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Idylle improbable  
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Ching Shih
Ching Shih
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Posté le 14/05/2020 à 16:36:19. Dernière édition le 14/05/2020 à 19:07:28 


Une rencontre, au bord du chemin;
Le fruit du hasard qui ne tient qu'au destin;
Sans connaitre par avance
La naissance d'une romance;
Insufflant un nouvel élan
Dans le cœur de ces deux prétendants.


Gothor et Ching Shih, 13 Mai 1720
Ching Shih
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Posté le 17/05/2020 à 14:32:54. Dernière édition le 17/05/2020 à 19:50:51 

La rencontre

"Toute rencontre nouvelle est susceptible d'éveiller l'impensable."
(Citation de Jacques Salomé)

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13 Février 1720

Me voilà enfin à New Kingston. J'ai ramené les enfants de Dulcina hier et j'ai commencé à faire connaissance avec un couple assez distrayant. Mon amie anglaise est réapparu avec son compagnon en fin de matinée, je n'ai plus la lourde tache de veiller sur ses enfants. Leur compagnie m'a revigoré, mais j'avoue que garder les enfants des autres est une grande responsabilité, surtout sur cette île ! Derrière chaque rocher peut se cacher un aventurier, un ours.... ou un pirate ! J'ai donc retenu mon souffle jusqu'à notre entrée en ville.

Il n'y a pas à dire, je vais devoir retourner à l'entrainement pour ma propre sécurité et celle des autres. Bien que j'ai gardé quelques réflexes. Pendant ces longues années en chine, je m’exerçais au combat tous les jours avec mon mari, mais sans réel ennemi, l'engouement est moindre. Je vais donc devoir m’aguerrir pour survivre à cette île.
En attendant, me voilà au pub, me délassant au passage tout en discutant avec les uns et les autres. Les observant pour les analyser au mieux. Je n'ai jamais été très apte aux discussions en société, surtout entouré d'inconnus. Heureusement Dulcina et sa petite troupe sont là, je me sens moins seule.

Le hic quand un événement mondain approche, c'est que tous les jours, la masse d'inconnu grandit, alors pour échapper quelques temps à ce joyeux vacarme, me voilà en train de faire des rondes, à la fois pour me dégourdir les jambes, et pour profiter de ma solitude toute relative.

En arrivant près de l'église, dans un coin, un type en haillons traine sur le sol. Il m'a l'air dans un état plus que précaire. Un rapide examen me permet de constater qu'il débarque à peine du continent. Son teint est blafard, et ce malgré le soleil qui tape à cette heure de la journée. Replié sur lui même, il m'est difficile de voir son visage mais, il est tout de même facile d’apercevoir ses cheveux longs, et sa barbe, toutes deux crasseuses. Cet homme n'a pas vu un bain depuis des lustres, et me fait clairement douter de son hygiène corporelle. En arrivant à sa hauteur je me bouche le nez, respirant par la bouche, un peu en apnée. Ah oui je confirme ! Mais c'est quoi cette odeur ? On dirait qu'il a séjournait dans les égouts de la ville pendant un mois ! C'est atroce !

Dans ma tête, une hésitation sur la conduite à adopter. Le laisser là, ni vu ni connu, et vaquer à mes occupations ou bien m'approcher de lui et voir si je peux l'aider à soigner ses blessures. n'étant pas experte en là matière, certaines plaies seront difficile à appréhender, mais les nombreuses coupures superficielles, si d'aventure l'altruisme faisait partie de mon caractère, serait facile à désinfecter et à panser.

Détournant le regard, amorçant un geste pour le contourner, je m'arrête, en pleine réflexion. Ah et puis merde ! Ma sainteté me perdra !
Mon corps, s'approche encore plus de l'homme gisant au sol, j'esquisse un mouvement souple et gracieux pour m'installer sur les dalles de la ville, et regarde dans mon sac, cherchant des bandages et de l'alcool. Il ne bronche quasiment pas lorsque le liquide coule sur sa peau, c'est dire dans quel état il se trouve ! Je fais au mieux, avec les moyens du bord, déchirant encore plus ses haillons pour accéder aux plaies, essayant d'allier la rapidité et l'efficacité, parce que vraiment, l'odeur qui se dégage de lui et de ses "vêtements" est tout bonnement horrible.

