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Conscience Bestiale  
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Sombre ermite
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26/08/2006
Posté le 17/04/2008 à 12:03:01 

Luun était enfin de retour à Port Luis, la première fois depuis l'assassinat de Ching Shih, s'obligeant à quelque repos pendant au moins une journée. Il y allait trop fort, il tirait sur la corde raide, son épaule si souvent blessée le faisait souffrir abondamment, et ses jambes auraient refusé de faire un pas de plus si sa volonté n'en avait pas décidé autrement. En lieu et place de quoi il était constamment par monts et par vaux, courant sautant frappant tuant, sans retenue, sans se soucier ni de ses adversaires ni de lui même. Il se gorgeait de sang comme un malade aurait pris ses médicaments, un homme perdu dans le désert se serait jeté sur de l'eau...lui c'était le sang qu'il recherchait. Mais il n'était pas comme ces bêtes sanguinaires qui en tiraient un plaisir immense et une envie redoublée de voir la vie couler entre leurs mains. Non Luun était encore et toujours sans expression, le visage sombre et le regard perdu quelque part. Il semblait totalement détaché, détaché du monde entourant, détaché de la vie ou de la mort, détaché de son propre corps. Ses vêtements étaient dans un sale état, il aurait été difficile de dire par endroit quelle avait été la couleur originelle des habits, ou de comprendre comment les lambeaux tenaient encore d'eux mêmes. S'il s'était présenté ainsi devant des gardes, nul doute qu'on l'aurait pris pour un manant ou pis encore. Peut être était ce la raison pour laquelle il entrait et sortait de la ville française par les toits, se faufilant des créneaux des tours aux tuiles des toits, voire la chaume, selon leur confection. Le Loup Blanc regardait la lune s'élever dans le ciel, faiblement présente ce soir, à peine un croissant nacré, et sa pâle lumière refoulée par celle des torches de la ville...et de la plage. Samuel avait vu les choses en grand, trés grand, trop grand même de l'avis du chef de meute actuel. Il vit des silhouettes connues se diriger à grand pas vers la zone de fête. Qu'elles s'amusent, cela leur ferait du bien. Lui préférait la solitude et l'action. Mais il avait aussi des obligations en tant que chef, et pour cela devait rester ici au moins jusqu'à la prochaine nuit. Il avait des transactions à faire avec la Brigade de la Jeunesse Combattante, et un repas à tenir. Il fallait qu'il reste présent pour les autres loups, sinon comment réussiraient ils à garder quelque cohésion? Comment pourrait il leur redonner un rythme leur permettant de gagner en puissance, en confiance? Il se devait pour eux d'être là, même s'il avait d'autres envies ou préoccupations. Luun retourna à la maison de guilde, passant par le toit, et allant s'enfermer dans ses appartements. La nuit allait être longue...
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26/08/2006
Posté le 17/04/2008 à 12:05:32 

Quelques jours plus tard...

La soirée s'était bien déroulée, mouvementée ou plutôt animée. Il avait organisé un repas dans leur antre pour regrouper la meute et tenter de rapprocher un peu plus les louves et loups, les amener à être plus solidaires, à ne devenir à force plus qu'une seule entité, entière et unique. Cette soirée avait été superbe, quelque chose de bien, festif, joyeux. Mais toutes les bonnes choses avaient une fin non?

Luun vérifia son équipement, et avant l'aurore se jeta au dehors. Pour une fois il passa par la rue, vérifiant quelques informations auprès des gardes, surveillant que la ville reste calme et protégée. Il prit la direction de la forêt et se mit à courir, passant d'une zone broussailleuse à un buisson, se faufilant entre les zones trop découvertes, courbé lorsqu'il en sentait le besoin.

Il arriva rapidement dans la zone boisée, s'enfonçant dans la végétation luxuriante, réveillant quelques animaux encore endormis, et encore, ceci assez rarement tant il était furtif. Tout à coup son oeil fixa quelque chose qui avait surgi en périphérie de sa vue: un cochon sauvage. Une bête qui mine de rien pouvait être agressive dans certains cas, et qui avait une force assez phénoménale malgré ce qu'on pouvait en croire. Luun sembla agir sans réfléchir, changeant sous l'impulsion d'un grand coup de pied dans le sol, sa trajectoire et sauta sur lui. Il le fit rouler, l'étreignant dans ses bras et allant avec ses propres dents déchirer sa carotide. Le porc se mit à beugler comme pas possible, d'un son strident et éperdu. Il savait d'ores et déjà ne rien pouvoir faire pour éviter sa mort. Pourtant il criait, espérant encore quelque part au plus profond de lui, essayant de toutes ses forces de se sortir de là, de rejeter ce fou loin de lui, de l'empêcher de se repaître de sa vie, de mettre fin à la sienne. Son instinct de survie le dominait totalement. Mais l'instinct de prédateur de Luun semblait être plus fort. Et c'était visiblement le cas. En tout cas l'animal finit gisant sur le dos, sans vie, les yeux exorbités.

Luun se releva alors, quitta son haut, et se mit à dévorer la chair de sa proie à pleine dent, directement sur ses os, à froid, sans même la tailler avec un couteau. Il s'abreuvait de son sang, buvant à en devenir fou, ses yeux s'injectant de sang, son coeur pulsant encore plus fort qu'à l'accoutumée. Au bout d'un temps il fut repus et se releva, hurlant de toutes ses forces, bras rejetés en arrière, crocs levés en direction du ciel, poitrine en avant. Les animaux alentours furent effrayés, de nombreux oiseaux s'envolant avec force battements d'ailes, quelques plumes laissées ici et là dans la débacle.

Le Loup Blanc porta une main à son visage, essuyant un filet de sang à sa bouche. Le sang! Oui le sang allait couler! Et pas uniquement celui de bêtes et animaux! Il allait le faire pleuvoir, à nouveau, comme déjà auparavant il l'avait fait, ailleurs, sur d'autres terres...



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26/08/2006
Posté le 17/04/2008 à 12:07:17 

Pendant le soulèvement des bloqueurs.. L'île était sans dessus dessous, les pirates avaient fomenté un coup fumant, une fois de plus, mais cette fois les bloqueurs avaient décidé de faire la grève, et de jouer avec leurs maîtres. Pour le coup chacun sur l'île courait après des passes pour le repaire, et les drapeaux noirs. Luun essayait de participer, peu intéressé toutefois. Il remontait vers New Kingston, direction prise par l'anglais qui avait blessé Kristal pour repartir avec le drapeau qu'elle avait trouvé. La nuit arriva, le surprenant au milieu des anglais, moins expérimentés que lui, mais nombreux. Le lendemain il se réveilla à St Catherine, sans savoir ce qu'il s'était passé. Dans la journée un dénommé Alcibiade lui écrivit, visiblement rageux du fait d'avoir été blessé par...Luun? Le français écarquillait les yeux sur son lit de camp, il n'y comprenait goutte. Il lui répondit prestement, puis les infirmières revinrent le soigner, et sous l'effet des médicaments il finit par se rendormir...un sommeil tourmenté, empreint de cauchemars, dont un lui fit un drôle d'effet. Il suivait une créature enragée, couverte de sang, qui se jetait sur un anglais, fonçant sur lui sans égard aux coups qu'elle prenait, enfonçant ses griffes tant dans le roc que dans les chairs de l'anglais, semblant ne pas faiblir dans sa vitesse de frappe malgré les blessures qu'il lui occasionnait. L'anglais finit par avoir le dessous, de rien, presque rien, mais la bête enragée qui s'était trouvée face à lui avait fini par le surpasser de force et l'envoyer dans le coma. Luun se réveilla plus tard, la soirée commençant, en sueur, le coeur battant. Cette chose, cette bête sanguinaire qu'il avait vu dans ce cauchemar....n'était ce pas lui?
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26/08/2006
Posté le 17/04/2008 à 12:09:07 

En février 1708, sur le pont du bateau échoué à la corniche.. La nuit avait été belle, la lune presque pleine tombant en de larges éclats argentés. Mais elle avait été aussi sanglante. Illidan Hurlerage avait eu la mauvaise idée de faire couler le sang. Trois louves étaient tombées sous sa lame, de jeunes filles gentilles qui n'avaient rien fait, rien cherché. Et pas de chance pour lui Luun était à côté. Illidan avait réussi à commettre son office alors que Luun s'était assoupi, les filles n'avaient pas réussi à le réveiller. Mais lorsqu'il revint à lui, et qu'il vit les traces de sang à la place de ses protégées, son visage changea, son attitude aussi. Il prit un tomahawk dans chaque main, et ses yeux devenus des lames, il descendit vers le pont. En bas de l'échelle il vit non loin de lui Hurlerage, en hurlant il lui sauta dessus. Peu après l'anglais baignait dans son sang sous le français. Le bretteur lécha sa lame et continua sur sa lancée. Koxinga était non loin, sous les marches: il sauta par dessus l'escalier et lui tomba à bras raccourcis dessus. L'anglais se défendit bien, et le français pourtant encaissant des coups tapait, sans visiblement se préoccuper de ce qu'il y avait sous sa lame, sans en avoir conscience même. Il semblait absent, totalement enragé, le sang l'appelant. L'anglais finit tout de même par tomber sous ses coups. Il lécha une seconde fois ses lames. Trois, Hurlerage avait tué trois des siens. Il restait un mort à faire. Chris Easton était juste à côté. Le français tentait visiblement de reprendre le contrôle de la bête qui l'habitait. Il réussit même à ne pas l'attaquer de suite. Mais sa rage eut le dessus malgré tout et il finit par l'engager en combat lui aussi. Chris semblait endormi, il encaissait coup sur coup, dépassé par la vitesse fulgurante du français, décuplée par son état proche du berserk. Chris tomba. Le français lécha une dernière fois ses lames. Et il redevint conscient, enfin. Lorsque les infirmières vinrent chercher l'anglais il leur demanda de prendre soin de lui. Après tout, peut être n'avait il en rien mérité ce sort, ces coups, ce passage sur un brancard. Et pourtant il y était. Luun ne se rappelait pas comment. Sa mémoire était floue, il se souvenait presque uniquement de la mort de ses louves.
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26/08/2006
Posté le 17/04/2008 à 12:10:56 

Au début du tournoi de boxe du Lys... Luun reçut une lettre d'Alex. Au fond de la prison de Port Louis il remercia le messager et lut tout en restant debout. Il avait toujours le visage sombre mais ses yeux vibrèrent quelque peu en parcourant les lignes écrites d'une fine écriture. Luun, Je me permet de t'envoyer ces quelques mots pour te dire que je m'inquiète de ton silence. Depuis quelques temps, tu sembles distant et triste. Sache que si tu as besoin de parler, je serais toujours là pour t'entendre. Une amie ça sert à ça, et malgré le fait que je sois un peu étourdie, ma qualité principale c'est l'écoute. Je ne pourrais peut être pas t'aider, mais le fait d'en parler ça pourrait peut être te soulager un instant. Je suis donc à ta disposition, à toi de voir. Alex, Ton amie. Il referma le pli et le glissa sous sa tunique. Puis il se tourna vers le messager et lui donna quelques pièces en lui disant ceci: Retournez voir cette femme, et dîtes lui de ne point s'inquiéter pour moi, mais plutôt de se concentrer sur le tournoi qu'elle réalise en ce moment même. Dîtes lui aussi que j'ai besoin de rester seul en ce moment, mais que j'apprécie son geste. Maintenant filez! Le messager ne se le fit pas dire deux fois vu la dureté du regard du Loup, et décampa porter ce message oral. Etait il si distant, si froid? Ce n'est pas ce qu'il voulait. Non vraiment pas. Mais il avait déjà du mal à se tenir bien devant sa meute, alors comment aurait il pu faire bonne figure devant tant de monde réuni pour le tournoi? Avant même le début de cet évènement, et alors qu'il n'y avait qu'une vingtaine de personnes sur place, il avait cru succomber au milieu de cette.."foule". Il n'arrivait pas à rester calme entourée des autres. Il avait cette bête en lui, cette rage qui couvait, cette sensation de feu en fusion qui s'écoulait dans son corps, démangeant sa gorge, appelant le sang. Il ne pouvait pas laisser cette sensation prendre le dessus sur son esprit. Il devait tenir, rester lucide. Cela faisait dix jours maintenant qu'il ne dormait plus. Ses yeux étaient entourés d'un large ovale noir. Des cernes impressionnantes qui mettaient encore plus en avant l'or de ses yeux. Ses habits commençaient à être bien sales, tâchés de sang ça et là, pas uniquement celui de ses proies. Luun était impressionnant pour qui le regardait, bestial, presque inhumain tant dans son regard que dans sa tenue, sa stature. Pour parler au messager il avait du y réfléchir longtemps avant de pouvoir prononcer les syllabes correctement. Il n'avait pas parlé à voix haute depuis...trois jours? Plus? Il commençait à perdre la notion du temps. Il s'était pour l'heure réfugié dans la prison de Port Louis. Ici la lune n'aiderait pas la bête à sortir. Et les renégats lui donneraient suffisamment de difficulté et de sang à verser pour rester lui même. Du moins l'espérait il. Son ventre grogna. Il réclamait de la nourriture, et pourtant il refusait tout ce qu'il avait pu essayer d'ingérer, vomissant coup sur coup ce qu'il avait enfourné: pain, fruits, lard, racines...Il avait une idée de ce qu'il demandait mais s'y refusait. Il ne voulait pas en arriver là. Il ne fallait pas. Peut être...peut être existait il un moyen de contourner cette faim, mais cette méthode risquait aussi de l'amener à ne plus pouvoir faire demi tour, et à jamais ne plus pouvoir manger autre chose que...non il ne fallait pas! Luun fracassa une porte de cellule vide et alla se coucher sous le lit au matelas découpé, se pelotonnant contre le mur humide. Dormir, il aurait voulu dormir...mais cela lui faisait si peur...lui laisser une porte ouverte, lui laisser la possibilité de prendre le pas sur son esprit...Luun sombra dans une semi inconscience, tentant de se reposer sans dormir.
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26/08/2006
Posté le 18/04/2008 à 12:04:57 

