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La dure formation d'un bretteur  
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Sombre ermite
Sombre ermite
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26/08/2006
Posté le 20/01/2008 à 23:45:57 

Le soleil se levait sur Liberty, se dévoilant lentement sur ses terres, montant avec force les montagnes de l’île avant de se jeter sur les pentes des autres versants. L’air était chaud, presque dénué de vent, difficile à supporter pour ceux qui n’y étaient pas habitué. Or ce matin là allait commencer la formation d’une jeune française, habitante de l’île depuis désormais quelques mois. Sélène Kerlennec était arrivée sur Liberty seule et désemparée, déjà lasse de sa Bretagne natale. Or il se faisait qu’un autre breton se trouvait dans la colonie, un homme des Loups d’Azur : Luun. Le hasard fit qu’ils se rencontrent rapidement après son arrivée du vieux continent et, pour une raison ou pour une autre, qu’il la prenne plus ou moins sous sa protection. Il l’aida à s’adapter à cette nouvelle vie, à sa manière, lui fournissant quelques conseils et un peu de matériel, mais sans jamais la couver. Il parut peut être même dure à celle-ci certaines fois. Mais le temps passant elle se retrouva néanmoins à intégrer la même guilde que lui, attirée peut être par la chaleur que pouvait dégager les membres de la meute, certains pour le moins. Elle commençait à s’habituer à l’île selon lui, mais elle avait encore à faire avant qu’il ne puisse la voir vagabonder de ci et de là sans trop craindre pour sa vie. Et justement, l’un des meilleurs moyens de l’aider était plausiblement de lui apprendre ce qu’il savait, de la former à l’art de la rapière, lui inculquer ce qu’il en savait, lui apprendre à embrasser cette voie dans toute sa splendeur et complexité. C’est pour cela qu’il l’avait emmenée au milieu de la forêt centrale de l’île, quelque part perdu dans les méandres de la végétation, dans un lieu caché et quasi jamais fréquenté, si toutefois il était connu d’autres. Cet endroit était simple : une petite clairière plane, entourée de la forêt tropicale. Luun se dirigea vers quelques rochers à la lisière de la forêt et y déposa ses affaires, tout en en sortant une toile de tente qu’il monta immédiatement. Un peu plus loin, quoique cela soit difficile à juger, devait se trouver une rivière car le bruit d’une eau courant dans un lit se faisait entendre. Sélène était au milieu de la clairière, tournant sur elle-même et observant ce lieu nouveau. Luun l’appela d’un signe et lui fit poser ses affaires avec les siennes puis lui demanda de se déshabiller un peu. Un pantalon et une chemise serait bien tout ce dont elle aurait besoin pour s’entraîner. La laissant faire il alla dans la clairière balayer les herbes et feuilles mortes ou sèches, ainsi que du sable. Il découvrit ainsi une surface qui n’avait rien de naturel : le sol avait été retouché, gravé en quelque sorte, de symboles et lignes, le tout formant un cercle d’entraînement. Visiblement le corsaire n’en était pas à sa première utilisation et il avait du passer du temps d’ores et déjà pour préparer tout ceci. Sélène approcha, restant à l’extérieur du cercle, par respect ou peur, il lui était difficile de le savoir, mais était content de la voir ainsi réagir, sans qu’il ne le lui montre toutefois. Sa voix s’éleva, douce et basse, mais sûre et implacable, brisant le silence relatif de la forêt. Tu as voulu suivre ma voie, celle du bretteur. Tu as voulu embrasser la rapière, et je vais t’apprendre à devenir son amante. Cet art n’a rien d’un simple combat, ou d’un sport. C’est une manière d’être, de vivre et sentir les choses. Avant même de pouvoir espérer manier correctement une lame tu dois forger ton corps et tremper ton esprit. Si l’un et l’autre ne sont pas acérés, tu ne pourras jamais tirer d’une épée ses capacités, quand bien même son fil fût le plus coupant possible. Ici je vais donc tenter de t’offrir tout ceci. Cela ne sera pas simple, ni indolore. Tu devras serrer les dents et ne jamais laisser ta volonté fléchir. Tu devras réaliser ce que je te demanderai, sans sourciller. Et quand tu seras prête alors nous entamerons ton apprentissage de la rapière. En attendant pose donc tes armes, tu n’en as pas besoin. Il se retourna et fit quelques pas dans le cercles, apparemment simples mais pourtant ils semblaient suivre un schéma précis. Les mains croisées dans le