 Le Faux Rhum
|
|
Mode vacance activé sur la côte Angloise
|
|
|
|
Auteur
|
Message
|
|
|
Posté le 01/04/2019 à 16:17:50. Dernière édition le 02/04/2019 à 10:28:30
L’air calme portant en lui la douce saveur du sel et des embruns, alors que le soleil paresseux darde ses premiers rayons sur la ville encore et toujours endormie, Jax savoure les dessins que la lumière rougie de l’aube imprime sur les murs cellule, par l’ouverture du soupirail. Quand il se tient debout sur la planche qui lui sert de literie, tentant d’ignorer d’une part que les chaines qui la retienne au mur sont si rouillées qu’elles transmettent probablement le tétanos en option, et que la paille qui lui sert de matelas est plus vivante que lui, il peut presque agripper les barreaux et se hisser quelques minutes à la force des bras pour observer le dehors. Bon il faut dire qu’il n’y a pas grand-chose à voir. Un pan de mur obstrue une bonne moitié de la vision. Mais du reste il aperçoit les pavés d’une rue, et quelque part un petit carré de bleu, couvert de vague, ou gîte un bateau qui aurait bien besoin d’un petit carénage des familles.
S’emplissant les poumons, il s’imagine presque sentir l’odeur des bernicles qui doivent pulluler sur le ponton, alors que l’écume lèche leurs coques. « Mouais j’avais demandé vue sur la mer, mais visiblement les hôteliers du coin sont aussi roublards que les habitants sont fantomatiques… »
Balançant ses jambes hors du « lit », si tant est qu’on appelle un lit une planche mangée par les punaises (oui oui, des punaises dans le bois, ce qui donne une idée de la dernière fois qu’on avait nettoyé l’endroit), Jax se mit à remplir son journal de bord. Il tenait à écrire une chronique de ce séjour touristique volontaire sur son petit carnet, car il se devait de permettre à la ville de redorer son image. Elle semblait pleine de charme et d’avantages, pourtant personne ne prenait la peine de les exploiter. A croire qu’il allait bientôt falloir demander au gouvernement FRONCAIS d’y nommer un conseil provisoire au développement… Enfin, la France et ses colonies quoi. Rien que de bien connu.
Note du jour II, matin : comme hier au soir, le repas à volonté se compose surtout de rats encore frais, livré sous le lit même, de pain sec livré dans une assiette et d’un peu d’eau claire, livrée à même le pot de chambre. Des efforts sont à revoir concernant la présentation. Nous recommandons l’ajout de honey sur les toasts. Bel effort cependant : une belle orange par jour. En tout cas les habitants encore en vie (ils sont fort peu nombreux) ont l’air très gentils. Après ma quête au bénéfice de l’opération pièces jaunes pour faire avancer la maladie, et alors que je montrais mes talents d’apprenti chirurgien sur un enfant atteint de conjonctivite (peut-être que la lobotomie préconisée était de trop… ? je dois encore apprendre), plusieurs d’entre eux sont venus me voir spontanément pour me proposer de rester ici quelques temps. Ils avaient l’air très excités, plusieurs faisaient même mine de tirer en l’air. Décidément ces peuplades indigènes sont très enrichissantes à tout point de vue. J’ai hâte de les étudier dans leur environnement naturel. Sûrement que l’opération en faveur de la recherche médicale a fait son effet, même si je n’ai pas compris tout ce qu’ils disaient ; en tout cas le petit malade dans son fauteuil avait l’air de porter beaucoup d’enthousiasme à ma science, il ne cessait de me pointer du doigt en hurlant. Quel bel adolescent. J’ai d’abord cru être plus ou moins prisonnier mais je dois me rendre à l’évidence : il s’agit plutôt pour eux d’une façon un peu primitive d’inviter les hautes personnalités étrangères. Comment voudriez-vous avoir plus de prisonnier que de citoyens vivants, et comment être prisonnier en territoire colonisé. Ce serait inconcevable. Je me suis donc mis en « mode vacance » comme des rumeurs insistantes en font état auprès des hollandais. J’imagine qu’eux aussi profitent des charmes de la vie au soleil en buvant de l’eau de vie et en sirotant des cocktails aux couleurs exotiques. Même si ici il s’agit d’une eau qui semble abriter beaucoup de vie plutôt que d’alcool fort, et que de toute manière l'idée de mettre une cock ou une tail dans un verre sur la côte angloise me laisse assez dubitatif. Mais comment en vouloir à des gens qui mangent de la viande à la menthe et boivent du thé. Ils sont sûrement un peu différents… Fin de divagations.
