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Un nouveau Croc  
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Sombre ermite
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26/08/2006
Posté le 11/12/2008 à 21:32:43 

Port-Louis, 11 décembre 1708

Une porte claqua dans l'antre, des talons résonnèrent sur le parquet à l'étage, avant qu'une autre porte ne subisse le même sort que la première. Puis le calme revint un temps. Peu en vérité, car bientôt des bruits de coups se firent entendre à travers la massive porte d'entrée. L'homme à tout faire de la meute alla voir de quoi il en retournait. Des infirmières, avec quelques gardes cuirassés. L'homme, sans se démonter, leur demanda d'un geste ce qui se passait. Les infirmières, haletantes et plutôt en fureur dans une cacophonie de voix dépareillées, expliquèrent que Luun s'était enfui de l'hospice alors même qu'il était en train de se faire soigner. Son état était soucieux, quoique non critique fort heureusement. Il devait se faire soigner par les médecins de Port-Louis au plus vite! Avec quelques gestes le muet les congédia, leur disant qu'il ne pouvait rien faire, n'ayant pas vu son maître et que non il leur était impossible d'entrer en ces lieux.

La porte se referma quasiment au nez des infirmières rouges de colère qui tambourinèrent un moment sur le bois... avant d'arrêter en poussant quelques cris de douleur. L'homme monta au premier étage, après avoir pris soin de préparer un plateau avec pichet d'eau, cidre, un godet, du pain et du jambon. Sans même frapper il entra dans la chambre numéro treize, celle du Loup Blanc. Il alla déposer le tout sur la table basse non loin de la cheminée, avant de passer sous l'épaisse tenture arrivant juste à temps pour admirer l'effroyable spectacle du dos boursoufflé du Loup.

-Quoi?

Luun n'avait pas plus à en dire, son ami ne fit qu'hausser les épaules avec une grimace et pris son relai, attrapant le baquet d'eau, et le savon, lavant les plaies qu'un homme seul ne pouvait atteindre, même avec certaines contorsions. Cela prit un temps, durant lequel un lourd silence pesa, le vent passant doucement par la fenêtre ouverte, apportant quelque fraîcheur dans la pièce. Quand il eut fini, le maître d'hôtel regarda cet homme qu'il prenait pour fou, malgré tout l'amour qu'il pouvait lui porter. Le Loup passait un beaume sur certaines plaies, le silence toujours présent entre les deux hommes. Quand ceci fut fait et que ses mains furent lavées il s'en retourna à son bureau, jonglant entre divers parchemins et livres, sans plus tenir compte de la présence de Marc, cet homme qui était sans que cela se vit, l'âme de l'antre des Loups, celui qui la faisait vivre. Ce dernier tourna les talons et repartit, fermant la porte derrière lui non sans lâcher un souffle d'exaspération.

Luun finirait par y perdre la vie, si ce n'était pas pire. Il le savait... mais qu'y pouvait-il?
Sombre ermite
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26/08/2006
Posté le 11/12/2008 à 21:33:10 

Enfermé dans sa chambre Luun étudiait des écrits, certains très anciens, presque illisibles, l'encre ayant depuis longtemps perdu sa pigmentation ou les intempéries ayant effacé tout ou partie de leur contenu. Il prenait des notes, croquait des idées... De nombreuses feuilles finirent au sol avant peu, froissées et jetées, parfois récupérées un peu plus tard, mais y retournant la plupart du temps. Le Loup se tirait les cheveux sur un sujet qui semblait vital, mordant le bout de sa plume, frappant régulièrement du poing le bureau. Son faucon quitta la pièce, ne souhaitant pas rester là au risque d'être pris dans la tempête d'énervement qui ne manquerait certainement pas de poindre.

Les heures passèrent et la nuit tomba sur Port-Louis. De la fumée montait au-dessus de l'antre, mais elle ne venait pas uniquement de la cheminée du salon. Au sous-sol, la forge tournait, rougeoyante, les vapeurs d'eau saturant la pièce close. Le métal était battu, avec de grands gestes rageurs mais précis. Et le métal, tout comme les feuilles, finissait sur un côté, jeté comme un malpropre après que le Loup se soit rendu compte qu'il n'obtenait pas le résultat escompté. La nuit avançait et les coups s'enchaînaient sans perdre de leur force ni vitesse. Aucune fatigue ne semblait capable d'arrêter Luun dans son envie créative. Son visage était fermé, l'or de ses yeux plus liquide que jamais, sa cicatrice
sous son oeil gauche vibrante de tension, ses mâchoires crispées.

