Le Faux Rhum
|
|
[event speed-run] Les Loups de Versailles
|
1 -2- 3 |
|
Auteur
|
Message
|
|
Posté le 19/04/2025 à 23:56:06
Sous le toit de toile tendue entre les madriers croisés du quartier général, la chaleur est moite et sourde. Les perroquets de Liberty chantent au loin, mêlées aux crépitements des foyers. Mais dans la tente du capitaine, le silence est celui d’un sanctuaire — troublé seulement par le frottement de la plume sur le parchemin et le cliquetis d’une boucle de cuir mal fixée.
Le capitaine d’Olivet est assis à sa table de campagne, torse délaissé de sa veste, manches roulées. Son épée repose contre le pied de la chaise, accessible, toujours. Devant lui, les lettres s’alignent dans un désordre méthodique. Certaines sont encore scellées de cire trempée dans la poussière du voyage ; d’autres, ouvertes, sont lestées de cailloux pour ne pas s’envoler.
Ses yeux passent d’un message à l’autre, vifs malgré les traits tirés de son visage. Il vient de finir de relire le rapport de "M.", une note de Nerea.
Un instant, il s’interrompt. Ses doigts, rugueux, caressent les lettres du nom "Kaliska" qui l'intrigue au dire des rapports reçus. Une inconnue. Une pièce apparue sans qu’on l’ait posée sur l’échiquier. Et pourtant... proche de Serge, comme une sœur d’ombre revenue d’un passé qu’on croyait effacé. Cela l’agace, mais cela l’intrigue plus encore.
Launay, son ordonnance, entre sans bruit, respectueux de l’atmosphère tendue. Il dépose une carafe d’eau fraîche et s’apprête à se retirer, mais le capitaine lève la main.
— Reste, Launay. Je vais te donner des plis.
Il s'installe, tremper la plume dans l’encrier, puis redresse les épaules, les yeux dans le lointain pleins d'un réflexion froide, puis commence :
À Eudora. Un mot d’encouragement et un ordre clair : que son regard ne s’arrête pas à la logistique, mais scrute aussi les visages et les jeux derrière les rideaux des salons et des marchés."
Il écrit, sobre et net, sans fioriture.
Puis un deuxième pli, pour "M." : questions précises, réaffirmation de confiance, mais aussi une demande plus directe sur les intentions de certains loups qui s’égarent.
Enfin, celui pour Serge. Il prend un peu plus de temps, malgré la fatigue, car il veut y peser chaque mot. Ce n’est pas à un agent qu’il parle, mais à un homme partagé entre racines et mission. Il y met de l’autorité, mais aussi de la compréhension.
Quand il a fini, il souffle sur les trois plis, les scelle de cire rouge marquée de son cachet personnel — un loup stylisé a la couronnes dans la gueulle— puis les tend à Launay.
— Trois plus. Trois destinations. Et que tu garde ta lame au clair, ton silence plus affûté encore.
Launay s’incline profondément, les plis glissés dans une sacoche de cuir serrée contre lui.
Le capitaine reste seul. Il regarde un instant la carte étalée devant lui, puis laisse tomber une goutte de cire fondue sur la position du phare, qu’il a annotée d’un simple mot : possibilité.
Dans la lumière tremblante de la lampe, ses traits semblent plus durs. Il ne dort pas encore. Il attend d’autres réponses. D’autres ombres à tirer dans la lumière.
|
|
|
|
Posté le 20/04/2025 à 20:41:28
L'océan. Enfin. Eudora vient de débarquer depuis quelques heures seulement. Elle s'est éloignée de la meute pour s'isoler. Bientôt, elle affutera ses mensonges et commencera ses recherches. Mais avant tout, elle veut retrouver l'océan. Seule sur la plage, elle se déshabille partiellement. Une tenue proprement scandaleuse pour la France mais encore pudique pour Liberty. A pas lents, elle s'immerge dans l'onde et se met à nager avec aisance.
Paris, capitale du monde. Son architecture, sa mode, ses lumières. Une ville fabuleuse où elle s'est fait une petite place en partant de rien. Paris la ville merveille. Mais l'océan lui avait tellement manqué. Elle s'en rendait compte aujourd'hui.
Le soleil est couché quand elle se décide à sortir de l'eau, frissonnante mais apaisée. Maintenant, une mission l'attendait. Et son passé aussi. Elle l'espérait. |
|
|
|
Posté le 22/04/2025 à 11:52:41
Pas de vague, profil bas. Se faire oublier. Voir carrément aller s'isoler dans le recoin le plus paumé de l'île, à l'étage le plus élevé. Oui, c'était un bon plan. Mais peut être n'avait-il pas mesuré à sa juste valeur le risque qu'une telle tactique pouvait entraîner.
A commencer par un lien interpersonnel, une relation mutuelle, une... Comment est-ce qualifié, déjà ? Un affect ? Une émotion ? Un senti... Dieu, non, ça ça serait inquiétant !
Plus ou moins inquiétant que l'aide de camp du capitaine qui vient le trouver à la faveur de la nuit dans cet endroit dans lequel il se pensait à l'abri du devoir ?
Difficile à dire...
Moins inquiétant, en tout cas, que la perspective de devoir se justifier auprès de son supérieur pour les jours passés. Et ce, en présence même de son sujet, pour ne pas l'appeler "cible".
Il était évidemment exclu de mentir. D'Olivet le saurait, même à l'écrit. Mais était-il seulement envisageable de dire toute la vérité ?
Décidément, le jeune autochtone apprenait bien des choses sur cette île... Des bases fondamentales des relations humaines à la simple nouveauté d'exister en tant qu'individu au delà de son rôle d'agent. Cela faisait décidément beaucoup d'un coup.
