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Un coeur gros... comme ça?  
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Dulcina Fagney
Dulcina Fagney
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13/02/2006
Posté le 10/12/2012 à 23:23:11 

Mieux vaut une chaumière où l'on rit qu'un palais où l'on pleure.

Aimer, c'est laisser entrer la personne concernée dans son coeur.
Amis, amants, enfants... le coeur est extensible. Mais à chaque fois qu'un locataire en sort, brutalement, c'est une pièce vide qu'il laisse. Autant de pièces... qui ne se repeuplent pas.

La tache noire au centre de cette main représente l'obscurité qui envahit peu à peu ce coeur. Une sorte de malédiction a touché cette maison qui se voulait chaleureuse. Qui s'est agrandie au fil des années, jusqu'à devenir ce chateau glacé.

Chaque jour, l'irlandaise erre dans les vestiges d'un palace qu'elle a souhaité se bâtir. Habité par des fantômes qu'elle n'arrive à oublier, et qui la hantent chaque jour.

Elle a pourtant bien tenté d'en repeindre les murs... du rouge, au blanc, puis au jaune. Mais rien n'y a fait...
Elle a trouvé un nouveau colocataire, qui s'occupait depuis quelques mois de rallumer le feu de cette cheminée. Mais à quoi bon l'allumer, s'il n'est pas alimenté?

Les maisons sont faites pour être habitées, non pour être vues. Bâties pour abriter un foyer...
Le coeur n'est rien de moins qu'une maison. Qui s'effrite avec le temps, si on ne l'entretient pas.
Dulcina Fagney
Dulcina Fagney
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13/02/2006
Posté le 13/12/2012 à 16:30:12 

Dans le palais des émotions, il y a beaucoup de chambres.
Antoine Audouard

Tout commence par une maison familiale. Une chambre pour sa soeur, une chambre pour son frère. Puis, d'autres personnes viennent habiter, dans la joie et la bonne humeur. Jamais trop envahissantes, elles égaient la maisonnée.

Et puis un jour, arrive un locataire pas comme les autres.
Celui-ci était imposant, pas uniquement physiquement. L'irlandaise tomba sous le charme presqu'instantanément. Il faut dire que lui aussi fut conquis par cette petite maison dont elle lui ouvrait les portes.

Rapidement, elle lui confia les clés de son univers. Il avait sa chambre... mais il venait bien souvent dans celle de la propriétaire, qui était devenue la sienne, et qui se meublait d'une certaine innocence.
Tout paraissait beau dans cette maison, en sa présence. D'aucuns auraient pu en témoigner, lorsqu'ils étaient de passage.
Jusqu'au jour où le locataire mit brutalement fin au compromis qu'il avait signé pour en devenir co-propriétaire, sans raison aucune. Fichu délai de rétractation...

Jamais encore les lieux n'avaient paru si vides à l'anglaise. Le hollandais avait si bien su faire vivre l'édifice qu'il paraissait impossible de lui rendre vie.

Mais il est certains hommes qui ne craignent pas les travaux...
Dulcina Fagney
Dulcina Fagney
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13/02/2006
Posté le 14/12/2012 à 14:02:40 

Les chambres de ceux qui sont morts jeunes sont le sanctuaire de leur absence, mais aussi le refuge de la lâcheté des vivants.
Carmen Posadas

Trop de pleurs mènent à l'inondation des sols.
Il arrive qu'une catastrophe vienne faire quelques dégats dans une demeure. La pluie abondante est de ce genre d'évènement.
Le départ d'Ammokk, aussi soudain qu'inattendu, eut l'effet d'un glissement de terrain sur le havre de paix que Dulcina s'était construit, au plus profond de son coeur.

La stabilité de l'édifice en avait pris un coup... son premier, son grand amour était parti, emportant avec lui la force des murs porteurs de la maison.
Ici et là, des brèches. A d'autres endroits, des effondrements.

Et pourtant, aussi étrange que cela puisse paraître, au moment même où tout menaçait de lâcher, un maçon fit son apparition. En réalité, celui-ci avait déjà commencé à dresser une nouvelle chambre, au fond de la maison. Ou plusieurs, devrait-on dire... sa famille au complet venait de s'installer dans la demeure que représentait le coeur de Dulcina.

