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Maleficis artibus inserviebat seu scientia ?  
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Althéa de Rioghan
Althéa de Rioghan
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07/07/2015
Posté le 19/11/2015 à 14:08:39 

~~ Liberty - 30 octobre 1715 ~~


- Mais que faites vous exactement ?


La jeune femme rousse se retourna et fit face à celle qui venait de s'adresser à elle. Posant un lourd sac de chanvre rempli de gravats à ses pieds elle s'épongea le front et plongea son regard émeraude dans celui qui lui faisait face. De sa main droite, elle fit un geste un peu mystérieux et un saphir sembla se matérialiser entre son index et son majeur. Un nouveau geste et voilà un diamant apparaissant entre son majeur et son annulaire. Un troisième et dernier tour de passe-passe et un rubis se joint aux deux premiers parangons et se lova entre son annulaire et son auriculaire.

Althéa esquissa un très léger sourire en coin. Un sourire un brin dérangeant, pouvant passer soit pour de la folie, soit pour les prémisses d'une attaque carnassière.

Elle avança sa main vers son interlocutrice et, d'un geste élégant, fit tomber les trois pierres précieuses une par une dans creux de la main tendue d'une vieille femme figée par la surprise. Dans ses yeux écarquillés semblaient danser des pièces d'or, un sentiment de cupidité qui ne la quittait pas.

- Vous disiez ? demanda Althéa de Rioghan.

- Moi ? Heu... Que disais-je ? Heu... J'ai parfois quelques troubles de la mémoire vous savez... et je vous avoue que je n'en sais rien...

Althéa hocha lentement la tête et remis le lourd sac sur son épaule sans mots dire. Elle sorti de la grotte et en vida le contenu au pied de la falaise sur laquelle se tenait l'ouverture de la caverne.

Elle regarda un instant les pierres créer des remous dans la mer en contrebas, puis entra à nouveau pour se charger d'un autre sac...
Althéa de Rioghan
Althéa de Rioghan
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07/07/2015
Posté le 24/11/2015 à 15:19:28 

~~ Liberty, 18 novembre 1715 ~~


Althéa versait le dernier sac de gravats au pieds de la falaise et observa une énième fois la mer engloutir son "présent". Durant vingt jours la jeune femme avait répété ce geste des milliers de fois. Durant vingt jours elle avait observé les pierres tomber en contrebas.

Exténuée, elle s'assit sur le sol et observa la mer du soir devenue presque noire. Le soleil dardait ses derniers rayons de la journée sur elle et semblait peiné de ne pas pouvoir illuminer la chevelure de feu rendue terne et grise sous la poussière minérale.

Une femme brune de petite stature s'approcha d'Althéa en souriant.

- Alors... voisine... ça y est ? Vous avez fini ?

Althéa esquissa un léger sourire et répondit sans se retourner.

- Je ne fais que commencer ma chère ! Mais oui... le plus gros est fini... vous allez pouvoir me livrer tout ce que je vous ai commandé...

La femme brune acquiesça en silence et observa à son tour le coucher du soleil en compagnie de la française.

Une légère brise venue du Sud se leva et joua avec les cheveux d'Althéa emportant lentement un peu de poussière de roche.

Althéa de Rioghan
Althéa de Rioghan
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07/07/2015
Posté le 26/11/2015 à 20:52:14 

~~ Liberty, 20 novembre 1715 ~~


Althéa pointait sur le parchemin les diverses marchandises qu'elle avait commandé à sa nouvelle voisine : peinture, coffres, tonneaux, pots, bocaux, sachets de lin, cotons, pinces, planches de bois, cruches, balances, mortiers, alambic...

- Bien !

Elle paya la petite femme gracieusement puis observa l'horizon.

- Quand le bateau arrive-t-il ? lui demanda-t-elle.

- Dans deux jours si tout va bien. Lui répondit la marchande en comptant les pièces d'or.

- Parfait ! J'ai juste le temps de tout installer...


Althéa de Rioghan
Althéa de Rioghan
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07/07/2015
Posté le 28/11/2015 à 20:19:44. Dernière édition le 21/05/2022 à 20:37:39 

~~ Liberty, 26 novembre 1715 ~~


Debout face à la mer Althéa observait les vagues une trentaine de mètres en dessous d'elle.
Elle ferma les yeux un instant et respira l'air marin, saturé d'iode et de sel puis les ré ouvrit sur le bateau qui s'éloignait des côtes.
Un vent d'Est gonflait pleinement les voiles et le navire filait déjà avec l'aisance d'un dauphin.

Acquiesçant doucement de la tête, satisfaite, elle fit demi tour et s'enfonça dans la grotte se trouvant dans son dos.

