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Histoire d'antan...Histoire de maintenant  
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Héliante de Meysrine
Héliante de Meysrine
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12/01/2008
Posté le 14/08/2020 à 14:12:07 

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La campagne de Gascogne, ses champs de blé, ses arbres verdoyants, l’odeur du foin coupé, le bruit des faux, le rire des paysans à l’heure du repas, les bavardages des femmes au lavoir…
Dans la cour d’une grande demeure bourgeoise, perdue au milieu de nulle part, sous une arche de verdure, deux enfants jouent et discutent, s’amusant à se courir après, se roulant dans l’herbe bordant l’allée centrale…Des jeux d’enfants, loin des soucis des adultes, sans responsabilité, simplement heureux d’être là.
Un frère, une sœur. Un cadet, une aînée. Un enfant tranquille, une enfant intrépide. Pour le petit garçon, elle est son modèle, sa grande sœur, celle sur qui il peut compter, auprès de laquelle il peut chercher conseil. Pour la petite fille, il est son trésor, son rayon de soleil quand tout va mal, son réconfort après les disputes des parents.
Les de Meysrine, famille de la bourgeoisie protestante, possèdent une demeure ancestrale dans cet îlot de verdure, loin des tourments de la ville, des problèmes politiques. Ils y ont établis leurs nouveaux quartiers afin d’échapper aux rumeurs malsaines citadines. Les enfants y trouvent leur bonheur, s’accoquinant avec les filles et fils des fermiers du coin, vagabondant à travers monts et forêts.
Héliante s’épanouit sous le regard bienveillant de sa grande sœur, prenant de l’assurance. Il souhaite lui montrer qu’il peut la protéger et qu’il sera toujours là pour elle.


Présent

Paris, ses ruelles insalubres, ses bruits infernaux, ses recoins humides et dangereux, l’odeur des caniveaux, les immondices jonchant les pavés, les insultes des ivrognes, les mendiants s’accrochant à vos basques…
Dans une chambre d’une vieille bâtisse étroite et branlante, perdue dans les tréfonds d’un quartier malsain, où le soleil ne pénètre que rarement, un jeune homme se morfond en attente de nouvelles qui ne viennent pas. Il fait les cent pas, regarde sans arrêt par ce qui sert de fenêtre mais ne voit rien venir. Un frère sans sœur. Un cadet sans aînée. Un jeune homme au cœur noir mais intrépide. Il la cherche depuis tellement longtemps, il a parcouru le pays dans tous les sens, cherchant des réponses, mais en vain. Héliante ne s’épanouit plus depuis qu’il a quitté la campagne mais surtout depuis qu’elle a disparu sans laisser de trace. Il a tout tenté, tout ce qui était en son pouvoir. Il ne lui reste plus qu’une seule chose à faire, son dernier espoir. Il s’asseoit à une table en bois, tire plusieurs feuilles d’un tiroir grinçant, sort une plume et un encrier et se met à écrire.


"J’en ai pour plusieurs heures mais cela en vaut peut-être la peine….Mais encore faut-il que mes lettres arrivent à bon port…"
Héliante de Meysrine
Héliante de Meysrine
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Posté le 14/08/2020 à 15:15:06 

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Les disputes incessantes entre les parents, les cris et les pleurs de Madame de Meysrine, le silence de Monsieur et dans leur chambre, deux enfants faisant semblant de jouer au bonheur, essayant de faire croire qu’ils sont heureux dans cet entourage malsain. Tout cela pour de stupides rumeurs, des propos prononcés par un soi-disant ami de la famille venu quelques jours plus tôt leur rendre visite.
Heliante n’avait pas tout compris mais sa sœur avait eu un regard mauvais après le départ de cet homme. Bien qu’encore jeune, elle semblait comprendre certaines choses que son jeune frère ne saisissait pas. « Protestant », « catholique », « renier », « sacrilège », « honte »… Ces mots n’avaient aucun sens pour lui. Il n’aspirait qu’à vivre son enfance.
Depuis cette visite, l’atmosphère familiale est tendue, lourde. Les parents sont distants, ils ne rigolent plus avec leurs enfants, ne font plus de balades dans la campagne. Héliante s’ennuie, sa sœur cherche à le rassurer tout en essayant de comprendre ce qu’il s’est passé.