Enfin, je viens à bout de ma tache titanesque, et un tressaillement sous mes doigts se fait sentir. Il se réveille. Préférant me concentrer sur ma tache, j'évite de croiser son regard, en effet cacher mes émotions n'a jamais était mon fort, il verra en un seul coup d’œil l'air dégouté qui ne me quitte plus depuis le début de ses soins. Je termine rapidement et me relevant rapidement, je quitte les lieux, en recherche express d'un endroit ou me laver les mains.

Plus tard dans la journée, de retour au pub, agrémenté d'une meilleure compagnie, je vois l'homme entrer et s'installer en retrait clopin-clopant. Il remercie Tequila, puis moi même avant de retomber dans son mutisme. C'est l'occasion rêvé pour l'observer en coin. L'homme est assez grand, me dépassant largement d'une tête, très costaud, voir massif, il fait facilement deux fois la carrure du paria pirate se trouvant dans la même pièce. On peut aisément apercevoir sous ses habits les muscles apparaître, cependant, il semble amaigri, pas dans sa forme olympique. A mon humble avis, entrainé comme il faut, il doit ressembler à une baraque à muscle, qui pourrait faire fuir les grandes gueules de l'île.... mais pour l'heure, l'état de son corps semble assez fragilisé. Son visage est littéralement mangé par sa barbe, longue et très très mal entretenue, tout comme sa chevelure. Après l'analyse de sa personne réalisée en quelques secondes, je retourne à ma compagnie. L'homme n'est pas du tout à mon goût, mais je perçois tout de même, qu'avec des efforts, il deviendra un bon combattant.

Nouvelle journée sous le soleil de Liberty. Je descends de la chambre d'hôte et m'installe au bar, pour y prendre mon petit déjeuner en charmante compagnie. Les enfants sont une véritable source de distraction, ils sont vraiment mignons tout plein ! Ma journée se passe dans la joie et la bonne humeur et elle est déjà bien commencée lorsque je vois débarquer devant moi un gamin des rues qui me remet une lettre. Surprise, je le remercie et ouvre la lettre. Tous mes amis sont présent dans la même pièce, l'auteur m’est bien mystérieux ! Je lis la lettre puis lève les yeux au ciel. Certains ont un toupet ! C'est l'homme d'hier, le nécessiteux qui souhaite mes services médicaux. Non mais pincez moi je rêve ! Dans le temps ( oui oui je sais ça me rend plus vieille que je ne le suis vraiment), les jeunes débarquaient et baissaient les yeux devant leurs ainés, ils ne la ramenaient pas ! Les bonnes manières et les gens civilisés se perdent, c'est vraiment dommage ! Sans parler du tutoiement, non mais quelle arrogance ! Allez ma grande, calme toi, respire. Le respect est passé de mode, il va falloir faire avec.

Prenant ma plume, lui répondant rapidement et sur le même ton, l'informant que je passerais dans la soirée.... enfin si évidement je n'ai rien de mieux à faire ! Une consultation pourrait être envisagée pendant ma ronde. Sa réponse de ne fait pas attendre :

- Pendant que les anciens ripailles, les nouveaux font le sale boulot! Je m'occupe des rats qui infestent les sous-sols de l'église. Merci d'avance!

Non mais vraiment quel culot ! De ma main, la lettre est froissée et jetée à la poubelle. Il n'y a pas à dire, ce jeune homme n'a aucune mais vraiment aucune courtoisie. Finalement je ne suis pas sûre d'aller l'aider, après tout, il aurait besoin d'une sacré correction de parler ainsi à ses ainées, et à une dame qui plus est parfaitement éduquée. Comme d'habitude je bous de consternation, mais à l'intérieur seulement, en apparence mon visage est calme et serein.

Il me faut quelques minutes pour m'apaiser, et à mon grand dam, je retourne soigner le jeune "freluquet". Parfaitement éveillé cette fois ci, il garde le silence pendant mon examen et les soins associés. Certaines blessures sont assez profondes et je les laisse de côté, un vrai médecin sera mieux à même que moi pour s'en occuper. Il me remercie une nouvelle fois, mais n'engage pas la conversation. Je range mon matériel et le laisse se reposer.