Ses efforts de déblaiement avaient été concluant, elle disposait désormais d'un endroit secret, où elle pourrait mener ses recherches sur les plantes médicinales et toxiques en toute quiétude.

Plusieurs jours lui avait été nécessaires, mais ses efforts étaient récompensés.

Elle avait suivi une fissure dans la roche et s'étant aventurée à l'intérieur avait découvert, à la lueur d'une bougie, un espace assez vaste pour contenir ses projets. Il ne lui avait suffit qu'à déblayer la boue, retirer quelques roches qui risquaient de tomber, nettoyer puis enduire les murs d'un mélange de chaux et de sable pour les assainir et les rendre plus lisse.

Elle s'avança dans en direction de la table de bois un peu bancale qu'elle avait construite elle même, avec quelques planches, et ramassa un lourd livre à la couverture de cuir sur lequel on pouvait lire : "Nova Plantarum Americanarum Genera" et le rangea aux côtés d'autres ouvrages du même ordre.


Elle passa une main sur les nombreux livres et remercia une fois de plus intérieurement son ami resté en métropole qui avait prit le temps de les lui faire parvenir en compagnie de tout son matériel qu'elle avait laissé derrière elle pour venir sur Liberty.

S'attablant ensuite à un bureau elle saisit des étiquettes de papier qu'elle colla avec application sur des bocaux de verre : Aconitum napellus, Agrimonia eupatoria, Atropa belladonna, Symphoricarpos albus, Lycium europaeum, Eschscholzia californica...


Elle connaissait bien toutes ces plantes, ces fleurs, ces racines... mais savait aussi qui lui faudrait encore les étudier pour élaborer des mélanges plus... performants...

En collant l'étiquette portant le nom de "Aconitum Napellus", un fin sourire éclaira son visage. Un sourire plein de tendresse mais un brin dérangeant.

Tournant la tête sur sa droite, elle regarda l'alambic qui fumait doucement dans un coin et qui commençait à distiller les flagrances de fleurs, les mêlant aux effluves d'alcool.


Se replongeant dans son travail minutieux de répertorisation elle senti une présence se matérialiser dans son dos et un sourire éclaira son visage.

- Tu as fini par venir finalement...
Shinmodal
Shinmodal
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22/07/2015
Posté le 03/12/2015 à 22:14:32 

 - Bah vouy !

La réponse fusa de la petite tête blonde qui émergeait des ténèbres de la grotte.

- Tu m'as invité ; alors je vient voir ta tanière ! Elle est pas commode la gardienne à l'entrée... si j'avais pas eu le mot de passe... j'sais pas ce qu'elle aurait fait, et j'veux même pas le savoir...

Comme toujours Il avait fait son maximum pour ne faire aucun bruit, mais comme à chaque fois sa sorcière bien aimée à la chevelure de feu l'avait senti s'approcher.
Sans même se retourner ; tout à son travail ; elle l'avait repéré. Un jour il faudra qu'il lui demande comment elle faisait; ce n'était pas normal...
L'enfant ne put que l'âcher un sifflement ébahit à la vue de l'endroit.

-Et beh ! En tout cas toi tu rigole pas ! T'as disparue quelques temps, pis tu nous revient avec un atelier complet ; une cachette bien douillette...

Il ne laisse pas à la belle le temps de répondre et continue sa visite des lieux, la laissant tout à ses gestes d'étiquetage.

- T'as gardé une p'tite place pour moi entre deux fioles ?
Lança le gamin en faisant le tour de la pièce, ses gestes gourmands et curieux courant sur les rayonnages avec envie.
Enfin  il s'arrêta au bord d'un renfoncement taillé dans la roche et servant d'étagère ; il souleva un objet alors qu'un ricanannement ne pu s'empêcher de perler de ses lèvres.
Ses pas s'approchèrent d'Althéa et un chapeau fut porté sous le nez de la française.

- Dit Althéa ; si j' me trompe pas c'est le chapeau du Syd ça non ? J'peux l'avoir ?

Avant qu'un geste ne put être esquissé ; le couvre chef ornait déjà la tête de l'enfant.

- le gars a disparu sans laisser de traces. C'est bizarre... mais tant mieux ! Sur la fin il me faisait un peu peur avec ses pupilles dilatées... Dis ! J'peux le garder ?

La réaction d'Althéa le surpris alors un peu...
Althéa de Rioghan
Althéa de Rioghan
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07/07/2015
Posté le 04/12/2015 à 08:29:23. Dernière édition le 27/01/2021 à 20:09:24 

Althéa avait reconnu le pas si particulier de Shinmodal. Cette façon de se déplacer tout azimut sans se fixer une ligne droite, tant sa curiosité était imposante.