Présent

Les disputes incessantes des voisins, les cris et les pleurs des enfants en bas âge, et dans son réduit qui lui sert de chambre, Héliante tente de survivre à cette atmosphère. Il ne fait plus semblant d’être heureux, il a perdu le goût de la joie de vivre lorsqu’elle a disparu…
Les lettres ont été postées. Le jeune homme ne savait pas quelle adresse mettre alors il a juste écrit « colonie hollandaise, française, anglaise ou espagnole de Liberty ». Il espère qu’elles arriveront et que quelqu’un les trouvera.
Comment en est-il arrivé à envoyer de telles lettres sur cette île ? Il ne le sait plus vraiment, après toutes ces recherches sans succès. Il lui semble qu’un homme lui a parlé de cet endroit, que de nombreux bateaux ont cette destination…Il sait que sa sœur a toujours rêvé de voyager, de partir loin de cette France où elle ne se sentait pas à sa place, trop contraignante pour une femme et surtout pour elle…
Héliante de Meysrine
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Posté le 14/08/2020 à 22:05:32. Dernière édition le 14/08/2020 à 22:05:44 

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Une chambre d’enfant, immense, une grande armoire pour jouer à cache-cache, un bureau pour faire semblant d’apprendre ses leçons et ce grand lit qui trône tout au milieu de la pièce, tout en bois grinçant quand on monte se coucher, quand on se retourne dedans ou quand on s’amuse à sauter dessus.
Une nuit de pleine lune, sans nuage, le froid qui tente de pénétrer dans la pièce à travers les interstices du chambranle de la fenêtre et soudain il hurle, se réveille en sursaut, les cheveux collés par la sueur, le regard hagard, la respiration saccadée et rapide. Héliante vient encore de faire un de ses nombreux cauchemars dans lequel elle disparaît dans un bain de sang, le visage livide, les yeux tournés vers lui, son frère…et lui qui ne peut rien faire pour la sauver, il la regarde s’en aller dans d’atroces souffrances.
Le petit garçon saute au bas de son lit, pieds nus. Sans faire de bruit il sort de sa chambre, traverse le palier et pénètre dans celle de sa sœur. Il lui arrive souvent de venir finir sa nuit dans le lit de son aînée, pour se rassurer de sa présence. Mais cette nuit-là il ne la trouve pas bien tranquillement endormie. Elle est debout, les mains et le visage collés contre la vitre embuée, le regard perdu dans le vide, lointain. Elle ne l’a pas entendu arrivé. Héliante reste sur le pas de la chambre, l’air intrigué.

Présent

Une chambre de bonne, minuscule, un tas de vêtements qui traîne sur une chaise, une table moisie qui sert de bureau et une simple planche de bois recouverte d’un vieux matelas agrémenté d’une couverture miteuse en guise de lit. Une nuit sombre, sans lune, le ciel couvert de nuages, le froid qui pénètre dans la pièce par la fenêtre mal fermée, par le dessous de la porte, par tous les trous possibles et soudain il hurle, se réveille en sursaut, les cheveux collés par la sueur, le regard hagard, la respiration saccadée et rapide.
Héliante vient de faire un cauchemar, encore un. Nuit après nuit, sans repos, il rêve d’elle. Il croit l’apercevoir au loin, il tente de s’approcher mais ses jambes refusent d’avancer, il l’appelle, elle se retourne mais c’est le visage de la mort qui le regarde. Un visage vide, inhumain. Et elle crie son nom :
« Héliante, Héliante…. Rejoins-moi de l’autre côté…. »
Le jeune homme se lève, enfile ses chaussures, met son pardessus et sort de la chambre sans fermer à clé ; il n’y a rien à voler de toute façon. Il sait où aller, là où il va toujours lorsqu’il n’arrive plus à dormir, lorsqu’il croit tout espoir perdu. Héliante arpente les rues, dans le silence de la nuit, dans l’obscurité parisienne.
Héliante de Meysrine
Héliante de Meysrine
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Posté le 28/08/2020 à 21:42:20 