Au petit matin, la jeune femme qu'il accompagnait se réveillerait seule, le temps qu'il parvienne à faire sa réponse. Puis, il reprendrait exactement comme avant. Enfin, se disait-il sûrement pour se rassurer. Car absolument aucun instant n'était semblable à celui qui le précédait depuis quelques jours. |
|
|
|
Posté le 23/04/2025 à 21:48:29. Dernière édition le 23/04/2025 à 23:23:59
La pluie n’est pas encore tombée, mais le ciel s’est chargé d’un gris lourd, gorgé d’électricité et de tension. Dans la tente de commandement, l’air est étouffant, la toile suinte d’humidité. D’Olivet, seul à sa table, relit une dernière fois le message que lui a tendu Launay, son jeune mousse, mains tremblantes.
Le sceau , royal, l’avait glacé dès qu’il l’avait reconnu. Un pli venant de la flotte française, arrivé trop vite, trop directement. Ce n’est pas une missive de courtoisie.
À la lecture, ses traits se figent. Une ligne. Deux. Trois.
Puis d’un coup sec, le poing s’abat sur la table de bois lourd. L’encrier vacille. Le silence se brise.
"Diable.. " murmure-t-il entre les dents, la voix rauque d’un homme qui pressent qu’un équilibre vient de se rompre.
Launay, pétrifié, reste figé une seconde, avant de détaler sans demander son reste.
D’Olivet reste seul, le pli encore dans sa main. Il ne jure plus. Il pense. Puis il saisit plume et papier. Plusieurs rouleaux. Il écrit vite, nerveusement, mais sa main ne tremble pas.
Un message que seuls ses plus fin loups devraient pouvoir déchiffrer, pour les prévenir.
Il roule les parchemins, les fait glisser dans des tubes d’os, certains confiés à Launay revenu entre-temps a son appel, d’autres au vent par perroquet ou par messager déguisé. Les destinations sont multiples : ports, tavernes, entrepôts, vieilles ruines… là où ses hommes, ses femmes, ses ombres vivent et observent.
Et bientôt, dans les rues des différentes villes de Liberty, dans les arrière-salles et les entrepôts suintants, sur les marchés ensoleillés et les murs humides, un message codé circule.
 ( Pour les décodeurs, mp si vous avez la solution) |
|
|
|
Posté le 24/04/2025 à 07:45:24
Se réveille encore en sursaut, désorienté, et murmure le souffle court avec les sourcils froncés.
Spoiler
Gare au loup alpha un peu bêta
Les poulettes de ma grand mère sont au poulailler Mais les oeufs en chocolat bien gardés
Avant d'aussitôt se rendormir la mine souriante, inconscient, se léchant les babines. |
|
|
|
Posté le 24/04/2025 à 17:31:12
Extrait du cahier de bord du capitaine d’Olivet
(sans date, encre noire, écriture ferme, sans fioriture inutile)
Trois rapports reçus. Trois voix différentes. Trois angles sur une même île qui se refuse encore à livrer son cœur.
Eudora m’écrit enfin. Sa plume est égale à elle-même : élégante, disciplinée, tranchante. Elle décrit Liberty comme un théâtre sans coulisses. De la richesse apparente, sans origine ni logique. Nulle plantation. Nulle mine. Peu de commerce. Rien de visible, et pourtant les pierres précieuses s’échangent comme des pièces de cuivre. Son regard est le bon : si la richesse n’est pas visible, alors elle est ailleurs ; dissimulée, enfouie, ou pire, fabriquée. Hypothèse évoquée : des ruines centrales, source potentielle de l'ancien pouvoir de l’île. Une piste. Elle a l’œil, mais pas encore la preuve.
Elle parle enfin de ce qu’elle n’aurait jamais osé écrire à un autre que moi : des morts qui marchent. Elle les affirme réels. Si elle dit vrai et je crois qu’elle dit vrai alors nous sommes face à autre chose que du politique ou du militaire. C’est un gouffre qu’il va falloir sonder. Lentement. Et sans effrayer la meute.
Serge m’a répondu avec sa verve coutumière. Trop d’arabesques, pas assez de pierre. Il semble s’être attaché à une figure locale : Kaliska. Il l’observe, la suit, l’analyse comme on disséquerait un rêve. Je lui ai rappelé l’essentiel : il n’est pas ici pour nouer des liens ou nourrir des théories il est ici pour comprendre Liberty. Chaque heure qu’il consacre à la jeune femme est une heure qu’il doit justifier par des faits. Je ne lui refuse pas sa proximité avec elle, mais j’exige désormais des noms, des lieux, des schémas clairs. L’intuition est bonne, mais seule, elle ne suffit plus. Il devra choisir ce qu’il sert, et bientôt.
Brutal, fidèle à sa nature, m’écrit comme on frappe du poing. Il joue son rôle à merveille : celui du berger impitoyable qui mord les talons des traînards et ralentit les têtes brûlées. J’ai validé cette tactique : la meute doit rester ensemble. Il a également intercepté un message codé, mal déchiffré par un scribe trop hâtif (et désormais décédé, par sa main). Je lui ai répondu de garder ses crocs pour les ennemis, et ses doigts pour le papier. Le message contenait plusieurs niveaux. Il a vu la première couche. Il en reste au moins deux. S’il les trouve, il en saura plus que la moitié des hommes sur cette île si il arrive a le mettre dans le bon sens.
Trois agents. Trois pistes.
Et moi au centre, tissant la toile.
