Le Faux Rhum   

Lettre officielle portant le sceau hollandais,

A l'intention de l'itnendant d'Espagne, Senor Phénix Sadjar
Le 17 février de l'an 1721

 

 

Bonjour Senor,

 

Je décide aujourd'hui de vous contacter en privé, car vous êtes apparemment les seuls, vous et votre générale, à accepter de discuter. Et je souhaite y voir une perspective positive.

 

Avant toute chose, je voudrais vous remercier d'avoir participer à la discussion que j'ai proposée. Sachez que nous apprécions, moi et mon peuple, les efforts que vous avez faits. Nous entendons vos remarques et vos critiques. J'aurais eu plaisir à recevoir aussi le point de vue des autres intendants et de leurs colons, mais apparemment, ça n'aura pas lieu. C'est dommage, sans communication, il est d'autant plus difficile de comprendre les attentes des autres et de régler les différents. C'est pour cela que j'apprécie vraiment votre aide, merci encore.

 

Vous l'avez surement vu, l'intendant français a, hier, déclaré la guerre à la Hollande. Je ne sais pas encore ce que mes compatriotes choisiront d'en faire. Je sais que beaucoup sont très déçus, notamment car il y a moins de 15 jours, l'intendant français lui-même demandait à apaiser les tensions, ne voulant pas d'une guerre, et que nous avions accédé à sa demande, ne souhaitant pas leur imposer une situation difficile dont ils ne voulaient pas. Ne pas recevoir ce même égard, si peu de temps après, alors que nous essayons de sortir d'une situation qui étouffe mon peuple... Oui, je suis un peu amère.

 

J'ai espoir que malgré tout, une issue se dessine.

Vous semblez avoir entendu ce que nous avions à dire, la lassitude de porter cette fameuse cible que toutes les autres colonies nous ont attribuée. Vous semblez avoir encore plus de difficulté avec les pirates qu'avec les hollandais, et je sais que mon général vous a informé de l'imposture française : depuis des jours Montalvès oeuvre pour engager les pirates, ne se souciant que de sa victoire, sans aucun autre idéal que son bénéfice personnel.

Que ferez-vous ? Le laisserez-vous faire ? Lui laisserons-nous le champ libre pour qu'il continue son manège hypocrite et destructeur ?

 

Aujourd'hui, je serai franche :

Si l'Espagne et l'Angleterre viennent en aide à la France au cours de cette guerre, le risque pour mon peuple est grand. Nous serons écrasés, étouffés.

Et une fois de plus, notre seule perspective d'aide portera le bandeau noir, ce qui ne fera que relancer les incompréhensions contre lesquelles nous essayons de lutter.

Mais, si l'Espagne acceptait, non pas de nous aider, mais au moins de ne pas aider la France, nous pourrions envisager de nous passer d'aide. Nous pourrions essayer.
Perdre honorablement n'est pas notre crainte.

 

J'aimerais que vous acceptiez de nous venir en aide. Vous avez entre les mains plus de pouvoir que celui seul de guider votre peuple. J'espère que les choses s'arrangeront aussi favorablement que possible pour tout le monde.

 

Merci d'avance pour votre temps et votre considération,

Respectueusement,

Bougnette, pour la Hollande
       

Miss Tick vous semblez fatiguée des missives que vous recevez et des diverses discussions qui ont lieu à différents endroits. Je peux vous comprendre. Trop de moyen de communications sont sollicités, rendant difficile de s'y retrouver. Le G4 était l'endroit le plus adapté, mais...

Reconnaissez que l'Espagne et l'Angleterre ont été les seules nations à faire un effort envers nous.

Reconnaissez que la France a été la grande absente de ces discussions.

Reconnaissez l'effort et le travail de Bougnette afin d'amorcer un dialogue, de comprendre vos ressentiments, de reconnaître nos erreurs passées.

Reconnaissez qu'il y a eu une tentative de suivre ce que vous nous demandez.

Cependant, à mon grand désarroi, quand je vous écoute, ça ne va jamais. Dites le nous si en fait tout ça c'était juste de la communication et qu'il n'y a rien du tout à faire pour vous faire changer d'avis. On gagnera du temps et de l'énergie aussi bien vous que nous. Mais je veux croire que vous avez été sincère ces derniers jours et que ce revirement actuel n'est dû qu'à la terrible pression qu'il y a sur vos épaules Miss Tick.

Le poste de générale de la colonie espagnole doit sans aucun doute être le poste le plus difficile de cette île à tenir sur un mandat entier mais vous avez le pouvoir de prendre une bonne décision et de ne pas vous embourber dans ce conflit auprès de Montalvès.

Je radote, mais il est quand même dommage de voir la fière Espagne qui a à coeur de lutter contre la piraterie, travailler aussi facilement main dans la main avec un ancien pirate qui a fait de Port-Louis un refuge de mercenaires et de parias pour chasser seulement deux pirates qui ont une amourette avec des hollandaises et ainsi mettre à feu et à sang une colonie entière qui n'avait de cesse que de discuter pour rétablir de bonnes relations.

Luttez avec nous contre la tyrannie de Montalvès.

Avec tous mes respects Miss Tick...