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武道初心集  
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Gaikokujin
Gaikokujin
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10/02/2019
Posté le 10/02/2019 à 20:29:07. Dernière édition le 10/02/2019 à 20:30:49 

Je n'ai pas de parents, je fais des cieux et de la terre mes parents.
Je n'ai pas de demeure, je fais de Tan t'ien ma demeure.
Je n'ai pas de pouvoir divin, je fais de mon honnêteté mon pouvoir divin.
Je n'ai pas de fortune, je fais de ma docilité ma richesse.
Je n'ai pas de pouvoir magique, je fais de ma personnalité mon pouvoir magique.
Je n'ai ni de vie ni de mort, ma vie et ma mort ne font qu'un.
Je n'ai pas de corps, je fais de mon stoïcisme mon corps.
Je n'ai pas d'yeux, je fais de l'éclair mes yeux.
Je n'ai pas d'oreilles, je fais de ma sensibilité mes oreilles.
Je n'ai pas de membres, je fais de ma promptitude mes membres.
Je n'ai pas de lois, je fais de mon autodéfense ma loi.
Je n'ai pas de stratégie, je fais du droit de tuer et de protéger ma stratégie.
Je n'ai pas de dessein, je fais de la saisie instinctive de l'occasion mon dessein.
Je n'ai pas fait de miracle, je fais du respect de la loi mon miracle.
Je n'ai pas de principes, je fais de mon adaptation en toutes circonstances mon principe.
Je n'ai pas de tactique, je fais de la vacuité et de la plénitude ma tactique.
Je n'ai pas de talents, je fais de mon esprit prêt à réagir mon talent.
Je n'ai pas d'amis, je fais de mon esprit mon ami.
Je n'ai pas d'ennemis, je fais de l'imprudence mon ennemi.
Je n'ai pas d'armure, je fais de ma bienveillance mon armure.
Je n'ai pas de château, je fais de mon esprit inébranlable mon château.
Je n'ai pas d'épée, je fais de mon non-être mon épée.

Shigetsuke Taira.
Gaikokujin
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10/02/2019
Posté le 19/02/2019 à 13:57:43. Dernière édition le 19/02/2019 à 13:58:06 

Il assista à sa toute première exécution à l’âge de cinq ans. Ce fut tard, aux yeux d’autres familles. Le regard impassible, le visage crispé et les poings serrés pour ne délier aucune émotion, même lorsque les orbites vides de cette tête roulante se figèrent sur lui. Ce gamin resta droit dans ses bottes car il savait qu’il était observé. Sa gorge était tant contractée qu’il lui serait impossible d’exprimer le moindre sanglot. Il le valait mieux pour lui de toute façon, s’il ne voulait pas être corrigé. Au déjeuner, on lui servit un plat de rit mélangé à du jus de prunes salé. La couleur était de sang et le goût infect. Il avala sans montrer la moindre horreur de ce plat. Mais ce qui prouva définitivement qu’il était digne de s’engager dans la voie du samouraï, c’est lorsqu’il accomplit la mission de rapporter à minuit la tête du condamné chez lui.
Comme beaucoup de samouraï, il eut une éducation tout à fait traditionnelle. Sa maîtrise de soi devint parfaite. Il devait surmonter toutes ses peurs et la mort n’était que secondaire, sans importance. Il ne commit ni folie ni lâcheté. Il ne commit pas d’erreur. Entouré d’autres gamins comme lui, leur voie était toute tracée. Excellant en kenjutsu, c’est à ce même âge toujours qu’il comprit que l’épée avec laquelle il s’entraînait n’était pas un jouet. Les mômes de cet âge étaient constamment surveillés. Plus ils étaient irréprochables et plus ils gagneraient en liberté dans les années qui suivront.
 
Et ce n’était que l’enfance d’un futur samouraï parmi tant d’autres. 
Gaikokujin
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Posté le 27/03/2019 à 12:00:38. Dernière édition le 27/03/2019 à 12:01:01 

Droit dans ses bottes est une expression qui lui correspondrait aujourd’hui encore. L’amour, la mort, la joie comme le désespoir sont des émotions qui passent en second  plan, bien après le devoir. Gaikokujin agissait comme un fantôme du passé. Il errait, laissait peu de trace derrière lui et ne s’affirmait pas. Ceux qui prenaient la peine de s’adresser à lui n’étaient pas rejetés loin de là, mais ils découvraient un homme qui se privait tant qu’il en avait acquis une certaine sagesse.
La justice est quelque chose qui lui tient à cœur. Pas celle dictée par les lois, non, la vraie. Celle qui te prend aux tripes lorsque tu vois un innocent condamné, celle qui brûle tes muscles lorsque quelqu’un se fait tabasser à un contre cinq sous tes yeux. La cité qui l’avait accueillie et qui l’accueillait toujours était gardée par de nombreux soldats, et elle pouvait compter le samouraï dans ses rangs désormais.
 
