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Montalvès s'ennuie, Montalvès veut une compote de banane !  
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don Juan de Montalvès
don Juan de Montalvès
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Posté le 04/12/2019 à 22:54:50 



La barque glissait sans un bruit sur la surface noire des eaux de la crique. La nuit était tombée sur l'île de Liberty mais l'on pouvait deviner la destination de la petite embarcation. Ancrée à l'entrée de la baie, une silhouette imposante se détachait dans l'horizon sombre. Bien que l'on ne distinguait nulle couleur ou pavillon, les sens pouvaient entrevoir à travers les ombres la présence du bateau pirate comme l'on peut ressentir la majesté d'une montagne cachée depuis le fond d'une vallée.

Quelques frêles lueurs de lanternes attachées sur le pont servaient d'orientation au solide matelots qui manoeuvrait ses rames avec la régularité et l'ordonnance d'une horloge, faisait avancer sa barque en direction de la Chimère.
Aux feux des lanternes se balançant dans la brise marine, répondaient les grésillements incandescents d'un cigare que le second passager de la barque alimentait en soufflant et tirant sur le tabac. 

Assit au fond de la barque, le marquis s'était emmitouflé dans un large manteau bleu, coiffé d'un grand chapeau sombre qui lui descendait sur le regard pour soustraire son identité à quelque indiscret perdu dans ce recoin désolé de Liberty. 

Arrivé devant la coque de la Chimère, Montalvès tira une dernière bouffée puis jeta son cigare à la mer, levant les yeux vers l'obscur pont qu'il avait que trop bien côtoyé voici bientôt huit années. Le matelots donna un coup de rame qui aligna sa barque avec le vaisseau puis siffla le code convenu. Aussitôt une échelle de corde fut lancée pour se dérouler jusqu'à la barque. Le Marquis leva un sourcil signifiant qu'il se trouvait bien trop vieux (et sans doute bien trop noble) pour devoir grimper de la sorte...

L'escalade dura une éternité entre souliers hésitants et perruque voltigeuse, l'équipage pirate se résolu bientôt à simplement hisser l'illustre visiteur comme on remonte une cargaison de rhum, c'est-à-dire avec impatience mais sans cérémonie. 
L'accueil fut glacial et silencieux: les pirates ne daignèrent aucun salut, ils se contentèrent de dévisager le ministre français comme on regarde avec appréhension un oiseau de mauvaise augure. Montalvès appuya son poing ganté sur sa ceinture et se jucha sur sa canne nonchalamment pour mieux regarder à son tour cette engeance comme on examine une piètre marchandise de verrie et de broc sans valeur. 

Cet échange muet fut brisé par une voix féminine qui fendit le silence comme le tonnerre dans le lointain. 

- Amène-moi le Monty !

Le Marquis tressailli - plus par habitude naturelle que par terreur légitime - en reconnaissant le désagréable surnom que ses anciens "frères" lui avaient collé du temps de sa période sous le Jolly Roger; ainsi que par cette voix qu'il ne connaissant que trop bien.

Il se recomposa une posture aristocratique et fit jouer ses talons sur le pont humide du bateau tandis qu'il rejoignit la cabine du nouveau capitaine pirate, la redoutable Anne Providence.

Montalvès ne dépassa pas le palier, ôta son chapeau à plume pour faire une révérence marquée mais sans s'approchée de la fougueuse capitaine qui avait laissé traîner sabre et tromblon bien en vue sur son bureau.

- Ma chère Providence...je ne vous ferais pas un baise-main, je tiens trop à ma main...mais je tenais à vous remercier pour cette audience très pittoresque sur ce joyaux des sept mers !

- Ne commence pas...tu vas nous donner des envies de te transformer en rôti ! *Anne eut une lueur de perversité lugubre dans ses yeux perçants alors qu'elle étendait ses jambes sur son bureau, tout en jouant avec une lame menaçante*.

Montalvès toussa un peu puis posa sa canne, son feutre et son manteau sur une chaise de la cabine puis s'avança vers le capitaine.