Je commençais à me poser des questions: allais je bien? étais je en bonne santé? J'essayais de retrouver dans ma mémoire comment j'avais pu en arriver là et un début de réponse me vint, en me souvenant d'un jour il y a de cela un mois au moins maintenant... Un ou deux mois avant la guerre franco anglaise d'Avril 1708... Cela faisait un moment que je commençais à me poser des questions. L’île rendait elle les gens fous, ou tout simplement n’étaient ils capable que de barbarie et égoïsme ? Il ne m’avait fallu que peu de temps après mon arrivée pour que déjà je sente souffler un vent de sang et folie meurtrière au dessus de ma tête. Certains avaient beau dire, et elle avait beau porter le nom de liberté, je ne voyais là que prison et châtiment. Du moins, une part de moi le voyait car continuellement je me battais contre cette idée, faisant ce que je pouvais pour faire naître une notion d’humanité ici et là, laisser place à la parole et l’amitié. Cela m’avait amené à participer un peu plus à la vie de la colonie française. J’utilisais malgré tout la force parfois, réagissant aux attaques qui visaient ma ville, comme si cela était la dernière solution pour préserver la paix et un semblant de bonheur ici bas. Mais je me leurrais je crois. Chaque acte avait une conséquence, et celui qui était un jour le démuni et l’opprimé revenait le lendemain porter sa vengeance et offrir à son tour la douleur à ces nemesis. Pouvait il exister un moyen de sortir de ce cauchemar, de couper ce cercle vicieux ? Je le croyais et plus fort que tout me raccrochait à cette idée, travaillant mon sabre mais dans l’optique de ne pas avoir à le sortir. Mais les guerres s’enchaînaient, les actes de sauvagerie se cumulaient, les attaques dans le dos continuaient…Jusqu’au jour où…Jusqu’au jour où certains dépassèrent les bornes qui étaient miennes. J’étais quelqu’un de posé et calme, mais l’envie de meurtre peut aisément venir quand on vient à détruire tout ce pour quoi vous vous battez, ceux que vous chérissez. Et ce jour là, ils avaient frappé une fois de trop, une personne de trop. Peut m’importait de me retrouver sur le lit d’hôpital, mais ces êtres sans vergogne, sans respect, et sans cœur avaient infligés des douleurs sans pareille à celle dont je m’étais épris. Ching…La pauvre Ching ne pouvait plus marcher, le médecin perdait espoir. Peut être se trompait il mais malgré tout, je l’avais vu, j’avais vu ses blessures, presqu’ausculter son corps. Et j’avais senti l’énergie en elle qui tentait de brûler mais dont les voies étaient perturbées, et n’arrivaient pas à remplir leur office. J’avais essayé de me contenir, de me calmer, d’en appeler à ma raison…Mais seul mon cœur répondait, seul mes crocs se faisaient entendre à moi. Ils appelaient le sang, mes mains appelaient à la violence, mon corps à la torture, mon âme à la mort. Je commençais à me perdre, à perdre cette ligne de conduite que je m’étais donné, ces buts qui étaient miens, ma raison d’être presque. Mais aujourd’hui une autre raison de vivre m’était donné, et l’on ne me l’avait pas encore retiré. Afin que cela continue la meilleure solution n’était elle pas de mettre fin à ce qui risquait de me la retirer ? Peut être pas à vrai dire, mais j’étais bien incapable de réaliser cela. Seule la possibilité de faire taire ces faquins, leur montrer que cette attaque ne serait pas impunie m’était visible. Il était temps d’oublier la civilisation et retourner à la vie animale. Je rentrais à mes appartements et me déshabillait. Je coiffais mes cheveux, les tressant partiellement et incluant des perles et plumes ici et là, les renvoyant dans mon dos à l’exception de deux mèches pendant devant mes yeux. Puis me maquillais, noircissant mes yeux et dessinant quelques symbôles sur mon torse. Enfin je me rhabillais, mais pas avec les habits que l’on était habitué à me voir porter, des habits venu non pas de l’Europe, mais du Nouveau Monde et du continent africain. Un mélange d’habits de peau et de tissu léger, serrés mais me laissant aptes à réaliser tout mouvement, et surtout cachant tout de mon corps si je le souhaitais, aux couleurs sombres mais proches de la nature, une seconde peau pour disparaître à la vue des autres. En dernier lieu je rangeais mon sabre sur mon lit, le laissant bien en évidence au milieu de mon espace de vie. Il m’avait été fidèle mais n’était pas fait pour faire couler le sang. Non, pour cela j’avais autre chose, un souvenir des apaches. J’allais vers mon coffre et l’ouvrait avec ma clef, toujours attachée à ma cheville. Dedans un certain nombre d’affaires personnelles, habits bijoux et autres ustensiles. J’en extrayais un tissu coloré épais. Et délicatement je l’ouvrais : il cachait deux tomahawks, deux lames sœurs, deux haches légères faites pour tuer, sans remords. Elles étaient simples, le manche à peine ouvragé, mais elles étaient miennes et avaient eu leur content de sang déjà. Je savais pouvoir compter sur elles, même si je les avais mises de côté depuis un bon moment. Histoire de me rattacher à elles et leur prouver que je les comprenais encore, je m’entraînais dans la chambre, esquissant des pas d’une danse mortelle dont elles étaient les danseurs. Leur maniement me revint presque instantanément, naturellement. Et plus je les maniais plus mon regard s’acérait, fusionnant leur envie de sang à ma rage intérieure. Je les rangeais dans mon dos et me préparais à sortir, sans prendre la peine de tenir au courant les autres loups. Après tout au besoin nous pourrions discuter, mais pour l’heure je n’avais pas cœur à ouvrir la bouche autrement que pour mordre. Le combat s’engageait, peut être n’en avaient ils pas conscience, mais tant mieux, la surprise n’en rend la vengeance que meilleure. La vengeance.....la réponse à mon état ne tenait il que dans cela ou y avait il autre chose? Certainement plus, mais quoi...je devais encore réfléchir, mais ne pas dormir commençait à rendre mes réflexions bien moins efficaces...
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Posté le 21/04/2008 à 13:49:58 

Récemment: La rencontre des bêtes... La nuit tombait sur Liberty, couvrant d’un voile sombre la jungle ô combien dangereuse de cette île, particulièrement en ces temps de guerre. Une ombre se mêlait à la végétation et rejoignait à grands pas les montagnes centrales de ce lieu qui au final n’avait d’édénique que le nom. Elle se faufilait avec adresse d’une cachette à une autre, difficilement visible ou discernable, et finit par s’arrêter dans une petite caverne. Luun se permit enfin de respirer un peu. Il avait fui Port Louis précipitamment après le repas organisé à l’improviste par ses louves. Il ne pouvait plus tenir. Quinze jours sans dormir. Autant de nuits à éviter le sommeil de peur de voir se réaliser les cauchemars qu’il pouvait vivre dernièrement. Son visage n’était plus qu’un masque de douleur et de fatigue. Des cernes immenses entouraient ses yeux, aussi noires que du khôl. Ses muscles se crispaient sans arrêt, sans raison, juste par nervosité. Il ne savait plus que faire, il n’arrivait plus à réfléchir. Mais la bête, elle, ne fatiguait pas. Au contraire elle semblait s’alimenter de sa fatigue, comme si elle lui pompait toute énergie pour la faire sienne. Il la sentait grogner en lui, doucement, sourdement, mais sûre d’elle. Attendant son heure pour jaillir et le posséder. Le bretteur leva les yeux au ciel et chercha le réconfort de sa mère…mais des nuages électriques couvraient la voûte céleste et la cachaient à sa vue. Il serra les dents un peu plus fort, se mordant dans le même temps les lèvres, faisant apparaître un filet de sang à la commissure de ses lèvres. Une étrange chaleur montait en lui, brûlant ses entrailles, faisant gonfler ses veines et battre plus fort son cœur. Ses pupilles se rétrécissaient et ses muscles se tendaient. Les secondes suivantes lui parurent des heures, perdant lentement conscience, se sentant relégué au fond de sa boîte crânienne et sentant le Loup prendre le pas sur lui, venir mander son corps et le posséder. Quand la mi nuit sonna à Port Louis une plainte lugubre s’éleva vers le ciel. La bête avait pris le dessus. Luun n’avait plus guère traits humains. Son faciès était déformé, ses canines plus prononcées, ses pupilles devenues une mince fente verticale. Ses longs cheveux blancs détachés rendaient son visage plus bestial encore. Il était là, sur la pierre rosée, la tête levée vers le ciel regroupé à quatre pattes près du sol, hurlant sa rage. Sa longue plainte finie il rabaissa la tête, et grogna tout en reniflant alentour. Loup avait soif. Soif de vengeance. Une vengeance qu’il n’arrivait pas encore á assouvir. Et tant qu’elle ne l’était pas cette soif se matérialisait en une envie de sang. Une manière d’exorciser sa rage sans en devenir fou avant. Enfin il repéra une odeur appétissante. D’un coup il se mit à bondir, partant en avant, ramassé sur lui-même, sautant de roche en roche en s’appuyant autant sur ses jambes que sur ses bras. Bientôt il se trouva à la lisière de la forêt et trouva un sanglier qu’il abattit d’un seul mouvement de mâchoire. Le Loup commença à se repaître de cette proie facile quand quelques minutes plus tard une nouvelle odeur lui fit relever le nez. Un autre prédateur était là non loin. La bête voulut débusquer celui qui ainsi s’aventurait sur son territoire. Cette fois-ci c’est en louvoyant qu’elle s’avança, se collant le plus possible près du sol. Bientôt elle le vit : une Panthère noire, sa robe totalement opposée à la sienne, sa stature bien différente elle aussi, mais un prédateur tout comme lui. La bête se rapprocha lentement, arrivant au dessus de la Panthère, et depuis un surplomb rocheux sauta sur elle, appuyant lourdement de ses pattes sur ses épaules pour la faire tomber en avant et se retrouver sur son dos. La Panthère se retourna pour faire face à son agresseur, mouvement dont le Loup profita pour attraper son bras entre ses crocs au niveau du poignet. Un instant il la fixa. Son odeur lui semblait familière, cela le fit réfléchir. Toutefois c’était un prédateur comme lui. Sur son territoire. Elle devait en payer le prix.
Alice, Princesse Gardienne de Nollandie
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Posté le 21/04/2008 à 18:06:35 