Nick, le maçon du coeur, stabilisa les lieux. Et mieux encore... il l'aida à reconstruire. A l'agrandir, contre toute attente.
Cette maison avait retrouvé une âme, et s'apprêtait à accueillir une nouvelle génération.

Les piliers étaient solides, cette fois-ci. Il était évident que le terrain ne glisserait plus.
Mais il existe bien d'autre catastrophes qui peuvent altérer une maison...

Un raz de marée. Voici ce qui avait emporté Nick et Alanis.
La bâtisse ne pouvait plus vivre sans eux, et Dulcina savait qu'elle n'aurait pas dû échapper à ce raz de marée.

La chambre maritale était noire de boue. Il fallut plusieurs mois à l'irlandaise pour revenir la nettoyer. Pour venir en faire son sanctuaire... le lieu de ses souvenirs les plus précieux.

Et la maison, qui s'était tant agrandie, n'avait désormais plus aucune prétention.
Dulcina Fagney
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13/02/2006
Posté le 18/12/2012 à 14:21:36 

L'ornement d'une maison, ce sont les amis qui la fréquentent.
Ralph Waldo Emerson


Toute maison hantée, aussi abandonnée paraisse t-elle, peut un jour retrouver vie.
En l'occurence, celle-ci n'avait jamais cessé d'être fréquentée, par des habitués. La poussière ne les effrayait pas, ils aidaient même à nettoyer, à redonner un coup de neuf à cet édifice autrefois joyeux.
Rien de tel que des amis pour enlever les araignées du plafond...

C'est grâce à ses proches que Dulcina avait trouvé le moyen de redresser la ruine que son coeur était devenu. Sans chercher pourtant à en faire un palace, elle en entretenait les pièces principales, de vie, afin d'y trouver un peu de chaleur.
Nico l'avait aidée à réhabiliter, tout doucement. D'autres avaient accouru dès qu'ils avaient su, Noudwi le premier.

Puis, au fil du temps, elle comprit qu'ils étaient le ciment de sa vie. Chacun de ses amis occupait une chambre qui lui était propre, aménagée à sa manière.
Ils l'aidaient à passer devant la chambre maritale, à affronter le berceau et ses souvenirs.

Ses amis, ses proches. Elle n'avait plus besoin d'un locataire permanent, désormais.
Dulcina Fagney
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13/02/2006
Posté le 20/12/2012 à 23:09:15 

Le mariage est un enfer s'il y a une chambre commune ; chambres distinctes, il n'est plus que le purgatoire ; sans cohabitation (en se rencontrant deux fois par semaine), il serait peut-être le paradis.
Henry de Montherlant - "Les lépreuses"

Elle n'attendait plus rien de la vie. Elle vivait pour ses amis. Elle vivait pour sa fille, même si celle-ci la fuyait. La chambre d'Alanis lui paraissait vide, si vide... elle la voyait toujours décorée de la même manière, alors même qu'elle aurait dû changer, gagner en maturité.

Et puis un jour, un homme masqué vint frapper à la porte. Cet homme, elle le connaissait, car il avait déjà occupé l'une des chambres de la maison.
Au fil des mois, il revint. S'approchant chaque fois davantage de la chambre de Dulcina, cherchant à l'investir, jusqu'à y parvenir.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, cet homme masqué était parvenu à faire cohabiter un nouveau couple marié, dans cette bâtisse qu'il prétendait rénover.
Il paraissait si bon maçon. Mais en réalité, s'il tenta de colmater les brèches et construire de nouvelles pièces, ayant pour projet de créer là un véritable palace, il s'avéra vite qu'aucune de ses fondations n'était stables.

Pourtant, elles supportèrent beaucoup de tempêtes et d'orages, noirs. L'irlandaise croyait au travail de l'hidalgo, même s'il ne venait encore que trop peu la voir. Elle fit donc tout pour lui permettre de se débarrasser de ces obligations qui l'empêchaient de venir terminer ce qu'il avait commencé... de bâtir ce palais dont elle avait rêvé, avec lui.


Mais le rêve n'en resterait jamais qu'un. Il lui avait fait condamner la chambre d'un mort qui était devenu un sanctuaire. Mais au final, lorsqu'il fut donné à Alejo de tomber le masque, et d'habiter ce logement dont ils avaient rêvé, les enchantements prirent fin. Avec le masque, étaient tombés tous les mensonges, toutes ces choses qui jusque là avaient été cachées. La peinture s'écaillait, et les murs révélaient leur faiblesse, la fragilité avec laquelle ils avaient été bâtis.
Des murs qui se seraient voulus sains... sur un sol de sable, complètement instable.