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Une odeur agréable de bonbon à la rose, une douceur enfantine, une voix mélodieuse en train de lire une histoire à deux enfants. Blottis au pied d’un vieux fauteuil, devant l’âtre où crépite un feu de bois réchauffant la pièce, Héliante et sa sœur écoute avec attention et passion leur nourrice leur raconter une histoire. La pièce est toute petite mais les deux enfants s’y sentent à leur aise, loin des soucis de leurs parents, loin des cris de leur père, loin des larmes de leur mère. Ils sont dans leur monde d’enfant, un endroit rempli de douceur, de merveilles et surtout de leur tendre Nelly, leur adorable nourrice depuis qu’ils sont nés. Héliante a les yeux brillant, écoutant avec tous ses sens les paroles de la femme. Il pose des questions pour connaître tous les détails, veut connaître la fin tout de suite. Il ne se lasse jamais, même après avoir entendu les mots des milliers de fois.
Elle, sa sœur, semble ailleurs, les yeux dans le vide, fixés sur les flammes. Elle écoute à moitié, pour faire semblant, pour faire plaisir à son frère, pour le rassurer. Mais elle ne trompe pas Nelly. La jeune femme connaît la petite mieux que sa propre mère, elle l’a élevée depuis sa naissance. Et son comportement l’inquiète. La gamine, autrefois si enjouée, toujours souriante, bavarde, est devenue silencieuse, l’air sérieux, trop sérieux pour son âge et surtout trop silencieuse. Une chose n’a pourtant pas changé en elle : l’amour qu’elle porte à son cadet, plus fort que jamais, plus présent comme si elle avait peur de le perdre d’un seul coup. Alors que Nelly repose le livre de contes et légendes après en avoir terminé pour aujourd’hui, la petite lui demande soudain, le visage tourné toujours vers le feu :
"Dis Nelly, c’est comment ailleurs ? "
Interloquée la nourrice lui demande en caressant les cheveux d’Héliante : "Ailleurs où ? "L’enfant se tourne alors vers son frère et Nelly, l’air étrange, un regard curieux et un petit sourire sur les lèvres. "Tu sais bien ailleurs…Là où Papa et Maman ne veulent plus aller mais où moi j’aimerai aller."
Le petit garçon s’avance à quatre pattes vers sa sœur, le regard triste. "Olympe, pourquoi tu veux partir ? Je veux pas que tu partes, j’ai besoin de toi."
Héliante la regarde, plein d’incompréhension. Elle, l’air toujours absent, murmure juste quelques mots : "Je ne te quitterai pas, Héliante. Tu seras toujours là et je serais toujours là, je te le promets." Et elle pose une main sur sa poitrine à l’emplacement de son cœur et pose l’autre au même endroit sur celle de son frère.

Présent

Toujours cette odeur de bonbon à la rose, cette douceur enfantine, cette chaleur réconfortante, même si les lieux ont changé, Nelly a su recréer cet endroit de bonheur où il a grandit insouciant.
Assis sur un haut fauteuil à dossier à la lumière d’un feu de cheminée, il l’écoute lui raconter le passé, son passé. Il est moins attentif qu’à l’époque, les yeux dans le vague, ses pensées voguent de-ci de-là. Nelly s’arrête soudain, laissant s’installer un silence, mais pas un des ces silences qui vous mette mal à l’aise, non un silence qui en dit long.
Héliante pose doucement son regard sur elle, sa vieille nourrice. Nelly a vieilli, elle a désormais les cheveux gris mais pour le jeune homme elle est toujours la même. Il la regarde toujours avec ses yeux d’enfants.
"Dis Nelly, penses-tu qu’elle l’a trouvé cet ailleurs, celui qu’elle voulait aller voir ? "
La nourrice ferme les yeux non pas par fatigue mais comme elle le fait à chaque fois depuis maintenant plusieurs années, depuis qu’il s’est mis en tête de la retrouver. "Je suis persuadée qu’elle a trouvé un ailleurs, peut-être pas celui qu’elle cherchait, mais un endroit qui lui convient. "
Héliante soupire, se lève pour remettre du bois dans la cheminée. "Olympe, Olympe…Pourquoi es-tu partie sans donner de nouvelles ? Tu avais pourtant promis. " Il pose sa tête contre la pierre de l’âtre.
"Héliante, elle est toujours là…Cherche dans ton cœur. " Puis en rigolant, Nelly ajoute : " Et cesse de l’appeler Olympe, tu sais qu’elle a toujours détesté ce prénom. " Dans un imperceptible murmure, le jeune homme lui répond : "Pourtant il la caractérise à merveille. " Il pose alors sa main sur son cœur.
Héliante de Meysrine
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Posté le 16/04/2021 à 21:00:55 

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Une vieille demeure bourgeoise au cœur de Paris, une nuit de pleine lune, la maison endormie. Elle respire le calme et la quiétude.
Les de Meysrine sont dans leur salon, au coin du feu. Le père lit un journal tout en fumant sa pipe, la mère tricote. De temps en temps, ils se parlent, discutant des nouvelles de la ville.
Les enfants sont endormis dans leur chambre respective. Nelly veille sur le petit Héliante qui est encore très jeune. Sa sœur, que ses parents pensent couchée, est assise sur le rebord intérieur de sa fenêtre, les yeux levés vers l’astre lunaire. Soudain la porte arrière claque, un domestique entre en courant dans le salon, le visage rouge, le souffle court. Le maître de maison se lève précipitamment, posant pipe et journal sur le fauteuil. Sa femme crispe ses mains sur ses aiguilles, le visage inquiet.