Si jamais quelqu'un avait pu le voir, ce qui était en vérité impossible la porte menant à la pièce fermée à clef de l'intérieur et le Loup seul possesseur de celle-ci, si toutefois donc cela avait pu être possible, il aurait certainement passé son chemin, conscient de l'énergie que développait cet homme, une énergie que rien ne semblait pouvoir l'amenuiser et qu'il était fort imprudent de tenter approcher ou détourner. Mais une question aurait pu faire frémir cet improbable voyeur: seul un fou ne pouvait-il pas déployer ainsi autant de force et d'énergie dans une seule chose?
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26/08/2006
Posté le 17/01/2009 à 20:01:50 

La nuit entière durant Luun avait combattu le fer. Lorsqu'il vit que cela ne portait pas ses fruits et qu'il devait encore réfléchir il stoppa son oeuvre. La sueur couvrait tout son coeur, faisant luire ses muscles contractés par l'effort, ses cicatrices ressortant sous la lumière forte de la forge, traces brûnatres sur sa peau si blanche.

Torse nu, un bout de tissu sur l'épaule, il sortit de la forge, la refermant soigneusement à clef avant d'aller prendre rapide collation au bar, sans même discuter avec Marc ni relever son regard accusateur. Moins de cinq minutes plus tard il était dans sa chambre et s'habillait. Le milieu de la nuit approchait, pas un seul bruit ne dérangeait le calme de l'antre. Qu'il avait aimé cette sérénité qui transpirait en ces murs. Mais aujourd'hui ce n'était plus temps à la réflexion, l'introspection... Non aujourd'hui c'était un ciel de sang qui allait se former sur son passage, nuage après nuage, jusqu'à créer une tempête dont New Kingston se souviendrait.

Habillé de sa tenue d'assassin Luun sortit par les toits et rejoint rapidement les alentours du Lac Ouest de l'île. Plusieurs tombèrent cette nuit, dont Bouyoul à qui il préleva un morceau de langue, comme promis. Il s'était évanoui dans les bras de Lady Pucca, pas dans un meilleur état que lui, tous deux poupées de chair tuméfiées et ensanglantées. Mais dans la nuit, au bruit des balles tirées par Rohel il se réveilla et finit son oeuvre macabre.Avec un geste de la main au loin, il salua son frère d'arme et chacun repartit de son côté, cherchant de nouvelles proies à occire.

Mais cette fois, c'était sans même cet inéluctable sourire qui pendait toujours légèrement à ses lèvres. Désormais Luun avait un visage fermé, dur et des plus antipathique. Une mort en marche. Un mort en marche.
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26/08/2006
Posté le 17/01/2009 à 20:02:48 

Luun était toujours debout, au milieu du territoire ennemi. Il avait passé plus de trente heures désormais à deux doigts de perdre connaissance à force de perdre son sang, et personne n'était venu l'achever. Oh certes si Shadow n'était pas intervenu peut-être... Mais ce n'était pas le cas. Il était debout. Et le sang des ennemis imbibait sa lame.

Le Loup s'était retranché dans une cache pour finir la journée, sachant qu'il ne lui fallait plus que quelques heures avant de retrouver tous ses moyens. Si d'ici là aucun Anglais n'était venu le débusquer... Et bien il ne lui resterait plus qu'à aller à eux. Il était dos adossé à une pierre, son sabre dans une main, une flasque de formol dans l'autre, bouchée avec soin. Dedans flottait un bout de chair verdâtre: le morceau de queue de Bouyoul qu'il lui avait prélevé lors de leur dernier combat. C'était un farouche ennemi. Il était fort. Et Luun se surprenait à convoiter cette force.

Autrefois il aurait chassé cette idée de sa tête, suivant une voie plus complexe, se refusant certaines choses. Aujourd'hui... Il allait reprendre sa solitude. Mais non pas pour continuer à être l'ombre qui hante la forêt, placide. Non désormais il allait devenir les crocs que chaque personne qui arpentera la forêt craindra. Il allait rendre le mal qu'on avait depuis si longtemps fait pénétrer en lui. Il allait l'utiliser, pour le faire vivre à ceux qui continuent à le distiller. Plus de demi-mesure, plus de diplomatie. De toute façon il n'avait jamais aimé les planches, les feux des rampes, la gloire sociale.

Luun rangea avec précaution la fiole dans ses affaires. Cela lui serait probablement utile plus tard, il fallait juste qu'il arrive à finir de...


Son esprit repartit ailleurs, revisualisant ces parchemins par dizaine qu'il étudiait dans son bureau, y mêlant ses propres connaissances, cherchant ses propres conclusions ou déductions. Il y avait une solution, il lui fallait uniquement la trouver. Et cela viendrait, il le savait.
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26/08/2006
Posté le 29/01/2009 à 18:29:49 

Début Janvier 1709

Combien de temps était passé? Luun n'en avait aucune idée. Tout à la ferveur des combats il n'était plus que force et violence, le sang battant sourdement à ses tempes. Il ne vivait plus que pour le combat... Enfin, pas totalement. Il avait constamment cette idée de forge dans la tête. Les plans lui apparaissaient en esprit. Il dessinait, écrivait, corrigeait ses idées directement en pensée. Il sentait de plus en plus de choses, améliorait le concept, le modifiait et peu à peu approchait de la vérité.

