Posté le 19/12/2022 à 09:26:07. Dernière édition le 19/12/2022 à 09:26:31
Eliaz pris le chemin d'Esperanza, conjecturant sur l'état d'esprit de la population alors que la colonie Française venait de remporter la guerre qui l'opposa quelques temps à la nation espagnole, capitulation signée après le pillage de la cité et comprenant un petit pactole dont les ibériques payaient encore les gages.
Il se préparait donc à y rencontrer une hostilité plus directe et peut-être plus virile que les affres de la fiscalité anglaise. Erreur !
À l'entrée de la ville, un panda en pleurs mangeur de chorizo le supplie de retrouver son doudou perdu tantôt. Et le marin ému par la souffrance de l'ourson exotique, ne parvenant pas à feindre l'indifférence, s'en va fouiller les environs à la recherche de la peluche.
Le bourg semble étonnamment calme et paisible quand Eliaz y pénètre. Il ne croise pas d'embûches, ni même une âme qui vive, c'était peut-être l'heure de la sieste digestive. Mais le peu d'hispaniques qu'il rencontre à l'auberge manifestent un acceuil tout à fait sympathique. Il engage commerce avec une ministre au delicieux teint jaune, un autochtone le renseigne sur les bâtiments autour d'une bouteille, et même s'il avait dû, la veille, expulser une catin trop chapardeuse hors les murs de la cité, l'ambiance de la taverne était plutôt heureuse malgré les drapeaux en berne.
Certes, la récente défaite et la dépopulation coïncidente pouvaient exliquer l'absence d'animation citadine, mais les espagnols ont aussi des coutumes qui ne manquent pas d'étonner le marin. Il trouve les sous-sols du souk remplis de princesses, une adresse de cantine qui n'ouvre que la nuit, et on lui commande d'aller voir un arbre éloigné decoré de pendus. Sans doute avait-on cru l'intimider comme une pucelle avec quelques cadavres en décomposition.
Qu'importe ! Eliaz est ravi de visiter les institutions culturels, une sale des fêtes monumentale, un musée plein d'œuvres magistrales derrière lequel il trouve un petit jardin coquet tout indiqué pour des rendez-vous galants, dommage qu'il n'ait pas de galante, et puis enfin une bibliothèque impressionnante qu'il parcoure un long moment.
C'est là qu'il déniche un vieux journal de bord flibustier qu'il juge fort distrayant et décide d'en publier le contenu, après avoir arrangé la mise en page et ajouter quelques anecdotes de son cru, sachant les corsaires de l'île férus de livres d'aventures.
Il retourne à l'auberge afin d'en finir la lecture et méditer ses projets. Sa mission de sauvetage de l'amour romantique avançait surement, mais lentement, il faut l’avouer. Et en plus de cette édition, il devra bientôt préparer differentes expéditions dans les cachettes de l'île, peut-être au passage explorer quelques donjons hasardeux. Il conclu donc de reprendre pour l'instant une approche plus terre-a-terre pour mettre au clair certaines contingences pratiques, et s'appliquer de monter une compagnie avant la suite du voyage afin de continuer sa quête.
C'est alors qu'il entend deux pipelettes à une table voisine qui débattent un peu fort d'une étrange nouvelle à base de lutins. Près d'une buvette clandestine d'un ancien repaire pirate, on aurait découvert l'atelier du père Noël...
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Le Faux Rhum