Prédateurs... Wildekat s'était installée sur un rocher, à la lisière de la forêt, où la vue était dégagée, de façon à pouvoir observer Louis-Le-Grand et déceler une attaque anglaise sur la tour. La guerre entre la France et l'Angleterre faisait rage, et elle aidait comme elle pouvait ses amis français. Ainsi elle se retrouvait, seule, sur les terres Françaises, mais elle se sentait en sécurité. Le Gouverneur lui avait donné une autorisation et elle connaissait un assez bon nombre de français pour ne pas avoir à craindre pour sa vie. De toute façon, Wildekat ne craignait plus pour sa vie depuis peu. Elle craignait pour celle des autres, sachant que la sienne était maudite, et prompte à lui être enlevée du jour au lendemain. Ainsi elle se battait pour sauver les siens, si toutefois la vie d'une panthère pouvait faire une quelconque différence. La nuit était fraîche, mais l'odeur du sang et des combats était omniprésente sur l'île depuis plusieurs semaines maintenant. Les brasiers humains étaient fréquents le soir, et elle voyait ça et là les fumées s'élever des champs de batailles. La mort avait étendu son voile sur Liberty, et elle était quasi-paplable à qui voulait bien ouvrir les yeux. La panthère était noire ce soir, le coeur de plus en plus seul, l'âme silencieuse. Elle avait envie de faire couler le sang, et elle se surprit à espérer que quelques anglais passent dans le coin cette nuit, afin de leur faire tâter ses griffes. Un bruissement se fit entendre, et la féline tendit l'oreille, immobile. Un sanglier passait par là, mais Wildekat n'avait pas l'intention de se déranger pour un si petit adversaire. Elle le regarda passer, impassible. Un second bruit retint son attention. Quelque chose, ou quelqu'un avait égorgé la bête sauvage. La féline se leva, doucement, de façon à voir plus loin et discerner si c'était un anglais ou un français qui approchait. Aucun uniforme. Aucun homme. La féline plissa les yeux pour mieux discerner une forme qui se louvait entre les feuillages, au loin. Machinalement, elle sortit le sabre de son fourreau, et le serra fermement dans son poing. L'ombre avait disparue, pourtant Wildekat avait cru voir des reflets argentés sous les rayons de la lune. Quel soldat pouvait bien porter une pareille tenue? Elle tentait de répondre à cette question lorsqu'elle sentit deux lourdes pattes prendre appui sur son dos et la propulser face contre terre. La chute fut difficile: un félin retombe toujours sur ses pattes si tant est qu'il n'aie pas un loup sur le dos... elle réussit néanmoins à se retourner avant de sentir son corps s'enfoncer dans le sol. De longs cheveux blancs vinrent aveugler la féline qui se mit à se débattre afin de se dégager. Elle connaissait cette odeur... un loup... mais quel loup pouvait bien être assez fou pour s'en prendre à une panthère? Loup... anglais... Noudwi fut le nom qui heurta la féline de prime abord. Enfin Noudwi ou pas, la Panthère Noire était furieuse, et ferait payer de sa vie à ce loup qui osait l'attaquer. Elle sentit son poignet se faire déchiqueter par les crocs et entendit son bracelet se briser sous les canines du Loup... elle perçut qu'il hésitât une demi seconde. La féline en profita pour lui lacérer la cuisse à l'aide de son sabre. Le loup hurla et elle le projeta en arrière, à l'aide de ses jambes. Elle se releva d'un bond et se mit en garde, toutes griffes sorties, cheveux noirs détachés, lui donnant encore plus l'aspect félin, ses yeux perçants fixant l'attaquant qui était devenu sa proie. Le coup de sabre avait défait les peaux qui servaient de pantalon au Loup, et il se retrouvait en chemise et en bottes, l'air encore plus sauvage que jamais. Ils s'étudièrent un instant, se jaugeant, avant de chacun se jeter l'un sur l'autre comme deux bêtes sauvages totalement incontrôlables. Le choc fut terrible. Leurs forces étaient sensiblement identiques et le combat promettait d'être une longue mise à mort. Wildekat enserra le dos du Loup et déchira sa chemise de ses griffes, tout en encerclant solidement ses jambes autour de la taille du Loup, qui était beaucoup plus grand qu'elle, afin de l'étouffer. Elle sentit alors sa propre ceinture lâcher, et son pantalon glisser le long de ses cuisses, mais ce n'était pas le genre de détail qui allait l'arrêter... Le Loup aggrippa alors Wildekat par les cuisses, et se mit à courir en direction des rochers en hurlant de rage, ou il écrasa la féline entre la roche et son propre corps. Wildekat hurla de douleur, sentant sa colonne vertébrale s'écraser contre la roche dure et froide. Une aspérité lui entailla le dos et elle entendit sa chemise craquer. De douleur elle serra encore plus ses griffes dans les chairs du loup, lui lacérant le dos, le sang chaud abreuvant ses griffes. Le Loup recula un peu, avant de projeter de nouveau la Panthère contre le rocher. Cette dernière sentait son souffle se couper, et son dos se briser à chaque nouvelle tentative du Loup. Ses doigts s'accrochèrent à ce qu'ils trouvèrent, une chaîne passait dans le cou du Loup, et Wildekat tenta de tirer dessus pour que le Loup libère son emprise... hélas la chaîne se brisa sans trop de résistance, et elle la sentit glisser le long de ses doigts, comme une fine chance qui lui échappait. Dans un hurlement de rage, elle attrapa alors l'oreille du Loup et mordit cette dernière comme si sa vie en dépendait. Elle sentait le sang lui remplir la bouche, et entendait le Loup hurler de douleur, mais plus il hurlait, plus elle serrait. Il desserra son emprise et la féline sentit son dos revivre, ses poumons s'emplir d'air et son souffle emplir son corps de vie. Le Loup trébucha en reculant, et ils tombèrent tous deux au sol. Wildekat sentit les mains du Loup attraper sa crinière sombre et lui arracher les cheveux. Sa poigne avait aussi attrapé le collier de Wildekat, et il était en train de l'étouffer avec la chaîne. Wildekat sentait le métal rentrer dans sa peau, l'interdisant de respirer jusqu'à ce que la chaîne se brise. Le Loup la força à lâcher prise de son oreille et lui montra les crocs, ce à quoi Wildekat répondit en émettant un crachement félin des plus effrayants. De ses mains, elle enlaça l'avant bras du Loup et s'y agrippa si fort qu'elle sentit un bracelet se fendre sous la pression et tomber au sol. La féline avait perdu son pantalon dans la bataille, et de sa chemise déchirée il ne restait plus qu'une manche et des bouts de tissus qui pendaient ça et là. Les deux prédateurs étaient quasi-nus, la peau ambrée de la Panthère paraissait d'autant plus sombre comparée à la blancheur de celle du Loup, si bien qu'une tierce personne observant de loin aurait pu croire à des ébats amoureux. Une danse mortelle entre les deux corps s'ensuivit, peau contre peau et griffes contre crocs... L'issue semblait inévitable, dictée par les Lois mêmes de la Nature: l'un d'eux allait périr ce soir.
Alice, Princesse Gardienne de Nollandie
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25/03/2007
Posté le 22/04/2008 à 14:41:21 

La Panthère, plus Noire que jamais, était bien décidée à faire savoir à ce Loup qu'on ne se mesure pas impunément à une féline. La Panthère n'était la proie de personne, et certainement pas d'un canidé... la rage au ventre, elle dominait largement le combat, blessant le Loup, qui s'était relevé et avait récupéré ses deux tomahawks. La sabre de la féline tranchait l'air plus vite que des coups de griffes et les entailles dans le corps du Loup étaient sévères. Malgré cela, il ne perdait rien de sa haine envers la féline. Les yeux perçants et affichant une détermination sans faille, Wildekat fixait son adversaire. Elle sentait qu'il commençait pour sa part à faiblir, et elle en profita pour tenter un tour de passe-passe compliqué qui désarma son adversaire, envoyant valser les deux tomahawks dans les airs. D'une force surprenante, Wildekat planta son propre sabre dans le sol, afin de signifier que c'était ici son territoire et non celui du Loup. Elle croisa les bras et lança un regard de défi au Loup. Si il admettait la défaite, la Panthère était prête à lui laisser la vie sauve. Il sembla hésiter quelques secondes, mais finalement se rua sur elle, dans un dernier sursaut de bestialité. La féline le mit à terre, plantant ses griffes dans sa nuque, alors que le Loup essayait de lui arracher les yeux. Ils se battaient à mains nues, mais le combat n'était pas moins mortel. Tout en se battant, quelque chose chiffonnait Wildekat au fond d'elle-même... cette odeur... elle la connaissait, mais impossible de se souvenir où elle l'avait déjà sentie... Elle était à califourchon sur le corps du Loup, qui se débattait férocement, mais la féline gardait l'avantage. Elle réalisa qu'il n'arrêterait pas tant qu'il ne l'aurait pas tuée... alors c'est lui qui devrait mourir. Elle enserra la gorge du Loup de toutes ses forces et commença à l'étouffer lorsque l'odeur du Loup emplit une nouvelle fois ses narines. Cette odeur... elle l'avait déjà sentie... il y a peu....peut-être... dans la Maison de France... sur la petite plage... et.. oui... dans.. dans la taverne du Lys... ce Loup.. elle le connaissait... "Luun!" Elle s'arrêta dans son élan, desserra son emprise sur le coup de Luun, paralysée d'avoir attaqué son ami. Mais le Loup en profita pour tenter de reprendre le dessus. "Luun! Arrête! Arrête!! C'est moi! C'est Wilde!!" Le Loup ne semblait pas entendre les cris de Wildekat, qui avait maintenant cessé les attaques pour seulement contrer les coups. Elle sentit les deux mains de Luun enserrer sa propre gorge pour l'étouffer. Elle lui agrippa les poignets, et les bloqua de toutes ses forces contre le sol, alors que de ses cuisses elle serrait les hanches du Loup pour qu'il reste cloué au sol. Tout en tentant de le maîtriser sans le blesser, Wildekat hurlait pour lui faire entendre raison, car le Loup semblait possédé. "Luun! C'est moi! Arrête! Arrête je te dis! Ca suffit!" C'est alors qu'elle croisa le regard du Loup. C'était bien les yeux jaunes et brillants de Luun, mais une lueur de folie sauvage semblait les avoir transformés. Wildekat le supplia des yeux, espérant qu'il reconnaisse son amie. Elle ne lâchait pas son regard, mettait toutes ses forces à maîtriser la bête qui se débattait sous son propre corps. Son visage était à quelques centimètres de celui de Luun, et elle sentait son souffle se calmer, puis perçut une lueur d'espoir dans ses yeux. Il souffla quelques mots qu'elle ne comprit pas, mais de toute évidence, il revenait à lui. La féline ne lâcha pas son emprise pour autant, préférant s'assurer qu'il allait bien avant de le relâcher. "Luun? Luun... ça va? Tu arrêtes maintenant? Tu te calmes?" Luun ne répondait pas, mais semblait mesurer l'ampleur de ce qu'il venait de faire. Wildekat lisait dans ses yeux que l'homme était perdu, visiblement plus que surpris de cette situation, mais surtout, réalisant à quel point il était dangereux... Elle desserra quelque peu son emprise sur les poignets du Loup, prête à les ressaisir si il montrait un quelconque signe d'agressivité, mais le Loup semblait incapable de bouger. Wildekat lâcha alors ses poignets et caressa les cheveux aux reflets argentés du Loup, enlevant les mèches qui passaient sur son visage et qui entraient dans sa bouche, essuyant les gouttes de sueur qui mouillaient ses tempes, puis, dans un geste de protection presque maternelle, se pencha pour lui murmurer à l'oreille d'une voix rassurante: Ca va aller Luun, ça va aller... d'accord? Ca va aller..." Elle desserra ses cuisses, libérant son emprise sur le corps de Luun, et se laissa rouler sur le sol, éreintée. Tous ses muscles criaient à la douleur. Le Loup à ses côtés reprenait peu à peu ses esprits. Ils ne disaient rien. Leurs rythmes cardiaques ralentissaient peu à peu, et Wildekat sentait le souffle de Luun qui se calmait. Plusieurs minutes s'écoulèrent, où les deux prédateurs restèrent allongés, dos contre terre, les yeux fixés sur les étoiles, laissant leur combat et ses conséquences se fondre en eux.
Sombre ermite
Sombre ermite
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26/08/2006
Posté le 23/04/2008 à 09:34:30 

