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Gangrhaine viscérale  
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Aurela Kelmendi
Aurela Kelmendi
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Posté le 29/03/2022 à 23:30:10. Dernière édition le 12/08/2022 à 01:39:06 

اللَّوْعَةُ     Al-Law’ah

: Mot de langue arabe désignant littéralement une brûlure dans le cœur. 


Les mots résonnent, encore et encore, sans cesse...  

Donne moi ta réponse. Que désires-tu, quelle est ton ambition ?"  

     Elle prend feu au souvenir du contact ignominieux de leur chair. Le crépitement s'étend et se mêle aux cris étouffés, la ronge d'une vitesse endiablée. Les flammes dansent, les braises bondissent ; les cendres s’embrasent et s'embrassent au rythme de la respiration erratique que répercutent les échos de sa mémoire.    

Ta réponse.   Ta réponse et je te relâche. Tu n'as pas eu froid aux yeux jusque là, ne me déçois pas...."

    Crépitent les brindilles, grésillent, gémissent - le rire putride et gutturale du feu s'exalte. Le tango enfiellé de la flambée brûle ses entrailles. Lui bouffe la rate. Le foie. Le gésier. Consume son cœur. Putréfie chaque fois un peu plus une nouvelle parcelle de son être. Elle prend feu. La haine.

 -  Non. C'est ce que tu veux de moi. Mais que veux-tu de la vie ? Dernière chance pour que je te traite en humaine. Donne moi ta réponse. Si elle ne me plait pas ou si tu refuses, tu ne seras plus rien d'autre que ma chienne."  

   En vérité, peu importe ce qu'elle aurait répondu. Il connaissait déjà la réponse puisque par c'est son acte scabreux qu'Il la lui imposera. Et les traces indélébiles sur son corps ne seront rien face au stigmate qui, profond et obscur, ravinera à jamais son cœur fiévreux de haine.

  L'absence de conscience assassine et aseptise l'âme. Perdue dans les méandres de la vengeance, elle oubliera de vivre. Mais c'est ce qui paradoxalement, la gardera en vie.

 -  Mais que veux-tu de la vie ?"


...La tienne.




...T'arracher la tienne.
...T'arracher la tienne.
...T'arracher la tienne.
...T'arracher la tienne.
...T'arracher la tienne.
...T'arracher la tienne.
...T'arracher la tienne.
Aurela Kelmendi
Aurela Kelmendi
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Posté le 15/05/2022 à 20:29:17. Dernière édition le 12/08/2022 à 01:43:27 

غربة     Al-Ghurba   ( Gurbet en turc) 

: Mot de langue arabe qui désigne ce sentiment d’être déraciné, arraché de ses racines. Il sert à qualifier l'exil forcé.


    Elle était de ceux qui ne rêvait plus. De ceux dont la vie avait consumé le cœur, lacéré l’endocarde, écorché vive. De ceux que la vie avait empêché de rêver. Mais parce qu'elle était née précocement adulte, elle gardait au fond de son être l'âme de cet enfant qu'elle n'avait jamais vraiment été. Alors, le doux son mélodieux de luth qui commençait à se faire entendre se mit à la bercer, se mit à remplacer le temps d’un instant les bras de cette mère qu’elle n’avait jamais vraiment eu. Et elle se mit à faire défiler dans sa mémoire les réminiscences nébuleuses de sa vie en Albanie… du moins ce qu’il en restait. L’abandon. La violence. La dure labeur des champs. La pauvreté. Le sang. La rue. Le sang.
 
   Le sang. Puis vint à son esprit ces quelques jours passés dans la cale de ce bateau pirate, dissimulée, clandestine, priant d’angoisse qu’on ne la remarque surtout pas, juste là, recroquevillée entre ces innombrables esclaves entassés. Elle avait embarqué un soir, sur une des frégates de ceux qu’on appelait férocement les Dulcignotti - après avoir appris qu’ils quittaient enfin le port d’Ulcinj pour l’Afrique vendre ces esclaves qu’ils avaient si durement acquis.
    Comment l’avait-elle appris ? Ça, c’était une autre histoire bien plus macabre encore, qui n’aurait jamais dû ressortir si elle avait été un peu plus discrète en voulant s’extirper de sa cachette. Mais peu importe. La mélodie chassait les mauvaises pensées. Ce qui lui restait à faire désormais, c’était de passer inaperçue et de trouver un autre navire pour continuer le voyage, loin, très loin de ce pays qui l’avait saccagé.
 
   Son esprit ondoyait sous la brise musicale qui ne cessait guère. Alors elle se mit à rêvasser, l’instrument égrenant ses trilles les plus suaves, laissant errer son regard dans cette nue azurée où flottaient des points lumineux d’étoiles, où la lune dominante laissait tomber sa poussière glaciale et soulevait des écailles d’argent sur la mer. Elle s’imaginait déjà libre comme l'air, riche, apaisée, toucher en somme ce bonheur qu’elle n’avait même pas encore pu effleurer. Mais soudain, la mélodie s’interrompit, ce qui l’extirpa violemment de sa rêverie comme si la dure réalité de la vie la raillait ironiquement.
La dictatrice Kelmendi
La dictatrice Kelmendi
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Posté le 12/08/2022 à 01:32:45. Dernière édition le 12/08/2022 à 02:12:09 

النَّحِيط     An-Nahit  

: Mot de langue arabe désignant littéralement des pleurs qui ne sortent pas et qui s'accumulent dans le cœur. 





Ce jour-là, je suis morte. Mais personne ne l’a remarqué. Car il n’y avait pas de sang. Et pourtant ce jour-là, je suis morte.

(De l’intérieur assurément.)
 
(D’apparence aussi peut-être un peu certainement.)

A croire que l’on m’a enterré plusieurs fois maintenant. 
Je suis donc une multitude de tombes. 

Dire pourtant que j’ai prétendu
Être vivant
Tout ce temps.
 
De la même manière, j’ai tenté d’enterrer. D’enterrer tous ces souvenirs mortifères. Dans un trou de mémoire. 
 
Dire pourtant que j’ai prétendu 
Pouvoir creuser
Tout ce temps.



(J'essaie encore)


 
Tuer pour me sentir libre.
Effleurer la mort pour me sentir vivre.
Un appel à l’aide. Insonore



(J'essaie encore.)



(De creuser)



(Ou de vivre, je sais plus trop)

Spoiler
/Extrait d'un de ses anciens brouillons envoyés au feu.



 

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