Faux Rhum Le Faux Rhum Faux Rhum  

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Sélène Kerlennec
Sélène Kerlennec
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19/09/2007
Posté le 09/09/2008 à 13:56:33 

Il était tard, mais Sélène préparait son paquetage : bandages, rations, eau de vie, pierre à aiguiser, balles, papier à lettre... Le tout en quantité assez grande pour lui permettre de rester un moment loin de Port Louis. Loin de Port Louis... Ou plutôt loin des humains. Elle en avait assez des conflits incessants entre nations et doutait parfois de sa voie de bretteuse. Si son épée ne devait servir qu'à la cupidité et à la soif de sang des puissants de ce monde alors elle préfèrerait encore la jeter aux orties. Jeune femme utopiste, elle rêvait de protéger les gens avec son arme, de sécuriser certains endroits infestés de morts-vivants, de brigands en tout genre... Elle était particulièrement fière du fait qu'elle n'ai jamais tué personne d'autre que des bêtes sauvages ou des malfrats justement. La plupart de ses congénères se glorifiaient des blessures infligés à l'ennemi, mais au final qui était l'ennemi? Un homme ou une femme semblable à eux, qui défendait sa nation de pareille manière... Où était la gloire? La gloire de celui qui fait des orphelins et des veuves? Très peu pour elle, elle préférait encore se taire et continuer à rencontrer des gens qui comme elle savait faire fi des vieilles rancunes et accueillaient les gens chez eux en amis, et non en ennemis potentiels, avec défiance et une dague cachée prête à frapper. La jeune femme sentait que si elle restait un peu plus longtemps dans cette atmosphère de soupçon elle finirait par s'en prendre à ses compagnons de meute, à les prendre à parti verbalement, voire pis. Elle ne voulait surtout pas cela et préférait donc se retirer quelques temps loin de tout cela, mettant à profit sa retraite pour se perfectionner dans son art, peut être rencontrer de nouveau des personnes sensées... Elle regrettait vivement de n'avoir pu passer du temps avec son mentor, Luun, revenu depuis peu, mais elle sentait que si elle ne lâchait pas un peu de lest les conséquences pourraient être fâcheuses. Elle prit tout de même le temps de rédiger un petit mot pour Luun : "Bonsoir mon cher Luun, pardon de ne pas t'avoir accueilli comme il se doit, mais toi mieux que quiconque peut comprendre certaines choses. J'ai besoin d'un peu d'air, les conflits divers me minent les nerfs, je vais donc m'isoler un peu et en profiter pour améliorer mon maniement de la rapière. Je pense aller vers la corniche du poulpe nettoyer un peu la zone des horreurs qui l'habitent. A très bientôt je l'espère, Sélène" Ceci fait elle plia et cacheta le mot, pris son paquetage et sortit de sa chambre. Personne dans le couloir, c'était parfait. Elle glissa tout doucement le mot sous la porte de Luun et sortit discrètement par les toits. Une fois sortie des murs de Port Louis Sélène inspira deux ou trois fois à fond, sourit et se mit à trotter tranquillement en direction de la jungle, à l'ouest de la ville.
Sélène Kerlennec
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19/09/2007
Posté le 09/09/2008 à 13:58:07 

(bourde, désolée)
Sombre ermite
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26/08/2006
Posté le 09/09/2008 à 14:02:12 

Luun était tellement fatigué après la soirée surprise que lui avaient préparé les filles qu'il dormit toute l'après midi jusqu'au lendemain midi. Impressionnant pour quelqu'un qui d'habitude ne passe pas plus de cinq heures à dormir. Quand il se leva il remarqua un feuillet dépasser de sa porte et alla le lire avant tout autre chose. C'était sa "petite" Sélène. Il comprit assez rapidement le souci et commença à souffler. Les derniers évènements avaient fatigué tout le monde, tous tiraient sur la corde et avaient besoin de repos pour reprendre leur contrôle d'eux même. Il prit un moment pour manger, saucisson, fromage et pain noir, avant de s'occuper de ses armes. Il bichonna ses tomahawks avant de les ranger bien correctement au mur, et ressortit sa rapière, qu'il passa un long moment là aussi à nettoyer, vérifier, travailler. Il alla ensuite prendre un bon bain, qui ne fut pas aisé car ses cheveux étaient bien emmêlés, et il dut d'ailleurs en couper une partie pour pouvoir s'en sortir. Ensuite il prit ses habits européens, redingote et chemise légère. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas été habillé ainsi. Mais il se sentait prêt à y revenir. Parfaitement prêt. Il attacha son baudrier à la ceinture, et son holster sous sa veste, puis descendit dans la salle commune. Juste avant de partir il resta quelques secondes devant le miroir à regarder la cicatrice sous son oeil. Il la parcourut du bout du doigt puis sortit enfin retrouver les autres, avant de repartir certainement, voir telle ou telle personne.