Où suis-je? Je ne vois rien. Je suis comme aveugle. On dirait que je suis inconscient et pourtant... on dirait que le monde vibre et bouge autour de moi. Mais seule une nappe noire arrive à ma perception. Je n'entends rien non plus. Etrange. L'odorat? Non plus, rien n'arrive à mes narines. Aurais-je perdu mes sens? Je ne comprends pas ma situation. Ai-je été blessé mortellement par un corsaire? Ai-je été contaminé par quelque maladie vénérienne? Je ne sais même pas si le soleil ou la lune frappe mon corps. Si tant est que j'eusse encore un corps, ce qui n'est pas certain pour l'heure. Tiens... on dirait que je perçois enfin quelque chose. Cela ressemble à une couleur. Mais cela est difficile à dire, pour l'instant on dirait une teinte grisée, à peine plus claire que le noir dans lequel je baigne. Toutefois, cela tend à prouver que je ne suis pas seul. Quelque chose est là. La couleur prend de plus en plus de place dans ma perception, elle se teinte, pour devenir... orange? Oui on dirait bien une teinte d'orange qui baigne au milieu d'une mer grise. Cela me paraît si étrange. Que cela peut-il bien signifier? L'orange s'accentue, prend plus d'ampleur, vibre. Mais la nappe grise l'enserre, l'étouffe. Comme... un animal pris au piège? Je me demande d'où peut bien me venir cette signification. Mon inconscient comprendrait-il une chose encore hors d'atteinte pour mon moi? De nouvelles couleurs me sont perceptibles, un rouge sanguin, un blanc frappant, un doux bleu. Qu'est ce donc encore que cela? Violence, compassion, amitié? Le tout forme un étonnant bouquet. J'ai envie de l'étreindre. Mais... qu'est ce que? On dirait que le noir tente de l'étouffer, le faire taire. Le noir... ce noir... j'y baigne... serait-ce... moi? Je ne veux pas que ce bouquet se fane! Je ne veux pas voir mourir cet animal. Mais... pourquoi suis-je en train de parler d'animal? C'est la seconde fois déjà. Je ne comprends pas ce que cela signifie. En tout cas je ne veux pas le voir disparaître. On... on dirait que le noir fluctue, comme s'il hésitait, était bridé. Serait-ce vraiment moi? Ou ce qui s'en approche? Pourtant je n'ai pas l'impression de contrôler ce noir. J'ai plutôt l'impression d'en être prisonnier. Mais... malgré tout... on dirait que ne pas vouloir l'attaque de ce noir sur ces autres couleurs agit sur lui. Et le bloque. Et si je le désirais encore plus ardemment, finirait-il par cesser? Tentons... Le bouquet se débat, le rouge s'étale un peu plus, mais le blanc, et surtout le bleu, s'étendent beaucoup plus fortement. Je me sens mieux, cela me fais plaisir de les voir ainsi prendre de la place dans ce monde. Je... je sens... quelque chose... Je... ces couleurs... cette présence... cela me rappelle... WILDEKAT?? D'où me vient cette idée? Comment cette femme hollandaise a-t-elle pu... et pourtant je ne sais pourquoi, plus j'y songe plus ces couleurs me font penser à elle. Je... et si le noir est une représentation de moi... serais-je? NON! Je comprends enfin! Il a repris le dessus! Je suis reclus au fond de mon esprit et c'est lui qui a le contrôle de mon corps. Et il attaque Wilde! Non! Non et non! Cela suffit! Je dois reprendre le dessus sur lui! Tout cela doit arrêter! J'ai déjà blessé Magi, cela doit en finir! Tant pis si Wilde me blesse je dois le faire stopper, et pour cela je n'ai comme moyen de le bloquer... de me bloquer. Je me concentre, souhaitant de toute ma volonté paralyser mon corps. Mais je le sens se débattre. Il est fort, très fort. Mais il faiblit petit à petit, je le sens. Peut être est ce du aux coups que mon corps reçoit. probablement. Tant pis, il le faut. Je commence à voir une lumière, comme... comme le retour de la lune au milieu d'une nuit sans étoiles. Je cherche à rejoindre cette lumière, sans oublier de rester concentré sur l'envie de bloquer mon corps. La lumière devient plus grande, plus vive. Je ne sais pas ce qu'il y a derrière mais je dois y aller, je le sens. Tout à coup Luun ouvre les yeux et se tétanise. Sur le dos, Wildekat le maintenant sous son corps nu, il vient d'un seul coup ressurgir et endurer en une fraction de seconde toute la douleur que son corps avait encaissé durant ce combat et les précédents, tous ceux réalisés durant son inconscience. Cette douleur est si forte qu'il ne peut crier. Son coeur refuse de battre. Pourtant il le doit, il le doit! Il repart, enfin. Luun peut alors prendre une inspiration, difficilement, douloureusement. Son corps n'est que blessure, douleur, plaie. Recouvert de la tête aux pieds de sang. La seule chose qu'il voit sont les yeux de Wildekat. Il s'accroche à ces yeux, à cette réalité, pour ne pas sombrer à nouveau. Ses lèvres bougent, mais il n'entend rien. Il voit ses bras se mouvoir, visiblement le toucher, mais ne sent rien. La douleur est trop importante. Ses sens en ont été partiellement inhibés ou altérés. Wildekat du voir qu'il avait de nouveau l'emprise de lui même car elle se laissa rouler à côté de lui, son corps encore contre le sien. Il sentait sa chaleur. Oui, ça y est, il sentait à nouveau quelque chose. Et il commençait à entendre aussi. Il percevait sa lourde respiration, sa bouche si prêt de son oreille. Cela lui était très douloureux et pourtant il en était heureux: il vivait, il était lui même... et il avait compris pourquoi cela n'avait pas toujours été le cas dernièrement. Une larme glissa sur son oeil gauche et le brûla. Il devait avoir une jolie plaie à cet endroit pour que cela réagisse ainsi. Faisant appel aux quelques forces qui étaient encore en sa possession, il se força à pivoter pour se mettre sur le flanc, et se trouver nez à nez avec Wildekat. Il essaya de parler mais rien ne voulait sortir. Il attendit donc encore. Laissant du temps à son corps et son esprit pour retrouver une certaine synchronicité. Plusieurs minutes s'écoulèrent durant lesquelles il resta les yeux plongés dans ceux de Wilde, serrant les dents de douleur. Puis il se sentir apte à dire quelque chose. Cela lui coûta mais il y parvint: Merci.
Alice, Princesse Gardienne de Nollandie
Alice, Princesse Gardienne de Nollandie
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25/03/2007
Posté le 06/05/2008 à 22:10:54 

Luun retrouvait peu à peu son calme, ses esprits, il regardait toujours Wildekat, presque souriant,malgré la douleur. Enfin, il prit la parole: « Ce doit bien être la première fois que je suis content de me faire battre... » Wildekat ne quittait pas Luun des yeux, voulant s’assurer qu’il n’allait pas se remettre à l’attaquer, comme une furie. « J'aurais pu te tuer Luun, si je ne t'avais pas reconnu... qu'est-ce qui t'as pris? Tu étais comme possédé par un démon... - Tu n'es pas loin de la vérité... » Le regard du Loup devia alors, honteux. Wildekat fronça les sourcils. « Luun, qu'y a-t-il? Que se passe-t-il? Je vois bien que tu n'es pas dans ton état normal.... » Luun se tourna alors, se mettant sur le dos et regardant les étoiles, il cherchait ses mots « Tu...connais-tu le chamanisme? » - Oui, bien sur, j'en ai entendu parler. - Bien... disons, que mon totem est Loup, cela ne devrait pas trop t'étonner... disons que... ces derniers temps je n'étais plus en osmose avec lui, je ne le suis toujours pas, et loin de là... et bien...au final, je m'en suis tellement éloigné...qu'il prenait possession de mon corps par moment, pour lui aussi vivre... » Wildekat écoutait Luun attentivement, assimilant petit à petit ce qu'il lui disait, et comprenant l'ampleur des dégâts sur son ami. Luun continua sur sa lancée: « Je ne peux pas faire disparaître Loup, car je suis Loup... en gros j’ai passé ces derniers mois, depuis la mort de Ching, en m'écartant de plus en plus de qui je suis. Je n'écoutais que la rage et l'envie de sang en moi, non pas mon moi dans son entier. Et j'ai fini par quitter la voie qui est mienne, celle de Loup. Voilà pourquoi il s'est manifesté ainsi, faisant écho à cette parcelle de moi que je mettais en avant, exacerbant cette....coupure que je réalisais en moi. - Je pense que je comprends... tu t'es laissé emporter par la haine de ceux qui ont brutalisé Ching? Tu avais envie de te venger, et le Loup s'est réveillé, c'est un peu cela? - Un peu oui, mais pas le Loup que je suis, juste...juste le pendant violent, le rendant plus démon qu'animal.... il me mettait ainsi face à toute la cruauté de mes sentiments. Mais inconsciemment je refusais cette image qu'il me renvoyait... voilà pourquoi je pense, je perdais connaissance quand il faisait surface. - Tu ne te rendais compte de rien alors? Mais c'est terrible! Tu aurais pu tuer des amis... - J'ai....J'ai agresse une amie ainsi.... » une larme s'échappa de l'oeil gauche de Luun, glissant sur sa toute nouvelle cicatrice, le brûlant sur son chemin, enfonçant encore la plaie dans ses chairs. Cette cicatrice ne disparaîtrait certainement jamais, au vu des sentiments qui y avaient été jetés dedans. Wildekat vit la larme couler, et réalisa qu'elle n'aurait pas du dire cela, comme d'habitude elle avait parlé trop vite. Elle tenta de rattraper son erreur. « Non.. ce n 'est pas grave.. écoute le principal c'est que tu sois redevenu toi-même.. que tu réalises ce qui se passé. On a évité le pire, on s'en sort bien tous les deux. » Elle lui sourit. Le Loup souleva péniblement son bras et chercha la main de Wildekat, la prenant dans la sienne « J'ai tout de même blessé une amie, mais...cela aurait pu être pire oui....heureusement, que je t'ai trouvée... car je ne suis pas certain que quelqu'un d'autre aurait pu avoir une chance de me faire sortir de ce cercle infernal...après tout...qui d'autre que toi ici est aussi animal qu'humain que moi? » Wildekat serra fort la main de Luun dans sa petite main, et tenta un sourire, malgré ses blessures qui la faisaient horriblement souffrir. « Blessée? Mais non, tu parles, quelques morsures ça et là... je suis coriace va, ne te fais pas de soucis pour moi... ne t'en veux surtout pas. Et puis, comme tu dis, je suis heureuse que tu m'aies trouvé au contraire... si j'ai pu t'aider... - ...J'ai aussi mis une autre femme dans le coma... il n'y a pas eu que toi vois tu? - Mon Dieu... s'en est-elle sortie? - Oui, heureusement...mais ...J'ai bien failli la tuer. Tu la connais peut-être... Magi. - Oui, en effet, je la connais de nom. Ecoute n'y pense plus. Ton amie s'en est sortie, et le principal c'est que tu arrives à faire quelque chose pour te soigner en quelque sorte... Tu sais, la vengeance, ça ne sert à rien... je comprends que tu sois en colère contre les agresseurs de Ching, mais cette haine que tu as pour eux, elle ne les tuera pas... c'est toi qu'elle tuera à petit feu... Ce qui les tuera, c'est l'amour que tu as pour Ching, et rien d'autre... c'est plus difficile comme chemin, mais c'est le seul que l'on peut emprunter si on ne veut pas se perdre... - Oui.... certainement. Tu as certainement raison... merci. Encore merci de m'ouvrir les yeux. » Il replonga ses yeux dans les siens, et commença à la détailler, puis reprit : « ...mais, dis moi... il t'arrive quelque chose toi aussi...n'est ce pas? » Wildekat arrêta brusquement de sourire, et semblait hésiter. Elle ouvrit la bouche pour parler, puis la referma. Luun reprit la parole : « si je me souviens bien..... quand nous étions sur la plage avant le concours du Lys.... tu as commencé à m'ouvrir ton coeur... peut être... peut-être pourrais-tu continuer? » Luun parlait doucement, d'une voix calme et posée, réconfortante, chaleureuse. il se tut, laissant seulement son regard porté sur les yeux de Wilde, lui transmettant sa chaleur par sa main, qui semblait presque brûlante par rapport a celle de la petite hollandaise.
Alice, Princesse Gardienne de Nollandie
Alice, Princesse Gardienne de Nollandie
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25/03/2007
Posté le 07/05/2008 à 12:29:57 