- « Monsieur, monsieur…Il faut partir…Ils arrivent, je les ai vu, ils m’ont demandé où vous habitiez…Je n’ai rien dit, mais ils savaient déjà. "
- "Ernest, merci, » répond simplement monsieur de Meysrine.
Puis il se tourne vers sa femme, l’air sévère tout en donnant quelques ordres au domestique.
« Ernest, montez prévenir Nelly. Dîtes-lui d’habiller les enfants et d’aller se cacher avec eux dans la cave. Ils n’iront jamais les chercher là-bas.
 - "Mais Auguste…De qui parles-tu ? Que se passe-t-il ?
- " Ma chérie, nous avons été dénoncé. La garde royale sera là d’un instant pour nous arrêter. »
La jeune femme le regarde interloquée :« Rosaline, je suis protestant…Tu savais que cela arriverait un jour quand tu m’as épousé. »
Elle se lève alors, s’approche de son époux et l’enlace : « S’ils doivent t’emmener, je partirai avec toi. Nelly saura prendre soin des enfants le temps qu’il faudra…Ils iront dans notre maison de Gascogne, à l’abri. »
Des coups à la porte, des soldats qui entrent, on les arrête.
Et pendant ce temps, blottis l’un contre l’autre, serrés dans les bras de Nelly, assis sur un vieux banc de bois, dans la cave humide, Héliante et sa sœur, attendent. On ne leur apprendra que plus tard ce qu’il s’est passé ce soir-là et les raisons de leur départ de la capitale.

Présent

La vieille maison branlante dans laquelle il a élu domicile, une nuit noire sans lune, les ruelles sombres silencieuses sans âmes qui vivent.
Héliante avance lentement, écoutant le bruit de ses propres pas sur les pavés. Comme chaque fois qu’il s’en revient de chez sa nourrice, il a du mal à rentrer chez lui, dans sa chambre miteuse. Il a perdu l’espoir d’avoir de ses nouvelles. Ses lettres ont du se perdre, personne ne les a trouvé. Alors qu’il approche de la bâtisse, le jeune homme s’arrête soudain au coin de la rue.
Un brouhaha, des cris, des pleurs, des insultes. Tout ceci est inhabituel, il se passe quelque chose. Il s’approche avec prudence, lève la tête vers les fenêtres éclairées.
« Ils m’ont trouvé, ils fouille ma chambre. Mais par quelle diablerie sont-ils arrivés jusqu’ici. Il faut que j’en apprenne d’avantage. » Il se fraye un chemin à travers les badauds et pénètre dans l’immeuble. Il croise plusieurs gardes qui le laissent monter sans problèmes. Il arrive à son étage mais continue à monter les escaliers, faisant comme s’il habitait plus haut.
Soudain on l’interpelle rudement :
« Et vous, là. Vous habitez ici ? Comment-vous appelez-vous ?
Héliante redescend quelques marches, affichant un air des plus serein. « Je suis Oscar Peyrac, pauvre écrivain tentant de survivre comme il peut. J’habite dans la mansarde, tout en haut. » Feignant l’étonnement en regardant rapidement à l’intérieur de « sa chambre », il demande : « Vous cherchez le locataire de ce trou à rat ? »
Le garde, qui n’a pas l’air bien dégourdi, lui répond : « On nous a prévenu qu’un sale huguenot se cachait à cette adresse. Mais nous n’avons trouvé ni homme ni preuve.
Prenant l’air dégoûté, Héliante continue ses questions : « Ici, un huguenot, mais quelle horreur. Qui l’a dénoncé ? Le jeune homme serre au fond de sa poche sa croix protestante, qu’il a toujours l’habitude d’emmener avec lui.
Intérieurement il se félicite d’avoir eu l’idée de vider sa chambre régulièrement de toute preuve pouvant laisser supposer qu’il avait vécu ici. Le garde, commençant à en avoir assez – on a sûrement du l’interrompre dans sa nuit pour venir ici –marmomme quelques mots en direction d’Héliante :
« Il semblerait que cela vienne d’une famille noble, de la Gilardaie, quelque chose dans le genre. »
Il sort une feuille pliée en quatre lorsqu’un autre soldat l’appelle d’en bas. Il se tourne vers le bas, rangeant précipitamment le papier et se penche. Héliante saisit l’occasion pour subtiliser la feuille et la remplacer par une vierge. Puis comme si de rien n’était, il remonte les escaliers. « Messieurs, je vous souhaite bonne recherche. »
Héliante de Meysrine
Héliante de Meysrine
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Posté le 16/04/2021 à 21:06:25 