Sélène Kerlennec
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19/09/2007
Posté le 09/09/2008 à 14:03:16 

Combien de temps a passé? Une, deux semaines? Plus ou moins? La jeune fille s'éveille aux premières lueurs de l'aube et regarde autour d'elle. Elle se trouve dans une petite grotte, plus un trou dans la falaise où elle s'est glissée pour la nuit qu'autre chose. Et le remord l'assaille. Elle ne sait plus pourquoi elle est là, ce qu'elle était venue trouver ici, dans la jungle de cette île. Partie vers la corniche du poulpe avec un bon paquetage, elle avait reçu un pli de Luun lui demandant de le rejoindre dans la prison de Port Louis ; il avait quelque chose à lui remettre. Avec quelques difficultés elle l'avait en effet trouvé, accompagné par Rohel. Mais cela n'avait guère duré, leur chemin s'étaient de nouveau séparé et Sélène s'était dirigée vers le centre de l'île, prenant inconsciemment garde de ne croiser personne. Seule. Elle avait recherché la solitude, encore. Comme toujours lorsqu'elle n'allait pas bien la jeune femme s'enfermait en elle-même, ne sachant comment exprimer son ressenti autrement que... Dans la fuite. Quelle attitude courageuse pour celle qui était sensée être une louve. Elle voyait d'ici son mentor lui flanquer une raclée et lui dire de se mettre au boulot. Mais cette fois cela n'aurait pas fonctionné. La peine ressentie était bien plus qu'un simple malaise, elle venait de bien plus loin... Une douleur, une plaie jamais vraiment refermée qui s'était tout d'un coup remise à saigner, à suppurer, inondant peu à peu le cœur, le corps et l'esprit de Sélène. Elle ne parvenait pas à accepter que jamais elle ne le reverrait. Son double, son frère, son jumeau, Helios ; mort emporté par une mauvaise fièvre en même temps que sa mère alors qu'elle était enfant. De sa mère elle avait pu faire le deuil, mais d'Helios... Leur père avait bien choisi leurs noms finalement. Hélios : l'ainé aux cheveux roux et au tempérament de feu, Sélène : la puînée au caractère froid, qui ne brillait que lorsque le frère n'était pas loin. Toujours à se chamailler, mais ne supportant pas d'être loin l'un de l'autre. Un automne plus rude que les autres les deux enfants avaient contracté une mauvaise fièvre. Alités tous deux, Sélène avait semblée la plus mal en point, délirant dans son sommeil, grelottant constamment et incapable de garder une quelconque nourriture. Bientôt leur mère aussi tomba malade, laissant leur père désemparé, pris entre le fait qu'il lui fallait de l'argent pour acheter des médicaments et que s'il n'était pas présent une crise plus forte risquait de tuer l'un d'eux. Il était donc resté avec eux, avait vendu un maximum de choses "inutiles" pour les soigner, mais cela n'avait pas suffit... Pas pour leur mère, qui avait été emportée la première car trop affaiblie par les privations et la grossesse dont elle ne s'était jamais vraiment remise. Et pas assez non plus pour Helios, qui s'était éteint à l'aube d'une journée grise, sans que sa sœur ne s'en rende vraiment compte, toujours prise par la fièvre. Sélène n'avait appris la mort de son frère qu'un mois plus tard, lorsque la fièvre avait soudainement cessé, au solstice d'hiver. Quand son père avait expliqué la situation à l'enfant, il s'était heurté à un mur d'incompréhension : la gamine était incapable de comprendre que son frère était mort, puisqu'elle vivait toujours. L'ampleur du lien qui unissait ses enfants avait alors frappé l'homme, qui avait tenté par tous les moyens de faire comprendre à sa fille qu'elle et son frère étaient deux entités bien distinctes. Mais même devant la tombe de son frère elle ne semblait pas réaliser ce que cela signifiait vraiment, bien qu'elle l'ai parfaitement compris pour sa mère, qu'elle avait beaucoup pleuré. Mais pour Helios pas une larme n'avait coulé. Ses yeux restaient obstinément secs, tout son être refusant la mort de son jumeau. En grandissant elle avait accepté la situation, en apparence au moins, mais au plus profond d'elle-même elle ne comprenait toujours pas. Et surtout