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La légende d'Alejandro Estafador  
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Yago
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18/03/2007
Posté le 20/03/2007 à 23:35:47 

La mer s'agitait au dehors, taquinée par une légère bise marine chargée des embruns salés du grand large. Le soleil jouissait d'un ciel sans nuage, s'imposant de toute sa lumière sur les flots bleus et jouant avec la surface variante de l'eau pour se refléter aléatoirement et apporter à ce tableau enchanteur un zeste de magie. Même les oiseaux semblaient observer une retenue, comme par déférence envers la grâce qui leur était offerte ; seul, un vaisseau fendait les vagues sur son passage. L'Estafador était un bâteau de petite taille et sans grande envergure en soi, mais il était solide et rapide, et il dégageait sans que l'on sache exactement pourquoi une sorte de majesté à briser les flots devant lui. Peut-être celà venait-il de ses airs élancés, bien loins des grands et robustes navires de la flotte Espagnole, peut-être était-ce du panache qui transparaissant lorsqu'il narguait l'onde environnante, peut-être enfin parce qu'il se déplaçait dans un silence irréel. Chaque vague, chaque goutte qui effleurait sa coque était comme balayée, déplacée délicatement à la poupe du vaisseau, tant et si bien qu'il se fondait dans ce décor comme s'il avait été dessiné pour lui. Ses trois voiles déployées, il filait tel un espadon au milieu de l'océan tandis que dans la cale, deux hommes retenaient leur souffle. Le premier était de loin le plus hâlé ; jeune et bien musclé, il portait une longue queue de cheval lui tombant jusqu'au reins et un bouc taillé avec soin. Le second, légèrement plus vieux, arborait des cheveux courts en bataille et un sourire enjoleur, qui allaient parfaitement avec son corps fin et élancé. En posture de garde, ils s'observaient méthodiquement, se jaugeaient, se détaillaient de la tête au pieds. Ensemble, ils se saluèrent à la manière des sabreurs, puis croisant leur fers laissèrent passer une seconde. Et soudain le combat commença. Les rapières s'entrechoquèrent avec violence, le bruit du métal envahit la pièce comme une litannie fascinante. Les deux adversaires avaient la même façon de bouger, d'attaquer, de se défendre, comme s'ils avaient apprit ensemble à sabrer. Le plus leste prit l'avantage en une série d'échanges mettant l'accent sur sa vitesse vraissemblablement supérieure à celle de son adversaire, mais aussitôt l'autre, plus jeune et plus fort, reprit le dessus en esquivant une frappe et en contre-attaquant de côté. Chaque coup semblait minutieusement préparé, comme une scène de théatre que l'on connait déjà par coeur ; on ne pouvait lire aucune surprise dans leurs yeux, ni rien qui puisse indiquer une quelconque sentiment de défaite. Le duel dura quelques minutes ainsi, aucun ne semblait parvenir à dominer totalement l'autre, quand soudain le plus vieux entama une série de passes bien particulière ; son opposant ouvrit de grands yeux tout en reculant et en parant tant bien que mal les assauts ; la situation prenait enfin une tournure. Quelques échanges défilèrent ainsi, poussant le plus costaud à reculer encore et encore, jusqu'à se retrouver dos au mur, piégé. C'est alors que son adversaire acheva sa botte ; il feinta d'attaquer par la droite pour pousser l'autre à entamer un mouvement de parade, puis fit un écart et plaqua le sabre ennemi contre le mur, et enfin brandit le sien sous la gorge du jeune homme, à bout de souffle. - Et bien, on m'avait pourtant dit que tu étais devenu très bon, fit le vainqueur en regardant le plus jeune avec une sourire provocateur, je suis déçu Alejandro. Il observait le jeune homme d'un air de défi, comme s'il venait de mettre terme à une rivalité intemporelle. C'est seulement lorsqu'il sentit le canon du pistolet se plaquer contre sa gorge que son sourire s'effaça. - Bon artilleur, Leandro, répliqua alors le jeune homme en souriant à son tour, bon artilleur. Les deux hommes se contemplèrent alors, chacun plongeant son regard dans celui de l'autre, mêlant orgeuil, admiration et respect ; et ensembles, ils éclatèrent de rire, d'un rire libérateur après un combat éprouvant bien qu'amical. Chacun relâcha la pression de son arme tandis qu'ils calmaient leur rire, quand soudain un cri se fit entendre. - Tu as entendu ? fit le plus jeune avec un soudain enthousiasme, on doit y être ! Il s'élança alors hors de la salle sous le sourire bienveillant de son aîné ; l'annonce se fit à nouveau entendre, toujours aussi incompréhensible, mais des bruits de pas rapides s'étaient joint à lui. Grimpant les escaliers quatre par quatre, il arriva sur le pont où l'agitation régnait. De ci et de là les matelos allaient et venaient, tous arboraient de grands sourires. Une dernière fois, la vigie reprit son annonce : - TERRE ! TERRE ! Le sang du jeune homme ne fit qu'un tour, il s'élança à la proue du vaisseau, évitant de droite et de gauche les hommes qui s'affairaient à la tâche. C'est alors que, s'aggripant à la rembarde avant, l'océan lui révéla ce magnifique paysage ; des forêts, des plages de sable d'or, des montagnes, criques, grottes et autre baies s'offraient à lui, une île aux milles aventures qui n'attendaient que lui. - Liberty....., laissa échapper le jeune homme dans un murmure admiratif, tandis que le vent agitait ses longs cheveux noirs. Et pendant qu'Alejandro contemplait la beauté de l'île, l'Estafador se dirigeait lentement vers le port d'Esparanza...