Gothor
Gothor
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Posté le 20/05/2020 à 13:57:42. Dernière édition le 20/05/2020 à 13:58:13 

Manger, dormir, dératiser. Manger, dormir, dératiser. Manger, dormir, dératiser. On m’avait promis un entrainement militaire digne de ce nom pour ma revalidation. Tu parles! Après avoir effectué quelques missions pour le Gouverneur, me voilà à croupir dans cette crypte puante et pouilleuse à chasser du rat. Enfin, on s’habitue à tout, et je dois dire que l’odeur ne me dérange plus trop. Vu mon état de faiblesse, c’est même une tâche assez ardue quand je m’attaque aux plus coriaces des rongeurs. Aujourd’hui je suis épuisé et constellé de morsures quand je retrouve l’air libre. J’ai tout juste la force de m’affaler près de l’entrée de l’église, à moitié saoul. Au soir, je sens vaguement qu’une personne s’occupe maladroitement de panser les plaies les plus bénignes. J’entrouvre un œil hagard pour repérer mon bienfaiteur. Je dois être en sacré mauvais état car ses yeux me paraissent bizarres, et c’est d’ailleurs une bienfaitrice. Elle ne pipe pas un mot. Même pas un bonjour. Tant mieux, j’ai pas envie de causer non plus.

Après une nuit passée sur les dalles de New Kingston, je me rends au pub pour reprendre quelques forces et quelques heures de repos bien mérité. Quel monde il y a là! Moi qui voulait du calme, je suis de la revue! Je reconnais dans la foule la soignante maladroite aux yeux étranges de la veille. Je n’ai jamais vu de tels yeux dans ma région reculée d’Écosse. Je n’avais jamais quitté l’endroit avant de me rendre sur Liberty. Cette île regorge de surprises. Je profite de sa présence pour la remercier. J’observe ensuite silencieusement ce qui se déroule autour de moi. Ça parle mariage, ça discute joyeusement, ça fait des rencontres. C’est bien beau tout ça, mais j’ai des rats qui m’attendent dans l’eau nauséabonde de la crypte. Je préfère retourner à ma tâche quelques heures plus tard avant d’attraper une indigestion de mots inutiles.

Tâche qui se passe exceptionnellement mal. Je parviens tout juste à ramper en dehors de la crypte mais je suis tellement épuisé que je suis obligé de rester dans l’église. Par les cornes du diable, me voilà obliger de mendier à distance de l’aide. J’ai tout juste la force de contacter la femme aux yeux curieux, qui s’appelle Ching d’après ce que j’ai appris dans les conversations du jour au pub. La bougresse n’a pas l’air pressée d’aider. Pourtant on ne peut pas dire qu’elle était occupée à faire des choses importantes. Laisser pisser le sang un compatriote à peine débarqué et qui fait le sale boulot que les anciens ne veulent plus faire, voilà qui en dit long! Je somnole une fois encore quand elle daigne enfin venir me soigner. Ayant jeté mes dernières forces dans l’écriture des missives pour la contacter, je ne suis plus en capacité de répondre à son baragouinage. Je pense que je la remercie mais n’en suis même plus sûr...



Ching Shih
Ching Shih
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Posté le 03/06/2020 à 22:26:33 

Premiers échanges

"Sexuellement, l'homme est sujet; les hommes sont donc normalement séparés par le désir qui les pousse vers un objet différent d'eux; mais la femme est objet absolu de désir."
(Simone de Beauvoir Le Deuxième Sexe (1949))

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15 Février 1720

Enfin le jour tant attendu ! Me voilà habillée et apprêtée comme une princesse allant à son premier bal et d'un premier coup d’œil je remarque que je ne suis pas la seule. La vie trépidante de l'île ne permet pas aux femmes un peu coquettes de se vêtir de cette façon la majorité de l'année, du coup dès qu'une occasion se présente les femmes rivalisent de beauté et d'habits somptueux. La situation m'amuse et j'observe avec beaucoup d'ironie l'étalage de toute cette chair. Les hommes ne sont évidemment pas en reste, lavé, rasé et portant eux aussi de beaux atours. J'aimerais tellement que ce genre d'événement se produisent un peu plus souvent. Comme toute femme, j'aime ce genre de tenue, toutefois il faudrait être folle ou aimer le ridicule pour oser porter ce genre de tenue quotidiennement, en tout cas je me vois mal combattre en robe longue, cela serait peu pratique et surtout avec la chaleur et la poussière ambiante je ne donne pas cher de ma robe le soir venu.