Quelle vérité? Il en avait un soupçon de connaissance, et il s'en suffisait. Peu lui importait le reste désormais. Le combat, la forge. Cela le comblait. Il ne pensait plus guère au reste. Il s'occupait tantôt des Vengeurs, donnait, au besoin, des nouvelles à la meute, surtout à Rohel pour coordonner les combats et leurs mouvements. Mais sinon, sinon et bien il aurait pu être ailleurs, n'être personne, cela aurait été pareil.


Après deux semaines à harceler les Anglais et se faire taper avec plaisir sur le coin du visage, Luun rentra à Port Louis. Très peu de temps, tout juste de quoi manger un morceau avant de repartir. Suffisamment malgré tout pour passer quelques instants dans sa forge où il déposa plusieurs flasques ou bocaux. Des morceaux de plusieurs de ses proies qu'il avait abbatu. Ici personne ne les verrait. Elles attendraient là, sagement, qu'il vienne les utiliser. Car il était certain désormais de pouvoir en extraire quelque chose. Il devait pour cela aller quérir quelques informations mais... la situation allait avec un peu de chance, lui permettre de les trouver sous peu. En tout cas il l'espérait et c'est avec un sourire carnassier qu'il ressortit de l'antre, sale, les vêtements abîmés, la peau couverte ci et là de sang séché... seules ses armes étaient propres et en bon état.

Il passa non loin de Nyaria, qui ne le vit même pas, assoupie dans les rues de Port Louis tandis qu'elle tentait visiblement de monter la garde. Il passa. Sans une remarque ni une pensée particulière pour elle. Il avait encore, toujours, autre chose à faire ou penser.

Les pirates allaient être sa prochaine cible. Des adversaires de choix. Du matériel rare...
Sombre ermite
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Posté le 13/02/2009 à 18:59:41 

La tempête avait filé. Port Louis sous la neige qui aurait pu le croire? S'en douter même? Malgré cela, le froid persistait encore un peu. Pourtant dehors, les mouvements de troupe étaient nombreux. Flibuste à la corniche, notamment à la recherche d'Anne la Tigresse. Confrérie boutée de la prison française, ayant de fait pris ses quartiers dans l'avant poste Louis Le Grand. Espagnols en rut, agressant les Hollandais. Visiblement le froid poussait les gens à courir et frapper pour se réchauffer.

Sa rage lui suffisait, ainsi que le sang qu'il faisait couler. Nous étions à la mi Janvier, et sa collection s'était agrandie. Il avait des cheveux de la belle Lady Ching, ainsi que de la traîtresse Madre Anna et même, magnifique, de Titus le capitaine de la Flibuste. De Gaston il avait pris un peu de poudre, du Cubain un cigare et d'Ulysse un morceau de peau, resté accroché à son épée une fois achevé. Il avait en outre quelques échantillons de sang, mais ils se conservaient affreusement mal.

Il passa une longue nuit à tenter d'en faire quelque chose, courant entre les pages de ses divers manuscrits, griffonnant des idées, des formules, des schémas. Il tenta une ou deux choses mais ce fut un échec. Le sang ne donnait rien. Trop volatile, éphémère. Il aurait fallu qu'il s'approprie leur puissance de suite, lorsqu'il était encore frais. Mais c'était là une chose qu'il n'était pas certain de pouvoir réaliser sans y perdre son intégrité. Et il n'était pas prêt à risquer ce genre de folie.

Dehors le jour se levait. Il se rhabilla et partit, fermant avec soin la forge derrière lui. Un nouveau gouverneur tenait Port Louis. C'était étonnant de voir un gamin de dix ans porter ce titre, mais cela ferait probablement du bien à la colonie, un élément moteur certain. Et il allait l'aider. En faisant ce qu'il savait faire de mieux. Observer. Traquer. Tuer. Il était un prédateur. Et s'il s'en cachait bien, le plus souvent, désormais il ne se bridait plus et allait montrer toute la puissance que les Loups d'Azur recelaient.
Luun, Loup Blanc
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Posté le 13/10/2009 à 20:02:14 

Janvier 1709

Garde Bonbon. Quel titre ridicule! Pourtant il le portait de son plein gré. Il avait même été parmi premiers à rejoindre le groupe. Il ne se faisait aucune illusion, ce n'était que pour la possibilité d'éliminer sans sommation quiconque consistuait un risque pour la paix de la colonie. Malheureusement les situations de ce genre ne furent pas monnaie courante. Heureusement pour sa soif de bataille et de sang, les Espagnols pillèrent les Hollandais et leur déclarèrent la guerre. Port Louis était calme. L'Est de l'île était en feu. Pas l'ombre d'un doute ne naquit dans son esprit, il sut de suite où aller.