elle se sentait vide. Comme si elle trainait une enveloppe corporelle sans âme. Elle avait pourtant des sentiments, qu'elle savait parfaitement exprimer, mais qu'elle extériorisait désormais comme l'aurait fait son frère disparu. Elle qui n'avait jamais piqué de colère toute petite s'était soudainement mise à hurler à la moindre contrariété, à en devenir rouge comme une pivoine et à alerter tout le voisinage. En somme elle avait compensé l'absence en prenant le rôle du défunt... Et ce masque tombait aujourd'hui en lambeaux, fondant tel la neige aux premiers rayons du soleil levant. Sélène regardait se lever l'astre du jour, sentant grandir le vide en elle à mesure que la sphère dorée s'élevait au dessus de la mer des caraïbes. Elle était perdue, ne sachant plus ce qu'elle devait faire, dire ou penser. Elle était simplement là, assise au bord du gouffre, ressentant plus que jamais l'absence de ce frère qui aurait dû se tenir à ses côtés. Pourtant aucune larme ne venait mouiller ses joues, ses yeux restant toujours aussi secs qu'avant. La jeune femme ferma les yeux, pris une grande inspiration... Et se mit à hurler à pleins poumons un cri de rage, de frustration et de peine trop longtemps contenus. Elle hurla à s'en briser les cordes vocales, libérant ses sentiments refoulés dans l'air qui les laissa se perdre et mourir peu à peu sans autre forme de procès. Mais même cela ne lui fit aucun bien. Elle était toujours incapable de pleurer la mort de son soleil. Jetant un dernier regard désolé à l'horizon ou l'astre s'élevait patiemment elle rassembla ses désormais maigres effets et repartit dans la jungle, mais vers le sud cette fois, vers Port Louis.
Sombre ermite
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26/08/2006
Posté le 09/09/2008 à 14:05:12 

Luun redescendait d'Esperanza tranquillement, bien que sur ses gardes. Il avait depuis trop longtemps mis de côté son propre entraînement et plusieurs de ses commanditaires souhaitaient le voir travailler pour eux. Du coup il avait recommencé à arpenter Liberty en quête de certaines informations. Il devait rejoindre Port Louis, et afin d'éviter les anglais il coupa par les montagnes du centre de l'île. Arrivé non loin de la chaîne Sud, il sentit une odeur familière portée par le vent. Il s'étonna, ne comprenant guère ce que Sélène ferait là. Son odorat le trompait-il? Hallucinait-il? Il n'était pas vraiment remis encore de ses précédentes épreuves et pourtant il forçait déjà. Peut-être était-ce cela. Mais il voulut en avoir le coeur net, et du coup grimpa, montant un peu plus haut. L'odeur devenait plus présente, les effluves ne pouvaient plus le tromper. Mais autre chose voguait dans l'air. Une odeur de mort. Son coeur se serra. Son élève avait-elle subie une attaque? Etait-elle blessée? Lentement il sortit sa rapière, et courbé, il avança au milieu des roches et pierres d'un pas léger. Il n'entendait rien. Aucun mouvement, et il ne sentait aucune présence. Etait-il déjà trop tard? Malgré sa peur pour la rouquine, il garda son rythme lent mais furtif. Il lui fallut quelques minutes pour arriver sur le lieu. Il le sut quand l'odeur lui prit le ventre, avant même que ses yeux ne voient la scène. Et quand il la vit.... il ne put qu'ouvrir la bouche, muet de stupeur. Sélène était là, debout, au bord du vide, les yeux inexpressifs, sans aucune âme s'y reflétant. Il regarda de tout côté, sur les nerfs. Le cubain avait-il lancé un sort et les pirates lui avaient-ils tendu un piège? Non, il ne sentait toujours rien, aucune présence à des centaines de mètres à la ronde. Mais cette odeur de mort... elle provenait de Sélène. Il ne pouvait en douter. Luun rengaina son arme, hésitant. Que devait-il faire... que pouvait-il faire? Elle était comme.. vide, l'un de ces zombies comme il y en avait eu à Ülungen. Comment cela avait-il pu arriver? Le Loup blanc se redressa et avala sa salive, pas vraiment sûr de lui. Il avança vers Sélène et posa sa main sur son épaule avec une extrême douceur. Il chuchota non loin d'elle: Sélène? Sélène tu m'entends?