Je reste sagement entre mon cavalier ronflant et cuvant son rhum et Voynich le compagnon de Dudu. Je regarde la cérémonie avec beaucoup d'intérêt, visualisant le mien par la même occasion, me revoyant 7 ans en arrière, dans une contrée bien différente et une petite larme émue s'échappe lors de l'échange des anneaux. J'ose avec quelques trémolos dans la voix prendre la parole à la suite d'Alejo, pour complimenter les mariés sur leur félicité puis vient le temps du banquet. Les invités s'y dirigent avec une très nette envie de faire une razzia sur les plats et l'alcool, tandis que pour ma part je reste un peu en retrait.

J'ai toujours eu tendance à la réserve lorsque je me trouve au milieu d'une foule d'inconnu, et j'appréhende un peu cette partie de la journée. Tous ici semblent se connaitre, au moins de nom et je reste la nouvelle dans cette cohorte de joyeux et bruyants convives. Je fais bonne figure, m'installant à l'extrémité de la table. Heureusement Dulcina est en face de moi. Je suis au mieux les diverses conversations lancées et tente quelques approches plus ou moins couronnées de succès.

Plus tard, la soirée ayant déjà bien commencé, une silhouette s'approche du buffet mais reste un tantinet en retrait près de moi. Je relève les yeux, observant l'individu. Il s'agit de l'homme, le nouvel arrivant que j'ai soigné plusieurs jours durant. Il semble avoir pris un bon bain, et ses vêtements toujours les mêmes ont une meilleure mine eux aussi. Mon odorat délicat ne semble plus repousser à l'idée de la proximité et faisant un effort j'engage la conversation. Après tout, nous sommes deux nouveaux au milieu d'inconnus et de même nation de surcroit, alors autant faire connaissance, qui sait nous serons peut-être amené à combattre et à se soutenir dans un futur plus ou moins proche.

La conversation démarre par les principes d'usage. Mon sourcil s’arque lorsqu'il commence à me tutoyer. Ah la politesse, encore quelque chose qui se perd de nos jours...

L'échange dévie bientôt sur une jeune femme qui l'aurait distrait pendant la cérémonie, loupant les meilleurs moments. Gothor la pointe du doigt, pour me la montrer de loin. Je constate le physique de la demoiselle et effectivement je la trouve assez jolie. Je ne suis pas la seule d'ailleurs, elle semble avoir un certain nombre d'admirateurs ce soir. Je ne peux que soupirer, les hommes perdent vraiment la tête dès qu'un jolie minois se trouve près d'eux, et ne parlons pas des jambes montrées dans leur plus simple appareil, je suis sûre que si ils le pouvaient ils seraient capable de lui baiser les pieds. Je ne peux que trouver ces échanges pathétiques, les hommes ne changeront jamais, sous couvert de manière charmante seul le physique compte, elle pourrait tout aussi bien être une plante verte, dénuée d'esprit et de caractère, que cela ne changerait rien, se serait même mieux pour eux. Et ce n'est pas l'anglais à mes côtés discutant avec moi qui changera ma vision. Tout en parlant de la belle, je dénote une forte envie d'en faire son quatre heure. Mais de ce fait, je ne peux que constater son idée de la femme.