Cette île a un secret. Et chaque jour me convainc un peu plus que ce secret est ancien, qu’il ne répond pas aux lois des hommes. Mais je le trouverai. Et si je ne le trouve pas, je l’arracherai.
Capitaine d’Olivet
|
|
|
Elze |
|
|
 |
|
Inscrit depuis le : 06/11/2021 |
|
|
Posté le 27/04/2025 à 19:35:05. Dernière édition le 27/04/2025 à 19:37:34
Elze se réveillait dans l’antre de l’Ogresse avec une gueule de bois et pourtant elle n’avait rien bu la veille !
Toutes ces révélations lui laissaient un goût salé et c’était peu de le dire !
D’abord, la confirmation, grâce à un rituel connu de deux de ses compagnons: cette Française, Eudora de Saint-Ange, était belle et bien sa mère ! Mais s’il n’y avait que ça !
Tout se brouillait en elle, alors qu’elle venait d’en apprendre plus sur sa famille, ses rêves furent teintés de cauchemars cette nuit-là : son père, la malédiction, Atlantis, les sirènes, son grand-père, Alejo…
Les réponses qu’elle avait eues attestaient de ce qu’elle avait pu ressentir parfois, notamment lorsqu’elle explorait les Abysses ou encore de ce qu’elle avait pu voir lors de ses fameux rêves avec l'hidalgo.
Mais une question subsistait parmi d'autres : que venait chercher sa mère à Liberty?!
Elle leur en avait parlé, dès leur première rencontre, une vieille plantation enfouie sous la végétation, mais pourquoi cette quête?!
Elze se demandait si elle devait répondre à sa curiosité, chercher elle aussi cette plantation. Après tout, ce qu’elle avait appris la veille l’avait déjà suffisamment chamboulée et il y avait de quoi !
Elle ne pensait désormais qu’à une seule chose, sauver son pirate ! Elle pouvait compter sur certains de ses amis qui s’évertuaient à trouver une solution, une préparation, un talisman, qui annuleraient la dite malédiction.
Celui qui l’avait initialement recueillie peu de temps après son arrivée avait tellement raison !
Cette ile était vraiment maudite et elle en faisait partie… |
|
|
|
Posté le 29/04/2025 à 23:03:21. Dernière édition le 29/04/2025 à 23:05:09
Le feu ne crépite plus. Il expire. Comme s’il n’osait pas lui non plus commenter ce qu’il lit.
Assis seul, sous la toile lourde de la tente, d’Olivet relit encore la lettre. La même, toujours la même.
Le vélin est froissé sur les bords, l’encre royale bave légèrement dans les plis. Il la connaît par cœur.
Et pourtant, il relit.
Chaque mot frappe plus froid que le précédent.
"Ces Loups de Versailles… désormais hors du giron de la Couronne."
Il s’arrête, soupire. Longuement. Puis repose le parchemin sur la table, comme s’il pesait plus que du plomb.
Ses doigts tachés d’encre tremblent à peine, de fatigue, de colère, ou d’une lassitude plus vaste que la mer.
Il regarde autour de lui.
Quelques lueurs au-dehors, des silhouettes enroulées dans leurs manteaux rêvent ou veillent.
Des voix basses, un chien qui gratte la terre. Et cette île, tout autour, comme un fauve endormi sous les arbres noirs.
"On ne mord pas la main de son Maître."
D’Olivet ricane, sans joie. Sa voix est rauque, fêlée par le silence.
"Alors… c’est cela. Voilà le prix. Non pas moi, non pas Fleury… mais eux. Mes Loups."
Il se redresse, lentement. Le regard ailleurs, mais la mâchoire serrée. Il ne dit rien de plus. Il ne sait même plus s’il prie encore ou s’il attend.
Le feu meurt, enfin. Et avec lui, cette nuit-là, un peu de son espérance.
Sur la table repose leur fin. Programmé, inévitable, Implacable. Voici ses mots :
«À Monsieur d’Olivet,
Commandant d’une expédition illégitime en terres de Liberty
Depuis le Cabinet du Roi, à Versailles
Monsieur,
C’est avec un profond étonnement ; doublé d’un agacement que Je ne vous dissimulerai point, que Nous avons appris, par voies détournées, l’existence d’une entreprise armée menée en Notre nom, mais sans Notre commandement.
Qu’un prélat en charge de Notre éducation, si vénérable et loyal fût-il, ait pris sur lui d’ordonner pareille opération dans l’ombre, est déjà matière à réflexion pour Notre Conseil. Mais que vous, Monsieur, officier de Notre royaume, vous soyez prêté sans réserve à pareille insubordination, voilà ce que Je tiens à considérer comme un abus de zèle, une témérité dangereuse, et un affront à Ma décision souveraine.
Ai-Je été assez clair lorsque, en Mon Conseil, Je déclarai que Liberty ne devait plus troubler l’ordre de Mes desseins ? Ai-Je manqué de fermeté lorsque J’ordonnai que cette île soit laissée aux fous et aux spectres qui l’habitent ? Il ne semble point.
Vous avez cependant cru bon, vous et vos comparses ; car Je ne puis parler ici de soldats, encore moins de sujets fidèles, de vous embarquer dans une mission secrète, d’entrer en terre étrangère sous le couvert du silence et du mensonge, comme si Ma parole pouvait être ignorée selon votre bon plaisir.
Sachez donc ceci :
Je ne punirai ni Monsieur de Fréjus, dont le zèle déplacé trouvera correction en son temps, ni vous, dont la loyauté mal dirigée pourrait être rachetée.
Mais ce sont vos hommes qui porteront le poids de votre choix.
