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Que le grand trac me truc !  
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Bishop Saül Penn
Bishop Saül Penn
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22/12/2008
Posté le 06/03/2012 à 10:32:03 

Aucun marin ne vous dira qu'il aime la mer. Aucun ne prétendra non plus la détester pour autant.

Mais Jean Chenal, en dépit de son nom, n'a rien d'un matelot. Tout juste sait-il le prétendre, comme n'importe quel homme de scène. Et comme un capitaine dresse l'inventaire des navires qu'il a dirigé, Jean passe en revue les costumes et les pavillons qu'il a abordé. Il est particulièrement fier de sa dernière trouvaille : un ensemble de pasteur déniché dans la cave du monastère, lui donnant l'alibi d'arpenter Ulungen comme n'importe quel protestant en voyage. Mais ces courses à la feinte et ces artifices ne cessent, depuis quelques mois, de le lasser. Un bref passage à Port Louis, berceau de son arrivée, le pique de nostalgie comme le ferait un rhumatisme par temps de pluie. Un acteur ne joue pas les sentiments, il les ressent et fait de son mieux pour les contrôler, comme un schooner lâché en pleine vitesse par gros vent.

Aucun marin ne vous dira qu'il aime la mer, mais tous loueront le vent, même les plus grosses tempêtes.

Et Jean est un peu de cela. Il est le vif incarné. Sans mémoire, sans passé, sans attache. Il se renouvelle à chaque bourrasque. Et peu à peu, le voilà qui, selon ses dires "coagule". Prend forme. Au travers de ses innombrables identités apparait peu à peu l'épine dorsale de son jeu. Le dénominateur commun de ses déguisements.

Louée soit la moustache.
Sir Homles
Sir Homles
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22/12/2008
Posté le 27/11/2012 à 03:00:29 

http://www.pirates-caraibes.com/fr/index.php?u_i_page=5&theme=15&sujet=24516&u_i_page_theme=1&u_i_page_sujet=1&rech=ok
Sir Homles
Sir Homles
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Posté le 27/11/2012 à 03:15:22. Dernière édition le 28/12/2022 à 18:07:52 

Les souvenirs, réels ou feints se livraient de furieux duels dans sa tête.

"- Surion, tandis que je vous ravisme dans ce nuptialesque nid... Faites-moi... le cheval."

L'ivresse aidant, ou n'aidant point, il devenait comme chaque soir son propre spectacle.


"J’ai du fromage corse, as-tu la polenta ?"

Il passait parfois des jours, appuyé sur sa main droite, à inventer le cinéma dans ses propres mirettes.

Parfois, c'était des nuits, sur sa gauche :

La, c'était juste bigrement long. Un jour ou une nuit, qu'importe. Il venait se tuer "nu dans un champ de coquelicots", comme disait l'autre. Allongé dans son repaire souterrain, à contempler d'un air bovin les derniers acolytes de ce qui dut être la Main Noire à une époque. Deux gros chinois glabres et gras aujourd'hui, portiers de la fumerie d'opium, laqués d'huiles et d’encens.



"- Payer. Maintenant. Il faut.
-
J’ai pris d’la polenta, tirladida. J’ai pris du bon jambon, tirladidon...
- Non. Pas mot de passe. Payer. Payer il faut. Opium premier prix.
- Tu es... Circonstanciellement beau l'ami. Mais si tu restes devant mes yeux, je vais vomir."

Pif paf. Jean se rappela seulement de leurs noms. Ou pif pouf... Ces chinois, tous les mêmes.

Leurs petites nattes chinoises cruelles et noires de cruels chinois oscillaient de gauche à droite comme des nouilles lorsque ils transportèrent le dramaturge en pâmoison jusqu'au bord écumant de ce canal glauque appelé l'océan. Le plouff sonore qui suivit était si convenu scénaristiquement que c'est sans doute la raison pour laquelle le sac de toile s'insurgea et commença seulement à se débattre.

"- Le cheval ? Et être ainsi montée ? Grand coquin ! A la seule condition que vous me fassiez la taupe croisée avec un cochon tueur.
- Que... Bon."
William Wilson
William Wilson
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Posté le 29/11/2012 à 19:55:23 

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William Wilson
William Wilson
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Posté le 29/11/2012 à 20:05:39. Dernière édition le 28/12/2022 à 18:08:13 

" - Oh le français, t'aboules ?
- Je me poudre le nez, tu veux..."