Au début cela m'amuse, et je cherche même à débattre avec lui, échangeant sur nos points de vue divergents. Mais bientôt ses commentaires me révulsent et me sidèrent. Encore un qui considère la femme comme une potiche, un objet sexuel et qui s'intéresse peu au reste, à la femme en elle-même. Tout ce qui l'intéresse c'est la beauté, cet objet de désire juste bon à être regardé, admiré et utilisé. La femme n'est bonne qu'à mettre celui qui tient son bras en valeur, montrant aux autres sa possession et sa suprématie sur elle et sur les autres, ceux qui n'ont pas su la conquérir. Elle est à la fois mise sur un piédestal mais également dans une pareille mesure rabaissée, juste pour lui montrer la place qu'elle doit occuper. Partout et de tout temps c'est ainsi que les hommes ont montré leur domination de l'être féminin, l'a laissant à l'état d'objet sexuel, rejetant par la même le sujet qu'elle peut être et l'être douée de sentiment qu'elle est en réalité. J'ai de la peine pour cette personne, la voyant évoluer au milieu de ses hommes je me demande si la jeune femme est capable de reconnaitre un prédateur d'un homme bien sous tous rapport. Être au centre de l'attention peut être plaisant, on se sent grisé par l'admiration que l'on suscite, mais attention à l'effet boomerang.

Pour ma part, les années ont fait de moi une femme d'expérience, une femme qui pense. Même en Chine, j'ai toujours conservé ce côté libre d'esprit. C'était une qualité qu'aimait profondément mon mari car cela me différenciait des autres femmes du village et bien que certain ne trouvait pas ce trait de caractère séduisant, mon époux ne s’est jamais sentit bafoué, humilié ni dominé par la situation. Au contraire, vivre avec quelqu'un qu'il considérait comme son égal le comblait et enrichissait considérablement nos rapports.

Spoiler

Un léger soupire s'échappe de mes lèvres quand je pense à lui, je doute de retrouver un homme capable de m'aimer comme je suis, entièrement et sans chercher à me changer.

Distraite j'écoute sans vraiment entendre les paroles de Gothor, mais une phrase de trop, me fait sortir de ma pseudo léthargie. Son rapport à la femme m'agace au plus haut point, je ne sais pas comment les mœurs sont dans son pays mais il va devoir réviser son jugement et vite s'il ne veut pas se prendre de violente rebuffade dans le nez. En attendant moi je vois rouge, très rouge, à tel point que si de la fumée sortait de mes oreilles et de mon nez je n'en serais pas surprise.

Échaudé par ses propos, je sens mon visage prendre quelques couleurs et mes yeux s'obscurcir, s'en est assez, je ne peux m'empêcher de lui faire une pichenette, pour lui montrer mon mécontentement. Il ne semble pas le prendre mal, ne constatant même pas mon changement d'attitude continuant sur sa lancée. Il faut dire qu'en parfaite Lady je cache relativement bien mon opinion, mon visage hormis la petite teinte rosée reste de marbre et agréable tendit quand moi brûle un feu intérieur prêt à le décimer en un instant. Seul mon proche entourage serait capable en un clin d'œil de comprendre mon état, car mes yeux bleus laissent passer certaines de mes émotions qu'il suffit de lire comme un livre ouvert. J'échange encore quelques phrases mais rien n'y fait, notre vision est diamétralement opposée et avant que je ne me fâche pour de bon je préfère clore la conversation, espérant trouver une meilleure compagnie pour la suite.

Gothor
Gothor
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Posté le 13/06/2020 à 14:20:46 

Les mondanités, c'est pas mon truc. Les mariages, encore moins, après ce que ça m'a fait endurer avant de venir sur l'île de la Liberté. Et pourtant je me retrouve sur cette chaise à suivre distraitement cette cérémonie d'un ennui soporifique. Heureusement qu'il y a cette jolie française qui est là pour égayer l'après-midi. Je tente de la convaincre qu'il n'y a pas que l'amour dans la vie et que le sexe sans lendemain, c'est plutôt cool. Je lance mes assauts sous différentes approches mais rien n'y fait. Elle reste fidèle à ses principes, et moi soit je devrai passer voir les dames de l'étage du pub, soit je devrai encore empirer les cales de ma main.

Enfin le buffet s'ouvre! C'est pas trot tôt! Les mariés sont sympathiques mais la sympathie n'a jamais rempli une panse! C'est l'unique et vraie raison de ma venue! Manger les têtes de rats pendant qu'on dératise, à la fin, ça finit par lasser. Je pars à l'assaut de la nourriture qui est, il faut le dire, beaucoup moins farouche que la française. J'enfourne les petits fours les uns après les autres avant que le gros des invités n'arrive et vienne poser ses pattes velues sur les mets.