Luun reprit la voie du prédateur, parcourant les hautes herbes et les montagnes sans tout à fait se cacher. Il découvrit plusieurs Espagnols planqués, dont un qu'il pouvait presque considérer comme un ami. Il molesta ses deux comparses rapidement, sans les réveiller, les taillant de sorte à les faire passer d'un somme à un autre. Le rouge en plus. Il se tint ensuite devant Dom Pedro Rodriguo et le salua d'un sourire. Il n'avait pas envie de lui faire subir le même traitement, mais par contre il avait bien envie de se mesurer à lui. Un très vaillant adversaire. Le combat fit rage, et de la rage, l'Espagnol en possédait plus, lui permettant de battre Luun.

Une nuit de repos plus tard il reprenait la route. Et c'est au monastère, dans la cave, qu'il croisa le gouverneur espagnol et sa suite. Luun ne put s'empêcher de faire le clown, mimant une courbette tout à fait disgracieuse avant de les attaquer. Il prit son tribut de sang avant de se faire assommer par La Poigne. Il aurait bien aimé les poursuivre, mais il semblait que sa présence fut requise ailleurs. Un zeste de stratégie pouvant lui faire du bien il laissa ses proies partir et prit une nouvelle direction. Mais être seul et rester plus de vingt quatre heures sans croiser le fer le ramolissait. Il se mettait à réfléchir, et la réflexion, au cours d'un combat, est signe de mort.

Pourtant il n'arrivait à fermer totalement son esprit, bien que sachant tous les risques que cela impliquait. Il avait encore des images de Kristal ou Anne qui venaient le hanter. Des images de paix, de chaleur. Pourtant ses yeux ne voyaient que la violence, la rage. Sa peau était aussi froide que de la glace. Deux feux se consumaient en lui. Et il était simple spectateur de leur combat. Commé détaché de lui-même et de ce qui pouvait lui advenir. La seule part de lui qu'il surveillait était celle qui forgeait, inlassablement, ses nouveaux plans.
Luun, Loup Blanc
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Posté le 13/10/2009 à 20:04:04 

Les jours s'étaient écoulés, pour si peu de choses finalement. On l'avait fait tourner en rond pour rien et cela n'avait que renforcé sa rage intérieure. Elle couvait, se nourrissant peu à peu de ses différentes émotions. Encore un simple oeuf brûlant, elle lui tenait les tripes, lui insufflant une douce chaleur qui faisait taire le flux de ses réflexions. Il bougea à nouveau, jusqu'à revenir sur Port Louis après quelques nouvelles proies bataves brisées sous ses crocs.

Etre dans ces murs lui rappela les évènements encore récents. Sa main droite en avait encore des séquelles. Kristal avait quitté la meute, Anne était resté plusieurs nuits, lui avait démonté un mannequin de bois en apprenant la première chose, avant de profiter de la seconde. Cette nouvelle fut le déclencheur. Son esprit encore fragile, avait brisé ce matin-là, bois sec alimentant désormais sa rage développée. Ses yeux n'étaient plus que deux foyers incandescents, son esprit tu, en arrière plan de son instinct animal qui devenait omniprésent. Il se souvenait de ces nuits avec la tigresse, et jours aussi. Depuis il n'avait pris du plaisir que dans ses actes de sauvagerie, le sang coulant devenu le seul calmant à sa folie naissante. Il regardait souvent son sabre, en prenant plus soin que son propre corps. Le sang même pleinement lavé finissait par donner un reflet rubis à la lame.

Il quitta rapidement Port-Louis, Caroline souhaitant le voir, sans savoir exactement pour quoi. En tout cas elle était à la prison française et le coin serait certainement un bon endroit pour passer ses nerfs. Il y avait presque toujours de quoi taper dessus là-bas. Des os à craquer, des paumettes à faire éclater, des yeux à pocher, des machoires à décrocher, des articulations à démettre, du sang à faire gicler...

En pensant à tout cela il prit le chemin de la prison, un sourire aux lèvres.
Luun, Loup Blanc
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Posté le 13/10/2009 à 20:05:36 

Prison de Port-Louis, Février 1709

La Louve avait dit souhaiter le voir, cela faisait longtemps en effet qu'ils n'avaient pas été un instant ensemble. Il porta donc ses pas en direction de la prison française, taillant sans vergogne dans les chairs des brigands, assassins et autres tires-laines qui encombrèrent son chemin. Le coin était toujours aussi mal famé finalement, quoique il y ait peu d'anglois ces temps-ci dans les parages, ce dont il ne se plaignait pas.

Le Loup finit par arriver au rez-de-chaussée de la prison, y trouvant de nombreux Lyssois en entraînement, quelques étrangers dont certains connus et d'autres nouveaux, et la Louve au milieu. Cela ne l'étonnait même pas en vérité. Elle avait des charmes, elle savait les avoir, et certainement n'avait-elle jamais rechigné à les utiliser. Cela ne lui posait guère de souci, chacun menait sa vie. Il se demandait juste si Lulu était au courant, mais après tout, cela ne le concernait pas réellement. Tant qu'elle faisait attention à elle, et que lui savait ce qu'il faisait... après...