Elle le laissa flâner dans son antre sans rien dire, le surveillant tout de même du coin de l’œil. Non pas qu'elle n'avait pas confiance en lui, mais pour ne pas qu'il prenne malencontreusement un onguent ou un extrait toxique parmi ses nombreux pots et fioles entreposés.

Laissant de côté ses étiquettes un instant, elle saisit trois lettres cachetées d'un sceau de cire rouge représentant une équerre et un compas entourant la lettre "G", et les décacheta avec soin.

Lorsque Shinmodal lui présenta le chapeau de cuir elle esquissa un sourire un brin dérangeant.

- Tu peux le garder... si tu n'as pas peur de finir comme lui...

Voyant la mine un peu déconfite de l'enfant elle lui fit un clin d’œil et lui sourit tendrement puis se plongea dans la lecture de la première lettre :


*********************************************

Ma chère Althéa,


Comme convenu, six mois après ton départ, voilà que tu devrais recevoir tes bagages certainement tant attendus. J'ai fait empaqueter au mieux toutes tes plantes, tes racines, tes teintures et autres résines afin qu'elles ne souffrent pas du transport.
Nul doute que tu sauras appliquer au mieux les préceptes que ton maître, sieur Joseph Pitton de Tournefort, t'a promulgué avant sa mort, et continuer tes recherches.

Tu trouveras dans les caisses de livres son recueil personnel sur les différentes études qu'il menait pour le roi.

Le roi justement...

Je suis au regret de t’annoncer que le soleil s'est éteint ce premier septembre de l'an de grâce 1715.
Tu ne l'as jamais réellement porté dans ton cœur, mais nous ne pouvons lui retirer le fait qu'il était un grand homme, un peu égocentrique certes, mais un roi qui laissera son empreinte dans l'histoire de France.

J'ai eu le privilège d'assister à ses funérailles. Éblouissantes ! Comme à son image...

Le convoi funèbre est parti de Versailles, le 8 septembre à sept heures du soir pour arriver le lendemain à l'aube à Saint Denis. Une des plus longue nuit de ma vie, et une des plus éblouissante.
L'abbaye royale à été entièrement décorée par les ateliers des Menus-Plaisirs. Une véritable oeuvre d'art théâtrale.

J'imagine ton visage, la moue dubitative que tu fais en lisant ces quelques lignes. Mais tu connais mon attachement pour la monarchie et mon admiration pour Le Grand Louis. Même si tu ne partage pas mon engouement, je désirais t'en faire part.

J'ai glissé également dans tes bagages mes propres notes sur mes dernières recherches.

Dans la petite cassette de bois d'ébène, tu trouveras la chaîne et l'opale de ta mère ainsi que la chevalière de ton père. Ils te reviennent de droit.
Je t'avais promis de les garder pour toi, mais la mort lorgne depuis quelques semaines sur ma vieille carcasse et je pense que nos routes ne se croiseront plus jamais.


Prends soin de toi mon enfant et tourne ton regard vers l'avenir, pas le passé...


Ma chère Althéa,

Bien affectueusement
Guillaume Homberg

Paris, le 11 septembre 1715

*********************************************

Althéa resta un long moment immobile, les yeux rivés sur la lettre, la bouche légèrement entre-ouverte.
Qui pouvait dire ce qui se passait à ce moment là dans son crâne ? Le mouvement de ses yeux trahissait néanmoins une certaine confusion et elle prit le temps de relire à nouveau les quelques lignes, en silence et plus posément.
Althéa de Rioghan
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Posté le 29/01/2016 à 16:57:38 

~~ Liberty - 29 janvier 1716 ~~



Une main fine se posa sur la cage d'un serin pas très serein.
De son bec conique sortait une mélopée pas très enjouée.
Le volatile se mit à battre des ailes avec rage lorsque la main entra dans la cage.
Elle se saisit de lui et de ses yeux exorbités, transparaissait toute la haine qu'un être si minuscule pouvait exprimer.

La main féminine sorti l'oiseau de sa cage d'osier et le caressa longuement pour le calmer.
Un rayon de lune, passant par une ouverture, illuminant le plumage de la créature.

Alors qu'il semblait s'être calmé, les doigts de la jeune femme lui ouvrirent délicatement son bec acéré.
De son autre main, qui tenait une petite pipette de verre remplie d'un breuvage doré, elle l'obligea à boire deux gouttes amères et ambrées.

Une minute à peine s'écoula, et le volatile dans un sommeil éternel sombra.