Et il y eu la tempête de trop. Celle qui fit s'effondrer tout ce qui avait été construit, le jour où la porte claqua trop fort, à son départ. Au grand désarroi de la propriétaire de cette maison, qui constatait avec autant de souffrance que d'amertume que la chambre qu'elle souhaitait construire et aménager, celle de l'enfant qu'elle portait, n'avait, dans son esprit, plus aucune couleur...
Noire... comme l'avenir de cette bâtisse trop de fois effondrée...
Dulcina Fagney
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13/02/2006
Posté le 28/12/2012 à 18:42:48 

Un artiste, c'est celui qui a le don d'éclairer une chambre noire.
Eric Cantona


Les artistes sont bien souvent seuls. Incompris, marginaux...
Le français que l'irlandaise croisa, ce soir là, à Port Louis, était devenu de ceux-là.

Bien qu'épaulée, entourée dans les épreuves qu'elle traversait par ses amis, ceux-là même qui l'aidaient encore à réaménager les ruines que le passage du dernier mari avait laissées, elle trouvait sa bâtisse sombre.
Dans quoi pourrait-elle accueillir cet enfant pourtant tant attendu?

Mais il est de certains hommes qui sous estiment ce qu'ils sont.
Jean-François était de ceux-là. Le Grand Croix avait un coeur aussi dévasté que l'était celui de l'irlandaise. A tel point que lorsqu'ils se trouvèrent nez à nez, il leur apparut comme une évidence que seuls des efforts communs pourraient leur permettre de rebâtir leur demeure.

Montecroix n'avait aucune prétention, bien au contraire. Il avait décidé de vivre en solitaire, sans domicile fixe. Et aussi incroyable que cela puisse paraître, aussi dangereux que cette situation pouvait l'être, elle semblait, et de loin, la plus supportable pour Dulcina, désormais.

Petit à petit, seule la chambre de l'enfant reprit des couleurs. Elle se voulait accueillante, chaleureuse, reflet d'une famille qu'il méritait plus que tout. Cela serait son point de repère, là où les parents, eux, n'avaient aucune idée de là où ils allaient habiter...
Dulcina Fagney
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13/02/2006
Posté le 13/01/2013 à 13:20:56 

La personne qui remonte le moral des autres et qui tente de contribuer au bonheur général est souvent la personne la plus triste et seule... mais elle n'avouera jamais avoir besoin d'aide.
Jean-Paul Sartre

Beaucoup de portes se sont fermées, depuis quelques temps. Les chambres qu'elles abritent prennent la poussière, ce n'est pourtant pas faute de tenter de les entretenir. Quoique... peut-être, qu'au fond, l'irlandaise les laissait, malgré elle, à l'abandon.
Une seule pièce lui importait, maintenant : la chambre parentale.

La maison aurait pu se résumer à cette chambre, que cela aurait suffit à celle qui venait de rendre son bandeau espagnol. Comme un cocon, comme si en sortir lui faisait désormais peur.

Parfois, des personnes passaient par là. L'irlandaise leur souriait, sans rien laisser montrer de son malaise. Mais dès qu'ils avaient quitté les lieux, ou continué leur chemin, elle s'empressait de rejoindre la pièce centrale...
Dulcina Fagney
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13/02/2006
Posté le 04/02/2013 à 16:45:11 

Le bonheur est à votre foyer, ne le cherchez pas dans le jardin des étrangers.
Douglas Jerrold

Une partie de la maison venait d'être condamnée, une aile entière, aujourd'hui. Avec la ferme intention de ne plus jamais la rouvrir, désormais.
Il y a peu de temps, un autre coin avait été fermé. Pas définitivement cependant, même si en l'état actuel des choses, il était impensable que l'on puisse y retourner.

Observant une dernière fois ce pan de l'habitation qui se devait de disparaître, l'irlandaise ne put s'empêcher de verser une larme. La dernière. Et lorsqu'elle vint s'éclater à terre, devant la porte, après avoir parcouru la joue de la jeune femme, cette dernière tourna le dos. Pour de bon.