« Je... oui, je pense que je peux.... » Wildekat parlait d'une petite voix, presque un murmure Elle avait froid tout d'un coup, et sentait son coeur se mettre à battre rapidement « ... peut-être que tu comprendras... Tu sais sur la plage de la Maison de France, il y avait un petit Lynx avec moi...? Tu t'en rappelles? » - « Oui, je m'en souviens, pas parfaitement, j'étais déjà assez mal, mais je me rappelle un peu de ses traits. » Plus ou moins inconsciemment, Luun souleva son bras, lâchant la main de Wildekat, pour lui proposer son épaule, lui offrant de se serrer contre lui pour la réchauffer. Wildekat, morte de froid se blottit contre Luun comme un chaton sur sa mère, sa peau s’était subitement glacée, mais elle continuait à parler, à un volume très faible, tentant d’expliquer au mieux ce qu’elle ressentait. « J'avais du partir rapidement, tu t'en souviens, alors je ne te l'ai pas présenté... mais il s'appelle Tjaard. C'est un jeune lynx qui me suit partout depuis de nombreux mois sur cette île... Lui et moi on est... enfin, disons, pareil... on se comprend... et je vais même t'avouer que je lui parle, et qu'il me parle, à sa façon. Enfin nos liens se sont resserrés. Surtout après la période où j'ai été possédée par le sorcier maya, Arathza.. » Luun offrait sa chaleur a Wildekat, il "transpirait" la chaleur, et réchauffait doucement son corps meurtri sans mal, toujours à l'écoute de son amie. « Tiens... encore une chose qu'il te faudra me raconter.. - ... Après cet épisode, tout a basculé dans ma vie... » la voix de la panthère se brisa, et elle respira profondément, s'accrochant à la chaleur du corps de Luun. Le français lui caressait les cheveux, son autre main caressant aussi son dos, pour la rassurer. La féline continua : « Je me suis soignée comme j'ai pu, grâce à Erzulie, et j'ai fait un séjour dans le temple. Là, Tjaard et moi avons appris à réellement nous connaître, et il est devenu ce que je suis. Ou plutôt je suis devenue ce qu'il est.... enfin, nous sommes un si je puis dire. Il aime beaucoup se promener sur l'île, et il aime aussi voir certaines personnes ainsi il porte souvent mes missives à des amis. Récemment, j'ai.... enfin, tu sais, Nick le Brun est mort... et tu ne le sais peut-être pas mais je suis très proche de Ric. Alors j'ai envoyé Tjaard lui porter une missive.... et depuis il n'est pas revenu. Je ne l'entends plus, je ne sais pas où il est, ni même s’il est vivant... c'est un vide inexplicable qui me rend folle... comme si j'avais perdu mon âme.... » Luun connaissait Ric, depuis assez longtemps en fait, pas si bien que cela, mais tout de même, et pour Nick, il était bien sûr au courant. Il ne dit toutefois rien la laissant continuer. « Et en marge de cela, j'ai reçu une lettre de Ric... une lettre... d'adieux.» Sa voix se brisa une nouvelle fois, et des larmes vinrent remplir ses yeux. Elle tentait de continuer de parler, tout en suffoquant sur l'épaule de Luun. « Alors j'ai tout perdu.... Ric, mon Amour... Tjaard, mon Ame.... je ne sais plus qui je suis, et où je vais. Je ne suis plus que l'ombre de Wildekat, une sombre panthère... - Tu as perdu ce qui t'est cher en ce moment. Pour Ric en tout cas, cela semble évident. Pour Tjaard... peut-être cela l'est-il moins... par hasard aurais-tu... quelque chose à lui? des poils, une dent tombée peut-être? » Elle réfléchit un instant puis répondit : « Heu, non, je n'ai pas gardé de telles choses.... » - Ah... bon...j e vais devoir forcer plus alors... mais... enfin je ne te promets rien ,mais une fois remis je pourrai tenter quelque chose... » La voix de la féline se fit pleine d'espoir « C'est vrai? - Oui... mais... il me faudra récupérer plusieurs choses auparavant...et il faudra que tu sois là. que tu participes. - Tu sais, je ne sais pas comment l'expliquer. Les frères à qui je dis que j'ai perdu Tjaard et que c'est un vide comprennent que j'ai perdu un animal familier et qu'il me manque... mais ce n'est pas cela du tout. J'ai besoin de lui... déjà que j'ai perdu Ric... - Tu as un vide dans ton coeur... - Non, j'ai le coeur vide - Ah... pire que ce que je pensais... ce lien a été vraiment rapide a naître et croître dirait-on - Oui, il est seulement avec moi depuis un peu moins d'un an... mais oui, il est devenu vital pour moi. Heureusement,il me reste la Hollande... c'est tout... je m'y accroche, mais je sais que cela ne suffira pas... Enfin, tu comprends maintenant, pourquoi je suis un peu mal. Après les guerres je vais prendre du recul et réellement le chercher. » Luun lui tapota d'un doigt sur le buste, au niveau du coeur, entre ses seins nus « Tu n'es peut-être pas si seule que tu le crois tu sais...? - Je ne sais pas.... je me sens seule, j'ai l'impression de m'être trompée sur beaucoup de choses, et d'avoir perdu mon coeur, ou du moins, de l'avoir laissé se consumer dans une passion qui était vouée à l'échec.. et puis plus rien dans ma tête... plus rien. Il y a mes frères, mais je me sens loin d'eux, ils ne peuvent pas comprendre ce que je ressens cette fois-ci, je crois. - Ces liens, que toi et moi pouvons posséder, ne sont guère compréhensibles par ceux qui n’en ont pas de semblable. Cela explique en partie notre... différence, et le fait qu’on puisse être exclu. Je t'aiderai.... je t'aiderai à le trouver... mais avant cela il me faut me remettre d'aplomb... et pour cela... il me faut diverses choses, qui sont à Port-Louis, ou encore bien loin d'ici. Il me faut donc aller en ville... et pour cela... me laver et me confectionner un truc qui servira de vêtement car pour l'heure.... je crois que même les gardes me connaissant auront du mal à me reconnaître dans cet état, sous toute cette crasse et ce sang mêlés, nu de surcroît... tu ne crois pas? » Gentiment il lui sourit, et elle lui sourit gaiement en réponse. -« En effet! Je crois qu'ils te prendraient pour un sauvage et te mettraient en prison... J'y suis allé un peu fort sur ton pantalon... -Euh... oui je crois, et pas que sur lui!! » il se mit alors à rire, doucement puis plus fortement, jusqu'à étouffer et se serrer les côtes, certaines devant être cassées. Elle observa qu'elle aussi était quasiment nue. -« D'ailleurs.... je suis aussi embêtée que toi je crois! - Oui... oui toi aussi je vais aller te trouver quelque chose pour te cacher un minimum... sinon je ... hihi, je ne donne pas cher de tes vertues ! » Wildekat souria, se rappelant d'un événement récent : - « Ne t'inquiètes pas je sais bien me défendre.. l'autre jour j'ai mis une baffe à d'Archibald, il s'en souviendra longtemps! hi hi hi!! - Oui je n'en doute pas, mais tout de même, je préfère te savoir un temps soit peu habillée... En attendant, suis moi, je connais un coin pas très loin d'ici ou tu pourras te reposer et manger un peu en attendant que je revienne avec des vêtements. Récupérons ce qui reste de notre équipement et allons-y. Profitons de la nuit tant qu'elle est encore profonde, nous risquerons moins de nous retrouver nez à nez avec des guerriers ou brigands. - C'est sage, en effet. Surtout avec les guerres qui font rage... » Elle se leva et ramassa ses affaires éparpillées au sol. Elle trouva le collier de Luun et lui tendit : - « Tiens, c'est à toi je crois... Tu veux que je le fasse réparer? J'ai brisé la chaîne... » Il se dressa difficilement et commença à faire de même, se retournant à l'appel de Wildekat il répondit : - Non donne, ce n’est pas un problème, je suis forgeron en fait.... merci de la`voir retrouvé, j’y tiens beaucoup! - Il est joli, c'est un croc de loup? Je ne savais pas que tu étais forgeron! - Oui, un cadeau. Et...oui, mais peu le savent, pour ne pas dire personne. » Elle lui fit un clin d'oeil : - « Je ne dirai rien si tu veux. » Le Loup regardait autour de lui, tenant ses tomahawks en main et les restes de ses affaires étant tenus dans un baluchon fait d'un morceau de son pantalon : - « Tu as tout? oh...ma foi autant que cela reste entre nous hein, j’aime bien garder des surprises... - Je ne dirai rien. Je risque juste de t'amener ma lame un de ces jours! - Pour ta lame il n y a aucun souci, ce sera un plaisir! » Elle jeta un rapide coup d'oeil autour d'elle et reprit : « Je crois que j'ai tout... je... ah, attends.» La féline avait vu une émeraude au sol, tombée de son sac lors des combats, et la ramassa, puis la regarda dans sa main, pensivement. - « Tu sais... c'est un cadeau de Ric. Le premier en fait... il y a un an presque jour pour jour.. » Elle se mordit les lèvres et rangea rapidement l'émeraude dans son sac, sentant les larmes lui monter aux yeux. « Allons-y, je suis prête. - Hummm, on pourrait en faire quelque chose si tu veux », ajouta-t-il en pensant à la pierre. « Enfin on verra cela plus tard. »
Alice, Princesse Gardienne de Nollandie
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Posté le 14/05/2008 à 23:16:17 