Quand je suis enfin rassasier, je lève les yeux pour voir qui est là. Pas grand monde de connu, à vrai dire, ce qui est normal car à part avec les rats qui me causent des problèmes, je n'ai pas encore beaucoup ouvert mon clapet depuis mon arrivée encore récente sur l'île. La dame qui m'avait soigné les deux jours précédents m'aborde alors que j'allais m'attaquer plus sérieusement aux diverses boissons alcoolisées. Encore un peu bougon du refus de la française, cette dernière devient le sujet de conversation principal. Ching semble être plutôt de l'avis de la celle-ci niveau relationnel. Je reste très soft, terre à terre, mes propos étant bien sûr inflencés par mon habitude d'avoir les femmes à son service. D'ailleurs mes cinq femmes restées au continent en savent quelque chose. D'une manière incompréhensible, Ching m'assène subitement une pichenette sur ma tempe. Elle semble agacée, et d'ailleurs la conversation se tarit rapidement. Les femmes, ça semble être vachement compliqué ici!
Sita LeRoy
Sita LeRoy
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Posté le 28/06/2020 à 14:00:48 

Le goût du risque

"Vivre prudemment, sans prendre de risques, c'est risquer de ne pas vivre."(Wladimir Wolf Gozin)

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3 Mars 1720

L'excitation se fait sentir. ça y est, je participe à ma première action depuis que je suis revenue sur l'île. Cela fait des années et j'aime toujours autant l'adrénaline qui coule dans mes veines pendant que j'attends à la fois anxieuse et nerveuse sur le point stratégique que j'occupe actuellement à Port Louis. A l'heure actuelle j'oublie ce qui m'a amené ici même, ne me souciant plus de politique ni de représailles, le goût du risque me transporte et seule à cet endroit j'essaie de voir en me dévissant la tête et en faisant des tours sur moi même toutes les 10 secondes si mes compagnons de méfaits s'en sortent aussi bien que moi, et si éventuellement des ennemis se dirigent vers moi.

A la dernière minute je vois Gothor arriver en courant, et courir tel un désœuvré, cherchant un endroit ou aller, je le vois passer puis repasser en sens inverse. J'essaie de lui crier ou aller, mais déjà loin il ne m'entend pas. Le silence devrait être de mise, mais rien n'y fait : la situation est tellement cocasse que j'éclate de rire à la limite des larmes en le voyant faire. Ah les naufragés.... Celui ci sera un atout pour sa nation lorsqu'il aura prit un peu plus d'expérience mais pour l'heure il me fait bien rire.

C'est toujours dans cet état que les cris aux quatre coins de la ville de mes compagnons m'indique que nous avons réussi notre coup. Le stresse fait place à l'euphorie. Je saute littéralement de joie, et il me faut quelques minutes pour calmer mon cœur qui bat la chamade.

Gothor est le premier à repasser devant moi, se dirigeant vers l'auberge française pour partager un verre tous ensemble. Je lui adresse mon plus beau sourire, celui de la victoire avant d'échanger quelques mots sur notre joie respective du méfait accompli, presque enfantine me concernant . Bien vite il m'annonce qu'il va se saouler à la taverne en hurlant " A boire!". Blessée, je ne lui emboite pas le pas, car je vois arriver dans la nuit un jeune homme, médecin qui j'espère regardera ma blessure de guerre. Il s'arrête à ma hauteur, estime que la plaie est superficielle et en un tour de main désinfecte et panse la plaie, puis s'éloigne à son tour vers la taverne. Enfin, je vois le visage de Dulcina, ma générale et amie qui, souriante comme moi, me dit :
- "Viens à la taverne!"

Je lui prends le bras, et ensemble nous entrons à l'intérieur, déjà bien rempli par nos compagnons. Pas un chat, pas un Français pour nous affronter. L'heure est à la fête et ce n'est pas le cri tonitruant de Gothor à notre entrée qui dira le contraire :
- "Ce rhum a le goût de la victoire, délicieux!"

