Le Faux Rhum
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La Belle et le Bête
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Posté le 14/02/2008 à 12:20:13
« Tuuuuuuux !!! »
-« Wiiiiilde !! »
Elle se jeta sur lui. Quel bonheur de retrouver ses frères ! Gaart, Night et Fin étaient là aussi, et Wildekat se mit à rire aux éclats en les voyant. Le bonheur de retrouver sa famille.
Ils se mirent tous à parler de leurs découvertes dans le temple, des monstres, des parties de cartes, des histoires de pirates… l’ambiance était à la fête. Durant plusieurs heures, Wildekat avait la sensation de se retrouver au coffee shop à Ulungen, et de partager cet instant magique avec ceux qu’elle aimait.
Géraldine elle aussi semblait heureuse de revoir tout ce petit monde, et elle laissa donc quelques heures de répit à Wildekat.
Une fois l’effervescence des retrouvailles passée, Gaart se mit à raconter les préparatifs pour son mariage avec Oog, et Wildekat l’écoutait avec beaucoup de tendresse. Elle se rappelait de la demande en mariage de Gaart, alors que tout le monde le croyait mort..
Sur la place publique d’Ulüngen : http://www.pirates-caraibes.com/fr/index.php?u_i_page=5&theme=6&sujet=13947&u_i_page_theme=1&u_i_page_sujet=1
Alors que les Hollandais s’apprêtaient à s’endormir, Tuxedo vint trouver Wildekat.
« Alors, comment te sens-tu ? Du mieux ? Tu as l’air terriblement fatiguée Wilde…. »
-« Oui, je suis à bout en réalité…. Mais que je suis contente de vous retrouver ! »
-« Mais alors, il n’y a pas d’amélioration ? Pourtant, Erzulie m’avait assuré qu’elle était la seule à pouvoir te soigner… tu imagines bien, sinon je ne t’aurais pas laissée ! »
-« Ne t’en fais pas Tux’, ça va aller. De toute façon, je n’ai pas le choix. Je pense que la malédiction ne peut pas être soignée par la médecine traditionnelle… si je ne m’étais pas échappé de Van Good, ils m’auraient sûrement tuée de leurs propres mains plutôt que de tenter d’expliquer cela ! » Elle esquissa un sourire, mais Tuxedo semblait inquiet. Elle lui prit le bras et déposa un baiser sur sa joue.
« Allons mon Tux’, ne t’en fais pas ! Je suis coriace, et une vraie tête de mule ! Il en faudra plus que ça pour venir à bout de mon sale caractère!»
Tuxedo la serra dans ses bras. « Tu as raison vilaine, je ne serais jamais débarrassé de toi ! »
Les deux se mirent à rire, et Fin leur lança un regard railleur : « Hé dites les jeunes ! Je dors moi ! Enfin, j’essaye !! »
Wildekat prit la main de Tuxedo et l’emmena dans un endroit à l’abri des oreilles indiscrètes.
« Je dois te parler Tux’.. sérieusement. »
Il reprit un air sérieux. « Ah ? Bien.. je t’écoute. Mais avant, comment vont tes cicatrices ? J’ai vu que tu avais une sacrée estafilade sur le ventre quand je t’ai ramenée vers Géraldine à Ulungen… Ric ne t’a pas loupée ! »
Wildekat rougit. Elle ne voulait pas parler de la perte du foetus à Tuxedo, ni à personne d’ailleurs. C’était une partie de la malédiction qu’elle tentait d’oublier. Elle risqua un « Ca va » sans grande conviction, ce à quoi Tuxedo répondit en fronçant les sourcils.
« Hm. Tu ne me dis pas tout je sens. Mais peu importe. Dis moi ce qui te tracasse Wilde, je t’écoute. »
Il s’installa sur une statue représentant un dieu maya, en or et de petite taille qui pouvait servir de tabouret à un homme assez grand comme Tuxedo. Il attendit que Wildekat s’exprime, mais se ravisa et reprit la parole.
« N’empêche, si je l’attrape ce Ric, je lui ferais payer pour t’avoir amochée comme ça ! Tu aurais pu mourir ! »
-« Non ! »
-« Quoi, « non » ? » Il semblait surpris par la réaction de Wildekat.
-« Je veux dire… non, ne lui fais rien… s’il te plait Tux’ »
-« Quoi ? un traître comme lui ? Que je ne lui fasse rien ? Ha ! Tu rigoles j’espère Wilde ! Hm ? Oh !? Hé ! Je te parle ! C’est une blague que tu me fais là, hein ? »
Elle n’osait plus regarder Tuxedo dans les yeux, et se mordait les lèvres. Elle ne savait pas comment lui dire…
« Wilde ? Je ne vois pas le rapport de toute façon. Pourquoi tu ne veux pas que je le touche ? »
-« Je… Tux’, en fait… Ric et moi… »
Il semblait lutter contre une idée folle qui germait dans son esprit
« Ne me dis pas que c’est LUI ton Français ?! Ha ! Ha ! Non ! Tu m’as presque eu tu sais ! »
Elle devint aussi rouge qu’un coquelicot, et n’osait lever les yeux vers Tuxedo.
« C’est pas vrai ? Wilde ? C’est pas lui ?? N’importe qui mais pas lui !!? »
Wildekat leva la tête vers Tuxedo et planta ses yeux dans les siens.
Il lu sa réponse avant qu’elle ne la prononce.
« Si, c’est lui. C’est Ric. »
-« Wilde ! » Il semblait chercher ses mots, pour ne pas blesser sa sœur, mais il préféra se taire.
Un silence lourd de sous-entendus planait sur Wildekat et Tuxedo.
L’une sachant qu’elle était en train de cruellement décevoir son frère, l’autre sachant qu’il risquait de perdre sa sœur au moindre faux-pas. |
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Tuxedo |
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Posté le 14/02/2008 à 15:17:21
J’éprouvais une certaine gêne après la mort d’Arhatza ; j’évitais la plupart des hollandais en conséquence. Je ne voulais pas forcer les relations et préférais attendre que l’eau coule sous les ponts, quelques mois… Wildekat était celle ayant le plus souffert des évènements ; ma culpabilité vis-à-vis d’elle était particulièrement forte, et la surprise fut particulièrement plaisante quand elle me proposa elle-même de la retrouver. Au temple la mélancolie était palpable, mais nous discutions comme nous l’avions toujours fait, et en fin de compte cela me suffisait…
Je n’ai pas vu venir revers de la médaille...
« Si, c’est lui. C’est Ric. »
Ma voix portait toute la déception du monde.
« C’est un ancien frère pour nous, il a fait énormément pour la Hollande, tu ne le connais pas ! »
S’il y a bien une personne qui représentait tout ce qu’il y avait de mauvais sur cette île pour moi c’est bien Ric Dangerous. J’ espérais que Wildekat ne m’avait pas retrouvé uniquement pour avoir mon approbation. Mais elle savait déjà que j’allais montrer toute ma réticence, et j’admirais son choix de se confier à moi malgré tout.
Les conséquences de sa liaison étaient assez graves pour que je ne prenne pas des pincettes. Je jouais mon rôle, en commençant à énumérer tous ce qu’on pouvait reprocher à Ric, m’asseyant contre un des murs froids du hall sacré.
« Tu sais ce qu’il a fait… Tu as vu la ville en cendres. Il a tenté de corrompre le gouverneur et quand ça n’a pas marché, a mutilé ce même peuple qui lui avait accordé toute sa confiance… »
« Il n’a tué personne ! »
« Son inaction le rend aussi coupable que les autres, et son poste de général enfonce le clou. Il était au courant, il pouvait agir, il n’a rien fait.»
« Ecoute, c’était il y a sept mois, les gens évoluent… Je ne le défends pas pour ce qu’il a fait. Il est le plus hollandais des quatre lunes, le plus tempéré, le plus sage….»
J’avais des mois de rancune accumulée. Mon incapacité à me séparer du passé était devenue une obsession. Parler des citoyens hollandais assassinés durant les guerres et pillages était déjà une seconde nature, presque une habitude, et probablement mon plus désagréable défaut.
Je m’étais par ailleurs habitué à l’atmosphère étouffante et aux sons indescriptibles du temple, et elle visiblement pas.
J’étais dans mon élément, et parvenais ainsi à masquer mon énervement. J’en avais besoin pour ne pas la bloquer.
« Tu as vu les cadavres. S’il avait une once de Hollande en lui, il aurait montré un peu de respect… Au lieu de continuer son mandat comme si de rien n’était. Sa fierté était hélas plus importante que la vie de ces pauvres femmes.»
Wildekat commençait à reprendre le dessus sur sa gêne, et adoptait mon propre regard triste et accusateur pour me déstabiliser. Nous ne voulions tous les deux rien d’autre chose qu’arrêter cette dispute, mais nous n’avions pas le choix.
« Il est venu pour nous aider. Il était un des seuls. Sans lui je serais morte. Tu ne comprends pas ? »
« Après les olympiades, il est venu te tuer pour sauver Dulcina, tu le sais bien. »
Sa voix sifflait. « Mais qu’est ce que tu en sais ? Ric m’aurait défendu, ça j’en suis certaine. »
« Il devait remplir tous les contrats, il aurait donc laissé tous les autres mourir pour rien avant d’arriver jusqu’à toi?»
« Tu cherches quoi ? Tu veux me rendre encore plus malheureuse que je le suis déjà ? Tu veux me tourmenter toi aussi ? Géraldine, elle, a compris. »
Le ton montait. Je pouvais rendre Ric responsable de la peste que cela n’aurait rien changé… Mais je devais bien, au moins, être certain d’avoir montré à Wildekat tout ce que son histoire impliquait.
« Est-ce que… tu… Après les olympiades, est ce que tu espérais nous voir moi et Géraldine morts pour qu’il soit protégé ? »
Je ne pouvais pas faire plus.
« Non ! Ne dis pas ça ! Tu ne te rappelles pas comme je hurlais ? Je sais qu’il ne voulait blesser personne.»
Wildekat était, au moins, passée de la colère à la tristesse.
« Tu sais, nous sommes loin d’être blancs nous deux… Nous venons d’attaquer nos frères. »
« Ce n’était pas vraiment nous. »
« Arhatza a bien utilisé notre haine, nous sommes coupable. »
« Ce n’était pas de la haine, simplement notre adoration pour Arhatza qui nous a fait agir. » Je serrais la mâchoire de honte devant ce mensonge éhonté.
« Je connais le passé de Ric. Je lui confierai ma vie, au même titre que toi. Arrête de me tourmenter… Tu devrais m’aider plutôt que m’enliser. Je te demande seulement de ne pas le haïr. Ne l’attaque pas… Je te fais confiance.»
Je ne pouvais rien répondre. J’étais jusque là trop concentré pour voir à quel point Wildekat luttait contre sa douleur durant cette discussion, mais elle s’appuyait à présent contre la paroi du temple, le souffle rapide au point d’en être inquiétant. La dispute devait s’arrêter.
« J’ai été stupide, tu devrais te reposer…»
Je lui préparais un breuvage apaisant.
« Ta cicatrice me fait peur. Qu’est ce qui ne va pas ?»
« Je ne sais pas, elle est noire… Mon cœur ne devrait plus battre, à ce qu’en a dit le médecin. J’ai peur que tout recommence… Je ne veux pas frapper Ric à nouveau…»
« Arhatza est mort, tu es vivante, tu peux oublier le reste. Tu ne devrais pas t’inquiéter... »
Je soupirais.
« Ecoute. Je ne fais pas ça pour moi. J’ai déjà souvent mis ma rancœur de côté. Mais je ne veux pas te perdre, c’est tout...»
« Ça n’arrivera pas. Je ne veux pas te faire de la peine. » Elle me prit la main. « Accepte mon choix, fais moi confiance et soit heureux pour moi, s’il te plait... »
Je ne l’avais jamais vraiment vu aussi fragile qu’à ce jour. Tout ceci avait trop duré. Je me levai et la pris dans mes bras avant de l’embrasser sur le front. J’essayais, tant bien que mal, de ne pas culpabiliser pour avoir cédé aussi facilement.
« Oui. »
Elle se blottit dans mes bras.
« Merci Tux… Sans toi, je serais morte. Je ne veux rien faire contre toi.»
Nous avions tellement attendu ce réconfort depuis la chute d’Arhatza, et nous restâmes quelques minutes ainsi, silencieusement. Mais sa peau était froide comme la mort, et la serrer plus fort n’aidait pas... Je regrettais tellement de l’avoir entraîné jusque là, je regrettais de ne rien pouvoir faire de plus, et je retenais mes larmes en maudissant cette île. |
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Posté le 25/02/2008 à 23:09:29
Le sommeil des Justes
Sa dispute avec Tuxedo l’avait affaiblie physiquement, mais surtout moralement. Elle savait que son frère l’avait quelque peu épargnée, mais il avait aussi eu des mots durs envers Ric, mots qui avaient blessé le cœur déjà fragile de Wildekat.
Ils ne reparlèrent pas de cette discussion. Wildekat avait dit ce qu’elle avait à dire, et Tuxedo avait lui aussi exprimé ses sentiments envers Ric. Au delà du fait qu’il ne l’appréciait pas, Wildekat savait que Tuxedo se faisait surtout du souci pour elle. Comment le lui reprocher ?
Tuxedo avait pris un peu de distance, et Wildekat ne le blâmait pas. Il avait sans doute besoin de réfléchir et de se calmer. Le « soir » ou du moins, le moment de la journée ou le groupe se reposait, Wildekat avait du mal à dormir. Les cauchemars qui l’avaient hanté plusieurs mois auparavant avaient repris de plus belle, et à ceux-ci s’ajoutaient des visions de meurtres sur des Français, des coups contre ses frères et un sorcier qui voulait prendre possession de son cœur.
Lorsqu’elle ne trouvait pas le sommeil, elle rédigeait de longues lettres qui lui changeaient les idées et lui permettaient de s'évader, et s’imaginait des couchers de soleil sur la mer. Seulement lorsque son corps était épuisé, alors ses yeux se fermaient, et son âme trouvait un semblant de repos, avant de sombrer dans un monde de visons cauchemardesques.
Parfois, elle avait l’impression de devenir folle. Elle n’arrivait plus à distinguer ce qui était réel de ce qui ne l’était pas. Tout s’entremêlait, les visions, l’imagination, et les décors presque irréels du temple maya. Elle était fiévreuse, souvent trempée de sueur alors que sa peau était froide. Tout était contradiction en elle. Ce qu'elle ressentait, ce qu'elle éprouvait et son corps.
L’acuité visuelle de la panthère, pourtant fidèle alliée par le passé, était diffuse et floue. En réalité, Wildekat n’était plus que l’ombre d’elle-même, et chaque minute lui faisait perdre un peu plus espoir.
Un « soir » elle avait ressenti le besoin de marcher un peu pour se changer les idées, et elle s’était éloignée de ses frères qui dormaient paisiblement.
Elle marchait au hasard des couloirs lorsqu’elle réalisa qu’un prêtre la suivait. Elle fit halte et se retourna pour fixer l’homme. Il avait une stature de géant. Si il n’avait pas porté une robe de moine, Wildekat en aurait eu peur.
Il s’approcha d’elle et s’arrêta à quelques pas, étudiant la féline. Elle ne discernait pas le visage de l’homme, mais il avait des yeux qui brillaient étrangement sous sa capuche. Elle sentait ses yeux plonger dans son cœur et dans son âme. Un frisson glacial parcourut son échine.
« Qui êtes-vous ? »
Wildekat fut surprise et sursauta. Elle ne sût que dire. Tous les autres prêtres qu’elle avait croisé dans le temple avaient gardé le silence. Que pouvait bien lui vouloir celui-ci ?
« Qui êtes-vous ? »
Il semblait déterminé, et ne bougeait pas, ses yeux brillants transperçaient Wildekat, elle était comme hypnotisée par ses yeux. Elle lui répondit, après une minute de silence.
« Wildekat, Monsieur »
-« Non, qui êtes vous ? »
Elle ne comprenait pas. Que voulait cet homme ? Son nom ? Et pourquoi voudrait-il son nom ?
-« Sur cette île je me nomme Wildekat, Monsieur. »
-« Je me fiche de votre nom d’emprunt, de votre nom de naissance ou de votre nom d’usage. En essence, qui êtes vous ? »
En essence ? Wildekat eut un mouvement de recul. De quoi parlait cet homme ? Il était sans doute fou, ou drogué.
« D’où venez-vous? »
-« de Hollande, Monsieur »
-« D’où venez-vous? »
Elle hésita une seconde.
-« De Hollande, Monsieur »
-« Je ne vous parle pas de la couleur de votre bandeau sur cette parcelle de terre, petite sotte. D’où venez-vous ? »
-« Monsieur, je… je ne comprends pas. »
-« Alors ouvrez-les yeux. »
Le prêtre ne la quittait pas des yeux. Il reprit, d’une voix grave et profonde :
« Vous ne devriez pas être ici. Pas encore. »
-« Mais, je… »
-« Partez. Il est trop tôt. Vous n’avez rien à faire ici. Dieu ne vous a pas encore trouvé une utilité. »
Elle fronça les sourcils. A l’évocation de Dieu, elle sentit remonter une colère en elle.
-« Dieu ? Dieu ?! Mais quel Dieu ? Hein ? Quel Dieu ?! Ouvrez-les yeux vous-même ! Vous le voyez où votre Dieu sur cette maudite île ? Où ?? Ouvrez les yeux bon sang ! Votre Dieu n’existe paaargh ! »
Elle sentit son estomac remonter dans sa gorge. Le prêtre venait de lui asséner un coup de poing magistral, sans crier gare. En une fraction de seconde il avait frappé la féline qui n’avait rien vu venir.
Elle tenait encore debout, mais le coup de poing lui avait coupé le souffle, et elle restait là, la bouche grande ouverte, les yeux affichant une expression de totale surprise.
« Ne remettez jamais en cause l’existence du Tout-Puissant »
Wildekat avait la rage, et elle n’avait pas l’habitude de se taire quand elle avait quelque chose à dire… ce qui risqua de lui coûter la vie.
« Tout-Puissant ? Mais « tout puissant » de quoi ? Hein ?! De quoi ? De laisser les hommes s’entre-déchirer pour des richesses qu’il a lui-même mis sur terre ? De laisser les innocents mourir et les plus pourris s’épanouir ! Enfin, ouvrez-les yeux, cette île est l’opposé de tout ce qu’il y a de plus moral ! Si il y avait un Dieu, tel que vous le décrivez, un Dieu d’amour et de partage, il ne laisserait pas faire cela ! Votre Dieu n’existe p… »
TCHING !
Cette fois-ci elle avait été projetée au sol. Le prêtre avait sorti son arme, et elle sentait le sang couler le long de son flanc.
Son regard fut attiré par un éclair de lumière reflété dans la lame du prêtre. Une lame comme Wildekat n’en avait jamais vue. Elle semblait avoir été forgée par une force inhumaine. Elle semblait vivante.
« Petite ignorante. Je vais vous donner votre première leçon. »
Il s’approcha de Wildekat et la menaça avec la pointe de son épée. Machinalement, sa main gauche attrapa son sabre et elle se releva d’un bond, se mettant en garde contre le prêtre.
Il marqua un temps d’arrêt.
« Bien. Vous avez de bons réflexes. Allons-y. » A ces mots, il se mit à attaquer Wildekat. Elle parait les coups comme elle pouvait, mais elle n’était pas au mieux de sa forme, et la lourdeur de son sabre la fatiguait rapidement.
Le prêtre semblait vouloir la tuer, il ne s’arrêtait pas, enchaînant frappes et techniques inconnues de Wildekat. Il la toucha plusieurs fois, mais jamais elle ne laissa tomber son arme. Jamais elle ne déclara forfait.
La panthère, bien que très mal en point se battrait jusqu’au bout. Hélas, le bout fut vite arrivé. Le géant asséna un coup terrible dans les reins de Wildekat, et elle s’effondra à genoux devant lui.
Il baissa son épée et fixa Wildekat, l’air satisfait.
« Bien. Agenouillez-vous, et demandez pardon pour votre insolence. »
Elle leva la tête vers lui, et lui lança un regard qui traduisait tout le mépris qu’elle avait pour l’homme et son Dieu. Elle ne voyait toujours pas son visage, mais les yeux de l’homme étaient amusés.