En fait, de premiers abords, il y avait peu à dire.
 
L’Etranger ne boit pas d’alcool. Il ne fume pas. Au matin, il pêche du poisson qu’il mangera cru avec les légumes croquants achetés au marché d’une des quatre colonies. Il évite la viande, qu’il ne mange que pour ne pas s’affamer en cas de nécessité.
L’Etranger médite beaucoup. D’aucun dirait que c’est grâce à cela qu’il possède la paix intérieure. Son calme est effarant pour qui n’a pas l’habitude de le voir. Il n’est pas mou, il est serein.
L’Etranger manie le katana. Chose pas si courante que cela pour un samouraï car d’ordinaire leur arme principale est l’arc, contrairement à ce que beaucoup pensent.
L’Etranger connaît les langues locales. Il a fait l’effort de les apprendre dans son voyage. Il savait où il allait, il savait où il amarrerait. Maintenant, il lui reste à apprendre les gens. Un fort accent trahit ses origines nippones mais qui s’en offusquerait ?
L’Etranger a toujours un maintien extrêmement droit. Le coude gauche constamment plié pour qu’en toute circonstance sa main soit du côté de la garde de son arme.  La main droite posée sur son cœur lorsqu’il salue, raide le long de sa hanche lorsqu’il marche. Un étrange tic fait lentement remuer ses doigts lorsqu’il se concentre.
L’Etranger est courtois. On ne sait si ce n’est qu’une hypocrite politesse ou un désir réel de faire connaissance. Cette courtoisie sera de rigueur qu’importe le statut, le bandeau et le degré de dangerosité de la personne en face. Il ne juge pas la personne, mais il agit aux actes.
L’Etranger n’a pas un visage froid. Il est curieux, il observe, il répond, il hoche la tête, il sourit et n’a aucun mal à paraître des émotions. C’est un être humain, je vous rappelle.
L’Etranger semble à la recherche d’un idéal à servir. Si ce n’est une personne, ce sera une cause. Si ce n’est une cause, ce sera un ensemble. Qu’importe, les chemins s’ouvrent avec tous les travaux que les gouverneurs lui donnent. 
Gaikokujin
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10/02/2019
Posté le 15/04/2019 à 11:26:39 

Il s’entendait bien avec Bartaly. Ce corsaire ouvert d’esprit vivait assez près de la cité française pour se tenir au courant des choses tout en restant assez loin pour ne pas être dérangé par les brouhahas qui s’y passent. L’étranger avait passé déjà plusieurs soirées à discuter avec Bartaly, il en passera d’autres. Fixant la mer sans un mot et sans prendre conscience de la présence de l’autre, comme deux loups solitaires vivant sur le coin de territoire qui leur a été confié. Bien entendu, l’étranger n’avait nul intention de s’accaparer ce bout de terre qui appartenait déjà à quelqu’un.
 
L’étranger aimait patrouiller en ville. Le dos raide, l’allure fière, le regard sévère sur les tâches de sang et à l’affût du criminel qui aurait osé faire cela. Il n’avait pas encore fait parler de ses faits d’armes, certes. L’on pouvait se demandait ce qu’il attendait pour enfin s’y mettre. Chaque chose en son temps, je dirais. L’étranger était toujours en train d’observer. Il servait les causes justes. Ses principes avaient quelques points communs avec ceux de vieux chevaliers d’une époque révolue. Notamment celui d’être aux côtés des opprimés. S’il assistait à un conflit opposant trois personnes à une seule, il prendrait toujours la défense de celui qui est seul.
 
Parfois, Bartaly aimait conter des anecdotes de son passé. Comment il en fut à devenir si solitaire et pourquoi fixait-il toujours la mer ainsi. Attendait-il quelqu’un ? Rêvait-il de partir ? Voyait-il des choses ? Il demanda à l’étranger si ce dernier avait une femme qui l’attendait quelque part. L’étranger lui répondit que non. Il lui demanda alors s’il avait une famille.  Même réponse. Enfin, il lui demanda s’il avait de bonnes raisons d’avoir fui son pays natal. L’étranger répondit que oui.
 

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