La jeune femme, aux cheveux de feu, prit un calepin, et nota quelques mots rapides en dessous de noms en latin :

Aconitum Napellus 40 %
Atropa Belladonna 50 %
Arsenicum 10%

Effets rapides
Semble avoir un goût prononcé... trouver le moyen d'y remédier !


Althéa se leva, prit le cadavre de l'oiseau dans les mains légères, le caressa un instant avant de le lancer sans autre forme de procès dans la mer agitée en contre-bas de son repère.

Althéa de Rioghan
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Posté le 12/03/2016 à 12:12:23. Dernière édition le 27/01/2021 à 20:10:06 

~~ Liberty - mars 1716 ~~

L'ambiance clair-obscur que diffusaient des dizaines de bougies aux flammes dansantes dans la grotte aux murs blancs, offrait au regard un instant saisissant tel un tableau de Georges de La Tour.

Les bibliothèques lourdement chargées d'ouvrages et baignées de nuit, dissimulaient des trésors de connaissances aux couvertures fripées par l'usage.

Des étagères étaient remplies de fioles et de bocaux en verre laissant percevoir leur contenus floraux, végétaux et minéraux.

Dans un coin de la pièce, non loin d'un alambic fumant, était assise une jeune femme aux cheveux de feu détachés, au regard émeraude et vêtue d'une longue robe de cuir brun-vert au corset lacé et resserré.

La tête légèrement penchée, elle lisait un lourd ouvrage et d'une main légère posait quelques annotations sur le papier jauni une plume blanche à la main.

Le silence était à peine perturbé par le ressac de la mer et le crépitement doux et chaleureux du bois chauffant une petite marmite de fonte se trouvant non loin de la large ouverture donnant sur l'extérieur.

Le temps semblait s'être arrêté offrant à la jeune femme un apaisement de l'esprit.

Althéa de Rioghan
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Posté le 15/09/2017 à 12:41:30 

~~ Liberty - 14 septembre 1717 ~~


- Et voilà le dernier !

Un homme d'assez haute stature, à la peau basanée par le soleil maritime et au regard noir comme la nuit prononça ces mots en laissant tomber sans ménagement le corps nu et sans vie d'un homme assez petit, sur une table de bois située au milieu de la pièce principale, creusée dans roche.

Ignorant le faible grincement de la table soumise au poids du cadavre il passa à côté de deux autres tables supportant chacun leur fardeau identique et se tourna vers une femme aux cheveux fauve.

- Qu'est-ce que tu faisais à La Madonne ?

Althéa eu un léger sourire en coin à la fois dérangeant et attirant.

- Moi ? Rien !

L'homme se rapprocha d'elle et observa son regard.

- Tu étais bien là-bas ? C'est de là que vienne ces morts. Non ?

- En effet. Ce sont de simple soldats tombés dans cette tour. Je savais que les anglais voulaient la prendre et que les espagnols ne les laisseraient pas faire. C'était le lieu idéal.

L'homme se tourna et fixa les trois cadavres qu'il venait de déposer.

- le lieu idéal pour quoi ? Et que va tu en faire ?

- Le lieu idéal pour observer ces hommes. La façon dont-ils bougent, leur regard changeant lorsque l'ordre est donné de charger, la façon qu'ils ont de se tordre lorsqu'une balle leur traverse la chair... et aussi le lieu idéal pour trouver du matériel encore frais et qui aurait de toute manière fini dans la fosse commune. Ils ne manqueront à personne !

Elle s'approcha de l'un d'eux et saisit un long couteau effilé et commença à tailler lentement et méticuleusement la chair du haut du crâne.

L'homme pâli et détourna les yeux.

Sentant le mal à l'aise de l'homme se tenant derrière elle, Althéa sourit et commençant à découper l'os du crâne à l'aide d'une scie.

- mais c'est dégu...

Arrachant dans un bruit de succion la calotte osseuse elle dévoila un cerveau rose aux circonvolutions magnifiques.

- Que crois-tu ? Que je suis devenue l'une des meilleure médecin de l'île en regardant les petites fleurs pousser ? En lisant des livres ? Voyons ! soit réaliste, la science, n'admet pas la médiocrité ! Passes-moi le plateau de métal là-bas...
Althéa de Rioghan
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Posté le 22/09/2017 à 12:58:27. Dernière édition le 22/09/2017 à 13:00:09 

Se réveillant lentement, Althéa ouvrit les yeux et observait la pièce autour d'elle.

La chambre des musiciens l'envoutait toujours autant. Elle aimait cette ambiance à la fois calme et mystérieuse qui en ressortait.