Il se baissa et mit sa main sur l’épaule de Wildekat. Elle ressentit une onde de chaleur et d’apaisement au contact de la main du géant sur sa peau glacée, et fut surprise.
Le prêtre approcha son visage et murmura à l’oreille de Wildekat :
« C’est bien ma fille. Vous devez encore apprendre beaucoup de choses, et notamment à maîtriser toutes ces émotions que vous avez en vous. J’en ai rarement vu autant. Mais vous devez les ordonner, ne pas vous laisser guider par elles, mais les guider pour arriver à ce que vous désirez. Sinon, ce sera votre perte. N’oubliez pas. Travaillez à cela, et peut-être un jour, vous serez prête. Jusque là, je vais vous amener dans un lieu de repos, vous vous êtes bien battue. »
L’homme planta alors son regard dans celui de Wildekat et celle-ci sombra dans un sommeil sans rêves, mais surtout, sans cauchemars.
Le sommeil des Justes... |
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Posté le 25/03/2008 à 22:04:50
365 jours sur Liberty
Un an.
Il y a un an, Wildekat posait un pied sur cette île.
Lîle de la Liberté disaient les matelots. L'ile ou tout était possible.
Pour Wildekat, c'était surtout la terre du sursis. Non pas un choix, mais une obligation. Fuir la mort. Fuir pour survivre, car ce n'était pas de vie qu'il était question, mais bien de survie.
Elle se rappelait encore le premier visage qui l'avait acceuillie sur l"ile. Van Pauletanaldo. Son visage afficha un sourire quand elle se souvint de la méprise qu'il avait faite.
« Quel est votre nom jeune homme? Vous ne venez pas du port s'Gravenhage? »
Il l'avait prise pour un jeune mousse. Avec les habits trop grands de son frère et ses cheveux coupés, elle n'avait l'air de rien. Sans parler des longues semaines de famine qui ne rendaient pas la jeune femme bien appétissante.
« Vous avez l'air aussi apeuré qu'un chat sauvage »... s'il savait... s'il savait que c'est lui qui l'avait nommée sans le vouloir.
Elle n'avait jamais dit à Van Pauletanaldo que "Wildekat" lui avait été inspiré par lui. Peu importait en fait. Elle ne l'avait jamais dit à personne. Il y avait tant de choses qu'elle n'avait pas dites. Tant de secrets, et tant de blessures. Wildekat écoutait les hommes, elle était leur confidente, gardait leurs secrets, mais elle ne se confiait pas. Ou si peu.
Un visage apparut dans son esprit.
Petyr Van Zeve. Le deuxième homme à l'avoir acceuillie et aidée. Elle lui en serait éternellement reconnaissante. Un sacré gaillard, et un sacré Hollandais. Un de ces hommes que Wildekat respectait par-dessus tout, et aveuglément.
La confiance aveugle. C'était sans doute sa marque de fabrique. Celle-là même qui la perdrait sans doute un jour.
Il y a un an, elle avait erré sans but, sans rien sur Liberty... puis le destin lui avait envoyé Tipiak. Il lui avait pour ainsi dire sauvé la vie, car sans lui, Wildekat ne serait plus de ce monde. Il lui avait tout appris: la médecine, le combat, les cachettes de l'ile, les coins ou l'on trouvait de l'or, ceux où l'on trouvait la mort...
La sagesse de son parrain était grande, et Wildekat savait qu'elle ne l'égallerait jamais. Trop jeune, trop préssée, trop insouciante, trop impulsive... trop... "Wildekat". Car au final, sans le savoir, ce nom qu'elle s'était choisi lui convenait comme un gant.
Et pourtant, en un an, Wildekat avait grandi. Les expériences qu'elle avait vécues sur l'ile ne ressemblaient en rien à celles du continent. Plusieurs fois des êtres peu scrupuleux avaient tenté de prendre avantage sur elle, mais elle était retombée sur ses pattes à chaque fois.
Elle avait parfois l'impression qu'elle avait passé la moitié de sa vie sur Liberty, et non un an. Procureur, Juge, Gouverneur... Elle avait servi son pays de tout son coeur, et du mieux qu'elle le pouvait. La Hollande coulait dans ses veines.
Liberty était devenue partie intégrante de la jeune femme: les arbres, les forêts, les plages, les montagnes, tout était familier. Elle n'était plus le jeune chat sauvage perdu et miaulant désespérément du haut d'un arbre. Elle était devenue une jeune panthère, qui savait sortir les griffes quand cela était nécessaire, mais qui savait aussi les rentrer.
Wildekat avait rencontré des Hommes de tous accabits. Des filous, des voleurs, des médecins, des commerçants, des assassins, des pilleurs, des pirates, mais aussi et surtout des hommes et des femmes d'honneur. Ils étaient rares, mais ils étaient bien là, et ceux-là valaient la peine de vivre sur cette île, et de se battre pour eux. Wildekat avait toujours voulu voir le meilleur dans chaque personne, et elle savait que sous d'épaisses carapaces et des mots durs se cachait souvent un coeur bléssé.
Cetta année, elle avait cotoyé la mort. Les guerres, les combats. Elle avait perdu comme un frère avec la disparition de Charles of Hawick. Cette blessure-là était toujours présente, quoique moins vive avec le temps. Wildekat s'en voulait toujours de ne pas avoir pu aider son ami...
Elle-même avait dansé avec la mort il y a peu, sous l'influence d'un sorcier maya, Arathza. Un de ses pires moments sur l'ile sans doute, avec l'enlèvement par le Graveleux, un pirate sans coeur, dont elle avait été victime.
Arathza avait profité de la haine dans son coeur, et lui avait fait faire des choses dont Wildekat avait encore honte. Mais elle avait décidé de vivre. Elle avait encore des choses à faire sur cette ile, il n'était pas encore temps.
Et pourtant, la mort avait semblé douce, comme un soulagement. Elle lui avait tendu les bras, et Wildekat n'avait pas eu peur. Seulement voilà, elle n'avait pas pu abandonner Ric.
Le réveil avait été difficile, et Wildekat avait appris qu'elle ne pourrait sans doute jamais donner la vie, après avoir perdu un enfant qu'elle ignorait même qu'elle portait. Mais donner la vie sur Liberty, était-ce après tout bien raisonnable?
Elle avait rencontré l'Amour avec Ric. Elle s'était donnée corps et âme, sans retenue, et elle avait tellement aimé que son coeur s'était arrêté, s'était consumé, et avait fait bien plus mal que toutes les tortures qu'on aurait pu lui infliger. Par Amour, elle était prête à tout, même à mourrir. Par Amour, elle avait offert son âme au diable. Mais par chance peut-être, le diable n'avait pas voulu de son âme.
Elle avait aujourd'hui une seconde chance. Il semblait alors que son avenir était tracé. Si elle ne rejoignait pas le diable, elle le combattrait. De toutes ses forces. De toute son âme.
Mais avant cela, elle avait du travail. Elle devait s'entrainer, elle devait grandir encore, et s'assagir. Elle devait aider ses amis, avant tout. Son clan n'avait pas de couleur de drapeau. Il était composé d'hommes et de femmes en qui elle avait confiance, et qu'elle aimait. Elle se battrait pour eux, avec toujours cette confiance aveugle.
Ses yeux émeraude scrutèrent l'horizon comme ils le faisaient si souvent. Certaines personnes avaient sans doute déjà vu ce regard que Wildekat affichait lorsqu'elle se perdait dans ses pensées, les yeux tournés vers l'horizon.
Ce que personne ne savait, c'est qu'elle ésperait toujours voir un nuage blanc poindre sur l'horizon. Les voiles d'un bateau. Pas n'importe quel bateau... le bateau qui lui amènerait son frère. Le seul être qui lui manquait sur Liberty, et qui la rattachait encore au continent.
Un an... un an sans nouvelles.
Un an sans se confier sur son passé.
Peut-être qu'il était temps... Wildekat voulait partager certaines choses, mais il lui faudrait pour cela faire confiance au-delà de la confiance-même. Au-delà de sa vie... |
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Posté le 02/04/2008 à 00:12:32
En route pour la guerre
« Proost! Oranje!! »
Le GIGN Hollandais était réuni dans le coffee shop.
Wildekat était ravie de constater que des jeunes arrivants avaient rejoint les rangs. C'était de très bonne augure pour l'avenir: ils se sentaient concernés par la sécurité de la ville et avaient répondu présent en nombre à l'appel du Général ce mois-ci.
Il avait fallu peu de temps pour comprendre qu'Albion la Perfide voulait piller les nations de Liberty. La France, l'Espagne, la Hollande avaient toutes été mises en danger. Des anglais trainaient bien trop près des villes et se permettaient des massacres inhabituels, révellant leur vraie nature... perfide.
Tuxedo avait bien mené ses troupes, et ce soir l'heure était à la fête.
Un jeune Hollandais s'avança vers le Général et se mit à parler timidement.
« Monsieur le Général Tuxedo... il y a de nombreux parias Français dans le manoir des planteurs. J'en sors tout juste, c'est invivable là-bas, ils tentent de nous tuer tous les jours. L'hôpital est rempli, les infirmières sont débordées... et les jeunes ont peur Monsieur. » Le jeune homme prit une profonde inspiration et continua sur sa lancée « Est-ce que vous pourriez envoyer des nettoyeurs là-bas? Histoire que nous puissons reprendre nos quêtes tranquillement? »
Tuxedo posa son verre, visiblement ennervé.
« Maudits soient les Quatre Lunes... on n'aura jamais de répit avec ces bêtes là." Il se mit à réfléchir, alors que Wildekat souriait tristement au jeune Hollandais.
Tuxedo reprit « On va y aller petit. On va leur donner une leçon. Je vais envoyer des nettoyeurs et j'irais avec eux. » Il se tourna vers Wildekat et Hoyt
« Vous venez avec nous ? Ils sont au manoir sur la côte, j'y suis déjà allé faire un tour... »
- « Hmmm... » Wildekat ne dit rien, mais Tuxedo avait pris l'habitude de lire ses réponses sans qu'elle les donne depuis qu'ils avaient tous les deux été possédés par le même sorcier maya. Ils étaient plus que frères maintenant. Reliés par une force inconnue.
Il reprit, d'un air un peu grondeur devant son manque de motivation évident.
« Allons Wilde, ils s'en prennent aux jeunes tous les jours! Si on ne les avait pas empêchés, ils nous auraient sans doute pillés... aller, viens, on va leur donner une petite leçon! »
Elle ne pouvait pas. Ne voulait pas.
« Ecoute, je n'ai pas envie de me lancer là-dedans. Je n'ai jamais eu cette intention.... »
- «Wilde, tu pardonnes trop facilement! Mais enfin, regarde les registres! Regarde ce qu'ils ont fait! Comment tu peux pardonner ça?! Ric, je comprends, mais les autres?! »
Elle soupira, et prit soin de ne pas croiser le regard de Tuxedo, en fixant le verre qu'elle avait à la main.
« Ne cherche pas à comprendre Tux'... je ne comprends pas tout moi-même, et j'ai arrêté d'essayer. Je ne veux pas venir, c'est tout. Je ne veux même pas savoir ce que vous allez faire. »
Tuxedo était plus surpris qu'ennervé
« Mais! Et Nick!! Tu oublies tout ce qu'il a fait? Tu oublies le pillage, l'assaut dans les arènes, le.... »
Elle le coupa.
- « Oh non, rassures-toi, je n'oublie rien... je n'oublie rien. Nick,c'est un cas à part. Il payera, et pour des crimes que tu n'imagines même pas. Quand on sépare des personnes qui s'aiment, on finit toujours par payer. Il y a une Justice, Tux', elle le rattrappera et ce jour là, je serais là. »
Elle avait en effet une affaire à régler avec Le Brun, mais seulement avec lui. Cela attendrait bien, après tout, elle avait promis son aide à son ami Louis-Philippe, et les amis n'attendaient pas.
« En attendant, je vais aller aider la France dans sa guerre contre les anglais. Ces fourbes ont voulu nous piller... ah elle est belle leur morale! »
Elle reposa violemment son verre sur une table en bois, la colère montait
« Je vais leur faire ravaler leur cupidité. Il n'y a pas de meilleure Justice que d'aider la France à gagner sa guerre contre ces petits envahisseurs de pacotille! »
Tuxedo semblait surpris, mais ne dit rien.
Hoyt, quant à lui, semblait intéréssé.
« Wilde! Si tu es d'accord, je t'accompagne! »
Elle tourna la tête vers lui, ravie qu'il propose son aide. Cela eu pour effet de la calmer.
- « Bien sur que tu es le bienvenu Hoyt! Je vais prévenir Louis-Philippe de notre arrivée de ce pas. Ce serait dommage que des guerriers Français nous attaquent en pensant que nous venons travailler contre eux. »
- « Parfait! J'ai justement un ou deux message à transmettre. Je fini de régler mes affaires en ville et je pars avec toi, si tu as le temps de patienter. »
Wildekat avait envie d'être seule, et elle avait assez trainé en ville et autour d'Ulungen pour ne pas vouloir y rester encore une nuit de plus. En quittant la ville elle cherchait aussi aveuglément à s'éloigner de ses soucis et de ses questionnements.
- « Non, ce soir je dormirais à la grotte du dragon... rejoins-moi demain, dans la nuit, quand la lune éclaire la route, nous irons dans la caverne du lac... »
Hoyt paya un autre verre à Wildekat et ils discutèrent de choses et d'autres avec Rider et Tuxedo.
Les discussions des hommes ne voulaient plus dire grand chose quand Wildekat les embrassa avant de reprendre sa route.
Elle quitta Ulungen avec un petit pincement au coeur, comme à chaque fois. Mais cette fois-ci, le sentiment était étrange. Une entière satisfaction d'avoir pu protéger sa ville et ses habitants en cette fin de mois agitée... et le sentiment qu'elle n'avait plus que cela sur cette île à protéger... que le reste elle l'avait perdu depuis bien longtemps sans l'avoir réalisé.
Un sentiment d'amertume, une envie de se battre... la féline allait sortir ses griffes et ce seraient les anglais qui en feraient les frais. |
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Posté le 02/04/2008 à 15:43:26
La mort du Brun
Elle était dans une salle de repos, à la caverne du lac, en train de maudire un anglais qui ronflait plus que nécessaire lorsque la nouvelle lui parvint. Hoyt avait reçu un pli et la mettait au courant:
« Wilde! Les Quatre Lunes ont tenté de piller Ulüngen ! Ils ont aidé les Anglais à prendre Van Ders!! »
-« Quoi? Encore!!! »
Elle soupira. Le pillage n'était pas une grande surprise venant des Quatre Lunes. Elle avait observé leur petit manège la semaine précédente. Cependant elle s'inquiétait. Les Quatre Lunes qui tentent de piller Ulüngen, cela n'avait jamais été de bonne augure.
Elle se tourna alors vers Gaart qui lisait lui aussi une missive, l’air interdit, et se mit à le questionner :
« Comment vont-ils? Qui était là?? Gaart! Ric était là?! » Elle le pressait, sentant son cœur la lâcher. Elle était sans nouvelles de Ric depuis quelques jours, et craignait qu'il ne lui soit arrivé malheur.
Gaart parcourait toujours la missive et répondait à Wildekat en même temps, prenant son temps sur chaque mot.
« Calme toi Wilde, tout le monde va bien. Des jeunes blessés, des guerriers à l'hôpital... pas de morts, Dieu soit loué... »
-« Mais, Gaart, qui était là? Qui??! »
-« Je... attends... hm… ah les saloupiots! Ils ont pris Van Ders! Les anglais ont pris Van Ders avec l'aide des Quatre Lunes! Foutredieu! »
-« Je m'en fous de Van Ders!! Gaart !! Les Quatre Lunes ! qui était là!?!»
Son coeur se déchirait à chaque seconde, elle imaginait le pire…
pas Ric... non pas lui... il n'aurait jamais fait cela... non...il est à l'abri...pas possible…
Gaart leva soudain les yeux de sa missive, et Hoyt la fixa bizarrement.
« Comment ça tu t'en fous de Van Ders?! Ces sauvages nous l'ont volé, ont tabassé des jeunes pour y parvenir et tu t'en fous?! »
Elle pâlissait à chaque mot que Gaart prononçait, ne voulant pas admettre que Van Ders était le cadet de ses soucis à cet instant précis...
Suppliante, nécessiteuse de savoir, elle reprit :
« Gaart.. je t'en prie.. dis moi.... »
Il se replongea dans sa missive.
« Humpf! blablabla... Zol Tipiak... blabla… Laer Mor... Bloody Harry Kidd... »
Elle le coupa, surprise
« Bloody? Bloody était là??! »
-« Oui pourquoi? »
Wildekat fronça les sourcils
« Non, rien, continue s’il te plaît... »
-« Don Branlouze…. blabla… Le Brun... Rack'al Bundy... blablabla…. Hm. Non. »
-« Quoi, non ? Gaart ?! quoi ? »
- « Non, Ric n'y était pas. Tu es contente? Tu peux te concentrer sur tes frères et soeurs qui se sont battus maintenant? » Sa voix était blessante, mais elle ne dit rien. Il n'avait pas tord. Il avait d'ailleurs raison, et Wildekat pâlit de honte cette fois.
« Jésus est tombé... Judas... Oog! Il a eu Oog! Cette saloperie de Le Brun! Ah je vais le tuer de mes mains! Il va payer!!! »
Gaart était en colère, et Wildekat eut un pincement au cœur en pensant à sa femme, Oog, qui avait dû se faire malmener par Le Brun et sa force légendaire.
Wildekat s'approcha de Gaart « Comment va-t-elle? »
-« Hôpital Van Good... blessures profondes... s'en sortira... ça va aller. »
Wildekat posa sa main sur l'épaule de Gaart.
Il continua à lire la longue et déprimante liste des blessés.
« Raoul Vandeputt... Mickeal Van Kull... Hooligan Van Ulüngen... Van Jabs... Zangetsu... Cornelis Corneliszoon Jol... Ultanna... Corto Don Mozarella... Neoh Van Angstig... Tuxedo »
Wildekat se laissa tomber comme une masse sur le lit à côté de Gaart, les yeux dans le vide, le visage plus pâle qu'une morte. Tous ces noms... ses frères et soeurs qu'elle aimait tant. Tous blessés par les Quatre Lunes. Son cœur était comme coupé en deux.
Elle balbutia, se parlant à elle-même
« C'est notre faute, on n'aurait pas dû laisser la ville sans personne... on n'aurait pas dû... »
Hoyt s’approcha d’elle et la rassura « On n'y peut rien Wilde. Ils seraient venus le jour d'après... »
Gaart continuait de lire. Sa missive semblait regorger d'informations.
Tout à coup il se remit à parler :
« Mort. Nick le Brun est mort. Après avoir abattu tous les innocents d'Ulungen il s'est battu contre Tipiak... »
-« Tipiak? Mon Tipiak??! »
Wildekat se leva d'un bond, elle était inquiète. Pour s'être déjà battue contre Nick le Brun, elle savait que c'était un sacré guerrier... et si Nick avait blessé son parrain ? Ou pire…
« Comment va Tipiak? Et... mais... que... tu… » elle stoppa net. Une chose venait de la frapper dans ce que Gaart avait dit « mort? Nick est... mort? » Elle avait soufflé le mot « mort », comme si il venait d'ailleurs, à peine audible. C’était impossible. Ce géant était tout simplement invincible.
-« Oui, ils l'ont transféré à Sainte Catherine. Il semblerait que ce combat était celui de trop. Dommage. Il en avait dans l'slip ce brave Le Brun. »
Elle était abasourdie. La bouche entre ouverte, l'esprit confus. Elle se rassit sur le coté du lit, ne sachant comment régir. Toute la colère qu’elle avait pu ressentir contre lui s’était envolée, laissant place à une certaine peine.
Hoyt était lui aussi sous le coup de la surprise, et semblait accuser le coup.
« Comment? Le Brun? mort? ...arh...ça devait finir comme ça. Vivre par le sabre, mourir par le sabre...C'est pour mylady Fagney que ce sera dur. Perdre son mari et le père de sa jeune fille… »
Gaart continuait de raconter, mais seuls des noms et quelques mots flottaient jusqu'aux oreilles de Wildekat.
