 Le Faux Rhum
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Juste un nom dans une poche...
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Posté le 08/03/2019 à 10:46:33
Il venait de se réveiller sur une plage, trempé comme si la mer venait de le recracher, des algues plein les cheveux et la barbe, le visage buriné par les vents et le sel.
Où était-il? Il n'en avait aucune idée. Se relevant avec difficulté, alourdi par un équipement imbibé d'eau, il aperçut au loin un fort battant pavillon anglais. Quelque chose au fond de lui le poussait à marcher vers ce qui paraissait maintenant être une ville, à la fois familière et étrangère.
À vrai dire, tout lui paraissait étranger... Même lui! Il n'avait aucune idée de qui il était... Aucune bribe de souvenir ne lui revenait. Mais naturellement, en marchant, comme s'il avait ça dans le sang, il glissa les mains vers des poches, les siennes.
À droite: un délicat mouchoir blanc marqué d'un baiser au rouge à lèvres et un journal de quête. Une calligraphie loin d'être fine, mais une orthographe et une syntaxe qui lui semblaient parfaites. Des annotations de ci, de là, mais aucun indice sur qui il pouvait être.
Dans la poche gauche, peut-être? Il en sortit un morceau de papier avec quelques menues informations:
«Gregor McGrave
Llandundno, Pays de Galles
Innocent!»
Rien ne lui parlait... Ni ce nom, ni cet endroit, ni même pourquoi le mot "Innocent" était tant mis en évidence...
Le temps était vite passé, les pas s'étaient enchaînés sans qu'il ne s'en rende compte, malgré la fatigue. L'air probablement hagard, il passa les portes de cette ville. "Welcome to New Kingston" indiquait un panneau défraîchi se balançant au bout de chaînettes attaquées par la rouille.
Il n'eut pas le temps de croiser des inconnus... car la première personne qu'il rencontra semblait, elle, le connaître.
"Mon Blackbeard!" s'écria la dame qui se dressait là devant lui. Il plissa les yeux, mais ne la reconnaissait pas... "Je suis tellement contente de te savoir de retour! Qu'est-ce que tu deviens?"
Elle le saluait comme un vieil ami que l'on retrouve après des années d'éloignement, mais comme si rien n'avait changé... Alors que lui se sentait sale, lourd, peu frais, dans le coaltar. Il en était presque vexé, comme si cette personne l'avait toujours connu comme un vieux dégueulasse... qu'il était peut-être en permanence, en fait...
"Blackbeard?" interrogea-t-il après un moment de silence qui avait dû paraître interminable aux yeux de son interlocutrice. "Madame, j'ignore si vous me connaissez ou me confondez avec une autre épave que la mer aurait rejetée..."
Il sortit le papier chiffonné de sa poche gauche et le lui tendit. "J'ai retrouvé ça dans ma poche... "Gregor McGrave" qu'il y est écrit! Ce doit être mon nom, qu'en pensez-vous?" demanda-t-il en ne regardant plus la dame, ses yeux tournés vers l'horizon. "Je ne sais pas... Je suis confus..." balbutiait-il. "Je ne sais même pas où je suis... New Kingston, c'est quoi, ça? Je ne suis même pas qui je suis..." |
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Posté le 08/03/2019 à 21:54:18
Elle avançait d'un pas rapide, préoccupée.
Elle croisa un homme, dont la silhouette la sortit de ses pensées. Relevant les yeux, elle reconnut aussitôt son filleul.
"Blackbeard!!"
Combien de temps s'était écoulé depuis qu'il était parti? Elle ne comptait plus, mais la joie de le revoir était réelle, sincère. Mais... cela ne semblait pas réciproque.
Elle comprit rapidement, à ses réponses et aux questions qu'il se posait, que le pauvre semblait avoir perdu la mémoire.
Mais qu'ont ils ont tous à perdre leurs souvenirs? pensa t-elle.
Elle le regarda sortir son bout de parchemin, et y lut les mots qui y étaient écrits, avec lui.
"Hum, je t'ai toujours appelé Blackbeard, mais il est courant, sur Liberty, que l'on change de nom en arrivant. Peut-être que c'est ton vrai nom avant d'arriver ici?