Sélène Kerlennec
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19/09/2007
Posté le 09/09/2008 à 14:07:36 

La jeune fille se trouvait dans une drôle de situation. Elle avait avancé dans la jungle depuis des heures droit devant elle ou peu s’en faut, son esprit semblant loin de cette préoccupation bassement physique qu’était la marche à pied. Depuis l’aube un changement s’était opéré en elle, bien qu’elle n’eut su mettre le doigt dessus. Ses gestes étaient guidés par l’habitude de la marche dans la jungle et non par une quelconque réflexion. Ses pensées dérivèrent peu à peu, pour oblitérer totalement ce qui se trouvait devant elle. Elle voyait parfaitement ce qui se trouvait autour, mais sans regarder vraiment. Et c’est ainsi que rendue au bord d’une falaise elle s’arrêta machinalement, plus par instinct de survie que parce qu’elle avait vu le vide. Elle contemplait d’un œil vide le gouffre à ses pieds lorsqu’une main se posa délicatement sur son épaule et qu’une voix angoissée se fit entendre : Sélène? Sélène tu m'entends? La jeune fille tourna vaguement la tête, son regard croisant celui de l’homme qui se tenait à ses côtés. Elle ne comprit tout d’abord pas ce qu’elle y vit, son esprit tournant comme au ralenti était incapable de faire certaines associations auxquelles elle n’aurait même pas eu à réfléchir en temps normal. Une sorte d’effroi mêlé à de l’incompréhension. Pourquoi ? La question fut balayée par le vide qui l’envahissait avant même que la jeune fille ne puisse s’y intéresser. Elle détourna de nouveau les yeux vers le vide à ses pieds, le montra du doigt d’un geste lent, qui n’avait rien de naturel et dû faire un effort visiblement intense pour parler : … Bloquée… Son bras retomba le long de son flanc, inerte, et le problème de la falaise s’envola de son esprit, comme si rien ne pouvait y rester, s’y fixer. A la seconde où Sélène se disait qu’il y avait un problème, cette pensée et ses éventuelles conséquences disparaissaient purement et simplement. Elle avait désormais moins de suite dans les idées qu’un animal, même stupide. Les quelques gestes qu’elle pouvait esquisser faisaient directement appel à son instinct. Et en ce moment son instinct lui disait qu’une bête aux sens tourneboulés se trouvait à côté d’elle, elle regarda donc de nouveau vers Luun, sans vraiment le voir lui mais plutôt sa part animale. Son instinct ne sentant aucune agressivité venant du prédateur, elle ne tenta rien pour se dégager de sa main et resta là à le regarder sans une once de vie dans le regard, pendant que son esprit voyageait, rejoignant la terre de ses ancêtres… Une côte aux contours déchiquetés, battue par les vents, la pluie et l’océan. Une lande brumeuse sur laquelle s’accrochent des buissons rabougris malmenés par les éléments et une herbe salée par le vent venu de la mer. Un village de petites maisons au toit de chaume dont les cheminées laissent échapper des volutes de fumée vite balayées par les rafales de la tempête qui s’annonce. Un retardataire qui coure dans une ruelle boueuse et qui soudain s’immobilise. Pris d’un frisson glacial il se signe en marmonnant quelque chose et se hâte de nouveau vers la chaleur bienfaisante de son foyer. Un muret de pierres étroitement ajustées, un petit portail de fer forgé qui couine sous les assauts répétés du vent et de la pluie, gardant l’accès au cimetière du village. Une tombe, petite et simple, sur la pierre de laquelle sont gravés quelques mots et deux dates, ridiculement proches l’une de l’autre. L’esprit s’accroupit devant cette tombe, ses bras enserrant ses jambes, la tête languissamment posée sur les genoux… Et soupire. Il ne comprend pas très bien comment il s’est retrouvé ici alors que son corps se trouve à des milliers de lieues de là, mais peu lui importe ; il ne s’est jamais senti bien que là, près de son frère. L’esprit se relève un peu et se couche en chien de fusil sur la dalle de granit, murmurant quelques mots aussitôt emportés par la tempête. Explique-moi…
Sombre ermite
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26/08/2006