dos, le regard plongé quelques pas devant lui il continua à lui parler sans la regarder, tourné de profil vers elle. La première force d’un bretteur est son agilité, sa capacité à se déplacer vite sans jamais perdre de vue la lame de son adversaire, et cela sans jamais perdre son équilibre. Quelque soit sa situation ses mouvements doivent l’amener dans une position stable et lui permettant d’attaquer comme de défendre. La majorité de cette capacité repose sur tes jambes, mais si tu ne penses pas au reste de ton corps alors qu’importent qu’elles soient solides et puissantes, jamais elles ne pourront te porter là où il faut et comme il le faut. Ce sont tes épaules qui permettent la rotation du buste, c’est ta tête qui suit l’adversaire. L’un et l’autre doivent être dissociés, mais conserver un mouvement commun. Tes yeux ne doivent jamais quitter ceux de ton adversaire plus d’une fraction de seconde. Tes bras eux servent à équilibrer et à augmenter ta vitesse. De même que si tu es trop fermement les pieds ancrés dans le sol, si tes bras restent fixes et ballants tu perdras en précision vitesse, et même force. Ton énergie doit partir d’une extrémité de ton corps, passer par lui et finir par sortir à une autre extrémité une fois après avoir mobilisé la totalité de tes membres. Nous pouvons parler de notre corps en l’analysant comme différentes structures reliées ensemble par les articulations, mais il faut surtout le voir comme une seule entité ayant plusieurs axes de rotation. La rotation est la clef de notre savoir. Tous nos mouvements passent par un cercle, même ceux se déroulant en ligne droite. Il lui donnait là de nombreuses informations, difficiles à retenir et comprendre en l’instant. Il le savait et ne s’en souciait pas. Elle comprendrait au fur et à mesure, assimilerait pas à pas. Sans s’en rendre compte au départ. Ce serait son corps qui apprendrait et ensuite elle pourrait consciemment réaliser les secrets cet art. Il était presque certain qu’elle y arriverait. Il l’avait observée jusqu’ici, regardant l’évolution de son corps, de ses mouvements, de ses combats. Et il avait content de voir que sa première impressions sur elle soit la bonne. Elle ne serait pas l’une de ces brutes abattant sa lame avec toute la force dont ils étaient capables, mais sans y mettre une once de réflexion et incapables de faire autre chose que charcuter. Ceux qui étaient comme Luun criaient au scandale en voyant de telles personnes ainsi utiliser une épée, ou quelque lame que ce soit. Aucune finesse, aucune dextre, aucun art…..aucun talent. Et il était heureux de voir la petite bretonne souhaiter rejoindre cette voie. Son entraînement commençait déjà, avant même qu’elle ne fasse quelque chose. Ecouter et assimiler ce qu’il disait était la première étape de son apprentissage. Mais pas le dernier… Bien ! Nous allons donc faire de toi un être aussi gracieux et agile qu’un chat ! J’espère que cela te conviendra ? Première leçon : les jambes ! Et son entraînement commença plus sérieusement, durant la majeure partie de la journée, jusqu’à la nuit, sans presque d’interruption et formé de différents exercices aussi simples mais épuisants que la course en montagne et au milieu de la flore locale, que compliqués et précis comme celui où elle avait les mains attachées dans le dos et devait esquiver les coups portés par Luun à l’aide d’un bâton tandis qu’elle se trouvait sur un rocher au milieu de la rivière. Il n’était ni doux ni amical. Il la traitait aussi durement qu’il l’aurait fait avec un homme, prêt à la blesser si elle n’arrivait pas à éviter d’elle-même les coups ou chutes. Mais une fois la journée terminée il préparait lui-même leur repas et s’occupait de ses blessures, l’aidant à se soigner et massant ses muscles endoloris. Il l’aimait et pour lui cela se montrait autant dans la gentillesse qu’il lui fournissait avant le coucher, que la difficulté qu’il donnait à sa formation. Il était Loup et cela se ressentait dans sa manière d’être : un louveteau ne devient pas loup grâce aux coups de langue de sa mère, il le devient par les chutes qu’il fait et les combats qu’il suit, sans jamais subir moins qu’un adulte. La vie est dure, c’est une réalité. Et les artifices de l’homme ont beau le cacher, certains le comprennent encore et fonctionnent toujours selon ce schéma. Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. C’était là aussi l’une des leçons qu’elle apprenait de lui.