Luun lui prit la main et la dirigea, passant de taillis en taillis, roche en roche, redescendant dans la jungle et l'amenant à une clairière cachée. De là il remonta un peu, arrivant à une petite retenue d’eau formée par la chute d'une cascade depuis la montagne. Ils s'avancèrent sur les rochers, et il la fit passer derrière le fin filet d'eau, arrivant dans une grotte cachée. -« Tens toi à moi, il faut s’avancer dans le noir un moment avant d’arriver à un endroit où l’on peut allumer des feux sans crainte. » Encore près de trente secondes de marche, et il la fit s'asseoir, avant d'aller un peu plus loin. Quelques coups de silex plus tard, un feu prit, tout semblant avoir été déjà en place avant leur arrivée. - « Et voilà! Sèche toi donc près de ces vives flammes qui ne vont pas tarder à poindre. » Wildekat regardait autour d'elle et commenta: -« Je ne connais pas cet endroit. » Il alla un peu plus loin et soulevant une pierre, retira d’un trou dans la pierre, de quoi manger, soit du saucisson et du lard, ainsi que quelques fruits secs. - « Normal....c'est à moi... et je fais bien en sorte que personne ne le trouve. Tu es la premiére personne qui y entre, mais bon... je n’avais guère le choix là! - Je suis flattée que tu me montres ce chez toi... je ne dirai rien, promis... de toute façon, j'aurais du mal à retrouver cet endroit! » Elle attrapa quelques victuailles et commença à manger, mais s'arrêta brusquement en constatant l'état des blessures de Luun. - « Ouh la, mais tu saignes Luun! Attends, je vais te soigner, j'ai des bandages. - Pas faux, laisse-moi aller chercher de l'eau je reviens. » Il prit un seau et alla le remplir à la chute, avant de revenir s'installer devant le feu. - « Je suis tout à toi, évite d'empirer le tout hein? » dit-il ironiquement. Elle fit mine de le frapper. - « Mais dis donc! Je ne te permets pas! D'ailleurs tu vas me servir de cobaye, j'ai une nouvelle potion à essayer... ! » Fouillant dans son sac qui était partiellement déchiré de part leur précédente bataille, elle sortit des pots et des bandages, puis commença à nettoyer les plaies de Luun, tout en mettant de la pommade sur ces dernières. - « Ça risque de piquer un peu... » Il serra les dents et ajouta : - « Tu pèses tes mots moi je dirais là... - Désolée... mais ça cicatrisera plus vite. - Ce n'est pas ta faute, tu es très douce, mais vu les blessures... mmm... saleté... en tout cas ne te réjouis pas trop vite car après ce sera à toi... aaah!! - Heu... tu es sûr?! Pas la peine ça va aller. Je vais b... » elle fit un mouvement brusque et sentit sa colonne vertébrale contester ce qu'elle allait dire. Une douleur vive remonta le long de son épine dorsale « aie! - « Arrête de faire ta gamine et travaille avant que je te remplace ! » Il lui sourit tout en disant cela. Wildekat s'appliqua à soigner le Loup, nettoyant avec l'eau fraiche les plaies et le sang séché. Les griffures de la féline étaient profondes et Wildekat culpabilisait s'avoir ainsi bléssé son ami, elle redouble donc de douceur afin de finir de le soigner. Une fois fini, elle s’exclama : - « Voilà, c'est mieux que rien mais ce n'est pas encore ça... » Elle l'observa quelques minutes, et ajouta, pensive, comme pour elle-même : « Tu sais, tu me rappelles mon frère.... » Il fit rouler ses épaules et commença à parler en même temps qu’elle : - « Ayeuhhhh... demain je pourrai aller en ville, grâce à tes soins », et enchaîna, étonné : « Ton frère? - Oui... mon frère.... mon frère biologique.. il est resté sur le continent. » Il se retourna et lui fit face. - « Tu..peux m'expliquer? » demanda-t-il, curieux, mais respectueux. Elle afficha alors un air triste. « Il n'y a pas grand chose à expliquer tu sais... nous étions comme les doigts de la main... lui et moi... et puis j'ai du partir précipitamment, et il est resté là-bas.... il me manque... » Elle tourna les yeux, et il appuya sur sa joue avec un doigt, afin de faire pivoter son visage vers le sien. - « Je n'ai jamais eu de frère ou soeur. Pas biologiques en tout cas, je sais donc difficilement ce que tu endures... ce que je sais par contre... c'est que si tu as besoin de moi, si tu souhaites une épaule, une main, une oreille... je suis là. » Elle sourit tristement : - « Tu es gentil... je suis là aussi si tu as besoin bien sûr. Tu fais déjà beaucoup sans le savoir. - Gentil? Je ne sais pas, franc en tout cas. Bon, je vais continuer plus activement! Allez, devant le feu, que je te soigne à mon tour... même si ce sera certainement moins efficace, ou en tout cas... différent. » Il commença à amener des herbes près de lui, en prenant certaines dans sa bouche pour les mâcher et en faire une pâte, tandis que de ses mains il explorait la peau de Wildekat, la touchant à peine, et pourtant créant des réactions dans son corps. La féline se laissait faire, en totale confiance. Après quelques mouvements il plaça cette pâte sur les coupures, dans les chairs directement, et les aida à se refermer en pinçant les lèvres des plaies. Etonnamment il semblait parler en même temps, voire chanter. Des choses incompréhensibles pour la panthère, dites trop basses pour qu'elle comprenne. Mais tout aussi étrangement, en l’écoutant elle se sentait plus sereine, plus détendue. Luun repassa de l'autre côté de Wildekat, lui faisant face maintenant. « Et voilà, tu es.....soignée. -Merci Luun, c'est étrange comme méthode, mais je me sens très bien. » Elle lui sourit « mmm..un héritage de mon récent passé » Il se mit à son tour à manger un peu, éreinté par ses récents combats, mais ralenti par ses côtes brisées « Ton récent passé? il faudra que tu me racontes cela un jour. » - « oui, un "petit" arrêt au nouveau monde » dit-il en souriant. Wildekat s'assit à coté de Luun délicatement car son dos la faisait attricement souffrir et commenca à picorer des fruits secs. Elle fut surprise de la réponse du Loup « Tu es allé au nouveau monde? vraiment?! - Oui je m'y suis échoué pour être plus précis. - Je vois. Hé bien tu as voyagé on dirait...! Tu es venu directement sur Liberty après? - Apres cela.......oui, mais directement....je suis resté là-bas plusieurs années ». La féline semblait réfléchir « Est-ce que la vie la-bas était aussi dure qu'ici? Je veux dire, est-ce que tu avais l'impression que chaque parcelle de Terre était maudite aussi? - Oh non...il y a de nombreuses terres sacrées, et je fais partie des rares qui ont eu la chance de pouvoir en fouler sans être parti pour le poteau d'exécution - Donc il n'y avait pas cette espèce de sensation qu'on trouve ici.... comme si tout ce qui nous entoure et tout ce qu'on tente de construire est vain? Je me disais que peut-être c'était dû au fait que nous étions aux antipodes du continent que nous connaissons... visiblement je me suis trompée. - Au contraire là-bas si tu enlèves les européens, tu te retrouves dans un monde...p as parfait non, mais presque edenesque » La féline ajouta, pensive « Cela fait rêver en effet.... c'est loin d'ici? Je veux dire, en bateau, c'est faisable? - Je ne me rappelle plus...j'ai du quitter ce pays plutôt précipitamment, disons, et à fond de cale, tu finis par perdre la notion du temps. - Je comprends. Je ne t'embête plus avec ces souvenirs. - Oh ce n'est pas un souci va....les souvenirs sont bien dans ma mémoire, cela me permet de savoir d'où je viens, et où je vais - De toute façon je crois que mon destin est scéllé sur cette île et que je n'en partirais jamais de mon vivant. - Cette île....non il est aisé d'en partir. Il faut le vouloir vraiment voilà tout. Avoir une raison suffisante pour cela. - Hm... je ne sais pas trop. Peut-être sommes nous ici pour une raison....? Et dans ce cas il nous faut la servir. Enfin... Il se mit à rire « Je suis ici car j'ai du fuir, encore une fois, un endroit où je me trouvais. Une nouvelle escale de ma vie. - Fuir oui.... mais on peut fuir dans des endroits différents... alors au final, pourquoi Liberty? Je ne savais même pas où j'allais quand j'ai moi aussi fui.... je commence à me demander si ce n'est pas l'île qui choisit ses habitants parfois... et si au lieu de fuir vers Liberty nous ne devrions pas fuir de Liberty. - Ma foi j'étais sur le premier bateau qui venait....et au bout d'un moment je l'ai quitté, quand il a fait escale ici. Pourquoi? comme ça. Peut être n'y a-t-il aucune raison. » Wildekat se mit à sourire et observa la nuit dehors. La lune commençait à faiblir et annoncait l'arrivée imminente du soleil. « La nuit va bientôt se terminer. Je crois qu'il faut que je retourne sur le champ de bataille, j'ai promis d'aider les Français. Quand vas-tu aller trouver ce qu'il te faut à Port-Louis? - J'y vais d'ici une heure. Le temps pour moi de me confectionner un pagne avec des feuilles...et toi vu ton état, nue donc, je te le rappelle, m'est avis que tu vas rester au chaud sous cette couverture cette nuit. Surtout avec tes blessures. Et n'essaie pas de dire non. De toute facon j'ai utilisé des plantes anesthésiantes, tu vas dormir dans à peine dix minutes maintenant. Donc... Wildekat ouvrit la bouche pour protester « Mais je dois rejoindre les autres! J'ai dit que j'allais aider pour les tours. Les anglais veulent les reprendre et je... - ... et tu ne pourras rien faire dans ton état sinon mourir » Elle l'observa en clignant des yeux. Il continua sur sa lancée « ... alors arrête de bouger, mange, bois et dors - Raaaah! mais je déteste etre inutile!! Je leur avait promis que je serais là demain! » La féline ne pouvait cacher une certaine colère. « Tu m'as aidé cette nuit, tu as donc aidé un francais! Tu n'as pas été inutile » Luun commença à se lever, alla chercher la couverture et la mit sur les épaules de Wildekat « Repose toi. Tu en as besoin. Et....médite pourquoi pas, une fois réveillée, cela ne te fera pas de mal non plus. » La féline soupira « Tu es rageant! mais tu n'as peut-être pas tord... je vais me reposer un peu de toute façon je suis extenuée... » Il l'embrassa tendrement sur la joue « oui, mais malgré cela ou à cause de cela, tu m'aimes bien, donc je n'en suis pas mécontent » Wildekat fit la moue et Luun se mit à la chatouiller pour la taquiner « regardez là qui fait la bouille!! » Elle commenca par grimacer puis se mit à rire de bon coeur « Bon, bon, d'accord... mais c'est bien parceque je suis morte de fatigue.. des jours que je passe mes nuits à me battre et mes journées à chercher Tjaard... et je.... » un baillement l'empêcha de finir sa phrase. Luun l'aida à s'allonger et elle s'installa confortablement sous la couverture. « Tu me ramènes des habits que je puisse repartir demain? - Oui promis, ne t'inquiète pas, je serai là avant midi. » Luun lui remit les cheveux en place et la regarda un moment, tandis qu'elle sombrait dans les bras de Morphée. Il se leva alors, après un dernier baiser sur le front, prenant ses armes et un couteau. Il sortit dehors, et au bout d'une heure réussit á se confectionner un pagne avec des feuilles de bananier. Le résultat était plutôt étonnant, mais lui suffira pour être présentable, et se faire voir aux gardes de Port-Louis
Sombre ermite
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Posté le 15/05/2008 à 15:56:51 