Posté le 09/09/2008 à 14:08:30 

Luun prit par la main Sélène et l'amena avec lui en un lieu plus sûr. Il la fit asseoir en face de lui et attrapa ses mains dans les siennes après avoir déposé ses armes pour être plus à l'aise. Son regard plongea dans celui de son élève et il l'étudia. Sa vision bascula, il perçut autrement le monde, certaines choses devenant plus floues, d'autres lui apparaissant. Il voyait le corps de la jeune femme presque vide. Un fil presque translucide et totalement étiré en sortait pour partir au loin. Il soupira. Il n'était pas sûr de ce qu'il devait faire, et ce qu'il savait, pouvait très bien ne pas suffire, ou ne pas fonctionner. Il regrettait tant de ne pas avoir eu le temps de finir sa formation. Luun prit une longue respiration et commença à écouter le rythme de son coeur, qu'il força petit à petit à diminuer, pour devenir extrêmement lent. Cela fait, il rouvrit les yeux et les focalisa sur Sélène. Sans y penser, sa bouche formait des mots, une chanson sourde et complexe, au rythme lent et calme. Il attacha son esprit au fil qui sortait du corps de Sélène, et y développa son ordre. Celui-ci se lia au reste d'âme de la bretteuse, et remonta jusqu'au bout, parcourant des milliers de kilomètres pour atteindre son but. L'effort était énorme. C'était la première fois que le Loup entreprenait un tel rituel, et sans y être préparé en plus. La sueur formait de larges gouttes sur ses tempes, son corps tremblait. Mais il devait tenir bon. Sa volonté était sa seule arme pour gagner ce combat. Après un instant qui lui parut interminable, il sentit que son esprit touchait l'âme de Sélène. Loin, très loin de son corps. Il libéra alors avec douceur son injonction: Sélène, reviens! Reviens à toi! Il répéta son injonction longuement, attendant qu'elle y réponde, qu'elle accepte de le suivre. Son corps subissait la force du rituel, du sang coula de son nez et il devenait incapable de se tenir droit. Mais cela il n'en avait pas totalement conscience, étant partiellement coupé de ses sens normaux. Il savait ce qu'il se passait, mais prenait le risque malgré tout, pour ramener son élève à la vie.
Sélène Kerlennec
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19/09/2007
Posté le 09/09/2008 à 14:10:13 

Le corps de Sélène se laissa mener sans résistance par Luun, son instinct lui disant qu'elle ne craignait rien en compagnie de ce prédateur. Elle n'eut pas de réaction lorsqu'il commença son rituel et attacha son esprit au sien pour remonter jusqu'à l'endroit où était son esprit. Bien loin de Liberty, sur les côtes bretonnes, l'esprit de Sélène toujours couché sur la pierre tombale de son frère sentit une nouvelle présence auprès d'elle. Se relevant sur un coude elle vit l'esprit d'un loup couleur de neige qui la regardait d'un air protecteur. S'avisant qu'elle l'avait vu, il s'approcha tout doucement et posa une patte sur la jambe de la jeune fille d'un air peiné. Puis il la reposa au sol et se tourna légèrement, l'invitant à la suivre. Sélène secoua tristement la tête en signe de dénégation : -Je ne peux pas partir Luun... Si je pars maintenant je reviendrais encore sans m'en rendre compte. Il me manque quelque chose, une chose qui se trouve dans les environs et tant que je ne l'aurai pas retrouvée je devrai revenir... Observant le loup de près elle vit qu'il avait l'air bien faible. -Retourne dans ton corps Luun, cet effort est en train de te tuer. Mon corps a besoin de toi, mène-le en sécurité je t'en prie. Je vais continuer à chercher ma réponse, je reviendrai dès que possible, je te le promets. L'esprit se nimba d'un léger halo vert et tendit la main vers la truffe du loup, l'effleurant à peine. Le loup se sentit alors aspiré, doucement et fermement à la fois vers son corps. Sélène lui adressa un dernier sourire triste : -Tétu comme tu es tu ne vas pas t'en tenir là... Utilise ceci pour revenir plus facilement la prochaine fois. Dit-elle en soulevant légèrement un collier orné de cinq petits galets qu'il n'avait jamais vu auparavant au cou de son élève.