Sélène Kerlennec
Sélène Kerlennec
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Posté le 20/01/2008 à 23:47:32 

Sélène avait bien compris en suivant Luun dans la forêt que cette journée ne serait pas comme les autres. Quelque chose dans l’attitude du Loup Blanc l’avertissait que c’était important, elle avait donc mis tous ses sens en éveil et observait ce qui se trouvait à portée d’ouïe, de vue et de nez avec plus d’intérêt qu’à l’accoutumée. Son frère de meute l’avait emmenée dans une petite clairière, un lieu splendide et très particulier. Il émanait quelque chose de cet endroit mais la jeune fille n’arrivait pas à mettre le doigt dessus. Luun la laissa regarder tout autour d’elle, puis la fit se défaire de la plupart de ses vêtements et de l’intégralité de son équipement. Il se lança alors dans un grand discours sur l’art de la rapière tandis que Sélène l’écoutait et surtout l’observait avec attention, légèrement en dehors du cercle. Elle l’observa très attentivement pendant qu’elle l’écoutait, car son corps accompagnait ses paroles bien qu’il restât fixe en apparence. Elle rangea soigneusement toutes les informations qu’il lui donna dans un coin de sa mémoire, sachant pertinemment qu’elle devrait s’en imprégner et être capable dans un combat d’appliquer ses dires. Le reste de la journée fut particulièrement éprouvant pour Sélène : elle qui avait vécu toute son enfance sous la protection d’un papa-poule et qui ne devait ses vagues talents actuels à la rapière qu’à sa faculté rapide d’apprentissage et à sa mémoire exercée se retrouva à faire plus d’efforts physiques en une seule journée qu’en un mois auparavant ! Elle se maudit intérieurement de n’avoir pas prêté plus d’attention que cela à sa condition physique. Elle crachait ses poumons en courant dans les bois sous les exhortations de son professeur, son perroquet asthmatique l’observant de loin en riant sous cape : chacun son tour ! Elle découvrit aussi à ses dépends que tomber dans l’eau d’un torrent les mains attachées dans le dos pouvait s’avérer fort problématique et s’appliqua plus que jamais à éviter les grands coups de bâton que Luun lui assenait. Surtout que qui disait chute dans l’eau disait muscles refroidis de façon soudaine, donc perte momentanée de contrôle sur ses muscles, et surtout eau dégoulinant sur le rocher sur lequel elle devait remonter pour la suite de l’exercice. Au final elle se retrouva la nuit tombée complètement fourbue et peu satisfaite d’elle-même, mais pas découragée pour un sou. Lorsqu’ils revinrent au campement improvisé elle se défit machinalement de ses habits trempés, ruminant en elle-même la journée passée, essayant d’en tirer le maximum d’informations sur ses erreurs, ses points forts et ce qu’elle devrait faire pour progresser la journée suivante. Ce faisant elle avait oublié la présence de son professeur et s’était donc changée à moins de deux mètres de lui sans sourciller. Elle ne se rendit compte de la chose qu’en essayant de comprendre le sens d’une phrase qu’il avait dite ; elle bloquait dessus et se retourna d’un bloc pour le questionner lorsqu’elle resta la bouche ouverte comme une carpe hors de l’eau, tout son esprit lui faisant lourdement sentir qu’elle venait de se dévêtir devant un homme ! Elle devint d’un joli rose, bredouilla beaucoup et finit par s’asseoir devant le feu en tentant de cacher son visage cramoisi. Le Loup ne sembla pourtant pas lui tenir rigueur de ce petit incident et après le repas s’occupa même de la masser et de l’aider à soigner les quelques égratignures et bleus qu’elle avait récolté pendant la journée. Trop se dit-elle. Il lui fallait préserver son intégrité physique si elle voulait servir à quelque chose une épée à la main. Elle se promit de redoubler d’attention le lendemain, quoi que puisse lui faire faire son professeur. Ce qui n’alla pas sans mal, puisqu’il la leva avant même le lever du soleil, et que la jeune fille n’était pas ce que l’on appelle matinale…
