Le Faux Rhum   

Au commencement :

Valeryo avait froid. Valeryo avait chaud. Sa sueur coulait le long de son délicat visage qu’il ne cessait d’éponger avec l’un de ses élégants mouchoirs brodés. Depuis quelques jours il avait été mis à l’isolement dans ce qu’il semblait être un hôpital de campagne aux allures sombres et peu avenantes. 

Des médecins s’étaient affairés les premiers jours, sans succès. A présent, seules deux infirmières passaient dans la journée, attendant presque impatiemment le décès de leurs patients.

Le lit le plus proche de lui était occupé par une jeune femme qui semblait aussi mal en point que lui. Elle était prise de vomissements et d’une fièvre intense. Comme lui. Son teint était étrangement jaune, Valeryo avait connu des spectacles autrement plus réjouissants.

Tapotant sa tête il constata avec stupeur qu’il ne portait plus sa sublime couronne de fleurs. Versant une larme brûlante sur sa peau d’ordinaire si belle, il entreprit de se redresser pour vérifier l’étendue des dégâts.

Ainsi ils étaient huit, huit laissés pour compte. Huit fiévreux jaunissant que tout rassemblait désormais dans ce combat pour la vie.

Essayant de leur adresser la parole, seul un flot de mots absurdes s’échappa d’entre ses lèvres :

Hello Papaguena ! Tou est bella comme la papaya

Effaré, il se tait. La fièvre ne tardant pas à l’emporter dans un sommeil étrange.

 

Aujourd’hui : 

Stuart est sur le pont. Littéralement sur un pont. Avec ses nouveaux amis il patiente. Il déprime. Il est né pour servir le plus grand méchant qui existe. Mais il n’a plus de méchant à servir. Il s’ennuie. Alors il se nourrit des fruits posés sur sa tête. Résurgence de qui il était avant sans pour autant s’en souvenir vraiment. A ses côtés la jeune femme de l’hôpital. Mais aussi les autres malades.

Une logorrhée verbale s’empare de lui :

BANANA BANANA BANANA

BANANA BANANA BANANA 

BANANA BANANA BANANA 

BANANA BANANA BANANA 

BANANA BANANA BANANA 

BANANA BANANA BANANA 

 

Stuart a faim.

Valeryo tente de s'interposer. Sans succès pour l'instant. L'appel de la méchanceté se fait plus fort. Qui pour les sauver ?

Lorsque vous avez posé les yeux sur lui, vous avez tout de suite su qu'il était trop tard. Déjà, vous n'étiez plus certain que votre rencontre soit un hasard. Pis, vous étiez persuadé qu'une force supérieure avait guidé chacun des actes de votre vie pour mener à cet instant précis. À ce face-à-face. La puissance du calme et de la sérénité qu'il oppose à votre apparente fébrilité vous ébranle à tel point que votre boussole morale s'affole. Il suffirait qu'il vous y enjoigne pour que vous lui révéliez le moindre de vos secrets, mais il ne semble pas s'en être aperçu. Non, il est assurément au courant, vous le sentez, mais un être aussi noble se refuse évidemment à faire usage de tels procédés. Au lieu de ça, il se contente de patienter dans l'attente de votre approche, comme si vous aviez tout deux convenu d'un rendez-vous dont lui seul aurait connaissance. Enfin, ses yeux se posent sur vous, et vous n'arrivez pas à trouver en vous la résolution de détourner le regard.

Vous cherchez à vous convaincre que sans cet artifice, vous seriez resté maître de vous-même, mais voilà : il avait fallu qu'il porte en plus un bandeau. Et qu'y a-t-il de plus irrésistible que le mystère qui vient auréoler un être irradiant d'un tel charisme ? Pas grand chose, si ce n'est rien. Il vous tardait qu'il prenne enfin la parole afin que cette attente s'arrête, mais dans le même temps, il vous répugnait de penser à la fin de cette parenthèse hors du temps et n'appartenant qu'à vous deux. Alerte et à l'affût de ses moindres mouvements, vous remarquez qu'il humecte ses lèvres.

« À voir la manière dont vous scandez mon nom, il semblerait que vous me cherchiez, l'ami !

Ainsi, la rumeur qui voudrait que votre équipe soit en quête du plus grand des méchants est vraie. Néanmoins, je suis au regret de vous annoncer que votre entreprise, toute existentielle qu'elle soit, est d'une telle banalité qu'elle en ferait s'endormir d'ennui mon insomniaque maman.

(Faîtes moi penser à vous la présenter, car ça devient problématique.)

(Mais je m'égare.)

Je refuse !

Je refuse de croire que vous ne valez pas mieux qu'un plan de ce triste acabit.

