Le Faux Rhum   

J’hésite entre vous envoyer vous faire voir ou vous envoyer vous faire foutre. Une préférence peut-être ?

Je crois qu’on s’est mal compris, mon bichon. Allez donc manger vos morts comme on dit dans le jargon, ça vous fera un avant-goût de ce que je vous réserve tout particulièrement. 

Au suivant !

 

Bonjour, madame. Je m'appelle Simon. Moi et la jeune Cendre souhaiterions voyager sur vos terres, idéalement vers ce manoir qu'on dit hanté, pour commencer… puis dans votre cité. Cela fait bien longtemps que je n'y ai pas mis les pieds.

Il écarte une main, montrant sa paume ouverte en signe de paix et de bonne foi.

Je suis un soigneur. Enfin, *apprenti* soigneur ! Mais je ne demande qu'à me perfectionner. Je pourrais soigner vos maux et ceux de vos congénères, gratuitement. Quant à la surprise que vous réclamez, hé bien…

Il passe la main dans une de ses poches, en ressortant un étrange petit objet de bois, oblong et pourvu de protubérances sur l'avant. Il remonte une clef enfoncée dans le dos de l'objet, qui s'avère être un petit scarabée de bois sculpté avec finesse, puis il lève la main dans laquelle repose l'automate. Les élytres de l'insecte se déploient, dévoilant des ailes de papier qui se mettent à battre avec vigueur ; le scarabée s'envole sur quelques centimètres, extraordinairement semblable à un vrai, avant de revenir se poser avec douceur dans la paume dont il s'est élevé.

Le jeune homme s'incline poliment, un fin sourire venant effleurer ses lèvres. Le côté non abîmé de sa bouche se relève un peu.

Merci pour les autorisations, madame. Je suis heureux à l'idée de pouvoir circuler à nouveau dans les rues de New Kingston, et dans la campagne qui l'entoure. Les landes au sud de la ville sont peut-être mon paysage favori sur cette île.

Il aura capté la lueur d'intérêt dans les yeux de l'Intendante : il l'a souvent vue dans sa boutique, et il a appris à la reconnaître. Sans un mot, Simon s'approche de quelques pas et tend la main. L'insecte de bois repose toujours au creux de celle-ci.

Vous le voulez ? Il est à vous. C'est le premier d'une série que je compte encore perfectionner.

 

Ce petit ton arrogant avec d’autres. Mais pas avec moi, mon chou. Sans parler de ces qualificatifs des plus calomnieux que vous essayez de m’affubler. 

J’ignore si votre pauvre génitrice est toujours de ce monde, ce qui est sûr c’est qu’à en voir votre vulgaire demande d’autorisation, elle n’a pas vraiment réussi votre éducation, la gueuse. Je lui en collerai deux mots (ou deux baffes, ça dépendra de l’humeur). 

Puis pour rétablir le quiproquo avec les Espagnols, je confirme que vous m’avez bien aidé lors de notre tentative de pillage en me protégeant contre Quichiotte, alors que je n’en avais pas besoin d’ailleurs (la prochaine fois, abstenez-vous).
 

Enfin, protéger est un grand mot ; vous vous êtes fait rosser et comme vous avez perdu vos couilles, vous avez fui en plein milieu en prétextant être à la recherche d’un voleur. Un conseil, Chiraycht, quand vous entreprenez quelque chose, faites-le entièrement ou ne le faites pas. A bon entendeur.

Maintenant, oust. Vos menaces maquillées, foutez-les vous bien profond. Vous n’impressionnez strictement personne. Promenez-vous sur mes terres, si ça vous chante, je me ferai un plaisir de vous faciliter le retour à Ulüngen si je vous croise.