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Une bien triste renaissance  
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Océan
Océan
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Posté le 24/10/2015 à 23:02:05. Dernière édition le 29/12/2020 à 16:24:58 

Il y a un plusieurs mois, un jeune homme blond, aux yeux les plus bleus que vous n'ayez jamais vu, posait ses pieds sur l'île. Son bateau avait chaviré au large, et c'est sans souvenir qu'il se réveillait pour la première fois ici. Pourtant Liberty était bel et bien son but, sa marraine hollandaise revenue de Liberty lui en avait tant parlé dans ses courriers. 

Celui-ci était averti que la vie n'y était guère sympathique, mais fougueux, il y a été, comme aspiré par son envie d'aventure. Son arrivée, naïve, s'est passée pour le mieux, accueilli par ceux qui sont aujourd'hui sa seule famille, il a grandi, appris, vieilli, noirci.      
Si la paix et la cordialité créent le bonheur, violence et prudence noircit les cœurs. Même les plus blancs. Du noir, toujours plus de noir. Ces temps enfermés dans des grottes sombres, à ouvrir le ventre de matelots aux dents grises, aux regards foncés, agressifs.  Certains s'accoutument à cette vie, en deviennent même acteurs, comme ceux qui ont sur leur front un bandeau absent de toute couleurs. 

Plongé si profondément dans cela, lui même commença à changer, loin de sa hollande natale, mais bel et bien veillant, dans une caverne humide, appliquant sur ses plaies à la lueur d'une bougie, le vieux bandage qu'un ami avait du lui prêter.           

Ce fut à ces moments, que la voix de sa mère, de la mer, d'un proche, de quoi que ce soit en lien avec son passé l'aurait aidé. Mais rien, le néant, pas même l'ombre d'un son. Peu à peu le bleu se recouvrait d'une épaisse couche d'une fumée toujours plus obscure. Le regard nébuleux du jeune homme se transforma au fil du temps.  Ses cheveux noircirent, son sourire s'effaça, sa gentillesse s'envola.        

Bien qu'il savait qu'il avait des amis, une lettre, un racontar d'ancien pirate borgne puant la mort sur l'exploit de tel ou tel hollandais n'est pas utile quand vous êtes à ce point perdu dans votre mélancolie.        

Alors que tout le repoussait, seule une demeure lui apportait la tranquillité qu'il recherchait, Le Corbeau Noir.  A ces mots, se cherchant un nom, une identité, il se dit alors qu'il deviendrait ce que cette Île a fait de lui. Jusqu'à ce que la folie le quitte,  jusqu'au jour ou le soleil reviendra, jour béni ou le voile noir qui obscurcit son regard se lèvera, alors le jeune homme refera surface du tréfonds de son esprit, maintenant recouvert, par une vague noire.  

       
Il se murmura alors à lui même :
 
"Le Corbeau, c'est ainsi qu'ils parleront de moi"
Le Corbeau
Le Corbeau
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Posté le 29/12/2020 à 16:42:53. Dernière édition le 30/12/2020 à 17:12:08 

De l'eau a coulé sous les ponts de Liberty. Le jeune homme n'a toujours que peu de souvenirs de sa vie Hollandaise, mais il est devenu un individu notoire de Liberty. Sa réputation, plutôt mauvaise, n'est plus à faire, et c'est avec une peur et des inquiétudes permanentes qu'il vit. Jamais trop apprécié, surtout chassé, cela ne lui pose pas de souci. Toutefois, une vie autant ancrée dans le présent a finit par lui réclamer un passé. C'est pourquoi, un passage rapide aux Pays-Bas le tente de plus en plus.
 
Cette idée de repasser visiter l'Europe à la recherche de quoi que ce soit commençait à s'imposer de plus en plus. Il n'a qu'une adresse, dans une petite ville proche de la grande Amsterdam. En voyant un jour un navire poser l'ancre, la possibilité de concrétiser son idée lui apparut. Il pouvait simplement, dérober ledit navire, voguer jusqu'en Europe, enquêter sur lui même, puis revenir une fois ses informations obtenues. 
 
"Au moins un prénom, un âge !" se disait-il alors.
 
Le navire posa l'ancre en dehors de tout port. Le jeune homme le regarda, puis attendit non loin de la plage, le premier individu à oser accoster. Le capitaine était une femme. Elle vociférait tant qu'on entendait sa voix de colon depuis la côte. Après cinq années sur Liberty, on sait qu'une femme capitaine non travestie en homme est une chose rare. Le Corbeau, qui au préalable avait payé quelques mercenaires pour l'occasion, savait pertinemment que tuer cet individu serait une chose simple, mais voler le bateau allait être autrement plus ardu. Aussi, une fois la barque contenant le capitaine et les deux matelots eut débarqué sur la plage, quelques tirs retentirent et voilà que le bateau n'avait plus sa capitaine, et était soulagé de deux marins.
 
Le Corbeau et ses hommes attendirent quelques temps l'arrivée d'autres membres de l'équipage, pour entamer les pourparlers. L'échange était simple, un aller-retour pour l'Europe contre une partie de la fortune du Corbeau amassée ça et la à diviser entre chacun des matelots. L'or corrompt si vite la loyauté.

Avant le départ, il allait falloir pour le jeune homme trouver quelqu'un digne de sauvegarder ses intérêts, quelqu'un de confiance. Il savait déjà qui choisir pour remplir ce rôle. Une jeune femme, obéissant à la couronne d'Espagne qui l'avait accompagné il fut un temps, une petite voleuse qui rôdait sans cesse autour du bar de la plage pour y détrousser les corsaires ivres. En échange de l'autre partie de la fortune du Corbeau, et de son estime, elle serait capable de tenir ce rôle.

Le Corbeau lui tint alors ce discours en lui donnant un bout de papier plié :

"Ma p'tite Maria, j'vais m'tirer pour quelqu'temps, t'vas t'occuper d'mes intérêts ici, et tenir mes engagements et mon pognon. De toute façon, c'qui reste s'ra pour toi. J'te l'laisse si tu tiens les promesses qu'j'ai fait. Sauf la dernière, ouais.. Ca même si tu voulais t'pourras pas ! J'reviendrai au plus vite, t'as pas intérêt à foutre la merde ou à crever, j'te r'trouv'rai de tout'manière !"

Et celle-ci accepta sans sourcilier.

Fournitures arrimées, toutes voiles dehors, le navire partit, laissant Maria Cobham, fille d'une des sœurs d'Eric Cobham de Poole seule pour tenir les engagements du Corbeau. Le Corbeau, quant à lui, ne regarda même pas Liberty s'éloigner, sachant son retour déjà imminent. 

 

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