Elle rejoignit alors la nouvelle aile qui était encore en travaux, mais semblait viabilisée. Il y aurait encore des choses à construire, c'est certain. A la condition même qu'une nouvelle catastrophe ne s'abatte pas sur l'édifice avant qu'ils n'aient pu complètement le solidifier. Mais elle partait confiante, désormais. Elle avait trouvé un moyen de réorienter le mauvais sort. Ailleurs. Dans une autre direction que sur sa maison.
Ou tout du moins croyait-elle en être persuadée.

Mais c'est en regardant devant soi que l'on avance. Certainement pas en arrière.
Non, les travaux ne l'effrayaient pas... parce qu'elle avait une vision précise de ce qu'elle espérait bâtir, au bout. Et parce que c'est bien connu que l'espoir fait vivre...
Dulcina Fagney
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13/02/2006
Posté le 20/02/2013 à 19:55:17 

L'amitié est plus souvent une porte de sortie, qu'une porte d'entrée de l'amour.
Gustave le Bon

Il est des portes qu'on se croit incapable de refermer. Et puis, un jour, on réalise que c'est indispensable.

Lorsqu'une maison est touchée par des catastrophes, il y a toujours des pans qui souffrent plus que d'autres, si elle n'est pas entièrement soufflée, bien évidemment.
Il y a des pièces que l'on peut reconstruire, si les murs sont solides, s'ils ne craquent pas, et tiennent. Mais parfois, les murs sont tellement fragilisés, pas une, pas deux, mais plusieurs fois, qu'ils s'effritent avant même d'avoir pu être resolidifiés, et finissent par faire s'effondrer le plafond de la pièce qu'ils soutenaient.

La chambre de Nico était de celles-là : elle avait souffert. Elle s'était retrouvée exposée, à plusieurs reprises, aux différents cataclysmes qui avaient envahi la maison.
Et l'irlandaise n'avait pas réussi à la rénover. A lui rendre son éclat. Si bien que désormais... elle se voyait forcée d'en condamner l'accès.

Il ne viendrait plus. Jamais... Il ne voulait plus pénétrer dans cette maison où il avait subi les intempéries de plein fouet. Comme Ric avant lui, probablement, quoique Ric s'était chargé lui-même d'abattre sa chambre, sans fournir de raison.

Mais après tout, n'était-ce pas là les effets directs de la malédiction? Celle-ci avait accablé la maisonnée durant tant de temps, et même si elle était désormais levée, les effets retard s'en faisaient encore ressentir.

La main de Dulcina tremblait alors qu'elle posait, fébrilement, la planche qu'elle clouait contre la porte de la chambre de Nico. Une chambre dans laquelle elle avait pourtant passé tant de temps, par le passé... révolu...
Dulcina Fagney
Dulcina Fagney
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13/02/2006
Posté le 15/05/2013 à 23:35:02 

Le bonheur s'édifie parfois sur des ruines plus solidement que sur des fondations nouvelles.
Marie-Antoinette Grégoire-Coupal


On ne repart jamais de zéro, lorsque l'on se reconstruit. Parce qu'il y a cet amas de pierres, duquel l'on peut, au choix, faire surgir des ruines, ou des fondations.

Dans l'édifice rebâti, le bonheur retrouvait sa place. Il était là, dans le regard aimant d'un compagnon, dans le premier rire d'un enfant, dans la simplicité d'une famille qui oubliait, l'espace de précieux instants, les tourments extérieurs.

L'irlandaise avait fermé de nouvelles portes. Pas définitivement... peut-être espérait-elle toujours recevoir la visite de ceux qui s'étaient éloignés.
Le départ de Raul l'avait attristée. C'est avec regret qu'elle avait rabattu la porte, lui souhaitant au fond d'elle de trouver le bonheur, loin d'ici. Loin de cette bâtisse qui avait fait souffrir, malgré elle, tant de ses amis.
Sora en était encore un exemple : elle aurait voulu l'aider, mais il la fuyait, désormais. Aussi certainement qu'il fuyait la peste, ou tout autre fléau, que l'anglaise représentait désormais à ses yeux.
Et Kurota? Lui avait-elle, malgré elle, donné le sentiment de lui avoir fermé la porte?
Plus récemment, il y avait Armand... ce gentilhomme, pour lequel elle avait appris à éprouver bien plus que du respect, au fil des années. Cet ami à qui elle devait tant, aujourd'hui disparu.