La dague de voleur découpe le petit tas farineux en deux. La main maigre et garnie de bague essuie la narine blanchie.

"Voilà. On y va."

Ah, le crime et ses dérives. Ou est-ce le showbiz ? Les yeux révulsés, il psalmodie à mi-voix de l'incompréhensible langue de Molière.

"- Suisieuralbandelahucvotinspecteurdézinpojesui...
- A toi l'artiste.

..."

Toc toc.

"Bonjour. Sieur Alaban de la Hucque, votre inspecteur des impôts. Puis je entre votre excellence ?"

Toc.
Jean Chenal
Jean Chenal
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Posté le 03/12/2012 à 01:27:20 

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Jean Chenal
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Posté le 03/12/2012 à 01:34:13. Dernière édition le 28/12/2022 à 18:08:27 

Lui aussi, il gambade dans les coquelicots, mais certainement pas à poil. Il parait que les romantiques ne jurent que par la nature. Jean, lui, a essayé une fois de baiser dans la paille : C'est si piquant qu'on a l'impression de faire la bise à un homme.

"Rien ne va plus !"

La tête de la pinata voltige et se retrouve bloquée sous la botte luisante de cirage et de bière renversée.

"Oh non, fieu, tout va bien pour moi..."

Roulerouleroule...

Le corps de la pinata choit et... Rien. Pas une pièce, pas une gemme, ni bouteille, ni jackpot. Foutu Jacquot. Bon. Envolée, la paye du casse. Il est désormais prêt pour repartir galoper dans les coquelicots, avec sa grosse malle allégée de ses pesants et passés schillings.
Jean Chenal
Jean Chenal
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Posté le 10/12/2012 à 01:43:16 

La Farce du Carbet en trois actes.


Octobre.

A l'attention de mon sieur William Wilson, James Tideway, Cutlass Oneyed, Révérend Eli Dodgson, Jean Chenal, armateur pour la couronne (NDA : Veuillez me rappeler laquelle, s'il vous plait.).
Les sloops The Pride & The Prejudice que vous avez autrefois achetés viennent de se rendre maîtres du port de Le Carbet. Assiégé puis envahit par Jacques d'Orsam, nous avons réduit à néan sa garnison et sabordé son bâtiment au port. Par droit de conquête, vous en êtes à présent gouverneur.

Nous sommes cependant au regret de vous annoncer la disparition du trésor local, probablement fondu à l'approche de la flotte batave. Toutefois, "l'affaire du mémorablia" reste sous bonne garde, dans la cale du Prejudice. Nous attendons vos consignes.

Nous saluons votre désormais Excellence, Gouverneur Chenal.

Thomas FitzAngus, officier.

Post-Scriptum : navré pour l'appelation et son manque de discrétion. J'ai perdu le compte.

La moustache de l'acteur épousa alors son sourire. Gouverneur Chenal. Anobli ! La ou les urnes avaient irrémédiablement échoué, ce petit investissement maritime (qui n'était alors qu'une fuite de capitaux avantl'inspection fiscale) venait de lui raporter gros. Il avait eu peur pour ses deux sloops. Depuis que le troisième, The Wuthering Heights, était bloqué dans les docks de New Kingston, il ne pouvait plus y entreposer le "mémorablia". Aussi s'était-il déchargé sur ses deux barquasses qui ne l'avaient pas informé depuis plusieurs mois déjà.

Plongeant sa plume dans l'encre noire, il se mit à gratter sa réponse.


"Capitaine Thomas.
Félicitations pour votre maitrise. Je vous fais intendant du Carbet, et nommez votre timonier le plus capable pour barrer The Pride en hautemer à votre place.