Il alla lui dire bonjour, une bise déposée sur la joue, puis se tourna les pouces un moment, regardant alentour. Il s'ennuya vite et décida d'aller tester les diverses personnes présentes. Des coups ici, des coups là, ils avaient tous ou presque, besoin d'un sérieux entraînement pour ne pas risquer perdre leurs bourses, et pas celles qui contenaient leur or, dans la nuit ici. Il alla se mettre dans un coin pour le reste de la soirée, s'occupant de ses armes, préparant la nuit qui allait poindre.

Une nuit qui fut forte en cauchemar visiblement, car quand il se réveilla, il étreignait Caroline, et lui avait froissé se chemise en divers endroits. Il devait l'avoir serrée une bonne partie de son sommeil durant. La journée passa lentement, entre ardeur des combats, longueur des périodes de calme. A part les grivoiseries de Cactus ou Massam, entre deux phrases ponctuées d'un peu plus de politesses, il n'y avait guère à faire. La force armée en présence était trop élevée pour que quelconque groupe de forbands se risque ici. Il restat malgré tout, ayant promis à Caroline de rester un peu.

Elle était une fleur bien particulière: ennivrante, aux couleurs envoûtantes, des atours bien choisis, pour cacher le venin qu'elle pouvait inoculer avec ses épines. Mais n'était-elle pas prise à son propre piège? Empoisonnant par jeu ou habitude, plus que besoin ou défense? Il put l'observer à loisir la journée entière, tandis qu'elle tournait, soignait, et même guerroyait. La petite Caroline avait fait du chemin depuis qu'elle avait quitté la perfide Albion. Et pourtant elle avait toujours certaines manies, qu'il n'avait jamais réussi totalement à accepter ou apprécier.

Il se demandait encore pourquoi elle avait tenu à le voir, souhaitait-elle faire de lui une nouvelle victime de ses armes si particulières? Croyait-elle seulement pouvoir? Probablement, ou au moins plausiblement. C'était là mal le connaître, mais après tout... que conaissait-elle de lui? Et inversement, la même question se posait en vérité. Pouvait-il dire la connaître? Pouvait-il snas se tromper penser d'elle diverses choses? Les turpitudes de son passé, et même de certaines choses de son présent, revinrent en force sur la façade de sa conscience, dégoulinant telles des rideaux d'acides, rongeant son esprit de plus en plus sûrement, y laissant des traces profondément ancrées. Longs serpentins de folie s'enfonçant de plus en plus dans les murs protecteurs de son coeur, taillant dans cette roche de volonté leur chemin, de plus en plus proches de briser cet ultime obstacle à sa propre perte.

Le cours de ses pensées fut bloqué un instant, tandis que Caroline chutait en direction du sol. Il se précipita, la récupérant dans ses bras alors qu'elle sombrait dans l'inconscience. Elle avait poussé un peu trop loin sa chance et un coup vicieux l'avait abimée. Tout en la tenant il acheva son agresseur, avant de glisser vers le sol et regarder ses diverses plaies. Il ne put réaliser lui-même grand chose, en rien médecin. Nul doute que Lagardère quand il serait moins occupé viendrait l'aider. En attendant, le Loup Blanc la surveilla, l'aidant à trouver le repos dans un sommeil libérateur, la guidant à sa manière, toute particulière, aucunement catholique et pourtant bien efficace. Au matin elle se réveilla, dans ses bras, accrochée à sa chemise, amusant inversement de la situation de la veille. Lagardère comme Luun l'avait supposé, vint la choyer. Elle n'avait plus besoin de lui, et le grand nombre de personnes dans une si petite aire commençait à lui peser. Il prévint Caroline et repartit plus loin.

Les joutes l'attendaient et elle avait aisément dix autres hommes pour venir prendre soin d'elle. Que risquait-elle? A part ne pas trouver comment choisir entre l'un ou l'autre?
Luun, Loup Blanc
Luun, Loup Blanc
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Posté le 13/10/2009 à 20:08:38 

Antre de la meute, Février 1709

Et le temps passait. Inlassablement, du moins pour lui car Luun le vivait autrement. Les joutes ne lui avaient rien apporté, le sang n’avait pas beaucoup coulé et la rage qu’il espérait voir ressortir chez les combattants n’avait pas été au rendez-vous. Il en était reparti avec un arrière-goût d’inachevé, de temps perdu. A peine avait-il rangea sa lame que déjà il replongeait dans ses réflexions.