- Allons les méthodes du Boucanier ne sont plus de saison et puis vous découvriez que je suis peu comestible...l'avarice donne mauvais goût...

Toutefois, j'ai pour les Frères de la Côte une proposition qui vous passera l'envie de me mettre sur la planche...en souvenir du bon vieux temps. Une offre qui vaut son pesant d'or !

Montalvès prit place dans un vieux fauteuil usé par le sel marin et sorti une lettre de son pourpoint sur laquelle on devinait une somme inscrite : deux cent cinquante milles pièces d'or.
don Juan de Montalvès
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Posté le 05/12/2019 à 00:33:31. Dernière édition le 05/12/2019 à 00:38:15 

Le Marquis jouait avec la lettre cachetée entre ses doigts bagués puis la posa de son côté du bureau de la pirate, toucha ses lèvres de son index puis continua.

- Nous savons vous et moi que les pirates aiment jouer les loups solitaires, les esprits libres et les enfants rebelles ne cessant de menacer et moquer les gens honnêtes. Pourtant nous savons aussi que derrière cette façade, les frères sont plus intriqués dans la vie des colonies de Liberty, notamment par leur proportion à cacher une partie de leur butin dans les coffres bien tenus de certains ministères du commerce, et la France ne fait pas exception.

Toutefois, quelle ne fut ma surprise en découvrant que les pirates avaient placé 250'000 pièces d'or dans les coffres français depuis des mois et des mois...*le marquis balaya son index devant la pirate*...ce n'est pas très prudent.

Avec l'arrivée des couronnes caribéennes, les comptes français ont été liquidés dans leur totalité et les Français ont appris l'existence de ce pactole pirate...je crains que tout cet or "si mal acquis" aiguise des convoitises à Port-Louis. Vous comprendrez mon embarras, je ne peux pas me permettre d'apparaître comme le garant de l'argent de la piraterie, ma réputation doit rester sans tâche.

Montalvès eut un petit sourire songeur.

Néanmoins, je pourrais faire sortir cet or sous forme de couronnes tant que je reste aux commandes des bourses françaises; je suis prêt à vous fournir votre argent...mais j'aimerais toutefois vous demander une faveur...

Oh trois fois rien, une broutille pour les limiers pirates. 
Figurez-vous qu'un mauvais payeur ayant quitté Port-Louis avec armes et bagages se permet de se moquer de ma générosité puisque les armes et bagages de l'indélicat sont à moi ! 

J'aimerai que les Frères de la Côte apprennent les bonnes manières de Liberty à cet énergumène et qu'il est dangereux de se jouer des mauvaises personnes sur cette île. Cela d'autant plus qu'il ajoute le ridicule à la moquerie puisqu'il se ballade affublé d'un costume de banane ! Vous imaginez si cette histoire arrivait à l'oreille du Régent !


Montalvès avança la lettre cacheté d'or vers Anne Providence.

Vous trouverez inscrit mes attentes concernant notre petite affaire dans ce pli que vous pourrez faire parvenir à vos chasseurs de prime:

Chargez 5 de vos meilleurs pirates de chasser la Banane Masquée, soit 5 rencontres malheureuses avec un pirate différent qui finira à l'hôpital.

Pour chaque rencontre, le pirate devra trouver un moyen original et personnel de torturer la dite banane et de m'en rapporter les détails croustillants ici !

Vous lui ferez ainsi passer mes chaleureuses salutations...

Une fois que les pirates auront transformé ce vil gredin en compote de banane, votre trésor sera restitué par mes soins au pirate de votre choix.

Avouez que mon offre est on ne peut plus correcte. Je sauve votre or de l'appétit des Français et en échange vous faites comprendre que l'on ne se moque pas impunément du Marquis de Montalvès !

Don Juan eut un rire d'opérette qui fit rouler les yeux de la pirate au ciel, puis lorsqu'il eut finit son effet, il regarda du côté du buffet pour voir si les pirates avaient encore une ou deux bonnes bouteilles pour trinquer en souvenir du bon vieux temps...
 

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