Luun marcha un moment avant de voir enfin les murs de Port Louis se profiler devant lui. Il faut dire qu'il faisait tout pour ne pas être vu, peut être même encore plus que d'accoutumée. Non pas qu'il était honteux de sa tenue, très... couleur locale, mais... presque en fait. Il arriva dans le dos d'un garde, peu avant que le soleil ne commence à éclairer le ciel. Il lui tapota sur l'épaule avec son arme à feu et fit un BANG tonitruant. -Tu es mort. L'homme se retourna, surpris, mais pas autant qu'il le fut en découvrant un homme qu'il connaissait fort bien, dans une tenue très particulière. -Monsieur Luun? -Oui c'est moi, cela ne se voit pas? -Eh bien si mais c'est que... -Un souci peut être avec mon mode vestimentaire? -Euh non non, pas du tout voyons c'est juste que... -Les batailles font rages dans les montagnes et mes habits ont été pris par le feu, tu aurais préféré que je vienne nu à toi? Je suis sûr que tes camarades auraient jasé de toi s'ils t'avaient vu avec un homme nu, dans ses bras. -Oh mais vous n'êtes pas dans mes... -Cela peut s'arranger. -nononon! Je vous en prie, n'en faîtes rien. Luun regarda l'homme de garde avec un sourire amusé. Vu sa situation autant s'en amuser non? -Bon tu m'ouvres la porte et tu oublies que tu m'as vu ainsi, et tout ira pour le mieux pour nous deux hein? -Oui bien entendu, attendez passez. Luun se glissa par la porte, et avant que l'homme ne la referme il la bloqua du pied et ajouta avec un sourire sournois: -Tu crois que ta femme serait contente d'apprendre que tu es attiré par un homme? -Monsieur! -Ahah! Ne t'inquiète donc pas, je rigole. Allez bonne fin de quart. Sans plus regarder l'homme qui n'en menait pas si large bien qu'il aurait pu largement rire de la situation, le Loup blanc se dirigea vers l'antre de sa meute et y entra. En ce moment personne n'y était, tous ses hommes (dont une certaine part de femmes) étaient sur les champs de bataille, ici ou là. Il récupéra en vitesse d'autres vêtements, qui bien que vieux et usés lui iraient bien plus que ces quelques feuilles autour de la taille. Il nettoya ses tomahawks aussi rapidement, et les rangea, ressortant sa fidèle rapière. Désormais accoutré convenablement il se dirigea vers les docks pour passer quelques commandes et s'enquérir des prochains bateaux en provenance de certains ports qui devaient s'arrêter prochainement à Port Louis. Cela lui prit bien une heure. Cette tâche finie il alla à la fleur bleue et tambourina à la porte. Il dut répéter ses coups un bon moment avant qu'on ne vienne lui ouvrir, et encore, avec force ressentiment. -C'est fermé Moniseur. -Va me chercher Gaultier, qu'il soit prêt á travailler dans dix minutes. -Mais il dort voyons! -Et bien va le réveiller ou c'est moi qui monte le faire! Luun appuya ses dires avec un lourd regard pour le tavernier, tout en entrant dans le même temps, poussant négligemment l'homme qui se trouvait sur son passage. Il alla s'asseoir au comptoir et bien que regardant la large glace devant lui il reprit: -Il lui reste neuf minutes pour être là avec tissu, ciseaux, aiguilles fils et bobines, mètres et tout ce qu'il veut, MAIS PRÊT À COUDRE! Le Loup semblant plus que décidé le tavernier se mit à courir dans la maison close, montant à l'étage quérir le couturier. Qui arriva cinq minutes plus tard en bas, les poches sous les yeux, sentant l'alcool et puant le parfum de femme, habillé d'une chemise de nuit en dentelle rose, mais avec sous les bras tout ce qu'il fallait pour son travail. -Vous m'avez fait mander monsieur? -Oui l'ami. Tiens prends ce papier. Le tailleur le parcourut rapidement et ouvrit la bouche pour parler: -Ce sont des... -Mesures d'une charmante femme dans le besoin. Il est maintenant six heures passées, pas si loin que ça de sept heures, et tu vas me faire un ensemble à ces mesures, toutes pièces comprises, pour dix heures. -Mais mais... jamais je ne pourrais seul finir dans ces temps. -Et bien demande à Lise ou je ne sais laquelle de ces filles de t'aider! Mais je veux ces habits pour dix heures! Alors au lieu de rester là à avaler des mouches, bouge toi donc! Jean Paul repartit aussi sec et peu après on put entendre un remue ménage du tonnerre à l'étage. Luun commanda au tavernier une bouteille de rhum, qu'il se mit à boire histoire de ne pas se montrer totalement rustre. La maîtresse de maison arriva d'ailleurs sur ces entrefaits et s'accouda à côté de lui pour engager la conversation. -Monsieur a un souci? - Bonjour ma dame. Moi pas vraiment, mais j'ai une amie qui se retrouve fesses à l'air en plein milieu de cette fichue guerre à cause d'un rude combat. Et en temps que gentilhomme je me suis empressé de venir chercher notre meilleur couturier pour décemment habiller sa si belle anatomie, que je ne voudrais point voir dévoiler aux yeux de ces anglois sans manières. -La situation semble cocasse dite ainsi, mais la pauvre dame ne doit pas en rire. -Non pas véritablement il est vrai. Je vous prie de m'excuser d'avoir ainsi dérangé votre sommeil, mais vous devez comprendre que nous n'avons guère de temps devant nous, et donc comprendre mon empressement. -Certes, certes. Mais cela aura un prix... -Bien entendu, et je ne serai pas avare. Je saurai féliciter votre aide et sa rapidité comme il se doit. La femme, dont les charmes n'étaient plus ceux qui lui avaient permis de se faire un nom, mais qui savait jouer de ses habits et maquillages pour encore tromper l'âge, lui sourit et après s'être inclinée légèrement, repartit s'occuper de ses filles. Luun prit la bouteille de rhum en main et commença à se lever. -Je vais la finir chez moi. Un peu avant que tout soit prêt envoie donc un garçon me chercher. -Bien monsieur. Le tavernier encaissa l'argent du et continua sa tâche sans plus regarder l'homme qui quittait son établissement. La routine reprenait. Luun passa les heures suivantes dans ses appartements, à vérifier divers pots et parchemins, ainsi qu'à écrire nombre de courriers, profitant de ce passage dans sa ville pour refaire le plein d'encre et bandages. Un peu après neuf heures trente un page frappa à la porte de la maison de guilde. Luun prit ses affaires et partit à la fleur bleue avec une bourse contenant une assez jolie somme. Il récupéra le tout nouvel ensemble dont il apprécia la coupe et repartit aussi sec retrouver Wilde.
Alice, Princesse Gardienne de Nollandie
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Posté le 15/05/2008 à 17:24:18 

Luun revint, une heure environ avant que le soleil n'atteigne son plus haut point dans le ciel. Il entra dans la caverne et donna un paquet à Wildekat, qui était tout juste réveillée « Tiens, faits sur mesure en vitesse... » Il avait remit ses vieux habits de coureur des bois en attendant d'avoir une nouvelle tenue. Wildekat ouvrit le sac et sortit des habits de facture Française. Elle les déplia délicatement et passa sa main sur le tissu qui était soyeux et propre. « Merci Luun, je pense que ça va m'aller. » Tout en parlant elle se leva, laissa tomber la couverture qui reposait sur ses épaules et enfila la chemise, puis le pantalon. Elle tourna sur elle même « Voilà! comme un gant! » elle sourit, l’air taquin « tu as l'oeil on dirait! - Ma foi, pour un forgeron avoir l'oeil des dimensions et des lignes et courbes, c'est plutôt important... Cela te change...mais te sied vraiment bien je trouve. Très charmante - hi hi hi! regarde, on dirait que je suis Française! Si Ric me voyait!! » Elle avait une fois de plus parlé trop vite. Au nom de Ric, son regard s'assombrit mais elle se rattrapa immédiatement « enfin... si mes frères me voyaient surtout… » Elle se mit à lacer le chemisier aux couleurs bleutées. Luun lui sourit doucement « Un ami te voit... » Elle leva les yeux vers lui et esquissa un sourire « c'est vrai... » Elle finit le laçage et attacha ses cheveux noirs avec un ruban bleu lui aussi « Alors ça me va bien? - Je me répète mais oui, très bien. Cette fois pas question de ne pas te faire taper dessus par les anglais, tu portes nos couleurs. Penses y avant d'approcher qui que ce soit. - Exact... cela dit je n'ai pas caché aux anglais que je participais à la guerre, au contraire, je l'ai crié sur leur place publique, ils sont plus que prévenus... alors pour ces guerres, Française, Espagnole ou Hollandaise, je n'ai qu'un ennemi et il porte la couleur du sang..... - Certes, mais même tes amis hollandais pourraient avoir du mal à te reconnaître de loin. Prends y garde - Hm... ce n'est pas tout à fait idiot. Surtout qu'il y a bien un ou deux Hollandais chez moi qui ont décidé de se battre contre les Français… je ferai attention, ne t'en fais pas. Elle s'approcha de Luun « Est-ce que je peux t'aider pour ce... » elle sembla chercher le mot approprié un instant, puis se décida « …problème que tu as? - Bien bien...écoute j'ai passé commande....je serais prêt d'ici cinq jours. Si tu le veux, retrouve moi ici dans cinq jours.....si jamais tu arrives trop tard je te laisserai un plan pour me rejoindre. Cela te convient? - Bien sur. Cinq jours. Je serai là. Si je ne suis pas là, c'est que... hé bien c'est que ces maudits anglais auront eu ma peau. En disant cela, elle attrapa son sac et le balança sur ses épaules « Fais attention à toi Luun. Vraiment. - Tu te démerdes tu seras là. Compris? » Elle s’arrêta et sourit « Tu me donnes des ordres maintenant? Fais attention, je n'aime pas bien ça » Elle ajouta un clin d'œil en tirant la langue, amusée « …et pourquoi pas? Tu es française là non? donc...en tant que nouvelle recrue tu te mets au pas ! » Les yeux du Loup riaient et Wildekat sourit à la remarque. « hé hé hé… Luun, j'aurais beau porter toutes les tenues bleues du monde, les rubans au couleur de votre Roy et des robes à faire pâlir d'envie la Reine, je resterai toujours Hollandaise. Amie de la France, certes, mais Hollandaise… » Elle fit un clin d’œil à Luun « Ne t'inquiète pas, je te charriais, mais prends soin de toi au lieu de foncer tête baissée....Tjaard n'aimerait pas te voir ainsi ne pas faire attention à toi. - Mais je te taquine. Je n'ai pas peur des anglais.... c'est eux qui devraient avoir peur. Je n'ai jamais été aussi déterminée à leur faire goûter mes griffes.... et il y a des choses qui m'effraient beaucoup plus que des misérables gros anglais tout mous sur cette île… A l’évocation du nom de son lynx, elle sentit un pincement dans son cœur « Tjaard... je ne sais même pas si il m'entend... » elle soupira « Je te dis que si.... tant que ton coeur battra....et que tu restes vivante » La féline lui sourit faiblement « Merci Luun. » elle lui prit la main et la serra dans la sienne « fais attention à toi.... je serai la dans cinq jours. » Luun l'attira contre lui et la serra dans ses bras avant de l'embrasser. « Prends soin de toi » Wildekat examina le loup en souriant avant de partir. Il lui rappelait vraiment son frère…. « A dans cinq jours Luun....! » - Oui, et arrête de me reluquer, je vais finir par croire que tu en veux à mon corps, hi hi hi ! - pfffff!! idiot va! - ….joueur - Des fois je joue en rentrant les griffes... des fois pas… » Leurs yeux riaient, ils ne faisaient que se taquiner, fraternellement. « Intéressant... allez file ! Je fais le ménage et je retourne aussi sur le champ de bataille. On se croisera peut être ! » « Peut être... qui sait… à bientôt Luun! -A bientôt, féline ! » Luun partit éteindre le feu, remettre tout en place, retirer les cendres et refit le plein de bois sec, puis enfin reprit la direction des combats. Les anglais allaient sentir sa lame, cela il était prêt à le parier.
Sombre ermite
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Posté le 16/05/2008 à 15:10:50 

Luun n'était pas là quand Wildekat revient au jour prévu. Mais une carte lui avait été laissée pour qu'elle le rejoigne, beaucoup plus haut dans la montagne. Une longue marche á dire vrai, difficile qui plus est, devant passer par des endroits où l'on ne pouvait mettre qu'un pied en largeur,sur un sol pas tout à fait stable. Le lieu était une petite grotte à flanc de falaise.... La nuit étend son voile dehors sur Liberty. La guerre fait rage encore ce soir, les deux ennemis de toujours, bleu franc et croix rouge anglaise volent ici et là, souvent teintés de rouge sang. La poudre vole et explose, le fer taillade et chante. Les blessés pleurent leur douleur, les vivants pleurent les morts. Une nuit comme une autre sur Liberty. Malheureusement. Mais ce soir cela n’atteint pas Luun. Le jeune corsaire français vient de réaliser il y a peu ce qu’il lui arrive. Ce ne fut pas aisé, encore moins sans douleur. Toutefois il ne pouvait que remercier la panthère son amie, car sans elle il errerait certainement encore, perdu dans les limbes tourmentées de son esprit. Il lui a fallu quelques temps pour regrouper ce dont il avait besoin. La guerre n’aidait pas à obtenir les objets ou denrées dont il avait besoin, encore moins de manière anonyme. Il lui avait fallu attendre entre autre un nouveau ravitaillement en provenance du nouveau monde. Par chance ils avaient avec eux ce qu’il recherchait. Et ce soir, dans une caverne guère plus grande en fait qu’une excavation sur le flanc sud des rocheuses de Liberty, il prépare son esprit à un long voyage. Luun n’a pas perdu la tête non, mais son esprit est confus. La bête et l’homme jouent un combat en lui depuis des semaines. Cette instabilité l’a épuisé, amené à perdre conscience de ses actes, de son environnement. Tout cela à cause du sang. Le sang appelle le sang. Cet adage est vieux comme le monde et toujours aussi vrai aujourd’hui qu’il y a des millénaires. Bien malheureusement. En temps normal le français est plutôt quelqu’un de calme et doux, mais ce mois dernier l’a vu être plus bestial que n’importe quelle bête présente sur l’île, plus sauvage que le plus libre des animaux de ce centaines d’hectares. Le sang appelle le sang. Cela était parti de rien, aux yeux de certains. Juste une attaque, une de plus ici aurait-on dit. Mais pour le corsaire aux yeux d’or, celle-ci n’avait rien à voir avec les autres subies jusque là. Ce soir-là… Ce soir-là la Main Noire avait frappé. Une nouvelle fois, mais pas comme d’habitude. Cette fois elle avait frappé en pleine ville, de New Kingston. Là où ils sont le plus influents certes, mais d’une manière que personne n’avait jamais osé entreprendre. Ce soir-là ils avaient assassiné leur gouverneur, ou tenté car elle mourut en réalité plus tard. Laissant pour mort dans le même temps son amant…Luun. La manifestation pour Bouyoul dans les rues alentours et son tumulte prononcé avaient caché leur méfait réalisé à l’étage de leur Coffee Shop. Heureusement pour le bretteur une servante avait fini par venir pour prendre leurs tasses, et avait appelé au secours. Envoyé rapidement chez les siens les infirmières avaient pu le remettre sur pied bon gré mal gré. La pauvre Ching Shih n’avait eu la même chance. Depuis cet assassinat Luun vouait une haine sans nom à l’encontre de ces hommes qui avaient perpétré si sombre ignominie. Mais le sang enragé qu’il véhiculait le rongeait de l’intérieur, réveillant une chose en lui qu’il aurait mieux valu laissée cachée à jamais. Et c’est ainsi qu’il s’était retrouvé à frapper et tuer, même ses amis parfois. Il se réveillait au matin, leur sang sur les mains. Un véritable cauchemar pour le jeune homme, qui ne pouvait plus rester aux côtés des siens sous peine de risquer leur vie par sa propre faute. Mais il avait oublié d’où venait cette bête. Il n’entendait plus ses gémissements en lui, il ne comprenait plus ses grognements lancés pour l’alerter. Il s’était oublié. Il avait rejeté un passé trop lourd à porter. Aujourd’hui il était temps de se retrouver. De tirer un trait sur cette vie laissée derrière lui, sur ces crimes commis. Il devait en porter le poids, pas oublier sa propre part de malin. Il devait assumer, non pas nier. Luun avait apporté des herbes de différentes natures ici : certaines avaient étaient broyées pour concocter une mixture à avaler, d’autres brûlaient dans le feu devant lui, certaines enfin frottées sur sa peau avaient laissé un fluide à sa surface. Assis en tailleur, nu, il tenait un petit tambour formé d’un cylindre de bois clair sur lequel était tendue une peau de bête traitée. Le jeune français se mit à frapper régulièrement la peau, chantant à voix basse une litanie envoûtante. Sa conscience se faisait plus complète : il sentait chaque poil hérissé par le vent frais le frôlant, chaque grain de sable porté jusqu’à lui ; entendait chaque glissement de reptile, chaque battement d’aile des oiseaux nocturnes, chaque détonation ou fer tiré. Ses sens s’aiguisaient de plus en plus et il embrassait le monde, se fondant en lui, perdant son individualité, devenant part de cette vie, infime portion de ce tout.
Sombre ermite
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Posté le 16/05/2008 à 15:17:37 