Et Noudwi... elle passait souvent devant sa chambre, y pénétrant même parfois, s'asseyant sur ce qui lui servait de lit, rudimentaire, les jambes croisées. Elle pouvait y passer des heures, mais son fils la rappelait à la raison en réclamant son attention.

Cette maison était pleine de souvenirs. D'excellents à plus douloureux, bien entendu.

Elle retrouvait sa solidité. Sa chaleur d'antan. Elle se faisait plus discrète, aussi, à la devanture probablement banale aux yeux des passants qui ne savaient pas ce qu'elle renfermait.

Mais pourtant... malgré la confiance que l'irlandaise avait en ces fondations, renforcées par ces ruines, il était une chose qu'elle craignait plus que tout : le terrain. Liberty...
Le terrain pouvait à tout instant se montrer glissant. Et toute forteresse qu'elle soit, une chaumière ne peut faire face à un terrain qui se dérobe.

Et c'est avec appréhension qu'elle redoutait l'instant où les éléments extérieurs se déchaineraient à nouveau sur sa maison, devenue la leur. Lui, comme elle, devaient s'y attendre, s'y préparer...
Ehawee, fille du vent
Ehawee, fille du vent
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13/02/2006
Posté le 25/06/2014 à 12:58:28 

Ce ne sont pas les pierres qui bâtissent une maison, mais les hôtes.
Proverbe indien

Une année s'était écoulée. La maison semblait abandonnée.
Elle eût mérité un entretien, mais sa propriétaire avait occupé des logements aussi divers que variés, durant tout ce temps.

Elle voyageait, dira-t-on. D'un port à l'autre, d'une destination à une autre, en compagnie d'un être qu'elle espérer sauver, du bâtisseur qui l'aiderait à remettre sa maison en état.
Le pourrait-il un jour? Elle en garderait pour toujours l'espoir, tout au fond d'elle.

Elle poussait la porte de cette bâtisse qui lui avait tant manqué. Des hôtes qui en avaient franchi le seuil, certains l'avaient retrouvée, et voulaient la ramener chez elle. Elle n'eut pas de mal à accepter le marché qui lui fut proposé, ou peut-être le marché fut-il accepté par Jean-François, elle n'aurait su le dire.  

Le couloir lui semblait long, bien plus encore que tous ces voyages réalisés en un an. Plus que quelques mètres la séparaient maintenant de la chambre de l'enfant...
Dulcina Fagney
Dulcina Fagney
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13/02/2006
Posté le 08/07/2014 à 14:03:52 

Si l'on entre par la porte du plaisir dans la maison de la fortune, l'on en sort d'ordinaire par la porte du chagrin ; ainsi du contraire.
Balthasar Gracian y Morales


Dulcina était rentrée chez elle. Elle n'était pas passée par la grand'porte, elle revenait avec de la peine au coeur. Sans Jean-François...

Après avoir balayé devant sa porte, et accueilli, ces derniers jours, nombre de ses proches sur le seuil de la maison, elle se décida à s'enfermer de nouveau chez elle. 
Ses deux enfants étaient là. L'un jouait, l'autre attendait l'heure où il pourrait voir le jour.

L'irlandaise savait qu'elle avait du travail. Elle devait rénover la maison, et se tenir prête à y accueillir le père de famille, celui pour qui les yeux de ses enfants s'animeraient, lorsque le son "Papa!" sortirait de leur bouche.

Sa décision était prise. Elle ne quitterait plus le confort et la sécurité de cet endroit. Elle l'avait promis à Jean-François, elle protégerait ses enfants du monde extérieur. Jusqu'à son retour.

Elle ferma alors le loquet de la lourde porte d'entrée, et verrouilla toutes les sorties. Le judas à la porte lui permettrait de sélectionner bien précieusement les invités qui viendraient leur rendre visite.

Le jour où ils sortiraient, tous trois... ce jour là, le bonheur serait de retour, pour de bon, dans la maisonnée.
Peau Rouge
Peau Rouge
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13/02/2006
Posté le 21/07/2014 à 11:51:34 

Quand le feu est à la maison de ton voisin, la tienne est en danger.
Proverbe grec antique.


Dulcina est calfeutrée. Les seules sorties qu'elle s'accorde, c'est pour rendre visite à la marraine de son fils, alitée et souffrant de sa grossesse difficile. La délivrance est pour bientôt, paraît-il... qui mieux que l'irlandaise peut comprendre ce qu'elle ressent?