C'était son parrain, Tipiak de Zeeman qui avait porté le coup de grâce. Wildekat fut troublée.
Il avait par son acte vengé toute la Hollande des incessants affronts de Nick le Brun, mais bien au-delà, il avait vengé Wildekat.
Il ne saurait sans doute jamais à quel point il venait de la venger.
Cet homme était de toute évidence son ange gardien.
Il y a un an, il l’avait sauvée de la mort, et ce soir, il venait de la venger de la pire espèce d’homme qui pouvait exister sur cette île damnée.
Elle soupira. Elle s’était jurée de faire cela elle-même, mais de toute évidence, la Providence avait d'autres idées en tête pour Wildekat, et elle s'était toujours demandé au fond d'elle-même si elle aurait eu le courage de tuer un homme en toute connaissance de cause, même avec toutes les bonnes raisons du monde.
Elle était fière de ses frères qui avaient encore une fois tenu tête au maître des Quatre Lunes, en évitant ce pillage.
Fière de son parrain.
Elle aurait dû, en ce jour, être ivre de joie en tant que Hollandaise. Le "méchant" tué par les "gentils". L'ennemi terrassé. Le boucher enfin arrêté dans sa folie.
Et pourtant... une partie d'elle-même pleurait ce gâchis. Elle l'avait trop peu connu, ou trop bien, selon de quel point de vue on se plaçait... mais un père ne devrait jamais quitter sa fille. Jamais. Cela, Wildekat le savait que trop.
Ce soir elle ne savait pas ce qu'elle ressentait réellement, mais elle savait parfaitement ce que les amis et la famille de Nick ressentiraient. Une fois de plus, elle se trouvait dans une délicate situation, mais feindre de ne rien savoir aurait été lâche.
Elle quitta silencieusement la salle de repos pour trouver un coin tranquille, laissant ses deux frères à leur discussion. Elle prit alors un parchemin et rédigea une lettre, une seule, à celui qui comprendrait peut-être qu'elle ne se moquait pas, et appela son plus fidèle messager pour l’envoyer à sa rencontre.
Tiens mon Tjaard, c’est urgent, il faut que tu trouves Ric. Donnes-lui ce pli sans faute et reste avec lui après si il le veut. Je crois qu’il était aux mines… enfin tu le trouveras, je te fais confiance.
Le jeune lynx vint lécher les mains de Wildekat, puis quitta la pièce comme il était venu, tel une ombre.
Wildekat tendit l’oreille. Les ronflements se faisaient plus réguliers dans la pièce à côté. La nuit avait dû avancer plus qu’elle ne le pensait. Il fallait qu’elle aussi, se repose. Certaines blessures saignaient encore, mais ce n’était rien à côté de ce que son cœur ressentait.
Elle se mit à repenser à tout cela. A Nick, aux Quatre Lunes, à Dudu, à Alanis…
pauvre gamine…
Wildekat ferma les yeux, et s’assoupit…
Elle était en chemise de nuit, et dévalait les escaliers à toute vitesse. Elle arrivait dans le froid. Le vent lui glaçait le sang, mais une seconde à peine lui avait suffit à lui rappeler ce pour quoi elle était sortie.
Elle n’attendit pas de savoir si son frère avait quitté le lit et se dirigea, par réflexe, vers le bord de mer. Puis quelque chose la frappa, et elle fit demi-tour en direction de la grange. C’était un entrepôt où ils gardaient quelques bêtes en hiver, et le matériel nécessaire au travail de son père. La porte était entrouverte, elle la poussa difficilement et le bruit qu’elle fit en s’ouvrant se répercuta dans toute la grange. Elle pénétra à l’intérieur, mais ne voyait rien.
Il fallut quelques minutes pour que ses yeux s’accoutument à la pénombre, et pour visualiser les rayons de la lune qui perçaient à travers les planches de la grange. Elle entendit sa propre voix résonner.
« Papa? Papa?! Pap.... »
« NOOOOON !! »
Elle se réveillait, trempée de sueur, dans une petite salle adjacente à la salle de repos, allongée à même le sol. Une fois de plus, son passé la rattrapait… et elle savait que le cauchemar sur Liberty ne faisait que commencer. |
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Posté le 04/04/2008 à 02:46:32
Demi-Tour
Les ordres du Général étaient clairs. Faire demi-tour et revenir prendre la tour Van Ders.
Wildekat envoya un pli à une de ses soeurs qu'elle devait retrouver aux mines pour attaquer la défense anglaise. Hoyt et elle ne seraient pas au lieu de rendez-vous.
Un pli lui parvint alors qu'elle faisait son sac. Ils avaient convenu que Gaart partirait en éclaireur, et que Hoyt ferait la route avec Wildekat.
Elle décachetta la lettre, reconnaissant le sceau de l'hôpital Van Good.
On lui annoncait froidement et sans détours que son parrain avait été attaqué dans la nuit par Dudu. De même, Neoh avait failli succomber aux coups de l'anglaise.
« Sorcière! Elle va payer! »
- « Qu'est-ce qu'il y a Wildekat? »
- « C'est cette Dudu! Elle a tenté de tuer Tipiak et Neoh! »
- « Elle doit être bléssée de la mort de son mari... »
- « Non? Vraiment?! Mais si son mari n'avait pas été chez nous en train de fanfaronner qu'il venait nous piller et violer les femmes... si il n'avait pas tué tous les Hollandais sur son passage, sur NOS terres et dans NOTRE ville, si ce pilleur, ce voleur était resté chez lui, cela ne serait pas arrivé! N'inverse pas les rôles! » Elle se calma un peu, analysant la situation à voix haute « Le Brun était un mercenaire. Il a été tué, soit, mais il connaisait les risques. Si Dudu ne peut pas comprendre que nous avons défendu notre ville, nos enfants, nos frères et soeurs.. que c'était de la légitime défense alors... »
- « Alors quoi Wilde? »
Elle regarda Hoyt droit dans les yeux, déterminée, et d'une voix glaciale et sèche finit sa phrase:
« Alors je l'arrêterais. Je ne la laisserai pas s'en prendre à mes frères et soeurs par simple vengeance aveugle. »
Wildekat savait que c'était un cercle vicieux dans lequel il ne fallait pas mettre le doigt... mais Dudu avait déjà une fois auparavent tenté de tuer son parrain il y a fort longtemps, alors qu'il était en paix avec Wildekat, sur des terres Françaises. Wildekat lui en avait voulu d'oser frapper un médecin sur un territoire qui n'était même pas le sien, mais, avec le temps, avait laissé le pardon s'installer.
« Je n'ai jamais rien fait contre cette femme, au contraire, et pourtant, elle a fait bien assez de mal à notre pays, mais si elle s'engage sur cette voie-là... je ne la laisserais pas faire. »
Hoyt était songeur, il allait ouvrir la bouche pour parler lorsque Wildekat attrappa son sac, le balança sur son épaule et se mit en direction de la sortie, d'un pas rapide.
« Aller viens, on y va. »
La lune brillait déjà dans le ciel, et la nuit était calme. Presque trop calme...
« Viens, suis-moi on va couper par la forêt. »
Wildekat connaissait cette dernière comme sa poche depuis le temps qu'elle la pratiquait, et elle ouvrait la marche dans l'épais mur végétal. Elle avait sorti sa machette et coupait les lianes qui s'accrochaient à son sac. Il y en avait peu, elle se faufilait comme une panthère, elle était dans son élément. Hoyt, par contre, plus grand et beaucoup plus carré qu'elle, se prenait parfois les pieds dans les racines ou les lianes, ce qui amusait beaucoup Wildekat.
« Je vois Louis-Le-Grand Hoyt! Que penses-tu d'y passer la nuit? »
- « Hm, pourquoi pas... »
- « Je pense qu'on sera mieux cachés qu'en forêt, avec tous ces anglais qui patrouillent les terres... ils n'oseront pas entrer à Louis-Le-Grand, et nous avons une autorisation Française pour y passer la nuit. »
- « Oui, c'est sans doute la meilleure solution. Si tu veux je veillerais quand même au cas où, si nous sommes repérés. »
Ils pénétrèrent discrêtement dans Louis Le Grand, ne voulant réveiller ses occupants. Deux Lyssois étaient présents, ainsi qu'un jeune français.
Hoyt et Wildekat, après avoir acheté du poulet et du vin s'installèrent dans la tour.
Wildekat avait soif, mais sa gourde d'eau étant vide, elle du se rabattre sur le vin français, certes bon, mais alcoolisé.
Au bout de quelques verres, elle commençait à avoir trop chaud et mal à la tête.
Elle cherchait du regard son lynx, qui n'était toujours pas revenu.
« Hoyt, tu n'as pas vu Tjaard par hasard? »
- « Le gros chat? Pas récemment. Mais je suis sur qu'il te retrouvera Wilde »
- « Je sais... mais, enfin... quand il n'est pas là, je.. je fais des cauchemars, enfin, c'est étrange... c'est mon passé... mais en cauchemars... je crois que je deviens folle. »
Hoyt pensait surêment qu'elle divaguait sous les effets de l'alcool et s'occupa d'elle gentiment.
- « Tiens, prends cette couverture, la nuit comence à être fraiche, il ne faudrait pas que tu prennes froid. Allons, dors maintenant, cesse de penser à tout ça, je vais surveiller qu'aucun anglais ne nous attaque. »
Elle entendit encore la voix de Hoyt parler, mais cette dernière s'éloignait considérablement alors que Wildekat se retrouvait de nouveau en chemise de nuit, dévalant des escaliers qu'elle connaissait par coeur, se précipitant dans le froid glacé de l'hiver sur une ile qui était la sienne.... |
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Posté le 04/04/2008 à 16:11:53
La mort de Kat… ou naissance d’une Panthère Noire
La nuit à Louis Le Grand avait été calme d’après Hoyt. Wildekat prit le relais au petit matin, un léger mal de crâne dû à sa nuit agitée de cauchemars et au vin rouge de qualité douteuse qu'elle avait bu le soir précédent.
Hoyt se reposait à l'ombre d'un palmier, et Wildekat scrutait la forêt autour, attendant son fidèle ami impatiemment.
Mon Tjaard, que fais-tu? Pourquoi ce silence soudain?
Elle leva les yeux au ciel, exaspérée par ce manque cruel de réponse.
Un oiseau noir, telle une tache dans ce ciel bleu si parfait, se dirigeait vers Louis Le Grand.
Au moment où il posa ses griffes sur l'épaule de Wildekat, son coeur se glaça. Elle savait.
Elle aurait pu brûler la lettre qu'elle aurait déjà su tout ce qu'elle contenait.
Machinalement elle donna quelques graines au volatile, qui reprit sa liberté une fois que Wildekat le débarrassa de son message.
Elle lut la lettre, espérant au fond d'elle même que cet homme là pourrait la surprendre, qu'il n'était pas comme les autres, car enfin, elle l'avait aimé à en mourir.
Rien.
Aucune surprise.
L'amour, la haine, la vengeance.
Wildekat soupira. Ainsi il était comme tous les autres finalement? Comme il le disait lui-même, "lâche et faible"?
Des paroles d'amis, de proches, lui revinrent...
« Il ne vous mérite pas Wildekat »... « il se sert de toi ma sœur »... « Wilde, le jour où il décidera de haïr la Hollande tu n'auras plus ta place dans son cœur»...
Elle secoua la tête violemment, comme pour faire partir ces voix qui venaient la hanter.
Non.
Elle ne salirait pas ce qu'ils avaient eu.
Ils s'étaient aimés… passionnément, fougueusement, tendrement, sincèrement. Elle avait été sa panthère, lui son lion.
Il disait qu'elle lui avait appris à respecter, à écouter, à aimer... mais lui avait appris la confiance, le don et l'abandon de soi à la féline.
La dernière partie de la lettre était tout ce que Wildekat avait craint. Ainsi il était prêt à assassiner son parrain, et les autres Hollandais, lui aussi.
Sa dernière phrase parlait pour elle-même:
Il y a un temps pour tout, et maintenant vient la vengeance...
La vengeance.
La vengeance de la mort d'un homme qui a lui-même assassiné des Hollandais sans défense et qui venait pour les piller et brûler la ville...
Somme toute, la vengeance était asservie par des rancoeurs personnelles.
La vengeance était celle d'une personne, d'un peuple, ou d'un groupe d'individus. Mais la vengeance servait les intérêts de ces Hommes, et seulement ceux-ci. La vengeance, par là même, était le mal qui rongeait insidieusement les coeurs.
La Justice, elle, était plus globale. La Justice divine n'avait aucun intérêt que de préserver l'ordre des choses. Un certain équilibre.
Vengeance et Justice étaient antinomiques, et la vengeance d'un homme paraissait bien ridicule face à la Justice à laquelle il devrait se soumettre un jour où l'autre... sur terre ou en enfer.
Wildekat avait été Kat pour Ric, comme il aimait à l'appeler... il l'avait presque apprivoisée. Presque.
Aujourd'hui, Wildekat serait Wilde, et rien d'autre. Pas de vengeance, mais la Justice. Celle des hommes qui défendent leurs familles au prix de leurs vies face aux envahisseurs et aux pilleurs. Celle d'un peuple qui ne courbera pas l'échine face à la cupidité et la soif du sang des ennemis.
Ric avait raison sur un point: il y avait un temps pour tout... et il était grand temps pour Wildekat de sortir les griffes pour défendre les siens, contre tous ceux qui essayeraient de leur nuire avec des prétextes fallacieux.
Kat ce soir était morte, enfouie à jamais dans le souvenir d'un amour passionnel maudit.
Wilde, la sauvage, s'était réveillée, et rien n'arrêterait la Panthère Noire. |
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Posté le 05/04/2008 à 13:13:53
Qui ne tente rien...
« Wilde ! Wilde ?! T’es où ? Wilde !! Faut y aller ! »
Wildekat s’était installée sur la branche d’un arbre, juste a coté de Louis-Le-Grand, dominant la forêt, et de ses yeux guettait la fumée qui s’élevait au loin, les flammes qui léchaient la nuit noire…
Les narines de la féline décelaient l’odeur de poudre, mêlée à celle du sang et de la mort.
La guerre faisait rage une fois de plus sur Liberty. Ce soir encore des hommes et des femmes allaient se battre sur cette île maudite dans le seul espoir de survivre quelques heures de plus, quelques jours, quelques mois… à quoi tout ceci rimait-il ? La mort semblait ce soir si inévitable, et si palpable à la féline…
Elle reconnut la voix de Hoyt et quitta son perchoir d’un bond, se dirigea vers la silhouette familière.
« Je suis là. »
Il fit un bond, la féline s’était approchée à pas de velours, et il ne l’avait sans doute pas entendue arriver. Il lui fit face et l’observa.
« Wilde, je t’ai connue plus civilisée… »
-« Moi aussi »
-« Je suis sérieux, tu semble d’un coup avoir changé. Comme si tu étais différente, alors que c’est bien toi. »
-« Eh bien comme cela je ne serais jamais monotone à tes yeux. »
Malgré la nuit, Wildekat perçut qu’il se faisait du soucis pour elle.
« Qu’est-ce qu’il y a Wilde ? C’est à cause de Tipiak ? Tu te fais du soucis ? Tu veux qu’on en parle ? »
« Non, pas le temps, le Général va râler si on arrive en retard. »
Hoyt grimaça
« Arrête. Général ou pas, retard ou pas, tu ne m’aurais pas parlé… »
Elle baissa les yeux
« Raton… je peux pas. »
-« Tu veux pas. »
-« Je veux pas. »
-« Bien, alors allons y. »
Il se mit en route, et Wildekat lui emboîta le pas. Les craquements de branches et de feuilles sous leurs pas résonnaient dans la forêt. Ils étaient tous deux à l’affût du moindre signe d’ennemis. D’un coup, Hoyt s’arrêta net, et Wildekat lui rentra dedans sous l’effet de la surprise.
Il se retourna et lui fit face, de toute sa hauteur. A la lueur de la lune, Wildekat réalisa qu’il était aussi imposant que certains guerriers dont on lui avait conté l’existence dans des mythes frisons. Il la regarda droit dans les yeux.
« Tu sais que tu peux compter sur moi ? Je veux dire, si tu voulais parler… »
Elle lui sourit
« Je sais Raton, mais tu sais, il y a des choses que je ne dis pas… »
-« Oui, je sais. »
-« Cela n’empêche pas que tu as ma confiance, et que je donnerais ma vie pour toi. »
-« Je ne t’en demande pas tant »
-« Ce n’est pas en demandant qu’on l’obtiendrait de toute façon …» Elle hésita puis reprit « Tu sais quand tu es parti d’Ulungen il y a quelques mois, je n’ai pas compris pourquoi tu ne voulais plus porter nos couleurs… mais tu restais mon frère. Jamais je ne t’aurais considéré autrement. »
-« Parfois il faut s’éloigner des choses qu’on aime pour mieux les apprécier… »
-« Tant que tu ne t’éloignes pas trop souvent… ! »
-« Pas de risque ! Le coffee et nos soirées coin !coin ! me manqueraient trop ! »
Ils se mirent à rire tous deux en se rappelant leurs soirées de patrouille en ville, et l’espace d’un instant, Wildekat oubliait la noirceur qui emplissait son cœur.
C’était pour eux qu’elle se battait. Pour des hommes et des femmes qui avaient le cœur sur la main. Pour la famille qui l’avait accueillie, et qu’elle avait choisie.
« Aller viens la panthère, si on arrive après la bataille, le Général va râler et il aura raison ! »
-« Oui, allons y, Van Ders nous attend… et les anglais avec. Il ne faudrait pas les décevoir. » Un sourire mauvais se dessinait sur les lèvres de Wildekat.
Le chemin était long, la nuit les montagnes comportaient des endroits sombres et des pièges à éviter… ils arrivèrent en avance, fatigués, mais motivés et pénétrèrent dans leur tour qui portait les couleurs de New Kingston. Wildekat inspectait les lieux.
« Qu’est-ce que c’est laid ! Van Ders anglaise, rien que de le dire ça me donne la nausée… »
Tuxedo s'approcha d'eux
-« Ah vous voilà tous les deux! C’est bien, vous êtes à l’heure, certains ne m’ont pas donné de nouvelles, je ne sais pas si on pourra compter sur eux, j'éspère qu'il ne leur est rien arrivé… »
Wildekat était heureuse de revoir Tuxedo, mais le moment était mal choisi pour des retrouvailles, il fallait se concentrer sur l’objectif. Elle voulut donc se renseigner sur leur stratégie.
« Nous sommes combien ? »
-« Sept »
-« C’est tout ? Sept alors que les anglais nous attendent plus que probablement ? »
-« Le Général Espagnol va venir nous aider aussi, avec des Espagnols… »
-« Espérons qu’ils ont des balles à profusion alors… m’est avis que les anglais vont nous envoyer l’artillerie lourde. »
-« C’est fort probable… mais qui ne tente rien… »
-« Est un chien ! »
Wildekat était heureuse de revoir ses amis Espagnols, même si ils avaient peu de temps pour se placer avant que les anglais ne donnent l’alarme… ce qui ne tarda pas.
Les balles fusaient dans tous les sens, les deux Généraux Espagnol et Hollandais hurlaient des ordres à leurs troupes, tous couraient, jouant au jeu du chat et de la souris, mais trop de Hollandais tombèrent… Physalis, Hoyt, Mimolette …
Wildekat réussit à assommer un anglais, et se dirigeait vers Hooligan pour lui venir en aide lorsqu’elle réalisa qu’il se battait avec Choco. Hooligan l’aperçut et lui hurla
« C’est bon Wilde, je m’en sors, trouve leur médecin ! Vite!»
Elle se mit à courir après un anglais qui portait un sac de bandages et qui suivait une femme enchaînant les coups sur les Hollandais et les Espagnols.
El enano de jardín et Caratawc étaient déjà à terre, Wildekat courait aussi vite qu’elle pouvait mais voyait déjà Hooligan, Neoh et Tuxedo tomber sous les coups de l’anglaise.
« Noooon !! »
Epuisée, Wildekat n’eu pas la force d’avancer plus, et s’arrêta haletante pour voir Nara tomber à son tour.
L’anglaise se dirigeait déjà vers elle et sous le coup de la colère Wildekat la toucha plusieurs fois, mais l’anglaise eu raison d’elle.