New Kingston, c'est la ville de la colonie anglaise sur notre île. Mon pauvre... tu as vraiment triste mine. Viens, on va aller s'occuper de toi." |
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Posté le 12/03/2019 à 11:05:20. Dernière édition le 12/03/2019 à 11:06:09
Il la suivit... Parce qu'il n'avait de toute façon rien d'autre à faire. Parce qu'une petite voix au fond de lui lui disait qu'il pouvait lui faire confiance aussi. Parce qu'il cherchait des réponses à la seule question qu'il se posait finalement: qui suis-je?
Ils se rendirent à la taverne où il retrouva quelque chose qu'il connaissait: l'hospitalité anglaise. Les lieux lui semblaient familiers. Quelques demoiselles aux tenues légères, à la cuisse ronde, à la poitrine opulente, au souffle court et aux joues rosies par l'effort étaient étrangement familières aussi. Elles passaient toutes en lui lançant un petit clin d'oeil ou en lui adressant un sourire qu'il prenait pour de la politesse, c'est tout...
Elle se présenta à lui comme Dulcina Fagney, lui rappela qu'il l'a appelée Dudu dans un passé très lointain, lui signala qu'elle avait été sa marraine à son arrivée sur Liberty. Il ne doutait en rien des dires de la Lady et tentait de faire des liens pour reconstruire sa mémoire. Cette personne qui l'accueillait aujourd'hui était donc la même qui avait dû l'accueillir le jour où il mit pour la première fois le pied sur cette île. Très vite, il comprit qu'il ne pourrait trouver auprès de cette dame que des souvenirs courant sur quelques années. Pas de souvenirs plus lointains, donc, encore moins de souvenirs proches.
Elle ne savait rien de lui avant son arrivée sur Liberty... et ne savait rien de ce qu'il connut quelques années avant que la mer ne le recrache. Comme si Gregor McGrave - puisqu'il continuait à penser que c'était son nom - ou Blackbeard G -comme Miss Fagney l'appelait depuis ce qui s'apparentait pour elle à des retrouvailles - n'existait que sur Liberty, par Liberty et pour Liberty. Comme s'il n'était que le pantin d'un être supérieur qui, à sa guise, l'avait fait naître déjà adulte, l'avait fait déambuler sur cette île caribéenne, l'avait fait disparaître pour l'y faire réapparaître ensuite...
Distrait par sa tentative de philosopher, par le goût immonde de sa bière et par le manège incessant de ce qu'il avait désormais identifié être des filles de joie, il n'entendait plus que d'une oreille le discours que lui tenait désormais Miss Fagney. La grandeur de New Kingston, la dévotion dont il avait toujours fait preuve pour sa colonie anglaise, la manière dont il pouvait toujours se mettre au service de cette dernière.
"Navré Milady, mais ça ne va pas être possible..." lança-t-il du ton le plus doux qu'il avait trouvé pour marquer son refus. "Vos arguments sont de poids, je le reconnais, mais je viens à peine de me réveiller d'un trou noir long comme une vie. Je ne sais qui je suis que par ce que vous me dites et il va m'être difficile de servir des intérêts plus grands que ceux de ma petite personne... avant même d'avoir remis un nom sur cette petite personne, avant que je ne retrouve qui elle est, ce qui la motive, ce qui la pousse à avancer, ce qui la tient en vie..."
Il l'interrompit avant même qu'elle ne puisse répondre, balançant le chiche morceau de parchemin sur la table crasse et collante. "Je ne résoudrai probablement ce mystère qu'en plongeant au plus profond de moi-même" lança-t-il en pointant du doigt les trois lignes manuscrites, "mais en attendant, je peux peut-être sortir de ce pub, de cette ville, et barrer les quelques menues tâches répertoriées dans ce petit bouquin" acheva-t-il en tapotant le journal de quête dans sa poche droite.
"Je ne peux pas vous promettre que je serai un jour un bon Anglais prêt à donner sa sueur, son sang, ou plus encore pour New Kingston et ses concitoyens qui me paraissent toutefois bien sympathiques aux premiers abords, mais je vous propose d'en rediscuter lorsque j'en saurai un peu plus sur moi-même. Qu'en pensez-vous? M'épauleriez-vous, en attendant, dans le spectre si large de mes recherches?" |
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Posté le 02/04/2019 à 17:05:11
*** Pendant ce temps, en mer... ***
L'information n'avait pas tardé à se répandre comme une traînée de poudre au sein des équipages du Sloop Ma' Beat et du Sloop Mont-Fût: plus aucune trace du vaisseau amiral de la flotte depuis près de 4 semaines!