Ces Loups de Versailles, comme ils se nomment ou se laissent nommer, sont désormais déclarés hors du giron de la Couronne. Ils n’auront plus solde, ni reconnaissance, ni appui. Qu’ils survivent par leurs seules forces dans cette île que vous avez choisie au mépris de Ma volonté.
Que cela soit su.
Car il faut que ceux qui se targuent de servir le Roi apprennent aussi ce que signifie lui obéir. Et c'est face a des Chiens de Guerres qu'ils apprendront , de manière forte et décisive.
On ne mord pas la main de son Maître.
Louis
Roi de France et de Navarre»
|
|
|
|
Posté le 29/04/2025 à 23:07:58
Déjà une dizaines de feuilles froissées trainaient à ses pieds, recouvertes d'une écriture brouillonne recto-verso. Alejo y avait passé sa journée, sans succès. En désespoir de cause, il en discutait avec sa louve, bien incapable de lui répondre. Mais en parler à voix haute, ça l'aidait à mettre ses idées au clair. "Cette affiche, c'est un code. Ca c'est évident. C'est pas du décalage de lettre, j'ai tout essayé sans succès. C'est pas de l'inversion. Ce n'est pas non plus l'un puis l'autre, ni l'autre puis l'un."
Une bonne cinquantaines d'essais infructueux. "Une clé ? J'ai essayé les plus courantes sans que ça ne donne rien. Une transposition en colonnes ? J'ai essayé aussi. T'en pense quoi, toi ?"
La louve vient lui lécher la main. "Oui, tu as raison. C'est une combinaison de codes. Je vais devoir y passer des semaines..." |
|
|
Aliénor |
|
|
 |
|
Inscrit depuis le : 30/03/2025 |
|
|
Posté le 30/04/2025 à 21:07:59. Dernière édition le 30/04/2025 à 23:07:48
Aliénor, de son surnom Ali marchait inlassablement sur Liberty. Arrivée avec le navire, elle était restée discrète le temps de la traversée. Les relations humaines ce n'est vraiment pas son truc.
Et tous les jours elle se demandait ce qu'elle foutait là. D'olivet voulait savoir ce qui se tramait sur cette île. Soit, pourquoi pas. Mais, son genre à elle c'était plutôt de s'introduire la nuit dans une maison, avec ses couteaux, dagues et lacet étrangleur et de faire parler les gens. A sa façon. Clairement pas la façon plus agréable qui existe, certes.
Mais, la voila sillonnant cette jungle de colonie en colonie à faire ami ami avec les habitants, les aidant dans leurs taches pour peut-être, qui sait ? trouver quelques informations utiles.
Les jours se ressemblaient et elle bougonnait. Inlassablement.
Heureusement, elle avait trouvé un compagnon de route. Au début elle aimait se moquer de lui. Et puis les jours passant elle appréciait sa compagnie. Elle finit par rire de ses blagues.
Elle se morfondait toujours, mais elle le suivait, lui qui était plein d'entrain. Bon, en traînant des pieds. Ses couteaux remisés pour un temps, seulement utile lors de rencontre avec les animaux sauvages. Elle faisait ce qu'on attendait d'elle. En rongeant son frein. |
|
|
|
Posté le 02/05/2025 à 10:24:21. Dernière édition le 02/05/2025 à 10:26:48
Extrait du cahier de bord du capitaine d’Olivet
(sans date, encre noire, écriture ferme, sans fioriture inutile)
Giorgio a enfin daigné m’écrire. Il nie avoir envoyé les rapports que j’ai pourtant reçus sous son nom.
Quelqu’un a donc pris sa voix. Cela seul suffit à éveiller mes soupçons.
Quant à lui, il est toujours empli de cette ferveur naïve pour l’or et les pierres. Il voit les richesses, mais ne cherche pas leur origine.
Je l’ai remis sur ses rails : qu’il arrête de flairer les babioles et qu’il me trouve la source.
S’il veut rester en tête de la meute, il devra mieux voir, et plus loin.
M. explore avec l’œil pratique d’un éclaireur aguerri.
Elle confirme : le manoir hanté n’a pas volé son nom. Spectres, armures vivantes, araignées géantes, et un “démon faible” en son sein.
Son ironie cache mal sa vigilance.
Elle note aussi la présence de corsaires aux formes inhumaines. L’île transforme ou attire ce qui n’est plus vraiment homme.
Je l’ai félicitée. Elle a vu . Elle comprend que nos signes ne sont pas que symboles.
Brutal reste fidèle à son nom. Il hurle contre les codes, frappe les scribes, peste contre les femmes plus vives que lui.
Mais il reste utile : il sent la tension avant qu’elle n’éclate. Il est la mâchoire de la meute.
Je lui ai soufflé que le temps viendra peut-être où il devra mordre pour de bon , et peut-être mener.
Il s’en sentira digne, je le sais. Mais moi seul déciderai quand il faudra lâcher les crocs.
Éric court entre prisons et codes comme un renard dans un champ piégé.
Il cherche juste, trop juste parfois. Il complique l’évident, il devine l’invisible, mais il progresse.
Je lui ai offert le cœur du deuxième code : HRNKOV. Il l’a mérité.
Il comprendra, et il tirera les autres à lui si la meute s’effondre.
Mais il commence à douter de l’utilité de nos détours. Il veut de l’action. Il en aura.
Serge, enfin, persiste à relier les points. Le motif s’étend : cave du phare, cave du manoir, mêmes symboles, mêmes morts, mêmes cris.
Il note la présence souterraine d’un motif ancien, peut-être une force, peut-être une volonté.
Il continue de veiller sur Kaliska. C’est bien. Elle est la clef d’une île qu’elle ne comprend elle-même que par fragments.