Avant de sombrer, Wildekat l’attrapa par le bras et lui fit face, plantant son regard noir dans les yeux de l'anglaise.
« Je reviendrais... demain, après-demain, et après-après-demain…. je serais comme la fiente de perroquet qui se colle à vos bottes... comme la plaie qui ne se referme jamais... je reviendrais tant que Van Ders portera ces couleurs hideuses ! »
-« Très bien je vous attendrais alors, Elinor, enchantée ! »
Sur ce, Wildekat sentit son esprit glisser dans un abîme sans fond et se laissa tomber au sol. |
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Posté le 07/04/2008 à 23:29:03
Elle se réveillait à Van Good, aux côtés de nombreux Hollandais. La douleur des coups portés par Elinor la faisait grimacer lorsqu’elle s’étirait dans son petit lit d’hôpital, mais elle n’avais qu’une envie : retourner là-bas.
Tant que Van Ders serait anglaise, elle rôderait autour, égorgeant tous les anglais qu’elle trouverait.
Elle se leva et chercha Tuxedo des yeux. Elle n’avait pas eu le temps de lui parler le soir précédent. Il était occupé à envoyer des perroquets tout en consultant sa carte stratégique de Général.
« Raaaah ! Wilde ! J’en peux plus ! Saleté d’anglais ! Je n’arrive à joindre personne ! Tout le monde est reparti à ses petites affaires dès la fin du mois ! »
Wildekat posa sa main sur la sienne et le força à arrêter d’écrire quelques instants.
« Ne t’en fais pas. On récupérera Van Ders. On mettra peut être plus de temps avec moins d’hommes, mais on la récupérera. Tu sembles éreinté mon pauvre Tux’, tu devrais te reposer.»
-« Pas le temps, il faut reprendre Van Ders »
-« Ou tout simplement aller ennuyer les anglais. »
Une idée semblait germer dans l’esprit de Tuxedo
« Hm…. Les embêter… oui…. »
-« Tu as une idée ? »
-« Oui, mais ce serait de la folie… »
Wildekat se mit à sourire
« Toute folie est bonne à prendre »
-« Hm.. non ce serait du suicide »
-« Je prends toute mission suicidaire que tu auras à me confier. »
Tuxedo observa Wildekat étrangement.
« Comment cela ? »
-« Tu as bien entendu… je prends. » Elle voyait qu’il hésitait « Et arrête de me considérer comme une gamine. Le temps est venu pour moi de me battre pour la Hollande. »
-« Qu’est-ce qui t’arrive Wilde ? »
-« Rien. Je fais ce qu’on veut que je fasse. Je vais me battre pour mon pays. Et plus seulement avec les mots. »
-« Mais tu… »
-« Bon, cette mission !? Ca vient ? »
Wildekat et Tuxedo s’étudièrent quelques instants, le frère protecteur sondant dans le regard de sa sœur une faille, mais il n’en vit pas. Elle n’avait pas peur, elle était déterminée.
« Je vois. Je ne suis pas vraiment surpris. Je savais que ce jour viendrait Wilde, mais je ne pensais pas que ce serait si tôt… »
-« Ou si tard. Je pourrais être morte demain. »
Il ne dit rien, choqué de la lucidité et de la dureté des paroles de Wildekat, elle si joyeuse d’habitude.
« Alors ? La mission pour ce soir ? »
Il se remit à sourire, et lui fit un clin d’œil
« Eh bien.. nous allons rendre visite à nos amis anglais, chez nous, à Van Ders… »
-« Tu as assez d’hommes ? »
-« Non, on sera trois, je vais contacter Gaart, il nous rejoindra. »
-« Tu veux reprendre Van Ders avec trois Hollandais ? »
-« Qui t’a parlé de reprendre Van Ders ? On va juste aller leur faire peur… maintenir la pression. »
-« ha ha ! je te reconnais bien là ! C’est une bonne idée… j’ai promis de revenir là-bas, et une promesse est une promesse… »
Elle quitta l’hôpital pour faire un tour en ville avant de repartir sur Van Ders. Elle croisait les habitants sans interférer avec eux. Quelques uns la saluèrent, mais elle ne fit que répondre poliment et esquiver les conversations.
Elle n’avait pas envie de parler, elle avait envie d’agir.
Elle ne pu s’empêcher d’aller faire un tour dans la cale du Thör, cet endroit ou elle et Ric s’étaient aimés passionnément un soir, à l’abri du monde, cachés de la Hollande alors qu’il figurait sur sa liste noire. Elle s’appuya contre un vieux tonneau de rhum et laissa ses yeux fixer le vide. Elle revoyait les deux corps s’entremêler et ne former plus qu’un. Elle entendait encore les promesses qu’ils s’étaient faites.
Une larme coula sur sa joue. La sensation était étrange. Depuis plusieurs jours, elle n’en avait pas versée une seule. S’interdisant de pleurer pour cet homme qui ne voulait pas de son aide et de son amour. La larme était chaude, et presque réconfortante… elle rappela à Wildekat qu’elle était vivante.
Quel gâchis… son seul Amour…cette île était vraiment maudite…. Wildekat était maudite… à force d’être opprimé par la peine qu’elle ressentait, son cœur ne sentait plus rien. Ou plutôt, il était comme dans du formol, incapable de réagir, laissant juste la noirceur l’envahir.
Sa main tomba sur son sac, mi-ouvert. Elle entrepris de le refermer lorsqu'elle tomba sur la dernière lettre de Ric.
Machinalement, elle la relut. Les mots durs et froids ravivaient la douleur dans son cœur.
Il lui faisait comprendre qu'elle était trop Hollandaise.
Comment pouvait-il dire cela, alors qu'elle l'avait toujours été? Il l'avait vue arriver en Hollande. Il la connaissait. Bien sûr qu'elle était Hollandaise.
Dans sa propre lettre, elle lui avait proposé de le rejoindre à l'instant. De tout quitter pour l'aider dans ce moment de grande peine., quand il avait perdu son frère, son ami Nick. Elle avait été prête à ignorer les ordres du Général et à laisser Van Ders se débrouiller sans elle. Il lui fallait dire un mot. Un seul.
A la place, il lui faisait comprendre que sa présence n'était pas souhaitée, voir pire, qu'elle était malvenue.
Comment pouvait-il lui dire qu'elle était malvenue? Après tout ce qu'elle avait fait pour lui, pour eux... comment pouvait-il tout renier, d'un coup?
Elle avait mal au coeur, et ce qu'elle n'avait pas pu exprimer devant Hoyt, Gaart ou Tuxedo, dans la cale humide et sombre du Thör, remonta tel un torrent de larmes.
Seule, à l'abris des regards, elle se laissa glisser dans la peine, se remémorant leur histoire. Souvent les joies, parfois les peines, l'amour toujours. Puis il y avait eu la trahison dans les arènes Olympiques... puis Arathza... et à partir de là, tout avait été maudit... tout.
Doucement, la féline se mit à sangloter.
Elle aurait peut-être dû se demander si Ric pensait vraiment ce qu’il disait, mais elle ne le fit pas. Incapable de remettre en question la sincérité de son lion. La confiance aveugle…
Les larmes de peines se transformaient en larmes de colère. Colère contre Ric, mais surtout contre cette malédiction dont elle semblait être l'objet. Cette malédiction qui la poursuivait inlassablement, sans jamais la rattraper.
Elle était maudite, tout comme cette île, cela elle le savait, mais alors, pourquoi était-elle toujours en vie?
Elle soupira.
Elle se rappelait la promesse qu’elle s’était faite en quittant le continent : elle ne se retournerait pas. Jamais. Elle avancerait toujours, sans se morfondre sur son passé.
Ainsi, c’est avec douleur qu’elle réalisa que Ric faisait maintenant partie de son passé. Il en avait décidé ainsi, et elle ne pourrait rien y changer.
Les Quatre Lunes aussi.
Il fallait qu'elle accepte. Qu'elle fasse son deuil.
Machinalement, elle porta la main sur sa poitrine et sortit le médaillon que Ric lui avait donné. De ses doigts, elle dessina pensivement le contour des quatre lunes et le nom de Ric gravé au dos. Une énième larme coula le long de sa joue et tomba sur le médaillon en or. Elle ferma les yeux et vit le visage de Ric, qui lui souriait, radieux, un soir sur Cristal Beach… son cœur se serra tellement qu’elle su qu’il mourait un peu à sa façon.
Maudite île.
Lentement, de façon déterminée, se mordant les lèvres tellement fort qu’elle sentit le sang perler sur sa langue, elle ôta le pendentif et le rangea dans son sac, dans une poche qu’elle savait secrète.
Elle essuya résolument les larmes sur son visage et se promit qu’il n’y en aurait jamais plus d’autres pour aucun homme.
Un dernier coup d’œil dans la cale du Thör et Wildekat la Panthère Noire prit la route de la sortie, sans se retourner, laissant Kat et son Amour dans la cale du bateau.
Elle passa devant les maisons, devant les habitants, sans détourner son regard du point qu’elle fixait : Van Ders, siégeant fièrement sur sa montagne.
Ce soir Van Ders resterait anglaise, mais ce soir, les anglais sauront que la Hollande n’oublie pas qu’elle est chez elle. |
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Posté le 08/04/2008 à 14:33:05
La croyance enfouie
Le coup de bluff avait parfaitement bien fonctionné.
Tuxedo et Gaart avaient pris soin de trancher la gorge à deux gardes anglais afin que l'alarme soit donnée.
Poppea, Balaan, Bacchus et Fanch Nerra se trouvaient dans la tour et avaient eux aussi nettoyé les anglais dès la tombée de la nuit. Si bien qu'avec un Français de plus, Van Ders aurait pu passer aux couleurs de Port-Louis. Quand ils réalisèrent cela, les trois Hollandais se mirent à rire
« Ha ha! Pour un coup de bluff, ça marche mieux que prévu! »
- « Oui enfin c'est dommage, si on s'était organisés, on aurait pu prêter Van Ders aux Français... imaginez la tête des fientes rouges!! »
- « Oui c'est dommage, mais pour moi il était clair qu'on ne reprenait pas Van Ders ce soir... »
- « Bah, on s'en occupera demain soir Tux’... pour le moment on leur montre qu'on ne les oublie pas... »
L'alarme avait dû être donnée, car on entendit des guerriers anglais courir à Van Ders et se diriger vers les intrus. Cependant, Wildekat fut étonnée de ne pas entendre cette langue qu'elle abhorrait depuis peu. A la place, elle entendit... du français!
Elle n'était pas dans l'enceinte même de la tour, trop fatiguée pour l'atteindre, et s'était installée juste à l'entrée, avec ses frères et un français.
Mais cette voix grave qui affrontait les Lyssois dans l’enceinte de Van Ders, elle la connaissait... Widekat grimpa sur un rocher pour tenter de mieux voir, mais elle n'entendit que les claquements d'épées dans la nuit. La voix s'était tue. Plus rien.
Tuxedo la retrouva
« Qu'est-ce que tu fais perchée sur ce rocher comme un oiseau Wilde? »
Décontenancée, réalisant la ridicule de la situation, elle balbutia :
« Je, heu... j'ai reconnu une voix.. enfin, je crois…. je ne sais pas... non, c’est impossible»
- « Hein? Qu'est ce que tu racontes? Ca va pas!? Tu es toute pâle?! »
Elle se laissa glisser en bas du rocher
« Non, rien. »
Elle tourna la tête vers Van Ders et fut surprise de ne pas voir Gaart.
« Où est Gaart? »
- « Il est mal en point. J'ai envoyé un perroquet pour que des médecins viennent vite le chercher, avant que des anglais ne rappliquent et l'exécutent. »
- « Où est-il?! »
- « Viens. »
Ils s'installèrent tous deux autour de Gaart, qui était inconscient. Wildekat et Tuxedo tentèrent de lui administrer des soins, mais son état était critique. Deux des Lyssois vinrent se placer à côté d'eux, afin de surveiller l'arrivée des ennemis.
La fatigue eu sans doute raison de la panthère, après plusieurs jours à cauchemarder et veiller, et elle s’assoupit plus longtemps que prévu en attendant les secours. Elle réalisa son erreur lorsqu'elle sentit une lame lui transpercer la cuisse.
Wildekat ouvrit les yeux et bondit en arrière, cherchant son sabre de la main, mais l'anglais avait déjà filé. Elle le vit de dos, quitter Van Ders sans se retourner.
A ses pieds, le spectacle était mortuaire. Tuxedo était lui aussi inconscient, tombé non loin de Gaart, et les trois Lyssois, Fanch Nerra, Balaan et Poppea gisaient un peu plus loin.
Wildekat tomba à genou devant le spectacle. Ironie du sort, elle qui était prête à embrasser la mort ces derniers jours... était la seule épargnée.
Elle prit sa tête dans ses mains et fit une chose qu’elle n’avait pas faite depuis des années. Une chose qu’elle se serait cru incapable de faire si on lui avait demandé, une chose qu’elle fit pourtant instinctivement. La panthère pria le Seigneur.
Non, non.. pas eux.. moi, oui, mais pas eux... c'est une erreur... c'est moi qui devait mourir... pas eux... si il y a une Justice... pas eux... pitié... pas eux... mon Dieu… pitié… je vous en prie
« Juffrow? Service d'urgence de Van Good. Où est le blessé Gaart Hoofeln? »
Elle leva les yeux, mouillés de larmes et discerna la silhouette d'un médecin. L'espoir lui revint, et elle ferma les yeux de nouveau, soulagée
Merci mon Dieu, merci
Elle les rouvrit aussitôt et rejoignit le médecin qui commençait déjà à soigner ses frères.
« Il y a des Français blessés là-bas. Occupez-vous d'eux aussi, prévenez Saint-Catherine. Ils vont s'en sortir? »
- « Oui Juffrow, ça va aller, mais je les rapatrie à l'hôpital. »
Wildekat regarda les infirmières et médecins embarquer ses frères et se retrouva seule, en pleine nuit dans une tour qui devait être comme sa maison, mais qui ne l'était pas en cet instant, encore aux couleurs anglaises.
Elle s'installa contre un rocher, et croisa les bras, prête à mourir sur place plutôt que de quitter Van Ders. Elle ne se cacha même pas, restant en plein dans le passage de l'entrée, s’assurant qu’aucun anglais ne pouvait la louper.
La lune brillait toujours autant, et Wildekat attendait la mort, pendant des minutes, des heures...
A n'importe quel moment, un anglais pouvait surgir et l'abattre. Mais après tout, pourquoi pas?
Pourquoi pas? Idiote, tu crois que tu vas servir ton pays en te suicidant bêtement en pleine nuit sur un anglais? Tuxedo aurait voulu que tu te caches... demain... demain tu pourras mourir en combattant... mais pas pour rien…
Elle rassembla ses affaires et quitta Van Ders.
je reviendrais dans quelques heures.... et la Hollande récupérera ce qui est à elle
Elle se dirigea dans la montagne, et trouva une caverne rocheuse inhabitée et froide. Elle s'y faufila et envoya un message à son Général pour le prévenir, mais décida de rester vague au cas où le message soit intercepté:
Cachée dans montagne, tout va bien.
La nuit prochaine, ce qui est à nous reprendra nos couleurs.
W.
Elle prit soin d'envoyer un volatile nocturne pour qu'il passe inaperçu. On n’était jamais trop prudent en temps de guerre.
Wildekat se recroquevilla dans la grotte, tentant de se reposer un peu. Elle ne s'était jamais sentie si seule depuis qu'elle avait envoyé Tjaard trouver Ric. Son lynx ne lui répondait toujours pas... et ce silence morbide qui régnait dans son esprit devenait insoutenable. |
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Posté le 10/04/2008 à 15:42:20
Reprendre ce qui est sien
L'attente avait été longue dans la grotte... mais l'heure de la Justice avait sonné pour les anglais. Wildekat se dirigea vers Van Ders, à travers les forêts et les replis des montagnes, évitant scrupuleusement les détours afin de ne pas trop se fatiguer. Les combats seraient rudes, elle le savait.
Le Général Tuxedo s’avança vers elle en courrant.
« Wilde! Tu es en forme? Je peux te confier la surveillance de ces trois points là? »
- « Si je suis en forme? J'ai promis à Elinor de revenir, et je suis prête à montrer à ces charognards ce que la Hollande a dans le ventre... »
- « Parfait. Tu protèges donc la partie sud-est de la tour. Deux Espagnols sont venus nous aider aussi, on ne sera pas de trop. On a été attaqués un peu avant que tu n'arrives, par deux anglais, Ancou et Dandy Roll. Helena nous en a débarrassés, mais je suis sur qu'il va y avoir du renfort ce soir... »
Il ne se trompait pas. Quelques minutes après, les anglais débarquaient, en nombre. Ruben et Ignacio Luis Ruben dé la Vega visaient les ennemis, alors que Wildekat se battait comme une furie, laissant à peine le temps à ses adversaires de réaliser ce qui se passait.
Elle se battait avec le Général anglais, Vadrek Crom, aux cotés de Ruben lorsqu'elle reconnut Elinor. Wildekat lui courut après et ne lui laissa aucune chance, la finissant sans scrupules alors qu'elle était très mal en point... mais la bataille ne faisait que commencer. Tuxedo hurlait ses ordres, et les combats faisaient rage dans la tour. Elle discernait les voix des ses frères qui se battaient de toutes leurs forces: Jackie Boy, Judas, Enies, Van Jabs , Neoh, Helena, Physalis...
Elle analysa rapidement la situation et se mit à courir après SoraSKT. Une fois à terre, elle enchaîna sur Slaughter. Quand l'anglais tomba à ses pieds, elle vit encore un uniforme de la Perfide Albion qui courait dans Van Ders. Elle se rua sur lui et lui asséna trois coups avant que Ruben ne le finisse.
Wildekat s'arrêta, le coeur battant à tout rompre, l'arme toujours en garde, le sang dégoulinant sur son bras. Une panthère en furie. Une panthère libérée.
Elle s'essuya le visage, rouge des éclaboussures du sang de ses adversaires, et du sien. Ses yeux continuaient de guetter le moindre uniforme anglais qui pourrait débarquer, alors qu'elle avait le goût du sang ennemi dans sa bouche.
Lorsque Tuxedo les informa que la tour était de nouveau Hollandaise, elle ne pu s'empêcher de hurler son cri de victoire.
« ORAAAAANNNNNJJJJJJJEEEEE!!!! »
Elle rejoignit les survivants, et ils se félicitèrent et se remercièrent, alors que déjà les médecins de Van Good embarquaient les blessés.
Demain, elle irait montrer aux anglais qu'ils avaient eu tord de s'en prendre à la Hollande.
Mais avant cela, ce soir, c'était la fête. Justice avait été faite.
Van Ders portait ses couleurs oranges, et la panthère était définitivement sortie de sa cage. |
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Posté le 16/05/2008 à 13:28:24
Tjaard
Depuis plusieurs semaines, Wildekat n’avait plus aucunes nouvelles de son lynx, Tjaard. Elle s’était alors rendue compte de l’importance qu’il avait pris dans sa vie, et cette présence rassurante qui semblait acquise et naturelle lui faisait défaut à un moment où elle en avait le plus besoin.
Au fil des mois, c’était plus qu’une profonde amitié qui liait les deux êtres, mais Wildekat ne réalisait pas jusqu’à quel point. On aurait pu dire que l’un sans l’autre était comme un oiseau sans ailes.
Lasse, exténuée, blessée, Wildekat était à bout de forces. La douleur physique n’était rien face à la douleur psychologique qu’elle ressentait au plus profond son âme. Depuis qu’elle avait perdu Ric et son lien avec Tjaard, elle était devenue Panthère Noire, mais une partie de Wildekat n’assumait pas ce qu’elle était devenue.
Plus brutale, plus féroce, plus bestiale, diraient certains… le chat sauvage s’était définitivement transformé en panthère. Seulement, Wildekat avait peur de cette panthère. Peur de ce qu’elle était devenue, et peur de l’avenir qui était réservé à une telle panthère sur cette île.
Elle avait ressenti le besoin de se confier à une personne qui comprendrait ce qu'elle ressentait, ce silence pesant qui régnait dans son esprit, une personne qui ne la prenne pas pour une hérétique.
Wildekat coucha laborieusement ses pensées et ses craintes, ses doutes, ses peurs, et ses questions.