Certains écrits le rendaient fou. Il était incapable de percer leur secret à jour. Malgré toutes ses tentatives, l’utilisation de codes ou de symbolique qu’il connaissait, rien n’y faisait il se trouvait dans une impasse dont il ne trouvait la clef. Il lui fallait une aide extérieure. Cela devenait inévitable. Le Loup n’aimait pas cela mais le choix ne semblait plus être sien, et ici, sur Liberty, il ne connaissait qu’une personne à même de comprendre. Tant les textes que la finalité de son acte. Et encore plus, être prêt à y participer.

C’est en ruminant ces idées qu’il avait rejoint l’antre, et que cette soirée devint un calvaire : Kristal les quittait.

La nouvelle le frappa de plein fouet, faisant fi de toutes ses défenses, de toute sa retenue. Il fut incapable de répondre. C’était pourtant probablement la meilleure chose pour Kristal, et cela aurait l’avantage certain de faciliter leur relation. Il ne put pour autant lui répondre quoi que ce soit. Il s’emmura dans le silence avant de filer au sous-sol se…détendre. Ses mains en firent les frais, une particulièrement dont presque tous les os furent brisés. Le plus drôle dans tout cela ? Ce fut la présence d’Anne. La Tigresse et lui avait eu la veille une aventure, et aussi étrange que cela paru, elle resta trois nuits avec lui, le temps qu’il se remette de sa blessure. Trois jours seulement et déjà il pouvait bouger les doigts. Cela avait épaté la Tigresse mais le sujet n’avait pas été abordé. Ces trois jours avaient été tranquilles à leur façon, Luun avait craqué et une chose nouvelle se développait en lui, il se transformait. Ca ne pouvait pas être un départ à zéro mais il se reconstruisait. Différent dans le fond, sans que cela soit apparent en surface. Ces trois jours furent un petit bonheur, simple, coupés du monde. Mais qui comme tant d’autres, finit dans la douleur. Luun avait eu un geste malheureux, blessant la pirate. Ne pouvant supporter la tension qui en était né, et suffisamment guéri, il reprit ses affaires, et la route.
Luun, Loup Fouettard
Luun, Loup Fouettard
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Posté le 10/01/2010 à 17:36:04 

Montagnes de Liberty, 15 Novembre 1709

La malédiction était partie comme elle était venue. Emportant ses stigmates sans explication aucune, laissant parfois des traces aux détours de quelque chemin. Luun était pourtant resté caché encore un temps, car sa propre malédiction avait été réveillée par celle de Liberty et il était encore loin de pouvoir se montrer quand déjà les autres avaient recouvré leur santé. Le Loup était tenace, au moins désormais le contrôlait-il.

Un soir il était dans une de ces cavernes lui servant occasionnellement de refuge quand il en vint à se demander pourquoi bloquer ainsi le Loup en lui. N’était-ce pas sa nature profonde ? La violence que créait l’animal n’avait-elle pas de raison d’être ? Les Hommes étaient violents, sadiques et détruisaient plus qu’ils ne construisaient. Pour les châtier, ne devait-on pas posséder une force et utiliser des armes équivalentes ? La réflexion le tint éveillé trois jours durant, sans dormir ni manger, buvant de temps à autre seulement. En transe il fit des rêves. Des visions sombres et sanglantes mais qui amenaient à un ciel où à travers les nuages lourds d’électricité, perçait finalement le soleil. Avant cela il se vit clairement, en haut d’un temple, sur un autel, avec des âmes tournoyant autour de lui et qui, à son appel, investissaient sa lame. Quand il reprit pied dans la réalité, Luun était de nouveau lui-même, quoique ayant encore quelques traits assez animaux. Mais surtout, il avait enfin sa réponse, il le sentait. Cette énigme qu’il cherchait à percer était bientôt résolue.

Prestement il se leva et sans même penser à manger reprit la route. Il devait Le contacter. Ils devaient se voir pour en parler. Son faucon mit un certain temps à le trouver mais les deux sorciers purent arranger un rendez-vous. L’agitation gagna vite son confrère et anéantit toute la réserve qu’il conservait quant à ce projet. Si cela était vrai, alors… Chacun repartit bientôt de son côté. Un lourd rituel s’annonçait et de nombreux ingrédients étaient requis. Si Luun possédait sur place déjà plusieurs d’entre eux, le sorcier Noir lui, devait quitter l’île pour récupérer certaines choses que lui seul connaissait et savait correctement extraire. Pendant ce temps Luun retourna à Port Louis et reprit sa place dans le monde, comme si de rien n’était. Si certains remarquèrent son apparence changée, personne n’osa le questionner. Après quelques temps le Loup céda sa place de juge, cela parut normal à tout le monde. Depuis de nombreux mois il tenait le barreau et l’on comprenait qu’il puisse souhaiter se reposer. Cela lui permit de recouvrer un peu de sa liberté, et avancer son travail.
Luun, Loup énervé
Luun, Loup énervé
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Posté le 05/04/2010 à 16:36:32 