Il y a aussi Enora Je n’oublie pas la voix claire, un peu naïve, qui m’a écrit au sujet de mon message codé.
Elle ne l’a pas percé , pas encore ,mais elle a levé les yeux au bon endroit. C’est un début.
Elle a vu l’affiche, elle a reconnu l’appel.
Elle n’a pas compris, mais elle a cherché. Et cela, déjà, la distingue.
Je la garde à l’œil. Peut-être est-elle plus fine que ses mots.
Ou bien est-ce sa jeunesse qui, justement, lui permet de ne pas encore s’égarer dans les vieilles ruses.
Je lui offrirai un fil de plus. À voir si elle sait tisser avec.
Conclusion :
La meute s’agite. Les langues se délient. Les signes anciens reviennent.
Mais derrière tout cela, je sens le pas lourd des chiens du Roi.
Les Chiens du Lys, s’ils existent déjà, n’attendront pas que je donne l’alerte. Ils viendront comme un feu dans la nuit, pour purifier ce qu’ils ne comprennent pas.
Je vois. J’écoute. J’attends.
Mais bientôt, il faudra choisir :
plier l’île ou la fuir.
Obéir ou survivre.
Capitaine d’Olivet
|
|
|
Jack |
|
|
 |
|
Inscrit depuis le : 26/03/2025 |
|
|
Posté le 02/05/2025 à 11:45:55. Dernière édition le 02/05/2025 à 11:51:46
Qui est cet Olivet qui se prend pour un général ? , s'interroge Jack ?
Jack avait embarqué sur un navire qui avait échoué , il venait du Nord et ne connaissait pas les mentalités de l'Europe du Sud , il supposait que cet homme était sûrement un général d'un roi.
Il lui envoya un perroquet pour savoir qu'il y était et savoir pourquoi il travaillait gratuit pour lui à déchiffrer son code . En attendant il allait en parler à sa coéquipière Enora de cet homme étrange et autoritaire. |
|
|
|
Posté le 03/05/2025 à 11:14:56. Dernière édition le 03/05/2025 à 11:25:46
Marcel tomba par hasard sur cette suite de mots. Même si il est un homme avant tout, Marcel mis en marche son cerveau si particulier.

En quelque secondes il réussit à déchiffrer les mots sans en comprendre le sens profond et encore moins la gravité.
C'est alors qu'il se dit :
A fortiori je vais avertir ce Monsieur d'Olivet qu'il a beaucoup de responsabilités qui lui incombent, mais surtout, qui lui décombent. |
|
|
|
Posté le 06/05/2025 à 15:45:59
Extrait du cahier de bord du capitaine d’Olivet
(sans date, encre noire, écriture ferme, sans fioriture inutile)
Ils sont là.
Le pavillon royal flotte sur le sable, mais ce n’est pas un ambassadeur qui débarque.
Ce n’est pas Versailles qui envoie ses mots. C’est Maximilien de Forvent qui envoie ses lames.
Les Chiens du Lys ont posé le pied sur Liberty.
Pas un discours. Pas une missive. Juste le fer, et l’ordre de le faire choir sur nos cous.
Le Roi a parlé, et sa volonté porte un nom : Forvent.
Je le connais. Il ne fléchit pas. Il ne raisonne pas. Il exécute.
Alors je reste ici.
Je ne sors plus.
Je lis. Je relis. Les rapports de Serge, d’Eudora, de M., de Giorgio… même ceux de Brutal.
Je les tends à la lumière pour y trouver une issue. Un appui. Une preuve. Quelque chose qui mérite que l’on tienne encore.
Je suis leur capitaine.
Mais je ne suis plus leur guide. Pas aujourd’hui.
Je suis leur mémoire. Leur veilleur.
J’attends.
Un cri, une victoire, un signe.
Et dans le vent, les chiens reniflent déjà. Le sang ne va pas tarder à couler a flots... J'espère qu'il reste de la sauvagerie dans ma meute, ils en auront besoin.
|
|
|
|
Posté le 06/05/2025 à 17:26:26
Sauvage parmi les sauvages, champion de course équestre et médecin généraliste par dessus le marché, le loup du Castellet était bien loin de se douter que quelque chose d'épouvantable se tramait.
Bien trop occupé à élaborer de savantes trajectoires pour Aliénor et lui. Souvent après s'être perdu au lieu de le faire en amont d'ailleurs. Le docteur Michel Chevalier prenait surtout soin de ses volumineux cheveux en les maintenant plaqués grâce à un peu d'eau et d'huile de coco dès qu'il en avait l'occasion. Même sans son majestueux pur sang pour fendre le temps comme un éclair en plein ciel, soigner son apparence de ténébreux chevalier noir est important. C'est comme bien manger.
Ceci étant sa partenaire avait su lui faire confiance, contre toute attente mais c'était bel et bien le cas, alors s'il s'avérait qu'un quelconque danger approche d'eux, d'elle, Michel allait sortir ses pectoraux poilus pour les contracter l'un après l'autre. Puis encore l'un, et l'autre, au cas où on aurait loupé ça, et commencé à créer du travail pour chirurgien vétérinaire en s'exerçant sur la menace canine à grands coups de crocs blancs. Ou de graviers poussiéreux tirés par poignées sur eux plutôt pour mieux imager la réalité, et ses capacités en matière de combat. Puis c'est qu'il tient à ses dents le docteur.