Elle trouva un rapace qu'elle envoya vers son destinataire avec une pointe de regret. En temps normal, c'est Tjaard qui aurait porté cette lettre-ci, et avec une joie non dissimulée comme à son habitude lorsqu'il allait retrouver ce destinataire.
La réponse ne se fit pas attendre.
Wildekat relisait la lettre de son ami. Enfin, "ami" était le mot qu'elle utilisait pour qualifier l'homme, mais le mot représentait bien mal la diversité des sentiments qu'il faisait naître dans le coeur de Wildekat. Quoi qu'il en soit, Wildekat n'était pas prête à s'avouer que l'homme la troublait, et elle se refusait à mettre un tout autre qualificatif qu' "ami" sur son nom.
La lettre, comme toutes celles qu'elle avait toujours reçues de son "ami", rassurait Wildekat.
Au-delà des mots qui la réchauffaient, il lui faisait une proposition. Une proposition qu'elle accepterait avec plaisir, et qui tombait plutôt bien.
Elle replia la lettre soigneusement et la rangea dans son sac. Après tout, s'éloigner de la politique, des affaires Hollandaises et des histoires internationales lui ferait le plus grand bien. Elle était un peu perdue, il fallait qu'elle se recentre un peu, qu'elle accepte certaines choses, qu'elle en partage d'autres.
Il fallait qu'elle retrouve son équilibre.
Elle avait besoin de calme, de retrouver sa moitié plus sage, plus pondérée... ou elle savait qu'elle allait se perdre dans les méandres de la panthère noire.
Les mots de la lettre résonnaient dans sa tête.
"rappelez-le à vous"... oui, mais comment... elle avait essayé plusieurs techniques, elle avait même été jusqu'à déposer une affiche sur la place publique d'Ulüngen pour signaler la disparition de son Lynx.
Rien. Pas un signe de vie, pas un mot, pas une présence. Rien.
Comme disparu.
Comme mort. Non, pas mort, elle l'aurait senti... mais où était-il bien passé ?
Wildekat n’avait pas vraiment le temps de réfléchir convenablement à tout cela, la guerre faisait rage sur l’île entière. Les quatre nations avaient alerté leurs renforts militaires, et elle s’était engagée à porter secours aux armées Françaises et Espagnoles.
Un soir alors qu’elle guettait l’ennemi anglais, la panthère fit une bien étrange rencontre…
Suite ici : « Conscience Bestiale »avec Luun :
http://www.pirates-caraibes.com/fr/index.php?u_i_page=5&theme=15&sujet=15345&u_i_page_theme=1&u_i_page_sujet=1 |
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Posté le 10/06/2008 à 00:49:02
[Je remet le dernier post de « Conscience Bestiale » avec Luun, qui est en lien direct avec la suite des aventures de Wildekat]
Le ciment
Wildekat avait été profondément bouleversée par le comportement et l'attaque de Luun, qu'elle avait toujours
apprécié. Elle l'appréciait d'autant plus qu'elle se retrouvait parfois en lui, possédant elle aussi un
caractère sauvage parfois à la limite de l'inhumanité... et c'était justement là que résidaient ses craintes.
Où demeurait cette fameuse limite de l'inhumanité? Y avait-il d'ailleurs une limite à l'inhumanité?
Après tout, l'Homme était un animal comme un autre, et avait déjà prouvé qu'il pouvait se montrer plus vicieux que n'importe quel animal sur Terre.
L'Homme était mauvais, avait l'esprit inné de vengeance, la soif de sang, de pouvoir et d'or. Oui, parfois l'Homme était plus sauvage que l'animal sauvage... mais l'Homme gardait un certain pouvoir sur son âme, une force de décision, que l'animal n'avait pas.
Là où l'animal agit par instinct, l'homme agit par code de conduite.
Là où l'animal agit par nécessité, l'homme agit par cupidité.
La limite existait donc, et même si elle était floue, Wildekat sentait bien qu'elle l'avait elle-même outrepassée ces dernières semaines.
Le combat avec Luun lui avait ouvert les yeux sur ce qui pouvait lui arriver si elle laissait la bête prendre le contrôle sur son âme. Ce que Luun avait fait, elle aurait pu le faire. La seule pensée de s'en prendre à des innocents la fit frissonner, et lui rappela ces jours où Arathza menait son coeur et ou elle n'était que l'ombre elle-même, spectatrice de son comportement.
Avec la Panthère, c'était différent. Personne ne prenait le contrôle sur son coeur: Wildekat était la Panthère, tout comme la Panthère était Wildekat.
Il lui fallait "seulement" apprendre à maîtriser les deux faces, faire cohabiter les deux entités pour les réunir et n'en faire qu'une. Il fallait surtout accepter que la Panthère Noire aie sa place dans le coeur de Wildekat, qu'elle y soit tout aussi légitime que Wildekat elle-même, et c'était cette acceptation qui allait lui prendre du temps.
Accepter la bête sauvage tout en la contrôlant.
Accepter les divers sentiments qui naissaient dans son coeur, tout en les utilisant pour construire et non pour se détruire.
La Panthère avait encore un long chemin à faire, mais ce soir, elle allait comprendre ce qui aurait dû être une évidence depuis bien longtemps...
Wildekat retrouva Luun dans une caverne rocheuse, au flanc des montagnes sur les terres Françaises. Dehors la guerre faisait encore rage, et elle avait croisé plusieurs patrouilles Françaises et Espagnoles avant d'arriver à destination. Wildekat s'était engagée dans la guerre aux cotés des ennemis d'Albion, mais ce soir, elle ne prendrait pas part aux guerres humaines. Ce soir, c'est à une autre guerre qu'elle assisterait, une guerre beaucoup plus personnelle et intime : celle de la bête sauvage sur l'homme.
A l'odeur, elle su que Luun était déjà là, mais elle perçut aussi des odeurs inconnues d'herbes broyées et brûlées qui émanaient de l'intérieur de la grotte. Elle pénétra discrètement et marqua un temps d'arrêt lorsqu'elle le vit. Il était nu, comme le soir de leur combat quasi-mortel, assis en tailleur, et chantonnait presque dans un murmure, des mots dans une langue que Wildekat ne connaissait pas.
Ils s'étudièrent quelques secondes, les bêtes se scrutant, puis se reconnaissant, s'assurant que ce n'était point l'ennemi qui avait pénétré dans l'espace étroit et intime de la grotte.
Wildekat s'installa alors dos contre le mur, les jambes repliées et n'émit aucun son qui aurait pu gêner la cérémonie de Luun.
Elle ne le quittait pas des yeux. A la lumière du feu, elle remarqua que les traces de leur combat étaient aussi présentes sur le corps du Loup que sur son propre corps : des entailles profondes et des ecchymoses marquant ça et là sa peau si blanche.
Le rythme du tambour devint plus lourd, plus profond, et Luun commençait à être trempé de sueur. Wildekat eu l'espace d'un instant, l'envie d'aller le secourir, car il semblait souffrir, mais son instinct lui dicta de ne pas bouger d'un poil, et de laisser le Loup renaître dans et par la Terre.
L'espace semblait s'être agrandi, les murs de la grotte avaient disparu, pour laisser place à une immensité qui englobait les mers, les océans, les forêts, les montagnes, les Hommes, les animaux, les continents... tous ces éléments étaient présents mais impalpables, indissociables.
La sensation était étrange, nouvelle, rassurante... Wildekat ressentit une douce chaleur naissant dans le bas ventre et irradiant petit à petit toutes les particules de son corps, elle ne sentait plus ses membres en tant que tel, mais trouvait son âme dans chaque atome de son corps.
Elle vit alors Luun changer d'aspect, devenir Loup, puis Homme, mais rien ne semblait moins naturel à la féline, qui s'attendait à un tel changement, et qui le vivait elle aussi, à sa manière.
Le Loup et l'Homme ne formaient plus qu'un. Luun avait trouvé son équilibre, la symbiose semblait parfaite, et c'est à cet instant que Wildekat comprit...
...il n'y a pas de limite à l'inhumanité
...il n'y a pas de limite à l'humanité
...il n'y a pas de limite à l'âme
...il n'y a pas de limite au cœur
…la seule limite qu'il y a est celle de l'enveloppe charnelle.
Wildekat était Panthère, Wildekat était Femme. Il lui fallait trouver le ciment de ces deux composantes, afin de trouver sa propre symbiose, comme Luun venait de le faire.
La réponse s'imposa d'elle-même.
Son "ciment", elle l'avait eu sous les yeux depuis longtemps, sans vraiment le comprendre... d'un coup, elle se leva. Elle savait ce qu'elle avait à faire. Tout était limpide, après des semaines de doute et de trouble, de silence et de souffrance.
Elle s'approcha de Luun, et esquissa un sourire. Il avait changé d’apparence, sans pour autant changer en essence. Il était plus beau, plus effrayant, plus sûr de lui, plus... Luun.
Il était en fait aujourd'hui plus que jamais Luun.
Wildekat passa délicatement son index sur la fine cicatrice blanche qui fendait le visage de Luun sous son oeil gauche. Ils s'étudièrent un moment, une seconde, ou une heure, peu importait, puis Wildekat se hissa sur la pointe des pieds et déposa un baiser sur la joue gauche de Luun, à l'endroit où elle avait laissé cette cicatrice quelques jours auparavant.
« Merci Luun »
La Panthère quitta ensuite la caverne, se dirigeant vers son destin, à la recherche de son "ciment". |
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Posté le 10/06/2008 à 00:50:04
Adieux
Wildekat avait eu vent de la mort de Dudu et Alanis, et tout de suite pensa à Ric: elle savait la douleur qu’il devait ressentir.
Elle avait des lors deux choix. Ne rien faire, et accéder au désir de Ric : ne pas chercher à le contacter ou le revoir.. ou lui écrire, pour lui faire part de son soutien.
La première solution, bien que plus facile, et peut-être celle que Ric aurait voulu, ressemblait à la solution des lâches aux yeux de Wildekat.
Faire comme si de rien était.. non elle ne pouvait pas.
Elle lui écrirait, après tout ce qu’ils avaient vécu, elle ne pouvait, en un tel moment, l’abandonner.
Peut-être était-il temps qu’elle lui fasse ses adieux, elle aussi. Elle y pensait depuis quelques jours déjà.
Il était temps pour elle de le laisser partir, comme il le voulait. Elle ne pouvait pas s’accrocher indéfiniment à cette passion qui les avait détruits tous les deux.
Elle sortit un parchemin blanc cassé et aiguisa sa plume avec un coutelas.
Puis, d’une main décidée, sans trop savoir où elle allait, elle coucha ses pensées et ses sentiments pour Ric.
Cher Ric,
J'ai bien compris ta dernière lettre, et je sais que tu n'attendais pas de réponse. D'ailleurs il n'y a rien a répondre, puisque tu ne veux plus me voir. Je ne suis pas un chien qui court après un maître qui ne veut plus de lui. Je suis une féline, j'ai ma fierté, et jamais je ne tenterais de te suivre ou de te faire changer d'avis. D'ailleurs tes mots étaient assez durs et m'ont fait assez mal pour que je comprenne que tu avais pris ta décision, et au fond de toi, tu l'avais prise bien avant ces derniers évènements, quand tu m'as demandé de choisir entre toi et la Hollande. Je respecte ton choix.
Je ne viens pas pour rediscuter du passé, cela ne m'intéresse pas, et je doute que cela t'intéresse.
Si je t'envoie ce courrier c'est parce que je viens d'apprendre que Dudu et la petite Alanis ont quitté ce monde. Je sais la douleur que l'on ressent quand on perd un être aimé, et je sais l'importance qu'elles avaient dans ton coeur. Je viens te dire que je pense à toi, et que je partage ta peine dans ce terrible drame.
Mais je te connais, et je sais que tu risques de perdre espoir, de vouloir t'éloigner de tout cela. Ric, n'abandonne pas tes frères. Tu les as choisi il y a longtemps, tu as confirmé ce choix il y a peu, et il faut que tu suives maintenant ton destin. Avec la perte de Nick, de Dudu et Alanis, ils ont besoin de toi, plus que jamais. Tu as toujours été le plus sage, tu sauras les guider où ils voudront aller.
Je sais que tu deviendras l'homme que Nick voulait que tu sois. Le Ric que j'ai connu est sans doute mort, comme tu l'as si bien dit. La Wildekat que tu connaissais aussi, est morte en quelque sorte... mais il n'empêche que tu es et restera un Homme d'honneur. Tu sauras les guider, n'en doute jamais. Si j'ai une certitude, c'est bien celle-là. Elle me fait bien peur d'ailleurs car je sais bien que tu les guideras en travers de ma route... mais baste, cela n'a pas d'importance, je ne suis pas là pour débattre, mais pour te dire que j'ai confiance en toi, pour guider les Quatre Lunes là où elles doivent aller. Peu importe où.
Je te croiserais sans doute un jour, tu viendras piller ma ville, et je viendrais la défendre... et ce jour là, je saurais que tu es devenu ce que tous voulaient que tu devienne. J'aurais mal, mais sans doute qu'au fond de moi je serais fière pour toi.
Tu vois, ils ont gagné. Ils t'ont fait croire qu'une Hollandaise ne pouvait pas aimer un Quatre Lunes, et ils m'ont fait croire qu'un Quatre Lunes ne pouvait pas être autre chose qu'un Quatre Lunes. C'est ainsi, on se croyait plus forts, on a eu tord. L'Amour ne triomphe jamais. C'est la mort qui triomphe toujours, et bien souvent la cruauté précède la mort. Liberty est une île maudite, tout comme notre Amour, tout comme moi... tout comme tout ce qui touche à ce bout de Terre.
Je n'oublierais jamais à quel point je t'ai aimé, les folies que j'étais prêtes à faire pour toi, et la passion qui consumait mon âme. Je sais que plus jamais je n'aimerais quelqu'un comme je t'ai aimé. Plus jamais je ne sentirais cette passion brûler en moi. Cette bénédiction et cette douleur jointes en un seul et unique sentiment. Je veux que tu saches tout cela. Que tu n'aies pas l'impression que je t'ai déjà oublié, car je ne t'oublierais jamais.
Je garde toujours avec moi l'émeraude que tu m'as offerte il y a un an, en souvenir de ce que nous avons été: je me souviendrais toujours de mon premier Général, de ces regards à la dérobée, de la douleur que j'ai ressentie lorsque tu as dû quitter la Hollande à contrecœur, de ce fier Hollandais que j'avais aimé dès le premier regard, sans le savoir, de ces lettres d'espoir, ces lettres d'amour et de nos journées passées ensemble, de ces moments de tendresse et de l'Amour que l'on faisait sans jamais se lasser l'un de l'autre, et toujours brûlant de désir et de passion l'un pour l'autre... non je ne pourrais et ne voudrais jamais oublier cela.
J'ai appris que tu t'étais installé à New Kingston. J'espère que tu t'y sentiras bien, que tu trouveras tes marques et que tu y seras heureux, tu le mérites. Tu sais, je t'avoue que je n'ai jamais cessé d'espérer que tu revienne un jour en Hollande. Je réalise que je me berçais d'illusions, mais que veux-tu, j'y ai cru, presque jusqu'au bout... toi et moi en Hollande, formant une famille, vivant d'amour sans se soucier du reste... oui, j'étais vraiment utopiste.
Des larmes coulaient sur les joues de Wildekat, et elle s’interrompit pour les essuyer avant qu’elles ne tombent sur le parchemin. Il était hors de question que Ric voie qu’elle avait mal au cœur, qu’elle était blessée. Une douleur naquit dans son bas ventre, là ou jadis le fruit de leur amour avait germé, et là ou plus jamais rien ne prendrait vie.
Elle n’avait jamais avoué à Ric que le soir ou il l’avait délivrée du sorcier Arathza, avec ses frères Hollandais, elle avait, en se jetant sur lui, tué leur enfant, sans le savoir. Si il l’avait appris, il serait devenu fou de peine, car c’était l’épée de Ric qui avait transpercé le ventre de Wildekat… même si Wildekat savait qu’elle était la seule responsable pour cette horreur, elle savait aussi que Ric se serait senti coupable.
Elle avait voulu se confier, et lui avouer ce qui la rongeait de culpabilité, mais les évènements n’avaient pas pris la tournure que Wildekat avait espérée, et elle avait gardé le silence. A quoi bon lui dire maintenant ? A quoi bon le torturer pour une chose qui ne changera rien à son avenir ?
Non, ce secret là, Wildekat le garderait pour elle.
Elle reprit son écriture, résigné.
Maintenant je dois te dire Adieu, comme tu l'as fait. C'est difficile, mais il le faut, je le sais bien. Il le faut pour toi, et pour moi. Pour que nous tournions notre regard vers l'avenir, sans oublier le passé. Pour continuer à vivre, tout simplement.
Je suis moi-même perdue ces temps-ci, rien ne va plus depuis ton dernier message. Je t'ai perdu, j'ai perdu Tjaard, et je vois mon pays se déliter petit à petit tout en me sentant impuissante et totalement incapable de faire quoi que ce soit. J'essaye de me montrer forte pour mes frères et soeurs mais en réalité je suis à bout, et ce n'est qu'une question de jours avant que je m'écroule. J'ai pris la douloureuse décision de quitter ma ville, c'est mieux pour tout le monde, mes frères ont assez de soucis sans se préoccuper d'une féline en état de déperdition. Enfin tout cela pour tenter de t'expliquer que mes propos sont peut-être mal tournés, mal agencés, et incompréhensibles, je te demande pardon. Ne prends pas mal mes paroles, si certaines te blessent, ce n'est pas mon intention, loin de là. J'ai toujours voulu te préserver, et si parfois je ne t'ai pas tout dit, c'était seulement pour t'épargner des douleurs.
N'oublie jamais ce que nous avons été, et à quel point nous nous sommes aimés, c'est la seule chose que je te demande. Vis ta vie pleinement, deviens l'Homme que tu dois être, et si par hasard tu croises ma route, fais ce que ton coeur te dictera, je ne te reprocherais rien.
C'est difficile de finir cette lettre, de me dire que c'est la dernière, que nous ne partagerons jamais plus rien.
Tu vois, j'ai mis un mois à te répondre, et c'est malheureux, il aura fallu des morts pour que je prenne la plume... mais je n'y arrivais pas avant. J'étais dans un état second, j'avais perdu mon âme, et mes actes étaient dictés par une panthère bien noire, une panthère que tu as eu la chance de ne pas connaître.
Garde dans ton coeur la panthère que j'étais avec toi... celle que je suis aujourd'hui ne vaut pas la peine d'être aimée.
Comment finir une lettre d'adieu quand on aime encore cette personne à qui on dit adieu? Et pourquoi continuer à aimer une personne quand j'ai toutes les raisons de ne plus le faire? C'est folie, mon coeur tremble à cette idée, les larmes coulent le long de mes joues, et pourtant... pourtant, je le réalise enfin, après tant de jours à m'être persuadé du contraire... je sais que je n'ai plus le droit, mais je vais te le dire une dernière fois... je t'aime Ric.
Adieu, mon Amour, puisse-tu être heureux, je te le souhaite de tout mon coeur.
ta panthère pour la dernière fois.
Une larme vint mouiller le parchemin, et Wildekat posa sa plume, pour s’essuyer les yeux alors rougis par la tristesse.
Elle chercha Tjaard du regard, puis se souvint avec douleur qu’il n’était pas là. Elle appela alors une chouette blanche qui vint se poser sur son épaule, et lui donna un peu de viande avant de l’envoyer chercher son destinataire.
Elle s’allongea dos sur le sol, et observa la chouette partir… un point blanc dans le ciel. Ses yeux embués voyaient les étoiles lumineuses comme des petites taches dans le noir de la nuit. Sa respiration se fit plus lente et profonde.
Elle aimait toujours Ric, elle le savait, et elle l’aimerait sans doute toute sa vie… mais elle était résignée, fatiguée, usée.
Leur passion avait été forte, trop forte même, et les choix que chacun avaient faits avaient rendus la passion destructrice. Dès lors, les cœurs avaient saigné plus que de raison, et s’étaient vidés petit à petit jusqu’à mourir d’amour.
