Le Faux Rhum   

Les préparatifs des festivités continuaient dans un rythme effréné : la Maison de France avait été réouverte, l'estrade des musiciens reprenait forme et des cargaisons de pâtisseries, des tonneaux de punch et des coffres plein de décorations avaient été débarqué dans le port.

Montalvès avait rejoint la cité pour répondre à l'entretien du Good Morning Liberty qu'il avait reçu dans son bureau du palais, puis avait passé sa journée à signer des autorisations et des paiements de frais pour cette fête.

Sa journée de travail avait uniquement été interrompu par des serviteurs venus lui relater que Jean Passe semblait très agité et que des bruits étranges étaient parvenus des appartements privés du gouverneur. On parlait de lueurs fantasmagoriques...

Mais rien ne devait venir gâcher sa cérémonie, le marquis ordonna que l'on étouffe l'affaire et que Jean Passe soit tenu éloigné des convives qui commençaient à arriver en ville.

Sitôt une rapide collation servie dans son service de porcelaine, il sortit de table pour rejoindre son boudoir où des servantes s'activèrent pour jeter poudres et onguents sur la peau du marquis, puis des flacons de parfum furent appliqués sur ses habits. Le Marquis étendit ses doigts sur lesquels furent glissés des bagues et chevalières précieuses, il empoigna sa canne tandis que l'on attachait son épée d’apparat à sa taille.

Montalvès se mira quelques instants dans la glace vénitienne, arrangeant les grosses boucles de sa perruque, avant de rejoindre la double porte de son bureau qui furent ouvertes en même temps par les huissiers et l'intendant parut en haut des escaliers du palais tandis que les courtisans lui faisait une légère révérence.

La Fête de Noël promettait d'être fastueuse.