Les deux capitaines officiant à bord avaient convenu, par perroquets voyageurs, d'un rendez-vous dans un rade miteux de Kid's Circus.
Leurs navires mouillant dans la crique, ils étaient bien plus préoccupés par la disparition du Commandeur de la Flotte G, Blackbeard G, que par l'état désastreux de la vaisselle dans laquelle l'on daignait leur servir de quoi se rincer le gosier. La teneur du breuvage se passait elle aussi de commentaire tant ce dernier était infect. Au point qu'ils n'avaient pas osé commander de quoi se sustenter...
En l'absence de témoignage probant relatant un navire échoué ou un corps sans vie retrouvé, ils se refusaient à croire à la mort de leur estimé Commandeur. Par conséquent, sans ordre précis, ils convinrent d'une mission commune nouvelle et unique: retrouver Blackbeard G ou, tout du moins, quelque trace de son brick disparu...
Ils commenceraient par faire le tour de Liberty: l'un par le Nord, l'autre par le Sud. Ensuite, dès que les navires se croiseraient, ils choisiraient d'écumer les mers, parcourant les autres lopins de terre de l'archipel.
Ils savaient que la mission serait dangereuse, que les canons français, espagnols, hollandais ou pirates ne les ménageraient pas, mais ils n'en avaient cure! C'est dans leur fidélité que résidait leur seule peur: que leur estimé Commandeur ait péri, par le feu ou par le fond... |
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Posté le 02/04/2019 à 17:57:37. Dernière édition le 02/04/2019 à 18:11:57
Depuis la côte au sud-ouest, le comédien n'avait que cela à portée de vue : Le frêle esquif pavillonnant Sloop ma'beat, canonnant en cadence le sloop que le français, fraichement nommé gouverneur de la Havane par droit de conquête, avait interposé entre son anse et les éventuels pillards.
Réaction prévisible, bien que tardive de la flotte anglaise à son furieux assaut de la veille.
Quoi, non ? Il s'agissait d'une mission de recherche ? Cela, le gouverneur n'en n'avait pas été prévenu, préférant se fier au discours sans ambiguïté que hurlaient les gueules fumantes de la barque bien solitaire.
Si ce navire cherchait quelque chose, c'était bien la merde.
L'oiseau prit son envol depuis la manche à dentelles, l'ordre était partis à ses officiers stationnés dans le port, en défense.
"Coulez-le."
Ben oui, il n'y a pas matière à suspendre des romans aux pattes de nos volatiless messagers, hein...
On a vu des touristes moins agressifs, qui ne pilonnaient pas à la première rencontre.
On a vu aussi des aventuriers aller plus loin qu'à quelques encablures de leur première étape.
Mais le Sloop ma' Beat ne semblait pas de cette trempe-là. Puisse t'il au moins ne pas retrouver son amiral dans les profondeurs. Jean Chenal l'aimait bien. |
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Posté le 12/04/2019 à 11:03:55
Vouloir lutter contre des spectres était idiot, mais il venait d'accomplir une partie de sa part du boulot....
Il y a quelques semaines, il lui paraissait étrange que quelques notables de New Kingston compte sur lui - une épave humaine sans passé ou sans souvenir - pour dératiser la ville. Il avait réalisé cette tâche avec tant de facilité qu'il ne s'attendait pas à devoir batailler ferme par la suite en se laissant mené par ce foutu carnet de quêtes qu'il avait trouvé dans l'une de ses poches.
Éreinté mais pas amoché, il redécouvrait une lumière du jour qu'il avait délaissée pour la pénombre de lugubres grottes ou cavernes. Il avait croisé des gens dans ces lieux. De jeunes gens, pour la plupart, roulant des R comme seuls les Français le font. Des jeunes gens qui s'étaient visiblement aguerris très vite, puisqu'il les aperçut piller New Kingston lors du seul repos qu'il s'était octroyé entre deux moments de quête, menés par un vil Shadow qui avait prolongé son repos en l'expédiant dans un lit d'hôpital...
Il avait aussi rencontré une jeune Dame comme il ne lui semblait jamais avoir vue. À la chevelure rousse, aux formes généreuses, à la fraîcheur d'une femme de 19 ans. Élue "Intendante" au fin fond d'une caverne, Lady Carmilla l'avait séduit et il n'aurait probablement eu d'autres pensées que pour cette merveilleuse créature s'il n'en avait eu d'autres à faire passer par le fil de sa lame!