Yago
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18/03/2007
Posté le 14/04/2007 à 15:47:31 

Le débarquement s'était déroulé sans dommages ; l'équipage avait réussi à faire passer son air louche pour l'originalité de marchands d'art, exhibant pour preuve quelques colliers, baguettes, bracelets et objets divers qui suffirent à convaincre les gardes. Quand Alejandro posa enfin le pied sur le sol d'Esperanza, les hommes avaient formés une chaîne pour décharger les caisses censées contenir les dits objets d'art, tandis que les femmes se séparaient en petits groupes afin de découvrir la ville et ses merveilles. Une grande agitation régnait dans le port ; partout, des marchands étrangers chargaient et déchargaient leurs marchandises sous le regard de plusieurs patrouilles de gardes qui allaient et venaient en arborant fièrement les couleurs de la couronne d'Espagne, symbole pourtant courant au pays, mais tellement prestigieux en ces terres éloignées. Le jeune homme observait la scène un sourire aux lèvres, fasciné. - Et bien Alejandro, remets-toi. On dirait un brigand en quête d'une proie facile à détrousser. Le jeune homme ne pris pas la peine de tourner la tête pour répondre, son regard avait harponné une jeune fille d'une grande beauté et dont le teint clair, la tenue et la démarche l'intriguaient tout autant qu'ils l'attiraient. - Cette ville est pleine de promesse, Leandro, fit-il à son aîné, il ne tient qu'à nous de nous en saisir. Il ballada une dernière fois son regard sur le port, et aperçu au fond d'une rue l'écusson d'une taverne. Il avait toujours pensé que ce genre de débit de boisson était le chemin le plus court pour connaitre une ville ; outre une quantité de rumeurs plus ou moins intéressantes, on y apprenait tout sur le pouvoir en place, sur la façon dont le peuple voyait ses agissement, sur les échanges entre les différentes nations, les personnages importants, les bandits de la région, en bref tout ce qu'un ivrogne peut raconter une fois sa langue de bois noyée dans l'alcool. Les taverniers s'avéraient systématiquement être les réceptacles toujours aussi attentifs de ces récits, et constituaient de ce fait de prodigieuses sources d'informations. En tant que nouvel arrivant, Alejandro devait avant tout prendre place dans cette ville encore fragile du fait de l'instabilité des relations internationnales. L'établissement se désigna donc tout naturellement au jeune homme comme la première étape de sa propre découverte de la ville. Alejandro pris quelques secondes pour se constituer un haut port de tête, et s'y diriga d'un pas ferme et assuré, comme si Esperanza lui appartenait déjà, ce qui ne manqua pas de déplaire aux gardes. Sans aucune forme d'appréhension, il poussa la porte d'entrée qui s'avéra particulièrement lourde, et jeta un bref coup d'oeil à l'assemblée : quatre personnes étaient présentes, dont deux complètement saoûles, et un homme assis devant une bière quelconque au comptoir qui lui jeta un regard amical. Le maitre des lieux était quant à lui une caricature de sa profession : légèrement bedonnant et largement dégarni, on eût pu croire à un bon tavernier tranquille ayant repris la maison de son père, mais une discrète cicatrice sur la joue gauche et le regard droit et sûr qu'il plongeait dans les yeux d'Alejandro dissonnaient avec la bonhommie traditionnelle de son corps de métier. D'un air patibulaire, il regarda le jeune homme venir vers lui en le détaillant de pied-en-cap ; il ne lui avait pas fallu plus de de deux secondes pour