Wildekat garderait toujours une place particulière dans son cœur pour Ric, mais pour toutes les raisons du monde, elle devait faire sa vie sans lui. D’ailleurs, ce soir-là, sous la lune, elle se promit de faire sa vie sans un Amour. Elle se dévouerait à aimer ses frères, ses amis, sa famille… mais plus jamais une seule et unique personne ne prendrait autant d’importance dans sa vie. Cette fois-ci elle avait survécu, mais elle avait bien compris l’avertissement : à trop aimer une personne, on en devient son esclave, et ça, la panthère ne pouvait pas se le permettre.
Du moins, le pensait-elle. |
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Posté le 11/06/2008 à 18:15:04
La chouette avait attendu toute la nuit et ne trouvant pas son destinataire, elle se mit à hululer et tourner au dessus de NK.
Dans la ville, le vieillard et son chien regardaient attentivement le rapace tournoyer dans la nuit.
Secrètement, il espérait qu'elle ne se prenne dans un de ces pièges à oiseaux posé sur les toits, pour pouvoir dévorer l'animal.
La chouette ne tarda pas longtemps avant de se prendre un patte dans un collet.
Rapidement, le mendiant se saisi de son échelle pour aller chercher l'oiseau.
"Toi, mon pigeon, je vais te bouffer et je donnerais tes os à mon chien et..."
Il s'interrompit quand il aperçut le message attaché à la patte de l'animal, celle la même qui était accroché dans le collet.
"Bon dieu de bon dieu" ronchonna le vieillard
Il se saisit du message et trancha le lien qui rattachait l'animal ce qui lui permit de se dégager et de reprendre son envol.
Il porta l'enveloppe à ses narines et en huma le parfum.
"Nom de dious, une lettre de Lady "
Avec soin et rapidité, il la decacheta et la lu rapidement.
"Nianiania...Ric Dangerous...nianiania... Panthère noire... nianiania "je t'aime Ric"... la malheureuse..."
Le mendiant se souvint alors du fameux Dangerous, quelques jours auparavant. Il trainait au pub et tenait des discours sans queue ni tête sur un trésor, un bateau et puis une femme aux yeux de chat.
Ça n'était pas le premier à s'exprimer de la sorte dans le pub, et surement pas le dernier, mais le malheureux semblait fuir quelque chose.
Il avait d'ailleurs engagé l'équipage du Manta pour partir le lendemain et il se rappelle même avoir vu le bateau quitter le petit port de NK.
Il se retourna vers la chouette qui tournait toujours autour de NK.
"Damned ! Maudit pigeon ! Dangerous is not here anymo' ! U can tell her that !! Et tel que je connais le Manta, le pov' malheureux n'en reviendra surement pas..."
Le vieux, qui menaceait le rapace sans grande conviction avec son poing, le regarda s'éloigner de la ville pour rejoindre sa propriétaire... |
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Posté le 22/07/2008 à 23:54:59
Noces Funèbres
Le sac plein à craquer de bandages, de potions et de rations de viande séchée, Wildekat prenait la route pour l’endroit qu’elle haïssait le plus sur cette île… le temple maya.
Elle n’y avait séjourné qu’une seule fois, mais c’était à son goût une fois de trop, et si son ami ne s’y était pas trouvé, elle n’y serait probablement jamais retournée. Il était évident qu’elle apprendrait beaucoup là-bas, et qu’elle trouverait sans doute la réponse à de nombreuses questions, mais elle en gardait un mauvais souvenir: trop de souffrances et trop de larmes avaient été versées lors de son dernier séjour. Trop de mauvais souvenirs avaient ressurgi aussi, car c'est là qu'elle revivait ses pires cauchemars...
Elle était déjà bien avancée sur sa route lorsqu’elle reçut une lettre de Rafaella qui lui annonçait son mariage avec Louis-Philippe.
Enfin une bonne nouvelle ! pensa Wildekat qui ne pouvait s’empêcher d’afficher un sourire radieux. Ainsi ils s’étaient enfin retrouvés et allaient enfin goûter au bonheur. Il était impensable pour la féline de manquer un tel événement dans la vie de son ami Louis-Philippe, et elle décida de faire un détour par Port-Louis avant de rejoindre son ami au temple.
Bien sur comme toute chose sur Liberty, rien ne se passa comme prévu… et bien pire encore, le jour de fête tourna au cauchemar.
Rafaella fut blessée et envoyée à Sainte Catherine le matin même du mariage, par l’épée d’un pirate. Louis-Philippe était fou d’inquiétude pour sa future femme et pour l’enfant qu’elle portait…
Rafaella voulait se marier, coûte que coûte et Wildekat courut chercher un prêtre en ville au beau milieu de la nuit.
C’est donc dans la chambre d’hôpital que le prêtre maria Rafaella et Louis-Philippe, prenant à témoin de couple Dellago et Wildekat. Tout semblait pour le mieux lorsque les médecins réalisèrent que Rafaella faisait une hémorragie… ils purent sauver l’enfant mais pas la mère.
C’est ainsi que Louis-Philippe se retrouva mari, veuf et père en quelques heures….
Wildekat ne pouvait décemment laisser son ami à l’abandon, alors qu’il venait de tout perdre et resterait donc quelques jours à Port-Louis pour l’aider dans sa peine et à l’organisation des funérailles et du baptême.
[Le mariage et la naissance du fils de LPAM et Rafaella décrite en détail par Wildekat et Anne Providence ici, dans « Noces Funèbres »: http://www.pirates-caraibes.com/fr/index.php?u_i_page=5&theme=15&sujet=16063&u_i_page_theme=1&u_i_page_sujet=1&rech=ok ]
De tempérament sanguin, la féline était rageuse et en colère, elle voulait venger Rafaella par le sang. Cependant, elle ne pouvait pas laisser son ami seul et partir à la recherche de celui qu'elle considérait comme l'assassin de Rafaella. Elle décida que la Justice devait être rendue d'une façon ou d'une autre, et alla trouver un homme à Port-Louis qui lui promit de s'occuper du pirate contre une somme d'argent. Il avait un étrange accent, et Wildekat peinait à le comprendre, elle qui avait étudié le Français en Hollande. Il faut dire que les quelques Français qu'elle cotoyait sur Liberty étaient plutôt issus de familles nobles et n'avaient pas d'accent, ou du moins, un accent plutôt bourgeois, qu'elle avait appris à comprendre en Hollande, qui n'avait rien à voir avec celui de cet homme qu'elle voyait pour la première fois.
Elle lui offrit tout l'or qu'elle avait sur elle, c'est à dire pas grand chose puisqu'elle se débrouillait toujours pour contracter des dettes, mais on lui promit que le travail serait bien fait.
Une fois l'or dans les mains de l'homme, elle le fixa droit dans les yeux:
« Je veux lui faire passer un message, avant qu'il n'aille rôtir en enfer.
-V'Z'êtes sure Ma'mselle? Savez, les pirates, y en a ti pas qu'y z'aiment pas qu'on leur colle des contrats sur'l'dos... » Elle le coupa
« Je suis sure. J'ai l'habitude d'assumer mes actes.
-Z'allez vous z'attirer des z'ennuis M'amselle.. une jolie fill' comm' vous ce s'r'ait ti ben dommage... » L'homme commençait à s'avancer vers la féline, et elle sortit les griffes. Elle n'était pas d'humeur à jouer ce soir. En un éclair, son couteau était posé sur la jugulaire de l'homme, et il se recula doucement, alors qu'elle appuyait chaque mot: « Je veux qu'il sache pourquoi il va crever. »
L'homme comprit certainement qu'il n'y avait pas moyen de la faire changer d'avis, et sortit un parchemin et une plume. Il marmonna quelques mots que Wildekat ne comprit pas:
« L'est chafouine la M'am'zelle... pis têtue aussi ben... sans s'taccent j'dirait ben qu'elle est d'chez nous l'bougresse!. »
La féline rédigea son message et le tendit à l'homme.
Il l'observa avec attention puis hocha de la tête à la négative « J'vous aurai'ti prév'nue m'a p'tite D'amselle... c'des z'ennuis qu'z'allez vous z'attirer avec ça... Elle le veut'ti mort ou vif? »
La féline lui lança un regard noir, et ajouta d'une voix froide « Mort ». Elle apperçut alors l'homme barrer le mot « Alive » avant de quitter l'endroit telle une furie.
Quelques jours plus tard les prédictions de l'homme s'avèraient être justes, car le pirate n'apprécia pas son geste et elle fut informée qu'il lui avait, à son tour, placé un contrat sur la tête... mais c'était, après-tout, de bonne guerre.
Quand tout va mal…. Tout va mal. Ainsi à la peine et à la douleur s’ajoutait une partie de cache-cache entre Wildekat et Louis-Philippe d’un coté et les pirates ou les chasseurs de primes de l’autre, ayant tous deux une grosse somme d’argent sur leur têtes…
Un matin Wildekat se fit agresser par un pirate du nom de Spark. Tant bien que mal, la féline eu le dessus. Il n’était pas question qu’un autre pirate vienne salir le baptême du fils de Rafaella, ou qu’il fasse du mal à Louis-Philippe… ce fut ce qui lui donna la force d’affronter ce redoutable adversaire.
A bout de forces, elle trouva refuge dans une maisonnette alors qu’une jeune Française, Lady Caroline, la soignait.
Louis-Philippe arriva tout essoufflé :
« Wilde, j’ai appris ce que Spark a tenté de te faire. Viens vite avec moi dans la chambre des musiciens, j’assurerais moi-même ta sécurité. Aucun pirate ne t’agressera dans ma ville ! » |
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Posté le 31/07/2008 à 18:00:42
Quelques jours auparavant, ils avaient trouvé une nourrice qui pourrait s’occuper du fils de Louis-Philippe les premiers mois. Elle était tout ce qu’il y avait de respectable, et saurait bien s’occuper du petit. De toute façon, ils n’avaient pas le choix, l’enfant n’aurait pas survécu sans aide.
Wildekat, qui tentait de rester loin des enfants pour ne pas raviver d’anciennes douleurs, s’était prise d’amour pour ce petit enfant qui était né prématurément et qui semblait plus fragile que tout ce qui lui avait été donné de voir dans sa vie. Elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’en tant que témoin du mariage de Rafaella et Louis-Philippe devant Dieu, elle se devait de faire son possible pour que la vie de cet enfant ne soit pas gâchée.
Elle tentait du mieux qu’elle pouvait d’être là pour son ami Louis-Philippe. Elle savait que les mots n’apaisaient pas la peine dans de pareilles circonstances, mais la présence d’une amie, le fait de savoir qu’il n’était pas seul pouvait peut-être adoucir quelque peu l’immense peine de Louis-Philippe. Elle le forçait quelque peu à venir manger avec elle à la taverne, à choisir un prénom pour son fils, penser à son avenir, et aux devoirs qui lui incombaient maintenant. Il était père, et il fallait qu’il soit un bon père.
Elle était en colère intérieurement contre ce Dieu qui laissait faire de pareilles atrocités, mais elle ne laissait rien filtrer. Il fallait qu’elle soit forte pour Louis-Philippe, et il fallait surtout qu’il se sente entouré.
Il fut décidé que l’enfant serait baptisé en l’église de Port-Louis, avec pour parrain Cactus Jack et pour marraine Wildekat. Aucunes invitations ne furent envoyées, aucun banquet ne fut prévu. Ce baptême se déroulerait le plus simplement du monde, car c’est encore le plus simplement du monde que Dieu accueille ses enfants dans sa maison. |
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Posté le 03/08/2008 à 20:04:23
Etrange baptême
La chambre des musiciens, bien qu'acceuillante et reposante, avait imposé son silence sur les trois corsaires. Ils s'y étaient repliés pour éviter les pirates et régler les derniers détails du baptême. Wildekat tournait en rond, mais Louis-Philippe lui avait déconseillé de sortir, car les pirates risquaient de revenir, et cette fois-ci elle n'aurait peut-être pas autant de chance que contre Spark.
Elle fit alors le tour du propriétaire, et fut surprise de trouver un piano dans le coin d'un salon. Il était de belle facture, et avait très certainement été importé du continent par un riche Français amoureux de musique. Si la qualité de sa sonorité égallait la finesse du travail de marquetterie, alors l'instrument devait être une douceur pour les oreilles.
Une fine couche de poussière le recouvrait, et Wildekat devina qu'il n'avait pas été joué de plusieurs semaines. Son propriétaire l'aurait peut-être délaissé... même si Wildekat ne voyait pas au profit de qui ou quoi on pouvait délaisser un si bel instrument.
Elle hésita, puis s'approcha, lentement, comme si il s'agissait d'un animal sauvage qui risquait de prendre la fuite au moindre faux pas.
A quelques pieds du piano, elle tendit le bras, allongeant ses doigts vers l'instrument, comme pour caresser un lion prêt à bondir.
Tremblant quelque peu, le bout de ses doigts frôlèrent fébrilement les touches en ivoire. Au contact, la mémoire de ses doigts revint: ils se rappelaient les leçons de musique qu'ils avaient pris, sur le continent. Certainement un des cours que Wildekat avait préféré, loin devant les cours de maintien ou de conversation.
La féline s'approcha, et l'odeur du piano emplit ses narines. Le bois dont il était fait avait une odeur particulière, et se mélangeait à l'odeur du bois de cade qui décorait l'instrument.
Ses doigts, timides, frolaient les touches, jouant une mélodie silencieuse, comme les mains d'un amant se souviennent avec fièvre de chaque courbe du corps de sa bien-aimée, longtemps après qu'elle l'ait quitté.
Elle s'assit sur le tabouret de velours, ses yeux se fermèrent, les souvenirs lui revenaient, ses mains caressant les touches d'ivoire douces et celles d'ébène, plus sèches au toucher.
Comme habitées par une autre personne, ses mains prirent vie et ses doigts entamèrent alors une danse délicate qui contrastait énormément avec celle qu'ils livraient au sabre depuis plus d'un an...
Son coeur faisait corps avec la mélodie, son âme se libérait du poids de la tristesse, elle s'abandonnait entièrement à l'instrument, et pour la première fois depuis des mois, Wildekat se livrait, sans retenue.
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Quelques larmes avaient coulé sur ses joues, et lorsqu'elle ouvrit enfin les yeux, sa vision était trouble. Elle avait le souffle coupé, comme si elle avait été en apnée pendant tout le morceau, et respirait difficielement.
De longues minutes passèrent, elle se rappella doucement qui elle était, où elle était et pourquoi.
Caressant une dernière fois le piano, essuyant ses larmes du revers de la main, elle quitta la pièce, jetant un dernier regard à l'instrument, puis rejoignit Louis-Philippe. Il était assis face à la mer, sur le ponton de la demeure. La nuit était tombée, et la lune éclairait, comme à son habitude, l'eau sombre des caraibes.
Louis-Philippe jeta un oeil à sa montre gousset, se leva et héla ses amis:
« Je... Nous devrions y aller, non ? Le prêtre va s'impatienter. C'est une bonne âme, mais la patience a ses limites, fussent-elles ecclésiastiques
-Oui tu as raison, allons-y ! » Wildekat joignit le geste à la parole et mit sa cape, prête à quitter la chambre des musiciens. Wildekat était redevenue Wildekat, mettant ses faiblesses de coté pour soutenir son ami.
Cactus Jack se recoiffa et brossa sa barbe, il semblait lui aussi impatient de quitter ce lieu : « hâtons nous donc !
-Je vous rejoins à l'église. Je dois récupérer mon fils. »
Wildekat suivit alors Cactus silencieusement en direction de l'église de Port-Louis. Le prêtre était déjà là, et ils allèrent le saluer. Il se nommait Père Lucas, et c'était le seul prêtre qu'ils avaient trouvé pour baptiser l'enfant en urgence avant d'aller organiser les funérailles de Rafaella.
Louis-Philippe entra dans l'église, son fils dans les bras. Ce dernier se tenait sage, et scrutait les personnes présentes avec curiosité.
Cactus posa les yeux pour la première fois sur le petit garçon et ne pu s'empêcher de verser une larme. Wildekat fit mine de ne rien voir, pour ne pas gêner l'homme, elle savait les français prudes.
Louis-Philippe manquait encore un peu de pratique avec l'enfant, de toute évidence, c'était avec les mamans qu'il ne manquait pas de pratique... mais il tenait fièrement son fils, qui avait déjà grandi et avait l'air de se porter bien, même si il avait toujours l'air aussi frêle.
Louis-Philippe salua le père Lucas, et se demandait intérieurement comment allait se dérouler la cérémonie. Il espéra que le prêtre ne ferait pas pleurer son fils en essayant de le noyer dans le grand bénitier.
Le Père Lucas lança un regard sournois au Comte de Maupertuis, puis, inspira profondément, les yeux clos, avant de se mettre à parler:
« Nous sommes tous réunis afin de bénir cet... » il regarda le nourrisson se demandant si il était normal qu'il soit encore tout fripé puis reprit son discours « ... être devant Dieu »
Il se tourna vers Louis-Philippe « Vous êtes le père je suppose? » Louis acquiesça.
Il se tourna alors vers Wildekat « Et vous êtes... »
Elle le coupa prestement « la marraine »
Le prêtre fit de gros yeux, évitant de faire une boulette et se reprit « Oui voilà, la marraine. »
Quelques gouttes perlèrent de son front, le prêtre était légèrement inquiet.
Il se tourna vers Cactus comme pour lui parler, mais il se retenu de demander s'il était la mère et détourna la tête vers le petit, puis s'arrêta dans son élan, comme pris d'une envie de dormir.
Wildekat jeta un regard anxieux à Cactus et se dit qu'ils auraient du trouver un autre prêtre. Celui-ci de toute évidence avait abusé du vin français, ou n'avait jamais baptisé d'enfant...
Le père Lucas semblait perdu dans ses pensées. Ne demandes pas où est la mère... tu vas faire une boulette Lucas...
Cactus sa racla alors la gorge bruyamment, afin de réveiller le prêtre, et le Père Lucas lui lança un regard noir, visiblement agaçé:
« Vous avez quelque chose à dire? Rien? Très bien. »
Wildekat se mit à sourire et manqua de rire à voix haute. Elle se reprit en voyant Cactus fulminer en silence. Le père Lucas reprit avant que Cactus n'ait le temps de dire le moindre mot:
« Donc nous sommes tous réunis afin de bénir cet être...charmant... vraiment charmant... Devant Dieu. La vie est parsemée d'embûches pour chacun d'entre nous et encore plus pour les nouveaux nés dont la vie se profile devant eux. Mais notre Père qui est aux cieux sera toujours là pour guider ses pas. »
Wildekat se mit à trembloter, le froid de la nuit, ou celui des pierres froides de l'église s'immiscait sous sa cape, et lui glaçait les os. Peut-être était-ce simplement la tristesse, où l'émotion de voir Louis-Philippe père, toujours est-il que le prêtre le remarqua. Il se tourna vers elle « Ne tremblez pas voyons... ce n'est pas vous que l'on va plonger dans l'eau... » puis détourna la tête afin de regarder dans le vague de l'horizon.
Wildekat leva les sourcils, il n'avait rien compris du tout.... mais elle se retint de parler. Apres tout il fallait bien un prêtre pour baptiser l'enfant, aussi étrange soit-il.
Le Père Lucas reprit:
« Dieu sera donc à tes côtés mon enfant sur le chemin sinueux qui se présente à toi et qui s'appelle la vie. Ton père ... » il tourna alors la tête vers Louis-Philippe avec un regard inquisiteur. Louis-Philippe hocha discrètement la tête, et le prêtre, rassuré, continua, en marmonnant «... qui est tout de même un peu responsable de ta présence ici, il faut bien le dire ... » puis reprit à voix haute « sera toujours là pour transmettre la parole de Dieu et ainsi te mener sur le chemin de la paix de l'âme. Mais... Car il y a un "mais", Nul n'est éternel. C'est pourquoi mon bonhomme, il est important que cet homme et cette femme sont ici présents pour jurer devant dieu leur allégeance à ta vie qui s'annonce... » il observa l'assemblée à l'affût d'un signe qui montrerait que sa dernière phrase ne voulait strictement rien dire.
Wildekat se demanda si il ne fréquentait pas en cachette le coffee shop d'Ulungen, car son sermon était bien étrange, et elle maitrisait assez bien le Français pour comprendre qu'il y avait des incohérences.