Sombre ermite
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Posté le 25/01/2008 à 00:21:08 

Luun avait veillé une bonne partie de la nuit, dormant peu comme à son habitude, mais encore moins que d’accoutumée. Il regardait Sélène dormir, cette jeune femme qui avait autant de réaction d’enfant que de femme adulte. Il avait bien ri intérieurement lorsqu’elle s’était dévêtue presque devant lui. Pour sûr Ching aurait fait une crise si elle l’avait su. Lui, cela ne le faisait qu’à peine réagir, ne voyant rien d’autre en Sélène que sa filleule, une future louve peut être mais pas la sienne pour autant. Le ciel étoilé était un réconfort pour lui, plus certainement que n’importe quel toit de maison. Il se sentait plus chez lui en pleine forêt qu’au sein des murs d’une ville. Il était ainsi, probablement un reste de ses voyages passés. Le matin arriva et lorsqu’il réveilla la louvette il avait préparé le déjeuner et la pressa de manger afin d’attaquer au plus vite la seconde journée d’entraînement. Il n’avait que peu de temps à lui offrir pour l’instant, et il devait en quelques jours lui inculquer les bases de travail qui lui permettraient de s’améliorer seule, jour après jour, sans même qu’il ne soit là pour suivre son entraînement. Il préfèrerait certes continuer à la chaperonner, mais les choses étant ce qu’elles étaient il savait bien qu’il ne serait pas si souvent que cela auprès d’elle. Sa seconde leçon se basait sur l’utilisation des bras et des mains. Elle avait eu la veille de quoi sentir l’importance de ses jambes, mais là elle devrait compter sur son buste et ses membres supérieurs. -Bien. Nous avons donc appris l’importance d’un bon équilibre, de jambes sûres et de pieds agiles. Mais seuls ils ne permettent que peu de choses en fin de compte. Il est très aisé, pour quelqu’un qui maîtrise parfaitement son corps, d’amplifier de mille fois l’avantage octroyé par un bon équilibre. Car en réalité le mouvement des jambes ne part pas des hanches, mais des épaules. Et le mouvement des bras permet d’accélérer encore leur déplacement, leur faciliter la tâche et accroître tes appuis. Aujourd’hui tu vas donc travailler sans nulles entraves, et je t’attaquerai au niveau du buste de mon bâton. Tu ne dois jamais le toucher, tu dois seulement penser à esquiver. Mais avant d’attaquer cet exercice, une petite course pour se réveiller ! Et pense à tes bras alors, car même sur quelque chose de visiblement aussi simple qu’une course en forêt ils ont leur importance. Et ils recommencèrent son entraînement, Luun partant et forçant la course, obligeant Sélène à le suivre quitte à en perdre haleine. Plus il la sentait capable de résister à l’effort et plus il augmentait la cadence, l’amenant à une vitesse soutenue, surtout en plein milieu d’une forêt tropicale, sur le versant d’une montagne, alors que ni la végétation ni le climat n’étaient propice à une course, les végétaux bloquant les pieds, l’air chaud et humide corsant la respiration. A la fin il la laissa se reposer quelques minutes et boire quelques gorgées d’eau à la rivière avant de l’amener à nouveau sur le rocher plat sur lequel il l’avait entraîné la veille. Il prit son bâton à deux mains et l’observa. Etait-elle prête ? Il attaqua sans le lui demander, visant les épaules, les côtes, le plexus solaire, et même ses bras de temps à autre. Il ne lui laissait pas de répit, attaquant sans cesse, autant par des coups droits que circulaires ou même diagonaux. Il était exigeant et ne s’arrêtait pas quand il la touchait, au contraire il doublait son coup, encore et encore, jusqu’à ce qu’elle trouve un moyen de l’esquiver. Rarement toutefois il triplait une même frappe, la jeune femme suffisamment intelligente pour ne pas s’y faire reprendre plusieurs fois de suites. Bien sûr en variant ses enchaînements et la rapidité d’exécution il la touchait toujours, mais c’était là bien normal. Le soleil tournait au dessus d’eux, et il continuait à l’assaillir, sans pause, content