L’antre des Loups d’Azur, 30 Décembre 1709

L’année touchait à sa fin. L’esprit festif gagnait Port-Louis la belle et ses habitants. Luun était à sa fenêtre et regardait les gens parcourir les rues quand Marc frappa à sa porte. Un courrier venait d’arriver, de loin. Aucune idée précise de sa provenance, ni de l’expéditeur. Le Loup sut instantanément de qui cela provenait. Il remercia Marc et la parcourut rapidement dès qu’il fut parti. Le sorcier avait trouvé ce qu’il lui fallait ou presque. Il ne restait qu’un élément qu’il tardait à obtenir. Tout serait prêt pour la fin Janvier assurait-il. Luun eut un sourire. Il avançait. Enfin, enfin son projet allait aboutir. Après tant de recherches, de fouilles, d’achats, de réflexions, de défaites, de peur. Son regard était froid comme l’acier, ses pupilles pourtant d’un or brûlant. Rien ne saurait l’arrêter. Plus maintenant. Et bientôt il pourrait réaliser la grande tâche. Non loin les cloches de l’église se mirent à sonner, secouant le cœur du Loup qui était tout à ses pensées. Le soleil pointait au loin, c’était une belle journée. Et elle en annonçait encore de bien plus belles…
Luun, Loup énervé
Luun, Loup énervé
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Posté le 05/04/2010 à 16:41:54 

Temple Maya, 02 Avril 1710

Certains éléments avaient mis en retard l'oeuvre de Luun. Des cargaisons n'étaient pas arrivées, le bateau les transportant ayant fait naufrage dans une tempête. Il avait fallu attendre un autre convoi. Enfin les choses finissaient par retrouver l'ordre qu'il souhaitait. Il avait pris tout ce qu'il lui fallait et était parti de Port-Louis le coeur lourd de tension, mais un large sourire aux lèvres.  Le Loup Blanc venait d’arriver au temple et montait les premières marches tandis que le ciel lentement se teintait de rose, l’île s’éveillant à peine. Il n’eut pas fini de monter l’escalier qu’un homme apparut en haut et lui fit face.

-Bienvenu Loup.
-Bonjour Tyler.

Pas besoin de plus de politesse entre les deux hommes. En outre la raison de leur présence ici suffisait à leur couper le souffle. L’enjeu les écrasait littéralement. Le pirate ouvrit la voie. Luun avançait son arme sortie mais étrangement aucun prêtre ni aucune vierge ne se montra. Le Loup une fois de plus fut impressionnée de la puissance du sorcier maya. Le respect qu’il imposait en était la preuve indubitable. Grâce à lui ils purent avancer à une vitesse ahurissante, telle que Luun n’aurait jamais pu attendre en ces lieux. Arrivés au faîte du temple ils restèrent un certain temps muets. L’un regardant les alentours, appréciant le spectacle de la nature, l’autre remuant les braises du brasero allumé.


-Ca t’ira ? demanda Tyler.
-Oui, la température est bonne.

Il faut juste prévoir plus d’eau pour la trempe. De quoi remplir encore trois fois le bac. Bientôt un prêtre arriva accompagné de deux acolytes portant des seaux. Le Loup n’avait pourtant entendu ni vu le sorcier donner un ordre. C’était époustouflant. De ses affaires Luun sortit ses divers bocaux, chacun enfermant le pouvoir d’un de ses ennemis, pris lors de leur défaite. Il les disposa en ordre puis se mit à préparer son matériel de forge. Tyler de son côté allumait quelques herbes et bâtons, laissant une fumée odorante emplir la zone entourant l’autel protégé d’un toit. Avec du sable coloré il fit des dessins tout autour de la forge improvisée, se réservant un cercle d’un mètre de diamètre. De là il tiendrait le rituel dans son cercle de protection. Luun ne comprenait qu’à peine les symboles tracés avec précision par le détenteur du savoir maya. Mais il sentait la puissance de ces glyphes. Lui se changea et arbora son pantalon indien avec ses gris-gris attachés à la ceinture. Torse nu il attacha ses cheveux haut sur sa nuque et enfonça ses pieds nus dans le sol, joignant ainsi la Terre. Tyler prit les  bocaux et un par un les disposa sur des nœuds de son cercle. Luun attendait, bloqué auprès de la forge, que le sorcier ait fini les préparatifs. Paré d’une tiare et d’un torque impressionnants, le torse nu et luisant, le sorcier maya rejoignit sa place et lança un dernier regard au Loup. D’un commun accord ils amorcèrent le rituel.