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La Gascogne, plusieurs semaines après les événements de la demeure parisienne, un jour de pluie, morne et triste.
La vieille demeure de campagne des De Meysrine, le feu qui crépite dans la cheminée du salon, éclairant faiblement les fauteuils sur lesquels se trouvent Héliante, sa sœur et Nelly.
Le petit garçon dort, la tête posée sur les genoux de sa nounou, son ours en peluche au creux de son cou. Sa respiration est lente, calme. Sa sœur est assise en tailleur devant l’âtre, les yeux fixés sur les flammes, jouant avec un pendentif dans ses mains. Il représente une croix et accroché en bas, une colombe…
Nelly pose un regard bienveillant mais inquiet sur la petite. Depuis leur fuite de Paris, elle n’a pas dit un mot, se refermant de plus en plus sur elle-même. Même le retour de ses parents, quelques jours plus tôt, ne semble pas la réjouir. Monsieur et Madame de Mesryne avaient été relâchés peu de temps après leur arrestation grâce aux relations d’Auguste. Ils avaient retrouvé la demeure parisienne, le temps de la vendre et de régler leurs affaires parisienne.
Puis une fois la vente effective, ils avaient rejoint la Gascogne, là où ils avaient de nombreux amis et où ils savaient qu’on les accueillerait avec joie, au milieu d’autres protestants.
La petite fille tourne la tête vers sa nourrice, les yeux brillants.
« Nelly, ça veut dire quoi protestant ? Ca veut dire qu’on n’est pas gentil, qu’on doit aller en prison, qu’on a fait quelque chose de mal ? »
D’une voix pleine de douceur, la nounou tente de lui répondre. « Bien sûr que non. Tu n’as rien fait de mal, ni toi, ni tes parents, ni ton frère. Simplement parfois les gens ont peur de ceux qui ne pensent pas comme eux, alors ils disent qu’ils sont méchants, qu’il faut les mettre en prison pour protéger le peuple. »
La gamine retourne à sa contemplation du feu, elle serre le pendentif dans ses mains et murmure pour elle-même : « Un jour, j’irai là-bas et je dirai à tout le monde que nous ne sommes pas méchants…Un jour…. »

Présent

Un faubourg de Paris, quelques semaines après la fouille de sa chambre, un jour de pluie, morne et triste. Une mansarde au dernier étage d’un petit commerce, un morceau de bougie presque fini, une table branlante et une chaise, dans un coin, une espèce de paillasse avec une vieille couverture.
Assis sur la chaise, Héliante pense, une feuille de papier posée devant lui. Après la visite à son domicile au cœur de Paris des gardes français, il avait du trouver une nouvelle cache. Une fois cela fait, il s’était mis en recherche de la fameuse famille qui l’avait dénoncé.
Il ne comprenait pas comment ni pourquoi ces gens l’avait dénoncé. Il ne les connaissait pas, et cela l’intriguait. Ils avaient forcément du trouver son adresse quelque part.
Le jeune homme avait donc contacté plusieurs anciens amis de son père, des personnes influentes pour trouver Monsieur de la Gilardaie, l’auteur de la dénonciation. Il était resté sans nouvelles pendant plusieurs jours. On lui avait dit d’attendre, de se faire oublier, qu’on le contacterait lorsqu’ils auraient les renseignements.
Ce matin, on frappe à la porte. Une vieille femme, l’épouse du commerçant qui l’héberge, vient lui apporter une lettre. Héliante la prend, remercie poliment la femme et referme la porte. Elle provient d’un ami de son père, un homme influent dans la bourgeoisie.
Lentement il l’ouvre et en tire une feuille, recouverte d’une belle écriture. Il la lit, puis la pose devant lui.

« Ainsi, il semblerait que mes lettres aient trouvé destinataire sur cette île. Certes j’aurai préféré recevoir une autre réponse que cette dénonciation mais au moins, je sais que quelqu’un a lu ma lettre… A moi maintenant d’essayer d’entrer en relation avec cette personne. D’après les renseignements fournis, il s’agit du fils de cette famille de la Gilardaie. Il doit bien avoir des amis restés dans la capitale. Il suffit que je me fasse passer pour l’un deux dans une lettre et peut-être que j’en apprendrais plus… »
 

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