Le père Lucas s'adressa à Cactus « Si vous voulez bien vous avancer »
Cactus s'avança alors solennellement. Le prêtre prit le poupon des bras de Louis-Philippe et le déposa dans les bras du futur parrain. Louis-Philippe se laissa faire, un peu soulagé et anxieux en même temps. En prenant l'enfant dans ses bras, Cactus ne pu s'empêcher de sourire à Louis-Philippe.
Le prêtre reprit « Engagez vous à ce que l'enfant soit élevé dans la foi religieuse en cas de malheur?»
Visiblement ému, mais décidé, Cactus répondit « Je m'y engage.
- Vous pouvez faire faire trempette au petit... » Père Lucas regarda Louis-Philippe ne se souvenant plus du prénom. Ce dernier eut un sourire radieux en prononçant le prénom de son fils « Charles Auban », il était visiblement très fier de ce prénom. Wildekat sourit bien malgré elle en entendant le prénom de son filleul. Elle avait eu une discussion à ce sujet avec Louis-Philippe quelques jours plus tôt.
Le prêtre reprit « Charles Auban ! » et afficha une petite grimace pensant que le pauvre bambin aurait un lourd fardeau à porter.
« Donc vous pouvez faire faire trempette au petit Charles Aubin... »
Le plus délicatement du monde, Cactus s'approcha du bénitier et versa quelques gouttes d'eau sur le front du bébé. Wildekat se retint de dire que c'était "Auban" et non "Aubin"... après tout, Dieu ne devait pas voir la différence de là-haut.
Cactus, visiblement ému s'adressa au prêtre « Cela suffira mon père ? c'est qu'il fait froid ce soir... pour le bébé, enfin... je veut dire... c'est bon ?
-Bientôt mon fils bientôt »
le prêtre envoya quelque gouttes de sa baguette sur Cactus.
Il récupéra l'enfant des bras de Cactus et le donna à Wildekat.
« A votre tour »
Le prêtre, songeur, se dit que le petit Charles Auban était bien plus patient que son père.. A moins que...
Wildekat prit le bébé délicatement dans ses bras. Le prêtre, sortant de sa torpeur, reprit « Engagez vous à ce que l'enfant soit élevé dans la foi catholique ma fille?
-oui mon Père, je m'y engage
-Bien bien... »
Louis-Philippe espéra alors que Wildekat n'était pas protestante... ou pire, une huguenote! pensa-t-il.
Vu l'impatience du père, le prêtre prit quelques gouttes dans sa main et les déposa sur les pieds du petit.
Wildekat caressa la tête de l'enfant pour le calmer un peu, car il commençait à en avoir marre de passer de bras en bras et de se faire mouiller.
Le père Lucas s'avança pour reprendre l'enfant et se rendit compte qu'il avait failli oublier quelque chose. Il reprit alors sa baguette et donna un petit coup vers Wildekat.
Cette dernière se demanda ce qu'était cette baguette les français ont des moeurs bien étranges...
Le prêtre réfléchissait "L'eau sur le petit c'est fait... Il rendit son fils à son père.
« Au nom du Père, du Fils et du St Esprit ».
Ils se signèrent tous trois « Amen »
Le père Lucas prit la couverture posé à ses cotés et vint l'enrouler autour du petit dans les bras de son père. « Il va attraper froid mon fils... » Il repartit exaspéré à son autel se disant que le pauvre petit, outre le fait d'avoir un nom importable allait sortir de son Eglise malade.
Cactus se dit qu'il allait suivre le prêtre après la cérémonie pour voir s'il fréquentait la fleur bleue ou la taverne, car enfin il avait de droles de façons de faire pour un homme d'église.
Le Père Lucas s'approcha de Wildekat et lui chuchota à l'oreille discrètement:
« Elle est où la mère? » puis afficha un air inquiet, sentant la boulette.
Wildekat chuchota au prêtre en s'assurant que Louis-Philippe n'entendait pas «Elle est décédée.....»
Le prêtre mit alors ses mains devant la bouche et se signa en récitant douze Avé Marie.
Louis-Philippe feignit de n'avoir rien entendu.
Le prêtre se replaça à son autel et prit une dernière fois la parole:
« Sachez mes fils et ma fille que la maison de dieu vous sera toujours ouverte... » tout en regardant au loin, cherchant s'il y avait un buffet de prévu. Ne voyant rien il laissa afficher une moue légèrement déçue sur son visage.
Wildekat et Louis-Philippe le remercièrent : « Merci mon Père.
-Je vous en prie mon Fils, ma Fille. ».
Le prêtre lui rappela alors Krélian, à ainsi l'appeler « Ma fille ». Mis à part le fait que Krélian n'était pas aussi maladroit et n'avait pas l'air d'avoir l'esprit aussi mal tourné que celui-ci.
« Charles Auban, te voici un homme » Dit le Père Lucas, puis pensa tout bas avec un nom ingrat mais tu es un homme oui
un enfant de Dieu surtout pensa Wildekat, qui joignit la prière à la pensée.
Le prêtre se replaça derrière son autel et remit en place sa bouteille de gnole discrètement, alors que Wildekat et Cactus entouraient Louis-Philippe. Ce dernier, avec un sourire tentateur s'adressa à Wildekat:
«Wilde, tu veux le porter un peu ?»
Elle hésita, puis se décida. «Oui, je veux bien...» Elle prit le petit et le berça doucement.
Au loin, le prêtre, observant la scène, se dit alors que le père n'avait pas tardé à retrouver une remplaçante à sa défunte épouse... et qu'il aurait eu tort de s'en priver.
Wildekat chuchotait des mots dans l'oreille du bébé, certainement en Hollandais mais personne n'entendait vraiment. Cactus manqua de vaciller après tant d'émotions, et Wildekat lui offrit de porter son filleul. Il sourit à la Hollandaise:
«Merci, mais je pense qu'il est en de bien meilleures mains que les miennes»
Le prêtre manqua de rire à voix haute il y aura moins de monde pour lui changer sa couche...
Cactus embrassa son filleul, puis, se dirigeant vers Louis Philippe lui donna un paquet : « Un petit médaillon que j'ai fabriqué pour le petit... »
Louis-Philippe était visiblement ému de cette délicate attention « Merci Cactus... »
Alors que Wildekat suivait les deux hommes en direction de la sortie, Le père Lucas mit sa main sur le front et fit un semblant de salut militaire avant de s'affaler sur son pupitre, la bouteille de gnole dans la main droite.
Wildekat prit plaisir à cajoler le nouveau-né et à s’occuper de lui avec l’instinct maternel d’une femme en âge d’être mère. Elle fut elle-même surprise de voir à quel point certains gestes semblaient innés alors qu’elle n’avait jamais eu affaire à de si jeunes bébés, et en oublia presque qu’elle ne serait jamais mère.
La tristesse de la mort de Rafaella se mêlait à la joie de voir Louis-Philippe père, et l’instant était indescriptible mais quoi qu’il en soit chargé d’émotions. |
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Posté le 05/08/2008 à 22:33:10
Voyage vers la mort
L'enfant était fatigué et réclammait de quoi se remplir le ventre. Il devait sans doute avoir froid aussi, car cette nuit était particulièrement fraiche, comme si les étoiles elles-mêmes avaient pleuré de tristesse, et que leurs larmes s'étaient atomisées en fines particules chargeant l'air ambiant d'une indéfinissable tristesse.
Louis-Philippe et Wildekat ramenèrent Charles Auban à sa nourrice, et Wildekat invita Louis-Philippe à la taverne pour le forcer à manger. L'homme parraissait à bout de forces, et des forces, il lui en faudrait pour la suite des évènements...
La taverne de Port-Louis sembla moins chaleureuse que la dernière fois que Wildekat était venue, mais sans doute les évènements et le concours de cironstances qui faisait qu'elle se trouvait là ne jouaient pas en la faveur du lieu.
L'homme derrière le bar sembla étonné de voir une Hollandaise pénétrer dans son établissement si tard la nuit, et Wildekat vit qu'il n'avait pas l'air rassuré.
Elle n'allait certainement pas refaire deux fois la même bêtise, car cette fois, elle avait une autorisation. Elle s'approcha de l'homme et lui tendit le bout de papier que le Gouverneur lui avait signé. L'homme s'en approcha, puis dévisagea Wildekat, d'une manière sceptique. Elle pencha la tête de coté, et souleva les sourcils. Si l'homme avait quelque chose à dire, qu'il parle, mais vite, elle n'était pas d'humeur bavarde ce soir.
Le Français jeta un coup d'oeil à Louis-Philippe, puis Wildekat, puis Louis-Philippe, et enfin esquissa un large sourire qui en disait long sur ses pensées lubriques, tout en matant d'une façon appuyée et outrageusement impolie le décolleté de Wildekat.
En temps normal, il se serait retrouvé avec un couteau sous le cou, mais ce soir elle avait d'autres chats à fouetter.
« Monsieur, au lieu de me reluquer la poitrine, vous serez assez aimable pour nous servir deux soupes chaudes et deux plats chauds. » Elle commença à se diriger vers la table que Louis-Philippe avait choisie, et se retourna « Et vous ajouterez une bouteille de vin rouge. Et pas de la piquette, j'ai le nez fin! »
A ces mots, Louis-Philippe lui sourit, et elle lui fit un clin d'oeil « Chuut, ne lui dit pas que je n'y connais rien! Il parrait que cela fonctionne bien de dire cela. Je n'ai pas envie qu'il profite de mon bandeau pour me refourguer ses invendus.
-Ce n'est pas ce que vous faites en Hollande, quand les Français viennent acheter la bière?
-Disons que je ne suis pas tout à fait une étrangère ici. A force de vous cotoyer, toi et tes frères, on peut dire que je mérite un peu de bon vin non? » Il souriait, ce qui était un exploit.
Elle s'approcha de lui pour ne pas que le tavernier entende, ce dernier tendait l'oreille du fond de sa taverne, à l'affut de la moindre information sur ce couple qui, décidément, avait l'air de piquer sa curiosité.
« la vérité, c'est que j'aime bien le goût du vin, plus que la bière et le rhum je dois l'admettre... mais que je n'y connais hélas rien. Alors si il nous sert du tord-boyau, je te fais confiance pour me prévenir! »
Une fois que Louis-Philippe eut mangé un peu, Wildekat se décida à aborder la question tant redoutée de l’enterrement de Rafaella.
«J'y ai pensé Wilde. Je veux que l’enterrement ait lieu à Esperanza. »
Mon Dieu, c'est du suicide...
Avec une prime de plus de 1800 Pièces d’or à eux deux réunis, ils allaient droit à l'abattoir...mais elle ne dit rien, voyant bien que Louis-Philippe y tenait.
« Esperanza? Hm. Moui.
-Oui, c'est ce qui est le mieux!
-Humpf. Bon. »
Elle réfléchit au meilleur moyen d’atteindre Esperanza en vie, puis tenta d'organiser la chose de façon pragmatique:
« Louis-Philippe, je crois qu’il vaut mieux contourner l’île par l’Est. Ce sera plus long, mais nous croiserons moins d’Anglais. Nous serons en terres connues, tu n’as rien à craindre chez moi, j’assurerais ta protection, et pour les terres Espagnoles, elles sont toujours plus calmes que les terres anglaises.
-Oui, tu as certainement raison
-Il nous faudra voyager la nuit, ce sera plus discret… tu as fait ton sac ?
-Presque, j’ai encore quelques affaires à régler.
-Bien, nous partons d’ici quelques heures. Je vais aller voir Charles Auban pour lui dire au revoir, et refaire mon sac, il est plein de bandages, je m'étais chargée comme une mule pour un autre genre de voyage et il est beaucoup trop lourd, je ne veux pas que cela nous retarde.
Je serai à l’auberge, passe me prendre lorsque tu es prêt, nous filons ce soir, le plus discrètement possible. Evite de parler de notre voyage, moins les gens sauront où nous allons, moins ils sauront où nous trouver. Les pirates pensent que les funérailles seront à Port-Louis, cela nous laisse un avantage non négligeable. »
Wildekat retourna à sa chambre dans la petite auberge de Port-Louis, et paya ce qu'elle devait pour les nuits passées dans l'établissement.
Une fois ses affaires prêtes, elle s'allongea sur le lit, scrutant le plafond. Hélas, ce dernier manquait cruellement d'étoiles, et Wildekat n'arrivait pas à s'évader, malgré les quelques fissures qu'elle devinait sous une fine toile d'araignée. Ses pensées volaient toutes vers les mêmes personnes, et elle n'arrivait pas à s'en défaire. Elle roula sur le ventre et attrapa son sac pour sortir un bout de parchemin et sa plume.
Comme d'habitude, les mots coulaient sur le parchemin à mesure qu'ils délestaient son coeur, naturellement, sans hésitation.
Elle plia le parchemin et se rendit à la fenêtre de sa chambre pour attirer une chouette qui passait dans le coin. Un pincemet au coeur lui vint. Une fois encore, ce ne serait pas Tjaard qui porterait ce pli. A cette pensée, elle serra la chouette un peu plus fort que nécessaire dans ses mains, et cette dernière lui pinça le doigt.
« Aie! »
Elle lacha la chouette qui alla se poser sur le lit, lui lançant un regard plein de repproches.
« Désolée. J'avais la tête ailleurs, je... » Elle s'arrêta en pleine phrase, se rappelant que l'oiseau n'était pas son lynx, et que ce n'était donc pas la peine de lui parler, le pauvre oiseau ne devait rien comprendre au frison...
Wildekat s'approcha de la chouette, attacha son pli avec un morceau de ruban orange sur la patte de l'animal, et murmura le nom de son destinataire avant de porter l'oiseau à la fenêtre.
Elle le regarda partir en direction du centre de l'île, une boule de cotton blanc virevoltant dans la nuit noire, à peine éclairé par la lueur de la lune.
On frappa à la porte. C'était Louis-Philippe, le visage plus sombre que ses vêtements, l'air déconfit. Il ménagea un faible sourire et murmura dans un souffle « Je suis prêt Wilde. »
Le chemin fut long et fastidieux car Wildekat avait préféré passer par la forêt, afin de ne pas être à découvert. Wildekat et Louis-Philippe montaient la garde à tour de rôle, guettant les bruits de pas, se hissant sur les branches des arbres pour vérifier que la route était dégagée, humant l'air à la recherche de quelqu'indice d'ennemi.
Le chemin se passa sans encombres majeures.
Arrivés à Esperanza, ils allèrent régler les détails de l’enterrement avec le prêtre, et puisque les funérailles étaient le lendemain, décidèrent de se recueillir dans une chapelle.
Le voyage semblait toucher à sa fin, et c’était donc là que Louis-Philippe enterrerait sa femme. Wildekat, à bout de fatigue, et rassurée d’avoir amené Louis-Philippe sain et sauf à Esperanza, s’endormit en regardant son ami prier inlassablement. Demain une difficile journée les attendait, et un peu de repos lui ferait du bien… mais c’était sans compter sur les pirates qui ce soir là avaient un tout autre plan.
Reclus dans la chapelle, Wildekat et Louis-Philippe n’entendirent pas les coups de feu et les bruits d’épées au dehors, alors que les pirates pillaient Esperanza.
Lorsque les pirates envahirent la chapelle, il était déjà trop tard. Les deux corsaires étaient faits comme des rats. Wildekat vit son ami tomber alors qu’elle même sentait les balles transpercer son corps, impuissante et hurlant de rage contre ces bandeaux noirs qui, pour la troisième fois en quelques jours, montraient qu’ils ne respectaient ni les vivants, ni les morts. |
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Posté le 05/08/2008 à 23:41:45
Quelques jours plutôt au repaire
La funèbre cérémonie de mariage de Louis Philippe et Rafaella me hantait encore. Les obsèques allaient suivre. J’ignorais si je pourrais m’y rendre. La confrérie avait besoin de la présence de tous. Nous avons une double mission à accomplir d’ici quelques jours.
De l’action me ferait du bien. Pourtant si je pouvais savoir où aurait lieux les cérémonies je tâcherais de m’y rendre si la Confrérie m’en laissait l’occasion.
Une seule personne pouvait me répondre, mais le ferait-elle ?
Je pris une plume pour rédiger une lettre à la panthère.
Wildekat, ma chère panthère,
Ne déchires pas cette lettre au moment où tu découvres que c’est moi : Anne Providence qui en suis l’auteur.
Je t’écris ce soir car je ne peux pas écrire à Louis Philippe, pas tout de suite.
Wildekat, nous nous connaissons bien toutes les 2. Opposées par la couleur du drapeau que nous portons et que nous servons, mais là ce n’est pas en tant que pirate que je t’écrisSi je puis faire quoi que se soit pour Louis Philippe dis le moi et donne moi des nouvelles, même mauvaises… Il a beaucoup d’estime pour toi nous avons souvent parlé de toi.
Sache que les mises en garde du style : partez ! Votre place n’est pas ici ect n’auront que peu d’effet. Regarde Louis Philippe hier, c’est plus à cause de Maurice qu’il m’a prié de partir plus qu’autre chose. Je ne sais pas si tu as bien entendu tout ce qu’il m’a dit
Tu ne peux comprendre les liens qui nous unissent lui et moi, malgré Rafaella. J’ai toujours su son existence à elle et il a rapidement su pour Ammokk ry moi, même s’il n’a jamais cru que cette « histoire » était finie. Je te choquerais ou pas, tu le savais déjà, tu t’en doutais ou tu l’apprendras à l’instant, mais depuis près de 8 mois, presque depuis mon arrivée sur cette île j’étais la maîtresse de Louis Philippe. Je pense pouvoir dire que nous étions amis aussi, avec nos hauts et nos bas quand le devoir nous appelait lui pour son Roy et moi pour l’honneur du Jolly Roger et de la Confrérie. Ne le juges pas, pas plus que moi, même si je n’ai que faire d’un jugement de ta part.
Hier, quand je suis partie, tu es la seule à être restée avec lui pour l’aider. Et je sais aussi que tu as contacté le gouverneur Français pour demander une autorisation pour demeurer plus longtemps à Port Louis, pour aider un « ami ». Qui d’autre que lui ?
J’ai été en colère contre Louis Philippe, mais pas par jalousie ou par amour : plus blessée dans mon amour propre, il ne m’avait pas avertie de son mariage.
Maurice est à l’origine de ce drame, l’un de mes frères, ma présence n’est donc pas la bienvenue je pense. Pourtant, je sais me montrer discrète quand je veux. Et regarde, hier vais-je l’air de triompher quand Rafaella est morte ?
Je ne parlerais pas d’amour entre nous du moins pas réciproque… et de toute façon tu n’es pas non plus ma confidente.
Regarde pour hier soir ? Certes je suis venue sous l’identité de Madre Anna, mais sans cela je n’aurais jamais pu venir. Cependant je n’ai fait aucun esclandre. Quand la question rituelle a été posé de savoir si quelqu’un avait un motif sérieux de s’opposer à cette union je n’ai rien dis. Et pourtant j’avais de quoi tout briser. Parmi les piliers du mariage se trouve la fidélité. Et Louis Philippe ne l’était pas. Un mot de moi et tout s’arrêtait. Penses-y…
Ta petite caboche comprends elle ce que je lui dis ?
Je voudrais savoir quand auront lieu les obsèques de Rafaella, tu le sauras c’est évident tu le sais peut-être déjà.
Je me renseigne de tous côtés et j’ai la ferme intention d’y assister avec le même subterfuge que ce soir.
Anne Providence.
PS : Bien entendu tu ne parles pas de cette lettre à Louis Philippe. |
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Posté le 08/09/2008 à 01:01:29
Port-Louis, quelques jours après la naissance de Charles Auban
Un perroquet vint trouver Wildekat alors qu'elle priait dans l'église avec Louis-Philippe.
Ecriture inconnue, sceau de la confrérie... elle se leva discrètement, posa une main sur l'épaule de Louis-Philippe et se dirigea vers la porte de l'église.
Wildekat décacheta la lettre et se mit à la lire, non sans craintes, les mauvaises nouvelles allant toujours de paire...
Quelques minutes plus tard, elle finissait la lettre, avec le sentiment d'être encore plus perdue qu'avant l'ouverture du parchemin.
Que faire?
Elle observa son ami qui priait toujours aussi ardemment, et chercha à se mettre à sa place. La présence d'Anne serait-elle une aide pour Louis-Philippe, ou, au contraire, un coup de poignard dans le dos?
