap plein ouest. C'est ainsi que je dérivai pendant une semaine sur l'océan, sans apercevoir le moindre mât de navire et avec pour seule nourriture eau et rhum. Je me souviens particulièrement bien de la dernière nuit.Les étoiles scintillaient dans le ciel, telles des îles inaccessibles que la voile de ce bateau ne me permettait pas d'atteindre. Etrange de penser que je me trouvais sous les mêmes étoiles que les miens qui m'attendaient à Sept-îles, ville québécoise de mon enfance. Nous avions beau les voir, nous étions à des années-lumière. Peu importe aux étoiles de savoir comment nous vivons sur cette terre. Bientôt mon père et ma soeur apprendraient avec consternation la disparition de l'équipage du Hans-Agder. Tôt le lendemain, alors que la lueur du soleil matinal s'étirait à l'horizon, j'aperçus une petite tâche au loin. Je compris que ce devait être une île. J'essayai de manoeuvrer pour m'en approcher, mais je me heurtai à un violent courant heurtant cette île invisible. Je donnai du mou à la voile et sortis une grosse paire de rames puis, dos au but, je glissai les rames dans les fourches. Je ramai sans discoutinuer, j'avais l'impression de faire du sur-place. Devant moi s'étendait l'océan infini qui allait être ma tombe si je ne parvenais pas à atteindre l'île. Je poursuisvis mes efforts pendant des heures, mes paumes étaient quasiment en sang, mais il fallait absolument que j'échoue sur le rivage de cette île. Sous le soleil de midi, les countours de l'île m'étaient déjà beaucoup plus distincts. J'aperçus une lagune avec des palmiers. Mais j'étais loin d'être arrivée et les dernières heures d'efforts intenses me parurent une éternité. Enfin je fus récompensée de mes efforts. Le soir venu, je pus atteindre la lagune et entendre le doux bruit du canot s'échouant sur la plage. Je descendis et tirai le canot sur la grève. Après toutes ces journées passées en mer, c'était merveileux de sentir la terre ferme sous ses pieds. Ainsi fis-je mes premiers pas sur Liberty...
Bertha, Marquise de Buddenbrock
Bertha, Marquise de Buddenbrock
Déconnectéparia
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09/09/2007
Posté le 27/09/2007 à 12:16:14 

Sur cette île mystérieuse, je découvris bien vite une étrange communauté... De la plage où j'avais débarqué, je n'aperçevais qu'une jungle dense mais décidai tout de même de m'y aventurer. Les rencontres que je fis avec toutes sortes d'animaux sauvages furent bien plus déconcertantes qu'épuisantes, mais sans provisions et avec pour seule arme mon corps affaibli par tant de jours passés en mer, j'eu tôt fait de m'écrouler face contre terre sans trouver la force de me relever... Je me réveillai alors sur un brancard de fortune, au beau milieu d'autres blessés. Mon crâne me faisait affreusement souffrir et j'ai bien cru qu'il allait imploser lorsque j'entendis: "Bienvenue à New Kingston, mademoiselle!" Wow, pas si fort, garçon! Un jeune homme assis à côté du lit me regardait d'un air bienveillant. "Vous m'avez l'air en bien meilleur forme que lorsque je vous ai trouvé au beau milieu de la jungle... - Oh dam c'est peu d'le dire, garçon! J'fus bien mâl prise dans cette forêt d'cocotiers! Mais où-ce donc que j'me trouve, à c't'heure? - Vous êtes ici à l'hôpital de New Kingston, ville anglaise de Liberty. - Liberty... c'est donc lâ le nom de c't'île? - C'est bien cela, mademoiselle..." répondit-il en réprimant un rire. "Pourquoué donc que tu t'marres, toué? - Pardon, mais votre accent..." Je ris alors à mon tour. Sans même m'en rendre compte, j'avais retrouvé mes habitdes québécoises... "Ah dam si c'n'est qu'celà, jt'en veux point, mon brâve... Faudra ptèt bin que j'me présente... Mich Mich, dite La Bûche! Et toué donc, comment qu'c'est ton p'tit nom?" À peine avais-je finis ma phrase qu'un homme entra en trombe pour réquisitionner les quelques corsaires remis sur pieds. Le jeune homme qui m'avait apparemment amenée jusqu'ici se leva alors pour rejoindre ses compatriotes. "Je reviens dès que je le peux, attendez-moi ici. - Et ton nom, garçon? Dis-le moué donc!" Mais mon sauveur avait déjà disparu, sans que je ne puisse le remercier. Ah fichtre! J'compte point rester m'avacher ici! J'entrepris donc de sortir de ce chenil pour éclopés, après avoir trouvé quelque endroit pour me passer un p'tit coup de débarbouillette. Mais baragouinant l'anglais aussi bien qu'une vache espagnole, ce ne fût point mince affaire de me faire comprendre par les infirmières... Enfin propre, je sortis de l'hôpital et découvris alors la charmante bourgade de New Kingston...
 

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