Le temps ou Michel se faisait tabasser au bord du lac en mâchouillant une marguerite avec insouciance et se faisait piquer sans vergogne ses beaux souliers est révolu. Michel commence à ouvrir sa chemise... |
|
|
|
Posté le 07/05/2025 à 22:25:29
Dame Cécile avait reçu ses ordres du Roy, par l'intermédiaire de Maximilien de Forvent. Elle était là pour les exécuter, pas pour discutailler. C'est ainsi qu'au premier rebelle aperçu, elle abattit son arme: "Au nom du Roi..." |
|
|
|
Posté le 07/05/2025 à 22:31:36
Un étrange nuage la devance, une fumée opaque et odorante, un parfum presque envoûtant.
Mais ne pas s'y tromper, lorsque vous le sentez : il est trop tard.
Déterminée et organisée, sa mission sera un succès ! |
|
|
|
Posté le 07/05/2025 à 23:32:56. Dernière édition le 07/05/2025 à 23:37:21
A peine débarqué sur la plage voilà Maximilien, pieds sur le haute de la barque toise ses troupes . Il leur prépare un discours de son Crus.
* Chiens du Lys, serviteurs du Trône,
Il n’y aura pas de discours enflammés. Nous ne sommes pas ici pour rêver, mais pour nettoyer.
Liberty est une tâche sur la carte du Roi. Une tache que la pluie n’a pas effacée, que les flammes n’ont pas encore consumée.
Mais nous y mettrons l’acier. Et l’acier tranche tout.
Ces Loups sans maître croient pouvoir survivre hors du giron royal.
Ils croient qu’agir dans l’ombre les soustrait à la justice.
Ils oublient que l’ombre appartient au Roi. Et que nous sommes ses ombres armées.
Je ne vous demande pas de compassion.
Je ne vous demande pas de comprendre.
Je vous demande de frapper.
Avec méthode. Avec ordre. Avec cette froideur qui vous distingue de la meute.
Quand vous entendrez hurler dans la nuit, ne levez pas les yeux au ciel.
Marchez. Et faites taire ce hurlement.
Pas de quartier. Pas de procès. Pas de nom laissé vivant.
Le Roi veut le silence. Et nous sommes le silence.
Soyons méthodique et efficace. Je compte sur vous sans rappel à l'ordre pour exécuter les ordres et ses loups !*
Et la poudre avait vite parlé. Ses chiens avaient commencer a obéir a ses ordres, ceux du Roi ! Avec zèle, avec méthode. L'île ne serait plus jamais la même pour ses loups. De libre et nonchalants, ils devront apprendre a renouer avec la peur et le secret.
" Chien de Guerres , mordez et punissez ses impudents traître ! Nous leur apprendrons la peur , nous dresserons cet amas d'impur animaux" |
|
|
|
Posté le 09/05/2025 à 10:21:59. Dernière édition le 09/05/2025 à 10:24:03
"À ceux qui courent sous la bannière des Loups…"
Vos pas laissent des traces, même dans les ombres les plus épaisses.
Et parfois, l’un de vous en marche même sur la mienne…
“Une mercenaire”, dit-elle. Perspicace, m'a découvert.
Le mal est fait, le nom est su, mais les Chiens sont déjà en chasse.
D’Olivet vous croyait discrets. Fleury vous croyait intouchables.
Moi, je vous ai sentis. Et les Chiens aussi.
La meute du Lys ne mord pas au hasard.
Les loups en tête de gloire voient plus loin… mais sont aussi plus visibles.
Les premiers seront ceux visés en priorité.
Signé : Le Rasoir |
|
|
|
Posté le 09/05/2025 à 10:25:10
Extrait du cahier de bord du capitaine d’Olivet
(sans date, encre noire, écriture ferme, sans fioriture inutile)
Les ombres dansent autour des flammes, mais ce ne sont plus les nôtres.
Je les observe depuis ma tente entrouverte, ces soldats en noir et or, les armes luisantes, les cœurs secs comme leurs paroles. Les Chiens du Lys sont là, et déjà ils dressent leurs bannières comme des tombes futures. Leur feu crépite, mais ce n’est pas une chaleur qu’il dégage — c’est une menace.
Ils chantent. Une chanson de mort, un hymne qui résonne comme un glas :
"Chiens du Lys, en chasse sous les cieux,
Leurs crocs sont d’acier, leurs serments sont pieux.
Loups de Versailles, fuyez vos lois,
Leurs voix grondent, graves et implacables. Pas de rire, pas d’éclat de joie.
Juste cette rigueur glacée, cette promesse de fer.
Autour de leur feu, les ombres se pressent. Cécile de Marange bénit les lames comme des reliques, murmurant des prières qui n’ont rien de saint. Gaspard Le Flambeur affûte son épée, un sourire dur aux lèvres, prêt à la faire danser dans le sang. Alix la silencieuse, la chevelure nouée comme une crinière, observe la jungle, déjà en chasse. Sylvain de l’Ombrière s’estompe et réapparaît, un spectre parmi les soldats.
Et au centre, Maximilien de Forvent reste debout, les bras croisés. Son regard glisse sur ses hommes comme un faucon sur une proie. Pour lui, la victoire est déjà acquise. Il ne voit pas des ennemis à affronter, mais des bêtes à abattre.
Ils sont là pour nous chasser, nous, les Loups de Versailles.
Ils n’ont pas besoin de comprendre. Ils n’ont même pas besoin de savoir.
Le Roi leur a dit : “Tuez.” Alors ils tuent.
Et moi… moi je reste ici, derrière cette toile, seul avec mes lettres, seul avec la mémoire de ceux qui courent encore dans la nuit.
Combien resteront au matin ? Sauront-ils trouver refuge ? Peut être cette île compte t'elle des zones, des abris sur ? Les villes part trop protéger seront elles suffisantes ?