Rangeant son petit carnet, Jax se leva hors du lit, prenant note de faire remarquer à l’aubergiste, un gros monsieur qui portait un sabre avec des clés au côté, de faire changer la literie dès que possible. Grands dieux, ce n’est pas parce que le séjour est gratuit, que le service doit être aussi déplorable. Ce n’est pas comme ça qu’ils attireront de grands touristes comme les FRONCAIS… Sortant de sa cellule (on avait visiblement refusé de lui laisser la clé mais la serrure avait l’air si vieille que ça ne changeait pas grand-chose), Jax se dirigea vers le « comptoir », si c’est ainsi qu’on pouvait appeler la sorte de casemate à l’entrée. Devant l’air ahuri du gardien de la réception il clama, dans un fronçais impeccable :
« Exkiouse mi ? Quelles sont les ac-ti-vi-tés du jour, yes ?
- You’re not supposed to be here !
- De la supposée bière? Ma foi si c’est la spécialité locale, pour moi c’est d’la bière ou c’en est pas mais vu vos goût culinaires les english je comprends vos manières de me prévenir… il y a donc une taverne à proximité?
- Averne Arvern… A rain ? no is sunny day ! But S'TAY HERE!
- *essayent de déchiffrer à haute voic* C'tait hier, C'étire, théière...théière? ...Oh! non point de théière merci j’ai déjà bu mon content d’eau. Je prendrais du rhum merci.
- Do Roam ? U can’t roam within da city, u filthy bastard.
- Ah de fieffés mastards! Des combats de chiens! Fantastiques ! j’irais voir ça en buvant votre « supposé bi-ire » ! Dites vous avez un drôle d’accent vous les english quand même hein. Allez salut. Je reviens ce soir mais pensez à changer les draps voulez-vous. Un peu de tenue dans cette masure ne ferait guère de mal, c’est plus pourri que dans la cale d’un navire de pêche. Et ces trucs sentent le flétan à plein poumons ! »
Puis, se retournant et sans attendre de réponse de l’homme en tenue de réception à clous qui s’égosillait comme un sac, Jax sortit dans l’air matinal et ensoleillé, à la recherche de quelque passant à rencontrer ou d’un hypothétique marché à visiter. La ville avait l’air aussi vide qu’un trou de prostituée en fin de mois, mais après tout peut-être y aurait-il des surprises…
"J'ai hâte de découvrir les charmes de ce village vacances" s'écria-t-il tout haut, plein d'enthousiasme.
|
|
|
|
|
|
Posté le 01/04/2019 à 22:57:52
Se lancer dans l'hotelerie ne fut pas chose aisée. Les ventes du NKP ayant chuté, je me devais de diversifier mes activités.
Les clients se plaignent tout le temps. Toujours plus pour toujours moins cher. Non... on essaie de bien faire, de traiter les prisonniers avec respect, d'être conciliant... On donne la main, et Dieu sait si je l'ai déjà donnée, et on vous prend le bras.
Il a quand même de quoi faire un peu de sports, la chasse aux rats, ça entretient son homme! On est tous passé par là non? Et puis, il peut s'éduquer, pratiquer la noble médecine. Un jour il me remerciera de son séjour.
Le tout dans une forteresse hautement sécurisée, où il est à l'abri des ripostes de par son statut d'otage diplomatique. |
|
|
|
|
|
Posté le 01/04/2019 à 23:36:38. Dernière édition le 01/04/2019 à 23:47:57
"Hey you! U can't stay there you are Prisonner!
- ..s't'aisez pour le grand prix des sonneurs? Wah t'entends ça Banane? je crois qu'il y a une soirée de cornemuse britonne. On est vernis ça va me rappeler la Bretagne. Bon je comprends pas trop pourquoi l'aubergiste agite les bras comme un grand dingo mais c'est peut-être une coutume locale..."
Pris d'un accès d'empathie et visiblement toujours aussi inconscient de la situation Jax agita les bras à son tour en direction du tenancier de la taverne. Vu que la taverne, comme la ville, était presque entièrement vide et seulement peuplée de candidats au concours du roi du silence, Jax fut rapidement sûr de tenir l'attention du maître des lieux. S’asseyant ostensiblement au comptoir, il prit soin de dégrafer son bandeau, puis de faire claquer bien fort quelques pièces sur la table.
"Supposée bi-ière! Eructa-t-il comme lui avait dit l'aubergiste. Supposé bi-ère!"
