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Corinne de la Botte  
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Corinne de la Botte
Corinne de la Botte
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Posté le 23/02/2010 à 13:06:58 

Avant Liberty

Encore enfant, elle habitait avec ses parents, d'humbles agriculteurs, sur la côte bretonne. Un beau jour, sortie jouer dans les champs, un groupe de corsaires anglais qui devaient mouiller non loin de là s'approchèrent de l'exploitation. Effrayée, Corinne se rapprocha de la ferme en se cachant derrière une botte de paille lorsqu'elle entendit la première altercation verbale entre son père et les anglais. Ils étaient cinq, arborant les couleurs de la Monarchie Britannique sur leur bandeau. Corinne ne comprenait pas la majeure partie de ce que se disaient son père et les visiteurs. Mais la tension et le ton de la voix de son père étaient sans équivoques. Puis, les corsaires dégainèrent leurs sabres, son père brandissant une fourche en réponse. Les cinq corsaires s'avancèrent et commencèrent à encercler l'homme. Puis ils passèrent à l'attaque. Le combat ne dura pas longtemps. Ce n'était qu'un humble fermier et père de famille face à cinq hommes vivant des combats. Après quelques entailles et avoir fait sauté la fourche des mains de son père, deux des anglais agrippèrent l'homme et le trainèrent dans la maison à la suite des trois autres. Corinne en profita pour se rapprocher de la maison et observer ce qu'il se passait par un noeud vide dans l'une des planches du mur. Elle put voir sa mère terrorisée, tenant dans ses bras son petit frère encore nourrisson. Pendant que deux des hommes agrippèrent la mère, le dernier arracha l'enfant des bras de la mère et sortit un long couteau. Les larmes coulaient sur les joues de ses parents, et même si Corinne ne comprenait qu'à moitié ce qu'il se tramait, les larmes coulèrent sur les siennes également. Elle ne put voir alors qu'un reflet du soleil sur la lame du couteau et ce qui sembla une gerbe de sang, avant d'entendre sa mère hurler en sanglots et le bruit sourd de quelque chose tombant sur le sol. Puis l'homme au couteau se rapprocha de la mère, lui arracha ses vêtements et la viola, pendant que les hommes maintenant le père, pleurant et murmurant des mots d'excuses à sa femme, l'obligeaient à regarder la scène. Quand le chef du groupe en eut terminé, il plaça ses mains autour du coup de la mère et l'étouffa avant de remonter ses culottes. Puis, il reprit en main son couteau et s'approcha du père. Corinne put entendre les quelques mots qu'il murmura à l'oreille de son père avant de l'égorger : Chiens de français... Les deux hommes maintenant le père lachèrent le corps sans vie qui s'affala dans ses fluides vitaux. Puis le groupe sortit et s'éloigna de la ferme. Corinne s'était laissée tomber sur le sol, tétanisée pendant plusieurs minutes. Lorsqu'elle reprit ses esprits, elle entra dans la maison et constata l'horreur d'un père et d'un bébé égorgés, et d'une mère laissée nue dans la mort, tels des déchets qu'on préférait laisser tel quel que d'y toucher une seconde de plus.
Corinne, choquée par un tel spectacle de barbarie, les cris d'horreur et les mots de l'Anglais résonnant dans sa tête, tourna les talons et s'enfuit en courant, pleurant à grosses larmes.


Corinne continua à déambuler sur les routes, même lorsque le flot de larmes s'était tari, remplacé par un sentiment qu'une jeune enfant de son âge ne pouvait pas connaître avant plusieurs années. Ce sentiment était telle une flamme incandescente brûlant dans son coeur, semblant ne vouloir jamais s'éteindre. Perdue dans ses pensées, elle ne se rendit compte de la présence d'un homme que lorsque ce dernier lui adressa la parole :


- Une journée difficile n'est-ce pas ?

Corinne sursauta. Un homme se tenait devant elle.

- Ne sois pas effrayée, je ne te veux aucun mal, déclara l'inconnu.

Corinne eut un pas de recul, mais réussit tout de même à parler malgré la peur et la surprise.

- Qu... Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ? dit-elle tout d'abord hésitante, puis plus sûre d'elle lorsque la méfiance remplaça la peur.

- Ah ! Malgré la peur et ton jeune âge, tu as suffisamment de courage pour répondre sur un air de défi. J'aime ça. Tu es le genre de personnes que je recherche jeune Corinne.

- Comment savez-vous mon prénom ? Et quel est le vôtre ?

- Je sais bien des choses jeune enfant. Notamment ce qui brûle dans ton coeur. Et si tu le souhaites, je peux t'aider à te servir de ce brasier pour atteindre tes objectifs et plus encore. Le choix t'appartient : refuser ma proposition et tenter de survivre orpheline dans ce monde difficile, rongée par ce feu intérieur, ou bien me suivre pour découvrir ta nouvelle famille et la perspective d'accomplir de grandes choses.

Corinne réfléchit, scrutant le visage souriant de l'homme debout devant elle. Après un moment, elle respira un grand coup, ajusta sa robe froissée, recoiffa ses cheveux ébourriffés et s'essuya le visage à l'aide d'un petit mouchoir. Puis, elle donna sa décision :


- Très bien, je viens avec vous, si ça me permet d'obtenir ce que je veux. D'ailleurs, vous ne m'avez toujours pas dit comment vous vous appeliez, ce n'est pas très poli !

- Ah ah, de la détermination, s'esclaffa l'homme. Tu es une jeune fille pleine de ressources qui n'est pas prompte à abandonner facilement.