intérieurement de la voir rapidement apprendre et changer sa manière de bouger en fonction de ce qu’elle voyait et faisait. Ses réflexes s’affinaient aussi, ainsi que sa perception du monde qui l’entourait. Certainement ne le sentait-elle pas, cela venait naturellement et c’était justement la meilleure des choses qu’elle pouvait apprendre. Entre le corps et l’esprit, c’est toujours le corps qui gagne, car il n’est pas diminué par la lenteur d’exécution de l’esprit, et peut agir bien plus rapidement, sans blocage, sans réflexion. Et lorsqu’elle oubliait ses pieds il attaquait vicieusement ses jambes, au niveau des chevilles ou des genoux, la faisant tomber parfois. Etudier une nouvelle leçon : oui, oublier les anciennes: non. La journée passa, s’arrêtant juste une fois succinctement pour manger et se désaltérer et durant l’après midi ils reprirent, avec quelques variantes, lui permettant à la fin de la journée de toucher le bâton pour le dévier, mais pas l’accrocher. Il ne pensait pas le faire dès aujourd’hui mais sa rapidité à emmagasiner ses connaissances était telle qu’il voulut la tester un peu en espérant du coup accélérer son entraînement. Et il fit bien car elle ne le déçut pas. Elle finit toutefois trempée à la fin de l’après midi, et lors de son dernier voyage dans la rivière il se campa devant elle et lui dit qu’elle avait mérité de se baigner. Qu’elle remonte un peu la rivière et aille se laver à la base de la cascade, qui naturellement offrait une petite zone calme où l’eau était claire et fraîche. Lui allait s’occuper une fois de plus de leur repas, il l’attendrait à leur campement. La laissant seule il se mit à marcher, le bâton sur ses épaules, les bras crochetés autour de lui, sifflant doucement et imaginant sa prochaine rencontre avec son aimée. Parfois il pensait encore à la Bretagne, mais de moins en moins douloureusement. Liberty n’était pas son lieu préféré parmi ceux qu’il avait parcouru, mais finalement il s’y faisait peut être, au milieu des Loups et aux côtés de Ching sa vie pourrait peut être même devenir agréable… C’est avec ces douces pensées qu’il chassa un peu de gibier et alla le préparer au dessus du feu attendant patiemment le retour de son élève.
Sélène Kerlennec
Sélène Kerlennec
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Posté le 07/02/2008 à 14:10:23 

Le réveil le lendemain matin avait été rude, mais Sélène se surprit elle-même en se découvrant plus en forme qu’elle ne l’espérait après la journée d’entrainement qu’elle avait subit. C’était très certainement du aux bons soins de Luun et de ses massages et elle se promit de mieux le regarder faire ce soir, si toutefois elle y avait de nouveau droit, ce qu’elle espérait avec ferveur au vu de l’habileté de son mentor. Ils démarrèrent par une course en forêt, comme la veille, mais le rythme était beaucoup plus soutenu et on aurait dit que Luun avait expressément choisi des endroits difficiles d’accès pour la faire travailler, ce qui du reste était certainement le cas. Elle s’appliqua donc à son exercice, se concentrant surtout sur sa respiration afin de ne pas perdre de vue l’espèce de fauve qui cavalait devant elle avec tellement d’aisance que cela la faisait légèrement rager. En se concentrant ainsi elle en oubliait presque son environnement, tout en apportant à ses muscles d’avantage d’oxygène et donc de force, et son corps évitait quasiment de lui-même les obstacles à franchir, les lianes à éviter… Lorsqu’elle s’en rendit compte les premières fois elle failli trébucher et se reprit juste à temps pour garder la vitesse de course que lui imposait son mentor. Elle réfléchit un peu plus à cet état qu’elle atteignait de façon fugitive, sorte d’état second à la limite de la conscience où le corps réagissait non seulement seul, mais avec beaucoup plus d’efficacité que si elle agissait avec une pleine conscience de ses actes. Elle s’appliqua à tenter de retrouver cet état tout au long de la journée, essayant de le