Le rythme changea graduellement, lentement : les coups de plus en plus sourds et espacés, pour l’amener à un nouvel état de transe. Il se reformait. De ce monde si complet il extrayait fragment par fragment les différentes parcelles de son esprit, de son âme, et de son corps. Il naissait à nouveau, redonnant forme à ce qu’il était, revivant chacun de ses souvenirs, ressentant chacune de ses blessures passées, mais aussi chacune des joies connues. Cela dura longtemps car il ne lui fallait rien oublier, et l’effort à fournir était important si bien qu’il ruisselait de sueur. Mais cela, il n’en avait pas encore conscience. Il était presque lui-même, mais encore intégré au grand tout. Encore lié au battement de coeur de Gaïa. Il devait maintenant s’en extraire. Retrouver son être particulier.

Le rythme changea donc une seconde fois, reprenant de l’ampleur, de la force, de la vitesse. Et sa voix se faisait dans le même temps plus ferme et plus forte. Bientôt elle emplit la roche d’une onde vibrante, faisant frissonner les petits êtres qui l’habitait. Désormais formé, dans un corps aux contours définis, il se détachait de la trame de la roue de la vie. Il devenait une goutte dans la rivière, toujours part d’un tout, mais connaissant son individualité et capable de l’utiliser, de la ressentir, de se sentir. Il était Homme, il était Loup, l’un et l’autre et non pas l’un ou l’autre. Il ressentait sa dualité et en formait un seul et même
être. Et tandis qu’il réalisait cette symbiose entre ses deux soi, le masque chamanique s’étendit sur lui : Son visage pris la forme de celle du Loup, ses épaules saillirent et ses membres supérieurs se modifièrent de concert avec son buste, allant jusqu’à avoir crocs et griffes, poils et truffe. Il devenait un Homme-Loup, au poil d’un blanc parfait. Son chant devenait un hurlement, un long appel vers sa mère Lune. Il entrait en contact avec la totalité de son être, découvrant un nouvel état de conscience, comprenant mieux qu’auparavant qui il était. Et il se modifia encore, ses poils se couvrant d’une nouvelle pigmentation, des sortes de tatouages se formant en leur sein, le pouvoir se formant entre ses mains. Ses blessures récentes, datant du combat avec Wildekat, se refermèrent lentement, ne laissant aucune trace. Les plus anciennes gravèrent uniquement un fin sillon sur sa peau. Seule restait la cicatrice sous son oeil gauche, seule marque de ce combat sauvage mené entre ces deux bêtes au faciès humain.

Le rythme ralentit à nouveau, ses traits redevinrent peu à peu humains, son chant dans sa bouche mourut. Il était à nouveau lui, complet et serein. Son esprit ne risquait plus de se perdre, il était plus fort que jamais. Lentement il ouvrit les yeux et observa cette île qu'il redécouvrait. Ses yeux vibraient comme jamais, l'or de ses pupilles d'une pureté incomparable. Il passa sa langue sur ses longues canines et sentit alors la faim qui le ceignait. A côté de lui, le soleil se levait.

Alice, Princesse Gardienne de Nollandie
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Posté le 19/05/2008 à 11:23:27 

Wildekat avait été profondément bouleversée par le comportement et l'attaque de Luun, qu'elle avait toujours apprécié. Elle l'appréciait d'autant plus qu'elle se retrouvait parfois en lui, possédant elle aussi un caractère sauvage parfois à la limite de l'inhumanité... et c'était justement là que résidaient ses craintes. Où demeurait cette fameuse limite de l'inhumanité? Y avait-il d'ailleurs une limite à l'inhumanité? Après tout, l'Homme était un animal comme un autre, et avait déjà prouvé qu'il pouvait se montrer plus vicieux que n'importe quel animal sur Terre. L'Homme était mauvais, avait l'esprit inné de vengeance, la soif de sang, de pouvoir et d'or. Oui, parfois l'Homme était plus sauvage que l'animal sauvage... mais l'Homme gardait un certain pouvoir sur son âme, une force de décision, que l'animal n'avait pas. Là où l'animal agit par instinct, l'homme agit par code de conduite. Là où l'animal agit par nécessité, l'homme agit par cupidité. La limite existait donc, et même si elle était floue, Wildekat sentait bien qu'elle l'avait elle-même outrepassée ces dernières semaines. Le combat avec Luun lui avait ouvert les yeux sur ce qui pouvait lui arriver si elle laissait la bête prendre le contrôle sur son âme. Ce que Luun avait fait, elle aurait pu le faire. La seule pensée de s'en prendre à des innocents la fit frissonner, et lui rappela ces jours où Arathza menait son coeur et ou elle n'était que l'ombre elle-même, spectatrice de son comportement. Avec la Panthère, c'était différent. Personne ne prenait le contrôle sur son coeur: Wildekat était la Panthère, tout comme la Panthère était Wildekat. Il lui fallait "seulement" apprendre à maîtriser les deux faces, faire cohabiter les deux entités pour les réunir et n'en faire qu'une. Il fallait surtout accepter que la Panthère Noire aie sa place dans le coeur de Wildekat, qu'elle y soit tout aussi légitime que Wildekat elle-même, et c'était cette acceptation qui allait lui prendre du temps. Accepter la bête sauvage tout en la contrôlant. Accepter les divers sentiments qui naissaient dans son coeur, tout en les utilisant pour construire et non pour se détruire. La Panthère avait encore un long chemin à faire, mais ce soir, elle allait comprendre ce qui aurait dû être une évidence depuis bien longtemps... Wildekat retrouva Luun dans une caverne rocheuse, au flanc des montagnes sur les terres Françaises. Dehors la guerre faisait encore rage, et elle avait croisé plusieurs patrouilles Françaises et Espagnoles avant d'arriver à destination. Wildekat s'était engagée dans la guerre aux cotés des ennemis d'Albion, mais ce soir, elle ne prendrait pas part aux guerres humaines. Ce soir, c'est à une autre guerre qu'elle assisterait, une guerre beaucoup plus personnelle et intime : celle de la bête sauvage sur l'homme. A l'odeur, elle su que Luun était déjà là, mais elle perçut aussi des odeurs inconnues d'herbes broyées et brûlées qui émanaient de l'intérieur de la grotte. Elle pénétra discrètement et marqua un temps d'arrêt lorsqu'elle le vit. Il était nu, comme le soir de leur combat quasi-mortel, assis en tailleur, et chantonnait presque dans un murmure, des mots dans une langue que Wildekat ne connaissait pas. Ils s'étudièrent quelques secondes, les bêtes se scrutant, puis se reconnaissant, s'assurant que ce n'était point l'ennemi qui avait pénétré dans l'espace étroit et intime de la grotte. Wildekat s'installa alors dos contre le mur, les jambes repliées et n'émit aucun son qui aurait pu gêner la cérémonie de Luun. Elle ne le quittait pas des yeux. A la lumière du feu, elle remarqua que les traces de leur combat étaient aussi présentes sur le corps du Loup que sur son propre corps : des entailles profondes et des ecchymoses marquant ça et là sa peau si blanche. Le rythme du tambour devint plus lourd, plus profond, et Luun commençait à être trempé de sueur. Wildekat eu l'espace d'un instant, l'envie d'aller le secourir, car il semblait souffrir, mais son instinct lui dicta de ne pas bouger d'un poil, et de laisser le Loup renaître dans et par la Terre. L'espace semblait s'être agrandi, les murs de la grotte avaient disparu, pour laisser place à une immensité qui englobait les mers, les océans, les forêts, les montagnes, les Hommes, les animaux, les continents... tous ces éléments étaient présents mais impalpables, indissociables. La sensation était étrange, nouvelle, rassurante... Wildekat ressentit une douce chaleur naissant dans le bas ventre et irradiant petit à petit toutes les particules de son corps, elle ne sentait plus ses membres en tant que tel, mais trouvait son âme dans chaque atome de son corps. Elle vit alors Luun changer d'aspect, devenir Loup, puis Homme, mais rien ne semblait moins naturel à la féline, qui s'attendait à un tel changement, et qui le vivait elle aussi, à sa manière. Le Loup et l'Homme ne formaient plus qu'un. Luun avait trouvé son équilibre, la symbiose semblait parfaite, et c'est à cet instant que Wildekat comprit... ...il n'y a pas de limite à l'inhumanité ...il n'y a pas de limite à l'humanité ...il n'y a pas de limite à l'âme ...il n'y a pas de limite au cœur …la seule limite qu'il y a est celle de l'enveloppe charnelle. Wildekat était Panthère, Wildekat était Femme. Il lui fallait trouver le ciment de ces deux composantes, afin de trouver sa propre symbiose, comme Luun venait de le faire. La réponse s'imposa d'elle-même. Son "ciment", elle l'avait eu sous les yeux depuis longtemps, sans vraiment le comprendre... d'un coup, elle se leva. Elle savait ce qu'elle avait à faire. Tout était limpide, après des semaines de doute et de trouble, de silence et de souffrance. Elle s'approcha de Luun, et esquissa un sourire. Il avait changé d’apparence, sans pour autant changer en essence. Il était plus beau, plus effrayant, plus sûr de lui, plus... Luun. Il était en fait aujourd'hui plus que jamais Luun. Wildekat passa délicatement son index sur la fine cicatrice blanche qui fendait le visage de Luun sous son oeil gauche. Ils s'étudièrent un moment, une seconde, ou une heure, peu importait, puis Wildekat se hissa sur la pointe des pieds et déposa un baiser sur la joue gauche de Luun, à l'endroit où elle avait laissé cette cicatrice quelques jours auparavant. « Merci Luun » La Panthère quitta ensuite la caverne, se dirigeant vers son destin, à la recherche de son "ciment".
Sombre ermite
Sombre ermite
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Posté le 21/05/2008 à 19:43:31 

Luun mit un moment avant de se remettre du rituel. Il finit toutefois par se rhabiller et récupérer ses affaires, éteignant le feu, dispersant les cendres. En sortant il regarda la lune qui commençait à descendre dans le ciel. Il se sentait bien. Cela faisait longtemps. Et ceci grâce à Wildekat en grande partie. Le destin... devait-il y croire? En tout cas les choses s'étaient déroulées de telle façon qu'il était encore là et apte à reprendre ses responsabilités. Il allait devoir reprendre sa vie, mais après tout, avait-il vraiment voulu la mort? Probablement pas. Autant vivre donc, quitte à souffrir.
 

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