Tyler chantait et jouait d’un tambour, créant une litanie douce et lente. Luun pendant ce temps commençait à faire fondre le métal. Bientôt sa perception du monde se limita à ses mouvements, au chant du feu, aux étirements métalliques du métal et au chuintement de l’air chaud. Tour à tour le Loup fondait, coulait et martelait le métal. Chacune de ces étapes étaient suivies d’une variation du chant du sorcier noir. Le rythme suivait parfaitement les mouvements du Loup. Un seul passage suffit pour que le Français se retrouve en eau, le torse dégoulinant de sueur. Mais aucune fatigue ne le gagnait. A différents moments il accompagnait ses coups de quelques formules magiques lancées en langue indienne. La magie imprégnait l’air, le saturant. Nul n’aurait pu atteindre l’autel en cet instant. Ils étaient coupés du monde, tout en étant (et paradoxalement) pleinement reliés à lui. Un lien était formé avec chaque élément de la vie : Eau, Air, Terre, Feu. Tous étaient vitaux pour la bonne marche de la première phase du rituel.

Celle-ci dura sept heures. Il avait fallut tout ce temps au Loup pour forger deux lames sœurs, deux épées impressionnantes mais dont la puissance n’était pas encore trempée. Tyler accéléra le rythme de ses percussions et sa voix gagna en force. La montagne entourant le temple tremblait sous les émanations de son pouvoir mystique. Les rares animaux à habiter dans cette enclave de l’île se terraient, sentant une peur profonde les tenir, sans pour autant en comprendre la provenance. Un premier bocal s’ouvrit et son contenu s’éleva dans les airs. La poudre de Gaston devint de la vapeur poivre et sel. Elle virevolta dans l’air un instant et vint s’enrouler autour d’une des lames du Loup. Il chantait lui aussi à plein poumon désormais, et le pouvoir pris au pirate imprégna l’arme peu à peu, traçant une veine sombre dans le métal. Tour à tour tous les bocaux suivirent le même chemin et chaque arme peu  à peu se gorgeait de pouvoir. La fatigue gagnait les deux sorciers, leurs traits se tirant, leur corps encaissant le contrecoup du pouvoir qu’ils développaient. Mais ils tinrent bon, malgré les muscles meurtris, la poitrine refusant chaque fois un peu plus de se soulever. Il leur fallut quatre heures pour laisser les deux lames se gorger des pouvoirs volés. Elles scintillaient, brûlaient les paumes du Loup qui devait bander toute sa volonté pour ne pas les lâcher. Les veines qui les saillaient maintenant semblaient vivantes, les couleurs plus ou moins ternes de celles-ci se mouvant sur toute leur longueur. Les tambours semblaient tout à coup déchirer l’air et la voix des deux hommes s’éleva encore un peu plus, s’entremêlant, formant une nouvelle litanie aux échos fracassants. C’était là la dernière étape, celle qui scellait le pouvoir au cœur même des épées. Une heure plus tard le rituel touchait à sa fin et libérait les deux sorciers.

Exténués les deux hommes restèrent quelques minutes à reprendre leur souffle. L’énergie magique quittait comme un lent reflux l’autel. Dehors la vie reprenait cours. Luun voyait la chair à vif de ses mains, collée aux lames. Et pourtant il n’en ressentait aucune douleur. Il sursauta quand il vit Tyler face à lui. Il ne l’avait pas entendu arriver. Il le détestait pour cela.

-Alors c’est fait ? Ces lames sont bien des suceuses de vie ?

Le Loup sourit au sorcier maya qui semblait encore dubitatif mais dont les saccades de son buste trahissaient son impatience de savoir. Elles furent vite remplacées par la surprise puis la douleur, lorsque les deux lames s’enfoncèrent dans son corps. Le Loup resta face à lui, souriant et chanta. La vie du pirate le quitta, sucée par les lames, enfermée en elles par le chant chamanique. Pendant les deux minutes que cela dura Tyler et Luun ne se lâchèrent pas du regard. Le sorcier noir n’était finalement pas si surpris que cela. Il comprenait maintenant. Il comprenait l’essence de ces armes, et la volonté du chaman français. Mieux que lui-même peut-être.

-Tu cours à ta perte. Furent les derniers mots du pirate, et il quitta ce monde aussitôt finis.

Le corps sans vie de Tyler retomba au sol. Luun regarda les armes, gorgées de pouvoir, une nouvelle veine, pourpre, parcourant leur zone centrale. Le Loup était désormais lié à elles. Il ouvrit ses perceptions et se laissa envahir par ces Crocs qu’il venait de forger. Il sentit la présence de Tyler, son savoir se libérant en lui. Puis les autres, tous les autres, moins présents mais bien là. Le Loup exultait, il s’enivrait de ce pouvoir, de cette force qu’il avait fini par obtenir. Mais c’en était trop. Elle continuait à affluer en lui, se déversant sur son esprit inexorablement, fracassant ses protections mentales à chacun de leurs assauts. Luun tomba à genoux et se mit à hurler. Longtemps. D’un cri strident totalement inhumain. Quand le cri cessa il releva le visage. Un visage tordu par la rage, les lèvres tremblant de violence. Et une stigmate de ce qu’il venait de faire : son œil gauche n’était plus humain. Mais celui d’un Loup.
 

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