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Nosotros nacimos de la noche...  
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Van Ray Vaughan
Van Ray Vaughan
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Posté le 16/02/2011 à 20:16:04. Dernière édition le 15/05/2020 à 18:28:18 

"Ce seigneur et cacique continua de fuir les chrétiens, aussitôt qu'ils arrivèrent à l'île de Cuba, comme quelqu'un qu'il les connaissait trop, et il se défendait quand il les rencontrait. A la fin il fut pris et, seulement parcequ'il fuyait une gent si inique et cruelle, et qu'il se défendait de qui le voudrait tuer et oppresser jusqu'à la mort avec tout ses, il fut brulé tout vif. Et comme il était attaché au pal, un religieux de saint François, homme saint, lui dit quelques choses de Dieu, et de notre foi, lesquelles choses le dit seigneur n'avait jamais ouïes, et pouvaient suffire pour le temps que les bourreaux lui donnaient : que s'il voulait  croire à ce qu'il lui disait, il irait au ciel, où il y a la gloire et le repos éternel, et s'il ne croyait point, il irait en enfer pour y être tourmenté perpétuellement. Le seigneur, après avoir un peu demeuré à y penser, demande si les religieux allaient au ciel, qui répondit que oui, bien sûr : ceux qui étaient bons. Le cacique dit aussitôt, sans plus penser, qu'il ne voulait point aller au ciel, mais voulait aller en enfer, afin de ne se trouver au lieu où telles gens seraient, et afin de ne voir points de gens si cruels. Et voici les louanges et l'honneur que Dieu et notre foi ont reçu des chrétiens qui sont allés au Indes."

Bartholomé de Las Casas, Très brève relation de la destruction des Indes, 1552

Vaughan venait de d'achever sa seconde bouteille de rhum quand il referma le livre. L'ivresse, la fatigue et sans doute la lassitude de sa vie lui avait fait brûler son journal de bord qu'il tenait depuis sa jeune vie de marin. Les mains et les genoux posées au sol, il vomissait du sang, beaucoup de sang. Ses yeux, rouges de colère, semblaient vouloir sortir de ses lobes, la respiration se faisait difficile. La gorge en feu, il suffoquait. La vision se faisait de plus en trouble à mesure que l'oxygène manquait. Il s'effondra. Le corps presque sans vie était brûlant de l'amour qu'il avait pour la liberté, il ne peut y avoir une fin aussi ridicule pour le pirate ; même pas une mort par potence avec une réplique qui aurait raisonnée dans le monde entier. En réalité, il rêvait. Un rêve qui ne lui semblait pas nouveau.

Dans ce rêve, il se trouvait au sein d'un sanctuaire qui ressemblait fortement au temple maya de Liberty avec cette différence prêt qu'il était en ruine, incolore, sans vie apparente. Vaughan flottait entre les différentes salles, sans but précis jusqu'à ce qu'il aperçut de la lumière provenant d'une salle. En son centre, se trouvait un autel sur lequel était déposé un corps ; quelque pas à côté, un homme, plutôt petit et de forte consistance dont l'habit suggérait qu'il était sorcier. Vaughan marcha lentement jusque vers l'homme, il n'arrivait pas à voir qui se cachait sous ce vêtement. L'homme-sorcier semblait préparer le corps pour un rite funéraire, il effectuait la toilette du corps sans vie. Une fois qu'il eut terminé de nettoyer le jambe gauche, il lança :

"- Vaughan, je pense que tu te doutes du pourquoi de ta présence ici. Souviens-toi lors de ta première et dernière visite, on avait conclu un pacte. J'ai respecté ma part du marché puisque tu te trouves devant moi et que tu as profité de trois années de vie supplémentaires. Cependant, il est temps pour toi de partir."

Vaughan connaissait la voix de l'homme-sorcier. Il savait très bien qui il était et pourquoi il était là. Il eu confirmation définitive lorsqu'il se retourna, cet homme, c'était Tyler, le sorcier maya. Celui-là même qui récupéra Vaughan des griffes de la mort et qui le fit adopter par la confrérie pirate. Bien évidemment, la résurrection a un coût...
 
Van Ray Vaughan
Van Ray Vaughan
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10/07/2006
Posté le 19/02/2011 à 01:40:56. Dernière édition le 15/05/2020 à 13:11:39 

Cela faisait une semaine que Vaughan avait disparu du repaire et sa flotte était entièrement à quai. Quelques affaires trônaient encore sur une table de la cantina, comme s'il avait dû fuire subitement. Plusieurs hypothèses pourraient expliquer une telle situation : une soirée trop arrosée, une expédition pour s'essayer à la cartographie, la rédaction de son traité de philosophie...

Cependant, cette fois-ci, il semble que quelques indices amènent Pépito à penser le contraire : sur la table de la cantina se trouve une parure étrange sur laquelle est inscrit quelques mots en nahualt. La pierre utilisée paraissait presque irréelle, infiniment sombre et brillante, elle pourrait renfermer un sortilège et c'est pourquoi Pépito la jeta au loin dans l'eau. Inquiet, il fouilla dans le vieux sac du pirate où il trouva des notes et des notes incompréhensibles sur le sens de la vie, la raison ou encore le monde-vérité ; son niveau en hollandais n'arrangea rien. Au fond du sac, le jeune mexicain trouva une lettre écrite en espagnol, sans doute a-t-elle un lien avec la disparition du pirate...


"
Hermano,

Nosotros nacimos de la noche.
En ella vivimos y moriremos en ella, pero la luz será mañana para los más.