J'échange un regard complice avec Dulcina, avant de quitter son bras et de rejoindre le gros des troupes. Cette dernière félicite les gens, et commande du champagne avant de nous dire de ne pas trop trainer et de sortir de la ville avant que les Français n'y débarquent pour nous faire la peau. Certains boivent leur verre d'une traite et trace la route, d'autres, comme moi, s'attardent au bar et discutent joyeusement avec les uns et les autres. J'échange quelques mots avec un voleur notoire, me moquant gentiment tout en gardant mes distances, je fais un baiser sur la joue à un ami toute guillerette et enfin je discute avec Gothor. Ce dernier a remarqué ma veste de lieutenant, récemment reçue, et me félicite pour ma promotion et ses nouveaux galons. Je le remercie en tournant sur moi même, lui montrant ma tenue de guerrière et mon brassard, lui demandant si la tenue me va bien, tout sourire, heureuse de ma nouvelle fonction. 
-  "Ils te rendent encore plus sexy!"

Sur le moment je ne fais pas trop attention, accaparée par mon bonheur de la victoire et de mon nouveau poste, mais je lui tire tout de même la langue, de principe, tout en lui disant de ne pas trop en profiter pour me reluquer. Et tout en parlant à la communauté, souhaitant le bonsoir je m'apprête à quitter les lieux. Distraite, je ne remarque pas Gothor m'approcher réduisant la distance qui nous sépare de quelques centimètres à peine, et profitant de mon état, il se permet de me pincer les fesses avant de partir en courant. A peine ai-je eu le temps de comprendre ce qui se passe et l'homme qui en est la cause est déjà loin.
Je fulmine, ma joie en cette fraction de seconde s’est envolée, non mais quel goujat ! Il se prend pour qui celui là ? Je me remémore ses paroles pendant le mariage, et je tombe des nues. Non, mais j'espère qu'il ne me prend pas pour une cible potentielle tout de même ? Manquerait plus que ça, hors de question ! Qu'il garde son opinion pour les autres femme de l'île si ça lui chante mais moi, non certainement pas ! Et j'ai plutôt intérêt à lui faire comprendre fissa qu'on ne se comporte pas avec moi de cette façon, sinon c'est le début de la fin !

Je ramasse mes quelques affaires, adresse un dernier salut au peu de gens encore présent et je me sauve, marchant, courant presque dans l'espoir de le croiser pour lui faire passer l'envie de recommencer. Il ne me faut pas longtemps à la sortie de la ville pour le retrouver. Ce dernier s’est installé un coin pour la nuit, il me tourne actuellement le dos et avant de lui faire face j'essaie de calmer ma respiration, puis marche sur la pointe des pieds pour arriver à sa hauteur sans bruit. J'arrive derrière lui, je lui pose une main énergique et ferme sur l'épaule, le retournant vers moi avec force. Mon autre main se ferme et part dans sa direction, atteignant son visage avec violence et fracas. Le son se répercute dans la nuit, et sans lui laisser le temps de souffler je lui lance rouge de colère :
- "Recommence sans ma permission et il t'en cuira ! C'est compris ?!!"

Ce dernier ne répond rien, se massant le visage en haussant les épaules. Son attitude m’agace encore plus, ce silence ne me permet pas de jauger sa réaction. En attendant une réponse qui ne viendra pas je regarde cette tête à claque, rageuse, le foudroyant du regard. Je pense une nouvelle fois à le frapper, histoire que des mots sortent enfin de cette bouche et puis, je prends sur moi de me calmer, autant le laisser là pour ce soir, et ne pas m'abaisser à son niveau. Si le dialogue est caduque avec cet homme, autant m'en éloigner le plus possible et limiter nos futurs échanges lors des actions de groupe. C'est un grand garçon que nul ne pourra changer et je n'ai clairement ni la force, ni l'envie, ni l'énergie de commencer un grand sermon sur son état d'esprit envers la femme. J'espère juste que comme moi les jeunes femmes de cette île lui remettront les idées en place et l'éduquent à leur façon. Je pars donc en haussant les épaules, toujours irritée, et le laisse planter là, pour rejoindre mes amis un peu plus loin sur le chemin nous ramenant à New Kingston.

Certains aiment d'autres formes de risque, laissons les à leurs risques et périls s'y aventurer en espérant que le retour leur sera fatal et leur fournira une leçon de vie.
 

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