Pourvus qu'aucun d'eux ne croisent leur route, que dans le crépuscule et la nuit où ils se déplacent et agissent ,eux aussi se tapissent et survivent... |
|
|
|
Posté le 09/05/2025 à 17:25:01. Dernière édition le 10/05/2025 à 01:31:47
Lettre a monsieur d'olivet
monsieur, je m'étais engager pour la noble cause de l'or, mais pour l'instant je ne trouve que sauvages et bêtes étranges et agressives. je parcours l'île en évitant les les crocodiles, je ne les aimes pas beaucoup. par contre les moustiques eux ils m'aiment, j'ai la paume de la main endolorie de les écraser, mon corps a déjà perdu au moins la moitié de mon sang et ma peau n'est que cloques et égratignures. le soleil ne m'a jamais mordu a ce point. mes selles sont telle une rivière de boue mais je m'accroche a essayer d'avancer, je ne sais encore combien de temps mes jambes me porteront. je tenais également a vous signaler que les français que je croise sont loin d'être amicaux, il y a eux ce fameux brutal novos puis maintenant une troupe de gens d'armes qui veulent nous chasser de l'île. que devons nous faire ? Tous nous rendre ? ou pouvons nous avoir espoirs que vous interfériez en notre faveur ? quand aurons-nous une cantine digne de ce nom ? Ainsi que des vêtements propres et repassés ?
votre dévoue paulin tremolu. |
|
|
|
Posté le 09/05/2025 à 21:12:11
Le Flambeur était à peu près là où on l'avait signalé. Le Tonnerre, lui, n'était pas prévu. Il surgit de son buisson sans prévenir, et se prit exactement l'estafilade qu'il s'attendait à recevoir. Une roulade supplémentaire dans le buisson voisin, et il avait disparu aussi sec qu'il était apparu.
Presque tout ce qu'il voulait savoir de son ennemi était déjà évalué. |
|
|
|
Posté le 16/05/2025 à 17:29:02
D’Olivet fait les cent pas. Une cage de toile, voilà tout ce qu’il lui reste. Ses bottes tracent un cercle dans la poussière, la course immobile d’un loup captif.
Dehors, il entend les murmures, les rumeurs de la chasse. Ses Loups se font piéger. Certains disparaissent sans bruit. D’autres hurlent, arrachés de l’ombre par des mains gantées de fer.
Brutal… même lui n’a pas survécu à sa rencontre avec Maximilien de Forvent. Le géant s’est dressé, a tenu, mais le fer royal n’a ni pitié ni patience. Il est en vie, dit-on. Hospitalisé, le corps brisé, l’orgueil plus encore.
D’Olivet serre les poings. Ses Loups sont chassés, traqués, abattus comme des chiens.
Et lui ? Lui reste là, une ombre clouée dans sa propre tente. Sa propre meute l’appelle en silence, mais il ne peut leur répondre. Pas d’armes, pas de liberté. Seulement des mots griffonnés, des promesses murmurées.
Mais pas tout à fait rien.
D’un geste furtif, il attire Launay, son jeune aide. Launay, l’œil vif, les mains promptes, l’âme encore fidèle.
"Les bouteilles "murmure d’Olivet. "Les bouteilles de Navy rhum. Va. Que mes Loups aient au moins un feu dans les veines. Que la chaleur les soutienne, même si ce n’est qu’un instant."
Launay hoche la tête et s’éclipse. Une ombre dans la nuit, un serviteur qui sait obéir sans poser de questions.
D’Olivet s’approche de l’ouverture de sa tente. Son regard s’élève vers le ciel sombre, là où les nuages passent comme des vagues lentes. Il attend.
Un battement d’ailes. Un cri. Un perroquet, peut-être. Une lettre, un signe, une vie encore libre.
Mais pour l’heure, rien que la nuit. Et les cris étouffés, là-bas, dans les ombres où ses Loups tombent un à un. |
|
|
Kaliska |
|
|
 |
|
Inscrit depuis le : 26/03/2025 |
|
|
Posté le 18/05/2025 à 20:40:05. Dernière édition le 18/05/2025 à 21:01:12
Kaliska,
Ton père et moi avons bien reçu ta dernière lettre, elle l’a un peu rassuré et pour ma part, ça a confirmé que nous avons bien fait de t’envoyer réaliser ton rite à Liberty. Je ne te cache pas que te lire a ravivé en moi des souvenirs de jeunesse que j’avais laissé sur cette île, la plupart heureux, d’autres beaucoup moins.
Je comprends que tu aies beaucoup de questions, je vais essayer de répondre à certaines d’entre elles.
Je vois que tu arpentes bien le moindre recoin mais n’hésite pas à dévier de ton parcours oui. Nous l’avons écrit de mémoire avec ton père, elle peut nous faire défaut, sans compter qu’il y a eu du changement visiblement en vingt ans ! Et puis, le plus important c’est que tu accomplisses tes missions, peu importe le chemin emprunté.
Quant aux « Loups » dont tu parles, si tout comme toi, je ne vois certainement pas d’un bon œil le fait qu’ils aient débarqué la même nuit que toi, je n’en ai jamais entendu parler, ton père non plus, ni personne sur notre île. Il a envoyé quelques missives à de vieilles connaissances mais tu m’as tout l’air d’avoir déjà mené ta propre enquête. Les réponses de ses correspondants arriveront surement après ton retour chez nous. Avec le Conseil, nous en avons discuté et l'arrivée de ces « Loups », comme ils s’appellent, ne peut être un hasard, à toi d’en comprendre la signification.