L'homme fit volte-face et commença à s'éloigner sur la route. Et sans se retourner :

- En ce qui concerne mon nom, je te le dirai quand tu le mériteras... peut-être...

Et l'homme repartit d'un grand rire. Corinne resta plantée quelques secondes sur place, désarmée devant l'espièglerie de cet homme mystérieux. Puis elle se mit à courir pour le rattraper.





Les années passèrent. Corinne avait notamment montré un certain talent au maniement du sabre, ainsi qu'à la médecine, maniant avec autant de précision le bistouri que des lames bien plus longues. Elle était également devenue une belle jeune femme au regard sombre et mystérieux et avait appris elle-même le pouvoir qu'elle pouvait avoir sur les hommes, cultivant l'attirance qu'elle provoquait en adoptant un style vestimentaire aguicheur.
Un jour, son mentor lui apprit qu'ils devaient partir pour une île des Caraïbes nommée Liberty. Ce serait là-bas qu'elle pourrait nourrir le feu qui n'avait jamais cessé de brûler dans son coeur.
Elle embarqua seule à bord d'un navire français à destination de Liberty. Le reste des passagers était hétéroclyte, chacun nourrissant ses propres objectifs et perspectives concernant leur nouvelle vie sur Liberty.
Corinne passa la majorité du voyage à l'écart, désintéressée des autres, ne leur adressant pas la parole.
Au trois quarts du voyage, un navire de corsaires anglais prit en chasse le bateau français. Ils abordèrent et le combat fit rage sur le pont. Corinne était restée dans une partie peu utilisée du quartier des passagers, assise dans l'ombre. C'est alors qu'un groupe de passagers, un homme et sa famille apeurés, apparut pour se cacher. Ils ne remarquèrent pas la jeune femme, et tremblaient comme des feuilles. Trois corsaires firent alors irruption dans la pièce, un sourire de prédateur sur les lèvres. La famille poussa un cri de terreur. Les anglais échangèrent quelques mots. Corinne avait appris leur langue depuis qu'elle avait décidé de suivre l'homme, et c'est sans surprise qu'elles comprit qu'ils envisageait de se débarrasser de l'homme avant de s'amuser avec la femme et les deux filles, une jeune adolescente et une fillette. D'un coup d'oeil sur le père de famille, elle comprit qu'il n'avait rien d'un combattant. Aux tâches de peinture sur ses doigts, ce n'était qu'un humble artiste. Les anglais s'approchèrent, fer au clair. Les femmes se terraient derrière le père de famille aussi terrorisé qu'elle. Toute la troupe, aussi bien les anglais que la petite famille, échappa un hoquet de surprise lorsqu'une voix féminine intervint :


- Alors mes mignons, on a envie de s'amuser ?

L'assistance tourna son attention dans la direction de la voix et vit apparaître Corinne qui sortait de l'obscurité. Les anglais d'abord méfiants baissèrent leur garde en voyant ce qui leur sembla être une femme de petite vertue. Ils commencèrent à se concerter pour décider qui aurait la chance de s'amuser avec, quand l'un des trois s'effondra dans un gargouillis ensanglanté, un scalpel planté dans la gorge. Avant que les deux autres n'aient eu le temps de réagir, Corinne avait fondu sur l'un deux et l'avait éventré d'un revers de sabre. Le troisième recula hors de portée, en garde, lachant un juron.


- Fucking whore, you gonna die like the little bitch you are !

- Tututu. Ce n'est pas ainsi que l'on parle en présence de femmes, lui répondit Corinne, l'espièglerie se lisant sur son visage. Je crains qu'un peu d'éducation s'impose.

L'anglais, le visage déformé par la colère se jeta sur elle. Corinne dansa littéralement, esquivant telle une danseuse exécutant un ballet, ne laissant que l'air déplacé par les mouvements de sa robe là où le sabre de l'anglais frappait. Après ce qui ne fut que quelques secondes, l'anglais s'arrêta net dans son élan, frappé de stupeur. Corinne se tourna vers la famille qui n'avait pu qu'observer ce qui se déroulait devant elle.


- Leçon terminée, dit elle en leur adressant un sourire.

A peine eut-elle terminé sa phrase qu'une longue estafilade échappant un flot de sang apparut sur la gorge de l'anglais, qui s'affala sur le sol de la cale, mort. Au-dessus, sur le pont, des hourras de victoire français résonnaient. L'équipage du navire était parvenu à repousser l'ennemi et à le mettre en fuite.

La fin du voyage se passa sans encombre. Corinne dut malgré tout accepter de poser pour le père de la famille qu'elle avait sauvée, consciente qu'elle ne pourrait retrouver sa tranquilité qu'en accédant à la requête du peintre. Il la peignit sur le pont, assise sur un coffre et tenant un pistolet dans une main. Lorsqu'il eut terminé, il lui offrit la toile en remerciement. Corinne, n'étant pas une sentimentale, du moins plus depuis la mort de sa famille, garde pourtant précieusement cette toile depuis. Elle ne put nier que l'homme avait un certain talent et l'image d'elle que lui renvoie la toile les occasions où elle la regarde est loin de lui déplaire. A croire que l'homme avait su capter la vraie Corinne, tout comme son mentor à l'époque.
Le navire apponta au port de Port Louis, la ville française de Liberty. Corinne descendit de la passerelle. Elle jeta un regard aux alentours et un sourire apparut sur son visage.

- Cela promet d'être intéressant...
 

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