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Posté le 09/09/2008 à 14:12:17 

Luun tomba à la renverse. Il avait été comme éjecté de sa transe. Son corps était tétanisé et sa main ne se rouvrant pas, il emmena Sélène dans sa chute. Les deux Loups se retrouvèrent allongés au sol, humide et la pierre saillant sous leur dos. Le Loup Blanc toussa et cracha du sang, la tête lui tournait. Il dut chercher profondément en lui pour réussir à se tourner sur le flanc, un bras resté sous la tête de son élève. Puis, exténué, il sombra dans l'inconscience, son nez continuant à saigner. Quand il se réveilla la nuit était tombée. Le saignement arrêté. Il se sentait mieux, mais encore fébrile. Se dégageant du corps de la bretonne il alla vers son sac et en sortit des couvertures. Après en avoir disposé une en guise de matelas, pour adoucir la ruguosité du sol, il déplaça Sélène dessus avant de la recouvrir d'une autre épaisseur de laine, et même d'une peau de bête. Faisant fi des risques, il alla chercher un peu de bois et alluma un feu pour faire partir l'humidité de l'infractuosité où ils se trouvaient. Il prépara à manger, pour lui, se doutant qu'il n'arriverait qu'avec peine à faire boire la Louve, alors manger... Pendant tout le temps de son repas il repensa à ce qu'il avait vu, là-bas. Il savait si peu de choses de la vie de la jeune femme avant qu'elle n'arrive sur Liberty. Qui avait-elle laissé dans ce cimetière? Etait-ce quelqu'un qu'elle recherchait ainsi avidemment? Ou y avait-il autre chose? Comment avait-elle pu se libérer ainsi de son corps et parcourir tant d'espace sans mourir avant même d'avoir atteint son but? Elle n'était pas chamane qu'il sache! Fermant les yeux il refit naître dans son esprit le collier qu'elle lui avait remis. Quelques galets, ovoïdes, entre blanc et gris, parfaitement lisses à force d'être trimbalés par le ressac, sentant l'iode à des lieues à la ronde. Etait-ce un cadeau qu'elle-même avait reçu? Dans un léger bruissement d'air, sans plus de bruit, un faucon vint se poser sur l'épaule du Loup. Zéphir. Son ami depuis si longtemps. Il le caressa un peu, lissant ses plumes, avant de lui donner un peu de viande (par pure habitude, l'oiseau trouvant de lui-même tout ce qu'il lui fallait au milieu de la faune locale). Il réfléchissait. A son prochain voyage. A comment la ramener. Elle devait trouver quelque chose. Pouvait-il l'aider dans ses recherches? Peut-être, mais rien n'était certain. La nuit était bien avancée maintenant. La lune, laissant entrapercevoir un fin croissant en ce moment, beignait la roche du promontoire devant lui d'un halo argenté fascinant. La pierre et toute la petite vie animale semblaient animées d'une grande joie, comme à toutes heures où l'Homme ne les troublait pas. Luun souffla et se leva, commençant à se préparer. Il se mit tout d'abord torse et pieds nus, gardant uniquement son pantalon de cuir, et y accrocha de nombreux objets de pouvoir. Des colifichets auraient dit certains. Il y avait là des os, des pierres, des petits sacs renfermant poudres, poils ou plumes. Il passa à son cou un collier d'os et lapis-lazuli. Dans le feu il fit brûler un mélange de végétaux, sauge, eucalyptus, pomme de pin. Sa voix commençait à s'élever, amorçant un chant, une litanie. Avec du sable, il traça des signes au sol, tout autour de Sélène et de lui-même. Une fois à l'intérieur, il referma le cercle qui ceignait le tout, puis s'assit les jambes croisées, prenant la tête de son amie sur ses jambes. Sa vois était basse, lanscinante, obsédante même. La chaleur sembla monter dans la petite grotte, le bruit dehors, de la vie nocturne, se faire plus étouffé. Une main sur chacun de ses tempes, Luun regardait Sélène. Il voulait ancrer sur ses pupilles les traits de son visage, avant de les refermer et de partir en "voyage". ses paupières se fermèrent lentement, en même temps que sa prière prenait un rythme plus rapide. Il sentit le monde alentour disparaître, l'espace se refermer jusqu'à ce qu'il n'existe plus que ce que le cercle délimitait, et que les lois physiques s'estompent pour laisser place à celles mystiques. Quand il rouvrit les yeux, ce fut son âme qui le fit, libérée de son corps. Il regarda Sélène. Son lien de vie était critiquement fragilisé. Elle devait revenir, vite. Au coup du Loup était accroché le collier qu'elle lui avait offert. Sa main ectoplasmique se plaça dessus et sans même à avoir y penser consciemment il se retrouva dans ce cimetière qu'il avait déjà une fois aperçu. Elle était là. Encore. Toujours.