Il sortait donc de l'ombre, respirant l'air frais comme il humerait les douces effluves de l'Intendante française... quand il tomba instantanément nez à nez avec une autre dame en tenue d'apparat, un cœur dessiné sur la joue et affublée d'une armoire à glace typée méditerranéenne à qui elle s'adressait en anglais avec un accent qui lui rappelait le sien: l'accent gallois pardi!
Tandis qu'il comprenait qu'il rencontrait là l'Intendante anglaise, cette dernière se retourna vers lui avec un large sourire, mais fronçant toutefois les yeux pour tenter de le reconnaître... Brandissant alors une rose rouge, elle s'approcha de lui. "Tenez Messire" lui lança-t-elle en tendant cette fleur qu'il ne refuserait point. "Considérez ça comme un cadeau pour notre première rencontre. Ou comme une excuse si je ne me souviens plus de vous..."
Il hocha la tête rapidement... "Non non non, Milady, ne vous excusez pas! J'ai moi-même quelques problèmes de mémoire qui feraient de moi un homme ingrat de vous blâmer. Gregor McGrave semble être mon nom, et c'est un réel plaisir que de faire votre connaissance..."
"Je m'appelle Faye et je voyage avec un excellent ami et garde du..." Il n'entendait plus rien d'autre que le nom de l'Intendante... "Faye... Faye... Faye" chantait son cerveau tandis que la Lady semblait lui présenter son compagnon de voyage alors que lui ne l'écoutait plus, subjugué par sa grâce et sa volupté.
Il se ressaisit et pensa "Mais dis donc, mon bonhomme, tu ne serais pas en train de t'amouracher de celle-là aussi, par hasard..." Il n'eut pas le temps d'achever ses pensées que se dessinaient à l'horizon des formes qui lui paraissaient familières. Une jeune fille aux cheveux de feu, la jeune fille qui occupait ses pensées depuis de longues semaines désormais, s'approcha de Faye et de son molosse. "Bonjour à vous" lança-t-elle en s'inclinant avec une élégance folle devant l'Intendante anglaise. "Je suis ravie d'avoir pu être à l'heure d'une part... et de vous rencontrer, évidemment, d'autre part. Carmilla, Intendante de France, enchantée..."
Et il n'écoutait déjà plus, tandis que dans sa tête résonnait "Carmilla... Carmilla... Carmilla..." Lorsque le silence se fit, il interrompit cette rencontre au sommet en se dirigeant vers la jeune française et lui murmura: "Et moi, je suis ravi de vous revoir, Milady. Il me semble qu'une éternité s'est écoulée depuis notre dernière rencontre et... euh... je... j'ai beaucoup pensé à vous, ma foi. C'est le souvenir précoce de votre doux parfum qui me motiva quand quelque courage me manquât pour accomplir les tâches dont ce carnet m'a chargé!" Il plongea la main dans la poche pour en sortir ledit calepin, mais ses doigts effleurèrent un morceau de tissu. Il savait qu'il touchait là ce délicat mouchoir marqué du rouge de lèvres dont il ne se souvenait plus. Une femme... Une autre...
"Messire McGrave! Quel hasard! Cela remonte en effet à quelques... jours maintenant! Avez-vous fait bonne route? Je suis en tout cas ravie d'apprendre que je fus dans vos pensées..." lança ingénument Lady Carmilla, tandis qu'il se sentait soudain pris de remords ou d'acquis de conscience.
"Je ne dirais pas que la route fut mauvaise, mais elle ne fut pas forcément droite" répondit-il laconiquement, comme pour donner une toute autre allure à cette conversation. "Et... euh... voici pour vous, Milady!" balbutia-t-il en tendant une rose rouge - mais pas celle de Lady Faye - à Lady Carmilla.
Une petite fête semblait se préparer, mais il estima qu'il était mieux de prendre congé. "Je ne puis rester, j'ai... euh... des choses à faire" déclara-t-il à l'assistance d'un air évasif. "Lady Faye, Senor... euh... Enchanté d'avoir fait votre connaissance. Lady Carmilla, je vous laisse en charmante compagnie. Portez-vous tous bien et au plaisir!"