deviner à quelle espèce d'homme il avait à faire. Alejandro se sentit immédiatement dans son élément avec pareil personnage, et perdit sans s'en rendre compte l'air noble qu'il avait tenté de se donner. - Un whisky, fit Alejandro au tavernier, sans autre introduction. L'homme resta un seconde à le regarder, puis attrapa un verre et le remplit d'une liqueur ambré sans détacher une seconde son regard du jeune homme. Il semblait le voir comme une intrusion malvenue, comme le rappel dérangeant d'un souvenir bien dissimulé et qu'il entendait conserver comme tel. Alejandro quant à lui prenait plaisir à cette sorte de joute muette. Lui aussi avait aisément deviné la nature profonde de l'homme en face de lui, et il savait que dans un sens ou dans l'autre, il devrait à l'avenir composer avec lui, ne serait-ce que pour ce qu'il savait désormais sur lui. Alejandro pris le verre à trois doigts, et le descendit d'une traite, puis replongeant son regard dans celui du tavernier en commanda un autre, que le patron lui servit sur le même ton que le premier. Les yeux dans les yeux, les deux hommes se jaugeaient ; l'un avec méfiance, l'autre avec un sourire en coin, mais tous deux en pleine connaissance du danger potentiel. L'ambiance devenait lourde et électrique, probablement trop pour le seul autre personnage dans la salle encore en état de marcher qui régla sa commande et quitta les lieux sans autre forme de procès. Alejandro le regarda partir avec un sourire, puis descendit son verre comme il avait descendu le premier. Ce petit jeu avait assez duré, il ne tirerait rien à rester davantage. Il mis la main dans sa poche et en tira quelques pièces qu'il posa sur le comptoir, et c'est seulement alors qu'il s'apprêtait à pousser l'épaisse porte que le tavernier, fronçant les sourcils, consentit à ouvrir la bouche. - Qu'est-ce que tu es venu faire ici, étranger. Alejandro marqua une pause, intéressé, puis se retourna. Peut-être y avait-il tout de même quelquechose à faire ici. - Etranger ? fit-il d'un air innocent, je suis espagnol autant que vous l'êtes. - Un espagnol d'éducation ne marche pas de cette façon, étranger, répondit le tavernier sur un ton de défi - Et un tavernier de métier ne reconnait pas les gens qui marchent comme je le fais, conclut Alejandro avec un sourire. Il venait de marquer un point, et la future tournure des choses allait se jouer à cet instant précis. Le tavernier resta muet une seconde ; s'il doutait de quoi que ce soit, il n'en laissa rien paraître. Petit à petit, son attitude changea ; sans présenter un visage plus clément, on décelait à présent en lui une légère ouverture, comme une chance donnée. - Viens cette nuit, frappes 3 fois à la porte, quelqu'un viendra t'ouvrir, finit-il par lâcher en faisant mine de s'adresser au vide. Alejandro sourit, et acquiesca d'un signe de tête. Un pas en avant, et bien d'autres en perspective. - Demandes Gil, on t'ammènera à moi. Et fais attention à toi, les vagabonds comme toi ne sont pas très appréciés en ville,ajouta-t-il sur un même ton. Le jeune homme éclata de rire, rien n'aurait pu le préparer à un élan de paternalisme de la part d'un pareil personnage. - Ne vous en faites pas pour moi, si vous savez ce que je suis, vous savez que je saurais toujours m'en sortir, rétorqua Alejandro avec fierté, avant de se remettre en marche. - Hep ! l'interpela le tavernier, tu ne m'as pas dit comment tu t'appelais. Alejandro s'arrêta une seconde, et lacha sans se retourner : - Yago. Je m'appelle Yago, avant de disparaître dans la foule.