Para todos aquellos que hoy lloran la noche. Para quienes se niega el día.
Para quienes es regalo la muerte, para quienes está prohibida la vida.

Para todos la luz, para todos todo.

Para nosotros el dolor y la angustia, para nosotros la alegre rebeldía.
Para nosotros el futuro negado, para nosotros la dignidad insurrecta.
Para nosotros nada.

Nuestra lucha es por hacernos escuchar y el mal gobierno grita soberbia y tapa con cañones sus oídos.
Nuestra lucha es por un trabajo justo y digno y el mal gobierno compra y vende cuerpos y vergüenza.
Nuestra lucha es por la vida y el mal gobierno oferta muerte como futuro.

Nuestra lucha es por la justicia y el mal gobierno se llena de criminales y asesinos.
Nuestra lucha es por la paz y el mal gobierno anuncia guerra y destrucción.

Techo, tierra, trabajo, pan, salud, educacion, independencia, democracia, libertad.
Estas fueran nuestras demandas en la larga noche de los 200 años.
Estas son, hoy, nuestras exigencias.

San Cristobal de Las casas, el seis de enero de 1711,
Tu amigo Marcos"

 
Van Ray Vaughan
Van Ray Vaughan
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Posté le 27/05/2019 à 20:02:59. Dernière édition le 27/05/2019 à 20:06:18 



Un goût épais et salé dans la bouche, de ceux dont ne souffrent que les éveillés.
Il doit être lundi, ou peut-être plus.
Bon sang, ils ne m’ont pas raté, les salauds.
Bon sang, voilà que s’en écoule.
Quelques plaies couturent ma peau.
Trop pour que cela soit anodin.
Trop peu pour que cela soit beau.
Dans la nuit, j’ai les yeux ouverts.
Comment allait le palindrome ?
In girum imus nocte ecce et consumimur igni.
Cette aisance, toujours et toutes nuits, celle de la mémoire.
Mais uniquement lorsqu’il s’agit de s’investir vainement.
Encore, j'ai du mal à me mouvoir.
Un frisson parcourt mon échine : j’ai oublié l’essentiel.
Je l’ai enterré quelque part par ici, oui, c’est cela.
Mais où ? Peut-être me viendront-ils en aide.
Mais pourquoi le ferait-ils ? Plus personne ne se souvient de moi.
Peut-être est-ce mieux ainsi. Les marges, les oubliés, les réprouvés…
J’en ai toujours été. 

Allons, camarade, allons ; il fera bientôt jour.
Van Ray Vaughan
Van Ray Vaughan
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27/05/2019
Posté le 28/05/2019 à 11:56:01 


Je fouille mes poches.
L'une, trouée, a dû répandre son contenu quelque part à l'ouest, peu après le naufrage. Ou peut-être était-ce avant ?
J'ai perdu le fil.
Voilà, tout est décousu.
L'autre est pleine de sable.
Je n'ai jamais aimé le sable ; j'ai toujours manqué de temps.
C'est ce qu'il manque à la révolution, le temps.
Le temps manque aux gens pour comprendre qu'ils n'en ont guère plus.
Pleine de sable, certes, mais pas que.
Je saisis une carte comme Mona le faisait lorsqu'elle était gabière.
Ça faisait les pieds à Salas et aux autres, qu'une gitane lui dispute son monopole.
J'ai jamais vraiment aimé Salas ; il n'était pas vraiment de mon côté, il n'a jamais vraiment compris ce que ça signifiait, pour moi, que le bandeau noir.
Je saisis une carte et souffle dessus, curieux de connaître mon sort.
Je crois que je me souviens vaguement de ce qu'elles représentent.
Le Chariot, c'est le triomphe.
Le Monde, c'est la plénitude.
L'Impératrice, je ne sais plus trop.
La Mort, ce n'est pas si grave, c'est un renouveau.
Faire table rase.
Alors, lorsque le sable s'écoule et que je découvre la carte, l'ironie me mord, et la nostalgie, un peu, aussi.


J'étais tellement jeune.
Transi de naïveté.
Persuadé d'y parvenir, que c'était à portée de main.
Que demain, tous seraient de mon côté.
Que nous renverserions ceux qui méritent de l'être.
Je ne voyais pas encore qu'ils ne me comprenaient pas.
D'ailleurs, était-ce bien moi ?
VRV, qu'ils m'appellent.
Et aujourd'hui, damnés de la terre, me reconnaîtrez-vous ?
VRV, ce n'est pas qu'une vie rêvée.
Ça ne doit pas l'être, forçats de la faim.
Vous verrez-vous en moi ?

Allons, camarade, allons ; il fera bientôt jour.

Carlo Cavicchiolo
Carlo Cavicchiolo
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19/01/2010
Posté le 24/01/2021 à 21:28:20. Dernière édition le 24/01/2021 à 21:28:38 

"C'est drôle parce que l'évidence eût voulut qu'on utilisât plutôt l'inverse.
Clamer, camarade, qu'il fera bientôt nuit.
C'est-à-dire s'en remettre à la force des choses, non des gens.
Car, oui, c'est bien le Grand Soir que l'on appelle de ses vœux.
C'est-à-dire qu'au réveil il ne soit jamais plus midi, mais l'heure d'après.
Souffrir d'être un peu moins clair que la veille, que les gens questionnent le pourquoi.
Et de leur répondre, esseulé et seulement : parce que.

En l'honneur de la L... allez non, je déconne. C'est bien révolu.
Un coup de dé a aboli le hasard.
Mieux vaut cela que de jouer à la Marelle, l'ami."
 

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