Vu son état, elle ne pouvait pas lui demander, cela le torturerait plus qu'autre chose.
Wildekat se remémora la réaction de Louis-Philippe lorsqu'il avait compris que Anne avait assisté à la naissance de son fils, et à la mort de sa femme. Il n'y avait pas de colère chez l'homme.
De toute évidence, il tenait à Anne, et si c'était le cas, sa présence ne pourrait que lui montrer qu'il est soutenu.
D'autre part, qui était Wildekat pour décider de qui avait le droit de séjour ou non dans la maison de Dieu? Lors d'un enterrement où les vivants viennent montrer leurs respects au mort, demander pardon, soutenir les vivants, prier pour eux.
Elle se rappelait de la vive douleur qu'elle avait ressentie quand Ric lui avait fait comprendre qu'elle n'avait pas sa place à l'enterrement de Nick le Brun... non, elle ne serait pas comme lui. Elle avait le choix et elle ne ferait pas souffrir. Il y avait déjà assez de souffrances comme cela.
Anne avait autant le droit d'assister aux funérailles que n'importe qui d'autre... mais il fallait que Wildekat mette certaines choses aux point, car certaines tournures de la lettre ne lui plaisaient pas.
Elle jeta un coup d'oeil à l'intérieur de l'église: Louis-Philippe n'avait pas bougé d'un poil. Wildekat se dirigea alors vers un de ses endroits préférés à Port-Louis: la Maison de France. Là, elle se promena le long de la mer, et trouva un banc, sous un vieil arbre, qui faisait face à la tranquillité passagère de l'océan.
Elle fut alors ratrappée par ses souvenirs à cet endroit. Elle revoyait les corsaires des quatre nations de Liberty venus s'affronter lors du magnifique tournoi de boxe organisé par le Lys, la chaleureuse ambiance qui régnait, la joie et la bonne humeur qui emplissaient les corsaires.
Elle carressait le banc méancoliquement, alors que d'autres souvenirs remontaient à la surface... son émerveillement lors de la découverte de ce lieu, et ce sentiment d'être chez elle qui l'avait envahie. Ce soir encore, il était présent. Comme si ce banc l'avait attendue depuis des mois, comme si elle rentrait enfin à la maison. Et pourtant, elle en était à des milliers de kilomètres.
Ce lieu l'appaisait, et ce n'était pas supeflu compte tenu des derniers évènements.
La jeune femme s'installa sur le banc, face à l'océan, et se mit à rédiger sa réponse sereinement:
Anne,
C'est avec surprise que j'ai reçu ta lettre, mais à bien y réfléchir, j'aurais du m'y attendre. Quelque part, cela signifie que tu tiens à Louis-Philippe, et cela me suffit.
Par contre je vais mettre tout de suite les choses au point:
- je ne suis pas du genre à brûler les lettres, et je ne juge pas sur le bandeau. Qu'il soit rouge, orange, jaune, bleu ou noir, je m'en fiche. Ce sont les actions de la personnes qui m'intéressent et uniquement cela. Ainsi tu as à ton passif de nombreux meurtres... mais tu seras d'accord pour dire qu'il n'est nullement question ici de savoir si oui ou non tu as bien fait de tuer des innocents par légitime défense ou non. Il est ici question de Louis-Philippe.
- si il y a une chose que je déteste par-dessus tout, ce sont les menaces - même déguisées. Ainsi tentons de communiquer toi et moi, en toute sérénité si cela est possible entre deux félines aux griffes aiguisées.
- les mises en gardes dont tu parles, je n'aime pas les faire. Si je t'ai dit que ta place n'était PEUT-ETRE pas ici, c'est pour Louis-Philippe et pour lui seul que j'ai posé la question... je le voyais au plus mal, je ne connais pas trop votre relation et ses principes... je ne me permettrais jamais de juger de qui doit ou non être à tel ou tel endroit dans telle ou telle circonstance.
-Je savais bien entendu que Louis-Philippe avait une histoire avec toi. Je ne l'ai jamais jugé et je ne t'ai jamais jugée. Tu ne le sais sans doute pas, mais j'ai aimé un membre des Quatre Lunes pendant un an... alors je sais ce que c'est que de vivre la dualité du drapeau et du coeur.
Après cette mise au point, j'aimerais qu'on parle de notre ami. Je suis en effet restée à Port-Louis pour l'aider du mieux que je peux.
Je cherche une nourrice pour son fils, et je l'aide à organiser ce qu'il y a à organiser....
Je comprends que ton amour propre ait été blessé, et à ta place j'aurais très certainement ressenti la même chose et été très en colère. Mais comme tu le dis, les choses ne se sont pas passées comme on l'aurait voulu, et aujourd'hui il faut être là pour Louis-Philippe.
Si je ne doute pas que tes intentions soient nobles, je t'avoue en toute honnêteté que je ne sais pas si ta présence aux funérailles de Rafaella aidera Louis-Philippe ou non... mais je suis de ceux qui pensent qu'on n'a pas le droit d'interdire à telle ou telle personne d'assister à une cérémonie religieuse. La maison de Dieu est ouverte à tous dit-on, et si tu sens le besoin d'être là pour témoigner ton amitié ou quoi que ce soit à Louis-Philippe, qui suis-je pour te l'interdire? Ainsi garde ta tenue de Nonne sous la main:
Les obseques de Rafaella auront lieu d'ici trois jours à neuf heures et demie du soir, à l’Eglise Santa Maria.
.... pas besoin de te dire que si tu en profites pour égorger les personnes aux alentours tu baisseras dans mon estime, non pas que cela t'importe j'imagine, mais de ce que je connais de toi, tu as des principes, et je t'apprécie pour ce que tu es.
Bien entendu je ne parle pas de ta lettre à Louis-Philippe, le pauvre homme a assez de mal comme cela sans lui rajouter des soucis. Je veille sur lui, ne t'en fais pas, je fais de mon mieux.
Bonne chance sur la route, je prie pour que les corsaires ne soient pas aussi cruels que les pirates....
Wildekat. |
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Posté le 08/09/2008 à 23:56:43
J'avais attendu avec fébrilité une réponse de Wildekat. Mais celle-ci me causaut bien plus de soucis qu'un silence de sa part.
Esperanza, les obsèques auraient lieux là-bas ! Il avait mal choisi le lieu et le moment. Pour le moment difficile de retarder la mort de quelqu'un sauf quand MOI je décidais de jouer avec l'un de mes proies....
Je remerciais la panthère de m’avoir répondu. Elle restait touchante dans ses naïves tentatives pour me mettre en garde etc.
Mais le souci était ailleurs.
Nous allions piller Esperanza la veille des funérailles. Ce soir là je serais à New Kingston. Mes exploits là-bas me vaudraient certainement un aller simple pour l'hopital du bandeau noir la nuit même.
La confrérie avant tout. Nous avions planifié l’opération depuis plusieurs semaines. Nous fourbissions nos armes. Chacun était prêt. Nous ne pouvions reculer. Je ne pouvais faire part de mon ennuis à mes frères. Je ne pouvais mettre en garde Philou et Wildekat.
Je ne pouvais demander à mes frères de modifier leur plan. Pouvais-je moi-même changer de ville. Si jamais je pouvais être à Esperanza, en me cachant la nuit je serais peut-être à même d’être présente.
J’allais voir Soo-Mee pour lui demander de changer d’affectation. Elle fronça les sourcils et la bouche pincée refusa :
« A moins que l’un de nos frères d’Esperanza ne rejoigne notre groupe tu restes affectée au pillage de New Kingston. »
Un à un, j’allais voir mes frères. Rien à faire, librement nous avions choisi nos villes et il était bien trop tard pour changer.
Qu’aurais-je fais si Louis Philippe ou Wildekat tentaient de bloquer l’opération ? Si je croisais leur chemin ? Nulle doute qu’ils seraient déjà en ville la veille du pillage.
Non, je ne faillirais point ! J’irais à New Kingston, je pillerais la ville, je massacrerais les Anglais et je me vautrerais dans leur or le soir même!
Et si la Providence le veut bien alors confiant ma part du butin à Ammokk ou un autre de mes frères je partirais pour Esperanza espérant éviter les représailles Anglaise.
Ecrire à Wildekat ou Louis Philippe pour leur suggérer de faire le tout à Port Louis ? Quel motif invoquer ? Je n’irais pas trahir la confrérie !
Après les Noces funèbre, les obsèques sanglantes ?
Je ne dis rien, je ne fais rien. Ou plutôt si. En Sœur de la Côté je fais ce que la Confrérie attend de moi ! Peu importe le reste ! |
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Posté le 18/09/2008 à 00:03:31
Voyage vers la mort - suite
Elle se réveillait à Van Good, la rage toujours collée au ventre.
ils ne respectent donc rien ? Ni Dieu, ni les morts… ? Coléreuse, elle empoigna son sabre et sauta du lit prête à embrocher le premier pirate qu’elle trouverait sur sa route.
« Mademoiselle !! »
Elle se retourna, et vit une infirmière la héler au loin.
« Quoi donc ?
-Vous ne pouvez pas sortir comme cela voyons !
-Et pourquoi cela je vous prie ? Si vous croyez que mes blessures vont m’empêcher de leur faire la peau vous me connaissez ma…
-Oh non ! Rien de tout cela, même si effectivement il serait plus prudent de vous reposer vu vos blessures… non, je voulais parler de votre… tenue »
Wildekat baissa la tête pour se regarder, et réalisa qu’elle était en sous-vêtements, puis chercha ses vêtements des yeux.
« Je les ai fait envoyer chez le couturier Mademoiselle Wildekat, ils avaient des traces d’épées et de balles, sans parler du sang….
-Humpf ! Et je sors comment maintenant ?!
-Vous attendez quelques jours.
-Quelques jours ?! Non mais décidément... je n’ai pas le temps d’attendre quelques jours !
-En effet, vous avez reçu du courrier pendant votre sommeil. »
L’infirmière lui tendit plusieurs lettres, et Wildekat s’assit sur le coté de son lit pour y jeter un rapide coup d’œil. Elle en mit plusieurs de coté nonchalamment, ne souhaitant même pas les ouvrir, reconnaissant les écritures et sachant déjà ce qu’elles contenaient. Elle lut attentivement celle de Louis-Philippe, et cherchait celle de son ami, qu’elle reconnut immédiatement à l’écriture. Elle ne répondit qu’à ces deux correspondants puis demanda une tenue à l’infirmière afin de quitter l’hôpital. Cette dernière lui fournit une blouse quasi-transparente, et Wildekat se rappela alors les mois qu'elle avait passé à soigner ses frères, les champs de batailles, les camps d'entrainement... il y avait toujours du travail. Elle se mit à sourire en se rappellant les simagrés de ses patients pour tenter de voir à tavers sa blouse transparente.
Elle arriva chez le couturier, qui lui expliqua qu'il n'avait pas fini de réparer ses habits, mais qu'elle était de toute façon beaucoup plus jolie en tenue d'infirmière.
Toujours à vif, la féline se mit en colère:
« Monsieur, le but n'est pas d'être jolie sur cette île! Regardez autour de vous! Vous voyez des salons, des thés dansants et des courtisans? Moi je ne vois que la forêt et les dangers qui nous guettent à chaque seconde... d'ailleurs je suis pressée de les retrouver!
-Vous avez tord, je pourrais vous confectionner une jolie robe qui ferait ressortir vos yeux v...
-J'ai déjà une robe. Je l'ai mise à un mariage et je peux vous assurer qu'il n'y a rien de plus terrible pour courir. J'aurais été enroulée dans un bandage géant, que cela aurait été plus simple! »
L'homme semblait choqué « Mais une demoiselle comme vous ne devrait pas courir, elle devrait marcher élégamment, flotter dans les airs comme une...
-Je flotterais le jour ou je serais morte! En attendant, il me faut une tenue pour me battre contre toutes ces attroces choses qui peuplent cette île. »
Le couturier soupira. « Bien, bien.. mais tout de même, j'éspère vous revoir pour vous faire une belle toilette Mademoiselle...
-On verra. Au prochain mariage si les Hommes ont encore le courage de se marier après ça... » sa voix se cassa, et elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle se reprit « alors, qu'avez-vous à me vendre? »
Une chemise et un pantalon neuf plus tard, elle se dirigea chez elle, ou elle enleva tous les pansements qu'elle jugeait inutiles avant de prendre un bon bain chaud aux essences de cannelle.
Propre, sèche et ayant pansé les plaies les plus profondes, elle coiffa et attacha ses cheveux avec un ruban orange, puis refit son sac avant de repartir le soir même en direction du temple.
Elle allait enfin retrouver son ami, et, elle espérait, son lynx. C'était dans ce temple que leurs esprits s'étaient tous les deux liés étroitement, là-bas qu'ils avaient vécu leurs premières expériences de symbiose et de voyage... c'était son dernier espoir. Après avoir fouillé l'île, il ne pouvait plus qu'être là-bas...
Elle avait décidé de quitter la ville discrètement et silencieusement, afin d’éviter les questions et les tentatives pour la faire changer d’avis, mais elle croisa son frère Tuxedo qui patrouillait en ville.
« Tu en fais une tête Wilde, ca va ?
- Moui »
Tuxedo se mit à lui pincer la joue gentiment :
« Tu sais que tu mens toujours aussi mal toi ? »
Elle lui sourit tristement
« Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Je n’ai pas retrouvé Tjaard, Louis-Philippe a perdu sa femme le jour de son mariage, le pays va mal, nos frères s’entredéchirent pour des broutilles et moi je ne sais même plus qui je suis…
-Allons ma Wilde, moi je sais qui tu es. Tu es une petite friponne prête à tout pour un chocolat et surtout une panthère qui ne tient pas en place…
-Une panthère oui… reste à savoir laquelle
-La meilleure de toutes sans aucun doute ! » Il ajouta un clin d’œil qui remit du baume dans le cœur de Wildekat.
« Merci Tux, tu es adorable
-Tu sais que je serai toujours là pour toi
-Je sais oui » Elle déposa un baiser sur sa joue « Mais en ce moment j’ai besoin de m’éloigner de tout ça, il faut que je me retrouve.. du moins que je trouve qui je suis pour commencer… et ça passe par retrouver Tjaard.
-Je peux t’aider ?
-Non, pas cette fois-ci. Je dois aller retrouver un ami. J’ai envie de le retrouver d’ailleurs, c’est étrange à dire mais il me manque en quelque sorte.
-Un ami ? Je le connais ? »
Elle hésita une fraction de seconde, puis baissa les yeux avant de mentir:
« Non, je ne pense pas.
-Quel est son nom ?
-Un ami anglais. »
Tuxedo fronça les sourcils. Il était évident qu'il se doutait que Wildekat lui cachait quelque chose, mais elle n'aurait jamais failli à sa promesse, il en allait de la vie de cet ami si cher à ses yeux. Elle se mordit la lèvre inférieure, alors que Tuxedo l'étudiait.
« Hm. Je n’aime pas quand tu fais des mystères comme cela... la dernière fois tu m’as avoué quelques semaines plus tard que tu aimais Ric…
-Tux’ ! Arrête. Ca n’a rien à voir. J’ai des choses à régler avec moi-même c’est tout.
-Hm. Et puis un anglais... Déjà un Français tu sais ce que j'en pense, alors un anglais!!! Wilde!
-Oui, enfin... anglais... c'est vite dit... anglais.. enfin bref. C'est un ami, c'est tout. Cela devrait te suffire.
- Je vois que je ne te ferais pas changer d’avis…
-Non, en effet, cela fait un moment que je prépare ce voyage. »
Il soupira, vaincu
« Tu vas me manquer Wilde. Ca va faire bizarre sans toi.
-Toi aussi tu vas me manquer Tux’… mais bon, tu ne vas pas t’ennuyer avec Jade !» Elle se mit à le chatouiller en riant.
Wildekat le serra fort dans ses bras et partit d’un pas décidé sans se retourner, pour ne pas lui montrer qu’elle avait le cœur lourd de laisser ses frères malgré ce qu’elle voulait laisser paraître.
Passé les portes de sa ville, elle leva les yeux vers les montagnes qui se dressaient au centre de Liberty, et savait que derrière elles, se trouvait le temple, son ami et son propre destin. |
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Posté le 29/04/2010 à 14:50:18
La vie est un labyrinthe dans lequel nous prenons la mauvaise direction avant d'apprendre à marcher -Cyril Connolly
"Mais quelle idiote!!!! Tu es déjà passée par là mille fois!!! Ou alors étais-ce une autre salle.... Raaaaaaah, je sais plus!!!!!!!" Visiblement fatiguée et affaiblie par cette constante répétition de salles aussi identiques les unes que les autres, la féline commencait a délirer et à se parler à elle-même. De colère, elle donna un fort coup de pied dans un des murs, mais par surprise, ce dernier s'ouvrit. La féline fut alors déséquilibree et tomba dans une nouvelle salle, face contre terre. Elle leva les yeux. La salle etait identique a la precedente par tous points. Des larmes de rage monterent aux yeux de la féline, et elle cogna ses poings sur le sol. "Raaaaaaaaaaaaah! Mais quel est cet endroit, c'est pire que l'enfer!!!!" Elle roula sur elle-même et se retrouva sur le dos. Dans la salle, elle entendit une personne murmurer "Ashram? C'est toi? Amaury...?" Wildekat reconnut la voix de Madre Anna. Elle savait que c'etait une pirate, mais aussi qu'elle avait été une citoyenne Francaise que Wildekat avait toujours respectée. Pauvre femme, elle avait eu de nombreux malheurs. Elle etait visiblement en train de délirer car Wildekat savait qu'Ashram et Amaury avaient disparu de Liberty depuis maintenant au moins un an... Wildekat n'avait pas la force de se lever, et Madre Anna était déja repartie dans une autre pièce. La féline se retrouva seule, et tendit l'oreille. Peut-etre entendrait-elle des pas de corsaires, ou des voix connues, ainsi pourrait-elle au moins trouver un ami? Sa respiration se fit calme, et les battements de son coeur résonnaient dans ses oreilles, mais tout à coup, elle entendit de nouveau une voix qu'elle avait cru entendre en arrivant dans le labyrinthe... elle tendit l'oreille, son coeur battant plus vite et la tension augmentant dans ses veines... elle l'entendit de nouveau, c'etait lui, aucun doute... Le souffle coupé, elle murmura ce qui se voulait etre un cri: "Ric???!!" Elle se releva d'un geste rapide et élégant, puis se précipita vers les murs de la pièce, collant son oreille pour mieux entendre au-delà. "Ric!!! Ric???" Elle appelait maintenant d'une voix desespérée, avec une pointe de folie. Ses yeux ne voyaient rien, il faisait trop sombre, mais elle entendait sa voix, comme si il était dans la pièce à coté. Le souffle coupé, elle se laissa glisser contre le mur et tenta de reprendre le controle de ses émotions. Elle souffla profondément. Reprends-toi ma fille, c'est impossible... Ric est parti sur le Manta il y a plus d'un an, toutes tes lettres n'ont abouti à rien, et à part cette maudite mouette personne ne semble avoir vu Ric. Tu délires, comme cette pauvre Madre Anna.... il est sur un bateau, loin d'ici. Sa respiration se faisait plus régulière Oui, c'est ca, tu délire.... calme toi, ca va passer, voilà.... d'un geste automatique, elle leva sa main pour carresser la fourrure de son lynx, mais elle ne sentit que le vide. D'un bond elle se releva et chercha son lynx des yeux. "Tjaard?" Inutile de l'appeller, elle savait très bien qu'il n'était pas dans cette piece. A vrai dire, si elle n'etait pas à moitié en train de délirer, elle aurait dû s'en appercevoir bien plus tôt... le lynx était sans doute resté dans l'autre pièce, car il était avec la féline avant qu'elle ne "tombe" dans cette pièce-ci. Prise de panique, elle suffoca. Qu'allait-t-il arriver à son lynx, lui aussi pris au piège dans ce monstrueux labyrinthe? Que ferait-elle si elle ne le retrouvait pas? Elle avait passé plus de 10 mois comme un hermite, exclusivement en sa compagnie, et n'imaginait pas qu'il puisse en être autrement. Prise de panique, son souffle se coupa, et la féline tomba au sol, inanimée, le corps froid comme une pierre et le cerveau en ébullition... |
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