Sélène Kerlennec
Sélène Kerlennec
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19/09/2007
Posté le 09/09/2008 à 14:14:46 

Sélène avait fait repartir Luun en lui laissant ses pierres de vie ; un étrange collier que lui avait transmis son grand père avant de mourir, mais qu'elle n'avait pas gardé. Du moins pas physiquement. Elle connaissait chaque pierre comme une partie de son corps depuis sa plus tendre enfance, mais elle avait laissé le collier à son frère lorsqu'il était parti. Le pouvoir des pierres s'en était trouvé amoindri, mais cela elle l'avait ignoré jusqu'à cette nuit où elle avait quitté son corps. Bien des choses lui paraissaient naturelles maintenant et elle comprit que ce que son grand père lui avait laissé n'était pas qu'un simple collier. Et elle ne parvenait pas à remettre la main dessus. Elle ne comprenait pas... Elle l'avait pourtant soigneusement enterré juste au dessus du corps de son frère, avant que l'on ne pose la pierre tombale. Mais il n'y était plus, elle ne le sentait plus vibrer là, sous la pierre comme il l'avait fait chaque fois qu'elle était venue se coucher dessus comme cette fois-ci. Elle sentait ses forces décliner rapidement. Son corps devait être salement affaibli par l'effort et elle avait en prime remis la partie du collier qui ne la quittait jamais à Luun, pour qu'il ne se tue pas en la cherchant. Elle s'assit sur la tombe, ses mains enserrant ses genoux remontés contre elle et commença à réfléchir. Cela faisait des années, quatre ans pour être précise qu'elle n'était pas venue sur cette tombe. Elle était venue voir son frère une dernière fois avant de s'embarquer comme mousse sur le navire où son "oncle" était second. Elle avait ressenti la présence du collier à ce moment là. Quelqu'un avait dû le déplacer entre-temps, mais qui? Sûrement pas des pilleurs de tombe, ils auraient tout saccagé or la pierre était exactement dans la même position que lorsqu'elle était venue. On avait donc cherché ce collier... Son père? Non il n'était pas venu depuis des années, cela lui faisait trop mal et elle pouvait sentir le dernier moment où il était venu, cela remontait à plus de dix ans. En soupirant Sélène se concentra. Fermant les yeux elle tenta d'étendre sa perception, de sentir les courants de Vie alentour... Les habitants du village lui apparaissaient sous forme de petits feux follets de toutes les couleurs symbolisant les éléments qui les composaient.Elle entrevit son propre cordon, affaibli par l'effort immense qu'elle produisait pour se maintenir ici. En cherchant un peu, elle put détecter un faible courant d'énergie, mais qui ne ressemblait à aucun autre ici... Il était gris, terne et sans couleurs de vie comme le sien par exemple. Autour de ce filet d'énergie se voyaient par intermittence de petits éclats d'énergie blancs, qui semblaient pulser comme au rythme d'une respiration. La piste semblait partir du cimetière et conduire au-delà du village, vers la lande. Sélène se demandait si elle aurait assez de forces pour suivre la piste jusqu'au bout lorsqu'elle perçut de nouveau la pulsation derrière elle, accompagnée d'un feu de vie. Elle sourit et se retourna vers le loup blanc qui portait sur son poitrail les cinq pierres de vie. - Te revoilà déjà? Tu parais en meilleure forme que la dernière fois, c'est bien. Bon, tu ne vas pas être content je suppose, mais il faut que je suive une piste si je veux trouver ce que je cherche... Tu m'accompagnes ou pas? Ce disant la jeune fille commença à se relever, doucement pour ne pas épuiser ce qui lui restait de forces car ignorant jusqu'où allait la piste elle préférait s'économiser. Puis elle regarda le loup blanc et attendit sa réponse avant de se mettre en route.
 

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