Yago
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18/03/2007
Posté le 03/08/2007 à 00:22:14 

La place centrale de la ville était le lieu de prédilection des marchands itinérants. Large d'une bonne trentaine de mètres, longue de cinquante, elle bordait tout un cercle d'échoppes et boutiques en tout genre, tenues par les commercants attitrés de la ville et où se bousculaient les aventuriers pour obtenir du matériel de qualité, tandis qu'au dehors s'amassait chaque jour une foule emplissant jusqu'au plus petit espace le sol dallé de pierre lisse. Outre les vivres nécessaires à tous, on pouvait trouver sur le marché armes, étoffes et épices venus d'ici et ailleurs, ainsi que des vêtements, du matériel d'aventure et des articles aussi varié que des cordes d'amarrage ou des bouteille d'alcool importé ; un observateur plus attentif et instruit de règles secrètes, totalement ignorées de la population moyenne, aurait lui pu y échanger quelques pièces d'or contre des bijoux, philtres et artéfacts d'origine plus ou moins douteuse et dont l'utilisation s'entourait systématiquement d'un grand mystère. Ceux qui se risquaient à vendre pareils objets étaient incontournablement louches, tant par leurs habits que par leur démarche ou leur sourire en coin, et ils réussissaient le tour de force d'être à la fois invisibles pour les badauds et bien en évidence pour qui savait regarder. Et c'était exactement de ce genre d'individu dont Alejandro s'était rapproché dans la journée. L'accès à la place centrale avait été minutieusement étudié afin que l'on y arrive d'où que l'on vienne en ville ; c'est en tout cas la conclusion qu'en avait tiré le jeune homme en y débouchant pour la troisième fois malgré des trajectoires nombreuses. Il avait fait le tour des tavernes, des maisons closes et de manière générale de tous les repères malfamés que l'on trouve dans toutes les villes du monde, sans trouver rien d'intéressant. Tout ce qu'il avait appris de sa journée était qu'Esperanza était protégée par toute une caserne de miliciens et que, vu l'état de la ville, ils n'avaient pas peur du zèle. C'est donc en dernier lieu qu'il s'attaqua à la place du marché, bien décidé à obtenir ce qu'il cherchait. Il n'avait pas fait dix pas qu'un homme l'interpela, un de ces personnages suspects qu'il cherchait précisément à rencontrer. - Vous cherchez quelquechose, mon bon seigneur ? Alejandro prit un air supérieur. Cet homme, tout dangeureux qu'il soit, était avant tout un pion d'importance stratégique sur l'échiquier du jeune homme. - Ranges ta langue mielleuse, l'escroc, je ne suis pas acheteur, fit-il tout en montrant qu'il attendait quelquechose. L'homme était petit, brun et basané, son visage avait le trait particulier de n'en avoir aucun, et l'on aurait été bien en peine de lui trouver un âge. Ses cheveux si courts qu'on les eut presque dit rasés étaient le seul signe distinctif qu'on pouvait lui attribuer, hormis peut-être ses yeux, une seconde plus tôt emplis de malice et à présent perturbés par la curiosité. - Vous êtes nouveau en ville si je ne m'abuse, je ne me rappelle pas vous avoir déjà vu. Pourtant je connais beaucoup de monde, je vous prie de le croire, fit l'homme en retrouvant son sourire malicieux. - C'est précisément ce qui m'intéresse, l'escroc, reprit Alejandro en faisant un pas en avant. Je sais ce que tu fais ici, je suis du métier. Il doit y avoir énormément de concurrence dans une île comme celle-là, je suppose qu'il doit te falloir développer des trésors d'imagination pour t'en sortir. Heureusement pour moi, toute ma famille est arrivée avec moi, et je suis persuadé que la sagesse guidera les pas des commerçants spécialisés avant que nous ayons à les y inviter. Un jour une guilde a refusé, les malheureux ont d'ailleurs été frappés par une maladie étrange peu de temps après, une sorte de peste mais heureusement elle n'a touché qu'eux. C'est étonnant, tu ne trouves pas ? La voix du jeune homme s'était durcie au fur et à mesure qu'il parlait, tant et si bien que les derniers mots sonnaient encore davantage comme une sentence que comme une menace. Son interlocuteur, blême, venait quant à lui de saisir à quel genre de famille il avait à faire. - Je vois que nous nous comprenons, reprit Alejandro, satisfait.Tu as l'air de ceux qui écoutent la voix de la sagesse, aussi je viens te proposer une reconversion. C'est exactement dans tes cordes, et ça te permettra de conserver de bonnes relation avec moi, conclut le jeune homme sur un ton à mi-chemin entre le conseil et la menace. L'homme affichait le visage déconfit de celui qui s'est fait prendre à son propre piège. Après quelques secondes de réflexion, il fit avec lassitude un signe de tête vers sa gauche et ouvrit la marche dans la direction indiquée. Ils débouchèrent dans une rue large et pourtant déserte en ce jour d'affluence. Parmi les maisons crasseuses, il s'en trouvait une qui n'avait pas de serrure, et dans laquelle l'homme entra non sans avoir jeté un oeil discret pour s'assurer que personne ne les suivait. La conversation dura une bonne heure, à l'abri des oreilles indiscrètes, et chaque parti pu s'estimer en ressortir gagnant. L'implacable vision des choses d'Alejandro convinquit l'étrange personnage - qui s'avéra s'appeler Bartolomé - de changer d'activité, et de prêcher la même reconversion à tous ceux du métier. Alejandro avait fait place nette pour les siens, et s'était offert ses premiers contacts intéressants. Il avait du dévoiler certaines choses le concernant, mais le résultat était là et jamais son interlocuteur ne s'aventurerait à le trahir sachant justement ce qu'il y risquerait ; toujours est-il que le jeune homme avait entièrement été prit dans la discussion, si bien que ce n'est qu'en sortant de la planque de Bartolomé qu'il se rendit compte que la nuit était tombée. Et comme il en avait été convenu, il se dirigea vers la seconde opportunité qu'il s'était offerte ce jour-là, non sans une légère appréhension mais bien décidé à en tirer tout ce qu'il pouvait.
 

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