Il tourna les talons et s'en alla, laissant derrière lui les douces effluves de deux Intendantes, leurs formes voluptueuses, leur sourire enjôleur... et les poils du baraqué espagnol. Cette dernière pensée le ramena d'ailleurs sur terre. "Tu ne sais pas qui tu es, McGrave, mais une chose est certaine: Carmilla, Faye, le mouchoir dans ta poche... Mon cochon, si tu n'es pas un homme à femmes, tu as en tout cas du mal à résister à leurs charmes!" se dit-il à haute voix, puisque plus personne ne pouvait l'entendre, avant d'éclater dans un rire gras et sincèrement amusé... |
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Posté le 14/05/2019 à 15:03:14
Tandis que son carnet de quête le poussait à user tantôt de force, tantôt de ruse, tantôt d'intelligence et toujours de diplomatie pour obtenir de précieuses autorisations de séjourner sur les territoires qu'il traversait, il reçut une missive qui fleurait le sable mouillé et la houle: une invitation de l'Amiral anglais, Sir Lumberman:
" 'lloooo Gregor McGrave! J'vois que de temps en temps tu te risques seul dans des territoires au nord... et au sud!
Est-ce que tu es intéressé par garnir ta carte maritime de nouveaux ports? Est-ce que ça te dirait de nous accompagner?
Si oui, il faut que tu me donnes le nom de tous tes bateaux qui pourraient être concernés par cette "balade"...
Voilou. Tchussss. Amiral R.L. "
De tous les courriers qu'il avait pu recevoir depuis quelques mois, depuis son réveil sur cette plage qui avait vu naître l'homme qu'il était aujourd'hui, celui-ci lui semblait le plus étrange. Il s’empressa donc d'adresser une réponse à "son" Amiral, bien que se sentait fort peu concerné par la chose maritime...
"Hi Sir Lumberman,
J'ai du mal à précisément cerner l'objet de votre missive... Rien ne me parle dans cette dernière... À ma connaissance, je n'ai jamais possédé de bateau, mais il est vrai que mon plus lointain souvenir remonte à deux mois à peine et que je ne me rappelle aucunement de ma vie "d'avant"... Pourriez-vous m'en dire plus? Auriez-vous aperçu, en mer, quelque individu qui vous ferait penser à moi?
Toute aide pour m'aider à retrouver la mémoire est la bienvenue, même si je dois vous avouer que je n'éprouve pas vraiment de manque et que ma vie actuelle me sied. D'avance merci pour tout retour!"
Étrange pour McGrave, mais pour Lumberman également, ce dernier ayant trouvé, dans ses registres, un lien entre l'amnésique gallois et un sloop baptisé "Mont-Fût" dont il serait l'armateur.
Après avoir découvert la dernière réponse de l'Amiral, marquée de la promesse de mener une enquête qui les éclairerait tous deux, Gregor McGrave glissa le parchemin dans son sac, suivit les fortes odeurs de soufre et le souffle chaud du couloir qu'il s'apprêtait à emprunter et s'y engouffra, se demandant si les nombreuses épreuves qui l'attendaient encore auraient raison de lui avant que les fantômes du passé ne le rattrapassent... |
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Posté le 30/08/2019 à 10:50:49
Du fin fond des humides ténèbres où il se trouvait, "il" avait perçu les échos d'une rumeur... Celle d'une bâtisse kingstonienne de belle facture en partie envolée en fumée à cause d'une merdeuse comme on en fait plus enfant quelque peu turbulente...
De "fraîche" mémoire, "il" n'avait vu que par deux fois les rues de la colonie anglaise et, même s' "il" semblait familier à l'Intendante anglaise qui l'appelait "Blackbeard". Que de la brique de New Kingston soit réduite en cendre ne le touchait pas vraiment, mais "il" avait ouï dire que l'Administration anglaise de Liberty devait remettre ses registres à jour, les originaux ayant péri par les flammes. Si d'aventure "il" était répertorié dans feu ces registres sous une appellation proche de "Blackbeard", ce nom avait donc désormais totalement disparu de Liberty.
Sa nouvelle vie commencée voici quelques mois allait donc pouvoir se concrétiser d'un point de vue administratif. Il ne lui fallait, pour cela, que se manifester auprès des services de sa supposée amie l'Intendante. Et "il" allait le faire... Non pas par élan patriotique, non pas pour honorer ses racines qu'il devinait, mais pour exister, simplement. "Il" prit de quoi noter et gribouilla quelques mots sur une missive qu' "il" fit parvenir à l’Administration kingstonienne:
"Je suis Anglais...
Gregor McGrave"
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