Ce faisant il agita la main vers les tonneaux à l'arrière du bonhomme. Celui-ci, circonspect mais ne voulant pas refuser de l'argent facilement gagné dans une ville qui comptait autant d'animation qu'une salle des baptêmes un soir de funérailles, finit pare remplir un chope de mauvaise grâce et la tendit.
S'en saisissant, curieux, Jax la goûta, d'abord du bout des lèvres, puis dans uen lente gorgée. La Supposée Bière, sombre, voire complètement noire, semblait tourbée et fumée. il y avait à boire et à manger mais c'était assurément de la bière et loin d'être de la mauvaise.
"Ouate izite?" demanda-t-il, le doigt sur la chope?
"Guinness" répondit l'aubergiste, légèrement détendu.
"Une bière au gui? vraiment bizarre ces anglois mais ma foi ça fonctionne..."
*re claquement de pièce, seconde chope.*
"Ah banane tu te joins pas à m...oh Monsieur Frag! j'ai croisé votre employé ce matin mais j'ai pas tout compris alors je suis parti avant qu'il attrape les clés, j'en avais pas besoin de toute façon la serrure est cassée. ça va vous? C'est...perfectible comme lieu de villégiature, mais bon, il y a sûrement des bienfaits cachés que j'ai pas encore découvert..." |
|
|
|
|
|
Posté le 01/04/2019 à 23:57:57
Bien sur, vos paroles sont sages et pleines d'espoir.
Sachez que vous êtes sur la bonne voie. Ce camp est là pour aller craie-chaine-d'eau - c'est une craie qui... enfin bref.
Vous découvrez les surprises, devenez addict et repartez pour une nuit. |
|
|
|
|
|
Posté le 02/04/2019 à 14:44:17. Dernière édition le 02/04/2019 à 14:47:02
"Hum je crois que si je prenais des vessies pour des lanternes, ma lampe à huile serait en train de déborder...aaaaaah."
C'est sur ces douces paroles que Jax commença son troisième jour. Le gardien avait eu l'air un étonné de le voir rentrer tard, même si le jeune médecin avait pris soin de l'avertir qu'il devait veiller le Général fauteuil à la taverne. La surprise avait été encore plus grande visiblement lorsqu'il avait regagné sa cellule hôtelière pour taper un petit roupillon.
Enfin visiblement on avait toujours pas réparé la serrure. Heureusement, se dit Jax, que je n'ai guère d'effet personnels à faire garder. Alors qu'ils songeait à se remettre au lit (enfin, au banc, pour être honnête. Jax se demandait s'il s'agissait là d'être mis "au banc des nations" comme il avait entendu un paria le dire un jour.),
les bruits du port finirent par le convaincre d'aller cuver l'effet des gui-ness dehors.
Sortant sous l'œil désormais habitué du gardien, et toujours complètement inconscient de sa réelle condition, le jeune médecin entrepris de se rendre à la taverne ou plutôt, comme il avait appris à le dire désormais, au pub. Peut-être qu'il y trouverait quoique ce soit à grignoter… Ce faisant, il se mi à réfléchir à quelles excursions un tel endroit pourrait proposer aux touristes comme lui.
Il avait une seule peine: il ne retrouvait plus sa canne à pêche. Il aurait bien pêché un coup sur les docks en gribouillant ses notes du jour dans son carnet.
Quand on vous dit qu'il est pas très malin…
*Quelques minutes plus tard à au Black Beer*
Assis à quelque distance de la banane et de Sir Maximilien, apparemment en plein duel de regard torve, Jax entreprenait de vider sa Gui-ness, que le tenancier avait eu la décence d’accompagner de vieux quignons de pain sis rassis qu’ils auraient presque pu germé pour en refaire du nouveau. Du Lost Bread, apparemment une spécialité qui permettait de perdre son pain pendant une semaine sous une commode, de le retrouver par hasard et de le facturer plus cher que le frais. Pas mal. Il faudrait y penser. Ouvrant son carnet, le jeune médecin reprit :
Jour III : Ma foi la ville est un peu vide, mais je dois reconnaître aux GO (ils disent que ce sont des GOliers je crois mais ils prononcent ça comme un J. Joliers... C’est drôle l’accent british…), que lorsqu’ils prennent leurs services ils se décarcassent pour que le séjour soit agréable. Ce ne sont pas des mauvais bougres, ils sont justes en sous-effectif. Je songerais à glisser au Club Channel de recruter un ou deux types pour ce village vacance plein de promesses. En revanche j’ai perdu ma canne à pêche. Ça me rend très triste. J’espère qu’un plaisantin ne la retient pas en otage. Elle fait partie intégrante de moi, c’est tout comme. Tant qu’elle est paumée ici, faudra bien que je revienne la chercher un jour.