Elle était suffisamment éloignée de toute agitation portlouisienne pour que la française puisse profiter de son silence et s'adonner à ses recherches scientifiques en toute quiétude, lorsque qu'elle était trop éloignée de son "repaire".

Un goût de vanille était présent sur ses lèvres. Elle n'arrivait pas à en déterminer l'origine mais elle se remémorait le rêve étrange qu'elle venait de faire : une brume noire s’approchant d'elle et l'enveloppant un court instant avant de glisser lentement sur la peau fine de sa bouche.

Elle frissonna à cette sensation et sourit étrangement.

Retirant les draps la couvrant, elle se leva, et vit une femme installée dans un fauteuil près de Mstilava. Elle avait la tête penchée sur le livre qu'elle avait emprunté dans la bibliothèque, et était si absorbée par sa lecture qu'elle ne semblait pas avoir entendue la générale française bouger.

Le regard émeraude d'Althéa se posa derrière elle un instant et elle espérait qu'elle n'eut pas trouvé l'entrée dérobée de la petite pièce qui lui servait de laboratoire.

Le cadavre d'un corsaire était toujours là-bas, le torse ouvert, les organes internes déposés dans des coupelles et des plateaux de métal, le cerveau baignant dans un liquide jaunâtre.

Elle ne souhaitait pas se justifier sur ses pratiques que certains pouvaient estimer barbares, ni sur ce qui se passait dans sa tête.

La noirceur de certains ressortait en plein jour, la sienne faisait partie pleinement de son être.

Comme un doux amant l'entourant de ses bras elle se laissait bercer par cette douce folie que personne ne pouvait de toute manière comprendre.


Elle tourna les talons, lissa les pans de son costume de général et sorti dans les ruelles de Port-Louis. Passant devant une habitante elle lui sourit avec douceur et s'empressa de l'aider à porter les lourds sacs qui l'encombrait. La femme la remercia chaleureusement et s’enquit de lui dire ho combien elle était la plus gentilles des femmes d'ici...
Althéa de Rioghan
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Posté le 10/08/2019 à 02:10:40. Dernière édition le 10/08/2019 à 02:32:05 

~~ Liberty, 9 août 1719 ~~

- Madame ! Madame !

La voix d'une vieille femme résonnait dans le couloir menant aux appartements qu'Althéa s'était patiemment élaboré dans les méandres de la roche de Liberty.
La rouquine était plongée dans un ancien manuscrit aux écritures étranges et ne leva pas la tête sur l'entrée en trombe de son interlocutrice. Elle se contenta de pousser un soupire et tourna une page.

- J'ai dis de ne pas me déranger.

- Mais madame. C'est important ! Il se passe des choses sur l'île.

- Il se passe TOUJOURS des choses sur cette île. Cesse de courir dans tous les sens et de faire du bruit, tu me fatigue ! J'ai du travail.

La petite femme brune qui se tenait devant Althéa tournait ses doigts dans tous les sens et se dandinait sur ses jambes frêles.
Excédée Althéa posa le livre sur la table, dévoilant au passage des runes étranges, et planta son regard d'un émeraude profond dans ceux de sa visiteuse.

- Quoi !

La petite femme inspira longuement puis se lança.

- On dit qu'il se passe des choses à l'Est. Des choses étranges et graves. Dulcina serait prisonnière d'indigènes. Ainsi que Jessie, Calica et Kalliopé.

Aux noms évoqués Althéa passa du sourire à la grimace. Autant les deux premiers lui importaient peu autant les deux autres la contrariaient fortement.
Elle haussa tout de même les épaules et se replongea dans son livre.
Voyant qu'elle ne réagissait pas plus que cela à la nouvelle qui faisait pourtant frémir l'île entière, la femme continua sur un ton plus confidentiel.

- On dit qu'une petite fille aux cheveux violets est sortie de la cité française en courant et s'est dirigée tout droit vers les lieux maudits.

Le livre s'échappa des mains d'Althéa et un voile neutre se dessina sur son visage.
Elle se leva lentement, saisie sa rapière et son sac, puis se mit en route, sans un mot, sans un regard en arrière.

La petite femme se baissa pour ramasser le livre tombé au sol alors qu'un vent, s'engouffrant dans la caverne, tournait une page.
Son regard se fixa sur l'image qui se présentait à elle : un cercle contenant une phrase qu'elle ne pouvait déchiffrer, contenant un arbre barré par une étoile à cinq branches. De part et d'autre du cercle se trouvaient deux croissants de lune.

Cette image la fit frissonner sans qu'elle ne sache pourquoi et elle referma le livre dans un claquement.
 

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