prolonger un peu plus chaque fois. Se forcer à ne pas trop penser, sans tout oblitérer était finalement une tâche plus ardue qu’on pourrait le penser au premier abord et ses tentatives ratées lui valaient assez souvent un coup de bâton ou un aller simple pour le bain. Elle progressait toutefois ; elle-même s’en rendait compte, sans en tirer ni fierté ni orgueil elle appréciait simplement le fait qu’elle soit apparemment capable de faire quelque chose de son corps et en remerciait grandement l’homme qui prenait du temps pour s’occuper de son cas. Elle en était d’autant plus heureuse qu’elle avait pu assister plus jeune à des entrainements à la caserne et que les recrues n’atteignaient pas son niveau avant de nombreux mois d’entrainement. Cette pensée lui valut une nouvelle chute dans le torrent et elle pestait contre son manque de rigueur mentale en ressortant la tête de l’eau lorsque Luun lui annonça la fin de l’entrainement en l’envoyant se baigner plus haut, vers une cascade. Elle ne se le fit pas dire deux fois et remonta la rive en dégouttant allègrement jusqu’au lieu dit. Elle resta bouche bée devant le spectacle s’offrant à elle : La cascade en elle-même n’était pas très haute, ni de débit très important, mais elle était étalée en un véritable rideau d’eau tombant dans un petit bassin d’eau claire, dont la plus grande profondeur arrivait à peu près aux épaules de Sélène. La végétation sur les bords de la cascade était surtout composée de mousses épaisses, parsemées de petites fleurs multicolores et de grandes lianes pendant des immenses arbres, elles aussi recouvertes de fleurs. De plus elle n’était pas seule : une myriade d’animaux et d’insectes vivaient dans cette sorte de sphère dont le bassin constituait la base. Des papillons et des colibris aux couleurs extravagantes voletaient de fleur en fleur, esquivant des scarabées d’or et d’émeraude qui se promenaient paresseusement sur les tiges des lianes. Une colonie de perroquets et d’autres oiseaux multicolores jacassaient dans les frondaisons, s’interpellant d’un arbre à un autre ou se faisant la cour. La jeune femme se déshabilla rapidement, après avoir cette fois-ci vérifié que personne d’humain ne se trouvait dans les parages, essora et étendit ses habits sur une petite branche et entra dans l’eau en poussant un soupir de soulagement. Elle s’avança jusqu’à la cascade, profitant de cette douche naturelle pour se nettoyer à fond. Elle se prélassait depuis quelques minutes lorsqu’elle sursauta : quelque chose venait de glisser contre sa jambe. Plongeant la tête sous l’eau elle découvrit un autre monde, presqu’aussi riche que celui du dessus. Même dans les torrents de cette île les poissons étaient magnifiques, parés de somptueuses couleurs et heureusement pour eux bien trop remplis d’arêtes pour faire un repas convenable. Elle profita de cette découverte pour s’entrainer un peu à l’apnée, essayant de caresser à son tour les poissons peu farouches du bassin. Elle sortit de l’eau peu avant le coucher du soleil et découvrit avec un sourire que la chaleur de fin d’après midi avait suffit à sécher ses vêtements et qu’un petit intrus s’y était accroché. Elle observa le jeune caméléon intrépide le temps que son corps sèche de lui-même, puis se vêtit et repartit d’un bon pas au campement, les douleurs occasionnées par la journée d’entrainement largement apaisées par ce moment de détente. Elle sentit l’odeur du repas bien avant d’arriver à la clairière, ses sens aiguisés par l’appétit. Elle avait le sourire aux lèvres en arrivant au campement, Luun finissant tout juste de préparer le repas. Elle s’assit en face de lui et lui décocha un grand sourire avant de parler : - Je n’arrive pas à déterminer dans quoi tu es le meilleur : l’escrime ou la cuisine ? En tout cas une chose est sûre si un jour tu ouvres une auberge je plains d’avance le malheureux qui aura l’audace de vouloir provoquer une bagarre…
 

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