Et je puis justement vous apporter la pointe de grandiosité qui vous fait défaut. Car s'il est à la portée de tout le monde de se mettre au service du plus grand des méchants, sachez que seuls les plus émérites des sbires osent prendre autrui à contre-pied. Aussi, laissez-donc les nervi et autres petites mains s'accaparer la gloriole, et rejoignez nous.

Nous, les plus petits méchants de Liberty.

(Pas plus de la taille d'un gros orteil.)

(Et sans l'odeur qui va avec, évidemment.) »

PARCE QUEEEEEEEEEEEEEEE!!!!

 

Je prends ma plume pour vous conter cette étrange situation dont vous avez certainement eu écho et tenter de vous rassurer, profitant d'un moment de lucidité.

Car en effet, mon esprit est troublé actuellement et toute une partie de mes jours semble oblitérée par une étrange fièvre. Une fièvre jaune, si j'en crois les dire des infirmières et de mes compagnons d'infortune.

En effet, nous sommes 8, issus de toutes part de cette île, frappés par ce mal aussi étrange qu'incompréhensible qui semble impacter mon esprit comme mes actes. Mon esprit se plonge dans une semi-conscience protectrice tandis que mon corps vaque à ses propres désirs dans un monde flou, peuplé de mots étranges et de bananes.

Parfois, je rencontre des gens que je connais, souvent changés eux aussi - à moi qu'ils ne le soient que dans mon esprit, je l'ignore - et ma raison me revient, me permettant d'agir normalement. Du moins en apparence.

D'autres fois, je me retrouve comme ici concentré sur une lettre et mon esprit se fait précis à nouveau le temps de l'écriture.

 

Je ne comprends pas tout ce qui arrive mais je n'en souffre pas. Les effets ne devraient pas durer plus d'une semaine d'après les spécialistes. J'espère qu'ils ne se trompent pas. J'espère qu'ils existent, tout simplement, et qu'ils ne soient pas une création de mon esprit.

 

J'espère vous retrouver dès que tout sera rentré dans l'ordre. Bientôt.

 

Alex. Alejo."

 

"BANANA !!"

BANANA ?

*

Je suis Valeryo Vixen, la verge d'Or, le couronné. Que désirez-vous donc ?

*

MECHANT ? OUI MECHANT !

Les mignons n'avais peur de rien et rendaient les coups œil pour œil (enfin qu'un œil pour Léon) et la corvée quotidienne de récurage du pont en lianes n'était guère plaisante.

Léon et Kévina avait décidé de partir au calme dans un petit coin sombre et tranquille pour pouvoir se faire des chatouilles enrubanné par une teinture grise.

Au beau matin un vilain méchant Cyan avec de mauvais façon arriva.



Léon encore mal réveillé mouru de rire au guilis du vilain méchant Cyan mais heureusement Kévina lui colla un grand coup de banana sur la caboche.

C'est vraiment trop dur d'être un mignon sur liberty!

Musique d'ambiance : Clique donc si tu l'oses

 

Stuart en avait sa claque. Aucun méchant n'avait répondu à leur appel. Il passait son temps à porter des coffres, bien trop lourds pour lui. Et ce n'était vraiment pas amusant.

 

Au départ ils avaient tous trouvé très drôle de se cacher pour embêter les autres.
Et ils avaient aussi beaucoup aimé chaparder des lambeaux de tissus bizarres en profitant de faits du hasard.
Ils avaient aussi parcouru un endroit très rigolo avec plein de cranes de partout et Stuart avait abusé des blagues pour faire peur à Jaunabella ou Kevina. Mais les minions, n'étant ni très patients ni très combattants, déprimaient à vue d'oeil. Il fallait agir.

 

Après une discussion des plus animées près de la fontaine de l'hôpital (dont nous vous épargnerons les propos incompréhensibles) ils étaient parvenus à un accord. Les minions allaient partir en vacances à la découverte d'autres régions et d'autres coins amusants où se cacher et faire des bêtises.

 

Et peut-être rencontrer leur nouveau méchant à servir.

 

Stuart avait pris les choses en main et avait étalé une carte de Liberty toute gribouillée et tachée. Ils avaient posés leurs petits doigts jaunes en prenant des airs sérieux et s'étaient mis au diapason.

 

Ils iraient LÀ ! (Vous ne le voyez pas mais vous imaginez que Stuart pointe avec ferveur un endroit de la carte qui semble assez étrange).

 

Et soudainement, la musique entêtante parvient à leurs oreilles.

 

Tous en coeur ils reprennent : LES ZOLIES COLONIES DE BABANNNNCES MERCI LEVIA MERCI THANTHAN