Le reste du temps, elle joue avec son fils, retape sa maison. Et surtout... suit l'actualité de son voisinage.
Elle est générale des troupes anglaises, mais laisse Marneus les diriger : il est sur le terrain. Ce qui ne l'empêche pas de s'inquiéter, fortement, de la situation.

D'abord, les disparitions des êtres auxquels elle tient... Effirie, Wildekat, Alejo, notamment. Aucun d'entre eux ne lui a répondu, et les nouvelles ne semblent pas bonnes : ils ne sont plus eu- même... ce n'est pas possible, ils ne peuvent pas être... morts... Ten aurait rejoint le groupe, dit-on...

Puis, les actions des pirates rouges. Dulcina s'est fait violence, le soir où ils ont attaqué New Kingston, pour ne pas sortir de chez elle. Et s'ils n'étaient pas parvenus à repousser l'attaque? 

L'île est en danger, elle le sait. Se morfondre et attendre n'est pas son genre. Et pourtant, elle lutte, elle sait que si elle sort, elle commettra les mêmes erreurs que dans le passé : se mettre en danger, et surtout, mettre ses enfants en danger...
Et cette fois, Jean-François ne sera pas là pour les sauver.

Alors elle tient bon. Elle a confiance en Téquila et Marneus, elle sait qu'ils vaincront. Elle prie, chaque jour que Dieu fait, pour qu'ils parviennent à enrayer la menace. Et aussi, surtout, pour qu'ils ne perdent pas, eux aussi, leur âme, face à ces terribles adversaires...
Dulcina Fagney
Dulcina Fagney
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Posté le 23/02/2015 à 23:28:01 

Un enfant sans père est semblable à une maison sans toiture.
Proverbe cambodgien.


Les mois passaient. Dulcina avait quitté, l'espace de quelques semaines, sa modeste demeure pour rejoindre celle de sa famille 4 Lunes.
Les souvenirs affluaient, chaque chambre personnelle était telle un portrait qu'elle rapporterait chez elle, chaque pas qu'elle y effectuait lui rappelait un passé révolu, mais heureux.

Elle avait mêlé ce passé à son présent, et son avenir. En y amenant Alexis, et en y accouchant de la descendance de Montecroix, sous le regard de pierre du buste de Nick.

En revenant chez elle, la vérité lui sauta aux yeux : ses enfants n'avaient plus de père. Pourrait-elle, saurait-elle un jour combler ce vide qu'ils subiraient malgré elle?
Elle ne pouvait pas y laisser entrer la moindre intempérie. Elle se devait de les protéger de tout.

Elle s'interrogeait sur la manière de combler ces tuiles manquantes, lorsqu'Alanis revint rôder autour de la maisonnée. 
La mère de famille observa sa fille, figée. Elle lui proposa d'entrer, mais celle-ci avait mieux à faire.

Dulcina en fut soulagée : elle avait encore des travaux à faire, avant de la laisser redécouvrir cet endroit qu'elle n'avait que trop tôt quitté.

L'irlandaise s'enferma dès lors dans cette maison, seule, ou presque :Choco était toujours là pour l'aider à combler ce qui n'allait pas. Prodigy aussi s'était joint aux efforts de l'anglaise pour réaménager les lieux.

La chambre des jumeaux, celle d'Alexis, étaient prêtes, achevées.
Restait à revoir celle d'Alanis... et Dulcina commença à dégager tout ce qui la ramenait à la petite fille qu'elle avait élevée. Il était temps de réadapter la pièce à ce qu'elle était devenue...
Dulcina Fagney, dite Dudu
Dulcina Fagney, dite Dudu
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Posté le 17/06/2015 à 11:36:37 

Lorsque les résidents sont modestes, la maison est bien assez grande.
Proverbe serbe.

Le temps était venu de bâtir cette maison de famille dont l'irlandaise avait tant rêvé.
Abriterait-elle un jour tous les membres de sa famille? Elle ne pouvait le dire, car à chaque fois qu'elle se rapprochait du modèle familial qu'elle visait, un drame venait toujours détruire celui-ci.

Qu'à cela ne tienne : ses enfants auraient droit à un toit, stable. Et leur père pourrait venir les rejoindre quand il le souhaiterait.

Tout avait été fait pour qu'un nombre restreint de personnes sache où l'irlandaise allait s'installer. Ses ennemis ne pourraient la retrouver.