Bref, la soirée fut sympathique. Bon même si on nous avait annoncé qu’il y aurait des pris-sonneurs, je n’ai guère croisé de joueur de cornemuse. C’est dommage mais après tout comme le dit le proverbe : un gentleman c’est un homme qui sait comment jouer de la cornemuse et qui n’en joue pas. J’en tire donc les conclusions qui s’imposent.
C’est des branques, mais des branques bien élevés.
En tout cas on a joué aux échecs assez tard et je dois reconnaître que le GOlier Red Frag se défend super bien parce qu’il a arraché le pat alors qu’il jouait sans tours, ce qui est quand même épatant. Bon je crois qu’il manquait un fou de mon côté mais quand il a assuré que non en me faisant un grand sourire, j’en ai conclu qu’il était forcément inconscient de sa situation et que ce n’était pas grave oui.
Toujours est-il que la bière est très bonne et revigorante, je me dois de la conseiller. Enfin leur bière au gui,là, la Gui-ness. L’autre c’est de l’eau de vaisselle, comme disent les écossais. A la fin, on a reçu un peu de thé (puah !) et des oranges (miam). Seul lourd bémol : le sous effectif entraîne un assez rapide tour des festivités locales. Heureusement je suis sûr qu’il y a des activités pas très loin. Ça va peut-être surprendre mais je vais partir faire une sortie quelques jours pour explorer les environs à la découverte de nouveaux débouchés touristiques. Faut que je vois au touriste office si c’est organisé ou bien si c’est libre.
Refermant son calepin, Jax fit signe au tenancier d’approcher :
« Exkiouz mi oui, butte y a-t-il des sorties à faire ? … youno, Expéditions ? Excursions ?
- Expeditions ? … like lake cavern?
- Laïc caverne…laic caverne… la caverne des laïcs.. la crypte ? Crypte yes ? ma foi pourquoi pas ? Merci mon brave ! celle-là est pour vous , gardez la monnaie ! ».
Et, sans demander son reste, Jax siffla les dernières gorgées de mousse et parti en direction de l’Eglise, non sans être repassé laisser un mot à l’hotel-cellule.
Lequel disait : - Misseuteure ze aubergiste, je go to expedition butte je serai de retour dans quelques days. A bientôt et merci pour les oranges. Jax. PS : si quelqu’un retrouve ma canne à pêche, je serai super happy tel le cat et je le rendrais presque riche comme un taylor.
Il fallait reconnaître à l’église un certain cachet historique (entendez par là qu’ils avaient réussi en quelques décennies à si mal l’entretenir qu’on l’aurait dit vieille de plusieurs siècles), mais très lumineuse et enluminée. Le tout rehaussé par l’absence quasi-totale de croyant mais qu’en est-il du croyant dans un monde remplis de corsaires qui ne font que boire, piller et aller aux putes ? L’Eglise dans l’univers intime du pirate est bien souvent l’équivalent du gilet de sauvetage en fonte : la forme est là, mais l’utilité est inexistante. Mais il y avait quand même quelques personnes présentes, notamment un prêtre et un vieil homme. Ce dernier, se tournant vers Jax, lui tint à peu près ce langage :
« hey yo ! Are you an’ad’vent ‘rer ?
- Euh ouais parfait , belle journée à vous aussi hein?
- Would ya save mi daughter la’ hey ?
- Un auteur de La haye? Vous avez de la littérature néerlandaise ?
- ... Stupid frogs ! I tell you, please, please save daugther’s spirit! In Haunted Manor!
- Bon dieu je bite rien, se dit Jax tout haut ,… un thé… un thé -main en or? Il se sent si seul qu’il veut de la compagnie pour le thé peut être… ? j’ai horreur de ça mais une main en or c’t’tune main en or… »
Pour un tel prix le marché était plus qu’honnête aussi Jax hocha-t-il, incertain, la tête. Immédiatement le sourire du vieux et les « splendid ! » , « fabulous » criés à plein poumons dans le lieu de prière sous l’œil courroucé de l’homme d’Eglise lui firent comprendre qu’il avait peut-être fait une connerie. Bon dieu mais dans quoi allait-il s’embarquer… |
|
|
|
Si vous souhaitez répondre à ce sujet, merci de vous connecter. |
