Le Faux Rhum   

Dîtes, chers Anglois et Angloises - j'ai même cru apercevoir une 4L dans le tas -, est-ce que vous n'iriez pas un peu vite en besogne ?

Que des erreurs aient été faites, personne ne le nie.

(Enfin, personne qui ne surprendrait autrui en réalisant l'exploit de tenir debout, j'entends.)

Qu'elles soient prises avec un flegme suintant de mépris par ceux qui les ont commises, encore une fois, tout le monde est d'accord.

Mais à jeter dans les latrines le travail réalisé par Messires de Montalvès et Convard à la première incartade, l'on pourrait croire que vous ne cherchiez qu'une excuse pour le faire.

Et laissez-moi vous dire : Tout ceci, ce n'est pas très joli-joli.

D'une part, car il faudrait être d'une malhonnêteté intellectuelle crasse pour ne pas reconnaître la bonne foi de Juan dans cette affaire : il est ressorti de votre avant-poste sans avoir touché, des vôtres, un seul des cheveux - et Dieu sait qu'on aimerait passer la main dans les vôtres tant ils semblent doux, Lady Shih - et a rudement vilipendé les fautifs en leur disant qu'ils devraient répondre de leurs actes.

D'une autre, ce que vous faîtes à la Fronce n'est rien d'autre que le procès de l'intolérance.
(Et ça, comme son nom l'indique, c'est plutôt moche et bas, vous savez.)
Mettre la Fronce entière au pilori et lui promettre des années de déferlements de vos intrépides armées sur Port-Louis pour les seules exactions de qui ?

                                      D'un alcoolique notoire ?

                         D'une adolescente mal dégrossie dont le jugement est aussi pertinent que les choix vestimentaires de Mad Demoiselle ?

            D'un vieillard qui ne doit son grade actuel que part sa longévité ?

Et bien, non. Trois fois non, même.
(Non, non, non, le compte est bon.)
Je refuse.

Je refuse de croire  que vous seriez prêts à mettre en danger les populations de nos deux colonies pour une malheureuse erreur commise par trois péons voulant jouer à la guerre.
Je refuse de croire qu'il n'existe pas une solution amiable qui ne ferait pas tirer un trait sur les trésors de diplomatie des gens à l'origine de ce traité.
Je refuse de croire que vous ne valez pas mieux que cela.

Et comme vous n'avez pas envie de me décevoir - et c'est tout à votre honneur - sachez qu'en plus de nos plus plates excuses, la Fronce se chargera de mettre à prix la tête des incriminés, mais qu'elle les traquera également elle-même dès que nos trois zigotos seront sortis de Sainte-Catherine.

Néanmoins, sachez que nous vous sommes redevables et que pour vous montrer notre bonne foi, nous sommes vos obligés.
(Pour une fois seulement.)
(Dans la limite des stocks disponibles.)
(Ne passez pas à côté de cette superbe offre.)


C'était un plaisir de régler ce conflit avec vous.