L'anglaise avait changé. Elle se battait pour la dernière fois aux côtés de ses compatriotes, elle profitait de ces derniers instants échangés avec ces gens qui l'accompagnaient depuis si longtemps maintenant, ou plus récemment.
Le départ n'en serait que plus difficile. Mais sa résolution, et sa détermination, étaient grandes : au bout, il y avait le bonheur. Et pour la première fois, elle saurait l'embrasser sans se soucier d'autre chose.
Dulcina Fagney
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Posté le 20/10/2017 à 23:15:09. Dernière édition le 07/02/2018 à 15:58:24 

Les murs porteurs
Florent Pagny
https://www.deezer.com/search/florent%20pagny%20murs%20porteurs

Passée la folie des grandeurs 
L'envie de jouer les grands seigneurs
Passée l'ivresse, passée l'ardeur 
Quand les fruits n'ont plus de saveur 

Revenue de sept ans de malheur 
De 3 accouchements dans la douleur 
Lassée de mentir, de faire l'acteur 
Quand on n'est plus à la hauteur 

Restent les murs porteurs 
Des amis en béton 
Deux fils, et leurs 2 soeurs 
Pour voir à l'horizon 

Restent les murs porteurs 
Pour tenir la maison 
Pour surmonter ses peurs 
Ou vaincre ses démons 

Des promesses la main sur le cœur 
Plus forte que d'être la meilleure 
Perdue dans le collimateur 
Qu'on soit soldat ou déserteur 

Des souvenirs gravés dans le cœur 
Des milliers d'heures d'amour au compteur 
Des beaux discours, des beaux parleurs 
Qu'on soit dans le flou ou dans l'erreur 

Restent les murs porteurs 
Des amis en béton 
Deux fils, et leurs deux sœurs
Pour voir à l'horizon 

Restent les murs porteurs 
Pour tenir la maison 
Pour surmonter ses peurs 
Ou vaincre ses démons 

D'aimer les durs, les cascadeurs 
Des souvenirs hauts en couleur 
De l'utopie d'un monde meilleur 
De tout ce qu'on a appris par cœur 

Restent les murs porteurs 
Pour se couper du vent 
Pour tenir la longueur 
Faire face aux tremblements 

Restent les murs porteurs 
Pour s'abriter du froid 
Pour conjurer le malheur 
Et retrouver sa voie 
Dulcina Fagney
Dulcina Fagney
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Posté le 07/02/2018 à 16:01:31 

Ma maison
Calogero
https://www.deezer.com/search/calogero%20ma%20maison

Quand mes pas me guident, 
Là devant la maison vide 
Volets tombant et pleurant, 
Soudain tout revient d’avant 
Ici, il y avait des rires, 
Des secrets et des soupirs 
Mais le temps comme le lierre, 
A tout recouvert d’hier 
 
Ils s’en vont, où sont les rires, où sont les sons 
Qui remplissaient le soir ma maison 
Lune d’Avril, blanche saison 
Où sont passés ceux que nous étions 
Elle est vide, elle est seule, ma maison 
 
Croyez-moi si j’entends 
Résonner nos soirées d'antan 
Ici c’était un royaume 
Rempli de rêves et de mômes 
Désormais les gens ne savent plus
Où est la joie du temps perdu
Les rires, le temps les emportent 
comme le vent les feuilles mortes 
 
Ils s’en vont, où sont les rires, où sont les sons 
Qui remplissaient le soir ma maison 
Lune d’Avril, blanche saison 
Où sont passés ceux que nous étions 
Elle est vide, elle est seule, ma maison 
 
Quand mes pas me guident, là devant la maison vide
Le Masque
Le Masque
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Posté le 23/11/2018 à 17:35:36 

Si tu ne peux être une étoile au firmament, sois une lampe dans ta maison.
Proverbe arabe

Encore l'une de ces nuits à ne pas trouver le sommeil. Depuis la mort d'Alanis, elle ne pouvait fermer les yeux sans que la vision du corps pendu de sa fille ne la hante.
Là, assise en tailleur à même le sol, elle observait les étoiles. Le reflet de la lune dans la mer qui entourait son île offrait pourtant un paysage des plus sereins.