Reste prudente malgré tout ma fille, tu l’as compris, les « sauvages » ne sont pas là où l’on pense. Ces occidentaux connaissent bien mal cet animal pour lui prendre son nom et le rabaisser à leur condition afin de légitimer leurs actes. A la fin de ta lettre, tu nous parles également des « Chiens qui chassent les Loups », là aussi, cela ne doit pas être sans raison et si tu expérimentes l’allocution « l’homme est un loup pour l’homme » ce ne sont pas tes affaires.
J’ai bien noté que tu étais accompagnée et pour répondre à une autre de tes questions : le Conseil n’y voit aucun inconvénient et ce malgré l‘énergie que ton père a mise pour démontrer sa dangerosité et le fait qu’il pourrait mettre à mal ton initiation. Je n’ai pas eu à déployer un arsenal d’arguments pour les convaincre, ils connaissent aussi bien que nous, tes capacités de discernement et de clairvoyance. Là aussi, le Conseil y voit un signe dont toi seule jugera s’il est de bon ou mauvais augure.
Je te fais confiance, je sais que tu appréhendes ce nouvel environnement avec prudence et je suis ravie que mon couteau remplisse ses promesses ! J’ai hâte d’entendre tes suggestions pour pouvoir l’améliorer.
Je vais laisser ton père prendre sa plume, il trépigne à côté de moi depuis tout à l’heure. Donne nous de tes nouvelles quand tu peux, rien ne presse, concentre toi sur les raisons de ta venue à Liberty. Et je préfère voir dans tes yeux toutes les histories que tu vas pouvoir nous raconter.
Que Wakan Tanka accompagne tes pas, Ta mère.
∼∼ ∼∼
Ma chère fille,
Je ne m’épancherais pas dans une longue lettre, ta mère a répondu pour l'essentiel de tes questions, sans te transmettre son inquiétude, ce dont je suis incapable sur certains sujets, tu sais bien… Ta dernière lettre m'a rassuré et je ne peux être que fier de toi, encore une fois!
Je te remercie, grâce à tes descriptions j’ai l’impression de voyager avec toi, même si je dois t’avouer que j’ai dû relire plusieurs fois ton passage sur Ulüngen, que de changements! Et quelle surprise d’apprendre que c’est ce bon vieil Ed qui a pris les rênes de l’auberge ! Je suis content pour lui, cette nouvelle fonction lui va comme un chef ! Tu lui transmettras mes félicitations ainsi que mon bon souvenir et tu peux aisément t’adresser à lui pour le petit service que je t’ai demandé !
Le père Bouju est ravi de tes croquis, je les ai trouvés parfait moi ! Mais tu sais à quel point il est tatillon le bougre. Il demande si tu peux être plus précise dans tes annotations, que ça l’aidera plus et que tu devais te poser les questions que lui-même se poserait, il a rajouté que tu saurais.
Pour le reste, tout le monde est satisfait de ton travail qui est salué et t’encourage à poursuivre comme tu l’as fait jusqu’ici.
Sache que nous avons déjà agrandi notre bibliothèque qui n’attend que ton retour, tout comme nous tous. Les enfants ont d’ailleurs aménagé un nouvel espace qui devrait te plaire. J’y passe de longues heures à leur conter les histoires que je te racontais et depuis quelques soirs, je leur lis des passages de tes lettres, je te laisse imaginer leur plaisir à m’écouter et le mien à leur lire.
Il me tarde tant de te revoir ma fille ! Nous n’y sommes pas encore, mais préviens nous quelques jours à l’avance que nous préparions une grande fête où, après nous être réjouis de ton retour, nous pourrons écouter toutes tes péripéties autour de notre feu.
Que Asibikaashi te protège, Ton père qui pense fort à toi. |
|
|
|
Posté le 20/05/2025 à 22:38:48
La nuit est tombée sur Liberty comme un couvercle de suie. Le feu crépite faiblement dans son cercle de pierres. Je le regarde mourir doucement, comme les derniers râles d’un Loup que l’on vient de saigner. Et que j'aime cela...
Ils tombent bien, ces Loups. Certains mordent, d’autres fuient, quelques-uns implorent. Tous finissent par gémir. Tous finissent par comprendre. Je souris doucement. Je m’en rappelle chacun, leur nom, leur posture, leur dernier regard. Je les collectionne.
J’entretiens mon arme comme un autel personnel. Chaque pièce polie, chaque courbe huilée. Le canon est droit, froid, fidèle, dur. L’acier ne ment pas pas comme les hommes. Seul la poudre que je leur crache au yeux parle vrai. Je suis patient, moi. Je suis précis. Je suis la volonté du Roi rendue tangible. Et j'aime cela...
Mais la chasse s’étire. Certains Loups sont rusés. D’autres sont lâches. Et quelques-uns, les pires ,deviennent silencieux. Ils se cachent. Ils observent.
Et je sais ce que cela veut dire.
Ce ne sont pas seulement mes Chiens qu’ils doivent craindre.
Mais les autres Loups.
Car quiconque reste derrière trop longtemps, les crocs humides de frustration, sera prêt à vendre un frère pour survivre.
J’attends leur hurlement. Celui qui brisera la nuit. Celui d’un Loup qui trahira.
Ils appellent ça instinct. Moi, j'appelle ça sélection. Douce ironie.
Je fais danser entre mes doigts une bourse de cuir. Lourde. Garnie. Pleine.
Elle est prête à partir. Au premier qui m’apportera une proie.
Je ne fais pas de promesses. Je fais tomber des têtes, et il vaut mieux choisir d'autre que la sienne. |
|
|
Si vous souhaitez répondre à ce sujet, merci de vous connecter. |