Posté le 24/10/2019 à 17:23:20. Dernière édition le 25/10/2019 à 13:19:15
« Gmfngsmfqù msefq,nuce sebcnj »
Dans les regards ahuris qu'ils échangeaient tous devant mes borborygmes et les invectives que je lançais avec mes yeux, il n'y a que celui d'AvriL qui s'éclaira d'une lueur d'intelligence. Fugitive, certes, mais elle suffit à lui donner la meilleure des idées : me retirer mon bâillon.
« Dites, mon apprentie, je vous savais des mœurs discutables, à prendre tant de plaisir à vous faire humilier publiquement en duel, mais tout de même, me faire livrer avec des liens et une muselière... Désolé, mais je ne mange pas de ce pain là ! »
J'aurais bien agité un index réprobateur juste devant son nez pour la pousser plus encore, mais mes entraves étaient bien faîtes. Si, au regard de ses récents déboires militaires, Jax ne pouvait pas vraiment se targuer d'être un fin stratège, il n'en demeurait pas moins un formidable tresseur de paniers en osier. Et entre deux ventes sous le manteau pour subsister en ces temps de disette, le bougre m'avait savamment saucissonné.
« Bon, tout de même, je dois bien avouer que - outre votre sens tout particulier de l'accueil - ça me fait drôlement plaisir de vous revoir, AvriL. Oserais-je néanmoins vous conseiller de tenir cette flamberge par sa garde et non par le fourreau ? Allons, ne le prenez pas mal, c'est juste que l'exaspération vous va à ravir. »
Je lui adresse un sourire franc en guise d'excuses, et ses fossettes trahissent que son agacement, s'il n'est pas feint, sera rapidement oublié. Seigneur, je ne pensais pas que lui taper sur les nerfs m'avait tant manqué. Mais il y a un temps pour tout, et il s'avère que pour l'instant, je n'étais pas en mesure de trop faire le mariole.
« Dites, tout ce cérémonial, là... Est-ce vraiment nécessaire ? Je veux dire, en présence du fleuron de l'armée espagnole, est-il vraiment utile que je sois pelures et pelures liées ? »
Utile, certes non. Mais vues leurs mines, à tous, ça devait être amusant. Ah ah, si j'étais maître de mes mouvements, je m'en tiendrais les côtes, vraiment. En plus, je venais de m'aliéner AvriL, la seule personne qui aurait pu me délivrer, en écornant sa fierté devant tout le monde. Ah, tu ne peux décidément pas t'empêcher d'ouvrir ta gueule, Leoryn. Le pire dans tout ça, c'est que ça ne me servira sans doute pas de leçon.
« Jax ! Je ne sais pas combien tu vas en tirer, mais tu seras gentil d'en donner une partie à Cendre et Violette. Je ne suis peut-être plus Fronçais, mais c'est à eux que doit revenir mon héritage. Et veille à ce que mamie Irina continue son régime à base de cinq piments. Ah, excuse-moi auprès de Calica, aussi, ce n'est pas qu'elle n'était pas mon type, mais je ne pouvais pas faire ça à la mémoire de Bayou. Portez-vous bien ! » |