Mais la sérénité l'avait quittée. Les semaines passaient, mais n'apaisaient pas la douleur. Elle vivait dans le regret, dans la colère. Cette dernière s'était insinuée en elle, vicieuse, jusqu'à noircir son cœur.
Elle la contenait, elle la masquait. Alexis souffrait, elle le savait. Il était resté presque un mois sans prononcer un mot, avant qu'elle ne parvienne, enfin, au travers de la violence, à le faire s'exprimer. Tous deux avaient participé à un lancer de pots de confiture sur les murs de la maison, criant, évacuant l'injustice, et cette douleur qui les paralysait.
Cela avait en partie libéré son garçon. Ses plus jeunes frère et sœur, Marius et Catherine, l'avaient ressenti, et étaient parvenu à lui faire retrouver le sourire. Et la parole… 

Mais pour l'irlandaise, les confitures n'avaient rien changé. Plus le temps passait, plus elle savait, ressentait, qu'elle ne pourrait retrouver la paix tant qu'elle n'aurait pas évacué cette colère. La douleur ne pourrait s'estomper tant qu'elle vivrait avec cela.

Elle entendit le frémissement de l'herbe derrière elle, et reconnut le pas doux de l'homme qui l'avait suivie sur son île. Il posa une main sur son épaule, puis dans son dos. Sans un mot. 

Elle parlait peu, mais il n'avait pas besoin de ça pour la comprendre. Son soutien était précieux, tant pour la conforter, que pour s'occuper des enfants quand elle-même n'y parvenait plus.

L'irlandaise était consciente qu'elle ne pouvait continuer à vivre ainsi. Qu'elle devait offrir à ses autres enfants autre chose qu'une mère aigrie, en peine. Qu'elle devait faire son deuil, pour mieux se tourner vers eux.
Pour redevenir la lumière dont ils auraient besoin, dans leur foyer, pour grandir paisiblement.

Il n'y avait pas d'autre solution pour cela. Elle devrait les quitter, le temps de faire le nécessaire pour faire son deuil. Les quitter, pour mieux leur revenir.
Alexis avait compris, tout du moins le semblait-il. Marius et Catherine comprenaient un peu moins, mais leur Nanny serait là pour s'occuper d'eux. Dans ce havre de paix qu'elle leur avait bâti. Et dont l'une des chambres ne serait, désormais, plus jamais occupée...
Dulcina Fagney
Dulcina Fagney
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Posté le 28/01/2020 à 00:18:36 

Un petit chez-nous vaut mieux qu'un grand ailleurs
Proverbe québécois

Un peu plus d'une année s'était écoulée.
Une année où les sentiments les plus forts, colère, passion, haine, amour, chagrin, peur... s'étaient côtoyés, enchaînés, bouleversant de bien des manières le foyer de l'irlandaise.

Mais il est de certains sentiments qui surpassent tous les autres.
Et la lumière avait éclipsé l'obscurité dans la demeure des Fagney.

Avec le temps, la méfiance et les dangers avaient poussé la maîtresse des lieux à poser des verrous, pour mieux contrôler l'accès à sa demeure. Quitte à en restreindre la taille. 

Un nouvel occupant s'était installé, et la joie avait repris ses droits. 
Voynich partageait la suite parentale, et s'était approprié la maison de l'irlandaise, dans laquelle la vie était pleinement revenue. 

Pour la première fois, elle avait la sensation, réelle, de partager un "chez-nous" . Plus qu'une sensation, c'était meme devenu une conviction. 
Il ne resterait toujours qu'une chambre cruellement vide. Mais sa présence permettait d'offrir, aux occupants de la maison, des souvenirs que l'on garderait joyeux de celle qui avait dormi ici...
Dulcina Fagney
Dulcina Fagney
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Posté le 31/01/2021 à 00:06:08. Dernière édition le 01/02/2021 à 23:58:38 

Ce que tu as dans ta maison, ne le publie pas devant le monde.
Proverbe allemand

En deux années, le logis avait été totalement rénové. Le sous-sol avait également été aménagé, à l'image de l'alchimiste qui y résidait désormais.

Rien ne semblait plus pouvoir troubler la quiétude de cet endroit. Ce havre de paix, qu'ils entretenaient à l'image de leur famille. Une petite maison dans la prairie, isolée de tout, principalement des nuisibles d'ailleurs.

L'isolement... tel était le prix à payer pour leur tranquillité. Pour conserver leur petit jardin secret. Un jardin qu'ils continueraient de cultiver, de la plus belle des manières, pour cette nouvelle année qui débutait.

 

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