The Pride & The Prejudice sont désormais affrêtés à la défense exclusive du Carbet, indépendamment des directives de l'Amirauté. Vous montrerez la même discipline face à l'ennemi et la même courtoisie face à ceux que nous nommerons les corsaires qui abordent les mêmes couleurs que vous. En apparté, vous prendrez 3000 shillings dans le "mémorablia" et commencerez la reconstruction de la prison du Carbet.
Par "ordre de la couronne d'Angleterre", vous vous montrerez cruel et sans pitié pour les prisonniers bataves. Vous enrôlerez le plus de civils possible dans la milice de défense. Et vous perceverez les pis impots de l'île.

Lorsque vous serez à un ongle de l'émeute, je vous donnerai le reste des consignes.

Désormais, nous pouvons signer ouvertement.

Lâcheté et trahison.
Jean Chenal."

L'encre renversée et étalée sur la main du nouveau Maître vint s'aplatir sur le verso de la feuille.
Une signature inimitable, qui avait disparu depuis si longtemps de Liberty.
Jean Chenal
Jean Chenal
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Posté le 10/12/2012 à 14:37:59 

Acte II

Movember, mois de la moustache.

Le concerto des timballes heurtant les barreaux se mêlait aux cris guturaux des détenus. Geoliers et prisonniers crapahutaient en tout sens. Des coups de feu interrompaient parfois la monotone symphonie de la liberté. Le fanal anglais gisait déchiré et maculé de boue. Nous sommes le 29 au soir, un jour avant la date prévue, mais qu'importe. L'Utopie du Carbet commence.

Profitant du capharnaum de l'insurection, ou soldats désabusés et condamnés pleins d'espoir s'enivrent de tafia gratuit pour ne pas penser à leur mort prochaine, l'Intendant Thomas enterre les 100 000 louis d'or du mémorablia.
Jean Chenal
Jean Chenal
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Posté le 28/12/2022 à 13:33:02. Dernière édition le 28/12/2022 à 13:46:17 

ACTE II (et demi)

28 Décembre.
La nuit tombe sur la conquête, et lentement, s'organise la passation entre Don Diego le conquérant de la Havane et l'Ecumeur, son désormais gouverneur. Pour célébrer l'évènement, cent vingt quatre mariachis, venus tout droit du Mexique et opportunément trouvés par les soixante-trois ibères de la garnion dans les docks du port, donneront un festival ce soir. Bronzés et moustachus, rien n'éveille les soupçons si ce n'est, pour certains, le tatouage bleuit par les ans d'une Main Noire caché dans les froufrous des chemises.

Mais si certains ici fêtent la victoire, d'autres au même endroit commémorent les dix ans de la commune du Carbet, l'épopée libertaire inachevée. Et voici que depuis leur promontoire, au prix d'une épouvantable imitation d'accent que l'histoire aura la décence d'oublier, les mariachis entament leur chanson :

Mon capitaine, nous nous pavanent
Dedans les rues de la Havane
Mon capitaine, nous nous pavanent
Dedans les rues de la Havane

Que je sommes pris comme trompettiste
Et serons bientôt tromblonniste
Que je sommes pris comme trompettiste
Et serons bientôt tromblonniste

À la bataille, je combattions
Les ennemis de la nation
À la bataille, je combattions
Les ennemis de la nation

Et tous ceux qui se présentions
À grand coups d'sabres les émondions
Et tous ceux qui se présentions
À grand coups d'sabres les émondions

Le Gouverneur m'a zappelé
C'est siennes couleurs qu'il faut hisser
Le Gouverneur m'a zappelé
C'est siennes couleurs qu'il faut hisser

Vos couleurs sont point mon fanal
Moi j'tiens l'drapeau de Jean Chenal
Vos couleurs sont point mon fanal
Moi j'tiens l'drapeau de Jean Chenal

************************************************************
Acte II (et demi, moins le quart.)

22 Décembre.
A La Havane, la veille d'un assaut sur Caliente :
22/12 04:01:40 Ohé, moussaillon ! Joyeux anniversaire ! Aujourd'hui, cela fait 14 années que tu traines sur cette île.
"- Jooooyeux aaaaanniiiiveeeersaaaaaiiire ! Capitaaaaineuuh !
- Merci, merci ! Certes, vous chantassiez seyamment, miens braves. Mais que pensez-vous que je fisse de tous ces instruments de musique ? Il doit bien y avoir une caisse ou deux où planquer ça..."
 

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